AUTOMNE2O19
Accompagner l’économie luxembourgeoise dans sa transformation digitale
LE GRAND ENTRETIEN
La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de penser, à des idées différentes Nathalie Knops
Banque Internationale à Luxembourg (BIL)
P.6
GRAND DOSSIER I PLACE AUX FEMMES ! CLOUD
IA
DIGITAL RH
DIGITAL NATION
Garantir la souveraineté en Europe
L'enjeu de la formation
Adapter nos méthodes de recrutement
Penser et vivre l'hôtel autrement
EBRC P.38
DEVOTEAM & MICROSOFT P.46
PROXIMUS LUXEMBOURG P.5O
TRAVELSIFY P.54
ConnectedOffice Essentials
Assistance
24/7
L’essentiel pour communiquer de façon professionnelle avec vos clients et développer votre activité !
NEW
!
Disponible dans nos shops Telecom
ITNATION | AUTOMNE 2O19
EDITO
EDITO LA FEMME, L’AVENIR NUMÉRIQUE DE L’HOMME PAR EMILIE MOUNIER
Longtemps, les métiers de l’ICT étaient une affaire d’hommes. Cependant, la révolution numérique que nous traversons doit aujourd’hui s’appuyer sur de nouvelles compétences. Dans ce nouvel environnement, les femmes ont (ou du moins devraient avoir) d’avantage la possibilité de s’exprimer. L’on constate toutefois avec regret qu’elles sont encore peu nombreuses à s’orienter vers les nouveaux métiers du numérique. Pourquoi avec regret ? Parce que, justement, ces nouveaux métiers leur offrent de belles perspectives de carrière et d’épanouissement professionnel. Les organisations cherchant à innover et à se transformer cherchent actuellement désespérément des talents, principalement des compétences techniques, dans les domaines de l’exploitation de la donnée, de la cybersécurité, du développement applicatif… Face à cette pénurie, il n’est définitivement plus question de genre mais uniquement de compétences. D’autre part, la révolution numérique ne peut s’opérer pleinement que si elle s’appuie sur suffisamment de diversité. Il est essentiel que toutes les sensibilités puissent s’exprimer dans sa mise en œuvre. Les femmes doivent pouvoir y prendre part et contribuer, avec les hommes, à façonner le monde de demain. Pour toutes ces raisons, nous sommes intimement convaincu(e)s que les femmes ont une place plus importante à prendre au sein de cette économie numérique qu’auparavant. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu donner des accents féminins à ce magazine. Depuis la création d’ITnation, c’est la première fois que notre couverture consacre une femme. Nathalie Knops, Head of Business Transformation au sein de la BIL, témoigne à travers le Grand Entretien que l’on peut s’affirmer en tant que femme au cœur d’un environnement a priori masculin. Et que cela n’implique pas forcément de grands efforts, mais avant tout une réelle curiosité, une volonté d’apprendre personnellement et avec les autres, pour se forger sa propre opinion et avancer. Nous espérons que son parcours ainsi que celui des autres actrices du numérique mises à l’honneur dans ce magazine seront de nature à inspirer d’autres femmes. Car on ne force pas la diversité. Elle ne se forge pas en instaurant des quotas, mais en encourageant chacun et chacune à plus d’ouverture et de curiosité, à dépasser ses craintes et les idées reçues, à casser les stéréotypes. Dans cet environnement numérique, les femmes ont chacune la possibilité de prendre leurs responsabilités, d’entreprendre, de partager des idées. Bref, de faire entendre leur voix.
3
ITNATION | AUTOMNE 2O19
est un magazine MAKANA 5, rue Belle-Vue L-7350 Lorentzweiler Grand-Duché de Luxembourg info@itnation.lu
Sommaire automne 2O19
IBAN I LU55 0141 0422 4000 0000 BIC I CELLLULL TVA I LU 30157240 RC Luxembourg B 95210
Publication
ÉMILIE MOUNIER
Owner emilie.mounier@ITnation.lu T. +352 691 99 11 56
CYRIELLE PINALIE Account Manager cyrielle.pinalie@ITnation.lu T. +352 671 26 10 26
Concept éditorial TALK2U
www.talk2u.lu +352 26 30 52 27
Rédaction
SÉBASTIEN LAMBOTTE JEANNE RENAULD QUENTIN DEUXANT
Mise en page KAMOO STUDIO
arnaud@kamoostudio.com www.kamoostudio.com +352 691 461 806
Photographie COVER & Grand entretien par :
GAËL LESURE www.gaellesure.fr Pages intérieures :
VINCENT REMY www.vincentremyphoto.com
OLIVIER DESSY www.olivimages.com
4
LE GRAND ENTRETIEN « LA DIVERSITÉ OBLIGE À S’OUVRIR À D’AUTRES MANIÈRES DE PENSER, À DES IDÉES DIFFÉRENTES. »
SOMMAIRE
ITNATION | AUTOMNE 2O19
GRAND ENTRETIEN
EXPERTISES I CLOUD
6-13
La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de
Le cloud d'econocom PSF certifié ISO 27001
penser, à des idées différentes
36-37 38-41
souveraineté numérique
42-43
Le cloud public, vecteur d'accélération de la
SUJET D'ACTU
Un cloud européen pour garantir notre
transformation
14-15 16-17
Actualités en bref Le facteur humain, clé de la success story NSI
Luxembourg
18-19
POST unit ses forces dans le domaine de la
cybersécurité
2O-21
Une conception structurée pour des solutions
pertinentes
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
EXPERTISES I IA 44-45 46-47 48-49
Construire l'entreprise intelligente Se former à l'IA : un enjeu crucial dès aujourd'hui Apprendre et grandir avec les robots
DIGITAL RH 5O-51
L'IA ou l'IOT nous oblige à adapter nos méthodes
24-27
WIDE : inviter les femmes à évoluer dans les métiers
de recrutement
du numérique
Ils nous disent pourquoi ils ont choisi leur jobs !
28-29 3O-31 32-34
52-53
Infographie : les femmes dans le digital Portrait : Nathalie Plompen IT-néraire diversifié
DIGITAL NATION
L'IA pour mieux protéger nos identités
54-57
Révéler l'ADN des hôtels pour une expérience
utilisateur garantie
58
Moving heads
MAISON D'EDITION I Autorisation d’établissement N°102739 © Toute reproduction, même partielle, est soumise à l’approbation écrite préalable de l’éditeur. Tous droits réservés. ITnation est membre de Luxorr – Luxembourg Organization For Reproduction Rights – info@luxorr.lu
5
GRANDENTRETIEN
GRAND
ENTRETIEN
NATHALIE KNOPS Nathalie Knops est l’un des vecteurs essentiels de la transformation digitale de la BIL. En charge de la transformation de l’ensemble des métiers de la banque, son rôle implique évidemment une dimension digitale forte. Si elle n’est pas une exception, elle fait partie des trop rares femmes à exercer des responsabilités dans la mise en œuvre de projets technologiques clés pour le développement de l’organisation qui l’emploie. C’est le hasard, dit-elle, qui l’a menée là où elle est aujourd’hui. Toutefois, il n’y a pas vraiment de hasard quand on est, comme elle, curieuse, ouverte à la nouveauté et désireuse de travailler en équipe pour mener des projets à bien.
La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de penser, à des idées différentes. 6
GRANDENTRETIEN
7
GRANDENTRETIEN
8
ITNATION | AUTOMNE 2O19
ITNATION | AUTOMNE 2O19
GRANDENTRETIEN
QUAND ON INNOVE, C’EST AU PROFIT DU CLIENT ET DES EMPLOYÉS Madame Knops, pouvez-vous nous décrire les contours de votre mission en tant que Head of Business Transformation ?
spécialistes de la gestion du changement. Et ces équipes se sont finalement rapprochées physique-
concrètement, pense-t-on et met-on en œuvre le changement ?
ment de l’équipe IT, des développeurs ou encore des testeurs, dans une logique de développement
On a un plan de transformation avec un horizon
La mission qui a été confiée à l’équipe que je di-
agile. Ensemble, nous mettons en œuvre de nou-
situé à 2025. Celui-ci a été défini avec le comi-
rige est de mettre en œuvre le plan de transfor-
velles solutions, à l’image de la fonctionnalité
té exécutif et l’actionnaire. Avec Laurent, nous
mation de la banque. Ce plan, arrêté au niveau
d’on-boarding mobile que nous avons lancée en
avons participé à pas mal de discussions autour
du comité exécutif, intègre de nombreux aspects
avril 2018. Nous sommes d’ailleurs fiers d’être les
de ce plan. Pour définir une vision, il faut en ef-
liés à la rénovation de la banque. Il y a des projets
premiers à proposer une telle solution sur le marché
fet pouvoir amener une dose de stratégie métier
digitaux, d’autres ont trait à l’évolution du CRM,
luxembourgeois. Nous sommes donc là pour trans-
mais aussi développer une approche plus tech-
certains visent une meilleure valorisation des
former activement la banque dans son ensemble.
nique. C’est désormais devenu impossible de
données. Il ne faut pas oublier l’important projet
Nous faisons évoluer ses différents métiers, du
dissocier les deux. Une part de notre mission
de remplacement de notre core banking system.
wealth management au corporate banking en pas-
consiste à conscientiser le comité exécutif et l’ac-
Cette mission implique de développer des col-
sant par le retail ou encore l’institutional banking.
tionnaire sur ce qu’il y a lieu de faire pour nous
laborations fortes entre mon équipe, qui émane
Mais nous contribuons aussi à l’évolution des autres
amener à un échelon supérieur, nous maintenir
principalement des métiers, et les équipes IT. Cela
départements, qui supportent la bonne marche des
et nous permettre de grandir sur notre marché et
s’est traduit par un chantier de transformation en
activités et contribuent par ailleurs au Plan.
au-delà. Le plan doit nous servir de guide. À nous
mode agile au niveau de certaines équipes appelées à mettre en œuvre ce plan. Nous en avons aussi profité pour intégrer une série de nouvelles
de le prendre et d’envisager la meilleure manière
Combien de personnes votre équipe comptet-elle ?
de le mettre en œuvre, à le détailler jusqu’à la dé-
L’équipe dont j’ai la responsabilité n’est pas très
Comment sont définies les priorités dans la mise en œuvre de ce plan stratégique ?
finition d’un product backlog.
pratiques comme le design thinking.
Peut-on dire que vous êtes l’interface entre les équipes IT et celles des différents métiers de la banque ? C’est plus que cela. Au départ, mon équipe est com-
grande. Nous sommes 25. Par contre, avec l’équipe de Laurent Kaiser, mon alter ego IT, avec qui nous cogérons le plan de transformation, ainsi qu’avec
Comme on travaille en mode agile sur la plupart
les équipes de nos partenaires externes, cela repré-
de nos projets, des discussions régulières ont lieu
sente une force de frappe d’environ 150 personnes.
sur les prochaines étapes de notre développe-
posée de product owners. Elle a progressivement intégré des compétences en data science. Un Lab UX a aussi été mis en place. On y trouve encore des
ment. Il y a une vision stratégique dont la mise
Quels sont les principaux vecteurs de la transformation de la banque ? Comment,
en œuvre se traduit à travers un portefeuille de projets. Et celui-ci est régulièrement réévalué.
9
GRANDENTRETIEN À intervalles réguliers, dans la mesure où nous livrons de nouveaux développements tous les
ITNATION | AUTOMNE 2O19
Vous parlez là du projet de transformation du core banking system ?
trois mois, nous fixons les nouveaux chantiers à
de tirer plus de valeur de l’ensemble des données que l’on peut collecter. Il permet la mise en œuvre de grands programmes de trans-
venir. On évalue les priorités. On regarde si les
Notamment. C’est un challenge nécessaire,
formation. Le digital, c’est un facilitateur pour
projets envisagés ont encore du sens, s’il n’y
qui doit nous permettre de mieux appréhender
mettre en place toute une série de nouvelles
a pas d’autres défis à relever. Mon rôle est de
l’avenir. Au-delà, il faut digitaliser beaucoup
solutions et d’innovations au service du déve-
communiquer cette vision stratégique avec les
d’aspects de la banque et de son fonction-
loppement de la banque.
équipes afin d’envisager la meilleure manière de
nement, qui sont susceptibles de toucher nos
la mettre en œuvre à travers un plan tactique.
clients et nos collaborateurs, notre manière d’interagir avec les uns et les autres. Cela im-
Comment faites-vous pour que différents départements parviennent à mieux collaborer ?
Concrètement, sur quels projets travaillezvous ?
plique de se poser de bonnes questions. Tout en digitalisant, il faut tenir compte de notre
La solution d’on-boarding mobile, que nous
clientèle existante dans sa diversité, nous
avons livrée il y a un an, est un projet dont nous
Cette vision de la banque de demain est lar-
demander comment le changement peut l’af-
sommes très fiers. Sur la partie CRM, pour soute-
gement partagée à travers l’ensemble des
fecter. Le respect de nos clients est essentiel.
nir les collaborateurs dans le service client, beau-
équipes. Elle sert de base pour établir l’en-
Notre priorité est de continuer à tous les servir
coup d’efforts sont consacrés à l’amélioration du
semble de nos objectifs, au niveau des métiers
correctement.
poste de travail en agence. Suite au lancement de
de la banque, du digital, de la communication, de la compliance ou encore du marketing. C’est elle qui rassemble les divers départements. Entre la vision stratégique portée au
la rénovation de notre Core Banking, nous avons
On a évoqué les facteurs internes. Quels sont les facteurs externes qui poussent la BIL à se transformer ?
plus au niveau, les équipes intermédiaires où
aussi mis en œuvre, avec notamment l’impulsion du Chief Data Officer, un grand programme Data. Celui-ci touche à la fois à la création de nouveaux data warehouses devant permettre aux différents
je me trouve et puis les équipes sur le terrain, il
Il y a l’évolution de l’environnement écono-
métiers d’accéder aux données dont ils ont besoin.
y a constamment des échanges dans les deux
mique, complexe et compétitif… L’environ-
La volonté est de donner du pouvoir à l’ensemble
sens. Nous nous assurons de la bonne diffu-
nement de taux bas, la nouvelle concurrence
des métiers de la banque en matière d’exploitation
sion des informations qui émanent du comité
qui s’installe, avec les Fintechs et les GAFA,
de la donnée, selon un mode self-service. On tra-
de direction, mais nous faisons aussi remon-
nous obligent à bouger. Ce qui est réjouis-
vaille aussi sur divers parcours et sur des projets
ter des données essentielles exprimées par
sant, c’est que l’environnement technolo-
qui doivent nous permettre de mieux intégrer la
les équipes. De cette manière, il est possible
gique évolue aussi dans le bon sens. Cela
réglementation au cœur de nos processus.
de sensibiliser le comité exécutif sur l’un ou
nous permet de faire des choses que nous
l’autre aspect. Ce qui peut, par exemple, ame-
n’aurions tout simplement pas pu envisager
ner à revoir certaines priorités.
en capitalisant sur nos propres équipes, nos
Si l’on reste sur la régulation, comment avezvous appréhendé PSD2 ?
développeurs, voici quelques années. Enfin,
Quels sont les principaux moteurs de la transformation des métiers de la banque ?
parmi les facteurs externes, il y a aussi la ré-
Avec PSD2, on parle d’une nouvelle réglementa-
glementation, qui nous amène à développer
tion que j’aime bien dans la mesure où elle permet
de nouveaux projets.
de développer des expériences nouvelles pour les
On peut évoquer des facteurs internes et des facteurs externes. Du côté des facteurs internes, il y a cet environnement de travail qui
clients et les collaborateurs. J’ai dit à mes équipes
En quoi le digital est-il un levier essentiel de cette transformation ?
évolue, nos collaborateurs apportent leurs
que, désormais, nous allions devoir commencer à penser à la manière d’Amazon et de Jeff Bezos. Quand on fait quelque chose, il faut penser à sa
idées d’améliorations et en plus de nouvelles
Le digital permet d’accéder à de nouvelles so-
potentielle utilisation dans un autre contexte, au
personnes nous rejoignent et sont porteuses
lutions et d’accélérer la mise en œuvre de ces
moyen d’API (interface de programmation d’appli-
de nouvelles idées, désireuses de prendre
solutions. Cela nous offre la possibilité de servir
cation). PSD2, c’est vraiment une opportunité de
part à de nouvelles initiatives. L’autre élément
différemment nos clients et de simplifier le tra-
penser la banque autrement, de s’ouvrir, d’envisa-
interne majeur, c’est évidemment le legacy
vail de nos collaborateurs. Si on peut alléger des
ger la gestion de la donnée d’une nouvelle manière.
d’une banque qui supporte toutes nos activités
processus, les simplifier, les rendre paperless,
Le projet remet la donnée client au cœur des enjeux
et qu’il faut pouvoir faire évoluer.
c’est une bonne chose. Le digital nous permet
métiers. Dans ce contexte, j’ai aussi vraiment envie
10
ITNATION | AUTOMNE 2O19
GRANDENTRETIEN
de développer quelques beaux partenariats qui permettraient à nos clients d’être sur notre plateforme et de bénéficier de certains services innovants.
Par exemple ? On peut imaginer un acteur e-commerce qui cherche une banque pour faire du paiement échelonné ou octroyer des crédits à ses utilisateurs en s’appuyant sur la BIL, par exemple. On collabore pas mal avec les assureurs aussi. Il y a des approches win-win à développer, car je sais que ces acteurs vont pouvoir approcher certains clients que la banque, seule, aura du mal à rencontrer.
Comment PSD2 et plus largement l’Open Banking sont-ils susceptibles d’affecter la position de la banque et la relation qu’elle entretient avec ses clients ? Pour l’instant la réglementation ne concerne que les comptes courants. Mais il y a une opportunité à s’ouvrir au-delà. L’idée est de remettre la donnée dans les mains des clients. PSD2, c’est ça. Si, en tant qu’utilisateur, je veux qu’un TPP (Third Party Provider) puisse initier un paiement sur mon compte, je dois pouvoir lui donner cette autorisation et la banque doit s’y plier. Par ailleurs, il y a des acteurs Fintech qui souhaitent qu’on leur propose des API pour accéder à des données qui les intéressent au-delà de la réglementation. PSD2 ou pas, la mise en place d’une plateforme d’Open Banking est un investissement qu’on devait faire.
Pourquoi avoir créé votre propre plateforme ? Le pourquoi est dans tout ce qu’on vient de dire. Nous avions besoin de mettre en place cette plateforme pour pouvoir offrir directement des services open banking. Une plateforme comme LUXHUB a aidé de nombreuses banques à se mettre en conformité, en se connectant à la plateforme. Et c’est une très bonne initiative. Nous avons pour notre part privilégié le développement de notre
Nous sommes donc là pour transformer activement la banque dans son ensemble, faire évoluer ses différents métiers, du wealth management au corporate banking en passant par le retail ou encore l’institutional banking.
propre plateforme, pour pouvoir répondre directement aux demandes de certains clients dans une logique d’open banking, sans être liés à LUXHUB.
11
GRANDENTRETIEN
ITNATION | AUTOMNE 2O19
Les femmes exerçant des responsabilités dans le domaine du digital sont encore trop rares au Luxembourg. Quel a été votre parcours ? Je n’ai pas suivi de formation dans le domaine du digital ou de l’IT. J’ai fait des études en sciences politiques avant d’effectuer un post-master en Management International. Au début de ma carrière, je me suis rapidement rendu compte que si on voulait faire bouger la société, la politique c’était bien, mais les banquiers c’était pas mal aussi. La banque, en effet, joue un grand rôle dans l’évolution économique d’un pays. J’ai donc rejoint une institution bancaire. Après avoir effectué un parcours dans les divers départements, j’ai occupé une fonction commerciale. J’ai été directrice d’agence en région. J’ai notamment mené à bien la fusion de deux agences. Puis j’ai eu envie de sortir de ma zone de confort et j’ai voulu travailler à l’international. C’est alors que je me suis retrouvée, par hasard, impliquée dans un projet au niveau du CRM à l’échelle du groupe.
Est-ce à ce moment que vous avez commencé à aborder des enjeux digitaux ? Oui. Je me suis en effet retrouvée face à des techniciens qui me parlaient et je n’y comprenais pas grand-chose à l’époque. Il a fallu que je m’investisse davantage, pour apprendre ce qu’était une architecture IT et tout ce qu’une refonte impliquait. C’est grâce à l’équipe qui m’a entourée, ces spécialistes qui m’ont accueilli
DANS NOS MÉTIERS, C’EST IMPORTANT D’AVOIR UNE CERTAINE HUMILITÉ, D’AVOIR CONSCIENCE DE CE QUE L’ON SAIT ET DE CE QUE L’ON NE SAIT PAS. ET DE NE PAS AVOIR PEUR DE DEMANDER UNE EXPLICATION SUR QUELQUE CHOSE QUE L’ON NE COMPREND PAS.
comme j’étais et qui ont partagé leurs connaissances avec moi que j’ai pu m’épanouir et grandir dans cet environnement… Je me suis formée avec eux et cela a fini par me passionner. Après avoir mené plusieurs projets d’intégration, mon employeur m’a proposé de venir à Paris, dans une équipe nommée Retail Development & Innovation. Là, c’était chouette parce que je combinais l’international et l’innovation. Après 5 ans à Paris, à mener des initiatives en lien avec les possibilités numériques avec les différentes entités du groupe, j’ai reçu un coup de fil d’Olivier Debehogne (Membre du comité de direction de
12
GRANDENTRETIEN
ITNATION | AUTOMNE 2O19
la BIL, Head of Retail, Private Banking Lux. and Digital, NDLR) pour rejoindre la BIL.
Est-ce difficile d’évoluer en tant que femme dans un univers essentiellement masculin ?
aujourd’hui pour mener à bien vos projets de transformation ? Quels sont vos besoins en recrutement ?
ment se faire désintermédier dans certains domaines. Reste à voir lesquels et à quelle hauteur. Par exemple, on voit que sur le paiement ou sur le Forex, une désintermédiation s’opère déjà. Je vois plus la banque
On a déjà beaucoup recruté, notamment en
de demain comme une plateforme. Soit cette plate-
créant le pôle UX et l’équipe data science. Beau-
forme parviendra à maintenir une bonne base de
Il y a 20 ans, au moment où j’étais directrice
coup de jeunes développeurs nous ont aussi re-
clients, parce qu’elle sera parvenue à offrir une ex-
d’agence, je peux vous dire que les femmes qui
joints parce que nous avons choisi de recourir à
périence à la hauteur des attentes en développant de
occupaient de telles fonctions étaient aussi très
un langage un peu plus moderne, le React Native,
nouveaux partenariats. Soit il s’agira d’une plateforme
rares. Je crois que l’important, peu importe le
qui est créé et utilisé par Facebook. Nous avons
qui permettra de servir d’autres acteurs, dans une lo-
milieu dans lequel on évolue, c’est de rester
aussi élargi notre équipe de Product Owner et
gique B2B. Je pense que la banque pourrait évoluer
soi-même, de savoir ce que l’on veut, de ne pas
Scrum Master. Mais nous n’avons pas fait que du
vers davantage de spécialisation, en développant
être facilement influençable. Personnellement,
recrutement extérieur. Nous avons aussi cherché
de nouvelles expertises. Nous allons probablement
j’ai toujours besoin de développer mes propres
des gens en interne. Certaines personnes venues
devoir former nos collaborateurs dans ce sens, dé-
convictions, de travailler avec mes équipes pour
d’autres départements, et notamment des gens
velopper de nouvelles compétences pour répondre
définir un plan et une stratégie. L’idée, en tant
qui évoluaient en agence, sont devenues d’ex-
à de nouvelles attentes.
que responsable, n’est pas d’imposer une vision.
cellents product owners. Aujourd’hui, on recrute
C’est très important d’avoir une certaine humili-
d’ailleurs plus des personnalités que des CV.
té, d’avoir conscience de ce que l’on sait et de ce que l’on ne sait pas. Et de ne pas avoir peur de demander une explication sur quelque chose que l’on ne comprend pas. Les équipes IT sont sou-
La force d’une équipe tient-elle plus aux personnalités qui la composent qu’à l’expertise qu’elle peut faire valoir ?
vent contentes d’avoir en face d’elles une per-
On parle de plus en plus de digitalisation responsable ou éthique, notamment vis-à-vis de la mise en œuvre de l’intelligence artificielle ? Quelles sont les lignes directrices fixées au niveau de la BIL en la matière ? Y a-t-il des garde-fous, une gouvernance particulière mise en œuvre ?
sonne avec un profil métier qui s’intéresse à leur
Moi qui lis énormément, qui ai évolué dans plu-
domaine. Une entreprise ne peut pas survivre
sieurs banques, je n’ai pas de réponse à toutes les
aujourd’hui si ses leaders ne se préoccupent pas
questions. Je suis dans le doute constamment.
C’est une question intéressante. On a d’ailleurs un
de la technologie. La technologie est partout.
Mais c’est ce qui me permet de construire des avis,
peu réfléchi avec les équipes autour de l’intelligence
Elle supporte toutes les fonctions ainsi que l’en-
de forger des opinions. On apprend à travers les
artificielle et on a en effet constaté que certains cas
semble des développements de la banque.
échanges que l’on peut avoir au sein des équipes
d’usage pouvaient entrainer des biais. C’est notam-
ou encore avec les clients. C’est principalement
ment le cas au niveau des RH et du recrutement. Je
cela qui nous fait avancer. Bien sûr, on peut avoir
dirais qu’on a des garde-fous classiques, que toutes
besoin d’experts techniques sur certains sujets.
les banques doivent avoir. Dès qu’on lance une ini-
Souhaiteriez-vous voir plus de femmes dans vos équipes ?
Mais il faut que ces experts puissent nous parler.
tiative aujourd’hui, la compliance, la sécurité… se re-
C’est la diversité qui compte. Il faut plus de
Sinon, on ne va pas y arriver. Un développeur qui
trouvent autour de la table. Ces acteurs vont poser
femmes, mais aussi plus de nationalités, plus de
ne sait pas nous expliquer à quoi sert le projet sur
des questions, nous faire réfléchir sur l’opportunité
cultures diverses. Je n’ai pas ce sentiment qu’on
lequel il travaille, on ne va pas le recruter.
d’un développement particulier. On s’interroge sur
a des prérogatives particulières parce qu’on est d’un certain sexe. La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de penser, à des idées différentes. Les gens qui pensent différemment nous challengent et nous font grandir. C’est mauvais, selon moi, de ne s’entourer que de personnes
sa pertinence pour le client et la société. Souvent,
En tant que responsable de la transformation des métiers, au regard des possibilités aujourd’hui offertes par le digital, pouvez-vous imaginer ce à quoi ressemblera les métiers de la banque d’ici 5 à 10 ans ?
qui pensent comme nous et qui nous res-
quand il est question d’IA, on n’a pas non plus peur d’échanger avec le régulateur de manière proactive. On discute aussi beaucoup avec nos pairs. Cela dit, in fine, quand on innove à la BIL, c’est toujours dans le cadre d’une mission. Nous ne sommes pas un centre d’expérimentation ou un laboratoire. Et si on
semblent. Pour transformer et bien transformer,
Je n’ai pas de boule de cristal. Par contre, j’ai certaines
innove, c’est toujours dans l’optique d’apporter de
il faut de la diversité.
convictions construites sur base des informations
meilleurs services aux clients, aux employés, pour
que j’ai pu traiter dans mon propre cerveau. Dans un
répondre à la volonté stratégique de la banque. Au
futur plus ou moins proche, la banque va certaine-
quotidien, c’est cela qui inspire les équipes.
Quels sont les talents dont vous avez besoin
13
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
ACTUALITÉS I EN BREF L'actualité ICT et digitale du Luxembourg en continu est sur ITnation INAUGURATION
DELOITTE PRÉSENTE LE D.SQUARE, SON NOUVEAU SIÈGE Fin septembre, le cabinet Deloitte a officiellement inauguré son tout nouveau siège. Quelques mois après le déménagement de plus de 2 000 professionnels de Neudorf et Findel à la Cloche d’Or, l’ouverture officielle de D.Square marque le début d’une nouvelle ère pour le cabinet de services professionnels. « Nous sommes ravis de faire partie de ce quartier en plein développement qu’est la Cloche d’Or. Le nouveau concept d’une communauté, où les zones commerciales, résidentielles et récréatives sont entrelacées plutôt que séparées, nous a beaucoup séduit », a déclaré John Psaila, Managing Partner de Deloitte Luxembourg. Pour l’entreprise, le déménagement dans le nouveau quartier a été une initiative stratégique visant à soutenir un fort développement urbain et à offrir à ses employés et à ses clients une expérience de travail et de vie professionnelle
12OO
améliorée. « Créer le meilleur environnement de travail possible pour nos collègues est de la plus haute importance, a commenté Sophie Mitchell, Partner et Operations Leader chez Deloitte Luxembourg. En construisant un espace qui encourage la créativité et une pensée novatrice de la part de nos employés, nous créons une atmosphère qui nous permettra de mieux servir nos clients. »
START-UP
FIT 4 START VISE LES ÉTOILES Pour la première fois depuis son lancement, Fit 4 Start proposera un accompa-
C’est le nombre de demandes de renseignement qu’a reçues la CNPD dans
gnement sur-mesure à cinq start-up actives dans le secteur spatial. Depuis 2015,
le courant de l’année 2O18. C’est deux fois plus que le nombre de requêtes
le ministère de l’Économie, en collaboration avec Luxinnovation, propose un
introduites l’année précédente. Cette augmentation est révélatrice d’une véri-
programme de coaching intensif assorti d’un financement pouvant atteindre les
table prise de conscience des enjeux de protection des données auprès des
150.000 euros pour les start-up actives dans le secteur des TIC. Celui-ci est orga-
professionnels et des particuliers suite à l’introduction du RGPD. Le nombre de
nisé deux fois par an, à chaque fois sur une période 4 mois, et accueille entre 10
réclamations de personnes qui ont estimé qu'il y a eu une violation de la loi ou
et 15 entreprises lors de chaque session. Pour son édition de l’automne 2019, la
une entrave à l'exercice de leurs droits a plus que doublé par rapport à l'année
neuvième, 20 entreprises seront sélectionnées lors du Pitching day du 3 octobre :
précédente, passant de 2OO en 2O17 à 45O en 2O18.
10 relevant des TIC, 5 du HealthTech et 5 du Space. Les entreprises sélectionnées dans le domaine spatial pourront notamment avoir accès aux données d’observation de la Terre fournies par le data center de la Luxembourg Space Agency (LSA).
LUXEMBOURG OFFRE LES ATOUTS REQUIS POUR PERMETTRE AUX ENTREPRISES DE DÉVELOPPER ET D'INTRODUIRE AVEC SUCCÈS SUR LE MARCHÉ NATIONAL ET EUROPÉEN DES SOLUTIONS HEALTHTECH INNOVANTES QUI FAÇONNERONT L'AVENIR DE LA SANTÉ EN EUROPE. Etienne Schneider Ministre de l’Economie, lors de la conférence « Bringing innovation to the healthtech market | A cross sector approach », qui s’est tenue à Luxembourg le 19 septembre.
14
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
ACTUALITÉS I EN BREF L'actualité ICT et digitale du Luxembourg en continu est sur ITnation
CROISSANCE
32O NOUVELLES RECRUES POUR LE CABINET EY LUXEMBOURG Au 16 septembre, le cabinet EY Luxembourg annonce une intégration record de 320 nouveaux professionnels, jeunes diplômés pour une majorité d’entre eux, mais également expérimentés. Ils vont rejoindre les départements d’audit, de conseil, de fiscalité et de transaction du cabinet. « Nous sommes ravis qu’autant de professionnels à fort potentiel aient choisi de nous rejoindre, témoignant de la croissance de nos activités et de notre volonté d’offrir des perspectives de carrières stimulantes. L’arrivée de ces nouvelles recrues nous permet également d’enregistrer cette année une croissance nette exceptionnelle de nos professionnels, portant le nombre de nos collaborateurs à plus de 1500 personnes de 70 nationalités différentes, et faisant de notre bureau l’un des plus multiculturels au Luxembourg », confie Alain Kinsch, Country Managing Partner d’EY Luxembourg.
CYBERSÉCURITÉ
SOPRA STERIA LUXEMBOURG VEUT MIEUX PROTÉGER SES CLIENTS Afin de mieux répondre aux enjeux actuels de la cybersécurité, Sopra Steria Luxembourg a réuni ses compétences existantes sur le sujet en créant un département dédié. « Jusqu’à présent, les compétences en sécurité des systèmes et des infrastructures de nos clients étaient exercées à différents niveaux, en fonction des métiers que nous exerçons au Luxembourg , nous explique Lucas Colet, Lead Cybersecurity Manager de Sopra Steria Luxembourg. Au sein de ce nouveau département, nous allons pouvoir définir des approches de cybersécurité en appréhendant les problématiques de manière globale, mais aussi les mettre en œuvre. Au-delà des conseils, nous concrétisons les recommandations et évaluons en permanence leur efficacité, avec une approche bout en bout appréciée de nos clients. »
SKILLS
NEXTEN.IO SPONSORISE DES COURS DE PROGRAMMATION POUR ENFANTS Nexten.io, la start-up luxembourgeoise qui exploite la plus grande plateforme de recrutement dans le domaine de la technologie au Luxembourg souhaite encourager la nouvelle génération en sponsorisant Kids Life Skills, une asbl locale qui propose des classes de programmation et de logique pour les enfants à partir de 4 ans. « Le recrutement de développeurs compétents pour le compte d’entreprises à la recherche de personnel qualifié nous a clairement montré que le marché local était en manque de spécialistes dans le domaine de
DEPUIS 15 ANS, NOUS AIDONS NOS CLIENTS À SE TRANSFORMER ET À INNOVER, EN FAISANT UN MEILLEUR USAGE DE LA TECHNOLOGIE
la technologie. Environ 1000 experts dans le domaine informatique sont recherchés sur le marché luxembourgeois et ce chiffre ne fait qu’augmenter, » explique Eric Busch, le CEO de Nexten.io. Le Luxembourg ne doit pas se contenter d’attirer des talents étrangers. Nous devons également investir dans les talents locaux
Sylvain Chery
en encourageant les enfants à s’intéresser à l’informatique dès le plus jeune âge. C’est la raison pour laquelle
Co-fondateur d’Agile Partner. La société luxembourgeoise, l’une des premières à explorer les méthodes agiles au Luxembourg, a récemment célébré ses 15 ans en compagnie de ses clients et partenaires.
nous sommes fiers de soutenir Kids Life Skills asbl qui, à travers des cours de grande qualité, initie les enfants les plus jeunes à la logique, aux algorithmes et à la programmation. »
15
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
LE FACTEUR HUMAIN, CLÉ DE LA SUCCESS STORY NSI LUXEMBOURG NSI, société spécialisée dans l’intégration IT, est installée au Luxembourg depuis presque deux ans. Alors que quatre personnes composaient l’équipe au départ, la société compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs. Elle souhaite continuer à grandir tout en entretenant le rapport de proximité avec le client qui est sa véritable marque de fabrique.
Nathan Mangenot Branch Director I NSI Luxembourg
16
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
Il est difficile d’imaginer une progression
commerciale pour convaincre de nombreux
parvenir à conserver cette mentalité et
plus fulgurante que celle connue par
clients
faire
cette proximité, tout en augmentant ses
NSI Luxembourg depuis son arrivée au
confiance, explique le Branch Director de
effectifs et le nombre de clients servis.
Luxembourg en octobre 2017. Alors qu’elle
NSI Luxembourg. Ce n’est pas au niveau
Pour Nathan Mangenot, cette croissance
est véritablement partie de zéro, la société,
des solutions que nous vendons que nous
passera peut-être également par le rachat
qui s’appuie sur l’expérience et la solidité
faisons la différence, car elles sont connues,
d’autres structures, comme cela a été le
de sa maison mère, basée en Belgique, est
mais bien sur la proximité humaine que
cas en 2017 avec Pixelixir, dont l’intégration
parvenue à se faire une place au soleil, dans
nous apportons aux clients. Chez NSI
sera effective au 1 er janvier 2020. Au niveau
un secteur pourtant très concurrentiel au
Luxembourg, nous donnons directement
des technologies mises à disposition de la
Luxembourg. « Dès le départ, nous avons
accès aux bonnes personnes et il n’y a pas
clientèle, la société continuera à s’appuyer
voulu nous démarquer. Nous ne souhaitions
besoin que les gens qui s’adressent à nous
sur ses valeurs sûres. « Nous avons
pas faire la même chose que ce que font
aient un contrat acté pour que nous les
commencé en proposant des solutions qui
les autre sociétés actives dans l’intégration
renseignions. »
sont avant tout efficaces, en nous basant
de solutions IT au Luxembourg, explique
luxembourgeois
de
nous
sur trois piliers : l’infrastructure et le réseau,
Luxembourg. Nous voulions mettre en place
INSISTER SUR LE FACTEUR HUMAIN
une culture différente et, surtout, développer
Cette mise en avant du facteur humain est
le client, détaille le Branch Director. Mais
une formule qui nous garantisse une grande
également ce qui guide la culture interne de
nous nous sommes évidemment adaptés
stabilité, contrairement aux expériences que
NSI Luxembourg. « Les gens sont au cœur
aux demandes des clients. Certains nous
nous avions pu connaître par le passé, avec
de notre projet, et cela suscite des émotions
demandent
des cycles de 3 ou 4 ans suivis d’un véritable
parfois fortes, qu’il faut aussi pouvoir gérer »,
artificielle et de cloud, d’autres souhaitent
bouleversement. »
précise Nathan Mangenot. Ce parti pris
encore compter sur des infrastructures on
semble toutefois séduire puisque seules
premise. »
Nathan Mangenot, Branch Director de NSI
UNE LONGUE APPROCHE DU MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS
avec des solutions cloud notamment, les solutions software et la consultance chez
beaucoup
d’intelligence
deux personnes ont quitté la structure depuis son lancement et qu’une cinquantaine de
En outre, des solutions innovantes, venues
Le groupe NSI, faisant partie de celui de
personnes l’ont rejointe. Cette croissance
de NSI Belgique, seront également proposées
Cegeka, a pris son temps pour développer
ne semble pas prête de s’arrêter puisque les
dans le futur sur le marché luxembourgeois.
une stratégie payante au Grand-Duché.
perspectives des prochains mois sont très
« Le fait d’être une partie du groupe NSI nous
« Il cherchait déjà à s’installer au Luxembourg
encourageantes. NSI Luxembourg ne veut
aide aussi à proposer des produits qui ne sont
depuis 7 ou 8 ans, poursuit Nathan Mangenot.
toutefois pas perdre cet ADN de proximité qui
pas encore très représentés ici, comme la
En 2011, il a racheté la société Multidata, qui
a fait son succès. « Jusqu’ici, nous n’avons
suite Atlassian », illustre Nathan Mangenot.
est active au nord du Luxembourg. Après
pas trop de difficultés à recruter, surtout sur
Toutefois, le marché luxembourgeois a
cette première acquisition, la volonté était
les postes génériques, ce qui est lié à notre
également ses particularités.
de s’excentrer par rapport à Luxembourg-
bonne image, estime Nathan Mangenot.
Ville, de se positionner plutôt au sud du
En outre, nous avons une autre stratégie
Si deux années d’existence constituent
pays. » L’aventure NSI Luxembourg a donc
qui consiste à intégrer des étudiants en
sans doute une période trop courte pour
commencé dans un espace de coworking,
alternance tout au long de leur formation.
tirer des conclusions définitives, on peut
avec quatre collaborateurs. Finalement,
C’est un win-win : ils apprennent le métier
tout de même affirmer que l’histoire de NSI
l’équipe s’est installée dans des bureaux
et, s’ils souhaitent ensuite nous rejoindre,
Luxembourg s’apparente jusqu’à présent à
à
ils sont directement opérationnels et ont la
une success story. « Il reste certainement
mentalité que nous attendons d’eux. »
beaucoup de défis à relever. Il faut continuer
Esch-sur-Alzette
et
a
rapidement
séduit. « Nous pouvons compter sur le soutien du groupe NSI tout en ayant une véritable autonomie. Cela nous a permis
GRANDIR EN RESTANT SOI-MÊME
de
Pour NSI Luxembourg, le défi sera de
développer notre
propre
stratégie
à être vigilant en restant fidèle à notre désir de privilégier le facteur humain. », conclut Nathan Mangenot.
17
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
POST UNIT SES FORCES DANS LE DOMAINE DE LA CYBERSÉCURITÉ Pour mieux accompagner sa transformation digitale et celle de ses clients, POST se dote d’une stratégie cybersécurité ambitieuse et rassemble l’ensemble de ses compétences en cybersécurité autour d’une marque unique baptisée POST Cyberforce. Mohamed Ourdane, Chief Security Officer, évoque les nouvelles ambitions que poursuit le groupe en mettant en place cette nouvelle entité. Aujourd’hui, le numérique est omniprésent dans notre quotidien. La technologie nous accompagne continuellement dans nos vies, facilitant toutes nos démarches, sous-tendant le fonctionnement de nos organisations privées ou publiques. « Tout tend à se digitaliser, jusqu’à la notion même d’identité, commente Mohamed Ourdane. Même l’industrie, qui a longtemps eu pour mission de transformer la matière, se déploie et se réinvente en s’appuyant sur l’immatériel. » C’est l’échange de données et leur traitement qui, désormais, permet de créer de la valeur. Pour faciliter les communications et fluidifier les échanges de données, les organisations doivent ouvrir leurs systèmes d’information pour Mohamed Ourdane Chief Security Officer I POST Luxembourg
18
s’interconnecter avec d’autres environnements. Ce mouvement tend en outre à s’accélérer.
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
PAS DE TRANSFORMATION SANS SÉCURITÉ « On parle donc d’échange de données. Or, POST,
sécurité et de celle de nos clients pour, au final, leur assurer une protection optimale. »
tamment contre les tentatives de phishing par SMS.
SÉCURITÉ INTÉGRÉE
en tant qu’opérateur de télécommunication, dont
L’ATTAQUE ET LA DÉFENSE
Cyberforce doit constituer un facteur de différen-
les activités ont considérablement évolué avec le
Dans cette optique, le département Cyberforce
ciation fort pour l’ensemble des services POST sur
développement de services ICT, s’inscrit au cœur
comptera 35 experts. D’une part, elle disposera d’une
le marché grand-ducal. « La sécurité est embarquée
de ces échanges, rappelle Mohamed Ourdane.
équipe conséquente d’Ethical Hackers spécialisée
au cœur de l’ensemble de nos offres. Nous pensons
Dans le cadre de la transformation digitale de nos
dans la conduite d’attaques, chargée de déceler les
que tout acteur, quand il doit choisir une offre Té-
clients, notre rôle est aussi de les aider à faire face
failles pour mieux contrer. D’autre part, une équipe
lécom, par exemple, ou une solution ICT dans le
aux nouvelles menaces liées. Celles-ci impliquent
aura pour mission de développer les meilleures ré-
cloud, doit prendre en considération les aspects
d’apporter des réponses efficientes en cybersécu-
ponses aux menaces identifiées. « POST dispose au-
inhérents à la sécurité. En faisant le choix de POST,
rité. La transformation digitale des organisations ne
jourd’hui de la plus importante équipe de pentesteurs
il est sûr de s’appuyer sur un service de confiance »,
peut tout simplement pas s’envisager sans penser à
du Luxembourg, notre Red Team. En nous appuyant
commente Mohamed Ourdane.
la sécurité, les risques étant trop importants. »
sur leur expertise, nous pouvons apporter les réclients et nous-mêmes sommes exposés, explique le
UNE OFFRE COMPLÈTE AUTOUR DE 3 PILIERS
Depuis plusieurs années, donc, POST développe
responsable de ce nouveau département, dont l'am-
POST entend faire la différence avec une gamme
des compétences poussées dans plusieurs do-
bition est de devenir un acteur clé et reconnu dans le
complète de services spécifiques en cybersécurité qui
maines de la cybersécurité, en premier lieu d’abord
domaine de la cybersécurité. Nous sommes l’un des
accompagne le client de A à Z. « Ces offres s’articulent
pour répondre à ses propres besoins. Gestionnaire
rares acteurs, en effet, à avoir une maîtrise sur l’en-
autour de trois piliers. Le premier, Advisory Services, ras-
d’une infrastructure et de services critiques, sur
semble de la chaîne de valeur et à pouvoir apporter
semble les services de consultance en Gouvernance,
lesquels s’appuient la plupart des acteurs écono-
des garanties sur les diverses couches la constituant. »
Risques et Conformité (GRC), en Business Continuity
L’UNION FAIT LA CYBERFORCE
miques et des institutions luxembourgeoises, l’opé-
ponses les plus avancées aux menaces auxquelles nos
Management, en IT services, etc. C’est à ce niveau
de résilience des systèmes sous-jacents. Au-delà,
CAPACITÉ D’INTERVENTION ACCRUE
l’expertise acquise dans le domaine de la cybersé-
Au-delà des mesures de sécurité à prendre au
vise la conception et la mise en œuvre de solutions de
curité permet aussi aux clients POST de faire face à
niveau organisationnel, POST dispose poten-
sécurité chez nos clients en assurant le cas échéant la
des besoins spécifiques. « Aujourd’hui, nous avons
tiellement d’une grande quantité de données
gestion opérationnelle. Ce pilier est également axé sur
décidé de rassembler toute l’expertise acquise en
au niveau du cloud et des datacentres, sur les
l’innovation ouverte, avec le développement de nou-
matière de cybersécurité, qui était jusqu’alors dissé-
réseaux Télécoms et sur l’ensemble des canaux
velles solutions et la mise en place de partenariats de
minée à travers ses diverses entités, au cœur d’un
de connectivité. Cela lui confère naturellement
recherche au sein de notre service CyberLabs.
seul département, commente Mohamed Ourdane.
une capacité d’intervention rapide. L’opérateur
Celui-ci, baptisé Cyberforce, constituera une ré-
peut mieux anticiper les attaques en recourant
Enfin, le troisième pilier, Cyberdefense, intègre
ponse optimale aux divers enjeux rencontrés tant
aux possibilités offertes par les technologies de
notre Security Operation Center (SOC) et notre
par le groupe que par nos clients. »
machine learning. Cette position lui permet en
Computer Security Incident Response Team (CSIRT)
outre d’apporter des services et des solutions de
pour prévenir, détecter, évaluer et répondre aux
sécurité avancés à l’ensemble des acteurs.
menaces et aux incidents de cybersécurité tout en
rateur se doit d’apporter des garanties en matière
INNOVER, CONCEVOIR, OPÉRER, PROTÉGER
aussi que l’on retrouve les services de pentesting. Le deuxième pilier, Managed and Professional Services,
garantissant la conformité réglementaire.
Ce nouveau département veut relever les défis à ve-
AMBITIONS INTERNATIONALES
nir au mieux. « L’éparpillement de nos actions rendait
« La nouvelle force de frappe dont nous disposons
Mohamed Ourdane précise encore que les services de
notre offre de service peu lisible. Autour de cette
désormais doit aussi nous permettre de dévelop-
consultances en GRC, BCM et IT transformation pour
nouvelle marque unique, la volonté est de mieux ac-
per de nouveaux marchés à l’international, en
des clients externes, partie intégrante de POST Cyber-
compagner les clients en développant une approche
investissant dans certaines niches, par exemple le
force, qui impliquent de recourir à une expertise indé-
globale et plus cohérente. Nous voulons avancer dans
monitoring sécurité des réseaux de télécommu-
pendante, seront menés par l’entité distincte baptisée
une démarche proactive. Il s’agit d’innover, de conce-
nication », explique Mohamed Ourdane. POST a
Risk & Business Advisory qui fait partie intégrante de
voir des solutions adaptées aux besoins du marché, de
développé une expertise forte de lutte contre la
POST Cyberforce tout en étant gérée au sein d’EBRC,
prendre en charge la gestion opérationnelle de notre
fraude opérée à travers les réseaux mobiles, no-
une des filiales du groupe POST.
19
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
UNE CONCEPTION
STRUCTURÉE
POUR DES SOLUTIONS
PERTINENTES Comment ne pas se tromper quand vient le moment d’opter pour une nouvelle solution logicielle ou une nouvelle technologie. Une telle décision, surtout si l’on parle d’outil stratégique, est toujours délicate. Afin d’aider les organisations à prendre les bonnes décisions et à garantir la pertinence de leurs investissements, C-Services met en place son « Design Competence Center ». Le choix d’une nouvelle solution software/ technologique, supportant le métier de l’entreprise, est toujours délicat. Dans le contexte du remplacement d’un outil existant, ou encore dans le cadre du développement d’un nouveau service, comment s’assurer de prendre les bonnes décisions ? « Beaucoup d’acteurs doivent aujourd’hui effectuer des choix difficiles. Dans le secteur financier, notamment, de nombreuses organisations peinent à maintenir des outils informatiques vieillissants, impliquant de maîtriser des langages de moins en moins utilisés ou s’apJonathan Blangenois Enterprise Architect I C-Services
20
ACTUALITÉS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
supportée, explique Christophe Cypers, as-
PRENDRE EN CONSIDÉRATION L’ENSEMBLE DE L’ENVIRONNEMENT
socié de C-Services, entité du groupe Cronos
La démarche va prendre en compte la problé-
gner des projets de développement impliquant
au Luxembourg. Se pose alors la question du
matique rencontrée par l’organisation, mais
des compétences ou langages que nous ne
remplacement de ces solutions. Par quoi ? Et
aussi l’environnement dans lequel elle évolue.
maîtrisons pas, explique Christophe Cypers. Si
comment ? »
La réflexion part des besoins du métier et in-
la solution identifiée comme étant la meilleure
tègre les enjeux stratégiques de l’organisation,
implique de recourir à d’autres compétences,
les exigences des utilisateurs, les coûts, le
nous passerons la main. Nous pourrons tou-
cadre réglementaire ou encore les évolutions
jours accompagner le client pour nous assurer
Changer de solution informatique ou réin-
à venir. « Nous ne nous contentons pas d’aller
que la nouvelle solution répond bien aux spé-
vestir dans un outil afin de le mettre à jour
écouter l’utilisateur pour traduire ses besoins
cifications identifiées. »
implique souvent des investissements im-
en fonctionnalités, comme on le ferait selon
portants, dont il faut garantir la pertinence.
une approche classique, poursuit Jonathan
On parle en outre régulièrement de solu-
Blangenois. Nous allons considérer les enjeux
CRÉER DE LA VALEUR DANS LA DURÉE
tions indispensables au fonctionnement de
plus largement, en allant collecter les exi-
Le recours à une approche de solution design
l’activité. Autant dire que, dans de telles cir-
gences auprès des diverses parties prenantes,
s’impose donc pour répondre à des enjeux stra-
constances, une mauvaise décision se paie
en envisageant la manière avec laquelle la so-
tégiques : lorsqu’un changement de solution
cher, très cher. « Que ce soit pour le rempla-
lution s’intègre dans l’environnement de l’en-
informatique s’impose, dans le contexte de
cement d’un outil applicatif ou pour la mise
treprise, la valeur qu’elle va permettre de créer
l’évaluation des outils en place ou encore dans
en œuvre d’un nouveau service, la question
ainsi que les enjeux de maintien et de support
le cadre du lancement d’un nouveau service.
qui se pose est la même : comment s’assu-
dans la durée. »
« Cette approche, comme nous le disions, per-
puyant sur une technologie qui n’est plus
COMMENT S’ASSURER QUE LA SOLUTION EST LA PLUS ADAPTÉE ?
rer que la solution pour laquelle on opte est la plus adaptée face à la problématique que l’on veut résoudre ? »
RÉFLÉCHIR SUR LE DESIGN EN AMONT DU DÉVELOPPEMENT
FACILITER LA PRISE DE DÉCISION, GARANTIR LA PERTINENCE DE L’INVESTISSEMENT
nologie. « Cependant, au-delà de l’approche design, nous n’avons pas vocation à accompa-
met de garantir la valeur et la pertinence de l’investissement », précise encore Christophe Cypers. « Pour cela, il est nécessaire que la solution soit en phase avec la culture de l’orga-
C-Services se positionne dès lors comme un
nisation et ses standards, qu’elle réponde aussi
facilitateur, qui permet au métier comme à l’IT
à l’ensemble des exigences formulées », ajoute
Acteur majeur du développement de solu-
de s’aligner autour des mêmes objectifs, afin
Jonathan Blangenois. « À travers la démarche,
tions applicatives au Luxembourg, C-Services
de s’assurer de livrer au final la meilleure so-
nous allons aussi veiller à garantir ses perfor-
a souhaité mieux accompagner les organisa-
lution. « Parfois, il pourra s’agir d’un nouveau
mances dans le temps, en veillant à ce que
tions face à ces enjeux. Pour cela, la société
développement, pour lequel nous continue-
l’architecture et l’infrastructure soient adap-
vient de structurer son approche de conseil
rons à accompagner le client dans la mise en
tées, à ce que les capacités soient suffisantes et
et d’accompagnement au cœur d’un « Design
œuvre du projet. Dans d’autres cas de figure,
puissent évoluer en fonction des besoins. Enfin,
Competence Center ». « Afin de soutenir les
la méthode la plus appropriée sera de se tour-
au-delà de la solution et de ses fonctionnalités,
organisations confrontées à ces enjeux, notre
ner vers une solution packagée, poursuit l’En-
il faut penser à son déploiement, à son maintien
volonté est de nous positionner en amont de
terprise Architect. L’enjeu, dans une approche
dans la durée et aux enjeux de support. »
l’exécution du développement proprement
de design, est de permettre au client de faire
dit, pour soutenir le client dans sa réflexion.
le choix le plus opportun, en considérant
Pour ne pas investir à mauvais escient, consi-
Nous mettons en œuvre une méthodologie
l’ensemble des aspects. » L’entité du groupe
dérant les implications de telles transforma-
qui va permettre de définir la meilleure solu-
Cronos au Luxembourg, à travers son centre
tions, il est en effet utile de se poser les bonnes
tion répondant à sa problématique et de ga-
de services, maîtrise aujourd’hui certaines
questions avant d’engager tout projet. A cette
rantir la valeur de l’investissement consenti »,
compétences qui lui permettent d’accompa-
fin, s’appuyer sur une expertise extérieure
explique Jonathan Blangenois, Enterprise Ar-
gner de nombreux clients dans des projets de
permet de profiter d’un conseil avisé et de
chitect au sein de C-Services.
développement ou de choix de nouvelle tech-
prendre le recul nécessaire.
21
ITNATION | AUTOMNE 2O19
LES FEMMES dans l'IT
ACTUALITÉS
22
ITNATION | AUTOMNE 2O19
DOSSIER I LES FEMMESACTUALITÉS DANS L'IT
LE GRAND
DOSSIER Place aux femmes Les femmes représentent plus de la moitié de la population européenne. Dans les métiers du numérique, elles sont toutefois encore largement sous-représentées. En Europe, on estime que seulement 17% des spécialistes de l’ICT sont des femmes. Au Luxembourg, ce pourcentage est plus faible encore et il peine à évoluer positivement. Pourtant, les dirigeants d’entreprises, confrontés à une réelle pénurie de compétences digitales, semblent avoir pris conscience de l’importance d’accueillir davantage de femmes dans les équipes IT. Intégrer plus de diversité au cœur des projets de transformation numérique n’est en outre pas uniquement un enjeu de compétences. Le numérique transforme le monde. Et pour bien faire, toutes les sensibilités présentes dans nos sociétés devraient contribuer à le façonner. Le regard des femmes dans cette perspective est essentiel. Cependant, encore faut-il les trouver désireuses de contribuer à de tels projets. Le problème est qu’elles sont encore trop peu nombreuses à choisir de telles orientations de carrière… Les compétences expertes dans les métiers du numériques sont encore trop rarement portées par des femmes. Sans doute en raison de stéréotypes surannés, toujours entretenus dans l’inconscient collectif, qu’il faut combattre avant tout.
23
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray Directrice et Cofondatrice I WIDE
24
ITNATION | AUTOMNE 2O19
ITNATION | AUTOMNE 2O19
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
INVITER LES FEMMES À ÉVOLUER DANS LES MÉTIERS DU NUMÉRIQUE Depuis plus de cinq ans, Women in Digital Empowerment œuvre en faveur d’une plus grande mixité des genres dans les métiers du numérique au Luxembourg. Si les dirigeants d’entreprise semblent avoir pris conscience de l’opportunité d’intégrer plus de femmes au cœur des équipes en charge de la transformation digitale des organisations, le véritable défi reste encore de trouver ces compétences. Pour cela, il faut inviter les jeunes filles à envisager une carrière scientifique et technique dès l’école et se battre contre des stéréotypes plutôt tenaces. Rencontre avec Marina Andrieu, directrice et cofondatrice de WIDE, et Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray, présidente et cofondatrice.
Qu’est-ce qui vous a poussées, il y a cinq ans, à développer des initiatives en faveur d’une plus grande mixité dans les métiers du numérique au Luxembourg ?
a beaucoup évolué. Nous avons commencé par proposer des événements autour de théma-
Quelles sont les grandes lignes directrices de votre action ?
tiques ICT et numériques, davantage orientés vers les femmes. Nous avons rapidement propo-
M-A.LO. : Pour amener les filles et les femmes à
sé des formations autour des langages informa-
considérer les opportunités liées au numérique,
Marina Andrieu (M.A.) : À l’époque, nous
tiques, sur le codage. Puis nous avons investi sur
il faut commencer par démystifier l’informatique
sommes parties du constat d’une sous-repré-
d’autres thématiques, comme l’éducation des
et la technologie. Pour cela, un des principaux
sentation des femmes dans les événements du
jeunes, afin d’inviter les jeunes filles comme les
enjeux est de les aider à mieux appréhender des
secteur ICT qui se tenaient au Luxembourg. Nous
jeunes garçons, suivant une logique d’égalité, à
concepts qui peuvent faire peur, principalement
étions dans un rapport de 90% d’hommes pour
envisager des filières d’enseignement les emme-
en raison du vocabulaire spécifique utilisé. Notre
10% de femmes. L’idée, en créant WIDE, était de
nant vers les métiers du numérique. Notre pro-
action se décline en trois piliers : les compé-
pouvoir proposer des événements avec un ratio
grammation chargée est aujourd’hui rythmée
tences, avec des formations, le développement
inverse, c’est-à-dire avec 90% de femmes pour
par des grands projets européens, coordonnés
d’un réseau professionnel, avec des opportuni-
10% d’hommes. Notre volonté a été d’encoura-
avec la Commission Européenne, des chantiers
tés de networking, et la confiance en soi, avec la
ger les filles et les femmes à saisir les opportu-
menés en accord avec Digital lëtzebuerg, le
possibilité d’échanger avec d’autres femmes qui
nités qu’offrent les métiers du numérique et les
MEGA, et des acteurs privés comme la BIL. On
sont passées par là.
nouvelles technologies.
y trouve encore des événements phares comme Rails Girls, un workshop autour du design et
Dans cette perspective, quelles actions menez-vous ?
du développement d’applications, ou encore Women in Fintech et Women Founders. La pro-
Est-ce que les femmes sont aujourd’hui mieux représentées dans les métiers de l’ICT et du numérique qu’il y a cinq ans ?
chaine édition du Rails Girls aura d’ailleurs lieu le Marie-Adélaïde
Leclercq-Olhagaray (M-A.
LO.) : En quelques années, notre organisation
19 octobre. Et une nouvelle édition de Women
M-A.LO. : Ce qui a évolué en cinq ans, c’est la
Founders se tiendra le 27 novembre.
prise de conscience des dirigeants et des mana-
25
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
ITNATION | AUTOMNE 2O19
gers de la nécessité et de l’intérêt d’avoir des
à pouvoir s’appuyer sur diverses sensibilités
fonctions avec des formations adéquates, de la
équipes intégrant plus de diversité. Beaucoup
quand on cherche à proposer un produit ou un
motivation, et de la part des employeurs, une
nous contactent d’ailleurs en disant vouloir
service numérique à des utilisateurs. En inté-
ouverture d’esprit. Cela s’inscrit dans les grands
recruter des femmes dans leurs équipes et nous
grant plus de diversité, on s’assure davantage
enjeux que connaissent les entreprises en
demandent de leur envoyer des profils. Même si
que l’on ne va pas passer à côté de quelque
matière d’évolution des compétences, de trans-
nous y parvenons parfois, ce n’est pas si simple.
chose d’essentiel. Il y a une grande richesse
formation des métiers. Il faut laisser la possibilité
Et nous ne sommes pas un acteur du recrute-
dans la diversité.
aux femmes de s’affirmer dans ce contexte au
ment. La difficulté réside dans le fait que les femmes pouvant faire valoir des compétences en ICT sont encore rares ici. Ce que nous essayons de faire, avec ces dirigeants, c’est d’envisager des plans d’action qui leur permettent, à terme,
milieu des équipes IT. Mais il est important, au
L’enjeu est donc d’inviter les femmes à se former, à acquérir des compétences techniques très demandées. Aujourd’hui, quels sont encore les éléments qui les freinent ?
d’avoir des équipes plus mixtes.
départ, de leur en donner l’envie. M.A. : Il y aussi de nombreuses petites mesures à prendre pour construire une culture et une ambiance de travail adaptées, pour permettre
M-A.LO. : L’image de l’informaticien geek per-
aux femmes de s’épanouir au cœur des équipes
M.A. : Si l’on s’en tient aux statistiques autour de
dure. De nombreux stéréotypes sont encore
IT. On peut travailler sur le vocabulaire ou les
la place des femmes dans l’IT, on constate que le
très ancrés dans les esprits et sont entretenus,
expressions utilisées. En commençant, par
Luxembourg n’est pas forcément un bon élève.
consciemment ou non, par les professeurs ou les
exemple, par arrêter de parler des « gars de l’IT
En 2019, selon Eurostat, la proportion de femmes
parents. Si bien que les jeunes filles s’orientent
». On sait en outre qu’une femme sera moins
parmi les spécialistes de l’ICT au Luxembourg
encore très peu vers des études en science, en
craintive si on lui parle de langage informatique
n’était que de 12,5%. À l’échelle de l’Europe, cette
technologie, en ingénierie ou en mathéma-
plutôt que de programme informatique… C’est
proportion est de 17,2%. On peut se réjouir de
tiques, les STEM comme on les appelle. C’est à ce
un ensemble de petits détails sur lesquels il faut
la prise de conscience des dirigeants. La mau-
niveau, principalement, qu’il faut mettre en place
travailler mais qui, in fine, peuvent faire une
vaise nouvelle, cependant, c’est que les choses
des actions, pour inviter les jeunes filles à déve-
grande différence.
ne changent pas. Certes, on trouve de plus en
lopper des compétences dans ces matières. Au
plus de femmes dans des fonctions de business
sein des entreprises, d’autre part, il y a aussi des
analyst, de project manager ou d’autres dans le
actions à mettre en œuvre pour accueillir plus
domaine du web marketing. Par contre, si l’on
facilement des femmes au sein des équipes IT.
rentre dans le dur, au niveau des fonctions plus techniques comme le développement, l’analyse de la donnée, l’intelligence artificielle, la cyber-
Quelles actions peuvent prendre les entreprises dans cette optique ?
Vous dites travailler sur la confiance en soi comme levier de développement des femmes dans les métiers du numérique. En quoi est-ce essentiel ? M.A. : Beaucoup de dirigeants d’entreprise, constatant la faible proportion de filles s’enga-
sécurité… les femmes sont toujours très peu préM-A.LO. : Les entreprises peuvent s’impliquer,
geant dans les filières numériques ont pu arri-
investir avec nous sur l’éducation des jeunes.
ver à la conclusion que, tout simplement, les
Mais, plus globalement, il faut opérer des chan-
femmes ne s’y intéressaient pas. L’égalité existe
gements culturels, encourager la diversité au
dans la loi. Rien n’empêche une fille de faire de
niveau des équipes. Il faut promouvoir l’idée que
l’IT. Et pourtant, elles n’y vont pas. Ce discours,
c’est tout à fait normal qu’une femme puisse
cependant, ne peut plus être accepté. L’idée
s’épanouir dans des domaines techniques. C’est
est qu’il faut encourager davantage les femmes
M.A. : La volonté d’accueillir plus de femmes
un travail de longue haleine mais qui est néces-
à y aller, se battre contre les craintes qu’elles
dans les équipes, et plus généralement d’avoir
saire. Il y a aussi lieu, face à la pénurie de talents,
peuvent avoir à se lancer. Pour cela, il faut tra-
une plus grande diversité, peut s’expliquer
de permettre une plus grande mobilité interne,
vailler sur la confiance en elles, leur donner les
par différentes raisons. D’abord, les métiers
en donnant la possibilité à des employées de se
éléments qui vont leur permettre de s’affirmer.
du numérique peinent à recruter. En ouvrant
former, d’envisager une reconversion dans les
Cela passe forcément par l’apprentissage. Mais
davantage leurs équipes aux compétences por-
métiers du numérique. Intégrer des équipes IT
il faut aussi que d’autres femmes qui ont réussi
tées par des femmes, les entreprises cherchent
peut se faire progressivement si l’on dispose de
dans ces métiers puissent les inspirer. Il s’agit des
des réponses à la pénurie de compétences
bonnes capacités à évoluer et à s’adapter dans
“role models” que nous invitons régulièrement à
ressentie par tous. D’autre part, il y a un enjeu
le temps. Il est possible d’évoluer vers d’autres
nos conférences. Il y a aussi une sensibilisation
sentes.
Comment expliquer cette prise de conscience de la part des dirigeants et cette volonté plus affirmée d’intégrer plus de diversité dans les équipes ?
26
ITNATION | AUTOMNE 2O19
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT ce n’est jamais le cas. L’angoisse de ne pas parvenir à gérer vie de famille et vie professionnelle de front est aussi un frein qu’il faut pouvoir lever.
Quels sont vos projets et ambitions pour les mois à venir ? M.A. : On a une très forte demande sur l’activité coding, émanant de femmes ayant un emploi ou d’autres, sans travail, dans une phase de reconversion. La volonté est de pouvoir répondre à cette demande en proposant de nouveaux formats comme par exemple notre semaine intensive de coding qui intéresse déjà beaucoup de femmes. M-A.LO. : Sur le volet entrepreneurial, nous voulons aussi mener des actions pour sensibiliser autour des difficultés rencontrées par les femmes pour accéder au financement de leur start-up. Là encore, il reste du travail à effectuer.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune fille intéressée par une formation puis une carrière dans les métiers du numérique ? M.A. : D’abord de nous rejoindre à l’un de nos
Marina Andrieu Présidente et Cofondatrice I WIDE
événements, où elle pourra voir qu’elle n’est pas seule. Ensuite, de ne pas se laisser décou-
à faire auprès des professeurs eux-mêmes afin
posé sur ce thème a été un véritable succès. Alors
rager. Elle est certainement la bienvenue dans
qu’ils deviennent acteurs du changement. Nous
nous avons continué. Nous avons désormais un
ces domaines. Il y a beaucoup d’entreprises qui
y travaillons avec notre projet européen Gen-
programme annuel dédié aux start-up - le Startup
sont prêtes à l’accueillir. Au regard de la faible
der4Stem.
leadership programm - dans lequel nous accom-
proportion de femmes dans ces métiers, il y a
pagnons 12 start-up féminines par an. Nous
beaucoup d’environnements où les femmes
venons de clore la deuxième édition.
sont très attendues et seront particulièrement
Vous encouragez aussi les femmes à entreprendre davantage dans le digital. Les enjeux sont-ils les mêmes ?
bien accueillies. M.A. : L’enjeu est en partie le même. L’idée est de donner suffisamment confiance aux femmes,
M-A.LO. : A une femme qui est déjà dans la
M-A.LO : L’entrepreneuriat est aussi une théma-
afin qu’elles s’autorisent à le faire, à y aller. C’est
vie active et qui souhaite se réorienter vers les
tique qui nous passionne. En tant que dirigeantes
un enjeu clé. Une récente étude globale révélait
métiers du numérique, je lui conseillerais de se
de l’association, nous avons toutes les deux eu
que, de manière générale, à formation équiva-
former, elle-même ou avec le soutien de son
l’opportunité de nous engager dans des projets
lente, 40% des hommes et 60% des femmes esti-
employeur. Surtout, il faut qu’elle s’autorise à
de création et de développement d’entreprise.
ment ne pas avoir les compétences pour entre-
aller dans cette direction, qu’elle n’ait pas peur
Quand nous avons créé WIDE, la dimension
prendre. De manière générale, les femmes sont
de se rendre à des conférences, à y prendre la
entrepreneuriale n’était pas forcément au cœur
moins sûres d’elles. Elles ont tendance à vouloir
parole, à poser des questions. Il ne fait aucun
des attentes de la communauté au Luxembourg.
disposer de toutes les assurances, à être certaines
doute qu’il y a une place pour elle dans les
Pourtant, le premier atelier que nous avons pro-
que tout est prêt et parfait avant de se lancer. Or,
métiers du numérique.
27
EDITO I LES FEMMES DANS L'IT DOSSIER
ITNATION ITNATION | AUTOMNE AUTOMNE2O19 2O19
% de Femmes spécialistes IT 12,5%
18,2%
19,6%
au
en
en
LUXEMBOURG
BELGIQUE
en
EUROPE Source : Commission Européenne -2O19
28
FRANCE
ITNATION ITNATION | AUTOMNE AUTOMNE2O19 2O19
DOSSIER I LES FEMMES DANSEDITO L'IT
En chiffres seulement
53%
1 sur 3
2O%
des sociétés cherchant à recruter des spécialites ICT mettent en avant leurs difficultés à trouver du personnel qualifié.
Un étudiant sur 3 diplômé du Science Technology Engeneering and Maths (STEM) est une femme.
C'est le pourcentage de différence de salaire entre une femme un homme travaillant dans l'ICT
seulement
17% - 1 sur 6 -
spécialistes ICT dans l'Union Européenne est une femme.
seulement
19%
93%
des entrepeneurs européens ICT sont des femmes
du capital investit dans les sociétés européennes cette année a été versé a des équipes uniquement masculines.
Source : European Commission, Women in Digital
29
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
ITNATION | AUTOMNE 2O19
NATHALIE PLOMPEN, IT -NÉRAIRE DIVERSIFIÉ Aujourd’hui Operation Leader au sein de onepoint Luxembourg, Nathalie Plompen a un parcours professionnel riche dans l’IT management et une vision bienveillante de son métier. Portrait.
Le destin tient parfois à peu de choses. Alors qu’elle
sein du Big 4, elle rejoint EY pour une mission
Fin 2014, Nathalie Plompen rejoint la Société
n’est encore que lycéenne, c’est un heureux inci-
de conseil, chapeautant une équipe de 100 per-
Générale afin d’animer la communauté de ges-
dent qui va mettre Nathalie Plompen sur la voie
sonnes à moins de 30 ans.
tion de projets et sécuriser des projets majeurs,
professionnelle qu’elle suit depuis vingt-cinq ans.
notamment en mode agile. Trois ans plus tard,
« Habitant dans le sud de la France, j’avais obtenu
Appelée ensuite par la Banque de Luxembourg,
elle devient Head of IT chez CACEIS Luxembourg.
à l’époque un job d’étudiante dans le lycée inter-
elle y met en œuvre la politique de sécurité de
C’est finalement en mai 2019 que onepoint
national de Sophia Antipolis, raconte-t-elle. Parce
l'information et d'accès physique, avant de se
s’ajoute à cet impressionnant parcours.
que je n’avais pas bien respecté les consignes de
consacrer à la gestion des audits informatiques
mon supérieur, l’AS/400 du lycée n’a pas redémar-
et opérationnels. Désireuse d’apprendre tou-
ré correctement le lendemain matin. Mon respon-
jours plus, Nathalie Plompen suit parallèlement
« TROP DE TALENTS SONT ENCORE GASPILLÉS »
sable a alors pris le temps de m’expliquer le fonc-
un programme en management à l’Interna-
Forte de ses expériences dans diverses industries
tionnement de cet ordinateur et dès cet instant,
tional Institute for Management Development
et à des postes variés, Nathalie Plompen, en tant
j’ai trouvé ce monde très intéressant. Je voulais en
(IMD) de Lausanne.
qu’Operation Leader, est chargée d’accompagner la transformation interne et l’optimisation des
apprendre davantage à ce sujet, savoir comment un logiciel se programmait par exemple. D’un seul
En 2005, elle intègre la Banque Privée Edmond
opérations au sein de onepoint Luxembourg. « La
coup, c’est comme si tout un horizon s’ouvrait
de Rothschild Europe. « Nous y avons opé-
volonté est de travailler sur toutes nos forces, sur
à moi. » C’est ainsi qu’au moment de choisir ses
ré un virage à 360° de toute l’informatique.
l’équilibre des talents dans leur ensemble, afin de
études supérieures, Nathalie Plompen s’oriente
Dans ce contexte, mes missions consistaient
déployer le savoir-faire de chacun et de le mettre
vers l’IT management avant de rejoindre, en 1994,
notamment à définir l’architecture des tech-
au service des clients, de leurs besoins actuels et
le Luxembourg pour y effectuer un stage. « Je
nologies de l’information pour le siège social
futurs, explique-t-elle. Je vois trop souvent des
devais initialement rester six mois au Grand-Du-
et l’ensemble des succursales européennes
talents qui sont gaspillés. Or, les entreprises vont
ché… Vingt-cinq ans plus tard, je suis toujours là. »
», explique-t-elle. Quasiment huit ans plus
encore connaître de profonds bouleversements
tard, trois anciens dirigeants de la Banque
à l’avenir. Si elles veulent pouvoir garder une lon-
de Rothschild créent la start-up Arche Family
gueur d’avance, et même perdurer, elles doivent
Office & Wealth Management. Nathalie
parvenir à cerner et comprendre les enjeux de
Au fil des ans, Nathalie Plompen a contribué à
Plompen en sera, avec pour rôle principal la
demain, et non pas juste à court terme, pour mieux
de nombreuses missions, initié de multiples pro-
conception et la mise en œuvre d’une archi-
les aborder. Luxembourg doit prendre ce virage
jets dans le monde de l’IT au Luxembourg. Après
tecture informatique évolutive conforme aux
avec intelligence. Onepoint l’a compris et je me
une expérience en tant qu’IT Auditor chez PwC
exigences prudentielles de la Commission de
retrouve dans ses valeurs. Si le groupe avait existé
durant laquelle elle créera un département au
surveillance du secteur financier.
à l’époque, j’aurais pu faire toute ma carrière ici. »
UN PARCOURS PONCTUÉ DE GRANDS PROJETS
30
ITNATION | AUTOMNE 2O19
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
Quand on lui demande ce qui lui plaît dans son métier, Nathalie Plompen évoque tout simplement les rencontres réalisées. « J’ai la chance de croiser de multiples personnalités, aux parcours riches et aux connaissances passionnantes. Ce qui m’anime au quotidien, c’est de pouvoir m’attarder ainsi sur le talent de chaque personne, mais également de voir l’évolution de chacun, de constater le chemin parcouru. » L’Operation Leader a à cœur de mettre en place un management humain, axé sur la confiance. « Je m’adapte aux gens, explique-t-elle. Je travaille sur leurs forces, leur apporte le soutien nécessaire pour les guider dans leurs projets et leur permettre de les développer de manière autonome. C’est essentiel de donner un cadre de travail agréable. Dans des environnements de confiance et de dialogue, j’ai vu des gens se révéler. Derrière cela, il y a bien sûr une certaine rigueur qui est essentielle de la part de chacun, car nous avons des objectifs à atteindre, mais la volonté est qu’ils soient accomplis avec la meilleure satisfaction individuelle et collective possible. »
PROUVER SA CRÉDIBILITÉ Lorsque l’on regarde dans le rétroviseur, être femme dans l’IT ne semble pas avoir été un obstacle pour Nathalie Plompen. « Cela n’a pourtant pas toujours été simple, nuance-telle. J’ai longtemps été la seule femme dans les équipes dont je faisais partie. Les autres ne vous accordent pas nécessairement la crédibilité méritée. Il faut parfois se justifier, en démontrant ses compétences et capacités. » Comment faire évoluer une telle situation ? Nathalie Plompen évoque les idées reçues que l’on a autour du monde de l’IT et du rôle que la femme peut y tenir. « C’est une question très complexe mais, pour moi, c’est dès l’enfance qu’il faut combattre les stéréotypes. On a tendance à aiguiller, parfois même inconsciemment, les filles vers telles filières, les garçons vers telles autres filières. Il faut laisser les jeunes se diriger vers les matières qu’ils affectionnent réellement. Car à partir du moment où l’on est passionné, on peut tout faire. »
Nathalie Plompen Operation Leader I Onepoint Luxembourg
31
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
Emilia Tantar Chief Data and Artificial Intelligence Officer I INCERT
32
ITNATION | AUTOMNE 2O19
ITNATION | AUTOMNE 2O19
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
POUR MIEUX PROTÉGER NOS IDENTITÉS En août dernier, Emilia Tantar, experte en intelligence artificielle, a rejoint INCERT, centre d’expertise en cryptographie et sécurité de l’identité. Son rôle, en développant une approche globale autour de l’IA, sera de placer les possibilités offertes par cette technologie au service des missions de l’agence publique et de l’économie luxembourgeoise.
C’est une pointure dans le domaine de l’in-
mée internationale s’intéresse à l’intelli-
telligence artificielle qui vient de rejoindre
gence artificielle et à la manière dont cette
DES IDENTITÉS PLUS SÉCURISÉES GRÂCE À L’IA
l’équipe
publique
technologie peut être mise au service de la
La mise en œuvre de l’IA doit s’envisager suivant
luxembourgeoise, centre d’expertise en
population. « Au sein d’INCERT, on m’offre
une démarche responsable. « Dans cette perspec-
cryptographie et sécurité de l’identité inter-
la possibilité de placer la composante IA au
tive, un des enjeux est de pouvoir s’appuyer sur
nationalement reconnu, a accueilli Emilia
service de l’économie luxembourgeoise, en
des données et des sources de confiance, poursuit
Tantar au mois d’août dernier en tant que
fournissant notamment des solutions inno-
Emilia Tantar. INCERT, dans le cadre des missions
Chief Data and Artificial Intelligence Offi-
vantes au grand public et en travaillant sur
que lui a octroyées l’Etat du Luxembourg, offre des
cer. Active depuis une dizaine d’années au
les enjeux de confiance dans les services
garanties de confiance autour des informations
Luxembourg, cette chercheuse de renom-
numériques », nous confie-t-elle.
liées à l’utilisation de son identité numérique. »
d’INCERT.
L’agence
En recourant à l’intelligence artificielle, l’agence entend étendre ses services. Elle souhaite placer
NOTRE OBJECTIF EST DE CONSTRUIRE UNE APPROCHE GLOBALE ET RESPONSABLE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE.
les technologies les plus avancées au service de la protection de l’identité numérique, mais aussi développer des nouveaux services s’appuyant sur son expertise. « C’est notamment autour de l’identité biométrique que le recours à des solutions s’appuyant sur l’IA peut être intéressant, explique la chercheuse. L’identité biométrique peut être
33
DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT
ITNATION | AUTOMNE 2O19
définie au départ de marqueurs physiologiques
donc désormais s’appuyer sur l’expertise de
connaissances et des usages tangibles pour le
– comme la rétine de l’œil, un circuit de veine ou
cette chercheuse et entrepreneuse. Emilia
Luxembourg », explique-t-elle. Cette notion
une empreinte digitale – ou comportementaux.
Tantar a rejoint le Luxembourg en 2010. Elle
d’IA responsable lui tient particulièrement à
Dans un cas comme dans l’autre, l’IA peut servir à
avait alors été accueillie à l’Université en tant
cœur. « Elle recouvre deux dimensions, pour-
garantir et sécuriser cette identité. »
que chercheuse associée. En 2015, elle parti-
suit-elle. La première est technique, relative au
cipe à la création de Black Swan LUX, une des
bon fonctionnement de l’algorithme. Il s’agit de
spin-off de l’Interdisciplinary Center for Secu-
s’assurer que la décision prise par l’IA, au départ
rity, Reliability and Trust (SnT) de l’Uni. Cette
d’approximations, est bien celle voulue. L’autre
La biométrie est certainement le moyen le
start-up met en œuvre des solutions d’intel-
dimension est éthique. A ce niveau, il faut déve-
plus sûr pour identifier une personne. A l’ère
ligence artificielle pour détecter des anoma-
lopper une ligne de conduite et s’assurer d’en
du numérique, l’enjeu est de s’assurer qu’on
lies au départ de données produites par des
garantir le respect dans le temps. Il faut veiller à
pourra le faire à tout moment, sans possibilité
dispositifs connectés. La start-up développe
l’intégration de bonnes pratiques pour le déve-
d’usurpation ou de vol d’identité. « Or, on sait
par exemple des applications dans le secteur
loppement et la supervision de solutions, afin
qu’un visage, par exemple, est sujet à des modi-
de la santé, permettant notamment de détec-
de se prémunir de certains biais. »
fications. Il n’est jamais exactement le même
ter une détérioration de l’état de santé d’un
que celui qui figure sur la photo du passeport.
pensionnaire d’une maison de retraite. Emilia
Les algorithmes sur lequel se fondent les solu-
Les outils numériques qui mettent en œuvre les
Tantar a aussi occupé la fonction de AI Leader,
tions d’intelligence artificielle, connus depuis
solutions d’IA suivant des méthodes d’approxi-
Senior Manager au sein de PwC Luxembourg
plusieurs décennies, couplés à la puissance
mation doivent permettre de confirmer l’iden-
avant de rejoindre la BIL en tant que Head of
informatique disponible aujourd’hui permettent
tité d’une personne malgré des modifications
Artificial Intelligence & Big Data. Au fil de sa
d’apporter des réponses à de nombreuses pro-
de l’apparence. » Si l’on considère la biométrie
carrière, depuis son doctorat à l’Université
blématiques. « Je pense que tout problème a sa
comportementale, l’IA aussi peut être placée
de Lille 1, Emilia Tantar a publié de nombreux
solution, même si elle est approximative. Ce qui
au service d’un renforcement de la confiance.
articles scientifiques et participé au dévelop-
me fait avancer dans la vie, c’est la résolution
L’identité comportementale pourra être définie
pement de partenariats internationaux entre
de problèmes. Avec l’intelligence artificielle, on
au départ de l’analyse du comportement d’une
des centres de recherche, des universités et
peut aller beaucoup plus loin. La technologie
personne sur une période donnée. « L’IA, dans
des entreprises dans les domaines du big data
transforme complètement la façon d’accéder à
ce contexte, doit permettre de construire des
et de la cybersécurité.
l’information, de l’explorer et, dès lors, de trou-
PARCE QUE NOTRE APPARENCE ET NOS COMPORTEMENTS ÉVOLUENT
modèles permettant de nous reconnaître au
ver des réponses », commente Emilia Tantar.
mais aussi de maintenir ces modèles dans le
VERS UNE APPROCHE GLOBALE DE L’IA
temps, en tenant compte des évolutions »,
« Au sein d’INCERT, mon souhait est d’ap-
L’enjeu est donc de pouvoir appréhender ces
explique Emilia Tantar.
porter mon expérience et ma motivation au
nouvelles possibilités offertes par la technolo-
service d’enjeux concrets. Notre objectif est
gie avec discernement et responsabilité, pour
de construire une approche globale de l’in-
la placer au service de tous. « Il faut pour cela
telligence artificielle, responsable, étape par
en garder la maîtrise et bien la comprendre, en
étape, et en partenariat avec les acteurs vou-
s’appuyant sur les bonnes compétences ainsi
lant développer le savoir-faire, le partage de
que sur des données de confiance, en dispo-
départ d’une analyse de nos comportements
UNE CHERCHEUSE ET ENTREPRENEUSE À L’EXPÉRIENCE RICHE Pour avancer dans cette voie, INCERT peut
GARDER LA MAÎTRISE
sant des outils pour contrôler les résultats, assure l’experte. Tout résultat pris par l’IA doit
LA TECHNOLOGIE TRANSFORME COMPLÈTEMENT LA FAÇON D’ACCÉDER À L’INFORMATION, DE L’EXPLORER ET, DÈS LORS, DE TROUVER DES RÉPONSES.
pouvoir être expliqué. Mais, pour cela, il faut que nous montions en compétence. La position d’INCERT permet de promouvoir l’IA au service de tous, pour générer un impact positif au niveau sociétal. Cela va se traduire, prochainement, par de nouveaux services visant notamment à renforcer la sécurisation de nos identités numérique. »
34
ITNATION | AUTOMNE 2O19
DOSSIER I GOLDEN-i
Information and free online registration at www.luxembourg-internet-days.com
Organised by:
Event partners:
Partner Country: France
35
EXPERTISES I CLOUD
ITNATION | AUTOMNE 2O19
LE CLOUD D’ECONOCOM PSF
CERTIFIÉ ISO 27OO1 En partenariat avec digital.security, Econocom PSF a obtenu la certification ISO 27OO1 pour son cloud luxembourgeois et ses managed services. Selon Sébastien Missenard, le directeur de l’entité luxembourgeoise du groupe, cette certification vient répondre aux préoccupations croissantes des acteurs luxembourgeois vis-à-vis des cybermenaces.
sécurité de manière structurée à travers la certification et ses 114 points de contrôle, nous avons mieux pris conscience des besoins des organisations en matière de cybersécurité. In fine, nous pouvons apporter de meilleures garanties en matière de préservation de la confidentialité, de l’intégrité et de la disponibilité des données, commente Sébastien Missenard. Une fois inscrit dans cette démarche, impossible de faire marche arrière. Le maintien de la certification, avec des évaluations régulières, implique la mise en place d’un cycle d’investissement régulier. Au quotidien, nous devons veiller à améliorer la qualité et la sécurité eu égard à l’utilisation de nos services, en adoptant les meilleures pratiques de gestion
ECONOCOM
de la sécurité de l’information. »
« La sécurité des données et des systèmes d’informa-
en gouvernance et risk management au sein de
FACILITER L’ADOPTION DU CLOUD
tion est un enjeu considéré par nos clients comme
digital.security à Luxembourg. Considérant l’am-
Pour Econocom PSF, la certification constitue
de plus en plus important », explique Sébastien
pleur d’un tel chantier, il faut bien en définir le
une étape essentielle dans l’évolution de la so-
Missenard, directeur d’Econocom PSF. Cet acteur de
périmètre. Dans le cas présent, nous avons tra-
ciété et de ses services. Elle doit faciliter l’adop-
la transformation digitale des organisations vient de
vaillé sur le service cloud d’Econocom PSF et les
tion du cloud d’Econocom par des acteurs
mener à terme avec succès une démarche d’obten-
managed services qui y sont associés. »
régulés, notamment dans le secteur financier.
tion de la certification ISO 27001, relative à la gestion
« Ces professionnels du secteur financier, sous
des risques qu’elle représente pour le business. À tel
NOUVELLE GOUVERNANCE ET GESTION OPÉRATIONNELLE AMÉLIORÉE
point que la cybersécurité est devenue une com-
La démarche a consisté dans la mise en place
met de répondre directement à énormément
posante essentielle de la transformation digitale des
d’une nouvelle gouvernance permettant d’agir
de questions qui peuvent nous être soumises.
organisations, poursuit le directeur. Pour mieux ré-
sur la gestion opérationnelle dans une optique
La certification nous a contraints à documenter
pondre à ces préoccupations à travers notre offre et
d’amélioration continue. « Une telle démarche
énormément d’éléments. Ce qui nous permet
satisfaire aux nouvelles exigences de nos clients en la
permet de bien structurer son approche. On
d’offrir une grande transparence à nos clients,
matière, il était donc essentiel que nous gagnions en
travaille sur la gestion du changement, la sen-
de développer des liens de confiance et d’ac-
maturité vis-à-vis de ces enjeux. C’est pour cela qu’en
sibilisation des équipes, la communication. On
célérer la mise en relation », ajoute Sébastien
novembre 2018, nous nous sommes engagés dans
constate également que la gestion de la sé-
Missenard. En outre, précise le directeur, cette
une démarche de certification. »
curité a des implications à tous les niveaux de
démarche s’inscrit directement dans la politique
l’entreprise, en commençant par la gestion des
gouvernementale, qui vise à faire du Luxem-
ressources, pour se traduire au final dans des as-
bourg un hub de confiance dans le domaine de
pects plus opérationnels », poursuit Ercan Kocak.
la protection des données.
ciété membre de la galaxie Econocom, spécialisée
UNE ÉVALUATION SUR 114 POINTS DE CONTRÔLE
dans les enjeux de cybersécurité. « La certification
La mise en œuvre d’un tel chantier, mené en
CLOUD HYBRIDE SÉCURISÉ ET MANAGED SERVICES DE PROXIMITÉ
est en effet assez exigeante et son obtention im-
quelques mois, présente cependant beaucoup
Si Econocom PSF a choisi d’appliquer la cer-
plique d’importantes transformations en matière
d’avantages. « La certification nous permet d’en-
tification ISO 27001 au cloud et aux managed
de gouvernance, de gestion des risques et de
tretenir de meilleures relations avec nos clients.
services, c’est parce que cela lui permet de
conformité, commente Ercan Kocak, consultant
En appréhendant les enjeux de la gestion de la
répondre efficacement aux attentes actuelles
de la sécurité de l’information. « Il y a aujourd’hui une véritable prise de conscience de la cybermenace et
UNE APPROCHE STRUCTURÉE DE LA GESTION DE LA SÉCURITÉ Afin de l’obtenir, Econocom PSF a pu s’appuyer sur l’expertise de l’équipe GRC de digital.security, so-
36
supervision de la CSSF, doivent pouvoir faire valoir un droit à l’audit auprès de prestataires informatiques. L’approche ISO 27001 nous per-
EXPERTISES I CLOUD
ITNATION | AUTOMNE 2O19
exprimées par les organisations luxembour-
galaxie du groupe Econocom, ce qui signi-
normes, directives ou réglementations, comme
geoises. « Dans une optique de migration vers
fie que le groupe nous supporte dans notre
GDPR ou NIS, assure Benoît Rousseaux. Nous
des plateformes cloud, je crois très fortement
croissance tout en nous laissant une totale
accompagnons aussi nos clients dans l’amé-
à la pertinence d’un environnement hybride.
autonomie quant aux développements stra-
lioration et l’application de leurs politiques de
Beaucoup d’organisations, aujourd’hui, dé-
tégiques et commerciaux. A travers ce projet
sécurité et leurs campagnes de sensibilisation.
sirent maintenir certaines infrastructures cri-
de certification, nous démontrons toute la
Une autre équipe est spécialisée dans la sécurité
tiques localement sans avoir à les gérer elles-
valeur que notre expertise en sécurisation
offensive. Son rôle est d’identifier des vulnérabi-
mêmes. Ils doivent pour cela s’appuyer sur des
de l’information peut apporter au groupe et
lités dans les infrastructures et les applications,
acteurs locaux établis sur le territoire luxem-
à d’autres organisations », explique Benoît
notamment par des tests d’intrusion (pen-test),
bourgeois, précise le directeur d’Econocom
Rousseaux, Managing Director de digital.se-
et de formuler des recommandations. La troi-
PSF. En leur permettant de recourir à des res-
curity Belgium Luxembourg.
sième équipe opère sur les enjeux de sécurité
sources cloud adaptées à leurs besoins, tout en
défensive, en veillant à protéger les données par
gage de conformité de nos services et un signal
DIGITAL.SECURITY: 3 ÉQUIPES POUR UNE APPROCHE COMPLÈTE DE LA SÉCURITÉ
fort de confiance qu’ECONOCOM PSF envoie à
digital.security en effet, développe des services
œuvre de solutions de gestion opérationnelle
ses clients actuels et futurs. »
dans le domaine de la sécurité des systèmes
de la sécurité. »
étant proches de nos clients, nous répondons à ces attentes. La certification ISO 27001 est un
S’APPUYER SUR UN EXPERT EN CYBER SÉCURITÉ
une meilleure gestion des identités et des accès, ou par la sécurisation des réseaux et des environnements applicatifs, ou encore la mise en
d’information mais également des solutions connectées (Internet of Things). « Une première
C’est la force d’un groupe tel qu’Econocom qui
équipe délivre des services de consultance dans
a permis à Econocom PSF de requérir l’expertise
digital.security partenaire d’Econocom PSF
le domaine de la gouvernance, de la gestion des
GRC de digital.security pour mener à bien une
dans cette démarche de certification, est ac-
risques et de la conformité (GRC), à l’instar de
telle démarche. À l’instar de tout projet techno-
tive au Luxembourg depuis deux ans, en tant
ce que nous avons réalisé avec la certification
logique, cette fructueuse collaboration s’inscrit
que filiale de sa maison-mère digital.security
ISO 27001 du cloud d’Econocom PSF. Cette
sur le long terme dans une stratégie d’améliora-
France. « Nous sommes un satellite dans la
démarche peut aussi s’appliquer à d’autres
tion continue de la qualité des services.
Ercan Kocak Cybersecurity consultant I digital.security
Sébastien Missenard Director I Econocom PSF
Benoît Rousseaux Managing Director I digital.security
37
EXPERTISES I IA
Yves Reding CEO I EBRC
38
ITNATION | AUTOMNE 2O19
ITNATION | AUTOMNE 2O19
EXPERTISES I IA
UN CLOUD EUROPÉEN POUR GARANTIR NOTRE SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE Comment garantir la confiance à l’ère du numérique ? Il s’agit d’une question clef qui constitue un fil conducteur pour EBRC depuis près de 20 ans. Parmi les réponses apportées, aujourd’hui, il y a la volonté de garantir la souveraineté numérique en Europe. Et pour cela de développer un cloud européen, sécurisé, de confiance… qui puisse se poser en alternative et en complément par rapport aux géants américains mais également asiatiques.
39
EXPERTISES I CLOUD
ITNATION | AUTOMNE 2O19
À l’ère numérique, c’est à partir de la donnée
vices numériques, à l’échelle globale, soulève
spirale d’amélioration continue de la qualité de
que l’on crée toujours plus de valeur. Aussi, cet
aussi de nombreuses questions. « Quand on
nos services et qui constituent des garanties par
actif-clé doit être correctement protégé. Sur
sait que, aujourd’hui, 12 zettabytes de données
rapport à nos clients internationaux », reconnait
la planète, le volume global de données nu-
transitent par le cloud et que ce volume pourrait
le CEO d’EBRC.
mériques était de 33 zettabytes fin 2018 (pour
représenter 80 zettabytes soit 45% des données
vous donner un ordre de grandeur, un zettabyte
mondiales en 2025, on comprend vite l’enjeu
équivaut à 1 million de pétabytes, ou à 1 milliard
pour l’économie et la société. Si le mouvement
ACCOMPAGNER LES ACTEURS DANS LEUR MIGRATION
de térabytes), c’est énorme et la tendance ne
vers le cloud est inéluctable et que cette ma-
Au cœur de cette tendance, les organisations dé-
fait que s’accélérer avec 175 zettabytes prévus
nière de consommer la ressource confère à
sireuses de profiter des nombreuses possibilités
en 2025, selon IDC. Pour stocker et traiter toutes
chaque organisation une plus grande agilité,
aujourd’hui offertes par le cloud doivent donc
ces données, mais aussi pour les partager plus
il reste la question essentielle du niveau de
se poser les bonnes questions et être en me-
facilement, il faut des ressources informatiques
confiance de son fournisseur de service cloud,
sure de se projeter dans l’avenir. « En étant aux
conséquentes. « Dans ce contexte, on a assisté
poursuit Yves Reding. Or, aujourd’hui, la plupart
côtés de ces acteurs, et principalement de ceux
à une globalisation massive de la distribution
des organisations n’ont pas beaucoup d’autres
devant obtenir des garanties fortes à l’égard de
des services informatiques à travers le cloud, et
choix que d’accepter les conditions dictées par
leurs données ou en matière de continuité de
plus particulièrement les plateformes globales
les grands providers mondiaux. »
leurs services, nous accompagnons leur trans-
qui se développent à l’échelle de la planète »,
formation, assure Yves Reding. Sur la base d’un
cependant, ce modèle connaît certaines limites.
OFFRIR DES GARANTIES SUR MESURE
« J’ai souvent comparé l’émergence du cloud à
EBRC, dans cet écosystème, affirme un position-
tion sur-mesure. En identifiant les opportunités,
l’industrialisation de l’agriculture. Depuis la fin
nement singulier, avec des services de proximité
en organisant la gouvernance de la donnée et
des années 60, les modèles agricoles ont for-
et un déploiement de solutions sur mesure. La
des systèmes à travers le cloud, nous allons pou-
tement évolué, vers une intensification de l’éle-
volonté est de garantir avant tout la confiance
voir mettre en œuvre une architecture adaptée,
vage et des cultures, afin d’optimiser les rende-
des acteurs, en permettant d’accéder à tous les
potentiellement hybride.»
ments et nourrir toute la planète. Cependant, le
avantages du cloud tout en apportant des ré-
mouvement a conduit à certaines dérives, liées
ponses satisfaisantes et des garanties en matière
par exemple à une utilisation abusive de pesti-
de sécurité et de gouvernance des systèmes
GARANTIR LA MAÎTRISE DE L’ENVIRONNEMENT CLOUD
cides ou encore à une dégradation de la qua-
d’information et de la donnée. « Nous déve-
Il est essentiel, en effet, que chaque cloud offi-
lité nutritive de nos aliments. À tel point qu’un
loppons des services cloud à visage humain, en
cer puisse discerner les enjeux, comprendre les
contre-mouvement s’opère, avec des consom-
mettant en œuvre des approches personnalisées
tenants et aboutissants des contrats et garder la
mateurs qui reviennent aux sources. L’aliment
pour chacun de nos clients, en établissant des
maîtrise sur l’ensemble de son environnement
d’aujourd’hui, c’est la donnée. Pour faire un pa-
contrats sur mesure, en fonction des besoins
système. « Nous sommes là pour les aider à pi-
rallèle, dans le monde du cloud, il y a également
spécifiques des entreprises, assure Yves Reding.
loter la mise en place de leurs solutions cloud
énormément de dérives, par exemple en termes
Au travers de notre expérience de près de 20 ans
et leur donnons les outils pour la gérer dans le
de confidentialité et de sécurité des données.
au service d’organisations opérant des transac-
temps. Grâce à la plateforme de « Cloud Assess-
EBRC propose des services cloud de proximité,
tions critiques et gérant des données sensibles,
ment » que nous avons conçue sur base de la
hautement régulés, audités et certifiés, comme
nous avons toujours placé la confiance au cœur
solution de notre partenaire Egerie Software,
les labels Bio ».
de nos préoccupations. En 2011, nous déve-
nos clients gardent le contrôle sur l’ensemble
loppions notre Trusted Cloud Europe, affirmant
de leur environnement cloud. »
analyse Yves Reding, CEO d’EBRC. A ses yeux,
LA CONFIANCE, ÉLÉMENT FONDAMENTAL DE LA NUMÉRISATION
cloud assessment, autrement dit une analyse des risques et des enjeux, nous allons bâtir une solu-
notre volonté d’accompagner la transformation numérique des organisations vers plus d’agilité
En matière de cloud, EBRC est en mesure de
L’illustration permet de mettre en évidence
tout en garantissant la sécurité de l’information. »
proposer une réponse sur-mesure à chaque
l’importance de la confiance, élément fonda-
Cette confiance repose sur de nombreuses cer-
contexte : avec du cloud EBRC, privé ou public,
mental garantissant la durabilité des relations
tifications : ISO27001, ISO22301, ISO20000,
et de l’hypercloud pour des besoins spécifiques
entre un fournisseur de services ou de produits
ISO9001, PCI DSS, Tier IV… « Nous sommes
comme, par exemple, l’accès à des solutions
et le consommateur. L’industrialisation des ser-
guidés par les certifications qui constituent une
d’intelligence artificielle. « Mais, dans tous les
40
ITNATION | AUTOMNE 2O19
EXPERTISES I CLOUD
cas, nous veillons à une sécurité optimale de
la NIS définit un cadre permettant de renfor-
tion d’environnements sur-mesure, la société
la donnée dans le temps en garantissant la cy-
cer la sécurité et la disponibilité des services
offre toute une série d’innovations. « À travers
ber-résilience de nos clients et la maîtrise de
essentiels. En tant qu’acteur régulé par les au-
notre cloud, nos clients peuvent désormais
leurs données », assure le CEO d’EBRC.
torités de surveillance du secteur financier, ce
accéder à des services DevOps avancés (en-
sont des mesures que nous avions déjà mises
vironnements OpenShift, Kubernetes as a Ser-
en œuvre au Luxembourg. Mais la directive NIS,
vice, ...), assure Yves Reding. Non seulement
en matière de cybersécurité, révèle également
nous permettons de rapprocher les équipes
Une des ambitions, dans cette démarche
le réel besoin de disposer d’un cloud souverain
de développement des opérations, afin de
d’amélioration de la cyber-résilience des or-
en Europe, pour protéger nos entreprises clés
permettre à nos clients de mettre en œuvre
ganisations, est de s’inscrire dans le dévelop-
et leurs données face à la diversité de menaces
des approches de continuous delivery, mais
pement d’un cloud de confiance européen. La
que compte le monde numérique. »
nous les accompagnons également afin qu’ils
CONSTRUIRE UN CLOUD SOUVERAIN EUROPÉEN
souveraineté numérique sur notre continent
intègrent mieux les enjeux de sécurité et de
européens du numérique sont nombreux, leur
UN CLOUD EUROPÉEN, EN COMPLÉMENT DES HYPERCLOUDS
taille et leur régionalité ne leur permet pas de
Au-delà du développement de son cloud
Capitalisant sur ses valeurs fondatrices, EBRC
faire le poids avec les hyperclouds globaux. En
souverain, EBRC a également mis en place
souhaite plus que jamais être un opérateur
2018, par ordre d’importance AWS, Microsoft
des fonctionnalités de cloud hybride avec
européen de référence pour les services cloud
Azure, Google Cloud, Alibaba Cloud et IBM
des hyperclouds. Ainsi, EBRC peut activer des
à l’attention des acteurs les plus sensibles, le
Cloud s’attribuent 65% du marché mondial du
connexions vers l’ensemble de l’écosystème
garant de la cyber-résilience des organisations
cloud. Ainsi les deux tiers des workloads des
cloud mondial, via son partenaire InterCloud,
actives dans la finance, les industries critiques,
organisations dans le monde utilisent des ser-
société française, offrant les connexions vers
le spatial, la défense, la santé, les institutions
vices des hypercloud providers, américains ou
plus de 100 destinations cloud à travers la pla-
internationales, et bien entendu les Opéra-
asiatiques. Pour les dirigeants ou les respon-
nète. Aujourd’hui, tout en permettant la créa-
teurs de Services Essentiels.
est devenue un enjeu majeur. Or, si les acteurs
haute-disponibilité au cœur de la démarche. »
sables politiques, il convient de s’interroger sur les contraintes d’une telle dépendance. Le Cloud Act par exemple, engendre toujours un sentiment d’incertitude pour tous les clients qui ont recours aux services cloud des géants américains.
HEXATRUST, POUR RENFORCER LA SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE EUROPÉENNE
Depuis 2011, avec Trusted Cloud Europe, EBRC propose un cloud souverain, depuis ses data
Le renforcement de la souveraineté numérique européenne est une démarche de
centres Tier IV à Luxembourg, dans un envi-
longue haleine, impliquant de mobiliser une grande diversité d’acteurs. Dans cette
ronnement hautement régulé. « Les politiques
perspective, EBRC a récemment rejoint HEXATRUST, association d’entreprises inno-
européennes actuelles et à venir doivent nous
vantes, réelle alliance gagnante des champions du cloud computing et de la cybersé-
aider à construire l’Europe digitale, à travers
curité. « L’association compte une soixantaine d’acteurs divers, offrant une multitude
différentes initiatives. On peut parler du RGPD,
de services dans le secteur. Ensemble, nous réfléchissons aux éléments qui, justement,
de la directive NIS ou encore du CyberSecu-
doivent permettre de garantir la confiance du marché dans les services numériques
rity Act entré en vigueur le 27 juin 2019, ainsi
en Europe. Dans cette optique, de récents échanges révélaient la volonté d’œuvrer en
que du projet de certification cybersécurité
faveur d’un cloud de confiance européen, efficient et sécurisé. Mais d’autres initiatives
européen. La directive NIS vise à renforcer la
sont évoquées, comme le moyen de permettre à des acteurs européens d’émerger, et
cyber-résilience des Opérateurs de Services
notamment à une filière dans le domaine de la cybersécurité, et ce dans un environne-
Essentiels, comme les fournisseurs de soins
ment extrêmement concurrentiel. »
de santé, les transports, … mais également les Fournisseurs de Services Numériques, comme les Cloud Providers. Pour ces acteurs critiques,
41
EXPERTISES I CLOUD
ITNATION | AUTOMNE 2O19
LE CLOUD PUBLIC,
VECTEUR D’ACCÉLÉRATION DE LA TRANSFORMATION
Le groupe Arŋs, qui compte plus de 14OO consultants en Europe, emploie plus de 7OO personnes au Luxembourg. Depuis peu, c’est dans un bureau flambant neuf, à Belval, qu’il a établi ses quartiers. L’une de ses entité, Arŋs Spikeseed accompagne notamment les organisations dans leur migration vers le cloud public.
procéder à une évaluation des risques et des coûts. De cette manière, on peut déterminer s’il est effectivement intéressant de faire tourner un service ou une application dans le nuage. « Dans cette optique, nous accompagnons chacun de nos clients afin qu’il puisse prendre une décision éclairée, assure Christophe Grosjean. À partir de là, il sera possible de mettre en œuvre une réelle stratégie de migration, vers le portefeuille de services et solutions le plus adapté à ses besoins. Dans certains cas, des solutions efficientes sont directement accessibles dans le cloud. Dans d’autres, il faudra passer par une étape de refactoring. Nous aidons les clients à s’y retrouver, dans la manière de gérer leurs bases de données, au cœur de l’offre de solutions applicatives. »
ARHS C’est à Belval que le prestataire ICT Arŋs Group
temps à développer un intérêt pour le cloud public et
AUTOMATISER POUR ALLER PLUS VITE
a récemment installé ses nouveaux bureaux. Le
ses possibilités. En cause, des règles de confidentialité
Dans
groupe, actif depuis 16 ans au Luxembourg, em-
strictes rendant les organisations frileuses. « Depuis
Spikeseed, en s’appuyant sur une expertise dans de
ploie désormais plus de 1400 consultants à travers
quelques mois, cependant, les acteurs rattrapent leur
nombreux domaines, peut accompagner chaque
le monde. Il compte aujourd’hui onze entités, pré-
retard. L’intérêt pour les possibilités et les services di-
organisation en fonction de ses besoins, dans
sentes en Belgique, au Luxembourg, en Italie, en
rectement accessibles à travers ces plateformes est
l’identification de l’environnement cloud le plus
Grèce, en France. Rien qu’au Grand-Duché, ils sont
considérable, poursuit-il. L’enjeu, dans ce contexte,
adapté, la gestion de cet environnement et l’exécu-
près de 600 employés à être occupés sur des pro-
est d’accompagner le client dans une migration adap-
tion de la migration. « Comme pour nos projets de
jets de transformation digitale des organisations. Ils
tée à ses besoins, en s’assurant qu’il déploie les bons
développement, nous envisageons chaque projet
mettent en œuvre les divers métiers de l’IT, du dé-
services et qu’il garde la maîtrise sur l’ensemble des
de migration suivant une approche agile, afin de
veloppement applicatif à la gestion des ressources
ressources auxquelles il a recours. » Face à une ac-
limiter les risques et permettre à nos clients d’être
informatiques à travers les possibilités offertes par
célération des évolutions technologiques, s’appuyer
plus réactifs, explique Christophe Grosjean. Un
le cloud. Arŋs accompagne aussi les organisations
sur des plateformes cloud public offre la possibilité
des grands enjeux, si l’on veut profiter de tout le
dans la mise en œuvre de projets d’innovation s’ap-
aux organisations de s’adapter toujours plus rapide-
potentiel du cloud, est de penser son déploiement
puyant sur une meilleure exploitation des données
ment et de réduire considérablement leur time to
suivant une approche DevOps, en automatisant au
ou encore l’intelligence artificielle.
market. « À condition d’être correctement armé et
maximum. Dans cette optique, nous avons déve-
préparé, précise l’expert. Dans le contexte actuel, le
loppé une expertise forte dans le développement
problème n’est souvent pas d’ordre technique, mais
de cloud native application. À terme, la volonté est
Plus particulièrement, au Luxembourg, l’entité Arŋs
davantage organisationnel. À travers le cloud, la ma-
de permettre à nos clients de pouvoir intégrer et
Spikeseed a vocation à accompagner des projets de
nière d’appréhender la ressource informatique est
déployer en continu et d’effectivement aller beau-
transformation complexes, en s’appuyant notamment
bien différente. Les clients doivent d’abord monter en
coup plus vite. » Au-delà de la migration, à travers
sur les incroyables ressources offertes par le cloud
compétences pour s’assurer de garder la maîtrise sur
ses « managed services », Arŋs veille sur la bonne
public. « Aujourd’hui, nous développons des parte-
leur environnement, leurs coûts, leur gouvernance. »
maintenance de l’environnement cloud, permet-
LA MEILLEURE VOIE VERS LE CLOUD
nariats privilégiés avec trois principales plateformes
une
approche
one-stop-shop,
Arŋs
tant aux organisations de se concentrer sur l’essen-
Nous disposons d’une cinquantaine de conseillers
MIGRATION : À CHACUN SA STRATÉGIE
certifiés sur ces plateformes », explique Christophe
Tout n’a pas vocation à migrer vers le cloud. Envi-
sionnant des ressources non utilisées, mais aussi
Grosjean, Managing Director de Arŋs Spikeseed. Les
sager un projet de migration implique d’abord de
de garantir la cohérence et la sécurité de l’environ-
acteurs luxembourgeois ont certes mis un peu de
bien identifier les éléments dont on a besoin et de
nement suivant les règles de gouvernance établies.
de cloud public, à savoir Microsoft Azure, AWS et IBM.
42
tiel. Parmi les défis clés à ce niveau, il est important de veiller à l’optimisation des coûts, en commis-
ITNATION | AUTOMNE 2O19
EXPERTISES I CLOUD
ACCÉDER FACILEMENT À L’INNOVATION Le grand intérêt du cloud public, pour les acteurs qui sont montés en compétences, prêts à franchir des étapes supplémentaires dans leur transformation, réside dans un accès facile à des technologies de pointe. « Aujourd’hui, les plateformes de cloud public proposent de nouveaux services chaque jour. Il est par exemple possible de déployer un call center en trois clics, explique Christophe Grosjean. Mettre en place un chatbot pour traiter des demandes clients n’a jamais été aussi simple. Au-delà, on accède très facilement à d’importantes ressources dans le domaine du machine learning, avec des solutions « out of the box » au service d’une meilleure classification des données, de la recommandation de produits, de traitement du langage naturel ou encore de computer vision. Dans le domaine de l’IoT, les possibilités sont aussi nombreuses. » Ces technologies sont désormais plus abordables que jamais. « En s’appuyant sur des solutions directement accessibles dans le cloud, les organisations ont désormais la possibilité de concentrer leurs efforts sur l’innovation et l’amélioration du service client, sans avoir à se soucier des enjeux de gestion de l’infrastructure et des ressources informatiques », conclut Christophe Grosjean.
S’ENGAGER SUR UN PRIX FIXE POUR CHAQUE PROJET Le groupe Arŋs connaît une croissance organique annuelle de 25 à 30% de son chiffre d’affaires, et ce depuis plusieurs années. Au terme de l’année fiscale 2018, qui s’est clôturée au 31 juillet 2018, le chiffre d’affaires s’établissait à 108 millions d’euros. Arŋs mène de front près de 130 projets, chacun occupant entre 2 et 50 personnes. « Nous avons pu nous démarquer de nombreux autres acteurs en proposant aux organisations la réalisation de programmes au forfait, en nous engageant sur des résultats, un budget, un délai, et ce quel que soit leur projet de transformation digitale », explique Christophe Grosjean, Managing Director Arŋs Spikeseed. À côté des services de développement, la consultance et les managed services représentent la moitié du chiffre d’affaires. « Notre clientèle se répartit entre des organisations institutionnelles et publiques, comme la Commission européenne, qui représentent une majeure partie du chiffre d’affaires, et des acteurs privés, comme des groupes de télécommunication, des professionnels du secteur financier, poursuit Christophe Grosjean. Notre taille et nos implantations, en outre, nous permettent de nous positionner aussi bien dans l’accompagnement de projets transeuropéens que sur des projets de taille plus modeste. »
Christophe Grosjean Managing Director I ARHS Spikeseed
43
EXPERTISES I IA & CLOUD
ITNATION | AUTOMNE 2O19
CONSTRUIRE L’ENTREPRISE INTELLIGENTE A gauche : Cédric Jadoul Service Director Fujitsu Luxembourg À droite Yannick Bruck Head of AI, Analytics & IoT Fujitsu Luxembourg
44
ITNATION | AUTOMNE 2O19
Au fur et à mesure de l’évolution des nouvelles technologies, la valeur fournit par ‘la donnée’ augmentera fortement. L’entreprise intelligente de demain sera celle qui saura au mieux exploiter cette valeur, afin de créer des éléments différentiateurs par rapport à ses concurrents. Fujitsu supporte la mise en œuvre de nouveaux modèles d’organisation, afin d’aider les entreprises sur le chemin de la transformation.
EXPERTISES I IA & CLOUD
de la donnée. À partir de 15 fichiers Excel, par
sir entre ressources on-premise et solutions de
exemple, suivant une approche DataOps, il est
différents cloud providers, tout en gardant la
possible de réorganiser les informations dis-
maîtrise de son environnement. « Les enjeux
ponibles, qu’elles soient structurées ou non.
sont nombreux. Selon le client et la sensibili-
De cette manière, on peut en extraire de la
té de ses données, il faut faire des choix. Au
valeur très rapidement.
niveau technique, de nombreuses solutions
ENRICHIR PROGRESSIVEMENT LA DONNÉE
permettent de répondre à chaque besoin », explique Yannick Bruck.
l’organisation se dote d’une gouvernance forte
PRÉSERVER LA CONFIDENTIALITÉ DES DONNÉES
de la donnée. Elle doit lui permettre d’enri-
« L’approche de Fujitsu intègre systématique-
Ces dernières années, quand nous parlions de
chir ses bases de données, intégrer de nou-
ment une dimension de compliance, précise
transformation digitale, nous évoquions sou-
velles sources, comme l’IoT ou l’open-data par
Cédric Jadoul. Le choix d’une solution cloud
vent des projets d’amélioration des processus,
exemple, afin d’en générer toujours plus de va-
doit, à nos yeux, absolument tenir compte de
s’appuyant principalement sur des dévelop-
leur. De cette manière, elle permettra d’établir
ces enjeux. Si l’on s’attache à décortiquer les
pements applicatifs. Rares étaient les projets
de meilleures prédictions, anticiper les attentes
conditions d’utilisation de certains services, on
qui intégraient une couche d’intelligence ar-
des clients, mieux les servir. « Progressivement,
découvre que certains cloud providers s’attri-
tificielle. A l’avenir toutefois, les acteurs qui
l’organisation va pouvoir tester, puis utiliser de
buent le droit d’utiliser les données transmises
réussiront à se différencier seront ceux qui,
nouveaux modèles cognitifs et implémenter
à d’autres fins. En termes de confidentialité, ce
au départ de la donnée, parviendront à mieux
des solutions s’appuyant sur l’intelligence ar-
sont des enjeux à considérer. Chaque choix,
utiliser les modèles d’intelligence artificielle
tificielle au service de son business », poursuit
qu’il s’agisse de la solution cloud ou d’une
pour créer de la valeur. « Dans cette optique,
Yannick Bruck.
option architecturale, doit s’appuyer sur une
et en vue de construire une entreprise intelli-
Au-delà de cet ajustement, il est essentiel que
solide analyse. »
outils et s’inscrire dans une nouvelle approche
ALLER CHERCHER LE MEILLEUR DE L’IA
de la transformation digitale, commente Cé-
Ces nouvelles technologies n’ont jamais été aussi
UNE MISE EN ŒUVRE FACILE ET RAPIDE
dric Jadoul, Service Director au sein de Fujitsu
facilement accessibles, à travers notamment les
Sur ces fondations, composées d’une plate-
Luxembourg. Le défi sera de bénéficier des
différentes plateformes cloud public. Dès lors,
forme multi-cloud et d’une gestion dynamique
possibilités offertes par l’automatisation et
toute transformation digitale vers une entreprise
de la donnée, l’organisation pourra plus faci-
l’intelligence artificielle. »
intelligente implique d’être en mesure d’orches-
lement envisager des voies de différenciation
trer de manière dynamique l’ensemble de ses
s’appuyant sur les technologies cognitives.
ressources informatiques, que celles-ci soient
« Aujourd’hui, avec notre maîtrise de ces en-
liées à l’infrastructure, à la puissance de calcul ou
jeux et l’expérience acquise en accompagnant
Construire l’entreprise intelligente implique
aux services. « On parle désormais d’orchestra-
de nombreux projets, notre volonté est d’aider
en premier lieu de disposer d’une donnée de
tion hybride, commente Cédric Jadoul. L’entre-
les organisations à intégrer de l’intelligence
qualité, bien gérée, que l’on va pouvoir en-
prise doit se doter des capacités de garantir la
au cœur de leurs processus, » commente Cé-
richir dans le temps. « Beaucoup d’acteurs,
cohérence de l’ensemble. Chaque cloud provi-
dric Jadoul. Aujourd’hui, la mise en œuvre de
cependant, ne se sont pas encore dotés d’un
der a des atouts à faire valoir, et des nouvelles
telles solutions n’implique pas forcément des
modèle de gouvernance ainsi que d’une struc-
possibilités se rajoutent chaque jour. L’idée est de
développements conséquents. « Les possibilités
turation de leurs données leur permettant
pouvoir aller chercher le meilleur dans chaque
offertes par le cloud nous permettent de mettre
d’en extraire de la valeur », commente Yan-
cloud disponible. »
très rapidement en place des applications fonc-
gente, les acteurs devront se doter des bons
UNE DONNÉE DE QUALITÉ, BIEN GÉRÉE
nick Bruck, Head of AI, Analytics & IoT au sein
tionnelles, dites cloud native, n’impliquant
cela comme un handicap, il est aujourd’hui
SE DOTER D’UNE APPROCHE MULTI-CLOUD
possible de rattraper le retard grâce à des
A cette fin, Fujitsu propose une plateforme
chaque organisation peut entrer dans l’ère de
nouveaux outils intelligents de structuration
multi-cloud, permettant à une entreprise choi-
l’entreprise intelligente.
de Fujitsu Luxembourg. Si l’on peut considérer
pas forcément des développements lourds », conclut Yannick Bruck. De cette manière,
45
EXPERTISES I IA
Wilfrid Lagrange Country Manager I Devoteam Luxembourg
ITNATION | AUTOMNE 2O19
Jérémy Meisch Operations Director I Devoteam Luxembourg
Candi Carrera Country Manager I Microsoft Luxembourg
SE FORMER À L’IA : UN ENJEU CRUCIAL, DÈS AUJOURD’HUI DEVOTEAM
Pour répondre au manque de compétences liées au déploiement de l’intelligence artificielle, Devoteam et Microsoft viennent de créer leur IA Academy. Si les organisations veulent rester compétitives, il y a en effet urgence à se former dans le domaine.
manque cruellement à l’heure actuelle. « Si les organisations veulent aujourd’hui développer des projets autour de l’intelligence artificielle, elles doivent recruter très loin et parvenir à convaincre ces talents de rejoindre le Luxembourg. C’est pourquoi il est essentiel de disposer dès à présent de ressources ici », constate Candi Carrera, Country Manager de Microsoft Luxembourg. Pour répondre à cette problématique qui touche le pays, Devoteam Luxembourg et Microsoft Luxembourg ont développé, en collaboration, une académie de l’intelligence artificielle.
DE LA RÉFLEXION STRATÉGIQUE À LA MISE EN PLACE D’UNE SOLUTION APPROFONDIE L’IA Academy Luxembourg propose trois types
46
L’intelligence artificielle ouvre des perspec-
de formations, chacune s’adressant à un pu-
tives de développement considérables pour
blic bien spécifique. « Si l’IA résonne dans
toute organisation, quel que soit son secteur
la plupart des esprits comme un sujet très
d’activité, quelle que soit sa taille. Mettre en
technologique, elle concerne en réalité l’en-
œuvre cette technologie nécessite toutefois
semble des équipes dans une organisation »,
de pouvoir s’appuyer sur les compétences
confie Wilfrid Lagrange, Country Manager de
adéquates. Compétences dont le Luxembourg
Devoteam Luxembourg. À commencer par les
EXPERTISES I IA
ITNATION | AUTOMNE 2O19
gence semblables à ceux de l'homme, de type
grette Candi Carrera. Oui, l’IA va révolution-
machine learning. »
ner, transformer nos jobs, compléter nos
Il s’agit de mettre en œuvre la technologie de l’IA de manière responsable et éthique.
Aux yeux de certains, l’intelligence artificielle
concentrer sur son cœur de métier, sur des
Jérémy Meisch
n’en est encore qu’à ses prémices. Or, la tech-
tâches plus créatives, qui nécessitent une
nologie est déjà bel et bien présente dans
réelle expertise humaine et auront un réel
notre vie quotidienne. Ses applications sont
impact positif sur la société. »
L’IA N’EST PLUS UNE OPTION
d’ailleurs multiples. « L’IA peut par exemple
compétences. Et c’est en ce sens qu’elle va créer de la valeur ajoutée, permettre de se
dirigeants. « Le déploiement de l’intelligence
aider un médecin à réaliser un diagnostic
IL Y A URGENCE
artificielle au sein d’une entreprise ou d’une
plus rapidement ou décharger des agents
Pour les trois intervenants, il est essentiel de
administration implique avant toute chose de
de call center de tâches répétitives, illustre
se former à l’IA dès à présent, pour la compé-
repenser sa stratégie, d’opérer une transfor-
Wilfrid Lagrange. De manière générale, ces
titivité du Luxembourg, pour celle des orga-
mation culturelle », poursuit-il. Se déroulant
solutions permettent de rendre des proces-
nisations. « Certains États, tels que la Chine,
sur deux jours, le module pour Decision Ma-
sus plus simples ou plus rapides, d’améliorer
le Canada et Israël, investissent considérable-
kers vise ainsi à apporter aux responsables les
l’efficacité des organisations. » Demain, l’IA
ment dans l’intelligence artificielle. Les pays
connaissances spécifiques et pratiques leur
aura, bien qu’il reste difficile à appréhender
européens, eux, sont à la traîne. Pour preuve,
permettant de définir et mettre en œuvre une
à l’heure actuelle, un impact plus important
l’Europe a investi dans l’IA quasi autant qu’Is-
stratégie d'IA.
encore sur nos sociétés. « Nous n’avons plus
raël à lui seul. En laissant d’autres pays avan-
le choix d’utiliser l’intelligence artificielle,
cer, nous sommes en train de perdre un avan-
Dans un second temps, la formation à l’intel-
confie Candi Carrera. Nous faisons en effet
tage concurrentiel énorme. Nous avons un
ligence artificielle concerne les équipes tech-
face aujourd’hui à un volume de données im-
grand retard à combler et l’IA Academy doit
niques. « À cet égard, nous proposons deux mo-
mense, qu’un humain seul ne peut gérer, trai-
aider, à l’échelle grand-ducale, de dévelop-
dules qui s’appuient sur des solutions Microsoft »,
ter ni croiser. L’IA doit permettre d’y parvenir
per rapidement le savoir-faire autour de l’in-
précise Jérémy Meisch, Operations Director
et de continuer ainsi à innover et à améliorer
telligence artificielle », explique le Country
chez Devoteam Luxembourg. Le premier, baptisé
la qualité de vie de l’Homme. »
Manager de Microsoft.
possèdent déjà des bases en programmation.
Malgré la demande croissante pour intégrer
« L’IA va révolutionner, transformer voire
« La formation, dispensée sur cinq jours en pré-
des solutions d’intelligence artificielle dans
même remplacer certains jobs mais aussi
sentiel et cinq semaines d’apprentissage en ligne,
les organisations, des craintes subsistent à
augmenter nos compétences. Et c’est en ce
doit permettre aux participants de mettre en
leur égard. « La technologie peut apporter le
sens qu’elle va créer de la valeur ajoutée,
œuvre des applications simples s’appuyant sur
meilleur comme le pire, reconnaît le Country
permettre aux personnes de se concentrer
l’intelligence artificielle, telles qu’un chatbot »,
Manager de Devoteam. Pour éviter toute dé-
sur leur cœur de métier, sur des tâches plus
explique Jérémy Meisch.
rive, les organisations devront donc être ca-
créatives, qui nécessitent une réelle expertise
« Foundation », est dédié aux professionnels qui
pable de contrôler, réguler et développer un
humaine et auront un réel impact positif sur
Le troisième module, intitulé « Advanced »,
œil critique par rapport aux décisions prises
la société. » commente Candi Carrera.
nécessite de disposer d’un niveau de connais-
par l’IA. » C’est pour cette raison que chaque
sances élevé en mathématiques et statistiques
module proposé par l’IA Academy intègre un
ainsi que d’une expérience avérée en program-
volet éthique. « Nous y abordons des thèmes
mation et en gestion des bases de données.
comme le respect des droits, de la vie privée
« Le programme, qui s’étend sur 22 semaines
et de la liberté humaine, explique Jérémy
et comprend à la fois du coaching et des cours
Meisch. L’objectif est de mettre en œuvre
à distance, est dans ce cas très poussé, sou-
la technologie de manière responsable et
ligne l’Operations Director. L’objectif, à terme,
éthique. »
Si l’IA résonne comme un sujet très technologique, elle concerne en réalité l’ensemble des équipes dans une organisation. Wilfrid Lagrange
est de parvenir à créer des modèles d'apprentissage approfondis pour des solutions d'IA
D’autre part, « on se heurte encore à l’idée
présentant un comportement et une intelli-
que l’IA va faire disparaître les emplois, re-
47
EXPERTISES I IA
ITNATION | AUTOMNE 2O19
APPRENDRE ET GRANDIR
AVEC LES ROBOTS KPMG
proches en termes d’orchestration des projets informatiques et de maintien des solutions.
FAIRE FACE À LA COMPLEXITÉ À l’avenir, les opérateurs auront sans nul doute la possibilité eux-mêmes de déployer un robot ou une intelligence artificielle au cœur d’un processus. « Dans ce contexte, il est essentiel de pouvoir garantir la cohérence de ce qui est déployé et s’assurer du suivi de la technologie tout au long de son cycle de vie », ajoute Sven Muehlenbrock. Pour l’expert de KPMG, l’enjeu n’est pas technologique, mais bien organisationnel. Face à ces défis, dont peut découler une complexité grandissante, les organisations doivent se doter d’une gouvernance optimisée et d’un cadre de contrôle. « Pour cela, il faut commencer à s’interroger sur
L’intégration progressive des robots et de l’intelligence artificielle à l’échelle d’une organisation soulève de nombreuses questions. Alors que la technologie est appelée à être mise en œuvre directement par les équipes métier, comment garder le contrôle ? Face à la complexité découlant de la mise en œuvre de solutions d’automatisation intelligente, les entreprises doivent fixer un cadre de gouvernance. Il est aussi essentiel de se doter des outils permettant de piloter son environnement et de garantir les résultats.
of Excellence for intelligent automation and Data
les impacts qui peuvent découler de l’intégration
& Analytic. On devrait petit à petit voir des robots
progressive de ces technologies, à l’instar de
participer de plus en plus intensément à la bonne
l’initiative de la CSSF avec son livre blanc intitulé
marche du business. »
« Intelligence Artificielle : opportunités, risques
NOUVELLES POSSIBILITÉS, NOUVEAUX ENJEUX
et recommandations pour le secteur financier », précise le Head of Lighthouse. L’idée n’est pas de définir des règles précises, qui pourraient freiner le
À l’échelle d’une organisation, avec des pro-
déploiement de ces technologies, mais d’inscrire
cessus qui dépendent les uns des autres et la
l’ensemble des acteurs dans un processus de ré-
potentielle autonomie laissée aux opérateurs
flexion et d’apprentissage, en mettant l’accent sur
pour mettre en œuvre la technologie, l’automa-
la responsabilité de chacun. »
tisation et le recours à l’intelligence artificielle « Demain, qui sera en charge de garantir le ré-
UN NOUVEAU CYCLE D’APPRENTISSAGE
sultat et maintenir la multitude de robots mise
Ces technologies sont en effet relativement neuves.
Beaucoup d’organisations, aujourd’hui, évaluent
en œuvre dans l’entreprise ? Est-ce le départe-
Et il est difficile d’évaluer la manière dont elles vont
le potentiel de l’automatisation en termes de gain
ment IT ou le business lui-même ? Comment
transformer les processus, nos organisations, notre
de performance, le plus souvent sur des proces-
bien orchestrer l’activité humaine et celle me-
société. Ces enjeux complexes doivent pouvoir
sus isolés. Les robots, en remplaçant l’humain
née par les robots ou encore les interactions
être appréhendés au plus haut niveau. « Il s’agit
sur une tâche unique, répétitive, à faible valeur
entre plusieurs robots ?, évoque Sven Muehlen-
d’apprendre, de grandir en cherchant à toujours
ajoutée, s’avèrent très souvent bien meilleurs
brock. Comment assurer un contrôle de l’activi-
mieux comprendre la technologie, ses possibilités,
que l’humain. « L’enjeu est cependant beaucoup
té quand celle-ci n’est plus menée par l’humain
ses impacts. Il faut pouvoir définir des responsabi-
plus complexe si l’on considère un recours géné-
et quand l’IT n’est plus forcément maître de la
lités, faire évoluer les interactions entre l’homme et
ralisé à l’automatisation à l’échelle d’une organi-
manière dont la technologie est utilisée ? L’hu-
la machine, de manière responsable et contrôlée,
sation. Il soulève encore plus de questions si l’on
main est et doit rester responsable du robot. »
commente Sven Muehlenbrock, qui évoque un par-
y intègre les possibilités aujourd’hui offertes par
Ces questions doivent aujourd’hui trouver des
cours d’apprentissage. Nous ne sommes pas habi-
les algorithmes intelligents en tant qu’éléments
réponses rapidement. La mise en œuvre de ces
tués à composer avec cette complexité, cette nou-
d’une solution d’intelligence artificielle, com-
nouvelles technologies, qu’il s’agisse de Robot
velle manière d’envisager une organisation. Nous
mente Sven Muehlenbrock, Partner au sein de
Process Automation ou d’Intelligence Artifi-
n’avons pas encore les outils pour appréhender ces
KPMG Luxembourg, Head of Lighthouse, Center
cielle requiert de recourir à de nouvelles ap-
phénomènes, mais cela va venir. »
48
peuvent soulever de nombreuses questions.
ITNATION | AUTOMNE 2O19
EXPERTISES I IA
UN COCKPIT À CONSTRUIRE L’homme, en effet, est un être remarquable par sa capacité à s’adapter, encore et encore, et à parvenir à maîtriser ce qui, en apparence, ne l’est pas. « C’est en mettant en œuvre ces technologies, en apprenant progressivement, que l’on pourra parvenir à développer les meilleures interfaces homme-machine, pour garantir une meilleure supervision de toute cette intelligence technologique, poursuit le Partner. La technologie que l’on retrouve au sein d’un avion, garantissant la sécurité du vol, ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle est le fruit de 30 années d’amélioration. Elle découle de très nombreuses erreurs donnant lieu à des leçons. Aujourd’hui, malgré la complexité que cela représente, tous ces systèmes embarqués sont sous la supervision d’une ou deux personnes au sein du cockpit. » L’enjeu, petit à petit, est d’offrir aux pilotes les outils lui permettant de mieux maîtriser son environnement, les éléments. Au sein d’un cockpit, chaque élément a son utilité, bien conçu pour servir l’humain. Rien n’est superflu.
DÉFINIR UN CADRE À PARTIR DU BUSINESS MODEL L’arrivée des robots implique d’apprendre à mieux les contrôler, d’apporter aux opérateurs les outils nécessaires pour les superviser. « Il faut pouvoir déterminer ce qu’il est important de contrôler et la manière de le faire eu égard aux enjeux du business, explique Sven Muehlenbrock. Au plus haut niveau, tout en laissant les équipes expérimenter la technologie, il faut pouvoir établir où l’on va, se projeter vers l’avenir et définir ce à quoi ressemblera l’organisation de demain. C’est un enjeu business avant tout. Il s’agit d’établir un modèle business digital pour l’avenir tenant compte de ces possibilités. C’est à partir de cette « grande image » que l’on pourra définir une stratégie claire de déploiement de la technologie et la gouvernance qui l’accompagne. De cette manière, on peut mieux envisager un déploiement contrôlé de l’intelligence artificielle, celle-ci étant supervisée par l’humain, qui l’aide à apprendre et qui grandit avec. »
Sven Muehlenbrock Partner - Head of Lighthouse, Center of Excellence for Intelligent Automation and Data & Analytics I KPMG
49
EXPERTISES I DIGITAL RH
ITNATION | AUTOMNE 2O19
L'IA OU L'IOT
NOUS OBLIGE À ADAPTER NOS MÉTHODES DE RECRUTEMENT Sur le marché des compétences digitales, la pénurie touche la quasi-totalité des métiers. Le phénomène est aujourd'hui amplifié par la numérisation accélérée de l'économie et la montée en puissance des technologies de l'IA, du Big Data, de l'IoT et de l'automatisation. Patricia Bettembourg, Directrice des Ressources Humaines de Proximus Luxembourg, évoque ces enjeux.
Patricia Bettembourg DRH I Proximus Luxembourg
50
EXPERTISES I DIGITAL RH
ITNATION | AUTOMNE 2O19
Quels sont les profils les plus recherchés aujourd'hui et de quelles qualités particulières doivent-ils faire preuve ?
De quels leviers d’action disposez-vous pour retenir ces talents au sein de votre organisation ?
Est-ce que la flexibilité quant au lieu de travail est un paramètre qui est pris en compte chez Proximus Luxembourg ?
S'il y a 10 ans encore, nous évoquions
Nous voulons offrir à nos employés un
Cette préoccupation commence à être
les technologies de l'information et de la
environnement qui soit propice à leur bien-
prise en compte même si notre marge de
communication pour désigner notre activité,
être. C'est pour cette raison que nous avons
manœuvre en la matière est encore limitée
le digital leur a aujourd'hui clairement volé la
créé un espace de convivialité au sein de notre
par certaines contraintes légales, fiscales et
vedette. Aujourd'hui, nous recherchons des
nouveau bâtiment, afin que nos collaborateurs
de sécurité sociale. Proximus Luxembourg
profils qui ne sont plus seulement techniques,
se sentent immergés dans un esprit de
est un professionnel du secteur financier
mais également largement orientés clients.
collaboration. A chaque fois que l'occasion se
qui est tenu de respecter de bout-en-bout
Nous cherchons à nous entourer de profils
présente, nous plaçons nos employés sur le
les règles fixées par la CSSF, notamment en
compétents d'un point de vue technologique,
devant de la scène en valorisant les contrats
matière de télétravail. Cela dit, les dirigeants
mais aussi dotés de bonnes capacités
remportés et les projets réussis à travers
de la société et les délégués du personnel
relationnelles. La personnalité et le style
une communication adaptée. Renforcer le
ont entamé une réflexion quant aux
de leadership que nous attendons de nos
sentiment d'appartenance à l'entreprise de
possibilités d'introduire progressivement
collaborateurs sont également d'un genre
nos collaborateurs est un élément important
plus de flexibilité dans les horaires de travail
nouveau. La difficulté majeure est de trouver
à nos yeux et cela le devient de plus en plus.
tout en respectant le cadre légal.
des profils polyvalents qui possèdent des
Dans cette optique, nous organisons des
compétences techniques poussées, mais qui
afterworks, des forums d'échange, des séances
soient aussi flexibles, agiles et collaboratifs.
sportives ou encore des événements extra-
Quels sont vos canaux de recrutement de prédilection ?
professionnels. Maintenant que nous sommes
A l'ère du digital, nous avons bien sûr
bien installés dans notre nouveau bâtiment,
largement recours aux forums professionnels
ces initiatives vont aller en s'accélérant au
et aux réseaux sociaux, LinkedIn en particulier.
cours des mois à venir.
Mais nous participons également activement
Comment le département RH de Proximus Luxembourg aborde-t-il le recrutement de nouveaux collaborateurs ? L'avenir de notre entreprise dépend fortement
aux salons de recrutement afin d'assurer une
des talents dont elle dispose. Trouver les
Nous mettons par ailleurs à la disposition
présence soutenue sur le terrain. Et lorsqu'il
perles rares n'est donc pas chose facile,
de nos collaborateurs un environnement
s'agit de trouver certains profils particuliers,
d'autant plus que les aspirations des jeunes
dans lequel ils peuvent accroître leurs
nous travaillons avec des cabinets spécialisés.
professionnels ont considérablement évolué.
compétences. C'est essentiel pour la rétention
L'émergence de technologies comme le Big
Au-delà du package salarial, ils recherchent de
des talents. Dans un secteur d'activité comme
Data, l'Intelligence Artificielle ou l'Internet
la reconnaissance de la part d'une entreprise
le nôtre, l'évolution rapide des technologies
des Objets nous place face à des défis inédits.
capable de susciter en eux un sentiment
exige en outre une mise à jour constante des
Elle nous oblige à adapter nos méthodes de
d'appartenance. Ils désirent également pouvoir
compétences.
recrutement et de recherche de talents pour
établir une relation de confiance réciproque
aller à la rencontre de nouveaux profils, qui
avec leurs managers. Les talents attendent
Nous abordons aussi la gestion des carrières de
ne sont pas nécessairement issus des filières
d'une entreprise qu'elle puisse leur offrir en
manière personnalisée. Cela passe notamment
habituelles.
permanence des possibilités de développement
par la mobilité interne: dès qu'un poste est à
professionnel, des opportunités de mobilité
pourvoir, nous offrons à nos collaborateurs
D'autre part, nous encourageons de plus
interne et des occasions de relever de nouveaux
la possibilité de postuler, avant même de
en plus nos collaborateurs à jouer un rôle
challenges. Les jeunes professionnels de la
rechercher un candidat à l'extérieur de la
d'agents de recrutement et d'ambassadeurs
génération Z sont très sensibles à la valeur que
société. Certains responsables de département
de la qualité de l'emploi chez Proximus
l'on accorde à leur travail. Ils veulent se sentir
sont parfois réticents à perdre ainsi un bon
Luxembourg. La cooptation est une formule
utile, comprendre ce qu'on leur demande
élément, mais la plupart ont compris qu'il
qui fonctionne bien et qui nous apporte
et trouver du sens à ce qu'ils font. Je suis
valait mieux laisser partir un collaborateur
une garantie supplémentaire quant aux
convaincue que la reconnaissance est vraiment
talentueux vers un autre département que de
compétences du candidat qui nous est
la clé pour retenir ces talents.
le voir nous quitter pour une autre entreprise.
recommandé.
51
EXPERTISES I JOB
ITNATION | AUTOMNE 2O19
ILS NOUS DISENT POURQUOI ILS ONT CHOISI LEUR JOB !
RAPHAEL MATTE
OPERATIONS MANAGER I NSI NSI Luxembourg accorde une grande importance à la cohésion d’équipe. « L’une des premières mesures mises en place a été l’instauration d’une réunion mensuelle avec l’ensemble des collaborateurs, explique Raphaël Matte, Operations Manager chez NSI Luxembourg. « Ces réunions régulières ont pour objectifs de nourrir le sentiment d’appartenance au groupe et de faciliter la communication entre les collaborateurs. Nous y faisons un point sur l’état des activités de l’entreprise et nous laissons à chacun l’opportunité d’intervenir.» En fin de réunion, un moment convivial extra professionnel est également prévu. « Même si le bénéfice apporté par ces réunions n’est pas mesurable, nous constatons que nous sommes parvenus à maintenir les valeurs humaines qui sont à la base de notre projet », conclut Raphaël Matte.
Rejoignez l’équipe NSI : www.nsi.lu
52
EXPERTISES I JOB
ITNATION | AUTOMNE 2O19
CHARLOTTE TOUSSAINT
CONSULTANTE WEB I INSPIIRO
FATEN BEN SALEM
SENIOR TEST MANAGER I ONEPOINT LUXEMBOURG
« Diplômée en communication et en infogra-
Ingénieure de formation dans le domaine des
phie, j’ai eu l’opportunité d’effectuer mon stage
technologies de l’information, j’ai débuté ma carrière
de fin d’études chez Inspiiro.me Luxembourg.
au sein de sociétés internationales implantées en
J’ai pu faire valoir mes compétences dans ces
Tunisie, pays dont je suis originaire. J’ai d’abord assuré
deux domaines, ce qui était pour moi primordial.
une fonction de gestionnaire de configuration,
En mettant l’employé au cœur de ses priorités,
avant de m’orienter vers le testing et maintenant
Inspiiro.me met en avant des valeurs humaines
l’accompagnement au changement. Désireuse de
qui sont, à mes yeux, les grands atouts de cette
sortir de ma zone de confort, j’ai rejoint onepoint
entreprise. Après mes études, j’ai eu la chance de
Luxembourg en avril 2017, en tant que Test Manager.
me voir proposer un poste de consultante web
La description du poste, les perspectives d’évolution
que j’ai évidemment accepté ! Chaque jour est
et la philosophie de l’entreprise m’ont convaincue.
un nouveau défi où les projets divers et variés
Je veux être maître de mon parcours professionnel
m’apportent de nouvelles occasions d’apprendre
et onepoint m’en donne la possibilité. Dans notre
et de consolider mes compétences. Inspiiro.me
secteur, il est essentiel d’avoir tous les outils en main
jouit d’une équipe talentueuse et accueillante où
pour survivre aux mutations constantes. On ne sait pas
l’écoute et l’entreaide sont omniprésentes, ce
ce que seront nos métiers demain. onepoint m’offre
qui me permet de travailler sereinement sur des
l’accompagnement nécessaire pour développer ces
projets de qualité. Travailler dans les domaines
compétences et construire un parcours à mon image.
de la communication, du web design et de l’ex-
Groupe sans frontière, entreprise libérée, onepoint
périence utilisateur au sein de cette structure
permet à chacun de se développer et de dessiner son
moderne et en pleine croissance est une réelle
évolution professionnelle. Il y a deux ans et demi, j’ai
motivation au quotidien ! »
tout quitté pour venir au Luxembourg. Aujourd’hui, je suis heureuse et fière de ce choix.
Rejoignez l’équipe Inspiiro : inspiiro.me/work-for-us
Rejoignez l’équipe de Onepoint : www.groupeonepoint.com
53
DIGITALNATION
Bruno Chauvat Co-founder, Chief Executive Officer I Travelsify
54
Tra
ITNATION | AUTOMNE 2O19
Alexandra Fernรกndez Ramos Co-founder, Chief Product & Sales Officer I Travelsify
velsify ITNATION | AUTOMNE 2O19
DIGITALNATION
Révéler l’ADN des hôtels pour une expérience utilisateur garantie
C’est depuis Atlanta, sans doute depuis une chambre d’hôtel qui correspondait en tout point à ses attentes, qu’Alexandra Fernández Ramos, la cofondatrice de Travelsify, a répondu à nos questions. Sa start-up identifie l’ADN des hôtels au départ de l’analyse des commentaires des clients. Grâce à ces données, elle peut vous suggérer l’hôtel qui proposera l’expérience que vous voulez vivre. Un concept prometteur, qui a permis à l’équipe de Travelsify d’aller loin… La préparation d’un voyage, au moment où l’on cherche l’hôtel idéal, peut s’avérer fastidieuse. Sur les plateformes de réservation en ligne, on perd en effet souvent beaucoup de temps à comparer les hôtels à la recherche du lieu idéal. Force est de constater qu’il est souvent Alexander Weber Co-founder, Chief Technology Officer I Travelsify
très difficile de se faire une idée, sur base des quelques photos disponibles, de l’ambiance
55
DIGITALNATION
ITNATION | AUTOMNE 2O19
véritable que propose un hôtel. Les filtres
d’offrir une relation plus personnalisée à
le chinois et le japonais – « on peut vraiment
permettant de faire le tri dans la masse d’éta-
chacun de leurs clients. »
parler de Big Data ». Elle peut classifier des hôtels
blissements sont relativement limités. Ils s’at-
suivant 40 attributs différents et des restaurants
autour de critères rationnels, comme la locali-
… AU DÉPART DES EXPÉRIENCES VÉCUES PAR LES VOYAGEURS
sation, le budget, la formule d’hébergement ou
Pour définir l’ADN de ces hôtels, Travelsify
UN COUP TROP TÔT
la catégorie des chambres. Mais aujourd’hui,
quantifie l’expérience d’un hôtel telle que
C’est en avril 2016 que la start-up a été
cela ne suffit plus.
vécue par les voyageurs au moyen d’attributs
fondée. Galvanisés par les nombreux retours
qui vont ensuite permettre à d’autres voya-
positifs autour d’eux, les trois co-fondateurs
geurs de rechercher l’hôtel qui correspond
établissent un pilote, intègrent le programme
tachent le plus souvent à orienter la recherche
FORMULER LA BONNE RECOMMANDATION
selon 90 critères.
à leur préférences. « L’enjeu, au départ, a
Seed4Start au Luxembourg et trouvent leurs
« Il y a de cela 4 ans, mes co-fondateurs et
été de définir ces expériences pour ensuite
premiers investisseurs dans la foulée. Les trois
moi étions amenés à voyager régulièrement
aller rechercher au cœur des commentaires
comparses n’en sont cependant pas à leur
pour des raisons professionnelles. Nous avons
comment les révéler, détaille Alexandra.
coup d’essai. « C’est en 2006 que j’ai rejoint le
alors constaté que, même s’ils disposaient de
Que l’on voyage en famille, avec sa mère, en
Luxembourg et Bruno pour contribuer au déve-
nombreuses données sur leurs clients, leurs
couple, entre copines pour un enterrement de
loppement de Playtime / MusicMakesfriends,
habitudes, leurs envies, les sites de réservation
vie de jeunes filles ou pour des raisons profes-
qui était le précurseur de Spotify et Deezer.
peinaient à formuler les bonnes recommanda-
sionnelles, on va chercher des expériences,
C’est également là que j’ai rencontré Alexan-
tions. À chaque fois que l’on reçoit un e-mail
des ambiances différentes. En fonction de sa
der. Si nous avions déjà établi des contrats
ou une offre de leur part, on est en droit de
personnalité, aussi, on préfèrera un type d’hô-
avec les majors de l’industrie du disque, nous
se demander pourquoi ils nous proposent des
tel plutôt qu’un autre. Certains vont vouloir
avons subi de plein fouet la crise de 2008 et
hôtels qui ne nous intéressent pas », explique
une chambre spacieuse, dans une ambiance
le gel des investissements. Disons que, sur
Alexandra Fernández Ramos, cofondatrice de
plutôt cosy tandis que pour d’autres, c’est
ce coup, nous sommes arrivés un peu trop
Travelsify. Avec ses comparses, Bruno Chauvat
l’aspect social, entrer en relation avec d’autres
tôt dans un marché du streaming naissant »,
et Alexander Weber, les deux cofondateurs de
personnes qui prime alors que la chambre
explique l’entrepreneuse.
cette start-up luxembourgeoise active dans le
aura moins d’importance. »
domaine de la TravelTech, elle a creusé cette
TRAVELSIFY DISCUTE AVEC LES PLUS GRANDS
vés à la conclusion que le problème ne venait
CLASSIFIER LES HÔTELS SUIVANT 4O ATTRIBUTS ADN
L’aventure semble beaucoup plus promet-
pas d’un manque de connaissance du client,
Linguiste de formation, avec une carrière profes-
teuse pour Travelsify. Trois ans après son
mais de lacunes dans les données disponibles
sionnelle dans l’univers des télécommunications
lancement, la start-up discute avec plusieurs
sur les hôtels eux-mêmes », poursuit l’entre-
et des médias, la cofondatrice s’épanouit désor-
acteurs figurant dans le top dix des plus
preneuse.
mais dans le développement de cette start-up
grands acteurs de l’industrie hôtelière au
technologique
recourant
monde, Marriott, AccorHotels ou encore
question. « Nous en sommes rapidement arri-
ÉTABLIR L’ADN DES HÔTELS…
remarquable.
En
notamment à des solutions d’intelligence artifi-
Intercontinental. « Et tout cela au départ du
C’est sur cette base que les trois associés ont
cielle de traitement du langage naturel, Travelsify
Luxembourg, précise Alexandra. Nous avons
développé le concept de leur start-up qui,
part à la recherche des éléments qui permettent
opté pour un positionnement B2B2C. Nous
aujourd’hui, séduit les principaux groupes
d’identifier une ambiance nightlife, zen, design,
sommes avant tout une entreprise technolo-
hôteliers du monde. « Nous utilisons la tech-
lumineuse, romantique, comme à la maison,
gique. Notre objectif est de mieux servir l’uti-
nologie pour établir l’ADN des différents
authentique… dans nos commentaires « On fait
lisateur grâce aux possibilités offertes par le
hôtels au départ des commentaires laissés par
de la sémantique et du regroupement séman-
numérique à travers les sites de ces grands
les clients, explique Alexandra. À partir de ces
tique à partir de données non structurées pour
acteurs. Ces derniers doivent notamment
éléments, l’idée est ensuite de pouvoir propo-
parvenir à créer ces divers ADN d’hôtel, pour
rattraper un certain retard par rapport aux
ser l’établissement qui correspond le mieux
distinguer différents types de produits et d’ex-
grandes plateformes de réservation en ligne
à l’expérience souhaitée par les voyageurs à
périences », précise-t-elle. Aujourd’hui, la start-
en matière de services proposés aux utilisa-
la recherche d’un hôtel. Ce développement
up peut se targuer d’avoir analysé 400 millions
teurs. » La solution de Travelsify fait mouche.
permet aux géants de l’industrie du tourisme
de commentaires en plusieurs langues dont
La start-up a déjà pu la mettre en œuvre,
56
ITNATION | AUTOMNE 2O19
DIGITALNATION
dans des phases de test, sur plusieurs sites de
IL FAUT QUE ÇA MATCHE
sait de meilleurs résultats. Ce comparatif nous
réservation de ces grands groupes. Au regard
Un des enjeux, dès le début, a été de valider la
a donné confiance et permis de réaliser notre
de l’importance de ces sites, en termes de
technologie et les modèles d’apprentissage,
première levée de fonds en 2016. » En septembre
trafic et de chiffres d’affaires générés, ce n’est
notamment pour garantir la pertinence des
2018, elle levait 5 millions d’euros auprès d’in-
déjà pas rien. « L’enjeu, actuellement, est de
résultats. « À nos débuts, alors qu’un million
vestisseurs dont AccorHotels. Fort de ces succès,
démontrer l’efficience de la technologie, son
de commentaires sur Lisbonne, Barcelone,
Travelsify approfondit petit à petit sa maîtrise de
impact sur les réservations. Nous mettons à
Paris avaient été analysés, nous avons décou-
la donnée pour proposer une expérience utilisa-
disposition notre technologie et nos données
vert qu’un acteur outre-Atlantique proposait un
teur toujours plus avancée. Elle a par exemple
pour améliorer l’expérience. Et nous avons
concept similaire au nôtre s’appuyant sur IBM
étendu sa solution aux restaurants mais aussi à la
pu constater, là où la solution était mise en
Watson. De quoi susciter quelques craintes. Nous
reconnaissance d’image, permettant que l’image
œuvre, des augmentations significatives du
avons alors décidé de tester leur pilote pour
de l’hôtel présentée sur le site colle au mieux à
nombre de réservations. »
constater, avec bonheur, que le nôtre fournis-
l’expérience attendue par l’utilisateur. « L’enjeu, comme cherche à le faire une application comme Tinder, est que ça matche entre l’hôtel et l’utilisateur. À cette fin, la photo mise en avant a toute son importance. »
AU DÉPART DU LUXEMBOURG, OSONS ! Travelsify a déjà parcouru beaucoup de chemin. « Et tout cela au départ de Luxembourg », précise Alexandra. Peu de start-ups dans le domaine de TravelTech peuvent prétendre arriver à entretenir des relations avec des clients d’une telle envergure. Derrière cette réussite, il y a aujourd’hui une équipe d’une vingtaine de personnes, perfectionnant les algorithmes, supervisant les techniques d’intelligence artificielle. Pour l’entrepreneuse, une des rares femmes à la tête d’une start-up digitale au Luxembourg, « même si elles sont de plus en plus nombreuses », cette réussite démontre qu’en osant, on peut aller loin. « Je n’ai pas peur d’apprendre. Dans cette aventure, par exemple, je n’ai pas hésité à me former au coding. Pas en ayant la prétention de devenir développeuse, mais pour comprendre comment cela fonctionne, dépasser certaines craintes, avancer aux côtés d’autres ingénieurs. En cherchant à comprendre, ce qui paraît de prime abord inaccessible devient progressivement plus abordable. Quand je regarde le chemin parcouru aujourd’hui, cela peut paraître impressionnant. Mais tout se construit étape après étape. La clé, c’est d’oser… » Alexandra et Travelsify Alexandra Fernández Ramos Co-founder, Chief Product & Sales Officer I Travelsify
démontrent par leur parcours que cela peut effectivement vous emmener loin.
57
MOVINGHEADS
ITNATION | AUTOMNE 2O19
NABIL MEZIANI
CIO Raiffeisen
Retour au Luxembourg pour Nabil
MOVING
HEADS
Meziani. L’ancien Chief Information and Technology Office de Rakuten Bank Europe avait, il y a quelques mois, quitté le Grand-Duché pour rejoindre la Baie de San Francisco. Désormais, c’est la banque Raiffeisen qui l’accueille. Cette banque coopérative est l’un des principaux acteurs luxembourgeois délivrant des services de retail banking. Nabil Meziani y occupera la fonction de Chief Information Officer (CIO), qui était jusqu’alors dévolue à Jean-Luc Martino. Elu CIO of The Year lors du Gala Golden-i 2014, puis CIO of The Year Europe 2015 par le réseau CIONET, Jean-Luc Martino restera dans l’équipe informatique de la banque pour accompagner Nabil Meziani dans ses nouvelles fonctions. Après un début de carrière dans le monde des télécommunications, Nabil Meziani avait rejoint le Luxembourg et le secteur bancaire, en 2014, avec pour mission de mettre en place les systèmes d’information de la toute nouvelle banque du groupe Rakuten en Europe. Un sacré challenge. Il ne fait aucun doute qu’il va désormais pouvoir mettre son expérience au service de la transformation digitale d’un des acteurs de la banque parmi les plus ancrés au Luxembourg. Nabil Meziani est diplômé de l'EPITA ainsi que de l'INSEAD.
EMILIA TANTAR
FILIP VOLDERS
Chief Data and Artificial Intelligence Officer - INCERT
CTO Bâloise Luxembourg Le 15 juillet dernier, Filip Volders a été
Après avoir évolué pendant plus de
nommé CTO de Bâloise Luxembourg.
15 années, comme entrepreneuse,
Il aura pour mission, notamment, de
chercheuse, consultante ou récem-
contribuer à l’amélioration continue des
ment auprès du secteur bancaire,
systèmes d’information de la compagnie
Emilia se tourne maintenant vers
d’assurance. Par un meilleur usage de
un des principaux enjeux de la nouvelle économie : combiner cyber-
la technologie, et des possibilités qu’elle offre en matière d’automatisation et
sécurité, identité digitale et Intelligence Artificielle. Emilia a d’abord
de numérisation des processus métiers, son expertise doit aussi permettre à la
été doctorante de l’université de Lille 1, a publié de nombreux papiers
société de se transformer, pour mieux servir ses clients. Filip Volders a 25 ans
scientifiques et a co-fondé une start-up. Elle a également participé au
d’expérience dans l’univers informatique et financier. Il a travaillé pendant les
développement de partenariats internationaux entre des centres de
six dernières années au sein du Groupe IQ-EQ (ex-SGG) en tant que Group IT,
recherche, des universités et des entreprises dans les domaines du big
Change, Security & Facilities Leader et membre du Comité Exécutif. Avant cela
data et de la cybersécurité. Pour Emilia, rejoindre INCERT est l’oppor-
et pendant huit ans, il a travaillé pour Schroder Investment Management en
tunité d’apporter son expérience et sa motivation au service d’enjeux
tant que Head of Change & IT pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique.
concrets sur lesquels travaille l’Agence. L’objectif est de construire
Il a débuté sa carrière chez Caceis en 1994 où il a passé 11 ans, d’abord en tant
une approche globale de l’Intelligence Artificielle, étape par étape, et
que Business Program Manager, puis en tant que Custodian Cash Domain
en partenariat avec les acteurs voulant développer le savoir-faire, le
Responsible. Agé de 50 ans, Filip Volders est titulaire d’un diplôme d’ingénieur
partage de connaissances et des usages tangibles pour le Luxembourg.
civil en informatique (Université de Louvain) et d’un diplôme d’ingénierie indus-
fonctions dès février 2019.
trielle (Université d’Anvers).
58
s rvice e S ion t a c uni m m co e l e T
Tra inin gC en ter
T IC
rity u ec s r be y C re u t uc r t s ra f In
SHARE MORE THAN TECHNOLOGY Since 1979, we accompany all organizations in their digital transformation, by providing holistic ICT & Telecommunication solutions, as well as tailored support services. More than just technology, we share our passion and know-how to simplify, connect and secure your business.
www.telindus.lu
ital g i D
s lution o S ce n a n Fi
ies g o nol h c g Te n i g r Eme ons i t a plic p A ess n i s ud u o M l B C i an Mult ag ed Serv ices