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Le contexte historique : la Nature au cœur des soins

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La publication

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L’histoire des jardins de Saint-Antoine situe plantes et remèdes au cœur de la pharmacopée. Ainsi en l’Abbaye de Saint-Antoine, maison-mère des Hospitaliers, comme dans l’environnement immédiat des hôpitaux de l’Ordre, les jardins sont une ressource essentielle pour l’élaboration de remèdes nécessaires aux soins prodigués, de recettes précieusement conservées dans l’antre des officines.

L’apothicairerie des Hospitaliers de Saint-Antoine se distingue par la présence de remèdes appropriés dans le traitement de deux formes du mal des Ardents et plus largement des maladies dermatologiques et infectieuses. Dans la composition des médecines se trouvent à la fois des substances d’origine végétale, minérale et animale. Le premier règne est de toute évidence majoritaire : les simples de Galien, aux sources de la pharmacopée primitive, constituent aussi bien une matière première prélevée dans la nature qu’un médicament à part entière. Dioscoride parle déjà de « matière médicale » dans son traité de référence De materia medica où sont décrits les simples et leur vertu thérapeutique.

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Au Moyen Âge, si la fondation de monastères s’accompagne d’une appropriation de terres afin d’assurer des revenus nécessaires à la survie de la communauté, le site naturel demeure par bien des aspects déterminant dans le choix de l’implantation et l’organisation spatiale de l’Abbaye. La nature occupe une position privilégiée au-delà de l’enceinte même, là où le paysage peu à peu architecturé, planté de vignes, cultivé, aménagé en verger confère aux bâtiments un véritable écrin.

Victor Cassien, Eglise de Saint-Antoine, XIXe siècle. Lithographie. © Département de l’Isère / Denis Vinçon

À l’intérieur de l’enceinte, il est aisé d’imaginer que des espaces furent alors destinés à l’aménagement de jardins conformément au plan de l’Abbaye de Saint-Gall qui, dès son élaboration au IXe siècle s’impose comme modèle à suivre : les jardins environnent les édifices claustraux et accueillent, chacun selon sa destination, des espèces végétales différentes : le jardin de simples herbularius situé à proximité des infirmeries ; le jardin potager hortus non loin des cuisines ; le verger pomarius planté d’arbres fruitiers. Si l’ordonnancement des jardins a évolué au fil des siècles, en fonction des remaniements intervenus sur les bâtiments et sur le plan même de l’Abbaye, des besoins mais aussi des goûts : jardin du cloître, jardin à fleurs ou jardin d’agrément de l’Abbé au XVIIe siècle, jardin du Grand prieur ou potager de l’Abbaye, Grand parterre de broderies dénommé Versailles au XVIIIe siècle, il n’en demeure pas moins l’âme de ces jardins qui aujourd’hui se redécouvrent prolongeant la grande histoire paysagère de l’Abbaye. Ainsi en est-il de l’aménagement du parcours Quand le parfum portait remède en 2009, assorti de son prolongement entre Orient et Occident en 2013 et de la réorganisation du jardin médiéval en 2014, lequel répond de cette double volonté de perpétuer l’esprit du lieu en adéquation avec une histoire pluriséculaire. Une découverte qui se veut plus que jamais plurielle et intemporelle et qui continue de séduire tous les publics aujourd’hui.

Géraldine Mocellin, directrice du musée de Saint-Antoine-l’Abbaye

Jean Coppin, Vue et perspective de l’Abbaye de Saint-Antoine, 1745. Aquarelle sur papier blanc vergé. © Département de l’Isère / Denis Vinçon

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