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Le quartier des États-Unis, quand Lyon rend hommage aux Américains

chants religieux des paroissiens, eux étant moins nombreux. Puis arrive la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation. La solidarité et l’entraide des habitants sont de mise pour faire face aux Allemands. Le quartier est d’ailleurs touché par des bombardements comme celui de juin 1944 qui fit 94 victimes. Mais les États-Unis sont relativement préservés comparé à d’autres quartiers comme celui de la Guillotière, quasi détruit par une frappe aérienne du 26 mai 1944.

Le déclin d’un quartier en plein urbanisation

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Les années 1950 voient des projets sortir de terre : construction de nouveaux HLM (Audbert-Lavirotte, Cazeneuve, Viviani…), construction du centre social en 1952… Puis en 1960, c’est la Maison des jeunes et de la culture, la plus grande d’Europe, qui voit le jour. Mais celle-ci ferme ses portes entre 1970 et 1980. Ces années sont décisives dans l’histoire du quartier car elles marquent son déclin, avec entre autres la fermeture de plusieurs infrastructures. Le quartier souffre d’une mauvaise réputation à cause de bandes de blousons noires (tendance de mode issue de l’influence américaine et du rock’n’roll, ndlr) dans les années 70. Mais la Ville ne prend aucune décision car le taux de délinquance reste relativement bas selon elle.

En 1986, le quartier est classé DSQ (le développement social des quartiers est un plan d’urbanisation, ndlr). Plusieurs améliorations du paysage immobilier vont avoir lieu, à la demande des habitants. À travers des comités, les locataires demandent que les murs des HLM (habitation à loyer modéré) deviennent le support de fresques. Aujourd’hui on peut en observer 25 différentes de 230 m2, réalisées de 1989 à 1997. La totalité de ces œuvres constitue le musée urbain Tony Garnier.

Vicky LALEVÉE

La fresque de la cité idéale de l’Inde est inspirée du dessin de l’artiste indien Shantaram Tumbda © Vicky Lalevée

Le saviez-vous ? Les États-Unis sont dessinés au quartier… des États-Unis

Parmi les fresques du musée urbain Tony Garnier, la peinture n° 24 évoque l’Amérique. L’Américain Matt Mullican a voulu représenter la Cité idéale des États-Unis. Dans son livre Lyon et ses murs peints, la Lyonnaise Corinne Poirieux y livre une description : « Les symboles utilisés dans les villes passionnent l’artiste, qui cherche un langage universel fait de signes, rouges pour représenter l’esprit, l’irrationnel, les croyances, bleus pour la science et les progrès technologiques, jaunes pour les arts et la culture, verts pour la nature [et] noirs pour le langage. »

Le quartier des ÉtatsUnis tel que l’on connaît aujourd’hui résulte de plusieurs projets d’urbanisation. La zone initialement quasi déserte, tire son nom du moment où les ÉtatsUnis ont rejoint les Alliés pendant la Première Guerre mondiale. Entre fresques et bâtiments post-industriels, le quartier témoigne de la richesse de l’histoire lyonnaise.

Les États-Unis est un quartier du 8e arrondissement de Lyon. Entre la fin du XIXe et le début du XXe, il se nommait le « pays des allongés » en raison du cimetière de la «

Guille ». Avant d’être urbanisé vers les années 30, l’actuel quartier des ÉtatsUnis n’était qu’une vaste plaine avec des champs, quelques fermes, des implantations industrielles isolées ainsi qu’un bidonville appelé le « village Nègre ». Le quartier tel que l’on connaît aujourd’hui n’existait pas, et seul le boulevard (l’axe central du secteur) se nommait États-Unis. Cette dénomination s’applique à tout le quartier un peu plus tard, en 1917, lorsque les États-Unis entrent en guerre. À Lyon, pas moins de 10 000 G.I.’s (soldats américains, ndlr) se sont installés dans le quartier des États-Unis.

La Cité des États-Unis pose les bases du futur quartier Vient l’ère industrielle vers les années 30. Les usines s’installent en grand nombre et qui dit usines dit main-d’œuvre. De 1927 à 1933, plus de 1 500 logements appelés « les États » voient le jour. La construction de la Cité des États-Unis par l’architecte lyonnais Tony Garnier a permis de poser les premières pierres pour l’urbanisation du quartier. Les premiers locataires s’installent en 1933 dans les HBM (habitations à bon marché). La vie commerçante est rythmée par 14 épiceries. Les habitants créent par la suite plusieurs associations dont le Comité d’intérêt local et L’Étoile rouge, bastion de la vie militante. Un marché vient même s’installer sur le terre-plein central du boulevard un peu plus tard.

Pendant la Seconde

Guerre mondiale

En 1937, l’inauguration de l’église Saint-Jacques marqua l’histoire du quartier. Les habitants communistes chantent L’Internationale pour l’arrivée du cardinal Maurin, couvrant les

Sur la fresque du stade de Gerland figure le vélodrome, détruit au début des années 60 / © Vicky Lalevée

Certaines fresques sont des plans de l’architecte Tony Garnier. Certains de ses projets n’ont jamais vu le jour / © Vicky Lalevée

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