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ENVIRONNEMENT Les insectes sontils en train de disparaître ?

Les papillons et les abeilles, ces insectes pollinisateurs, font partie des espèces en voie de disparition Les différentes espèces des insectes déclinent, à hauteur de près de 25 % en 30 ans selon la plus importante étude publiée par Sciences. La classe animale la plus vaste, qui compte plus d’un million d’espèces d’insectes (répertoriées, il en existe plus), voit aujourd’hui certaines d’entre elles en voie d’extinction.

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La situation semble s’aggraver pour les populations d’insectes. Une méta-analyse publiée dans la revue Sciences, révèle que 25 % des espèces d’insectes ont disparu en seulement 30 ans. Elle rassemble 166 études à long-terme, dont les premières démarrent en 1925, provenant de 1 700 lieux différents. L’étude a été dirigée par des chercheurs du Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité (iDiv), de l’Université de Leipzig (UL) et de l’Université Martin Luther de HalleWittenberg (MLU). Selon les recherches, les insectes terrestres, qui passent l’intégralité de leur vie hors de l’eau (papillons, sauterelles, fourmis...), ont diminué de 0,92 % par an en moyenne. A l’inverse, les chercheurs montrent que les insectes dont le mode de vie est lié à l’eau, ont augmenté d’une moyenne de 1,08 % par an. Ces deux tendances sont observées en Amérique du Nord et dans certaines régions d’Europe. Mais selon Roel van Klink, les causes des déclins peuvent «différer d’un endroit à l’autre». «Ces chiffrent montrent que nous pouvons inverser les tendances négatives. Au cours des 50 dernières années, plusieurs mesures ont été prises pour nettoyer nos rivières et nos lacs pollués dans de nombreux endroits à travers le monde. Cela a peut-être permis la récupération de nombreuses populations d’insectes d’eau douce » précise Jonathan Chase, coauteur de l’étude. Alors même si l’intervention de l’homme dans les points d’eau a été bénéfique, l’exploitation des terres et des mers sont la première cause du déclin des insectes selon un rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques.

© Modman/Pixabay

Certains insectes plus touchés que d’autres

Le recul des insectes, qui forment les deux tiers des espèces terrestres, remonte au début du XXe siècle, mais s’est accéléré dans les années 1950-60 pour atteindre « des proportions alarmantes » ces 20 dernières années.

Parmi les plus affectés, les lépidoptères (les papillons), les hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis, frelons) et les coléoptères (scarabées, coccinelles). Aux États-Unis, c’est une perte de 83% des coléoptères en 40 ans qui a été constatée, et 75% des insectes volants aux Pays-Bas en moins de 30 ans. Les chercheurs allemands, entomologistes, ont eux prélevé des insectes dans des zones protégées à l’aide de pièges à insectes pendant 27 ans. Leur constat en 2017 ? Un déclin de 76%, en moyenne, de la biomasse des insectes s’est produit durant la période. Les abeilles alertent également depuis quelques temps dans le monde avec le « syndrome de l’effondrement ». La France, en 1994, est la première à remarquer que nombreuses étaient les abeilles retrouvées mortes au sol. Puis en 2006, les États-Unis assistent au même schéma, avec des pertes entre 30 et 90 % des abeilles.

Nicolas Moulin, entomologiste indépendant et également chercheur, nous explique que « nous voyons le déclin parce que nous nous y intéressons avec des études depuis 25 à 40 ans. Par exemple, des entomologistes allemands ont roulé avec des filets sur leur voiture, pour faire toujours le même trajet et ils se sont rendus compte qu’il y avait, année après année, de moins en moins d’insectes. » Les entomologistes l’ont appelé le «syndrome du pare-brise». Il y a quelques dizaines d’années, une voiture qui conduisait quelques heures sur une route aurait, de sûr, retrouvé son pare-brise constellé d’insectes écrasés. En 2019, avec le même trajet et le même laps de temps, la vitre finira presque vide. Les insectes se voient diminuer ces dernières années. Seulement, pour prouver ce constat, il y a eu besoin de suivis qui devaient s’inscrire dans le temps. Et aujourd’hui le constat est alarmant avec certaines espèces qui souffrent plus que d’autres.

Inès Pallot

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