MENSUEL - OCTOBRE 1999 N° 348 - 29 FF BELGIQUE 175 FB • SUISSE 8,20 FS CANADA 6,00 $- CEE DOM-TOM 31 FF ISSN 0299-6898
Quand Zodiaque initie à l'art sacré d'un continent à l'autre Arts e.
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vMwii&'mlwi&Êl&i 3e volume de la collection "la route des mages' du vif au xx1' siècle, telle qu'elle nous est Lt histoire J révélée culturelle par des et témoignages religieuse concrets, du Tibet dans l'art et la littérature. Pour comprendre l'identité culturelle tibétaine dans ses manifes tations artistiques et spirituelles les plus hautes. Format : 23 x 30 cm 240 pages. Illustrations : 122 pages en couleurs. 147 illustrations et dessins dans le texte. Volume relié toile, titre au fer, jaquette couleur, étui. Prix: 450 FF/68,60 €
O u t fi t
Whmmm de Uwe Lobbedey 88e volume de la collection "la nuit des temps". souvent ignorée, la partie orientale du Land de Pour découvrir Rhénanie au du Nord-Westphalie. lecteur français Un uneitinéraire province qui débute avec l'église préromane de Corvey et se poursuit avec les églises inspirées de modèles gothiques d'Ile-de-France, d'Anjou et du Poitou. Format : 17 x 22 cm 340 pages. Illustrations : 96 pages en gravure noire et 12 pages en couleurs.Volume relié toile, titre au fer, jaquette couleurs, étui et film de protection. Prix : 250 FF / 44,97 €
é d i t i o n s
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Z O D I A Q V E
Diffusion Desclée de Brouwer
Editorial
L'ardente faim de Dieu quinzaine d'années. Venu en Thaïlande à l'invitation d'une qui lutte la C'étaitassociation à Bangkok, il ycontre a une prostitution des enfants, j'avais éprou vé le besoin de faire une pause dans ce reportage difficile où les terribles témoignages recueillis finissaient par me donner la nausée. J'ai demandé à mes hôtes de me conduire à la messe dominicale. Après trois quarts d'heure d'embouteillage, nous sommes arri vés dans une communauté tenue par des jésuites. L'eucharistie fut célébrée en thaïlandais. Autant vous dire que je n'ai pas compris un traître mot de ce qui se disait ! Et pourtant, en quelques fractions de secondes, je me suis sen ti totalement « chez moi » dans cette li turgie. Ades milliers de kilomètres de ma paroisse, je percevais soudain l'ex traordinaire universalité de la messe. Transmis à travers le temps et l'histoi re, les gestes mêmes de Jésus voya geaient aussi à travers l'espace autour de la planète ! L'émotion qui m'envahit ce jour-là, je l'ai éprouvée depuis à de nombreuses occasions. Au Bénin, dans la banlieue de Cotonou, où un dominicain améri cain se bat pour le développement ru ral ; dans une petite bourgade d'URSS à l'époque où les chrétiens devaient encore se cacher; sur un gigantesque porte-conteneurs, une nuit semée d'étoiles, dans la Manche ; en Bosnie, où j'accompagnais quelques évêques venus dire leur solidarité aux victimes de la guerre... Partout, que ce soit dans une modeste cuisine ou sous les voûtes grandioses de Saint-Pierre de Rome, le même mystère, la même Cène rappelée, la vie, notre vie, avec ses brassées de joie et de souffrance, de doute et d'espérance, soudain por tée sur l'autel de toutes les compas
sions, sur la table de toutes les faims humaines, là où il nous est donné de nous rappeler cette incroyable nou velle : Dieu existe et II nous aime ! Comme le dit si bien le Père Guy Gilbert (page 26), célébrer la messe, c'est cela : « Faire descendre l'amour de Dieu dans nos mains nues »... Depuis le Concile, nous rappelle l'enquête de Monique Hébrard (page 16), nous avons parfois connu des querelles de clocher autour de la messe, certains dénonçant la désa cralisation et la perte du sens du mys tère tandis que d'autres se réjouis saient de vivre des liturgies davantage enracinées dans le quotidien. Et sans doute y a-t-il eu, de part et d'autre, des excès... Aujourd'hui, ces débats semblent en voie d'apaisement. Les uns et les autres ont peu à peu décou vert qu'entre le mystère et la vie quo tidienne, il n'y avait pas à choisir. C'est au cours d'un véritable repas que le Christ a institué l'eucharistie, preuve qu'il prenait en compte les besoins concrets de l'homme et qu'il ne sépa rait pas la prière et l'action de grâce de l'existence quotidienne. Mais ce repas fut vécu dans un contexte particulier, celui de la Pâque juive, où le peuple se rappelle sa libération de l'esclavage. Comme on franchit la mer Rouge, l'eu charistie est passage. Mystérieux pas sage d'une faim à une autre... Mysté rieuse faim de l'homme qui devient ardente faim de Dieu. Mystérieux re pas où les convives se pressent pour creuser encore et toujours la faim qui les taraude. Car c'est par la faim qu'il nous donne de Lui que Dieu, au cen tuple, nous nourrit... M
Bertrand Révillion Rédacteur en chef
Vous trouverez, avec ce numéro, le livret « Vivre l'an 2000 » que Panorama a réalisé avec le Comité français du Jubilé. Panorama Octobrel 999 3
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De grandes signatures: Une enquête pour mieux Un espace de spiritualité les Méditations bibliques, Patrick de Carolis, Jacques Chancel, comprendre la société pour méditer, apprendre un livret mensuel réalisé Marguerite Gentzbittel, qui nous entoure et à prier, s'ouvrir avec les moines de l'Anna* le père Bruno Chenu, une grande conversation aux autres religions. de la Pierre-qui-Vire, l e p a s t e u r E l i s a b e t h P a r m e n t i e r, a v e c u n t é m o i n e t a u t o m a t i q u e m e n t j o i n t Sylvie
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>ANORAMA
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PANORAMA Octobre 1999 n° 348
Bayard Presse, 3-5, rue Bayard, 75008 Paris. Têt : 01 44356060. Direction Directeur de la publication : Alain Cordier. Directeur délégué : Patrick Darde. Comité de direction : Alain Cordier, Patrick Darde, Pierre Langlois, Emmanuel Rospide, Bertrand Révillion. Redaction Tel : 01 44 35 suivi du numéro du poste concerné. Fax : 0144356008. e-mail : panorama@bayard-presse.com 'Rédacteur en chef : Bertrand Révillion. Assistante : Françoise Toutlemonde (6180). Chef de service : Anne Ponce (6412). Chef de rubrique : Monique Hébrard (6186), Rédactrice : Isabelle Vial (4936). Secrétaire de rédaction unique : Frédérique de Lépervanche (6564). Directeur artistique : Marc Guillon (6787). Chroniqueurs : Guy Aurenche, Mijo Beccaria, Patrick de Carolis, Jacques Chancel, Bruno Chenu, Bernard Feillet, Sylvie Germain, Marguerite Gentzbitte!, Colette Nys-Mazure, Elisabeth Parmentier. Ont collaboré à ce numéro : Georgette Blaquière, Bruno Chenu, Frédérique Hébrard, Sylvain Gasser, Marie Guillet, Dennis Gira, Philippe Gruson, Charles-Eric Hauguel, Pascai Sevez. Conseillers de la rédaction : André Antoni, Frédéric Boyer, Henri Caro, Bruno Chenu, Mir Claude Dagens, Bruno Frappât, Robert Migliorini, M" Albert Rouet et Frère Silouane (moine de l'abbaye de la Pierre-qui-Vire). Administration Directeur commercial : Pierre Langlois (6943). Chef de produit : Luc Babeau (6626). Communication : Jacqueline Dallet (6312). Vincent Fauve! (6954). Rédacteur en chef adjoint des pro duits dérivés : Philippe Lebellec (6534). Fabricant : Loïc Rossigneux (6529). Pré-presse : HAFIBA. Publicité au journal Khelidja Djerouane. Tel : 01 44 35 67 84. Fax : 01 44 35 60 05. Petites annonces Stéphanie Demaure, • Média Marketing >\ 10, rue Chrevreul, 92150 Suresnes. Tel : 0141 3883 04. Abonnement Bayard Presse, Autorisation 5, 75803 Paris Cedex 08. Tel : 0 825 825 831 [0,99 F/mn).
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Panorama est édité par Bayard Presse : S. A. à Di rectoire et Conseil de surveillance, au capital de 60 millions de francs. Siège social ; 3 et 5. rue Bayard, 75393 Paris Cedex 08. Directoire : Alain Cordier (président), Pierre-Emmanuel Rospide, CharlesJean Pradelle, Dominique Benard. Président du Conseil de sun'eillance : Yves Beccaria. Principaux actionnaires : Assomption, S. A. Saint-Loup, Asso ciation NDS. Imprimé par la SCIA, La Chapelle d'Armenlières. N" de commission paritaire 58437. Dépôt légal à parution. Editeur responsable : Pour la Belgique : Maxime de Jenlls, Bayard Presse Bénélux, rue de la Concorde, 33. 1050 Bruxelles. Pour le Canada : Bayard Presse Canada. Suzanne Spino. 3995 rue Sainte-Catherine Est, Montréal (QC). H 1 W2G7, Canada.
Parution du prochain numéro : Vendredi 22 octobre
BWfNRD PRESSE
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Pt-OTOS DE COUVERTURE ; S. OUZOUNOFF POUR PANOFMMA LES PHOTOS DES CHRONIQUEURS DE PANORAMA ONT ÉTÉ RÉALISÉES PAR MARC GANTIER.
imt^aim 3 L'édito de Bertrand Révillion
L'ardente faim de Dieu 6 Courrier
L'aventure
54 Agenda
29 Fête de François d'Assise
56 Famille
30 Apprends-nous à prier par Georgette Blaquière Je croyais prier Dieu et c'est lui qui me priait
7 Question d'Eglise par Bruno Chenu 111»!
8 Regard sur l'actualité
Mon bloc-notes par Patrick de Carolis 13 Enquête COMMENT RETROUVER LA SAVEUR DE LA MESSE? par Monique Hébrard
20 Chroniques > Sylvie Germain :
« Pardonne-nous nos offenses »
> Marguerite Gentzbittel :
C'est l'histoire d'un rosier...
> Guy Aurenche :
« Vous n'êtes qu'un idéaliste ! » > Bernard Feillet :
32 Ecole biblique
Quel est ton vrai nom ? > Frédérique Hébrard :
La petite porte
> Colette Nys-Mazure :
Ce temps que l'on vit dans l'éternité
24 Conversation Bertrand Révillion a rencontré Guy Gilbert
par Anne Ponce
Comment éduquer nos enfants à la solidarité ? 57 La bibliothèque de Mijo Beccaria 58 La BD de Julien, Véro, Thomas...
par le Père Philippe Gruson
Les murailles de Jéricho 34 Méditations Textes de Roland Nadaus, Victor Hugo et de l'Ancien Testament.
40 Vivre et croire par Pascal Sevez Foi de... distrait ! 42 Bruno Chenu raconte l'histoire des chrétiens 12eépisode: L492, l'année extraordinaire 45 Trésor des religions et sagesse du monde par Dennis Gira Le canon bouddhique
Cette humanité qui ne cesse de renaître > Elisabeth Parmentier :
par Isabelle Vial
59 Le carnet de Jacques Chancel 61 Librairie Le choix de Monique Hébrard
62 La sélection du mois 64
Cor
ftOF" Ifftif*
Cinéma par Marie Guillet Disques par Sylvain Gasser
67 Les bonnes adresses de Panorama CE NUMÉRO COMPORTE POUR LES ABONNES : • UN SUPPLÉMENT . MEDITATIONS BIBUOUES • DE 72 PAGES. JETÉ ALÉATOIREMENT DANS LA REVUE • UN ENCART D'AUTOPROMOTDN BROCHÉ ENTRE LES PAGES 18 ET 54 ■ UNE ENVELOPPE DU CCFD ET UN ENCART D'ABONNEMENT AUX REVUES DE LA GAMME SOLEIL, POSÉ SOUS LA 3' DE COUVERTURE • UN ENCART REDACTIONNEL DE 36 PAGES • VIVRE LAN 2000 • POSÉ SUR LA 4L DE COUVERTURE.
^ÏH^Inf^BïïiTTfl 46 Reportage
Quand les enfants apprivoisent le silence par Isabelle Vial 50 Ma revue de presse par Isabelle Vial
52 Gazette par Anne Ponce
chaque mois. Les méditations
biblique
Votre courrier
Qui ne sert à rien ?
Encore plus de fraîcheur ! « Chère Anne, votre gazette est souvent la première chose que je lis quand je reçois Panorama. Elle est pleine de fraîcheur et j'en profite pour la faire partager à mes enfants. Continuez à avoir ce regard, il est indispensable et devrait être communiqué plus largement. Je le pense sérieusement, ayant cinq enfants de 25 à 15 ans dont une grande partie ne suppor te plus la messe où tout est triste, avec peu de jeunes. "Ça ne m'apporte rien", nous disent-ils, et elle est souvent triste, c'est vrai... »
A. Sejean
« Bonjour Frère Silouane, J'ai été heureuse de faire votre connaissance dans le dernier Panorama de juillet-août. C'est l'amour d'une même personne qui nous relie assez mystérieusement les uns aux autres, vous dans votre monastère du Morvan, moi dans ma vie de femme expatriée en Afrique et tous les autres qui cher chent en vérité à mieux Le connaître et L'aimer. J'ai mis à peu près dix ans pour découvrir comment Dieu m'attendait au cœur de ma vie de femme au foyer, c'est-à-dire inactive aux yeux de la société. Oui, c'est vrai, vous dites dans votre interview que "nous vivons une culture très utilitariste... que les moines ne servent à rien, mais sont dans l'ordre de la gratuité..." C'est seule ment cette année que j'ai découvert que "ne rien préférer à l'amour du Christ" passait pour moi par cette voie de femme à la maison et que, oui, cela pou vait aussi alimenter
Infos Pano..Inios Pano.. Sylvanès : £ o ï merci pour Assise ! Il y a quelques semaines, à Sylvanès, 270 000 F ont été remis à l'évêque d'Assise par le Père André Gouzes. Cet argent vient de l'opération Te deum pour Assise, lancée en novembre 1998 par les Editions de Sylvanès en partenariat avec La Croix et Panorama. Venant de la vente des CD et K7, cet argent va permettre de soutenir le diocèse d'Assise, touché par le tremblement de terre d'octobre 1997. Merci à tous! Cette nouvelle a spécialement réjoui les lecteurs de Panorama, venus prier et chanter à Sylvanès du 23 au 26 septembre.
ma vie entière. Chaque jour, à travers l'éduca tion des enfants, l'attention à mon mari, je fais l'ap prentissage de la tendresse et de la patience; j'ap prends à quel point Dieu est Père chaque jour avec nous; j'apprends la gratuité et le service. J'essaie de me laisser aimer de Lui pour aimer à mon tour. Et, dans cette vie très simple, en apparence pas très ambi tieuse et peu utile, dans cette vie faite d'une alternance de contempla tion et d'activité échevelée, dans ces gestes quotidiens, mes liens avec Lui se resserrent et se multi plient. Nous avons besoin les uns des autres et besoin de parler de nos expériences spirituelles. Que Dieu nous garde en sa présence! » Marianne (Côte-d'lvoire)
Et pourquoi pas lui ? « Une de vos lectrices s'in digne de voir Aimé Jacquet interviewé dans votre numé ro du mois de mai dernier. Y aurait-il des personnes dignes d'y figurer et d'autres pas du tout? Pourquoi refuser à Aimé Jacquet le droit de parler dans Panorama ? J'ai aimé que ce monsieur soit enfin reconnu pour ce qu'il est: un homme loyal, simple, compétent dans sa profession. De milieu modeste, ce monsieur a été moqué par les gens du sérail, tes grands, ceux qui ont le droit de tout dire sur les autres, surtout sur les gens de milieux simples et de province en plus. Merci à Panorama de nous avoir montré Aimé Jacquet tel qu'il est. » M. Grosperrin (Bracon)
6 Panorama Octobre 1999
Bruno Chenu vous répond
Le silence de Mazille De retour du week-end Panorama, au carmel de Mazille, une lectrice partage avec nous sa méditation: « Au début, on s'avance un peu, on glisse. Comme une grande pierre plate et polie, le silence dans sa nudité. Comme un désert, une aridité d'herbes sèches. Comme une musique, la valse des gestes à midi, où les paroles se taisent aussi, mais le silence des visages a sa parole à lui aussi,
ou 1 on pense à d'autres silences non choisis comme celui-ci. Silence de Dieu. Attente. Pierres de silence. Chemins sinueux. Long cheminement dans les hautes herbes et écouter... Ecouter le silence chanté des poèmes de Jean de la Croix, qui disent des silences magnifiques, qui s'en vont comme des arc-en-ciel et puis le trouver, Lui aussi, caché dans son silence à lui. Un silence très doux cette fois-ci, un silence de bercement, ténu et qui parle tout bas, un silence qui chante aussi un silence d'amour qu'on ne dit pas. » C. L. (Neuilly)
I A vos plumes !
Ecrivez à : Panorama, Françoise Toutlemonde, 3-5, rue Bayard, 75008 Paris.
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Quand commence le dimanche?
Hervé (Ajaccio)
sabbat, le premier jour de la semaine, Depuis est les le grand origines, jour des le jour chrétiens qui suit puis le qu'il commémore la résurrection du Christ. Avant de célébrer Pâques une fois par an, on l'a célébré à un rythme hebdomadaire. La fête de la création est devenue la fête de la nouvelle création, le jour du Seigneur annonçant le huitième jour de l'accomplis sement final. Et, au cœur du dimanche, les chrétiens se font un devoir de célébrer l'eu charistie. Un texte du IIL siècle, la Didascalie des Apôtres, l'exprime avec vigueur : « Le jour du Seigneur, laissez tout et courez en hâte à votre assemblée, parce que c'est votre louange de Dieu. » Le sens du dimanche chrétien peut être me nacé par la multiplication des messes, épar pillant le peuple de Dieu, et notamment l'anticipation au samedi soir de la messe du dimanche. Certains pratiquants se deman dent si l'on honore « la fin de la semaine », le week-end, plutôt que l'événement de la résurrection de Jésus. Les pratiques occi dentales de loisirs auraient déteint sur l'at titude de l'Eglise. À quand une eucharistie
dominicale le vendredi soir? La première précision à ap porter consiste à souligner que le jour liturgique du di manche commence par les premières vêpres du dimanche, c'est-à-dire par la priè re du soir de la veille, selon la tradition jui ve. Aussi Pie XII a-t-il donné, dans les années 50, l'autorisation des messes « anticipées » du soir. Mais Paul VI, en 1968, demandait aux pasteurs de veiller « à ce que le sens du dimanche n'en soit pas obscurci de quelque façon ». À cette messe du samedi soir, on doit prendre les textes du dimanche « sans omettre l'homélie et la prière des fidèles ». Beaucoup soulignent le caractère festif d'une messe du soir, avec des participants bien réveillés. Mais restons vigilants pour que le dimanche, du matin au soir, ne de vienne pas un jour « a-liturgique », vide de tout rassemblement chrétien significatif et de toute prière personnelle. Nos journées ne sont pas tout à fait construites sur le mo dèle juif et ne faisons pas d'une concession pastorale une manière d'éviter la sanctifica tion du dimanche.
Le goût de la vie « Je suis incarcéré dans un centre pénitentiaire depuis un an. Je suis écrivain et aujourd'hui je me retrouve dans un milieu de vie particulièrement difficile et éprou vant. Le dimanche, lors de l'office religieux qui se déroule dans la chapelle de la prison, je lis les évangiles et, pour nombre de mes codétenus, je joue le rôle d'écri vain public. C'est une amie reli gieuse qui m'envoie, plus ou moins régulièrement, Panorama. J'ai ainsi, avec joie et émotion, eu l'occasion de découvrir une publi cation qui aide le cœur des hommes à s'ouvrir à l'espérance
chrétienne. Je serais particulière ment heureux si vous pouviez publier l'un de mes poèmes : Notre terre est assoiffée L'éclair a percé le ciel comme un lys de feu et mille papillons s'éparpillèrent à l'horizon. La terre est assoiffée et nous sommes incapables de l'abreuver. Nos âmes frémissent, gémissent et seule la lune nous apporte un peu de réconfort. Distribuons de pleines jarres d'amour et ainsi, même les fleurs retrouveront le goût à la vie. » Panorama Octobre 1999 7
Y aguine et Fodé Début août, j'ai écrit deux prénoms sur mon bloc-notes personnel : Yaguine et Fodé, deux jeunes Guinéens, de 14 et 15 ans, qui ont péri de froid dans le compartiment du train d'atterrissage d'un avion de la Sabena en route pour l'Europe. Comme vous tous, sans doute, j'ai été ému par le message en guise de SOS retrouvé sur leur corps : « Aidez- nous, nous souffrons énormément en Afrique. » La mort de ces deux enfants illustre tragiquement la situation dans laquelle se trouve ce continent aujourd'hui et il me semble important de revenir sur ce drame. Un récent manifeste, publié par le Pro gramme des Nations-Unies pour le dé veloppement (Pnud), dressait au mois d'avril dernier un constat accablant. Ce rapport révélait que : > 42% des Africains vivent avec moins d'un dollar par jour (environ 6 francs). > en 2000, la pauvreté absolue touche ra la moitié de l'Afrique subsaharienne. > le taux de chômage urbain a plus que doublé en Afrique, entre 1975 et 1995, passant de 10 à 20%. > 200 millions de personnes sont tou chées par la faim (4 Africains sur 10 sont mal nourris). 8 Panorama Octobre 1999
> le sida a fait baisser l'espérance de vie de dix ans en moyenne, voire de vingt ans dans certains pays comme la Zam bie, où elle s'établit aujourd'hui à 36 ans. > plus de quatre-vingts millions de gar çons et filles africains n'ont aucun accès à l'école primaire. Voilà ce que Yaguine et Fodé voulaient laisser derrière eux en quittant la Guinée, l'un des pays les plus pauvres du monde. Concernant l'Afrique, il y a un phéno mène cyclique qui fait passer l'opinion publique de l'indifférence absolue à des périodes de passions, rappelait récem ment, dans les colonnes de La Croix, un historien africain. «Aujourd'hui, re marquait-il, on est au creux du cycle de l'indifférence ! » Faut-il pour s'intéresser à un pays ou un continent qu'il soit à feu et à sang? La pauvreté tue pourtant plus que les guerres.
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Quelle planète demain? Ce xxi" siècle sera-t-il celui de l'environ nement? Rien n'est moins sûr. On peut en effet douter de nos efforts en la ma tière. Le récent rapport de l'Agence eu ropéenne de l'environnement n'est pas très rassurant. La pollution des sols, la contamination des nappes phréa-
tiques et le tonnage des déchets pro duits annuellement, sont, en Europe, en constante augmentation. Entre 1990 et 2010, les émissions de gaz à effet de serre devraient même croître de 6% alors que l'Union européenne s'était engagée à les réduire de 8 % ! Sur le plan mondial, le tableau n'est guère plus brillant. Malgré une réelle prise de conscience écologique inter nationale, symbolisée notamment par les conférences de Rio et de Kyoto, les résultats ne sont pas à la hauteur des engagements pris. La croissance rapide de la population (80 millions d'êtres humains en plus chaque année, selon les estimations de la Banque mondiale), la nécessité de ré pondre à leurs besoins vitaux et donc d'accélérer la production de biens et de services, sont autant d'impacts lourds de conséquences pour les milieux na turels. Comment préserver un équilibre écologique fragile face à une démogra phie galopante ? Comment découpler
croissance économique et dégradation de l'environnement? Nos grandes peurs naissent sans doute de cette incapacité de la science à apporter des solutions définitives aux problèmes qui marque ront le siècle prochain. Avant d'entamer de grands débats mon diaux, pourquoi ne pas commencer par le plus simple : apprendre à nos enfants à respecter la planète Terre et les hommes qui y vivent.
Big is beautiful
L'année 1999 aura été sans nul doute l'année des grandes manœuvres indus trielles. Tous les domaines, que ce soit la distribution, les assurances, le pétro le, la banque et plus généralement les services, ont été pris dans la spirale des mégafusions. Le slogan des années 70 « Small is beautiful » s'est transformé en
« Big is beautiful ». Les marchés sont pla nétaires, les entreprises aussi. En cette fin de millénaire, la vague de concentrations d'entreprises est sans précédent, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis. L'his toire économique du prochain siècle est en train de s'écrire sous nos yeux. Ces rachats, ces concentrations, ces fu sions-acquisitions comme on les appel le, marquent non seulement une évolu tion structurelle des entreprises, mais aussi le début d'une véritable révolu tion des mentalités, fortement accélé rée par les nouveaux moyens de com munication dont internet est le symbole. Les entreprises désormais n'ont plus ni nation, ni passeport. Elles facilitent les échanges en suscitant un brassage planétaire; elles créent de nouveaux rapports, de nouveaux com portements ; bref, elles engendrent ce que certains appellent « une ère cos mopolite » où le réfèrent identitaire et culturel est amené à s'estomper sinon à disparaître. L'homme y trouvera-t-il son bonheur? C'est la question que tout grand patron d'industrie doit se poser.
85 millions de morts
Loin de vouloir me lancer dans une cri tique cinématographique, je voudrais vous parler d'un film qui m'a beaucoup touché. Il s'agit d'une épopée roma nesque tout autant que d'un retour ▶ ▶ Panorama Octobre 1999 9
Regard sur l'actualité
▶ ▶ salutaire sur ce qui fut la grande illu sion de ce siècle : le communisme. EstOuest, le film de Régis Wargnier, est à voir, absolument. Non seulement parce que Sandrine Bonnaire et Oleg Menchikov y sont excellents, mais aussi parce que l'histoire, vraie au demeurant, nous replonge dans l'Union soviétique de Staline avec force et véracité. Au mo ment où nous allons fêter le dixième an niversaire de la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989), ce film vient nous rappeler la réalité du régime sovié tique : un pouvoir fondé sur la terreur, la violence, l'instrumentalisation des êtres, la dénonciation permanente, les procès fabriqués, les purges, les camps et le goulag. On connaît à présent le bi lan de ce régime. Entre les famines pro grammées, les morts par déportation, les exécutions, les historiens estiment le nombre de victimes entre 15 et 25 millions... Souvenons nous de la phra se de Raymond Aron sur les révolution naires de type stalinien : « Convaincus d'obéir aux lois de l'Histoire et d'œuvrer pour une fin à la fois inéluctable et bienfaisante, ils deviennent à leur tour, sans mauvaise conscience, bourreaux et tyrans. » Tous les régimes qui se sont ré clamés du marxisme-léninisme ou du marxisme tout court, ont été despo tiques. Pas un seul n'a préservé les li bertés personnelles : liberté de penser, de discuter, d'agir ou de s'opposer. L'historien Nicolas Werth écrivait ré cemment qu'il y a « un mot central dans le communisme, bien plus que celui de 1 0 Panorama Octobre 1999
crime, c'est celui de mensonge. » Un mensonge aveuglement cautionné par beaucoup d'intellectuels de l'époque dont Sartre, que Soljénitsyne qualifiait ironiquement de « maître à penser de l'Occident » et qui aura fait sur notre planète plus de 85 millions de morts.
Lè-bonheur des racines
Un récent week-end dans le Lot m'a per mis de retrouver quelques amis d'origi ne étrangère installés depuis peu dans ce département. Nous avons communi qué à la fois dans nos langues respec tives et fait l'effort d'échanger quelques mots, quelques phrases dans le langage de l'autre, nous enrichissant mutuelle ment de telle ou telle expression. Parmi nous se trouvait une jeune étu diante française qui s'était prise de pas sion pour la langue d'oc. Elle l'apprenait comme d'autres s'initient à la peinture, ou s'intéressent à l'histoire ou à la poé sie. Elle ne revendiquait ni territoire, ni drapeau, ni nation, et vivait l'apprentis sage de cette langue comme un voyage culturel. Au cours de notre conversation, elle me donna la traduction en langue d'oïl d'un poème occitan de Michel
Albaret. En voici la première strophe : «Je voudrais vous parler de ma terre occitane qui n'a pas de frontière et encore moins d'armée, mais un peuple de France, d'Italie et d'Espagne, dont l'histoire et la langue cimentent l'unité. Une terre où toujours germe la tolérance, dans la peine ou la joie, mais surtout l'amitié. Amour et poésie sont ses deux fers de lance, les armes conquérantes de la vraie liberté ». Voir les langues régionales s'épanouir dans un tel esprit, chacun s'en félicitera. Elles font partie de notre patrimoine culturel. Que l'Etat et les régions favorisent leur en seignement sur la base du volontariat, c'est heureux, mais faut-il aller plus loin? Devant le réel bonheur qu'éprouvait cette amie à parler occitan, je m'atten dais à ce qu'elle défende mordicus l'usage oral et écrit des langues régio nales dans la vie publique. Elle devança la question en m'assurant qu'elle n'éprouvait pas le besoin de lire des textes législatifs nationaux en occitan, en breton ou en basque, et trouvait nor male la décision du Président de la Ré publique de ne pas réviser la constitu tion pour ratifier la Charte européenne des langues régionales. La sagesse, pour une fois, n'était pas l'apanage de l'âge, cette jeune étudiante pariait d'or. Penser que le regain d'intérêt pour les langues régionales peut s'avérer, à ter me, une menace pour la République est, sans aucun doute, excessif. Entretenir l'idée, en revanche, comme ce fut le cas, il y a trente ans, que les langues régionales ont un avenir autre que culturel, qu'un retour en arrière est possible, voire souhaitable, ne mènerait nulle part et reviendrait à s'engager, à reculons, dans le troisième millénaire. Intégrée dans l'Union européenne, la France, comme ses partenaires, doit fai re face à la mondialisation. Sa priorité, dans le domaine éducatif, est de s'assu rer que ses enfants maîtrisent parfaite ment le français ainsi qu'une langue étrangère. C'est loin d'être le cas. Hélas ! ■ P. de C.
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74ème semaine sociale
StUS
N° 184 octobre 1999 128 pages 60 F, étr. 67 F
Mourir Quand le corps est chosifié, la fin entourée de mutisme, comment parler la mort ? Comment annoncer encore la mort du Seigneur pour donner sens à la mort humaine ? Le mystère de la compas sion autorise une parole d'amour et de vérité, et, par là, une réappropriktiOrt de la mort comme acte de liberté, d'abandori, d'offrande. R.-C. Baud, E, Falqjue, C. FUpo, Y. Floucat, M. Gourgues, P. Hartnel, P.-J. Labarrière, Labarrière, P. M.-J. Poiré, tel, P.-J. P. Lécrtvairi, Léclit E. Pousset, Y. Simoens, N. t
l'Evangile, les chrétiens et les enjeux de société Michel Bertrand Jean Boissonnat Michel Camdessus Bruno Chenu Olivier de Dinechin Michel Evdokimov Etienne Fouilloux Marcel Gauchet 'ierre Lena René Lenoir Joseph Maïla Jean-Claude Mallet
Jean-François Mattel Geneviève Médevielle Guy Paillotin Jean-Marie Pelt Jean-Marie Petitclerc Marie-Danielle Pierrelée Andrea Riccardi Robert Rochefort Pierre Rosanvallon Peter Seideneck Manuela Silva Domingo Sugranyes Paul Valadier
Avec la participation du cardinal Jean-Marie Lustiger
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■mairies sociales de trance
Enquête
COMMENT RETROUVER LA SAVEUR DE
Une enquête de Monique Hébrard
« LA SAGESSE A DRESSÉ UNE TABLE... Moins de 10 % des Français déclarent se rendre régulièrement à la messe. Pourtant de nombreux chrétiens redécouvrent le sens de ce sacrement. Plutôt qu'une obligation, celui-ci peut redevenir ce qu'il a toujours été : une nécessité vitale! la guerre, Anne-Marie se sou vient : « On allait à la messe, le dimanche, sans même se Adolescente lendemain de poser au la question. » Com ment en est-on arrivé, cinquante ans plus tard, au taux actuel de 10 % de pra tiquants réguliers (qui vont au moins deux fois par mois à la messe) et de 1,9 % chez les 18-25 ans ? Certains accu sent le Concile « qui a tout désacralisé », ignorant que la baisse de la pratique avait commencé bien avant! « S'il n'y avait pas eu le Concile, dit au contraire Anne-Marie, je ne sais pas si je serais restée... avec des chants comme "Je n'ai qu'une âme qu'il faut sauver", le la tin, et le prêtre qui nous tournait le dos ! Le Concile fut un vrai soulagement. »
Brève histoire de la messe En vérité, le Concile, dépassant une sa cralisation devenue trop figée, nous a ramenés au sens originel de la messe, communauté qui fait mémoire. En ef fet, la messe plonge ses racines dans l'Ancien Testament : la veille de la Pâque, chaque famille remerciait Dieu pour la libération d'Egypte, et ceux qui présidaient le repas bénissaient le pain et le vin puis le partageaient. C'est dans le contexte de la Pâque juive que le Christ a institué l'eucharistie. C'est à ce rite que l'on reconnaissait les pre miers chrétiens : « Ils se montraient fi dèles... à la fraction du pain et aux 14 Panorama Octobre 1999
prières..., ils fréquentaient assidûment le temple et rompaient le pain dans leurs maisons... », nous raconte l'Evan gile (Actes 2, 42-46), « pour faire mé moire de l'alliance entre Dieu et les hommes, une alliance où Dieu s'est engagé au point de risquer la vie de son propre Fils. Et, par ce pain rompu ensemble, ils ne formaient qu'un seul corps » (1 Co. 1, 17). A partir du nic siècle, avec l'organisation d'un clergé, la messe e eu tendance à devenir l'affaire du prêtre seul, déten teur du pouvoir sacré de consacrer le corps du Christ. Avec le concile de Trente, on parvient au sommet de la « perception sacrifi cielle et expiatoire de la messe », selon l'expression du théologien Louis-Marie Chauvet. Il va falloir attendre Vatican II pour, comme l'écrit le Père Michel Kubler, resituer « le ministère ordonné au sein du peuple de Dieu, et non plus
»
au-dessus de lui » ; le prêtre redevient alors le « pasteur » et non le « sacrifica teur » {La Croix du 30 juillet 1998).
Le pain et le vin A l'abbaye de la Pierre-qui-Vire, le béné dictin Ghislain Lafont n'a pas atten du le Concile pour s'interroger sur le sens d'une messe dite par un moine seul, comme cela se faisait auparavant, alors que « l'on est prêtre pour rassem bler un peuple pour l'eu charistie ». Aujourd'hui, le Père Lafont s'interroge encore, notamment sur le sens que peut avoir, pour nos contemporains, l'ex pression « sacrifice de la messe ». « La plupart n'ac cepte plus ce côté expia tion, ce Dieu qui envoie son fils à la mort, recon naît-il. Par contre, le sacri fice est une notion fonda mentale, anthropologique et religieuse. Il est au cœur de la relation : je renonce à quelque chose qui semble bon pour moi pour faire place à l'autre. De même dans la relation avec Dieu : l'homme est appelé à "quitter son pays", mais Dieu sort aussi de son autonomie pour pro poser l'alliance qui est vie totalement donnée. C'est cela le sacrifice. »
Une exigence de cohérence La messe engage Dieu et les hommes, ensemble. Cela, nos contemporains le perçoivent bien. Quand ils justifient leur désertion de la messe en disant : « A quoi cela sert si chacun se compor te en égoïste? », ou encore « Pour moi, la messe véritable, c'est pratiquer la so lidarité », ils ont une fausse excuse mais une bonne intuition. Gérard Naslin, curé de Sainte-Berna dette, à Nantes, confirme : « Etre prati-
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Enquête GOMMENT RETROUVEI
LA SAVEUR DE LA MESSE?
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Ivan, prêtre : « Dans le mouvement de Dieu »
Ivan Pandza a été ordonné le 13 juin, dans le diocèse de Nevers. Premières réflexions. u cours de l'ordination, l'évêque m'a deman dé : " Voulez-vous im plorer la grâce de Dieu pour le peuple qui vous sera confié ?" Il y a eu aussi la procession avec le calice et la pa tène, offerts par de nombreuses per sonnes, et remis par l'évêque, m'invitant à recevoir l'offrande du peuple de Dieu. Cela manifeste bien que le prêtre célèbre la messe au nom du peuple qui lui est confié. C'est consti tutif du ministère. Lors de ma première messe à Decize, j'ai vécu très fort que le prêtre qui célèbre l'eucharistie fait monter vers Dieu, avec l'assemblée, la vie du monde, et fait descendre la vie de Dieu sur la terre. Ni de manière ma gique, ni comme une célébration d'anciens combattants : le "Faites ceci en mémoire de moi" rend présent cet événement qui a une signification aujourd'hui et qui nous ouvre un ave nir. Il y a dans la messe un va-et-vient entre la vie de Dieu et la vie des hommes. Quand on chante, après la consécra tion, "Il est grand le mystère de la foi", on chante la foi de cette Eglise qui rend Dieu présent dans le monde. L'eucharistie est le point culminant de cette présence. J'évoque la foi, mais je n'oublie pas la charité : à la messe on entre dans le mouvement de Dieu qui a donné sa vie pour les hommes, on ne peut pas en sortir indemne. A la suite de Jésus, on est invité à en trer dans ce mouvement de don de soi, à faire de sa vie un acte charité. » M.
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▶ ▶ quant, c'est vivre une cohérence. Un sacrement, c'est une Parole et un Geste. Et les chrétiens sont invités à fai re de leur vie un sacrement, c'est-à-dire à parler et à agir en cohérence. » Pour Thierry et Marion, la trentaine, profes seurs, parents de trois enfants, très en gagés dans leur diocèse, la messe n'a de sens que reliée à un engagement : « C'est un moment fort de la commu nauté, qui célèbre ce qu'elle a vécu comme valeurs chrétiennes. C'est un événement, un bilan, un ressourcement et un envoi pour la mission. » Les jeunes sont particulièrement sensibles à cette
Le déroulement
d'une messe
cohérence. Dans une enquête du dio cèse de Cambrai, mille huit cent ré ponses « coups de gueule » et « coups de cœur » évoquent la messe, et le père Didier Caullery analyse : « La pratique hebdomadaire n'a pas de sens pour les jeunes, et ils ne supportent pas l'ano nymat des messes. Pour eux, la messe est un temps fort, festif, lié au désir de faire église avec d'autres et de célébrer avec tout son corps et son cœur. C'est par des communautés heureuses de se retrouver et de partager entre elles que l'on retrouvera le sens du rassemble ment. Et c'est cela qui pourra conduire à l'eucharistie. »
Pour que la communauté soit consis tante et signifiante, précise Marc Stenger, le nouvel évêque de Troyes, fort de quinze ans de pastorale des jeunes à Metz, « il faut qu'elle s'enracine concrè tement dans les solidarités humaines ».
Retisser la communauté Au service diocésain de catéchèse de Lille, une expérience étonnante, dé marrée il y a dix ans, à Wattignies, ap plique ce principe : les pratiquants sont invités à accompagner un enfant de leur quartier qui prépare sa communion afin de « recréer du lien social » et de don ner tout son sens à ce sacrement.
ô « Quand on vit déjà la communion fra| ternelle, on sent le besoin de la partager g également dans un sacrement, alors 3 que l'inverse n'est pas nécessairement vrai... », explique Sœur Emmanuelle Luchez. En décembre, au terme d'une dé marche synodale, les catholiques du diocèse de Sens-Auxerre auront à voter sur la « refondation des communautés chrétiennes », une démarche à laquelle leur évêque est attaché. Il s'agit de se retrouver cinq dimanches par an, pen dant cinq heures, sur cinq activités : partage de la vie, partage de la Parole, li turgie eucharistique, repas festif, et par tage des tâches à accomplir. « Ce n'est pas en cinquante minutes que l'on re trouve le sens de la messe, explique Msr Gilson. Là, on donne au mystère eu charistique toute son ampleur comme dans la première communauté croyan te. La demeure du Christ, c'est la com munauté croyante. Et elle est mission naire : une paroisse est au service de toute une population. » Vatican II a en effet aboli l'ancienne sé paration qui existait entre prière et mis sion, entre célébration des sacrements et service de l'homme. Pour être mis sionnaire, il faut être en communion avec ses frères et avec Dieu, et la com-
munauté dominicale autour de l'eucha ristie est le creuset par excellence de cette double communion. Les chrétiens l'expriment de plus en plus spontané ment. Ainsi Bruno et Catherine Lévêque, responsables de la liturgie et de la prière dans un bourg rural, près de Poitiers. Ils s'efforcent de rendre les messes belles et conviviales afin « que la paroisse soit un lieu de lumière, et que l'on se demande d'où les chrétiens tien nent leur espérance ». La Lettre des évêques aux catholiques de France résume bien la question : « L'Eglise est détentrice d'un message qu'elle a mission d'annoncer. Elle a aus
si pour mission de servir la vie des hommes (diaconia). Il n'en reste pas moins vrai que cette transmission du message et ce service de l'humanité cul minent dans la célébration liturgique au cours de laquelle la communauté reçoit la Parole de son Seigneur et prie pour le salut du monde. »
L'autel au milieu du peuple Mais la communauté n'est pas le tout de la messe. Après le Concile, les inté gristes avaient crié à sa désacralisation. Aujourd'hui, les plus conciliaires euxmêmes reconnaissent l'urgence de re trouver le sens du mystère. C'est ▶▶
Evangéliser la vie, évangéliser la messe Le père Philippe Bacq, jésuite, professeur d'Ecriture et de théologie à Lumen Vitae, à Bruxelles, souligne quelques enjeux pastoraux.
engagement fraternel ou de solidarité. Dans l'évangile de Jean, le lavement des pieds remplace l'institution de la Cène; il est déjà un geste pleinement eucharistique. > Corps du Christ : Beaucoup de jeunes, qui ne La parole "Ceci est mon participent jamais à la messe, vivent déjà des germes d'eu corps" ne consacre pas seule charistie en se donnant au ser ment le pain ; elle transforme vice d'un monde plus juste et la communauté elle-même. solidaire ou en tissant des rela Les chrétiens deviennent le tions fortes entre eux. L'enjeu "corps du Christ", membres n'est pas d'abord de les rame les uns des autres. Ils entrent ner dans nos églises, mais dans une relation de récipro de prendre en compte ces cité entre eux et avec leur ferments de communion et entourage. L'esprit du Christ de les accompagner pour faire ressuscité prend corps dans ces liens qui se tissent dans grandir ce qu'ils vivent déjà de ce qui participe à l'eucharistie. l'assemblée et au-delà d'elle. Peut-être un jour ces germes deviendront-ils eucharistie > Germes d'eucharistie : Nous n'avons pas la possibilité au sens liturgique du terme. Que les jeunes se sentent mal de changer la prescription à l'aise dans la régularité des d'obligation de la célébration dominicale. Mais nous n'avons célébrations ne signifie pas qu'ils ne font pas l'expérience pas non plus à nous résigner à des églises vides. Il convient du Christ ressuscité. A nos communautés d'inventer avec plutôt de développer des eux des célébrations de ce expressions de foi qui seront vécu. La même attitude pasto des pierres d'attente vers des eucharisties renouvelées : rale prévaut pour les adultes lecture de l'Evangile, prière, qui viennent demander
à l'Eglise "une belle cérémonie" à l'occasion des grands évé nements de la vie. Il convient d'accueillir avec respect leur demande et le désir religieux qui s'y cache, et de les accompagner pour évangéliser cette demande. > Communauté vivante : L'essentiel est de constituer des cellules paroissiales vivantes, où les gens nouent des relations, relisent ce qu'ils vivent et prennent le temps de le célébrer. En Amérique latine ou en Afrique, des communau tés de base deviennent "corps du Christ", alors qu'elles res tent sans eucharistie pendant des mois. Ne convient-il pas aussi d'évangéliser nos messes, afin qu'elles soient des lieux de ressourcement, où chacun puisse s'unir personnellement au Christ, et des lieux où se développent des liens commu nautaires... Que la commu nauté elle-même devienne signifiante par sa qualité de relations et sa manière soli daire de vivre en société. ■
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M. H.
COMMENT
LA SAVEUR DE LA MESSE ? ▶ ▶un des principaux soucis du Centre national de pastorale liturgique, comme en témoigne Philippe Barras, le direc teur adjoint : « Une liturgie n'est pas un meeting. Il faut tenir l'équilibre entre la créativité pour célébrer la vie et le rite qui est plus immuable et qui exige de mettre un peu de distance pour faire place au Tout Autre. » Msr Gilson déve loppe : « Le Concile nous a demandé de sortir l'autel du mystère pour le mettre au milieu du peuple. Mais nous ne sa vons pas encore célébrer le mystère du sacrifice du Christ tout en étant au cœur du peuple. La prière eucharistique est une plongée dans la mort et la résurrec tion du Christ, une plongée dans le mys1 tère de la présence de Dieu. » Le che2 min du mystère, souligne l'évêque de 9 Sens-Auxerre. Dasse Dar le cœur. « Si les
jeunes aiment Taizé ou les églises orien tales, c'est parce qu'ils y vivent le mys tère plus que la rationalité, constate-til. Les charismatiques nous apprennent aussi à passer dans l'ordre du cœur et à oser exprimer collectivement le senti ment religieux. Le peuple en a assez d'être gouverné par des intellectuels et a besoin de retrouver le chemin du cœur. La liturgie c'est le lieu où la Paro le devient cœur. 'Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés". » Et le cœur est ému par les symboles. On l'a vu à Longchamp lors des JMJ. « Ce qui touche les jeunes, précise MBr Stenger, évêque de Troyes, c'est la symbo lique spirituelle forte. La parlotte les énerve. Il faut que l'eucharistie leur ap paraisse comme un événement actuel mais non ponctuel, qui s'enracine dans un passé et est porteur d'avenir. » « Pour que le symbole touche les gens dans leur vie concrète, tout en les ou vrant au mystère, insiste également Phi
Céline, 20 ans : « Etre face à Dieu » Etudiante en psycho, Céline Basin a vécu en commu nauté, l'an dernier, comme permanente à l'aumônerie des étudiants de Poitiers.
«J
'ai voulu être baptisée à dix ans, car j'étais bouleversée par les évan giles, le message d'amour de Jésus. Ensuite, à l'aumônerie du lycée, ce sont les messes qui m'ont accrochée : c'était dynamique, on choisissait les chants. Pour moi, le chant est important, c'est une façon de prier. L'an dernier, à l'aumônerie des étudiants, la messe du jeudi soir était un temps d'autant plus fort que nous la préparions et que l'on formait une communauté de
18 Panorama Octobre 1999
prière. On se connaissait bien, on parlait beaucoup avant et après la messe. La messe est une manière particulière de se ressourcer et d'être face à Dieu. J'ai du mal à prier toute seule. A la messe, je suis dans le silence et la paix intérieure. Je ne pense pas à autre chose, je suis portée par la prière des autres. La messe, c'est aussi se rencontrer entre catho liques autour du Christ, pouvoir commu nier, pouvoir écouter l'homélie et l'évan gile. C'est un temps de formation, un ressourcement pour mieux vivre les jours à venir. Dans ma paroisse, il ne se passe pas grand-chose. Si je ne me sens pas pleinement ouverte à vivre l'eucharistie, je ne vois pas l'intérêt d'y aller, ce sera pour moi une heure de perdue. Le princi pal, pour un chrétien, c'est de vivre au quotidien l'Evangile en donnant le plus d'amour possible aux autres. » ■ M. H.
lippe Barras, il ne faut pas l'enfermer dans une explication ou un signe pré cis sinon on le tue. Le symbole doit être porteur de sens et non d'un sens, afin que chacun puisse s'y projeter à sa ma nière. » Or la tradition catholique est riche d'une symbolique qui fait appel à tous les sens : l'ouïe (musique, répons, cloches...), l'odorat (encens), la vue (fleurs, couleurs liturgiques...), à tout le corps (procession, inclinations, bai ser de paix...), et qui rejoint les grands symboles universels : eau, feu, pain partagé... Nécessité vitale contre obligation morale Cependant, même quand elle retrouve tout son sens, les plus convaincus ne vont plus systématiquement à la messe tous les dimanches. L'obligation domi nicale serait-elle périmée ? «Je continue de croire que l'eucharistie est centrale. Droclame Gérard Naslin,
mais u nous taut traduire i obligation dominicale au cas par cas : on ne peut pas demander la même chose à tout le monde. » Le curé nantais n'a pas envie pour au tant de souscrire à certaines expres sions en vogue, du genre : «Je vais à la messe quand j'en ai envie » ou « quand j'ai quelque chose à célébrer ». Il ré torque : « La messe est un rendez-vous d'amour, un échange de cadeau, une in vitation. Libre à moi d'y répondre ou de la refuser. » Quand on lui dit : « Cela ne me manque pas », il répond : « Mais vous, vous nous manquez, car une fa mille a besoin de rites de rencontre. » Philippe Barras ne parle plus d'une « obli gation morale », mais d'une « nécessité vitale pour la vie de l'église locale et l'an nonce de l'Evangile » tandis que Msr Gil son rappelle que l'épiscopat a promu le « concept de proposition » qui invite à passer du registre de la Loi à celui du « Venez et voyez », du « Viens et suis-moi ».
A:
Les dessins du déroulement de la messe sont tirés du nouveau missel des enfants « Je vais à la messe » édité par Grain de soleil, revue d'éveil et de culture reli gieuse pour les 8-12 ans I (69 F, disponible en librai- i ries religieuses ou par J VPC au 02 32 29 19 08). i
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Ce registre fonctionne, si l'on en croit le père Caullery qui note : « Ce qui est central et primordial pour les jeunes, c'est une connaissance du Christ et une découverte de l'Evan gile. Ensuite ils pourront avoir envie d'aller à la messe. » Même intuition chez W Stenger qui pense que les jeunes dé couvriront que l'eucharistie est le cœur de la foi dans la mesure où ils auront déjà découvert que le Christ peut rem plir leur vie. S'ils ne prêchent plus l'obligation, tous s'accordent pour souligner, avec Jean-Paul II, l'importance du dimanche (texte « Le jour du Seigneur » du 7 juillet 1998). « Les rythmes repos/travail et quotidien/fête font partie de la vie de l'homme », observe Ghislain Lafont. Msr Stenger note, de son côté, que « le dimanche est le jour de la transcendan ce, où l'on se met en face de l'amour gratuit, Sans cette dimension de louan ge et de célébration, les hommes sont
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prisonniers de fonctionnements méca niques. On ne peut se ressaisir que lorsque l'on a un vis-à-vis qui vous re structure. On a besoin de la révélation de la Parole et de la nourriture de l'eu charistie pour reprendre des forces. Ce qu'il faut se demander, c'est pourquoi la messe n'est pas ce reconstituant. » Msr Gilson tire cependant une son nette d'alarme : « Le dimanche est aussi un problème politique. Nous, les évêques, devons avoir le courage d'affronter l'Etat qui fait des lois qui désorganisent la semaine, le temps du loisir et du repos. Le respect de la plu ralité des religions est nécessaire, mais n'oublions pas que le catholicisme a marqué notre civilisation pendant quinze siècles ! »
Une vraie communauté Avec le manque de prêtres, qui se fait dé jà sentir dans certains secteurs ruraux et qui sera dramatique dans dix ans, la pra tique risque encore de baisser fortement. Sociologue, observateur de l'aménage ment pastoral et animateur de celui du diocèse de Saint-Brieuc (de 416 à 70 pa roisses), le Père Paul Houée constate que « les regroupements de paroisses entraînent une diminution des prati quants réguliers car certains ne vont à la messe que lorsqu'elle a lieu dans leur
église. » Il ajoute : « Les restructurations ont souvent une face positive ; on a des célébrations de qualité, des églises pleines, des gens heureux de pratiquer ensemble et de découvrir de nouvelles relations ». De plus, la raréfaction des messes a amené les chrétiens, souvent encoura gés par leurs évêques, à multiplier les prières non eucharistiques. Jacky Brousseau, responsable de la prière dans un bourg rural des Deux-Sèvres, en témoigne. Pour lui, les groupes de prière, le rosaire, les vêpres sont l'oc casion de vivre « le souci de la com munion, même si l'on n'a pas les mêmes idées, et d'apprendre à se connaître et à s'aimer davantage ». « Ces modes de prière, plus libres que la messe, peuvent être un bon chemin pour les recommençants », observe Philippe Barras lui-même. Plus profon dément, les pratiquants redécouvrent partout, avec la nécessité de faire com munauté, la joie de relations frater nelles vraies et le désir d'être servi teurs et tétnoins. Dans la pauvreté, parfois avec1 de réelles difficultés, c'est bien l'Eglise de Vatican II qui est en train de naître aujourd'hui et de re trouver le vrai sens de la messe. ■ M. H.
Pour en savoir plus DES CLASSIQUES : -* Pour vivre l'eucharistie Philippe Béguerie (Cerf). -+ Dans vos assem blées, manuel de pastorale liturgique sous la direction de Joseph Gélineau (Desclée, édition remise à jour). -» Paroisses, environnement et vie liturgique, La Maison Dieu n° 206 (CNPL- Le Cerf). -♦ La messe Robert Cabié (Collec tion Tout simplement, Editions de l'Atelier). Historique, -» Lettre de Jean-Paul II sur le dimanche Documentation catholique n° 2186.
-* La paroisse Un numéro de Questions actuelles.
NOUVEAUTÉS : -> Abécédaire de la célébration chrétienne, Louis Malle et Michel Scoarnec (Collection Vivre, croire, célébrer, Ed. de l'Atelier). Un guide sur le sens des gestes et des rites. Pour tous publics. -» Vivre l'eucharistie avec les jeunes Philippe Blot (L'Atelier). -» Prêtres-laïcs, un couple à dépasser Jean-Pierre Roche, préface d'Albert Rouet (L'Atelier). -> La liturgie, Numéro de Questions actuelles, à paraître en novembre.
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Chroniques Chaque mois, une méditation sur une phrase du « Notre Père »
« Pardonne-nous nos offenses... » sant, l'assassin; il en épuise la nos offenses malignité, ce qui est tout diffé comme nous rent, il réduit à néant son pou voir de propager le mal qui, P a r d opardonnons n n e - n o u sà ceux qui nous ont offensés. » d'ordinaire, suscite la haine, le ressentiment, le désir de ven L'évangéliste Matthieu parle en termes de « dettes », Luc en geance chez la victime. L'amnis tie n'aide pas le criminel à termes de « péchés », mais tous ces mots chargés de négativité prendre mesure de ses méfaits, confluent vers l'idée de pardon : ceux-ci étant « mis à la trappe » ; le pardon, lui, met à nu, absolu celui d'une faute, d'une trans ment, le mal perpétré face à la gression, d'un manquement à la conscience de son auteur, pour justice, à la miséricorde, à la pa « Le pardon role donnée. D'un manquement que celui-ci pèse enfin ses actes au partage du pain de vie. est l'acte le et s'achemine vers le repentir. Et les façons de commettre ces Quant à l'offensé qui crie ven fautes sont multiples : par action, plus difficile geance, il finit par descendre aus par pensée, par parole et par à accomplir, si bas que son offenseur, il se plie omission. aux lois de la pesanteur et n'ap mais aussi Par omission, peut-être, plus que prend alors rien au pécheur. de toute autre manière, car nous très souvent L'offensé qui pardonne opère taillons sans cesse par inattention, le plus mal une transmutation du mal : il abolit son pouvoir de séduction désinvolture, égoïsme, à notre in su. Notre conscience porte donc compris, et surtout l'évide de sa violence, un lourd fardeau, même quand faussement le réduit au silence. Seule de elle croit (ou feint) l'ignorer. meure la souffrance, dépouillée Voilà pourquoi il nous faut de interprété, jusqu'à la transparence - à la mander chaque jour le pain spiri déprécié... quelle le pardonné est invité à se tuel qui éveille et éclaire la Le pardon joindre pour lentement accéder à la rédemption. conscience, la sensibilise aux est la autres, tant à leur faim physique Car, comme le pain, le pardon se qu'à leur faim de justice et plus haute partage : avec l'affamé par le mal, d'amour. révolution. » l'avide de violence, pour lui don Le pardon est l'acte le plus diffi ner le goût d'une autre faim : cile à accomplir, mais aussi, très celle de la fraternité dont il avait brisé le lien, celle de la filiation adoptive souvent, le plus mal compris, faussement avec Dieu. interprété, déprécié; ses détracteurs se Le pardon est la plus haute révolution - du complaisent à le confondre avec l'oubli, l'indifférence, ou la résignation. Or il n'en cœur, de la pensée, de la volonté -, et il est rien, le pardon de l'offensé à l'offen participe lumineusement à la Volonté de seur (et, au niveau extrême, de la victime Dieu, coopère à l'instauration de son à son bourreau) ne fonctionne nullement Règne en opposant une fin radicale de noncomme l'amnistie qui « gomme » en vrac recevoir au mal, en extirpant les racines de des fautes, des crimes, en annule les l'ivraie, en offrant au pécheur la chance conséquences pénales. Le pardon n'effa inespérée de s'arracher à l'emprise de la ce pas d'un « coup de baguette magique » pesanteur pour s'élever vers les étendues le péché commis par le traître, le médide la grâce. ■
20 Panorama Octobre 1999
C'est l'histo our célébrer le mois du Rosaire et Sainte-Thérè se, je voudrais vous offrir un bouquet de roses. Mièvrerie, al Marguerite lez-vous penser. Je Gentzbittel voudrais savoir vous Ancien proviseur dire qu'il vient pour tant d'un rosier bien dru. Je l'ai cueilli une nuit, sur les ondes. Jérôme a vingt-huit « Jérôme ans. Animateur a grandi d'une radio locale, il a envie de dire tout avec son bonheur aux au un rosier diteurs d'une radio nationale : une dé qui a su claration un peu so le mettre qui conve en commu lennelle nait à une conviction nication profonde. La foi? Il directe et pense pouvoir affir mer qu'il yen a une constante dose en lui. L'Eglise? avec Il avoue que « ce n'est pas son truc ». Thérèse. » Mais ce dont il est sûr, ce Normand, c'est que Thérèse l'ac compagne, fidèle et douce, car c'est une amie de la famille. C'est l'arrière grand-père de Jérôme qui s'est lié d'amitié avec Thérèse. Elle a su éloigner de lui désespoir et révolte. L'ar rière grand-mère de Jérôme est morte très, très jeune, ayant tout juste le temps de mettre au monde un fils, aujourd'hui grand-père très âgé de cet étonnant Jérôme. Auprès de la tombe de l'arrière grandmère, son mari a fait pousser un rosier qui dit toute la confiance de cet hom me. Année après année, le rosier don ne à Thérèse, à profusion, les roses qu'il lui faut pour nous arroser, nous, de sa fameuse petite pluie de pétales... Jérôme, enfant, accompagnait le grandpère au cimetière. Il a grandi avec le ro sier qui avait toutefois deux générations d'avance sur lui, un rosier qui a su le mettre en communication directe et
P
ire d'un rosier... constante avec Thérèse. Et le temps a passé. On comprend que Jérôme, en bonne santé et débordant d'activité, ait laissé le rosier vivre sa vie pour vivre la sienne. Un jour, revient l'impérieux besoin d'une visite au rosier, visite person nelle mais aussi délégation du grandpère qui, lui, ne se déplace plus. C'est justement ce jour-là que l'Administra tion a proclamé que la concession ar rivait à expiration. Implacable réalis me tout prêt à engloutir le rosier et sa poésie mystique. A moins que Jé rôme ne parvienne à lever l'ultima tum et à renouveler le « bail de loca tion ». Thérèse, que les démarches audacieuses n'ont jamais dissuadée, serait bien allée jusqu'au Pape pour
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Guy Aurenche Avocat, membre de l'ACAT et de « Justice et
« L'engage ment poli tique est aussi che min d'évangélisation. »
aider Jérôme. Le soir même, il pou vait rassurer le grand-père. Et le rosier fleurira et les petits-enfants de Jérôme seront, eux aussi, un jour, ses fidèles rejetons. La simplicité et la ferveur du jeune homme étaient communicatives. S'estil rendu compte, Jérôme, quel vivant té moin il était pour tous les auditeurs, quel que soit leur degré de réceptivité? Il n'y avait pas de fleurs de rhétorique mais les roses elles-mêmes. Miracle? Signe, simplement, comme dit mainte nant notre épiscopat. Signe qui ré chauffe le cœur. J'aime penser que, fé condé par tant d'amour et d'espérance, ce rosier nous offre à profusion des roses qui dureront bien au-delà de « l'espace d'un matin ». ■
n'êtes qu'un idéaliste ! » dict tombe, sans appel, et me voici disqualifié. Combien de fois, en cher Vous n'êtes chant avec qu'un d'autres idéaliste des solutions ! » Le ver au chômage, à la violence, à la misère, me suis-je fait traiter de rêveur, de chrétien irresponsable, parce que j'avais fait référence à la personne humaine et à sa dignité ! J'en ai assez de la marginalisation de l'idéal dans la vie politique ! Je sais que les bons sentiments ne suf fisent pas à faire une bonne politique, mais je suis certain que de l'oubli de l'humanisme naîtra une mauvaise politique. Que signifie le discrédit jeté sur les valeurs de partage, droits de l'homme, fidélité, charité? Parler de charité suscite incompréhension, voire mépris. Les chrétiens indignés répondent en faisant le procès de la société matérialiste, de la consom mation égoïste, du refus de Dieu. Autant d'explica tions efficaces. Mais je voudrais faire notre procès, à nous chrétiens qui, trop souvent, méprisons la po litique, la tenons en suspicion et n'estimons pas prioritaire de nous y engager. Il est évident que les chrétiens n'ont pas le mono pole du cœur. Notre indifférence à l'égard de la res
ponsabilité politique concourt à déshumaniser cel le-ci. Nous désincarnons le geste de charité en ne tentant pas de le traduire en projet politique; nous le cantonnons dans un cœur à cœur essentiel, mais insuffisant socialement. Je ne souhaite pas la création d'un parti chrétien. Enfermer la référence à Jésus-Christ dans une seu le famille peut créer des malentendus ou permettre des récupérations. A nous d'incarner la Bonne Nou velle, non en déduisant de l'Evangile des recettes, mais en traduisant ses propositions en exigences dans la construction du vivre ensemble. Un défi? Dans dix-huit mois les élections munici pales. Elles se préparent aujourd'hui. Que chacun de nous interroge l'animateur de sa paroisse, com munauté, mouvement, pour y contribuer. Pendant l'année qui vient, les chrétiens pourraient, avec d'autres, repérer les questions à poser aux candi dats, les priorités locales ou nationales, les moyens à écarter absolument. Pourquoi ne pas réfléchir en semble à l'inscription de tel ou telle sur la liste d'une équipe candidate? La force de l'Evangile se reçoit dans le secret de la foi. Elle s'incarne dans le comportement de chacun. L'engagement politique est aussi chemin d'évangélisation. Panorama Octobre 1999 21
Chroniques
Quel est tor Cette humanité qui ne cesse de renaître... C n soi-même, se tenir de vant Dieu, dans l'inconnaissance de Dieu. Ne rien attendre de Dieu, si ce n'est cette attente que formule, dans la ful gurance de l'extrê me, Maître Eckhart : « Je prie Dieu qu'il me déprenne de Dieu. » Ne pas imaginer son mystère, s'étonner en soi-même d'exister com me un être unique, cerné par la limite du temps et de l'espace, sans pouvoir saisir d'où vient en soi le sentiment d'être habité par plus grand que soi. Re penser à sa vie, éclairé par tant de bon heur, contredit par la souffrance de l'amour infirme, et aspiré par l'envol de l'amour qui entraîne l'humanité vers sa naissance. Ne pas souffrir du silence de Dieu, mais souffrir de l'humanité, labo rieuse et blessée, communiant ainsi à
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cette aspiration universelle qui la tra verse vers plus de lumière et plus de paix. Accepter de n'être que soi et ac cueillir en soi le meilleur de son être, habité par la compassion de cet enfan tement douloureux qui donne à tout homme de devenir un homme. Contempler et investir l'inexplicable croissance de l'homme en l'homme. Se livrer à cette humanité qui devient et ne cesse de renaître, à cause de toutes les défaites et de toutes les morts, s'émer veiller d'être encore vivant, contempo rain en cet instant de tout ce qui pro gresse et donne au temps d'être l'entreprise créatrice de l'infini. Entretenir la vision de l'Un où l'homme et Dieu ne seront plus qu'un Etre. Croi re en l'homme, dans cette espérance que l'accomplissement de l'homme se ra la révélation de Dieu. Et ne rien pré tendre d'autre que de devenir un hom me pour que vienne le temps d'éternité où il nous sera enfin possible en Dieu de nous aimer nous-mêmes et d'aimer Dieu. ■
La petite porte 3 jours quand j'ai décou vert la petite porte. Une Le premier de mes avait toute petite portefils dans le vieux mur qui séparait la materni té des diaconesses '" de Reuilly du jardin des sœurs de Sainte-Clo thilde. La petite porte couverte de lierre et de mousse, la petite por- ■ te à peine visible, qui ouvrait du protestantisme sur le catholicis me, ou le contraire, selon que l'on venait de la Réforme ou de Rome. Les diaconesses, ce jour-là, avaient fait des gâteaux pour la fête de la Mère supérieure de celles qu'elles appelaient « nos chères voisines ». 22 Panorama Octobre 1999
'est l'histoi re - vraie d'un hom me, né en Algérie de parents français, héritier d'un nom français, Elisabeth jusqu'à ce que sa Parmentier mère l'abandonne Pasteur dans l'Eglisi à 5 ans. Adopté et luthérienne, maître de conférence à la élevé par une famil faculté de théologie le harka, il a porté protestante de ensuite un nom al Strasbourg. gérien, et n'a dé couvert sa première identité qu'à l'âge de 18 ans, juste avant de partir pour la France, le pays de ses rêves. Mais, pour les Français, il était un Algé rien, et dès lors qu'il déclinait son nom, il perdait toute chance de trouver un emploi et un appartement. Après treize années d'errance et de lut te juridique et administrative, il a re couvré à nouveau son patronyme fran çais d'origine, qui va, selon ses dires, « avec sa tête d'Européen ». Et il affirme : « Quatre-vingt-quinze pour cent de mes problèmes ont disparu depuis que j'ai changé d'iden tité. » S'il y a des nouveaux noms qui
De part et d'autre de la porte, les sœurs étaient en avance : c'était il y a quarante ans! Et je m'émer veillais, depuis mon lit de jeune mère, de ce transfert de gâteaux, de cette communion innocente et pâtissière qui sentait bon la fleur d'oranger et le miel. La vie a passé, recouvrant ce sou venir de ses alluvions, mais je n'ai jamais oublié. Souvent j'ai pensé à cet étroit passage entre deux reli gions si proches l'une de l'autre, et la petite porte est devenue pour moi une sorte d'objet-fée dont la serrure ne peut s'ouvrir que quand le cœur le commande. Parfois le passage me semblait fa cile, parfois la clef me semblait perdue... Et puis, cet été, c'est
nous, Louis et moi, qui nous sommes perdus en traversant une forêt. Oh ! pas n'importe quelle fo rêt ! Une forêt camisarde dans mes Cévennes bien-aimées où, sous le soleil d'Anduze, des chœurs de ci gales célébraient la gloire de Dieu. Nous étions égarés parmi les chênes verts et les ronces, comme dans ces contes de fées où les broussailles semblent jaillir du sol pour vous interdire l'approche du mystère, et puis, brusquement, comme obéissant à un ordre, le monastère de la Paix-Dieu apparut. Nous étions arrivés. Sur une table, La Protestante et le catholique nous attendait et, près de notre livre, les sœurs avaient placé
vrai nom? Ce temps que l'on vit clans l'éternité... font naître, celui-ci pourtant enterre tout un passé comme s'il était hon teux! Ce n'est pas seulement une his toire du racisme ordinaire, c'est aussi la triste réalité d'un monde où le nom fait l'homme et lui crée une identité, même factice. On ne saurait en vouloir à cet homme qui, pour vivre décemment, s'est placé sous le patronage le plus intéressant pour lui. Il vaut mieux porter le nom des vainqueurs pour arriver soi-même à croire que l'on est « quelqu'un ». Le secret du choix judicieux réside dans le bon patronage. Les chrétiens seraient-ils passés de mo de, eux qui se réclament d'un patrona ge qui ne rapporte pas un destin glo rieux? « Je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi » : ce n'est pas le label d'une grande famille mais l'expression d'une relation personnelle et intime, un autre nom pour dire la « grâce ». Celui qui est « nommé » par Dieu ne peut tirer sa dignité ni de ses efforts ni de ses succès, car son vrai nom lui vient d'ailleurs, et cette nomination-là de meurera, envers et contre tout. Et quand bien même les chrétiens se raient les derniers du nom... ■
Le Chiffre de nos jours, ce livre clef d'André Chamson. Mon père. Les sœurs avaient voulu que ce soit lui, le huguenot, le descendant des ga lériens pour la foi, qui nous ac cueille dans leur demeure. Cette demeure qu'elles ont bâtie au cœur de la mémoire cévenole, tout près du musée du Désert et de l'ombre des martyrs, cette de meure qui s'élève comme une prière, non pas pour effacer, mais pour aimer. Elle nous ont ouvert les bras en nous saluant de nos noms... Alors j'ai pensé à la petite porte dans le vieux mur, et j'ai rendu grâce.
Etalées sur la table, les photos des petitsenfants, prises l'été dernier. Je les compa re à celles de cette année : je distingue ce que je n'avais pas encore remarqué, dans cette silhouette, le feu de ce regard tourné vers l'appareil ou ce geste d'un petit vers un autre. Mystère des êtres! Michel Tournier observe si justement que « Chaque personne gagne à être connue, elle y gagne en mystère. » C'est vrai : je les connais comme si je les avais faits, et j'ignore presque tout d'eux; je n'ai d'ailleurs pas à tout savoir : chaque hom me dans sa nuit, chaque homme dans sa lumière, sa liberté. Notre intuition nous trompe rarement; ce que nous pressentions prend corps, mais pas nécessairement dans le sens que nous avions cru le bon. Tenant mon nourrisson dans le creux des paumes, je devinais l'être qu'il serait de façon globale : rêveur ou en têté, détaché ou avide. Il arrive que cette forme de divination nous effraie. Je ne pense pas sans frissons au texte de Jean Follain :
us wfcitâjwefit w tkénire jWCfUk l'kgiritc dri. souper dans U mit wi vient okrs lesjmndes personnes les appellent iemrçtrn a lesje^X si clairs pm voici celle fù mMrrajeme et celle dmt sent wÀ le cum tons se lavent les mains Mn, Umkn près des i/Mw jiamisoyarts et sont encore à ce terres cjiAe f on. vit dans l'éternitéC* us enfants >>, dans * Territoires ») Véritable embryon de nouvelle, ce poème saisit en quelques mots, quelques images, le cadre et l'heure, les acteurs - enfants et grandes personnes - avec la sensibilité de Jean Follain, homme du Nord, présent à l'ordinaire, lisant l'invisible sous le visible, manifestant un don de double vue.
Il nous rend aussi la magie de l'éternité, le temps propre à l'enfance, sans montre. Cette attention passionnée et respectueuse envers chaque manifestation du vivant, je la décèle aussi chez Anne Perrier, la magni fique vieille dame née en Suisse romande. Elle écrit volontiers des poèmes courts, d'une langue très pure, débarrassée de tou te scorie qui ferait obstacle à la lumière :
\fnci* ma bU.ce Pom- l'éternité vne ckmue depadle bosse U silence et leté \Jn mur tfiAe le ciel a fendu Et" mnn âme <f*i s'kaUtue A dite tu. (Poème xxv) Sa poésie est habitée de voix antérieures, is sues notamment de la chanson populaire, de Tagore, Rilke, de la poésie mystique surtout. A dire à voix haute pour en laisser résonner la musique. Offrons-nous un instant d'éternité près d'elle sur la chaise de paille basse :
Asseyons-nous w- milita des airelles Simplement pow- turner lew dure Uw kau wan d'air (firii ruisselle etpmr sur les arbres alentour un reyard émerveillé : Uyer léyer fia/- le frmt de la mer Comme pw en clwsser 6 un- dtrtyt tendre les tides (U Tamaris) Tel w, iferyer dans U brume. Qt& compte et compte encore ses Mis Cammse <w- c&wr Sous sa cape étnite (U Cyprès) Jean Follain, Anne Perrier, poètes qui nous invitent à habiter le monde en reconnais sance. ■
(1) Religieuses protestantes Panorama Octobre 1999 23
Conversation
Bertrand Révillion a rencontré...
Guy Gilbert
« Le prêtre est
un passeur » 9m
Un look à faire peur et un vocabulaire de corps de garde ! Guy Gilbert cultive sa différence pour mieux tendre la main aux violents, aux drogués et aux paumés qu 'il rencontre dans les nuits de Paris. Mais, sous le blouson de cuir râpé, se cache un homme totalement habité par sa vocation de prêtre. Rencontre avec le plus atypique des missionnaires...
Bertrand Révillion : Depuis com bien d'années êtes-vous prêtre? Guy Gilbert : Trente-quatre ans.
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Après tant d'années, savez-vous un peu mieux ce que c'est que d'être prêtre?
Oui, je crois. De plus en plus, ce qui est central pour moi, c'est l'eucharistie. Le prêtre est l'homme de la messe, celui qui rassemble, non pas autour de lui, mais autour de la parole et des gestes mêmes du Christ. Je suis émerveillé chaque jour de voir combien Dieu aime ma misérable pauvreté pour accepter ainsi de se servir de mes mains pour nous partager son pain.
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Vous vous sentez pauvre ?
Oui, totalement démuni face à la souf france qui me balaye et me broie de plus en plus. Je suis un homme de la Passion et bien peu de la Résurrection... Une Passion tellement visible, présente, écla tante à travers tous ces jeunes délabrés, brisés, cassés qui viennent à moi. Regar dez, sur ce bureau, cette pile de cour rier et ce répondeur téléphonique : ils contiennent toute la misère du monde, des appels au secours terribles, peutêtre des suicides... Où que j'aille, dans les bistrots de Paris, la nuit, ou à la fin de mes conférences, les gens s'approchent et me vident leur sac. Le prêtre attire, d'une certaine façon, la souffrance. On le regarde comme un port dans la nuit. L'autre jour, c'était une femme, gran de bourgeoise, qui me disait sa honte d'aller voir son fils en prison, puis, un peu plus tard, un père incapable d'ad mettre que son fils se drogue ou est ^ p*
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24 Panorama Octobre 1999 PHOTOS : STEPHANE OUZOUNOFF POUR PANORAMA
Conversation
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avec Guy Gilbert
▶ ▶ homosexuel... La souffrance est par tout. C'est un terrible mystère. Nous al lons vers la Lumière mais nous ne pou vons pas ne pas passer par la souffrance. Nous devons, comme le dit si bien sain te Thérèse de Lisieux, « supporter, por ter et transfigurer la souffrance ».
profond sens de la messe qu'il disait mer veilleusement. C'est en les regardant, l'un et l'autre, célébrer l'eucharistie que j'ai eu la certitude que Dieu descendait au bout de nos doigts. Ces deux prêtres, l'un qu'on disait « progressiste », et l'autre « tradi », m'ont fait ce que je suis.
Comment vivre trente-quatre ans au cœur de l'enfer?
L'eucharistie est au centre de votre vocation?
Je me demande chaque jour comment Dieu s'y prend pour que je ne m'écrou le pas. Je ne sais pas. S'il n'y avait pas cette lumière fulgurante de la Résur rection que j'aperçois de temps en temps à travers le témoignage de jeu nes qui, malgré des parcours épouvan tables, finissent par sortir de la merde, je ne tiendrais pas. Je crois vraiment qu'il y a une grâce du sacerdoce dont je ne cesse de louer Dieu.
Oui. Célébrer la messe, c'est faire des cendre l'amour de Dieu dans mes mains nues. Le cœur de la vie du prêtre est là : il fait descendre l'amour de Dieu et le donne à celles et ceux qui l'entourent.
Comment est née votre vocation ?
C'est aussi un mystère ! Enfant, j'avais dit à mon père : «Je veux être prêtre. » Il ne m'avait pas répondu pensant que, sans doute, cette lubie aller me passer. A trei ze ans, trop turbulent, je me suis fait vi ré de mon école et aucun autre établis sement ne voulait plus de moi. Alors, un soir, sur un trottoir de Rochefort-surMer, mon père s'arrête de marcher, me regarde et me dit : « Je t'inscris au petit séminaire. » Voilà au moins une école qui ne me refuserait pas ! Nous sommes allés voir le curé de Rochefort, et ma vie, mon avenir se sont soudain décidés là. A treize ans!
J'ai su effectivement, à treize ans, d'une manière absolue, que je ne pouvais pas faire autrement que de devenir prêtre. Cinquante ans après, je sais que je ne me suis pas trompé! Enfant, j'étais tombé sur ces trois mots de saint Jean : « Dieu est amour », qui m'ont brûlé, transfiguré, totalement bouleversé. J'ai eu l'intuition, sans, bien sûr, pouvoir mettre des mots sur cela, qu'une existence humaine pou vait se jouer sur cette petite phrase. Dieu vous a fait signe...
J'ai compris bien plus tard que c'est au travers de l'amour de mes parents qu'il m'a appelé. J'ai été baigné, avec mes quatorze frères et sœurs, dans l'amour donné par un homme et une femme. Le signe de Dieu était là. 26 Panorama Octobre 1999
« ENFANT J'ÉTAIS TOMBÉ SUR CES TROIS MOTS DE SAINT JEAN :
« DIEU EST
AMOUR»
QUI M'ONT BRÛLÉ, TRANSFIGURÉ, BOULEVERSÉ » Quel image du prêtre aviez-vous alors?
Deux prêtres m'ont profondément mar qué. Jean était prêtre ouvrier, c'était un bon vivant, amateur de bonne bouteille. Longtemps avant tout le monde, il avait balancé la soutane aux orties. Il travaillait comme pompier volontaire, au grand scandale de toutes les bigotes du quar tier. Il célébrait l'eucharistie de façon ex traordinaire et passait son temps avec les pauvres. L'autre prêtre s'appelait Henri. C'était mon supérieur de séminaire. Il portait une soutane extrêmement stricte et incarnait la Tradition dans ce qu'elle a de plus rigoureux. Et lui aussi avait un
Aux jeunes qui vous demandent de leur définir votre « métier de curé », que dites-vous?
Je leur dis que le prêtre est un vivant parmi les vivants. C'est un mec, un pauvre mec, pas forcément meilleur qu'eux, mais qui est visible par l'amour qu'il donne, qui va toujours d'abord vers le plus pauvre, que celui-ci vive en ban lieue ou dans la paroisse la plus bour geoise. Car des pauvres, des gens bles sés, assoiffés d'amour, 0 y en a partout, dans tous les milieux, et le mec qui a du blé n'est pas forcément mieux loti que le gars qui n'a pas un rond. Le prêtre est un serviteur, il est celui qui se laisse hap per par la foule. C'est l'homme de la rencontre. Non pas forcément l'homme du discours sur l'amour car, nous autres prêtres, évêques, cardinaux, nous par lons trop de l'amour sans prendre le risque de le vivre vraiment. Ce sont les gestes du Christ qui me touchent : il ne dit pas grand-chose à l'aveugle Bartimée ou à la prostituée, il ne monte pas en chaire, il ne récite pas de catéchisme : il les guérit ! Croire en Jésus-Christ, c'est agir concrètement, et pas seulement ba ratiner! La « vieille taupe » qui, dans l'évangile, vient discrètement mettre ses derniers ronds dans le tronc du Temple, en fait plus que le riche qui se pavane comme un coq. Le prêtre doit d'abord être le signe de l'amour. C'est un homme de prière?
Impossible d'être prêtre sans prier. Je l'ai appris progressivement, parfois du rement. La prière est absolument, tota lement nécessaire, c'est l'oxygène du prêtre. Le matin, j'ouvre le bréviaire, je récite les psaumes (en faisant un peu le
tri, je l'avoue, car certains sont franche ment « craignos »!). Je sais qu'un peu partout dans le monde des milliers de croyants lisent les mêmes textes. Alors je me sens en communion avec eux, avec la bonne Sœur dans sa banlieue, avec le moine dans son cloître, avec le chrétien anonyme qui tente de prier dans son métro, avec le jeune qui, aux JMJ, a découvert combien la prière pou vait être source... La prière me relie à Dieu et aux hommes. Je note une peti te phrase de l'évangile que je rumine toute la journée, comme on mâche un chewing-gum. Et le soir, rebelote ! Je
dent de moto... Le vocabulaire n'est sans doute pas très pieux, mais je suis sûr que Dieu est là et qu'il les écoute... Comment prier?
Prier, c'est commencer par dire à Dieu qu'on l'aime et ne pas craindre de le ré péter. Il m'arrive de répéter pendant plu sieurs minutes : «Jésus, je t'aime », sim plement, pour m'aider à me mettre en Sa présence. Prier, c'est accepter de s'abandonner dans les bras du Père, c'est mettre en veilleuse son fichu ego et se faire écoute, attente, désir... Peu impor te qu'on ait ou non les mots qu'il faut.
je vais faire pour l'aider? » Ma prière res semble alors à certains psaumes où la colère de l'homme éclate contre Dieu. Mais je crois que le cri de l'homme vers Dieu reste une prière... La douleur, les drames que vous côtoyez ne vous font jamais dou ter de Dieu?
Bien sûr qu'il m'arrive de douter mais immédiatement je pense que Dieu luimême a accepté la souffrance. Jésus n'est pas mort dans son lit ! Il a souffert, la haine des hommes l'a broyé, mais II a finalement triomphé. Et II nous a laissé les Béatitudes. Et ce message incroyable mais vrai : l'amour triomphera. « L'amour, c'est comme un torrent, dit saint Paul. Et on n'arrête pas un torrent. » La joie des Béati tudes peut briser toutes les croix. Vous éprouvez régulière ment le besoin de vous retirer dans le silence d'un monastère...
Je pars deux jours tous les dix jours, quoi qu'il arrive. Ces deux jours de « désert » sont une nécessité absolue pour mon équilibre. Il faut savoir lâcher tout, vraiment tout, pour Dieu. Savoir se rendre disponible, goûter la solitu de, le silence... Une telle possibilité est un luxe aujourd'hui?
prends le temps de revisionner les vi sages de celles et ceux que j'ai rencon trés pour les offrir au Seigneur. A Faucon, dans cette ferme que j'ai res taurée dans le sud de la France et où j'accueille mes loubards, je dis la messe tous les jours. On sonne les sept cloches. Et j'invite qui veut, croyant ou non, à me rejoindre. J'explique que c'est le moment le plus important de la journée, qu'on va demander pardon à Dieu, Le remercier et Lui dire ce qu'on attend de Lui. Et vient le moment où on fait mémoire des morts. Je leur donne la parole : des prénoms sont murmu rés, morts par overdose ou assassinés, tués dans un braquage ou dans un acci-
L'essentiel, dans la prière, c'est notre soif de mettre nos vies dans les pas du Christ. Et si nous croyons ne pas savoir prier, laissons-Le faire le boulot à notre place car II est là, en nous, et II prie sans cesse son Père à travers nous... La prière doit, pour vous qui cô toyez tant de souffrance, souvent se faire révolte?
C'est vrai que, par moments, j'ai fran chement envie d'engueuler le bon Dieu : « Pourquoi m'as-tu confié cette impossible mission, pourquoi, nom de Dieu, me fiches-tu dans les pattes ce mec impossible, ce voleur, cet assassin dont je ne vois vraiment pas comment
Non, je crois que c'est une condition absolue pour ne pas perdre le fil, le contact avec Dieu. Nous vivons des vies de plus en plus dispersées, éclatées, et si nous ne prenons pas des temps gratuits de retraite pour nous rassembler, refaire l'unité en nousmêmes, nous nous usons, nous finis sons par ne plus savoir qui nous sommes et en qui nous croyons. Des prêtres à qui je raconte mes deux jours de désert systématique me considèrent comme un privilégié. « Tu as bien de la chance de pouvoir ainsi t'absenter. Nous, on ne peut pas. » Je crois sincè rement qu'ils se trompent et que, à ter me, ils vont le payer. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, au nom de ▶ ▶ Panorama Octobre 1999 27
Conversation
^3T avec Guy Gilbert
▶ ▶ notre mission de prêtre et de la char ge qui pèse de plus en plus sur nos épaules, handicaper notre vie spirituel le. C'est un très mauvais calcul. Ce n'est que dans la mesure où la vie intérieure du prêtre sera forte que son ministère portera du fruit. Les paroissiens doivent comprendre cela et lâcher un peu les baskets de leur curé afin qu'il parte ré gulièrement recharger ses batteries. Le prêtre doit rester branché sur le spiri tuel. Plus l'engagement est grand, plus l'intériorité doit l'être. Et l'expérience prouve que savoir s'arrêter pour se mettre en présence de Dieu permet de mieux vivre les tensions d'une vie quo tidienne « surbookée » et, donc, d'être plus efficace. Le prêtre doit-il être « efficace » ?
Pas au sens où notre société gavée du mythe de la réussite professionnelle l'en visage. La seule efficacité vers laquelle, en tant que prêtre, je dois tendre, c'est de laisser au mieux Dieu passer, agir, par ler à travers moi. Moi, je suis comme tout le monde, je traîne ma pauvre humanité, mes limites, mes défauts, mais en accep tant la grâce de l'ordination, j'ai accepté que Dieu se serve de moi pour annoncer une espérance aux hommes. Le prêtre est un passeur... Il laisse passer Dieu à travers lui pour aider celles et ceux qui l'entourent à passer du côté de la lumiè re, à aborder les rives de la foi. Diriez-vous que le prêtre est seul?
Le prêtre vit une contradiction : il est le plus souvent très entouré mais doit as sumer la solitude liée au célibat. C'est une difficulté?
Ne racontons pas d'histoires : le célibat est toujours très difficile à vivre. C'est une grâce qu'il faut demander de façon permanente. Mais je reconnais, après trente-quatre ans de célibat, combien cette solitude est bonne, combien elle peut être féconde. En restant célibatai re, j'ai accepté de vivre une sorte de ma riage d'amour avec un peuple immen se. J'ai soixante-trois ans, j'ai l'âge d'être grand-père ! Mais je sais que je ne pou vais pas rêver d'une famille plus belle que celle que je me suis construite avec celles et ceux que Dieu a mis sur ma route. Lorsqu'on parle de « paternité spirituelle », ce n'est pas un vain mot ! 28 Panorama Octobre 1999
Imaginez-vous ce que sera votre vie dans dix ou quinze ans?
Tout au long de ma vie, Dieu a su m'indiquer les chemins que je devais prendre. Je ne vais pas commencer aujourd'hui à m'inquiéter de mon avenir! C'est une grâce incroyable de pouvoir vivre sans faire de projet, en laissant la main du Seigneur nous guider. On verra bien. Pourriez-vous décider de vous re tirer, de vivre le restant de votre vie dans la prière et la contemplation?
Honnêtement, j'en rêve. Mais je ne suis pas sûr d'en avoir la grâce ! Après mes deux jours de silence dans un monastè re, je suis heureux de replonger dans la vie à cent à l'heure ! Si je devais rester toutes mes journées dans le silence d'un cloître, je ne suis pas certain qu'au bout de quelques semaines je ne me fe rais pas copieusement ch... ! J'aime la vie que je mène. Concrètement, comment se passe une journée de Guy Gilbert?
Je vis beaucoup la nuit, car c'est la nuit que je retrouve mes loubards, ceux que j'ai aidés et pour qui je suis devenu un confident, un pote sur qui ils savent pouvoir compter. Souvent, ils m'appel lent vers minuit. On va dîner dans un bistrot et on parle. Je ne rentre dormir chez moi que vers trois ou quatre heures de matin. Je réponds aussi à énormément de courrier et à des de.mandes de rencontre, de débat... L'écoute et la parole sont au centre de mon ministère. Et puis, une fois par mois, je pars quelques jours en Proven ce, dans cette ferme où nous ac cueillons des jeunes en grande difficul té qui, le plus souvent, ont eu maille à partir avec la justice. Il y a votre look, votre langage « fleu ri », et il y a votre ministère de prê tre. Est-ce facile de marier ces iden tités en apparence si différentes?
Je vis ma vie avec une plénitude totale et sans jamais avoir le sentiment qu'il y a, d'un côté, le prêtre, et, de l'autre, l'homme social ou le personnage mé diatique au look marginal. Je ne suis pas dupe de mon personnage qui est d'abord un moyen de rencontre. Si je voulais être à la mode, je troquerais mes santiags pour des baskets et mon blou
son pour une casquette. Et je serais to talement ridicule ! Ce qui pourrait sem bler contradictoire dans ma personne se ramasse et s'unifie dans l'amour du Christ, des pauvres et de l'Eglise. En aube, lorsque je célèbre la messe, ou en blouson de cuir, je suis le même : un prêtre, un pauvre prêtre totalement passionné par l'Evangile et persuadé que le Christ aime celles et ceux qui sont, en apparence, le plus loin de Lui. L'image, la célébrité, ce n'est pas un risque, surtout pour un prêtre?
Il faut se donner des garde-fous car l'image peut effectivement être un piè ge, un risque de s'enfermer dans un per sonnage qui finit par être très différent de ce qu'on est vraiment. Et le plus sûr est de se mettre aux pieds de Dieu. Lorsque, devant le Seigneur, je vois mon néant, ma pauvreté, mes faiblesses, mon image craque de toutes parts. Le meilleur antidote aux trompettes de la renommée, c'est une vie spirituelle to talement nourrie par la prière. Comment parier de Dieu dans ce monde si peu préoccupé de Lui ?
Ce monde où chacun pense d'abord à sa gueule et à son cul est un monde qui tue. Nous avons d'urgence besoin de bâtir cette « civilisation de l'amour » que prône avec tant de force Jean-Paul II, nous avons besoin de Quelqu'un qui nous insuffle sa force pour, sans cesse, faire d'un monde puant et moche un monde d'amour. On n'imagine pas la soif de nos contemporains en ce do maine. Il y a aujourd'hui une formidable recherche d'un plus grand que nous qui nous donnera la force d'assumer et d'ai mer ce monde. Et ce plus grand que nous s'appelle Jésus, il a vécu il y a deux mille ans et nous sommes plus d'un mil liard sur cette planète à croire qu'il est le Fils de Dieu. Ma vie de prêtre se ré sume à une chose : dire à qui veut bien m'écouter que ce « mec » est vraiment le Christ, « le chemin, la vérité et la vie ». Mais, avant tout, être un vivant. Rien ne peut résister au témoignage d'amour d'un être. Jean-Paul II l'a dit : « Si vous témoignez de l'Amour du Christ, vous êtes invincibles. » ■ Dernier ouvrage de Guy Gilbert : Cris de jeunes (Salvator).
FÊTE DE
François d'Assise
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en s'oubliant que l'on se trouve soi-même. » François d'Assise (1182-1226)
Le don du manteau, par glotto (basilique Saint-Francois, Assise).
PANORAMA
riër£3 Georgette Blaquière
Ex-membre de l'Instance de Communion du Renouveau charismatique et du Comité episcopal du Renouveau et des mouvements spirituels
Je croyais prier Dieu et c'est Lui qui me priait re est une grande aventure, la plus personnelle qui soit. Même s'ilun estgrand possible de marquer Comme amour, la priè quelques carrefours obligés où les iti néraires se croisent, les chemins restent propres à chacun. Bien plus, l'expé rience de la rencontre d'un être avec son Seigneur touche à ce point au plus profond de lui-même que l'essentiel en est sans doute incommunicable. Je me sens, pour en parler, aussi démunie que l'enfant qui essaie de retenir entre ses doigts l'eau de la mer... J'essaierai cependant de m'arrêter à un de ces carrefours où le chemin prend une autre direction, où un paysage inattendu se dévoile, où on se dit qu'on n'a rien compris, qu'on a tourné en rond, et qu'il faut à présent tout lâcher de ce que l'on croyait avoir appris, pour prendre un nouveau, un vrai départ.
Un voile se déchire... Je crois que c'est ce qui m'est arrivé le jour où j'ai « entendu » pour la premiè re fois un parole si rabâchée que je ne l'écoutais plus. Parole brève, si simple, timide et pudique comme une précieu se confidence, Parole qui m'a « trans percé le cœur » comme pour les pre miers auditeurs de Pierre, le matin de Pentecôte. La liturgie nous offrait une fois de plus la lecture de la parabole di te du Fils Prodigue. Je la connaissais par cœur, non sans doute par le cœur. J'en„ tendais le ronron de la lecture... Le fils d aîné sur le pas de la porte s'enfermait 30 Panorama Octobre 1999
une fois de plus dans sa jalousie et sa colère... Tout à coup une Parole a déchiré ma pieuse indifférence... « son Père sortit le prier ». Un voile se déchirait. Je saisissais d'un coup le douloureux malentendu entre Dieu et moi. Je croyais chercher Dieu et c'était lui qui avait pris la route pour me chercher, je croyais le prier, et c'est Lui qui me priait... Toute ma vie devant moi ! Tant de fois, mon Dieu, où je ne me suis pas laissée trouver, tant de fois, mon Dieu, où je me suis fait prier, tant de fois où je ne t'ai pas exaucé ! Les paroles de Dieu se bousculaient à ma mémoire, comme des confidences trop longtemps retenues. Et moi qui, pendant si longtemps, n'avais rien compris !.. Il disait : « Ecoute Israël... Ecoute ma fille. » Mais n'avais-je pas rempli ma prière de mes mots au lieu de me faire d'abord écoute du désir de mon Dieu? Il disait : « Et moi qui m'étais dit : com me je voudrais te mettre au rang de fils, te donner un héritage qui soit la perle des nations... » (Jr 3,19). Et il di sait encore : « Toi mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi » (Le 15,31). Voilà quelle était la prière fondamentale de Dieu, celle qui l'avait fait pour toujours sortir de sa maison, voilà le cœur de sa souffrance. Oh! je sais bien, on va me dire que Dieu ne peut pas souffrir, il ne lui manque rien. Mais Dieu ne souffre pas d'un manque mais d'un trop. Il a tant à me donner et moi tant
de peine à accepter de recevoir ! Sans cesse il me prie de me laisser aimer, de me laisser combler, d'être chez moi en sa maison, en liberté comme un
enfant sûr d'être aimé, non comme un invité ou même comme une servante, fût-elle fidèle.
Ma prière est autre J'ai saisi alors que c'est pour nous révé ler cela que Jésus était « sorti de Dieu » (Jn 16,28). Il est venu tel le Bien-aimé, frapper à ma fenêtre : « Ouvre-moi, ma sœur, mon amie » (Ct 5,2). Mais mon cœur était-il éveillé ? Il a parlé les pa roles du Père, le cœur du Père. Il a dit : « Venez à moi... car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos pour vos âmes. » (Mt 11,29). Mais n'ai-je pas eu peur de m'approcher ? Il a dit : «Je suis venu jeter un feu sur la
Jésus est venu, tel le Bien-aimé, frapper à ma fenêtre : « Ouvre-moi, ma sœur, mon amie ».
terre et quel n'est pas mon désir qu'il fût déjà allumé! » (Le 12,49). Mais n'ai-je pas laissé ce feu s'étioler ? Il a dit : « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Le 19,10). Mais ai-je osé une prière impossible ? Il a dit : «Jérusalem, que de fois j'ai vou lu... et tu n'as pas voulu » (Le 13,34). Et il en a pleuré. Mais ai-je pris le temps d'écouter son désir ? Il a dit : « Les pauvres, vous les aurez toujours, moi, vous ne m'aurez pas toujours » (Jn 12,8)... Mais n'ai-je pas échappé à sa présence en me réfugiant dans le service ? Au temps de l'épreuve, quand son âme était « triste à en mourir » (Me 14,34), il a prié ses disciples de veiller avec Lui, et il n'en a pas été exaucé. Mais ai-je su demeurer avec lui dans l'épaisseur de la nuit ? Je pourrais continuer longtemps la lita nie des tendres reproches d'un Dieu au cœur transpercé, d'un Père méconnu, d'un Dieu douloureusement étonné d'être si peu aimé, ces paroles qui ont pris chair en moi et que l'Esprit m'a murmurées au cœur. « Que pouvais-je faire pour ma vigne que je n'ai pas fait ?» (Is 5,4). Depuis ce temps, tout est changé du dedans. Ma prière n'est pas plus facile, elle est autre. J'ai saisi que je me servais de la prière pour me construire, pour me consoler, pour me reposer, au gré de mes états d'âme. J'ai saisi que Dieu existait et qu'il était vivant, que ma priè re était pour Lui avant d'être pour moi. Oserai-je dire que j'ai appris à avoir compassion de Dieu ? « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3,20). A présent que le soir tombe, puisse ma porte s'ouvrir toute grande pour qu'il puisse entrer et rester avec moi. Puisse ma prière devenir ainsi le lieu du pain partagé, le lieu de son repos, le lieu de sa joie ! ■ Panorama Octobre 1999 31
L'aveate4gerieure ^*«*
Les murailes
Chaque mois, un grand récit biblique à travailler, seul ou en groupe. Philippe Gruson
Jéricho
Prêtre et bibliste
D'où vient ce texte? A la fin de l'Exode, avant d'entrer dans la Terre promise, Moïse est mort. C'est son serviteur, Josué, qui le remplace il fait passer le Jourdain aux tribus d'Israël, vers 1200 avant notre ère. Tout le livre de Josué, écrit environ six siècles plus tard, insiste sur le fait que c'est le Seigneur qui livre à Israël le pays de Canaan qu'il avait promis. C'est lui aussi qui dirige et fait réussir les opérations militaires contre les Cananéens; mais quels combats étranges! Conquête militaire? Epuration ethnique? La réalité historique est peutêtre bien différente.
Un mot de la Bible La corne de bélier Les fameuses « trompettes de Jéricho » étaient en fait des cornes - ou des cors de bélier. En hébreu, le mot yobel signifie d'abord le bélier, puis la corne dans laquelle on souffle, notamment lors de certaines fêtes religieuses. C'est de là que vient le mot « jubilé », car l'année jubilaire (la cinquantième) était ouverte par des sonneries de cette corne. Dans les synagogues, on sonne toujours de la corne de bélier (appelée désormais shofar) aux fêtes du Nouvel An (Rosh hashana) et du Grand Pardon (Kippour).
I
1 Jéricho était fermée et enfermée à cause des fils d'Israël : nul ne sortait et nul n'entrait. 2 Le Seigneur dit à josué : « Vois, je t'ai livré Jéricho et son roi, ses vaillants guerriers. 3 Et vous, tous les hommes de guerre, vous tournerez autour de la ville une fois; ainsi feras-tu six jours durant. 4 Sept prêtres Josué 6 (extraits) porteront les sept cors de bélier devant l'arche. Le septième jour, vous tournerez autour de la vu rseptfçns et les prêtres sonneront du cor 5 Quand retentira E35H3E3EEZS3 quand cous entendrez le son du cor -, tout le peuple poussera une grande clameur; le rempart de la ville tombera surplace et le peuple montera, chacun droit devant soi. » 8 Tout se passa comme Josué l'avait dit au peuple : les sept prêtres qui portaient les sept cors de bélier devant le Seigneur passèrent et sonnèrent du cor. fBLWSBSMBBM du Seigneur les suivait. 9 L'avant-garde marchaitXàevant les prêtres qui sonnaient du cor et l'arripégarde suivait l'arche; on marchait et on sonnait/ ^^ d u c o r. 11 L ' a r c h e d u . / ^ i t , . , * Seigneur tourna autour de la '
L'arche de J'AHiance -'* C'était un coffre en bois précieux qui contenait les objets de culte dans l'Israël ancien, en particulier les tables de la Loi : le décalogue. Pendant la marche au désert, les prêtres portaient l'arche au moyen de barres passées dans ses anneaux. Elle était comme le signe visible de la présence de Dieu en tête de son peuple. C'est pour la vénérer que Salomon construisit le temple de Jérusalem : elle reposait dans le Saint des saints, la partie la plus sacrée du sanctuaire. Elle a disparu lors de la destruction du Temple par les Babyloniens en 587.
Questions pour travailler 1. Quelle fut la stratégie des Israélites pour prendre la ville fortifiée de Jéricho? Cela ne ressemble-t-il pas à la traversée de la mer Rouge (Exode 14, 14)? 2. Comment compre nez-vous cet écroule
ment des murailles sans raison apparente? Arrive-t-il qu'un plus fort soit vaincu par un plus faible? 3. Quel sens religieux peut avoir l'interdit, le sacrifice à Dieu de tout le butin?
pour en faire le tour une fois, puis ils rentrèrent au camp et y passèrent la nuit. 14 Ils tournèrent une fois autour de la ville le second jour, puis ils revinrent au camp. Ainsi firent-ils pendant six jours. 15 Or, le septième jour, ils se levèrent lorsque apparut l'aurore et ils tournèrent sept fois autour de la ville selon ce même rite. 16 La septième fois, les prêtres sonnèrent du cor et Josué dit au peuple : « Poussez la clameur, car le Seigneur vous a livré la ville. 17 la ville sera vouée à lilftiJIlfflHl pour le Seigneur. elle et tout ce qui s'y trouve. Seule Rahab, la prostituée, vivra, elle et tous ceux qui seront avec elle Mans la maison, car elle a caché les messagers que nous avions envoyés. 18 Quant à vous, prenez bien garde à l'interdit de peur que vous ne convoitiez et ne preniez de ce qui est interdit, que vous ne rendiez interdit le camp d'Israël et que vous ne lui portiez malheur. 19 Tout l'argent, l'or et les objets de bronze et defer, tout cela sera consacré au Seigneur et entrera dans le trésor du Seigneur. » 20 Lorsque le peuple entendit le son du cor, il poussa une grande clameur et le rempart s'écroula surplace; le peuple monta vers la ville, chacun droit devant soi, et ils s'emparèrent de la ville, pi Ils vouè rent à l'interdit tout ce qui se trouvait dans la ville, aussi bien l'homme que lia femme, le jeune homme que le vieillard, i le taureau, le mouton et l'âne, les passant tous au tranchant de l'épée. ©arf paris
H% Pistes pour réfléchir 3 Jéricho
(du Temple), Dieu agit et fait ce qu'il a promis. Cela reste toujours vrai des sacrements chrétiens.
La ville de Jéricho avait déjà un rempart et une tour - encore visibles - vers 8000 avant notre ère. Vers 1200, date probable de Josué, la ville est en ruine depuis au moins deux siècles. Notre récit n'est donc pas le souvenir d'une bataille réelle, mais l'explication des Israélites, des siècles plus tard, devant les vieilles ruines : « Ce sont nos ancêtres qui ont pris cette ville, grâce à la force du Seigneur! » A l'époque, les Israélites sont dominés par les Perses et n'ont plus aucune armée! Alors ils rêvent aux grandeurs passées. Au ier siècle, la ville de Jéricho a vu passer Jésus, qui s'y invite chez Zachée le publicain : l'exclu est choisi. Jésus ne condamne personne mais vient sauver tous les fils d'Abraham (Le 19).
L'interdit, le sacrifice du butin, nous paraît barbare. Il exprime d'abord le fait qu'Israël ne doit pas s'enrichir en pillant la ville ennemie, et Josué met en garde contre toute convoitise (v. 18); seuls les métaux précieux seront affectés au sanctuaire (v. 19). De plus quand, des siècles plus tard, on constate que les sanctuaires israélites sont paganisés à cause de l'idolâtrie des Cananéens, on imagine ce qu'il aurait fallu faire pour éviter cette contamination : ne laisser vivant aucun païen dans le pays, pour empêcher toute tentation d'idolâtrie. On imagine... mais cela ne s'est jamais passé ainsi.
El La guerre sacrale
El Rahab la prostituée
D'après la Bible, Israël a attribué ses victoires sur les Cananéens à son Dieu. Presque tous les récits de guerre soulignent, comme ici, que les guerriers d'Israël n'ont même pas eu à combattre. En effet, la prise de Jéricho a été obtenue par... une procession solennelle! Et les seules armes dont on parle sont des trompes, des cornes de bélier! Cette grande liturgie d'une semaine autour de la ville ennemie témoigne de l'action miraculeuse de Dieu : quand les hommes accomplissent fidèlement les rites prescrits par la liturgie
Cette femme de Jéricho avait accueilli et caché des Israélites envoyés par Josué pour espion ner la ville. En récompense, sa maison et toute sa famille ont été épargnées lors de la prise de Jéricho. Le livre raconte qu'elle reconnaît le Dieu qui a donné la victoire à Israël et qu'elle se convertit. C'est la première « prosélyte >> : une païenne qui entre dans le peuple d'Israël. D'autres suivront son exemple. Rahab fait partie des ancêtres de Jésus : d'après Mt 1, 5, elle était la belle-mère de Ruth.
El L'interdit, l'anathème
Entrons dans la prière .i mot
de la Bibl L'interdit En Israël, comme chez d'autres peuples anciens, les règles religieuses qui entouraient la guerre attribuaient le butin à Dieu qui avait donné la victoire. Les biens divers, le bétail et même les humains étaient voués à « l'interdit » : tout devait être offert
à Dieu en sacrifice (en grec : anathème). La plupart du temps, heureusement, ces règles n'étaient appliquées que de manière symbolique. Le mot « anathème » signifie aujourd'hui : malédiction, condamnation, exclusion.
e récit de massacre de presque tout Jéricho ressemble trop, hélas, à d'autres massacres bien réels d'aujourd'hui! Faisons l'effort de voir ce qui est en jeu pour les auteurs de ce texte. Voici deux pistes. Avec l'interdit, on est dans la logique de 'Alliance, qui appelle à des choix difficiles, des ruptures, des enoncements. On pourrait prier le Psaume 101 comme la prière de Jésus, en se souvenant de son conseil : « Si ton œil ou ta main droite t'entraîne au péché... » (Mt 5, 29-30). Ce ne sont pas les personnes qu'il faut supprimer, mais les habitudes et les mentalités qui entraînent au péché. La meilleure preuve : e comportement de Jésus à Jéricho : il s'invite chez le publi;ain Zachée (Luc 19,1-10). Récit bien connu mais si proche Je situations fréquentes! Quels sont mes « publicains », " lue j'évite de fréquenter? Est-ce que je reste dehors irmurer », à critiquer Jésus, ou est-ce que j'entre dans pour partager la joie de Zachée?
Le mois proch. Josué fait a
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ÂŤ HEUREUX les hommes dont tu es la force : des chemins s'ouvrent dans leur coeur ! Âť Psaume 83
34 Panorama Octobre 1999
D o m H e l d e r C a m a r a , a n c i e n a r c h e v ê q u e d e R e c i f e , a u B r é s i l , e s t d é c é d é l e 2 8 a o û t d e r n i e r. D f V | V | r ^ O A | \ / | A
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«Bateaux dans Ce port De%>LLiouRE » de André Derain (1.905). Ce tableau sera présent à l'exposition .. Le Fauvisme ou « L'épreuve du feu » au musée d'Art moderne de Paris, du 28 octobre au 27 février 2000.
PANORAMA.
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« Ah ï TU Voudrais^assant, quand d'aventure \ TU te plonges en Dîeu,.rç'en ayorr qu!à mï-corps ! J'en conviens; cette merest profonde et sans bord?, Et c'est un roulis sombre, et c'est un dur tangage VQuand, avec Son savoir, son orgueil, son bagage, i OnYembarque et l'on va se risquer au milieu Du mystère et du gouffre et de l'Etre et de Dieu ! Victor Hugq4(i802-1885) "V
PANORAMA
aventure « Décider soi-même de son bonheur tue tout amour, il n'en reste plus que des simulacres parce que la source est tarie. [...] " Ne te mêle pas de mon bonheur, Seigneur, c'est moi qui en décide " : c'est un bonheur sans Créateur. Si nous ne comprenons pas cela, c'est précisément que la vie nous distrait, au sens étymologique du mot, qu'elle nous arrache à nous-mêmes [...]. Seulement, c'est bien dans cette vie que nous décidons radicalement de notre bonheur, c'est maintenant que nous décidons de notre bonheur, parce que la vie éternelle, c'est maintenant et non pas dans l'avenir. » Pierre Ganne, jésuite
Extrait de « L'Evangile et le Mal » (Editions Anne Sigier)
Panorama Octobre 1999 39
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2yi?wyW wcM& n ^ u re Pascal Sevez, jésuite
Foi de... distrait! A peine sommes-nous entrés dans le silence de la prière que déjà les soucis reviennent en tête ! Puisque les « distractions » s'accordent d'ellesmêmes beaucoup de place dans nos méditations, à nous de leur attribuer leur juste place. la prière reflète le plus souvent la difficulté que nous avons à La présence nous laisser de immerger distractions dansdans le si lence, à nous y tenir réellement offerts et disponibles aux mouvements inté rieurs qu'y dessine la Parole de Dieu. A peine posés, nous sommes déjà ailleurs. Toutes ces pensées qui nous traversent la tête, nous racontent à leur manière un bref dialogue écrit par Willi Hoffsùmmer. On y demande à un homme qui médite régulièrement comment il peut être recueilli malgré ses nom breuses occupations. Celui-ci répond : « Quand je suis debout, je suis debout. Quand je marche, je marche. Quand je suis assis, je suis assis. Quand je man ge, je mange. Quand je parle, je parle. » Ses interlocuteurs lui coupent la parole et lui disent : « C'est ce que nous fai sons, nous aussi. Que fais-tu donc de plus? » Il leur dit : « Non, quand vous priez, vous êtes déjà à vos affaires. Quand vous êtes assis, vous êtes déjà debout. Quand vous êtes debout, vous courez déjà. Quand vous courez vous êtes déjà au but... »
Bien entrer dans la prière L'existence de trop nombreuses dis tractions constitue en cela un excellent indicateur sur nos façons de commen 40 Panorama Octobre 1999
cer notre temps de méditation. Leur ballet incessant nous invite à reconsi dérer les moyens concrets mis en œuvre afin d'entrer dans la prière et de nous y tenir. Comme pour toute activi té, la transition à opérer est importan te : un changement de lieu, l'instaura tion d'un climat par une musique ou une chanson, un éclairage, la disposi tion du corps créent une atmosphère nécessaire au recueillement et permet tent de se poser progressivement dans la prière. Par la suite, une image, une icône, un paysage accordent leur aide tout au long du temps d'oraison. Le re-
gard peut s'y fixer et soutenir notre disponibilité en recentrant notre attention. Et, contraire ment à l'opinion généralement admise, notre imagination doit, dans ce moment de commence ment, devenir une complice sû re et fidèle. Plutôt que de vou loir la bâillonner ou la chasser, la convoquer pour la mettre en œuvre nous aide à mobiliser notre esprit et favorise notre ac cès à la scène biblique contem plée. Composer avec elle le pay sage et la situation qui s'offrent à nos yeux, pénétrer ainsi dans le poids des mots et des gestes qui s'y échangent, nous placent d'emblée d'une façon moins ex térieure, plus concrète, dans le texte choisi pour l'oraison. Nos pensées se feront ainsi moins va gabondes et les images qui sur giront pourront être mieux en accord avec le récit médité.
Pas de prière sans distractions... QUESTIONS POUR DISCERNER ET « RELIRE » SA VIE -» Quelles ont été les pensées qui sont venues durant ma prière? Quelle place y ont-elles occupé? Comment s'y sont-elles intégrées? -* Le contenu de ces distractions, les sentiments qu'elles ont éveillés sont-ils en accord avec le climat du texte médité? Ont-ils, au contraire, dévié l'attention vers une autre préoccupation? Laquelle? Etait-ce un approfondissement ou une fuite? ■4 En Marc 9, 30-37, quel décalage y a-t-il entre les préoccupations des disciples et l'annonce de Jésus? En quoi ce texte peut-il nous aider à relire notre prière?
Mais chassons de nos représentations le rêve d'une prière aseptisée, d'une oraison vide de toute réflexion. Les pensées vont et viennent. Il est tout à fait naturel que des jeux d'associations, des évocations ou des réminiscences apparaissent au cours de ce temps d'in tériorité. Ainsi en est-il de l'ivraie et du bon grain ! U ne nous appartient pas d'en faire le tri, en éradiquant les pensées qui sont néfastes pour préserver les plus in téressantes. Notre ardeur à bien faire doit plutôt se transformer en une vigi lance rigoureuse sur le temps que nous leur octroyons, sur l'attention que nous leur avons complaisamment accordée
durant la prière. Une pensée peut pas ser, il n'y a là rien d'anormal. Elle peut en revanche occuper toute la place par ce que nous nous en sommes préoccu pés. Bonne ou mauvaise, une distrac tion peut alors furtivement prendre la place du silence ou de l'écoute rumi nante de la parole de Dieu. Voilà avant tout ce dont nous devons nous garder.
Des pierres sur le chemin L'important est de savoir si ces distrac tions ont gêné la prière, si elles l'ont progressivement parasitée. Les consi dérations qui viennent à l'esprit peu vent n'être qu'un flot discontinu qui n'interfère en rien avec l'oraison. Tel un
enfant qui joue ou lit dans une pièce alors qu'une conversation se déroule à côté de lui, tel un chauffeur qui conduit machinalement sa voiture, suivant une route familière alors que ses pensées s'éveillent aux projets à venir ou relit les événements de la journée. En revanche, si les distractions en viennent à troubler l'écoute du texte, à en détourner le sens, la prière gagnera à en faire la ma tière de la prochaine oraison. Ces dis tractions nous signalent une préoccu pation envahissante, obnubilante. C'est comme telle qu'il nous faut alors les présenter à Dieu afin qu'il les éclaire. Les distractions dans la prière sont com me les pierres du chemin. Elles font
partie de la route. Nombre d'entre elles passent inaperçues et soutiennent de leur présence notre périple. Certaines, plus grosses ou mal placées, nous font trébucher et nous obligent à reprendre notre marche avec plus d'attention. Plus rarement, quelques-unes s'intro duisent dans notre soulier, handicapant ainsi chacun de nos pas en nous bles sant. Elles sont alors ces petits cailloux que le latin appelait scrupulum, ces scrupules qui nous demandent d'arrê ter un temps notre avancée et de nous poser afin d'ajuster chaussure à notre pied. Alors, et alors seulement, la balla de pourra reprendre et les pierres du sentier se remettre à défiler. Panorama Octobre 1999 41
istoire des chrétiens
atmee La découverte de l'Amérique, en 1492, modifie la vision du monde et de l'homme d'alors. Il faut étendre le règne du Christ : une bulle du pape partage le « Nouveau Monde » entre l'Espagne et le Portugal. Mais la conquête, malgré les dénonciations de religieux, s'accompagne de l'exploitation des indiens...
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-m^Ê e plus grand événement m depuis la création du mon—W de, hormis l'incarnation et la M. mort de Celui qui l'a créé, -mtm\\mw' est la découverte des Indes; et c'est pourquoi on les appelle Nouveau Monde. » Allons-nous souscri re à la grandiloquence de Francisco Lo pez de Gomara, en 1552 ? En tout état de cause, ce que l'on a appelé « la dé couverte de l'Amérique », continent au nom emprunté au navigateur florentin Amerigo Vespucci, a modifié la vision du monde et de l'histoire et a obligé l'Eglise à se poser des questions inédites sur l'humanité de l'autre hom me. La chrétienté a basculé dans les temps modernes.
Si l'on parle de découverte, c'est que l'univers a pris tout à coup de nouvelles dimensions. Grâce, évidemment, au pro grès de la circulation maritime avec ces navires rapides et maniables que sont les caravelles. Grâce à l'essor économique et à l'ambition politique qui suscitent de nouveaux besoins. Ce capitalisme nais sant a soif d'or, d'épices (pour la consommation de la viande) et de main d'œuvre. On va donc se mobiliser pour aller les chercher au-delà de l'espace connu, du côté de ces pays mythiques que sont alors la Chine ou le royaume du prêtre Jean (Ethiopie). Devant la dif ficulté à trouver l'or en quan tité, on se rabattra sur le com merce des esclaves, or noir
CktCfUrti <t4gU portugaises par le traité l^$l > Naissance de Christophe Colomb. 14$3 > Prise de Cons tantinople par les Turcs. 1^87 > Le navigateur portugais Bartolomé Diaz parvient au Cap de Bonne Espérance. 1492 > Christophe Colomb touche terre sur une des îles des Bahamas, le 12 octobre. 1493 > Bulle Inter Cetera qui partage le Nouveau Monde entre l'Espagne et le Portugal. 1494 > Nouvelle délimitation des terres espagnoles et
de Tordesillas, le 7 juin. l$oo > Découverte du Brésil par les Portugais. "Les Rois catholiques autorisent l'emploi d'esclaves noirs sur l'île Hispaniola (Saint-Domingue). l$Ol > Des mar chands portugais atteignent la Chine. 1$19 > Charles Quint devient empereur. Hernan Cortès débarque au Mexique. 1ÇZO > Mort du dernier empereur aztèque, Moctezuma II.
l$Zl> Cortès s'empare de Mexico. Mort de Pierre de Cordoba, dominicain. Luther est condamné pour hérésie à la Diète de Worms. 1^-51. > Apparition de la Vierge à l'Indien Juan Diego, à Tepeyac, prés de Mexico : NotreDame de Guadalupe entre dans l'histoire. 1$34 > Premier voyage de Jacques Cartier au Canada. 1^49 > Les premiers jésuites arrivent en Amérique du Sud.
inépuisable. Au fond, il y a de la croisade dans l'air. En 1453, les Turcs ont pris Constantinople et, depuis, progressent dans les Balkans. En 1459, ils sont déjà en Serbie et en Grèce. L'islam est aussi présent au sud de l'Espagne et au nord de l'Afrique. Affairisme et messianisme se donnent la main
Pourquoi ne pas prendre la religion de Muhammad de revers, en s'alliant par exemple à un peuple d'Afrique ou d'Asie? Il faut étendre le du
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Christ, au besoin par la force, et faire connaître le Sauveur à tous ceux qui l'ignorent. Affairisme et messianisme se donnent la main pour inventer le colo nialisme. Deux pays sont à la pointe de cette opé ration exploratrice, commerciale et mystique : les deux royaumes de la pé ninsule ibérique, le Portugal de Jean II et la Castille d'Isabelle, associée à l'Aragon de Ferdinand. Espagne et Portugal sont en pleine expansion grâce à leurs villes commerçantes (Valence, Burgos, Bilbao, Seville et Lisbonne) qui vont se
situer au point de passage de l'Ancien Monde vers le Nouveau Monde. Certes ces pays sont moins peuplés que la France. Mais ils sont prêts pour l'aven ture de l'outre-mer. Au milieu du xv*-' siècle, les esclaves noirs affluent déjà à Lisbonne et à Madère. Mais, en cet univers de chrétienté, où les princes sont en quelque sorte les in tendants du pouvoir spirituel, il faut l'autorisation de la papauté. Celle-ci ne se fait pas prier et accorde généreuse ment sa bénédiction aux entreprises ibériques, à condition que la visée soit
toujours le baptême des infi dèles. Le seul problème sera de délimiter le champ d'action de l'Espagne et du Portugal. Une ligne de démarcation est fixée par la bulle Inter Cetera, du 4 mai 1493 : à l'ouest d'une ligne tracée à cent lieues des Açores et des îles du Cap Vert, les terres découvertes appartien nent à l'Espagne. Cette ligne se ra déplacée davantage à l'ouest, un an plus tard, à Tordesillas. Mais, par de nouveaux textes, le pape accorde aux deux rois l'or ganisation de l'Eglise dans les territoires conquis, ce qu'on ap pelle le patronat. Mais avant de parler de la « dé couverte », il faut encore men tionner deux faits importants, en cette fameuse année 1492. Le 2 janvier, les Rois catholiques font leur entrée dans Grenade, der nier bastion musulman d'Es pagne. C'est la fin de la Recon quête. L'Espagne va pouvoir s'investir dans de nouveaux com bats. Le 31 mars, les mêmes rois décrètent l'expulsion des juifs des couronnes de Castille et d'Aragon. D'ici le 31 juillet, ils de vront partir ou se convertir. Beau coup choisissent l'installation ailleurs. De semblables mesures sont prises par le Portugal en 1497 et par la Navarre en 1498.
L'épopée de Christophe Colomb C'est grâce au « règlement » des pro blèmes musulman et juif que Chris tophe Colomb, génois de quarante ans, obtient le financement de son expédi tion vers les Indes. Qui est ce capitaine au long cours? Un homme controversé, à coup sûr, mêlant les préoccupations lucratives (de l'or, toujours plus d'or) à des mobiles religieux (la délivrance des Lieux saints à Jérusalem). Mais un hom me qui a pris le temps de se former ▶ ▶ Panorama Octobre 1999 43
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▶ ▶ sérieusement, de se persua « Je suis la voix du Christ qui crie dans der de sa mission divine, avant le désert de cette île [...] Cette voix dit de quémander l'argent néces que vous êtes tous en état de péché mortel saire à son aventure au Portu à cause de la cruauté et de la tyrannie dont gal et en Espagne. Le 17 avril vous usez à l'égard de ce peuple innocent. 1492, il obtient d'Isabelle et de Dites-moi, en vertu de quel droit et de quelle Ferdinand les privilèges qu'il justice maintenez-vous ces Indiens dans demande : les titres d'Amiral une servitude si cruelle et si horrible? de la mer Océane, de vice-roi Qui vous a autorisé à faire des guerres et de gouverneur, le dixième aussi détestables à ces peuples des revenus des terres décou qui vivaient paisiblement dans leurs pays, vertes, plus le huitième des où ils ont péri en quantités infinies? [...] profits réalisés par ses expédi Pourquoi les maintenez-vous dans un tel tions maritimes. état d'oppression et d'épuisement, sans Forte de trois navires usagés, la leur donner à manger ni les soigner dans flotille de Colomb lève l'ancre les maladies dont ils souffrent et meurent le 3 août, et c'est dans la nuit à cause du travail excessif que vous du 11 au 12 octobre qu'un banc de sable se dessine sous le clair exigez d'eux, en les tuant tout bonnement de lune. Le 12 octobre au ma pour extraire de l'or jour après jour? Vous préoccupez-vous de ce qu'un prêtre tin, le découvreur débarque sur les instruise, qu'ils connaissent leur Dieu et une île des Bahamas qu'il croit être le Japon. Les Amériques créateur, qu'ils soient baptisés, entendent la sont d'abord les Indes, et leurs messe, gardent les fêtes et les dimanches? Ces Indiens ne sont-ils pas des hommes? habitants, des Indiens. Mais Co lomb se réjouit de l'accueil qui N'ont-ils point une raison et une âme? lui est fait. « En tout endroit où N'êtes-vous pas tenus de les aimer comme j'accoste, ils me reçoivent avec vous-mêmes? [...] Pourquoi êtes-vous le respect dû à un être divin, plongés dans un sommeil léthargique aussi dès que la crainte les a quittés. » profond? Tenez pour certain que, dans l'état Dès le deuxième voyage du où vous vous trouvez, vous ne pourrez pas Génois, le prêtre accompagne plus vous sauver que les Maures et le soldat et le notaire. Car les Turcs qui refusent la foi en Jésus-Christ. » l'évangélisation est une di- Antonio de Montesinos (décembre 1511). mension de la conquête et il faut commencer par christianiser les le texte ci-dessus). Cette prédication vi rulente est à l'origine de la vocation de colons, ce qui n'est pas le plus facile! La mission sera surtout portée par les Bartolomé de Las Casas, qui est arrivé ordres mendiants : les Dominicains et sur place en 1502 et qui s'est fait or les Franciscains. donner prêtre tout en exploitant des In diens. En 1514, il se convertit vraiment Les défenseurs et découvre dans l'Indien « le Christ ou des Indiens tragé, flagellé, accablé, crucifié, et cela A Saint-Domingue, la première com non pas une, mais des millions de fois ». munauté dominicaine autour de Pierre En 1520, il entre dans l'Ordre des Do de Cordoba (1482-1521) mérite une minicains et travaille à l'abolition de mention spéciale car elle se prononça l'exploitation des Indiens. « Le cri du très tôt pour la défense de l'Indien op sang versé monte maintenant jusqu'au ciel. » Il obtient du pouvoir espagnol la primé, en dénonçant les abus et les in justices des conquérants. publication de Lois Nouvelles (1542). Il Le quatrième dimanche de l'Avent 1511, participe un peu plus tard à la contro Antonio de Montesinos, s'exprimant au verse de Valladolid où la grande ques nom de la communauté, fustige la ma tion n'est pas de savoir si l'Indien a une nière dont sont traités les Indiens (voir âme, ce qui a été tranché par le Pape 44 Panorama Octobre 1999
Paul III dans sa bulle Sublimis Deus (1537), mais s'il est légitime de faire la guerre à des peuples qui n'ont fait au cun mal et de les réduire en esclavage pour les convertir. Las Casas soutient l'égalité de tous les hommes et même la proximité de l'Indien avec l'idéal évangélique. La seule chose que le domini cain se reprochera toute sa vie est d'avoir encouragé la venue des Noirs dans le Nouveau Monde pour libérer les Indiens, en ignorant les conditions concrètes de cette venue. La christianisation du Mexique, tombé entre les mains du conquistador Cortès en 1521, sera l'œuvre des Franciscains. Arrivent en 1523 trois Franciscains fla mands, suivis l'année suivante d'un groupe de douze (chiffre symbolique des origines chrétiennes mais aussi fran ciscaines), venant d'Estramadure. Pen sant la fin du monde proche, ils essaient de ressusciter l'Eglise primitive dans son ardeur missionnaire. Ardeur pour connaître les nouveaux peuples rencon trés, en adoptant leur mode de vie et en étudiant leurs langues et leurs cou tumes. Ardeur pour démolir les temples et détruire toute expression d'idolâtrie puisque leurs dieux n'ont pas protégé les Indiens. Les Franciscains donnent la priorité à l'éducation des enfants. Les résultats publiés sont inespérés. Dans une lettre de 1531, l'évêque de Mexico déclare : « Plus d'un million de personnes ont été baptisées, cinq cents temples des idoles ont été jetés à terre et plus de vingt mille figures de démons qu'ils adoraient ont été réduites en morceaux et brûlées. » Est-ce que les anciennes croyances étaient vraiment abandonnées? On peut se poser la question. Et on n'oubliera pas que le « choc microbien » a réduit en un siècle à un million une population du plateau mexicain de l'ordre de 25 millions. A Hispaniola, la première colonie, les indigènes passèrent de un million en 1492 à cinq mille en 1519. C'était bien la fin du monde, la fin du monde indien. ■ Prochain épisode :
14. La Réforme protestante
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I JR\/pi p monde .m lUUl U Trésor des religions et sagi se du
donné dans le MahâCelui padesa-sutta qui suit le conseil décou vrira très vite la richesse du canon des écritures boud dhiques (ensemble des livres reconnus et faisant autorité). Il sera certainement impres sionné par les talents péda gogiques du Bouddha car le Maître a su offrir un ensei gnement adapté à chacune des multiples dispositions des êtres qui cherchaient la vérité libératrice auprès de lui. Quand les bouddhistes parlent des 84 000 enseigne ments du Bouddha, c'est donc un moyen de souligner ce talent pédagogique exceptionnel. Il existe plusieurs canons (pâli, sino-japonais, tibétain...) qui contiennent les sermons du Bouddha (suttas ou sutras), les textes disciplinaires (vinaya) et les commentaires et grandes synthèses de la doctrine
(abhidharma). La longueur de ces canons pourrait donner l'impression que l'expression « 84 000 ensei gnements du Bouddha » est à prendre au premier degré, ce qui n'est pas vraiment le cas. Le canon sino-japonais, par exemple, consiste en une centaine de volumes de mille pages chacun. Le canon tibétain est d'une longueur comparable. Le canon pâli, le plus ancien, fait plusieurs fois la taille de la Bible. Le canon bouddhique est évidemment très important (voir le texte ci-contre), mais il ne contient pas de textes « révélés ». Chaque bouddhiste est donc invité non seulement à l'accueillir mais aussi à en vérifier l'ensei gnement à travers sa propre expérience. Cela demande un équilibre qui fait du bouddhis me une voie très exigeante.
«■ Mjmmi., (r Ymiws, ^ m* mow ÀtcUrt ' "C^St €h* feux cU. HumwrtiAX (le BmlMw); <r frïm, Cj^CJ€ ïdi thttwÙA. C'tSt IK ffiioc (U Ui (f^ôj€ l'flù eipfW ■ dlSt U ùfrûtriM, dtSt U (UsSoVfllU,
dut [ÇhA€Lyn£,nehf tU Maître" Or, les pwdes ck ot wwm ne rûù/tht îtri hi mo^eiMis m rtjitus. fw les aoomàlvr, sans les rejtttr, vmis €h* mmt ît^du svtynenstrnent les sylUks tt Its rtwts d€ sis panles, il fwt lis wftfnnjter w Straws (s^ttns), il fwt les aftiAbfir-tr ^n ovck le U tÙAsSovoluM (i/unaya)... » Extrait du « Mahâpadesa-sutta » Traduit et présenté par Môhan Wijataratna, dans » Le Bouddha et ses disciples » (Cerf, 1990, pp. 67-75).
La foi aujourd'hui
Depuis quatre ans, le diocèse de Coutances s'est lancé dans une expérience d'école de prière pour enfants. Et ça marche ! Grâce à une pédagogie adaptée à l'âge de chacun, les animateurs font découvrir aux plus jeunes le silence, le recueillement et la prière. I émisés, les bancs de bois sagement alignés ; mis de côté, l'imposant et so lennel autel. Dans la nef de l'église encore bai gnée de pénombre, les enfants se sont assis dans un grand cercle. Les tout-pe tits se frottent les yeux, le visage encore chiffonné par le sommeil. Puis, au son 46 Panorama Octobre 1999
des tam-tam, des guitares et des flûtes, les voix s'éclaircissent, un chant s'élève. Au milieu d'eux, le Père Michel Santier, vicaire episcopal, à qui l'on doit l'école de prière de Coutances (Manche), se veut pédagogue : « Le matin, vous em brassez vos parents pour leur dire que vous les aimez. Ce matin, nous allons di re la même chose à Jésus en chantant. »
Les deux cent quarante-cinq enfants, âgés de sept à douze ans, entonnent alors de bon cœur : « Je te bénis, mon Créateur, pour la merveille que je suis. » Ainsi, depuis quatre ans, chaque année, durant trois jours, l'école de prière pour les enfants, organisée, en collaboration avec plusieurs mouvements du diocè se, par le Père Santier - responsable de la communauté Réjouis-toi - établit ses quartiers dans l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, à quelques kilomètres de Cherbourg (Manche). Les enfants y découvrent une prière qui ne ressemble à aucune autre. « On fait sans cesse des gestes. Ça entraîne, ça fait participer tout le monde, même quand on est un peu timide », confient Adélaïde et Clémence, douze ans. Durant
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La foi aujourd'hui
Reportage
▶ ▶la prière, en effet, aucun temps creux. Ainsi, ce matin, pendant le chant, une procession se forme au fond de l'église. Des enfants, la mine pas peu fière, s'avancent pour déposer une icô ne sur l'autel improvisé au milieu de la nef. Tout est fait pour que leur attention ne soit jamais déçue, pour qu'ils com prennent chaque symbole, pour les éveiller à la prière et les encourager au silence. Les enfants, étonnamment, parviennent à se couler sans peine dans cette am biance recueillie. « C'est différent du ca
de périlleux, on va essayer de faire le silence et, en silence, on va essayer d'écrire un merci », annonce le Père Philippe Navet, prêtre d'une paroisse voisine, assis par terre, au milieu des enfants. Au son d'une musique douce, chacun dessine ou écrit, la mine pensi ve ou concentrée. Baptistine, sept ans et demi, l'air absorbé, colorie avec ap plication une page du carnet qu'on a remis à chaque enfant ; elle écrit avec un crayon de couleur : « Merci, Sei gneur, de faire de ton mieux pour arrê ter les guerres. » A côté d'elle, les ge-
té car on vit ensemble pendant trois jours, on participe à des célébrations et aussi des fêtes, donc l'ambiance est dif férente : il y a plus de partage », racon te Simon, onze ans. L'un des anima teurs, Cyril Moitié, vingt-quatre ans, futur prêtre en formation au séminaire de Caen, explique : « Durant l'année, les temps forts sont "découpés". Ici, les en fants vivent une unité et tout ce qu'ils font au caté, une heure par semaine, prend une cohérence. » Le Père Santier ajoute : « Pendant ces trois jours, ils font une expérience fraternelle. Ils se ren dent compte qu'être chrétien, c'est être avec les autres, être joyeux. Nous sou haitons qu'ils apprennent à parler à Dieu comme à quelqu'un de vivant, de proche, en lui disant tout »
noux repliés, Pierre, huit ans, trace ces mots : « Merci pour les enfants avec qui je peux jouer, m'en faire des amis. » Pourtant, garder le silence et l'habiter est de loin la tâche la plus dure pour ces garçons et filles. Pendant le court temps d'adoration qui ouvre l'enseignement, les aînés ont bien du mal à ne pas tous ser, bâiller ou chuchoter...
A chaque âge sa pédagogie Chaque groupe d'âge possède sa péda gogie et ses activités. Ainsi, dans une salle de l'abbaye décorée de guirlandes et de dessins, les sept-huit ans s'es sayent à la prière avec des mots pour leur âge. « On va faire quelque chose 48 Panorama Octobre 1999
Un emploi du temps bien adapté
Un savant dosage de récréation et de prière, de temps d'enseignements et d'ateliers, de silence et de sorties com pose l'emploi du temps. Cet après-midi, les enfants sont en sor tie à l'abbaye bénédictine de Valognes. Assis en silence, ils assistent à l'office de none. Puis, les sœurs bénédictines les invitent à visiter le cloître. Encouragés par cette proximité imprévue avec les religieuses, les enfants se lancent, les questions fusent : « Laquelle d'entre vous va acheter à manger? », interroge l'un ; « Est-ce que vous voyez souvent votre famille? », demande un autre.
Chaque groupe d'enfants, en fonction de son âge, possède sa pédagogie. Les plus petits, par exemple, apprennent à prier... en dessinant! Différentes activités rythment la journée : ateliers (en haut), célébrations, mais aussi visites à l'extérieur, comme, ici, chez les religieuses bénédictines de Valognes.
Yannick, treize ans, est captivé. Avec un sourire malicieux, il s'adresse à Mère Jeanne-Marie, la mère abbesse : « Vous faites parfois des péchés, sans doute. Comment faites-vous pour vous faire pardonner?»
Une relation spontanée En chaque occasion demeure chez les animateurs le souci d'impliquer les en fants, d'être proches d'eux. Ainsi, lors de la célébration du soir, ce sont les plus jeunes qui participent à l'homélie, en po sant des questions auxquelles s'efforce
de répondre le Père Philippe Léonard, aumônier diocésain du Mej (Mouvement eucharistique des jeunes). « Les enfants ont une relation spontanée, simple avec Dieu. Ils disent ce qu'ils ont dans leur cœur. Ce qui se passe ici nous remet, nous, adultes, en cause : souvent, nous mettons trop de choses compliquées dans notre relation avec Dieu », résume Sylvie, trente-trois ans, engagée à l'école de la foi de Coutances. La diversité des animateurs encourage sans doute la complicité qui se noue au fil des journées. Parmi eux, on compte
aussi bien des catéchistes que des jeunes de la communauté, des membres du Mej, des scouts, des sœurs de SainteMarie-Madeleine-Postel ou encore des jeunes prêtres du diocèse... Chacun apporte une couleur particulière. « Nous ne cherchons à nous substituer à personne, assure le Père Santier. Nous espérons simplement que les enfants rejoindront ensuite des mouvements, des lieux, où ils auront la possibilité de prolonger l'expérience qu'ils ont vécue ici. » ■ Isabelle Vial
La foi aujourd'hui
Revue de presse
Par Isabelle Vial
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Chaque mois, Panorama analyse les articles consacrés par la presse à l'actualité religieuse
Les pauvres pleurent
Dom Helder
Pèlerin maguzuie
- « Quand je donne de la nourriture aux pauvres, on m'appelle un saint. Quand je demande pourquoi ils sont pauvres, on me traite de communiste. » Mais le véritable héritage de Dom Helder dépasse les modes et les divergences. C'est ce que laisse en tendre Bruno Chenu, dans un article de La Croix paru pourtant avant la mort de l'évêque brésilien : « L'apport inestimable des théologies de la libération est d'obliger tout chrétien à prendre en compte la réali té dans toutes ses dimensions et à chercher à y inscrire la foi comme une action de transformation, comme un refus de la fata lité, comme une volonté de fraternité, en s'appuyant sur l'espérance et le dynamis me des pauvres ». ■
Ces « fautes » qui taraudent
christianisme au cours des 2000 ans d'histoi re. .. Le Monde, notamment, évoque certaines réticences face à une telle démarche : celles « des fidèles et des responsables catho liques qui estiment que de telles démarches de "repentance" affaiblissent l'Eglise ». Le Figaro, lui, choisit de défendre nette ment la démarche de Jean-Paul IL Dans un article largement rédigé sur le ton du com mentaire, Joseph Vandrisse explique : « L'Eglise ne doit pas craindre la vérité. [...] Le pontificat de Jean-Paul II est mar qué par le pardon et par des actes symbo liques répétés en plusieurs occasions [...] C'est pour lui un aspect essentiel de sa mission... » ■
LE FIGARO)Le 8 mars prochain (mercredi des Cendres) aura lieu à Rome une « procession pénitentielle », au cours de laquelle le Pape demandera solen nellement pardon pour les « fautes histo riques » et les crimes commis au nom du 50 Panorama Octobre 1999
porte-parole
d'un peuple martyr
Il y a des figures qui s'offrent généreuse ment aux commentaires et sur lesquelles chacun veut dire son mot. Dom Helder Ca rrara, l'ancien évêque brésilien, l'infatigable défenseur de « l'option préférentielle pour les pauvres », mort le 28 août dernier, fait partie de celles-là. La richesse de l'homme fait que chaque journal aurait pu confisquer une facette du personnage, délaisser celles qu'ils ne vou laient pas retenir. Eh bien non ! Les mots de chacun dessinent une unité, composent un parcours cohérent à l'image de l'équi libre et de la persévérance qui guidèrent la vie de « l'évêque des pauvres ». Pèlerin Ma gazine, par exemple, se souvient d'images lumineuses et de phrases fameuses
le pape
fTÊglise catholique,
événements dramatiques se déroulaient au Timor-Oriental, Le Monde, notamment, sou lignait la vigueur de certaines Eglises « lo cales », qui se battent aux côtés des habitants. « La popularité de l'Eglise, les attaques qu'el le subit de Djakarta, les contorsions diploma tiques auxquelles elle a longtemps contraint le Vatican remontent aux lendemains des massacres de 1976-1977. Depuis, elle s'est im posée comme la principale force d'opposi tion organisée, comme le symbole des souf frances d'un peuple martyr et le porte-parole de ses aspirations ». Dans ce pays où le pou voir est détenu par les musulmans indoné siens, « l'assistance des réseaux sociaux [de l'Eglise, NDLR] et la résistance encouragée par l'épiscopat valent aussi à l'Eglise de nom breuses conversions. Elle protège les victimes de la répression, invite au dialogue, prend en charge des services...[...]» ■
Il ne manque
FAMILLE chMwinw
qu'un miracle Dans un entretien à Famille Chrétienne, Msr Maurice Bouvier, postulateur de la cau se de béatification du Père Charles de Foucauld, explique que s'il pouvait « présenter un miracle dû à son intercession », la cause du Père de Foucauld en serait accélérée. Il invite donc les lecteurs à prier pour qu'un tel miracle advienne. ■
L'Europe peut-elle se faire
JiTVDÏ
sans dimension spirituelle ? Alors que s'ouvre ce mois-ci le synode des évêques d'Europe, Etudes, la revue des jé suites, publie un article de Msr Daioz, arche vêque de Besançon, qui se demande, à la suite de bien d'autres : « L'Europe peut-elle se faire sans dimension spirituelle? ». L'un des constats qu'il dresse constitue un ensei gnement très riche pour le synode : « Peutêtre le grand défi auquel sont affrontés les Européens est-il de retrouver des repères pour vivre et des raisons de vivre. Et peutêtre la mission irremplaçable des religions est-elle de revenir à leurs sources vives, afin d'y puiser la créativité et la vigueur néces saires à la reconstitution d'un autre regard, de forces neuves permettant de vivre et de se situer dans une Europe qui a radicale ment changé. Transmettre l'héritage ne suf fit plus ». René Coste, professeur honoraire à l'Institut Catholique de Toulouse, souligne
L'évolution
de la Création
la Croix La Croix et Libéra tion, notamment, ont noté que, désormais, les théories de Darwin seront supprimées des programmes scolaires du Kansas (EtatsUnis). A ce sujet, Michel Kubler écrit dans La Croix : « La science s'occupe du com ment des êtres et des choses, la foi de leur pourquoi. Seuls des intégristes - qu'ils soient scientistes ou créationnistes - refu sent cette complémentarité [...]». ■
Secret de la confession
en question la vie)On lit dans La Vie : « les experts du Vatican ont obtenu que, comme médecins ou avocats, les prêtres ne soient pas forcés de livrer à la Cour crimi nelle internationale le contenu des propos recueillis en confession ». Cette garantie fi gure dans l'avant-projet de règlement de la Cour Internationale, destinée à juger les cri minels de guerre et les crimes contre l'hu manité. Une disposition conforme au droit canon, aujourd'hui en vigueur sur cette question, qui pourrait clarifier la situation de certains prêtres au Rwanda ou ailleurs... ■
dans La Croix que Xinstrumentum laboris du synode (le document fixant l'ordre du jour des travaux), lui aussi, fait ce constat, plutôt courageux. Il salue ce document « où l'on ne craint pas d'appeler les choses par leur nom, de signaler bien des déficiences dans les mentalités et le fonctionnement des institutions ecclésiales [...] ». Dans Etudes, M8'Daioz donne tout de même quelques pistes d'action (et, donc, des raisons d'es pérer!) : « Peut-être le rôle le plus urgent des chrétiens et de l'Eglise est-il de retrou ver le courage de l'évangélisation, comme au temps d'Augustin, de Boniface, de Ber nard et des autres, à des périodes, où, com me aujourd'hui, les peuples de notre conti nent changeaient de monde. Est-il possible, en effet, de fonder en dernier ressort une dimension spirituelle solide [...] sans une référence transcendante ? » ■
Les quarante-cinq
films du pape LE FIGARO) Figaro
dévoile le hit-parade cinématographique du Vatican ! Quoi qu'en dise le quotidien dans son titre (« Les 45 films du pape »), il ne s'agit pas du choix personnel du Pape mais du « très officiel conseil pontifical des communications sociales ». On y découvre quelques réalisateurs qui ont eu en leur temps quelques difficultés avec l'Eglise, comme Pasolini ou Liliana Cavani. Mais aussi quelques surprises, comme « 2001, l'odyssée de l'espace » ou « Huit et demi ». ■
Ils ont dit. « Aujourd'hui, dans le monde des chanteurs chrétiens, sans en faire une chapelle, je trouve qu'il n'y a pas assez d'exigences. Nous ne sommes pas assez percutants (...) » Jean Humenry, chanteur -» Ensembles, le magazine des aumôneries de l'Enseignement public « Il faut réhabiliter la politique discréditée par notre généra tion. Le xxie siècle va permettre de découvrir la nécessité d'une approche
L'Episcopat
refuse
le « droit » à Pavortement
la Croix Pas facile, décidé
ment, de se pencher sur les changements de la société. A propos de l'initiative de Mar tine Aubry, qui envisage de modifier la loi Veil sur l'avortement, le Père Stanislas Lalanne, porte-parole de la conférence épiscopale, tempête, dans une déclaration pu bliée parla Croix : «Vingt-cinq ans après (la loi Veil), l'avortement est présenté comme un droit à respecter ». La Croix relaie ce mé contentement en soulignant que la déclara tion épiscopale « s'en tient au principe, et sur un ton très ferme : pour l'Eglise catho lique, on ne peut parler de "droit" à l'avor tement. Il s'agit là, selon elle, de la banalisa tion d'un geste grave qui tient d'une "culture de mort" et auquel elle reste fon damentalement opposée. » Sur cette question, un autre enjeu est juste ment soulevé par Dominique Quinio dansZa Croix : « On peut [... ] s'alarmer du nombre, même stable, des avortements en France, s'inquiéter de ce que de très jeunes femmes soient laissées seules face à leur décision et défendre la vie à naître, sans pour autant être assimilé à ceux qui, au nom de leur cause, usent de méthodes coupables [...]». En ef fet, on court le risque, avec l'avortement, comme avec le Pacs, de voir dans les médias le monde se réduire à deux camps (com mandos anti-IVG contre féministes), comme, en son temps, l'affrontement sur le Pacs avait laissé penser que le monde se partageait entre homosexuels et homophobes et écar té toute possibilité de discussion. ■
locale, c'est-à-dire des actions locales avec une approche globale, et non l'inverse, comme aujourd'hui [...]. » Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur de jeunes -* Croire aujourd'hui « J'encourage les catho liques à prendre une part active dans la vie de leur pays, au niveau local, régional et national [...]. En collaboration avec tous leurs frères, ils ont un service à rendre à leur pays et c'est tous ensemble que les Français doivent poursuivre leurs engage-
ments au service de l'homme, de la société et de la fraternité entre toutes les personnes. » Jean-Paul II -+ La Croix « Je suis stupéfait de voir combien de jeunes demandent spontanément à devenir chrétiens [...]. Selon moi, les pèlerinages devraient attirer de plus en plus de monde [...]. » Jacques Maillot, PDG de Nouvelles Frontières, à propos du rachat par sa société de 67% des parts de ta Procure-Terre entière -* La Croix
Panorama Octobre 1999 51
La foi aujourd'hui
Gazette Des pour jubiler
A mon avis !
\ par Anne Ponce
Après « Salut l'an 2000 », voici « Vivre l'an 2000 », un livret réalisé par Panorama avec le Comité français du Jubilé. Des idées, des propositions pour célébrer l'an 2000.
__ Ils sont fous, £ë ces Anglais ! Chers lecteurs, Je vous écris de Londres. Marvellous ! Formidable! Of course, j'ai pris les autobus à impériale et bu du thé; je suis aussi allée visiter Westminster Abbey. L'abbaye de Westminster, c'est le lieu où se célèbrent tous les moments importants de la vie de la Grande-Bretagne; c'est à la fois Notre-Dame de Paris, le Panthéon et la basilique de Saint-Denis. Fabulous ! En France, avec le patrimoine religieux, on est toujours un peu embarrassé : comment mettre en valeur le patrimoine historique tout en faisant comprendre aux visiteurs qu'il s'agit aussi de lieux vivants où se retrouvent aujourd'hui encore des croyants? Good question, isn't it? Les Anglais, eux, ont apparemment trouvé le truc : l'abbaye de Westminster est un lieu touristique? No problem : l'entrée est payante - « Five pounds, please ! » (50 F) - et on vous donne un petit livret d'explications. Mais, comme l'abbaye est aussi un lieu de culte, les explications historiques se doublent d'invitations à la réflexion. Example ? Juste à l'entrée, à l'endroit où sont enterrés les hommes d'Etat, le livret suggère : « Faites une pause et posez-vous la question suivante : quelle était la foi qui a poussé les gens à construire un tel édifice? N'oubliez pas dans vos prières les dirigeants actuels des nations... » Last but not least, toutes les heures, les visiteurs sont invités à observer une minute de silence : « Quiet, please ! » Et ça marche! Au signal, après quelques mots d'invitation à la méditation, les centaines de personnes présentes dans la cathédrale s'arrêtent et se taisent. Au bout d'une minute, la visite reprend... La suite du parcours vous indique aussi que l'on peut acheter des rafraîchissements dans le cloître et que la librairie « vend de nombreux articles intéressants » - la rentabilité n'est pas oubliée. A la sortie, enfin, on vous salue : « Nous espérons que la visite vous a plu », tout en précisant : « L'heure des offices est imprimée sur votre billet. » Voilà comment, à Westminster, on arrive à réconcilier déferlement touristique et spiritualité. « Elémentaire, mon cher Watson! » Peut-être pourrait-on importer en France un peu de cette décontraction et de cet esprit british ? What do you think ?Bye bye ! ■
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La Gazette de Panorama vous est ouverte. Envoyez vos informations à Anne Ponce par courrier ou par Internet : aponce@bayard-presse. corn
Disponible avec ce numéro de Panorama ou auprès des délégués diocésains au Jubilé dans les évêchés (36 pages).
18-35 ans A cheval vers • Théologie pour les 20-35 ans au centre de La Baume-lès-Aix. Un vendredi soir par mois, à partir du 29 octobre. Renseignements : 29, Chemin de la Blaque, 13090Aix-en-Provence. Tel: 04 42 16 10 30.
• Week-end prière les 26-28 novembre, au centre spirituel jésuite de Manrèse, à Clamart, pour les 18-30 ans : « Besoin d'un break! Je prends deux jours pour prier! » Renseignements : Manrèse Accueil, 5, rue Fauveau, 92140 Clamart. Tel : 01 45 29 98 60.
Jérusalem ! Pour marquer l'an 2000, l'association Cavale-Drayes, spécialiste des randonnées équestres, organise une grande aventure Paris-Jérusalem à cheval. Départ prévu le 15 juillet 2000 pour 170 jours de randonnée via la Suisse, l'Italie puis le Maghreb, l'Egypte et la Jordanie. Le message de cette expé dition : « Que la paix soit la grande ambition du troisième millénaire ». Participation possible à partir de 15 jours. Renseignements : Cavale-Drayes, Carlencas, 34600 Bédarieux. Tel: 04 67 23 10 18.
En passant
par Toulouse...
Du 25 octobre au 24 janvier, le couvent des Jacobins présente une exposition : « Toulouse sur le chemin de Saint-Jacques ». Sculptures en bois polychrome, parche mins, tapisseries, etc., témoignent de siècles d'histoire et des flux de pèlerins en route vers Saint-Jacques. Renseignements : Couvent des Jacobins, 69, rue Parga minières, 31000 Toulouse. Tel : 05 61 22 23 82.
I t t t f T fl
I l l Ce site québécois est d'une Perspectives Chrétiennes
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grande richesse. On y trouve des dossiers, des homélies, des commentaires bibliques, des débats très ouverts. Il y a même une proposition d'initiation à la prière intérieure. Cliquez pour traverser l'Atlantique !
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On a besoin de vous L'association Main dans la main a pour but d'améliorer la qualité de la vie des enfants hospitalisés. 300 bénévoles se relaient auprès des enfants et de leur famille à l'hôpital (hôpitaux Trousseau, Necker et Bicêtre). Une lectrice de Pano rama, déjà engagée, vous propose de rejoindre ces équipes. Si vous êtes disponible quatre heures d'affilée, en semaine ou le weekend, vous pouvez appeler le 01 44 49 47 22. On vous demandera un engagement d'un an minimum.
Catéchistes en famille
Le 10 octobre, le diocèse de Belley-Ars organise un rassemblement des catéchistes. Les conjoints et les enfants sont invités. « Etre catéchiste exige beaucoup de disponibilité. Nous souhaitons que, pour une fois, une rencontre de catéchistes ne sépare pas les familles, mais les rassemble », expliquent les initiateurs de cette journée!
Expo : Juifs du Maroc
C'est l'année du Maroc. Le Musée d'art et d'histoire du judaïsme nous rappelle la place particulière de la communauté juive dans ce pays et nous en dévoile les différents visages à travers plusieurs expositions, notamment «Juifs parmi les berbères », photographies d'Elias Harrus. Du 7 octobre au 9 janvier, Hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, 75003 Paris.
Sœur Emmanuelle, marraine de la mission
Sœur Emmanuelle est, cette année, la marraine de la promotion des 55 jeunes qui partent en coopération avec la Fidesco (service coopération de la Communauté de l'Emmanuel). Ils se sont engagés pour 2 ans, dans 17 pays différents, au service des plus pauvres. Fidesco, BP 137, 92223 Bagneux Cedex.
Ecrire pour écouter Dieu
Expérience originale que celle des ateliers d'écriture François Bansart, à Paris. Ces ateliers s'adressent à ceux qui souhaitent écrire pour « écouter Dieu, dialoguer avec lui, évoquer ses silences, s'émerveiller de sa Création ». Ils permettent de perfectionner son style dans toutes sortes de genres littéraires : journal, autobiographie, poèmes, roman, etc. Renseignements : Les ateliers d'écriture François Bansart, 58, rue Saint-Dominique, 75007 Paris. Tel : 01 42 35 73 54.
Lire
> L'Atlas biblique de Prions en église Le génie et Le Monde de la Bible. tie Jérusalem Cartes, histoire et éclairage des récits pour mieux situer historiquement et géographiquement les épisodes bibliques. Offert avec le numéro d'octobre du Monde de la Bible ou disponible seul (45 F). En vente dans les librairies religieuses ou par VPC au 02 32 29 19 08. > L'enquête du quotidien La Croix sur « Les chrétiens dans le monde ». Chaque mardi pendant trois mois. En kiosque. Le monde de la Bible •
Panorama Octobre 1999 53
Agenda
Octobre FÊTES RELIGIEUSES -* Fêtes chrétiennes Vendredi 1er: Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus.
Lundi 4: Saint François d'Assise. Vendredi 8 : Saint Serge (orthodoxes). Vendredi 15: Sainte Thérèse d'Avila. Dimanche 31 : Fête de la Réformation (protestants). -♦ Fêtes juives Samedi 2 : Fin de Souccoth. Dimanche 3: Simhat Thora. j
Vendredi Synode Les évêques d'Europe à Rome -> C'est aujourd'hui que s'ouvre le 2e Synode des évêques pour l'Europe, à Rome. Thème : « L'évêque, serviteur de l'Evangile de Jésus-Christ pour l'espérance du mon de ». A noter : Mijo Beccaria, ancien membre du directoire de Bayard Presse, qui collabore à Panorama, a été choisie comme auditeur Mijo Beccaria est directrice du Bice (Bureau internatio nal catholique de l'enfance).
Week-end
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Pèlerinage ■* Les Jeunes professionnels sont en pèlerinage à Vézelay, avec pour thème : « L'aban don. "Je suis venu pour qu'ils aient la Vie et qu'ils l'aient en abondance". » ■4 Renseignements: Coordination des Jeunes professionnels, 188, rue de Tolbiac, 75013 Paris. Tel: 01 41 17 17 35. 54 Panorama Octobre 1999
a
Mercredi
Pèlerinage Le Rosaire à Lourdes -* Les pèlerins du Rosaire se retrouvent à Lourdes, jus qu'au dimanche 10 octobre.
-* Renseignements: impasse Lacordaire, 31078 Toulouse cedex04. Tel: 05 62 17 25 27.
Dimanche
m
Assemblée -»A Rome, a lieu jusqu'au dimanche 15 l'assemblée interreligieuse pour le Jubilé, organisée par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Merc. > Yen. 13/15 Colloque
•¥ Le centre des archives du monde du travail, à Roubaix (Nord), organise un colloque sur « Chré tiens et ouvriers, de Ta fin des années 1930 au début des années 1970 ». -> Renseignements : Centre des archives du monde du travail, 78, bd du Général-Leclerc, BP 405,59097 Roubaix cedex 1. Tel: 03 20 65 38 00.
Samedi
m
1ère
journée « Terre solidaire »,
organisée par le CCFD (Comi té catholique contre la faim et pour le développement), à Paris, au parc delà Villette, destinée notam ment à sensibiliser à la faim dans le monde.
-> Renseignements : CCFD, 4, rue Jean-Lantier 75001 Paris. Tel : 01 44 82 80 00.
Paris. Thème: «Vérité et mensonge ». -> Renseignements: Cinéma Mac-Manon, 75017 Paris. Tel: 01 43 80 24 81.
Vend. > Dim. Solidarité Refus de la misère -> C'est aujourd'hui la Jour née mondiale du refus de la misère, organisée par ATDQuart Monde depuis douze ans (voir page Famille). -> Renseignements: ATD-Quart Monde. Tel: 01 48 00 02 03.
Semaine
17/24
1 029 000
C'est le nombre de religieux en mission à travers le monde. Ils sont à l'honneur aujourd'hui, à l'occasion de la Semaine missionnaire mondiale qui a pour thème : « La mission des religieux et religieuses : signe de la tendresse de Dieu le Père pour tous les peuples ». -» Renseignements: Coopération Missionnaire-OPM, 5, me Monsieur, 75343 Paris cedex 07. Tel :01 53 69 17 40. Internet: http:/www.cef.fr
Merc. > Merc. 20/27
Cinéma Semaine chrétienne -* Cinquième édition de la Semaine chré tienne du cinéma, à
29/31
personnes se retrou vent à Versailles pour les assises de la Fédération protestante de France (FPF). Cette réflexion sera axée sur le thème : « Une espérance à vivre, une société à construire. Spiritualité et citoyenneté ». ■* Renseignements: FPF, 47, rue de Clichy, 75311 Paris cedex 09. Tel : 01 44 53 47 00. ■ Isabelle Vial
Panorama vous donne rendez-vous Vendredi 1er octobre > Troyes ■+ La Pastorale de la santé du diocèse de Troyes, avec la librairie La Procure-Fatès, organisent une conférencedébat, à 20 h 30, sur le thème « Vaincre la dépression », animée par Isabelle Vial, de Panorama, avec Yves de Gentil-Baichis et des méde cins, à l'université de l'HôtelDieu, place du Préau. ■+ Renseignements: Librairie La Procure-Fatès. Tel: 03 25 73 23 77.
A la Rencontre de Jésus
Ifnaa fccart * Maria JUh
unce & Jeunesse POUR SUIVRE LA MESSE Dimanches et fêtes A, B, C
À LA RENCONTRE DE JÉSUS Ignasi Ricart et Maria Ruis Un bel album qui présente les étapes de la vie publique de Jésus à la suite de « Parlons de Jésus ». Textes et dessins suscitent des questions pour entamer un dialogue avec les enfants - 79 F
AVEC SAINTE THÉRÈSE, grandir, devenir adulte.
suinte Thérèse,
Karine Feng Une nouvelle collection pour les pré-adolescents. Des vies de saints dans un style moderne et interactif avec un jeu-test. Une biographie originale qui approfondit une question de la vie des jeunes d'aujourd'hui - 59 F
LE SUICIDE DES JEUNES
GRAN DEVE AD
A. Chabert d'Hières, D. Wilson. Préface de Jean Vanier Un vrai missel pour tous, très simple d'utilisation. Un accès facile aux textes et à la messe quelque soit son niveau de lecture. Avec des images qui initient à la liturgie, les phrases dès du rituel expliquées et pour chaque dimanche une version brève et nourrissante Je l'Evangile-130 F
LES PRÉNOMS CHRÉTIENS Nicole Sauty, Philippe Raguin UN VRAI GUIDE avec plus de 7500 prénoms francophones Comment choisir le prénom de son enfant? Quelle est l'origine, l'histoire, la signification de mon prénom? De Abel à Zoë, 350 notices biographiques très vivantes avec la racine, les dérivés d'un prénom, la vie du saint, les dates de fête...
Collectif Sous le double éclairage des sciences-humaines et de la théologie, une approche psycho-socio-religieuse du monde des adolescents. Un ouvrage novateur qui pourra aider parents, éducateurs, intervenants confrontés à ce drame - 85 F
QUESTIONS BRULANTES Marius Morin Un ouvrage qui aborde sans détour des questions auxquelles, un jour ou l'autre, nous sommes tous confrontés: Pourquoi le mal et la souffrance existent-ils? Qui est Dieu? Pourquoi prier? Peut-on vivre sans religion?... dans un langage simple et moderne, à la lumière de la science et de la foi - 90 F
Lesprénoms ^» 180F
Ur4lQUE
QUEL HOMME SUIS-JE? Marie-Abdon Santaner A la lumière de deux textes fondateurs d'une anthropologie biblique, - le récit du Jardin d'Eden et la rencontre d'Emmaus - l'auteur propose à chacun de scruter sa propre expérience, et de découvrir un chemin de vie en s'interrogeant sur son identité d'être humain - 98 F
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Sur les pas du Christ
SUR LES PAS DU CHRIST Pour découvrir la personne et le message de Jésus...
Uideo
Une série de 5 vidéos: Avec livret pédagogique.
Des images tournées en Terre Sainte sur les lieux de l'évangile. De nombreux documents iconographiques, archéologiques et historiques. Une bande son suggestive recréant l'atmosphère de l'époque. Co-édition: Médiaspaul, Librairie Saint-Paul Lyon. Distribution: Médiaspaul Chaque vidéo: 60 mn -148 F La série des 5 vidéos - 648 F
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En vente dans les librairies religieuses
ou à défaut aux Éditions Médiaspaul: 8 rue Madame- 75006 Paris - Tél. 01.45.44.64.02 fax 01.42.22.47.46 E-mail : mediaspaul.com @ wanadoo. fr
La foi aujourd'hui Famille
Comment éduquer nos enfants à la solidarité? Le 17 octobre, journée mondiale de refus de la misère, est l'occasion de réfléchir sur la façon d'apprendre aux enfants à être solidaires. Les suggestions de Panorama avec ATD-Quart Monde. draient que leurs enfants grandissent heureux et capables de générosité.
La solidarité, ça s'apprend
Grandir heureux et généreux Aujourd'hui, la société privilégie beau coup plus l'esprit de compétition que la solidarité : il faut se battre, être le meilleur... Pour les enfants, cela com mence dès l'école car les parents sont soucieux d'assurer leur avenir dans un environnement économique difficile. Un sondage publié par Sélection du Rea der's Digest, au mois de juillet dernier, in terrogeait les 15-18 ans sur leur atta chement aux trois principes de la République française. La liberté est arri vée en tête (58%), suivie de l'égalité (34%) mais la fraternité se trouve net tement en queue de peloton (7%) ! Pourtant, beaucoup de parents vou 56 Panorama Octobre 1999
Une vraie solidarité avec les plus pauvres, cela s'apprend. Les enfants ont besoin de nous pour apprendre à discerner ce qui est juste et ce qui n'est pas juste. Dressons l'oreille, par exemple, quand un enfant relate une situation d'injustice; essayons de l'écouter et de réfléchir avec lui. Un mouvement comme ATD-Quart Monde aime le souligner : apprendre à être solidaire, c'est d'abord apprendre à regarder, à ouvrir les yeux, à comprendre. Regarder et comprendre ensemble les infos à la té lé, mais aussi et d'abord au plus proche de soi, la dame très pauvre, juste devant nous, à la caisse du supermarché ou bien le camarade de classe pas trop bien habillé : « Maman, pourquoi Eric ne vient-il pas avec nous en classe ver te?»...
Changer son propre regard Aider nos enfants nous incite à faire le point sur notre propre regard, souvent brouillé par l'ignorance ou les a priori. Traquons les préjugés - « S'ils sont pauvres, c'est de leur faute » -, et expli
quons : « Tu sais, vivre avec seulement le RMI ou les allocations familiales, c'est très difficile, il faut être très coura geux. » Parfois, on peut se surprendre à parler différemment à quelqu'un qui a des vêtements troués. Les personnes du quart monde le disent : « Ce n'est pas parce qu'on est pauvre, qu'on est idiot ! » Le plus dur à vivre, quand on est dans la misère, c'est d'être mis de côté, jugé, regardé de travers.
Il faut se montrer exigeant ATD-Quart Monde tient à le rappeler : la vraie solidarité n'est pas facile à mettre en application. Ne faisons pas croire à nos enfants que la collecte de leurs vieux jouets pour les pauvres, à Noël, va apporter du bonheur. La solidarité, c'est d'abord au quotidien le respect des personnes les plus pauvres. Mieux vaut acheter le livre dont on rêve pour le leur offrir que de donner dix jouets usagés! Les enfants le comprennent d'ailleurs très bien. Et ils sont souvent plus inventifs que les adultes! Des en fants ont ainsi protesté auprès du di recteur d'une marque de jouets qui avait eu l'idée saugrenue de sortir une boîte de deux figurines, un policier et un clochard avec une bouteille de vin ; « Si vous pouvez, faites des personnages qui sont très amis », lui ont-ils écrit.
Du temps et des livres Aider les enfants à grandir plus solidaires n'est pas une tâche facile et, surtout, cela prend du temps. On peut compter cependant sur d'autres pa-
rents, d'autres enfants, des associations, des journaux, des livres. Un bon livre en dit souvent plus qu'un long discours. On peut citer par exemple Les Petits Mé gots (Collection J'aime lire, Bayard Edi tions) ou La boîte à musique de JeanMichel Defromont (Editions Quart Monde), ou bien encore, pour les pa rents cette fois, L'amitié gagne sur la misère de Claude Farrer (Quart Mon de). On n'est jamais seul quand on veut apprendre la solidarité ! ■ Anne Ponce avec Geneviève de Coster et Marie-Aleth Grard, responsables Tapori (ATD-Quart Monde). Retrouvez cette question dans l'émission de radio « Les lundis de la famille », réalisée sur RCF avec Panorama, PANORAMA le 4 octobre.
ATû-Q^AnT MONDE
Fondé par le P. Joseph Wresinski, ATD-Quart Monde fonde son action sur la conviction que la misère n'est pas fatale et qu'elle est une violation des droits de l'homme. ATD s'adresse aussi aux enfants par le biais du mouvement Tapori qui rassemble des enfants de tous milieux et de tous les pays. La Lettre de Tapori est un petit journal qui relie ces enfants et les aide à réfléchir (80 F/an. Rens. : Tapori, 33, rue Bergère 75009 Paris).
I_A BIBLIOTHÈQUE DES PARENTS par Mijo Beccaria
Leur parler de la mort des parents, si pesant autrefois, Chacun peutparler l'observer : le malaise pour aux enfants des choses du. sexe et de la naissance, s'est largement dissipé tandis que s'installait massivement une grande difficulté pour aborder avec les plus petits la question de notre commune et inéluctable desti née mortelle. Rien n'est comparable, bien entendu. Et,
dées avec délicatesse, suivant l'âge de l'enfant, la proximité affective du disparu, les circonstances de son décès. On sent une vraie expérience de la conscience et de l'âme enfantines. Mais, s'il est un do maine de la relation éducative qui touche plus profondément à la foi chrétienne, c'est bien celui de la mort. Notre espé rance, notre attente d'un autre monde modifient profondément notre attitude de vant celle-ci, sans en gommer les carac tères douloureux ou tragiques. Une radi cale différence, née de la parole du Christ, de sa propre mort et de sa résurrection, modifie notre regard devant la finitude. Alors, le psychologique ne suffit pas : sans se confondre avec lui, le spirituel doit trouver une articulation. C'est en cela que ces pages déçoivent. Évoquer si légère ment la conception chrétienne de la mort, dans notre pays où la grande majorité des
quels que soient les facteurs de gêne ou de pudeur, il est quand même plus facile de révéler les lois de la vie que d'appro cher les mystères de la mort, angoisse plus ou moins forte pour chaque vivant. Signe révélateur de ce malaise : le nombre d'albums pour enfants essayant, par la pure fiction ou le reportage à peine dé guisé, de parler de la disparition définitive. Ce petit livre-là, La Mort (par Marie-Hélène Encrève-Lambert, Bayard Editions) sera utile. D'abord parce que, voulant propo ser aux parents de larges pistes de ré flexion pour engager un vrai dialogue avec leurs enfants, il souligne bien les profon deurs des questions qu'ils doivent avoir résolues pour eux-mêmes. Ici moins
sépultures passent par l'Eglise, accom pagnées de la prière des croyants, n'estce pas une erreur? Ce petit livre sérieux rendra de grands services à condition de ne pas y chercher ce que l'on aurait pu légitimement désirer
qu'ailleurs, il n'est pas possible de tricher. Les questions les plus diverses sont abor-
y trouver : la trace d'une tradition chré tienne, toujours bien vivante. ■
INFOS FAMILLE Grands-Parents et petits-enfants
Le livre Léo des villes-Léo des champs, deJ.-P Arrou-Vignod (Editions Thierry Magnier) a remporté le Prix de la lecture à deux voix. Ce prix récompense un livre de littérature de jeunesse que grandsparents et petits-enfants de 7 à 11 ans ont plaisir à découvrir et lire ensemble.
Femme et spiritualité
Le centre Sèvres a Paris propose un séminaire « Mystique et féminité », les mardis matin, du 9 novembre au 4 décembre. A la rencontre de grandes figures spirituelles, notamment Hildegarde de Bingen et Marie de l'Incarnation. Renseignements : Centre Sèvres, 35 bis, rue de Sèvres, 75006 Paris. Tel: 01 4439 7500.
Al PROGRAMME Week-end « Dialogue et prière conjugale » proposé par les équipes Notre-Dame, les 27-28 novembre, au centre Massabielle à Saint-Prix (95). Renseignements : END, 49, rue de la Glacière,
75013 Paris. Tel : 01 43 36 08 20.
Week-end en couple et avec les enfants proposé par la fraternité Cana (Communauté du Chemin Neuf), les 20-21 novembre, à Amiens, Caen, Carcassonne, Nice. Thème : « La prière. En couple, en famille, découvrir Dieu au fil des jours ». Renseignements par tel : 04 783811 60. Haltes spirituelles pour les divorcés remariés, organisées par la Pastorale familiale des diocèses de Lille-Arras-
Cambrai. 20-21 novembre à Raismes, 27 novembre à Hazebroucq, ou 4 mars à Merville. Renseignements .• François Lenne, tel-.03 272414 72.
Pratique
Les prénoms chrétiens de Philippe Raguin et Nicole Sauty (Médiaspaul, 459 p., 180 F) Pour les futur parents : l'origine, l'histoire et la signification des prénoms chrétiens.
Doit-on céder aux adolescents? du Dr Patrick Delaroche (Albin Michel). Quelques repères pour traverser l'adolescence de ses enfants.
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EjCJLUJI Une avalanche de livres La rentrée littéraire de l'avant 2000 aura
prendre à découvrir les senders, l'essai, en revanche, me paraît plus accessible.
Charlemagne a sa biographie !
vu une grande flambée de nouveaux ro mans, une avalanche d'essais et une pe tite querelle de saison. Comment se re trouver dans cette montagne de livres Avec Jean Favier, on plonge dans l'His toire. Charlemagne est une merveille auxquels j'ai la faiblesse d'ajouter moimême un sacré pavé et trois entretiens qui vient à point. En cette fin de xxc particuliers ! siècle qui campe de nouveaux espaces, Je n'aurai pas l'impudence de dire que une nouvelle Europe en construction, l'on écrit trop, mais je regrette que le il est passionnant de constater qu'il y a temps de lire nous soit compté. Qui peut plus de mille ans, un personnage de lé raisonnablement affirmer être en mesure gende s'était donné totalement à ce qui de ne rien laisser passer des productions est encore notre imaginaire. Quel hom d'aujourd'hui? Au retour de quelques er me, cet empereur! Longtemps anal rances estivales, j'ai trouvé sur mon bu phabète, il lit et écrit de la poésie latine, reau deux cent vingt-deux ouvrages en s'affronte à la langue grecque, se fait piles, qui étaient plus un mur qu'un bou l'organisateur d'un monde politique et invente la féodalité. Mieux encore, il quet. Evidemment, j'ai fait mes choix. Ils me paraissent malhonnêtes puisqu'il m'a s'oblige à une perspective d'unité : la fallu éliminer. Et cela, dans l'instant, me même culture pour tous... « Charle persuade que les jurés des grands prix magne, précise Jean Favier, est devenu sont affrontés à la même douleur. Il n'est un gourou mythique, le héros de cent pas vrai qu'ils auront tout lu avant que de chansons de geste. Le Charlemagne à la couronner ! barbe fleurie n'a jamais existé. Ce vieillardAlors, on s'en tient, après des aperçus ra là est une invention, née à une époque où la barbe était à la mode... Il a régné près pides, à une certaine facilité. Il n'est pas dans l'air un Proust qui sommeille, ni un d'un demi-siècle et a eu le temps de faire Céline ni un Joyce. Bien sûr, le talent des appel à trois générations de conseillers... modernes est là, mais Il n'y a de grands gou peut-être sommesvernants qu'entourés nous incapables de de grands conseillers reconnaître le génie ! et l'intelligence d'un Cruel dilemme que vrai chef se reconnaît de juger au présent. à sa volonté perma L'avenir seul fait les nente de s'entourer grands livres. Pardon de gens compétents. de n'avoir pas été tou Charlemagne, qui était ché cette saison par un guerrier, savait une grâce particulière Jean Favier nous propose, pourtant écouter. » d'écriture. Si le roman avec Charlemagne, Cette biographie est le remarquable portrait est une forêt trop pro le beau coup d'éclat m d'un père fondateur. fonde, dont il faut apde l'année !
Le carnet de Jacques Chancel
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Le carnet de Jacques Chancel >
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Un rapport... non angélique Aux premières lignes de cette moisson d'automne, j'évoquais une « querelle de saison ». J'y reviens. Provoquée par le ma licieux Jean d'Ormesson, qui s'y connaît en désordres organisés, elle met en scè ne François Mitterrand dans un rôle qui lui convient et qui n'est pas sa meilleure participation à l'Histoire. L'objet du scan dale? Un roman de l'académicien, qui n'avait pourtant pas prétention à enga ger ce combat. Mais allez donc savoir ce qui se passe dans la tête d'un tel homme, habitué aux intimes confidences! Dans Le Rapport Gabriel, sa nouvelle quête, Jean d'Ormesson rapporte une conver sation qu'il eut avec le Président au dernier tour nant de sa vie. In terrogé sur les re proches que beau coup lui font, concernant son amitié avec Bous quet, Mitterrand aurait répondu, en pre nant volontairement tous les risques : « Vous constatez là l'influence puissante et nocive du lobby juif en France. » Adres sé à toute une communauté, l'affront va son chemin, et d'Ormesson, sans l'avoir voulu (?) en tire bénéfice. On s'arrache l'ouvrage dans les librairies. Il n'est pas de plus sûre promotion qu'un sujet de discorde. Tout ce qui fâche est étrangement vendeur. Et c'est d'autant plus remarquable - pour peu que l'on s'intéresse au marketing - que le roman est superbe et attachant. Comment, en ef fet, parler de soi (une fois de plus) sans en avoir l'air, ni sacrifier aux traditionnels Mé moires qui viendront bien assez tôt en li brairie? On peut faire confiance à Jean d'Ormesson pour trouver la forme qui conviendra au fond. Interrogeant les deux, sa marotte déjà vieille de quelques livres, il imagine aussitôt l'idée originale : une lassitude soudaine de Dieu devant sa Création. Une colère et même un vrai rasle-bol devant cette cohorte de rampants prétentieux, pleins d'ingratitude à son égard et qui mènent la planète à sa perte. Les hommes! En finir avec eux, oui, mais auparavant, et comme dans un dernier 60 Panorama Octobre 1999
sursaut de mansuétude, charger l'ar change Gabriel de Lui faire un rapport de leurs activités sur terre. Sur terre, en 1999 et en ce sursis béni, devinez qui musarde là, au détour de l'Acadé mie française ou de l'Unesco, prêt à tomber nez à nez avec l'envoyé spécial divin à qui il va devoir raJean d'Ormesson conter toute publie un nouveau roman « Le rapport son histoire ? Gabriel » (Gallimard), Jean d'Or dans lequel il met messon, bien en scène la lassitude sûr ! Qui en de Dieu devant sa Création... raconte beau coup pour les besoins de ce rapport à l'Eternel, mais évidemment en garde un peu, et c'est heureux, pour bien d'autres fois !
Une crise de la Russie
Après l'Indochine dont il avait su « lire » la beauté des paysages, les mystérieuses ambiances, voilà la Russie. Régis Wargnier met en scène l'un des épisodes les plus cruels de l'après-guerre, dans le sordide de l'Union soviétique. L'histoire qu'il nous conte est celle d'Alexeï, un Russe émigré à l'Ouest qui a eu la faiblesse de croire - comme des milliers d'autres - au pardon officiellement accordé par Stali ne en 1946. Accompagné de sa femme française (Sandrine Bonnaire) et de leur
fils, il retrouve son pays après des années d'exil, mais l'espérance sera de courte durée. Dès leur arrivée au port d'Odessa, la plupart de leurs compagnons de tra versée sont exécutés ou déportés dans les camps de travail. A la fois magnifique et atroce, ce film affirme une réalité qu'il traduit fidèlement : la honte de ce régime communiste, porté aux nues par une cer taine intelligentsia et décapité, beaucoup trop tard, par l'intelligence des hommes. Oleg Menchikov n'a pas accepté ce rôle pour des raisons politiques, mais pour la force du personnage qu'il incarne : « Dans le film, je n'ai qu'une seule hanti se : sauver la femme que j'aime, et cela malgré les obstacles. Je règle une dette, celle de compatriotes trompés par des barbares. » Régis Wargnier a eu raison de ressusciter à l'écran ce temps de l'hor reur. Toutes ces années où tant de vi vants, revenus à la mère patrie, ont subi les plus affreuses mutilations morales! Comment faire silence sur un système or ganisé sur la peur collective, sur pareil massacre de la personnalité! Il faut voir Est-Ouest. C'est du grand cinéma, ardent et juste, fait pour ceux qui aiment com prendre, utile pour ceux qui se refusent à croire. L'interprétation y est de la plus haute exigence : Oleg Menchikov a la beauté et l'exacte lucidité du texte, San drine Bonnaire tient là son plus beau rôle. Un film à l'image de la Russie d'au jourd'hui, toujours en crise, qui installe une réalité et un malaise. ■ J. C.
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T.k choix de Monimie Héhrard
Le christianisme au défi de l'interreligieux Geffré, après avoir réfléchi sur Le théologien l'incroyance,dominicain se passionneClaude aujour d'hui sur la question du devenir du christianisme à l'âge de l'indifférence religieuse dans un contexte plurireligieux. C'est le thème essentiel des 300 pages d'entretien avec Gwendoline Jarczyk, Profession Théologien, dont le sous-titre est Quelle pensée chrétien ne pour lexxie siècle ? (Albin Michel). L'interreligieux est non seulement incontournable, mais nécessaire puisque, aujourd'hui « l'humanité constitue une unique famille, elle a un destin planétaire commun ». Or, devant ces enjeux planétaires, souvent très lourds, il est indispensable que toutes les religions mettent leurs ressources en commun. Mais comment concilier la conviction que le Christ est le sauveur de toute l'humanité avec cette affirma tion que les chrétiens ont à recevoir quelque chose des autres spiritualités ? C'est possible, répond Claude Geffré, parce qu'il y a une « présence cachée du mystère du Christ », et que le Christ est plus universel que le christianisme lui-même. C'est toute l'humanité que le Christ, « inaugurateur de l'événement de la Nouvelle Alliance entre Dieu et les hommes », prend en charge dans l'his toire du salut. Et l'Esprit qui est au tra vail dans l'histoire des hommes est déjà l'Es prit du Christ ressuscii té. Le Pape n'a-t-il pas dit à la Curie, en 1986, au lendemain du ras semblement d'Assise, É que « toute prière au thentique procède l'Esprit»? Cette universali té du Christ, déjà chantée par Teilhard i de Chardin, parle »
beaucoup à nos Claude Colin- n contemporains. Mais qu'en est-il de ,_P Profession l'Eglise? Peut-on en 1 héologien core affirmer son universalité ? Oui, répond encore Claude Geffré, car elle est « sacrement de l'unité » de la fa mille humaine, et a la vocation de faire la « promotion d'une communion dans la diversité ». Mais, pour cela, il faut qu'elle se convertisse et qu'elle soit vraiment à l'écoute des questions et des aspirations nouvelles, et en dia logue. La tâche du théologien dans ce contexte devient très importante : « Opérer la synthèse entre le question nement de son époque... et la foi com me réponse. » Cela suppose aussi que l'Eglise ait une conception de la Vérité non pas dogme figé mais « dévoilement progressif d'une vérité eschatologique dont je ne perçois que l'anticipation par rapport à la plénitude qui est à venir ». Il est donc urgent d'abandonner ce qui nous reste de la théologie dogmatique, figée et immuable, héritée du concile de Trente, pour entrer dans une dialectique vivan te entre enseignement du magistère et Ecriture. Les perspectives de la théologie inter religieuse selon Geffré peuvent appor ter des changements considérables puisqu'il s'agit d'un travail de réinter prétation de « l'essence du message chrétien dans un véritable dialogue avec d'autres traditions religieuses ». Touffu, parfois difficile à lire, ce livre a le grand mérite d'offrir une réflexion neu ve et forte à une question incontour nable. Il est d'une grande actualité à l'heure où se prépare à Rome, pour la fin de ce mois, un grand colloque in terreligieux sur le thème « Comment collaborer face aux défis du me millé naire ? » «Mo »« CvwikAMjUvnfc
GUY GILBERT 18 000 J: exemplair* .*•.*- vendus.
QmUt mutée (hictinu fnxir U XXI' linh .'
Trente ans d'expérience pour arracher les jeunes à la violence et à la délinquance. Un livre d'espoir, un grand geste d'amour. À lire avec le cœur. 288 pages, 120 F
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SALVATOR Panorama Octobre 1999 61
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Notre sélection du mois SPIRITUALITE Réussir sa jeunesse J.-M. Bastière Coll. Le Sarment Fayard (275 p., 79 F.) ■+ S ce livre n'offre rien de neuf dans l'analyse, il peut être un guide pour des jeunes qui veulent réfléchir aux grands en jeux de la vie, notamment l'orien tation de l'avenir, la vocation, l'amour et le couple. Mes quatre saisons A. Sève Bayard EditionsCenturion (96 p., 35 F.) -> A un prix défiant toute con currence, une brassée de textes d'André Sève qui constituent autant de provocations à vivre à
fond, c'est-à-dire sous le regard de Dieu. A déguster au rythme des temps liturgiques. Lettres de fiançailles D. Bonhoeffer et M. von Wedemeyer Labor et Fides. (278 p., 160 F.) Un courrier surveillé, presque banal. Mais l'un des fiancés compte parmi les plus grands théologiens luthériens de ce siècle, emprisonné puis pendu à l'âge de 39 ans, en 1945. Le murmure et l'ouragan Bernard Bro Fayard (191 p., 95 F.) -* Certains dou tent de la perti nence du titre de docteur de l'Eglise attribué à Thé-
Livres de poche Prières pour les jours ordinaires Roland Nadaus Editions de l'atelier (107 p., 40 F.) -» Des prières pour les jours qui tissent, au fil des semaines, des mois, des années, la trame de notre vie, ces jours qui n'ont rien d'exceptionnel et dont on n'a rien à dire sinon qu'ils sont ordinaires... Ce.sont ces jours-là qui sont l'essentiel de notre vie et qui nous ouvrent, au plus profond de nous-mêmes, à l'émotion, à la grâce, à la conver sion... Ces prières, belles, sensibles et inspirées comme des poèmes, nous le rappellent et nous redonnent, en secret, le désir de renouer avec notre vérité. Le manuel des inquisiteurs Antonio Lobo Antunes 10/18 (528 p., 60 F.) -» Au Portugal, en pleine dictature, un homme toutpuissant, ministre au temps de Salazar et qui règne sans partage sur son domaine comme en son pays, bascule dans la folie lorsque le peuple prend brusquement le pouvoir et que la Révolution des Œillets renverse l'ordre établi, en 1974-75. Un roman à plusieurs voix : tour à tour, chacun des proches de cet homme corrompu évoque ses crimes, commis en toute impu nité... Une écriture flamboyante. Un des plus grands écrivains por tugais d'aujourd'hui. Frédérique de Lépervanche 62 Panorama Octobre 1999
rèse de Lisieux. Le père Bernard Bro voit, au contraire, dans les écrits et la vie de Thérèse, les pré misses de cette formidable évolu tion de l'Eglise qui, dès la fin du xixe siècle, prépare ce qui va éclore à Vatican II.
ESSAIS CROYANTS QO OCTSOT
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Ces croyants qui ont fait le siècle P. Pierrard et N. Pigasse Bayard/Editions Centurion
Dans la presse
la Croix «Multiplions les petites expériences de solidarité jusqu'à devenir un fleuve débordant. La force de la charité est très supérieure à la force del'égoïsme.» Dom Helder Camara (décédé le 28 août 1999)
(250 p. 125 F) -» Une encyclopédie vivante et peu conformiste sur la pensée et l'action chrétienne du siècle qui se termine. Chaque thème - journalisme, écrivains, hom mes politiques, syndicalistes, ac teurs de la charité et du combat pour la justice, pionniers du dia logue interreligieux, théologiens et évêques... - est illustré par des biographies.
vieux père, amoureuse de sa vigne, des choses de la terre et de sa maison. Au milieu de la mi sère la plus noire, Catherine ne voit que ce qui pousse, vit et fait preuve d'un optimisme à toute épreuve. Pourtant, ce sera la mort absurde et injuste. Mais la vie n'est jamais vaincue.
Trous de mémoire M. Chapsal Fayard (218 p., 98 F.) ■4 C'est sa mère, touchée par la ma ladie d'Alzheimer, qui met la ro mancière sur la piste d'une ré flexion sur la mémoire. Variations sur un thème, au fil des souvenirs, des sentiments, des images, qui conduisent dans les profondeurs de la psychologie.
L'odeur de l'altitude Sylvain Jouty , tmVmTà Fayard (298 p., 120 F.) -> Le Sertog, sommet imagi naire, le plus haut du monde, fait l'objet des récits entrecroisés de trois expéditions - au xvif3 siècle, en 1913 et aujourd'hui - aux prises avec cette inquiétante montagne sacrée. Un roman étrange, aux portes du mystère.
ROMANS Une fille JkhJ perdue M. Lachiver Fayard (253 p., 110 F.) -» A partir d'un fait historique - une jeune femme pendue en 1773 sur la place du marché de Meulan - l'auteur reconstruit l'his toire de Catherine, un fille pauvre, forte, sérieuse, attentive à son
Arte Mireille Félix Editions Gabri André (252 p., 90 F.) -» Cela se pas se au xme siècle. Marie est guérisseuse et passe son temps à soulager avec amour ceux qui l'entourent. Ce qui ne manque pas d'être sus pect en ces temps de chasse aux sorcières... Pourtant Marie
SAINT-DENIS
dernière demeure caimt ncMio ' \ d e s r o i s d e F r a n c e o A l N T- D c N I S
sa.*.,™** dernière si*** ..&%.. demeure des rois de France par Claude Sauvageot et Serge Santos
».
J E d(112 i t i o np., s 90 Z oF). diaque
Le feuilletage de ce livre procure une véritable émotion. Figés à jamais dans la pierre et le marbre, les visages et les corps gisants des rois de France viennent nous parler mystérieusement de la mort. Jamais macabres, les photos de Claude Sauvageot révèlent au contraire l'extrême beauté humaine et ouvrent à la contemplation. est une fille saine, aussi attentive à la terre qu'à l'esprit, et dont l'amour se purifie. Ce roman, à l'écriture d'une grande délicates se et poésie, a obtenu le Prix comtois du livre.
w^ Une roue dans chaque main
J'ai retrouvé m o n fi l s ! A. Rocci
Pygmalion (180 p., 89 F.) •* Cinquantedeux ans après l'avoir cru mort, enseveli dans les ruines de Dres de, Andrée Rocci retrouve son fils. Ce choc l'incite à revisiter un pas sé qu'elle avait caché à tous. Le point fort de ce récit d'une tranche de vie durant la guerre tient dans révocation des bombardements apocalyptiques d'une ville riche en œuvres d'art. Racontemoi le ciel Christiane Thiébault RDF Editions Distribution CLC (214 p., 99 F.) .'enfance de Christiane fut souvent douloureuse. Comme il arrive à beaucoup de nos contemporains saisis par une soif spirituelle, elle manque se laisser embarquer dans l'occul tisme avant de faire l'expérien ce de Dieu dans une église évangélique. Plusieurs années après, en écho à cette soif de Dieu et afin de té moigner de sa puissance, elle décide d'apporter son témoigna ge. Le lecteur pourra être gêné
Stéphane Bardy Sur commande (accompagnée d'un chèque de 115 F à l'ordre de Stéphane Bardy, Burgale, 81600 Gaillac). -> A 5 ans, les symptômes de la myopathie apparaissent chez Stéphane, et un médecin prédit qu'il ne dépassera pas l'âge de 20 ans. Il en a 23 et a écrit ce livre étonnant pour témoigner que « l'on peut vivre heureux avec un handicap» et de sa cer titude que «la vie est un trésor ».
Le culte des dupes D. Muller
moigne d'un foi profonde et joyeuse et on le sent extraordinairement présent à la vie du monde et de l'Eglise. A l'instar de Thérèse de Lisieux, il vit aux dimensions de l'universel sans
(285 p., 47 F.) -▶Nous sommes au temps de la
bouger... Des pages éton nantes, suivies de témoignages d'autres jeunes handicapés et de superbes prières de Stéphane. Chemins d'exil Florence LacourBourgoin Propos recueillis par Marie-Christine Ray Desclée de Brouwer (126 p., 58 F.) -> Animé d'un idéal humanitai re, un jeune couple s'expatrie: Algérie, Etats-Unis, Kosovo... Joie de la découverte de la dif férence et du partage, mais aussi des faiblesses intimes que laissent chez les adultes et les enfants ces déracinements. L'auteur, psychothérapeute, pousse l'analyse: quand les re pères extérieurs changent, il faut se construire intérieure ment. Ne serions-nous pas tous appelés à quitter nos sé curités pour d'autres terres?
SILOE HBRAÎRtES
Croire Bernard Sesbouë Droguet & Ardant
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Dieu expliqué à mes petits-enfants Jacques Duquesne Seuil Padre Pio Luigi Peroni Saint-Augustin Accueillir notre humanité Jean Vanier
Etty Hillesum Sylvie Germain Pygmalion La Protestante et le catholique Frédérique Hébrard et Louis Velle
Presses de la Renaissance
Desclée de Brouwer
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Une vie bouleversée Etty Hillesum Seuil Point Le Souffle du don Frère Christophe Bayard Editions Centurion
POLARS
phane a poursuivi sa scolarité, voyagé, participé au téléthon, fait partie d'une équipe du Mej, s'est rendu à Taizé et aux JMJ. Il té
par la sensibilité (américaine pro testante) de cette expérience spi rituelle, néanmoins très authen tique.
TEMOIGNAGES J'AI RETROUVÉ MON FILS !
Dans son fauteuil roulant, Sté
Genèse Alain Marchadour Bayard Editions Centurion
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\ La Nouvelle Donne pastorale Henri-Jérôme Gagey Editions de l'Atelier
Dix livres à ne pas manquer, sélectionnés par les libraires Siloë.
10/18
Régence et il se passe de drôles de choses dans les caves du couvent des Ursulines, faubourg Saint-Jacques... Les religieuses ne savent rien des séances macabres qui se dérou lent sous leurs pieds. Heureuse ment, Florent Bonnevy, un méde cin baptisé Sauve-du-mal, est vraiment très malin. Les éditions 10/18 nous ont encore trouvé un fameux détective dont on espère suivre longtemps les pétillantes aventures ! Apocalypse sur commande Ken Follet Robert Laffont (420 p, 139 F) -> Décidément, le d thème de l'apo calypse inspire actuellement les auteurs de roman. Les «soldats du Paradis» sont-ils de doux rê veurs écolos ou de dangeureux terroristes capables de déclen cher des tremblements de terre? Terrible suspense...
ENFANTS * ft & "k
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Un papa,
quelle aventure! Roser Capdevila et Marie-
Agnès Gaudrat Bayard Editions/Pomme d'Api (40 p, 49 F.) ■* Il y a des papas costauds et des papas rigolos. Avec son pa pa, on peut s'entraîner à la ba garre ou jouer à se faire peur. Parfois, on ne le voit pas assez. Un livre plein d'amour et d'hu mour. Pour les 3-7 ans.
Sélection de Bruno Chenu, Monique Hébrard, Frédérique de Lépervanche, Anne Ponce, et Bertrand Révillion Panorama Octobre 1999 63
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Rosetta de Luc et Jean-Pierre Dardenne
se débat avec rage, elle se bat, Dès les ellepremières crie pour qu'on images, ne laRosetta renvoie pas. Elle veut travailler! Elle a seize ans. Elle vit avec une mère alcoolique, dans une caravane, à la périphérie d'une ville. On ne saura rien de son passé. Seul compte le présent. Elle s'acharne à vivre, à survivre. Elle veut un travail ; elle veut être comme tout le monde. Elle veut exister, alors elle se bat comme un vrai guerrier sur le sentier de la guerre. Sa vie est une lutte, un combat de tous les instants. Elle est butée, fermée, seu le. Son copain Riquet tente de l'aider mais elle ne peut même pas concevoir
que cela puisse être. Enfermée dans sa rage, elle est prête à tout pour survivre. Oui, vraiment prête à tout ! La caméra la suit de près, la devance, la poursuit; un vrai travail exigeant, jus qu'à l'épure ; dépouillé de tout artifice. Spectateurs, nous sommes comme for cés d'entrer dans la course. Il faut attendre la fin du film pour qu'enfin quelqu'un permette à Rosetta de s'arrêter, de s'ouvrir, de découvrir que l'autre n'est pas forcément l'enne mi à abattre... qu'il peut être là pour l'aider, que la vie est un don ! Qu'elle
peut baisser les armes ! Cette fin est aus si sobre et dépouillée que l'ensemble du film. Quelle grandeur ! Ce film est dur... On en ressort abasourdi, essouf flé, touché profondément. Rosetta est une véritable œuvre, elle vient rejoindre de grandes figures qui l'ont précédée telle Mouchette. On se réjouit que le jury de Cannes ait su lui attribuer la Palme d'or et le prix de la meilleure interprétation féminine. Un film qui ouvre un espace de parole, de réflexion, de méditation. A ne pas rater !
Disques 17 OCTOBRE 1999
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Les enfants veulent un monde juste pour tous. Avec eux, refusons la misère. 1999 marque le 10e anniversaire de la Convention des Droits de l'Enfant Encore trop d'enfants vivent dans des conditions qui les empêchent de grandir heureux en famille et avec des amis. Pourtant, les enfants refusent spontanément l'injustice. Ensemble, ils peuvent contribuer à bâtir un monde plus juste pour tous... si nous les soutenons dans leur désir de ne laisser personne de côté. Le 17 octobre 1999, engageons-nous* pour construire pour tous les enfants et avec eux, un avenir sans misère.
* Je souhaite recevoir des informations sur la façon dont je pourrais m'engager civiquement pour rendre effectif l'accès de tous aux droits fondamentaux (travail, écoles, vie de quartier, organisations syndicales, politiques, culturelles, religieuses...). I A cet effet, j'envoie ce coupon avec une enveloppe timbrée (tarif normal] a : i ATD Quart Monde France 95450 Pierrelaye. Nom : .. • Prénom : I Adresse :
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Antonio Lottî : Requiem, Credo, Miserere
Chœur et ensemble Baithasar-Neumann, dir. T. Hengelbrock. -> Contemporain de Vivaldi, Antonio Lotti connut le sort de nombreux maîtres de chapelle de l'époque baroque : adulés de leur vivant, oubliés après leur mort. Il est pourtant le compositeur de l'une des plus émouvantes pages de mu sique religieuse, le Crucifixus, extrait du Credo, enregistré ici pour la première fois dans son intégralité. Les audaces har moniques y sont puissamment exprimées. Le génie musical est ainsi à l'œuvre, dans cette émouvante oscillation de sen timents contrastés. Superbe!
Terra Adriatica Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge. Dialogos, dir. Katarina Livljanic. -» Et si les terres balkaniques nous offraient pour une fois un pur moment de bonheur? Grâce à ce disque, voici enre gistrés pour la première fois des chants de procession de la Semaine Sainte, tels qu'ils résonnèrent sur les deux rives de l'Adriatique. Grâce aux voix de femmes de Dialogos, les courbures mélodiques ga gnent en authenticité, à l'ima ge de la Litanije Lauretanske chantée dans la région de Split. Une prière enchantée que les siècles et les conflits n'ont point altérée. Sylvain Gasser
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STUDIO SM LA TRADITION DU SACRÉ ET DE LA MUSIQUE ANCIENNE
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