A nos amis qu’on aime tant, un merci infini! Mark, Irena, Franny, Emmy
À la table de lumière
En tout rien tout bonheur Michel Deguy « L’Iconoclaste », dans Comme si Comme ça, Poèmes 1980-2007, Poésie/Gallimard, p. 423
Et l’unique cordeau des trompettes marines Guillaume Apollinaire Alcools, Chantre, 1913
Son eau fraîche a fui goutte à goutte Le suc des fleurs s’est épuisé… Sully Prudhomme Le Vase brisé, 1865
Je tisserai aux points de rencontre de merveilleuses dentelles MallarmĂŠ
La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Charles Baudelaire Correspondances, 1857
Prenez un mot prenez-en deux faites-les cuir’ comme des œufs prenez un petit bout de sens puis un grand morceau d’innocence faites chauffer à petit feu au petit feu de la technique versez la sauce énigmatique saupoudrez de quelques étoiles poivrez et mettez les voiles où voulez-vous donc en venir ? À écrire ! Vraiment ? À écrire ? Raymond Queneau Le chien à la mandoline, 1958
Chaque chose est la perfection d’une certaine essence. Du moment qu’elle existe – je parle des choses naturelles et aussi des choses fabriquées – du moment qu’elle résiste à la désintégration et qu’elle tient, et bien elle représente, une espèce de complexe de qualités éminentes. Et son ensemble, c’est un type, c’est un modèle, c’est un dieu. Francis Ponge émission radiophonique France Culture, 1962
« Les Choses » Georges Perec
Bagatelles végétales titre d’un ouvrage de Michel Leiris, 1956
Ce vase unique, étrange, impossible, engourdi, Gardant sur lui le clair de lune en plein midi, Qui paraissait vivant, où luisait une flamme, Qui semblait presque un monstre et semblait presque une âme… Victor Hugo L’Art d’être grand-père, Le Pot cassé, 1877
Cette boîte vernie ne montre rien qui saille, qu’un bouton à tourner jusqu’au proche déclic… Francis Ponge La Radio
Et les fruits passeront la promesse des fleurs. François de Malherbe Prière pour le Roy Henry allant en Limousin, 1604
Les voilà donc près de lui ces globes lumineux qu’il contemplait d’en bas ! Flaubert La Tentation de saint Antoine
J’oublie, en revoyant votre heureuse clarté, Forêt, tourmente et nuit, longue, orageuse, et noire. Étienne Jodelle Comme un qui s’est perdu… 1574
HASARD : bazar bizarre Michel Leiris Glossaire j’y serre mes gloses, 1939
Puis occupant tout le coin droit de la pièce, entassés en piles instables des livres… Georges Perec La Vie mode d’emploi
[…] et j’ai lu tous les livres. Stéphane Mallarmé Brise marine, 1865
Dialogue du jour
Par le verre brûlé, d’aromates et d’or, Par les carreaux glacés, hélas ! mornes encor L’aurore se jeta sur la lampe angélique, Palmes ! et quand elle a montré cette relique À ce père essayant un sourire ennemi, La solitude bleue et stérile a frémi. Stéphane Mallarmé Don du poème, 1865
La nature n’est qu’un dictionnaire Eugène Delacroix cité par Charles Baudelaire, Salons de 1846
Par trop chargé de flacons, de bouquets, de compotiers, — ornements assidus comme ceux d’une table jamais desservie —, le panneau de la terre, — ce plancher qui repose sur une grosse poutre transversale à nos pieds —, s’enfonce sans cesse et irrésistiblement par son bord oriental à la manière d’une bascule qui ne pourrait pencher jamais que d’un côté. Francis Ponge Nouveau nouveau recueil, 1967-1984
De grès et de force
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches‌ Paul Verlaine Romances sans paroles, Green, 1874
Dolce Vita
– Un parfum nage autour de votre gorge nue ! Charles Baudelaire Les Fleurs du mal, Causerie.
Le vrai jardinier se découvre devant la pensée sauvage. Jacques Prévert, Fatras, 1966