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Dossier réalisé par Clémence Varaine

Le Chili s’est réveillé

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« Chile despertó », c’est comme ça que le photographe allemand Stefan Boness a décidé de nommer sa nouvelle série de photo. Une série de photo prise par un simple iPhone qui révèle des œuvres de street art qui ont pour but de dénoncer le gouvernement chilien.

Depuis le 18 octobre 2019, la révolution fait rage au Chili. Partant à l’origine d’une contestation de l’augmentation du prix du ticket de métro qui a fait 12 morts à Santiago, la révolte remet désormais en cause tout le système d’un pays qui, depuis la dictature de Pinochet, accroît les inégalités (système éducatif, retraites, système de santé, corruption).

Le Chili qui pensait se rapprocher petit à petit de la démocratie, en ayant connu une croissance économique permettant à des millions de personnes de sortir de la pauvreté et qui est devenue un pays de classe moyenne, semble retomber dans la violence des répressions des émeutes.

Tout au long de cette révolution, les Chiliens ont occupé aussi bien les rues que les murs des villes pour exprimer leurs revendications et s’opposer au président, Sebastián Piñera. Graffitis, peintures, slogans ou encore affiches, l’art prend différentes formes pour servir leurs causes. Le photographe Stefan Boness a capturé en image ses œuvres d’art temporaires dans les rues des villes de Santiago et de Valparaíso. Des blessures aux yeux, symbole de la répression policière @Stefan Boness Durant les émeutes de nombreux chiliens ont été gravement blessés aux yeux par les balles en caoutchouc tirées par la police. Par la suite, les yeux bandés et saignants sont devenus un symbole puissant de protestation contre le gouvernement chilien. Les blessures aux yeux, ici représentées sur des collages à Valparaíso, représentent ce symbole de répression policière. Selon l’Institut national des droits humains chilien, après seulement quatre mois et demi de crise, le bilan était de 31 morts et d’au moins 3765 blessé, dont 445 personnes atteintes aux yeux

C’est grâce à cette photo que Stefan Boness a remporté le World Press Photo @Stefan Boness

Stefan Boness est un photojournaliste basé à Berlin et à Manchester. Au cours de sa carrière, il reçoit de nombreux prix comme celui du World Press Photo pour un projet en Érythrée en 2002. Son travail est publié dans de nombreux journaux et magazines du monde entier et présenté dans des expositions de nombreuses villes comme à Berlin, Londres, Nottingham, Tel-Aviv ou encore Asmara. Stefan Boness publie aussi ses travaux sous forme de livre comme « Asmara - Africa’s Jewel of Modernity », écrit en 2016 où il montre l’héritage de l’architecture coloniale italienne d’avant-garde dans la capitale de l’Érythrée.

Violences sexuelles et sexistes au coeur de

cette affiche @Stefan Boness

Les Chiliens protestent contre leurs systèmes et en particulier dans les domaines économiques, politiques et pour la cause féministe. Cette affiche a pour but de dénoncer les abus de pouvoir. On peut reconnaître le visage de Camilo Catrillanca, un Mapuche de 25 ans, tué d’une balle dans la nuque lors d’une opération policière le 14 novembre 2018. L’affiche montre aussi des photos de féministes militantes torse nu qui lutte depuis des années contre les violences sexuelles et sexistes dans le pays.

Le Joker est représenté sur certains graffitis dans les rues de Santiago @Stefan Boness

Dans les rues de la capitale, à Santiago, on trouve aussi des graffitis représentant le président du Chili, Sebastián Piñera, en Joker, aussi connu sous le nom du « prince du crime ».

Un personnage emblématique qui est devenu le symbole de contestation dans de nombreux pays. Mais contrairement au reste du monde, ce n’est pas les manifestants qui s’approprient l’image du joker pour aller manifester, mais les représentants du gouvernement et, sur cet exemple, le président chilien. Le joker comme représentation d’un tueur psychopathe.

Des chiens sont sur cette affiche. Depuis 2011, ils participent aux revendications. @Stefan Boness

Des concerts de casserole ont résonné dans les rues de Santiago pendant le couvre-feu, en octobre dernier. @Stefan Boness

“Bats-toi comme un clébard” peut-on lire sur cette affiche. L’artiste Jebarvi a représenté des chiens sur le monument du Général Baquedano sur la Plaza Italia à Santiago, devenu le lieu emblématique de la contestation chilienne. Depuis 2011, les chiens errants de Santiago prennent part à des manifestations, où ils protègent les protestataires contre la police. On peut d’ailleurs voir le « Negro Matapacos » (Néron le tueur de flics en français), un chien noir avec un foulard rouge devenu célèbre pour avoir participé à des manifestations d’étudiants en 2011, où il s’en est souvent pris à des membres des

Sur cette affiche intitulée « Le Chili s’est réveillé » nous pouvons voire trois personnes taper sur leurs casseroles. Les concerts de casseroles sont devenus au fil du temps l’un des grands symboles populaires de protestation dans le pays et plus largement en Amérique latine. forces de police.

Le son des casseroles a résonné pour la première fois au début des années 1970. Ce sont les partisans de la droite, pour marquer leur opposition au président socialiste Salvador Allende, qui ont inauguré cette tradition, connue dans plusieurs pays. On pouvait notamment entendre ces concerts en France, au début de la monarchie de Juillet, dès 1830. Les casseroles ont été depuis utilisées dans de nombreuses manifestations. Au Chili les casserolades ont notamment résonné dans les rues de Santiago lors du couvre-feu imposé par l’armée du 20 au 26 octobre 2019.

TABLEAUX DU MONDE Gressy Benatir

Mise à jour pour le Musée du Louvre !

Qui a osé prétendre que la culture ne résisterait pas au confinement ? Fermé depuis la pandémie de Covid-19, le musée du Louvre a décidé de se réinventer par le biais de la technologie. C’est via son site que le musée du Louvre propose désormais de multiples offres, souvent ludiques. En effet, il est maintenant possible de voir des conférences filmées, des dessins animés, des vidéos, des podcasts, pour le jeune public qui est particulièrement mis en avant avec des contenus qui leur permettent de découvrir la richesse du musée et de ses œuvres. Pour la première fois de toute son histoire, le musée du Louvre propose au public une expérience en VR (réalité virtuelle) avec l’œuvre iconique de Léonard de Vinci, La Joconde. Une expérience inédite qui s’avère mieux qu’en vrai selon certains habitués ! phénomène Fortnite qui propose de plus en plus d’évènements virtuels ayant pour cadre sa propre plateforme de jeu. Travis Scott, rappeur américain, a notamment décidé de réaliser cinq concerts virtuels sur cette même plateforme du 23 au 25 avril 2020. Il a ainsi réussi à démontrer l’immensité que peut apporter un concert en ligne avec des effets spéciaux, des personnages géants et des éléments de décor hors du commun. Un évènement réunissant près de 27,7

Malgré le confinement, il est possible d’admirer la Jocone en réalité virtuelle @ILe Louvre

Le monde du cinéma pleure le décès d’Irrfan Khan @(Vittorio Zunino Celotto/ Getty Images for DIFF)

Disparition tragique d’Irrfan Khan, l’acteur iconique de “Slumdog Millionaire”

Mercredi 29 avril. Le monde du cinéma apprend la disparition tragique d’Irrfan Khan, l’acteur de « Slumdog Millionaire » et « L’odyssée de Pi », à l’âge de 53 ans. C’est en 2018 que l’acteur d’origine indienne apprenait être atteint d’un cancer neuroendocrinien très rare (cancer des cellules nerveuses présentes dans le cerveau). Il débute sa profession d’acteur dans Salaam Bombay! en 1988 et apparaîtra plus tard dans des films reconnus du grand public tels que L’odyssée de Pi d’Ang Lee, mais aussi dans la peau du docteur Rajit Ratha dans The Amazing Spider Man en 2012, ou encore dans des productions hollywoodiennes comme Jurassic World. Mais ce succès, Irrfan Khan le doit essentiellement à la comédie dramatique de Danny Boyle au succès planétaire, Slumdog Millionaire. C’est donc en 2008 qu’il atteindra la célébrité avec son rôle d’inspecteur de police sadique. Un succès qui lui aura permis de conquérir le cinéma bollywoodien mais également hollywoodien.

Travis Scott aux commandes de Fortnite !

Depuis le début du confinement, c’est le jeu vidéo @Allociné

millions de joueurs uniques. Un chiffre astronomique. C’est un nouveau record de « fréquentation » pour le jeu issu du studio Epic Games. Un réel coup marketing pour Travis Scott qui a vu ses trois albums revenir dans le top 100 Apple Music après l’événement. Alonzo, un rappeur français, a quant à lui donné un concert virtuel sur Twitch dans le jeu « GTA V » afin de lever les fonds pour la Fondation de Marseille à l’aide de dons. 2 000 € ont pu être récoltés.

Travis Scott a réuni 27 millions de personnes sur Fortnite grâce à des concerts virtuels @AstroFusions

Le virus et les frères ennemis

« La Chine fera tout ce qui est en son pouvoir pour me faire perdre », telle est la phrase prononcée par Trump ces derniers jours. En ajoutant des critiques envers la Chine qui, selon lui, est responsable de la pandémie qui a provoqué la mort de 70 000 américains. Epidémie entraînant une crise économique dans laquelle sont plongés les Etats-Unis, qui elle, conséquemment, assombrit sérieusement l’horizon du président américain pour un second mandat.

La tension est palpable entre la Chine et les États-Unis après que Donald Trump a affirmé que le coronavirus venait d’un laboratoire chinois, n’excluant pas la possibilité de demander des dédommagements à l’empire du milieu. Xi Jinping a dénoncé « des mensonges éhontés » de la part des Etats-Unis. (Voir aussi allée 8). Surtout après que certains ont avancé que le virus aurait été sorti volontairement du laboratoire où il était étudié dans le but de nuire en particulier à leur concurrent sur le plan économique et mondial.

Les statistiques officielles, probablement sous-évaluées, trouble une communication toujours aussi mystérieuse du pays. Beaucoup en sont sûrs : la Chine n’a pas pu recenser 4.650 décès liés à l’épidémie quand la France, l’Espagne, ou l’Italie en sont déjà bien au-dessus. Il est certain que la communication de Xi Jinping n’est pas celle que les démocraties peuvent espérer . Les premiers cas de maladies liées au virus n’ont pas été signalés suffisamment tôt pour déclencher l’alerte, l’information a même été freinée par le pouvoir.

Un mandat menacé ?

Ainsi après l’Ukraine, la Russie et le processus de destitution, c’est cette épidémie qui tourmente le mandat actuel de Trump depuis plus de deux mois.

La récente conférence de presse qui s’est déroulée de manière catastrophique ne fait qu’alimenter cette menace. L’idée d’étudier l’injection de désinfectants comme remède au coronavirus, a vite fait le tour du monde… Ces « ratés » oratoires n’ont fait qu’aggraver sa mauvaise image actuelle.

On peut également comparer cette situation au livre le plus lu du moment, à savoir « La Peste » d’Albert Camus. Ce roman symbolisait en 1947 l’invasion nazie de 1940 (la peste brune) par la maladie contagieuse avec ses résistants, ses profiteurs, ses manipulateurs etc. Actuellement au premier degré, le coronavirus remplace la peste mais d’après le président américain, au 2ème degré, il est le résultat d’une volonté chinoise de nuire à ses intérêts personnels ainsi qu’à ceux de son pays comme le fascisme voulait dominer le reste du monde.

Paul Bourret

Depuis quelques semaines, Donald Trump se montre véhément envers la Chine. @Evan Vucci / Associated Press

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