ITnation Magazine - Edition Automne 2019

Page 1

AUTOMNE2O19

Accompagner l’économie luxembourgeoise dans sa transformation digitale

LE GRAND ENTRETIEN

La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de penser, à des idées différentes Nathalie Knops

Banque Internationale à Luxembourg (BIL)

P.6

GRAND DOSSIER I PLACE AUX FEMMES ! CLOUD

IA

DIGITAL RH

DIGITAL NATION

Garantir la souveraineté en Europe

L'enjeu de la formation

Adapter nos méthodes de recrutement

Penser et vivre l'hôtel autrement

EBRC P.38

DEVOTEAM & MICROSOFT P.46

PROXIMUS LUXEMBOURG P.5O

TRAVELSIFY P.54


ConnectedOffice Essentials

Assistance

24/7

L’essentiel pour communiquer de façon professionnelle avec vos clients et développer votre activité !

NEW

!

Disponible dans nos shops Telecom


ITNATION | AUTOMNE 2O19

EDITO

EDITO LA FEMME, L’AVENIR NUMÉRIQUE DE L’HOMME PAR EMILIE MOUNIER

Longtemps, les métiers de l’ICT étaient une affaire d’hommes. Cependant, la révolution numérique que nous traversons doit aujourd’hui s’appuyer sur de nouvelles compétences. Dans ce nouvel environnement, les femmes ont (ou du moins devraient avoir) d’avantage la possibilité de s’exprimer. L’on constate toutefois avec regret qu’elles sont encore peu nombreuses à s’orienter vers les nouveaux métiers du numérique. Pourquoi avec regret ? Parce que, justement, ces nouveaux métiers leur offrent de belles perspectives de carrière et d’épanouissement professionnel. Les organisations cherchant à innover et à se transformer cherchent actuellement désespérément des talents, principalement des compétences techniques, dans les domaines de l’exploitation de la donnée, de la cybersécurité, du développement applicatif… Face à cette pénurie, il n’est définitivement plus question de genre mais uniquement de compétences. D’autre part, la révolution numérique ne peut s’opérer pleinement que si elle s’appuie sur suffisamment de diversité. Il est essentiel que toutes les sensibilités puissent s’exprimer dans sa mise en œuvre. Les femmes doivent pouvoir y prendre part et contribuer, avec les hommes, à façonner le monde de demain. Pour toutes ces raisons, nous sommes intimement convaincu(e)s que les femmes ont une place plus importante à prendre au sein de cette économie numérique qu’auparavant. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu donner des accents féminins à ce magazine. Depuis la création d’ITnation, c’est la première fois que notre couverture consacre une femme. Nathalie Knops, Head of Business Transformation au sein de la BIL, témoigne à travers le Grand Entretien que l’on peut s’affirmer en tant que femme au cœur d’un environnement a priori masculin. Et que cela n’implique pas forcément de grands efforts, mais avant tout une réelle curiosité, une volonté d’apprendre personnellement et avec les autres, pour se forger sa propre opinion et avancer. Nous espérons que son parcours ainsi que celui des autres actrices du numérique mises à l’honneur dans ce magazine seront de nature à inspirer d’autres femmes. Car on ne force pas la diversité. Elle ne se forge pas en instaurant des quotas, mais en encourageant chacun et chacune à plus d’ouverture et de curiosité, à dépasser ses craintes et les idées reçues, à casser les stéréotypes. Dans cet environnement numérique, les femmes ont chacune la possibilité de prendre leurs responsabilités, d’entreprendre, de partager des idées. Bref, de faire entendre leur voix.

3


ITNATION | AUTOMNE 2O19

est un magazine MAKANA 5, rue Belle-Vue L-7350 Lorentzweiler Grand-Duché de Luxembourg info@itnation.lu

Sommaire automne 2O19

IBAN I LU55 0141 0422 4000 0000 BIC I CELLLULL TVA I LU 30157240 RC Luxembourg B 95210

Publication

ÉMILIE MOUNIER

Owner emilie.mounier@ITnation.lu T. +352 691 99 11 56

CYRIELLE PINALIE Account Manager cyrielle.pinalie@ITnation.lu T. +352 671 26 10 26

Concept éditorial TALK2U

www.talk2u.lu +352 26 30 52 27

Rédaction

SÉBASTIEN LAMBOTTE JEANNE RENAULD QUENTIN DEUXANT

Mise en page KAMOO STUDIO

arnaud@kamoostudio.com www.kamoostudio.com +352 691 461 806

Photographie COVER & Grand entretien par :

GAËL LESURE www.gaellesure.fr Pages intérieures :

VINCENT REMY www.vincentremyphoto.com

OLIVIER DESSY www.olivimages.com

4

LE GRAND ENTRETIEN « LA DIVERSITÉ OBLIGE À S’OUVRIR À D’AUTRES MANIÈRES DE PENSER, À DES IDÉES DIFFÉRENTES. »


SOMMAIRE

ITNATION | AUTOMNE 2O19

GRAND ENTRETIEN

EXPERTISES I CLOUD

6-13

La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de

Le cloud d'econocom PSF certifié ISO 27001

penser, à des idées différentes

36-37 38-41

souveraineté numérique

42-43

Le cloud public, vecteur d'accélération de la

SUJET D'ACTU

Un cloud européen pour garantir notre

transformation

14-15 16-17

Actualités en bref Le facteur humain, clé de la success story NSI

Luxembourg

18-19

POST unit ses forces dans le domaine de la

cybersécurité

2O-21

Une conception structurée pour des solutions

pertinentes

DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

EXPERTISES I IA 44-45 46-47 48-49

Construire l'entreprise intelligente Se former à l'IA : un enjeu crucial dès aujourd'hui Apprendre et grandir avec les robots

DIGITAL RH 5O-51

L'IA ou l'IOT nous oblige à adapter nos méthodes

24-27

WIDE : inviter les femmes à évoluer dans les métiers

de recrutement

du numérique

Ils nous disent pourquoi ils ont choisi leur jobs !

28-29 3O-31 32-34

52-53

Infographie : les femmes dans le digital Portrait : Nathalie Plompen IT-néraire diversifié

DIGITAL NATION

L'IA pour mieux protéger nos identités

54-57

Révéler l'ADN des hôtels pour une expérience

utilisateur garantie

58

Moving heads

MAISON D'EDITION I Autorisation d’établissement N°102739 © Toute reproduction, même partielle, est soumise à l’approbation écrite préalable de l’éditeur. Tous droits réservés. ITnation est membre de Luxorr – Luxembourg Organization For Reproduction Rights – info@luxorr.lu

5


GRANDENTRETIEN

GRAND

ENTRETIEN

NATHALIE KNOPS Nathalie Knops est l’un des vecteurs essentiels de la transformation digitale de la BIL. En charge de la transformation de l’ensemble des métiers de la banque, son rôle implique évidemment une dimension digitale forte. Si elle n’est pas une exception, elle fait partie des trop rares femmes à exercer des responsabilités dans la mise en œuvre de projets technologiques clés pour le développement de l’organisation qui l’emploie. C’est le hasard, dit-elle, qui l’a menée là où elle est aujourd’hui. Toutefois, il n’y a pas vraiment de hasard quand on est, comme elle, curieuse, ouverte à la nouveauté et désireuse de travailler en équipe pour mener des projets à bien.

La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de penser, à des idées différentes. 6


GRANDENTRETIEN

7


GRANDENTRETIEN

8

ITNATION | AUTOMNE 2O19


ITNATION | AUTOMNE 2O19

GRANDENTRETIEN

QUAND ON INNOVE, C’EST AU PROFIT DU CLIENT ET DES EMPLOYÉS Madame Knops, pouvez-vous nous décrire les contours de votre mission en tant que Head of Business Transformation ?

spécialistes de la gestion du changement. Et ces équipes se sont finalement rapprochées physique-

concrètement, pense-t-on et met-on en œuvre le changement ?

ment de l’équipe IT, des développeurs ou encore des testeurs, dans une logique de développement

On a un plan de transformation avec un horizon

La mission qui a été confiée à l’équipe que je di-

agile. Ensemble, nous mettons en œuvre de nou-

situé à 2025. Celui-ci a été défini avec le comi-

rige est de mettre en œuvre le plan de transfor-

velles solutions, à l’image de la fonctionnalité

té exécutif et l’actionnaire. Avec Laurent, nous

mation de la banque. Ce plan, arrêté au niveau

d’on-boarding mobile que nous avons lancée en

avons participé à pas mal de discussions autour

du comité exécutif, intègre de nombreux aspects

avril 2018. Nous sommes d’ailleurs fiers d’être les

de ce plan. Pour définir une vision, il faut en ef-

liés à la rénovation de la banque. Il y a des projets

premiers à proposer une telle solution sur le marché

fet pouvoir amener une dose de stratégie métier

digitaux, d’autres ont trait à l’évolution du CRM,

luxembourgeois. Nous sommes donc là pour trans-

mais aussi développer une approche plus tech-

certains visent une meilleure valorisation des

former activement la banque dans son ensemble.

nique. C’est désormais devenu impossible de

données. Il ne faut pas oublier l’important projet

Nous faisons évoluer ses différents métiers, du

dissocier les deux. Une part de notre mission

de remplacement de notre core banking system.

wealth management au corporate banking en pas-

consiste à conscientiser le comité exécutif et l’ac-

Cette mission implique de développer des col-

sant par le retail ou encore l’institutional banking.

tionnaire sur ce qu’il y a lieu de faire pour nous

laborations fortes entre mon équipe, qui émane

Mais nous contribuons aussi à l’évolution des autres

amener à un échelon supérieur, nous maintenir

principalement des métiers, et les équipes IT. Cela

départements, qui supportent la bonne marche des

et nous permettre de grandir sur notre marché et

s’est traduit par un chantier de transformation en

activités et contribuent par ailleurs au Plan.

au-delà. Le plan doit nous servir de guide. À nous

mode agile au niveau de certaines équipes appelées à mettre en œuvre ce plan. Nous en avons aussi profité pour intégrer une série de nouvelles

de le prendre et d’envisager la meilleure manière

Combien de personnes votre équipe comptet-elle ?

de le mettre en œuvre, à le détailler jusqu’à la dé-

L’équipe dont j’ai la responsabilité n’est pas très

Comment sont définies les priorités dans la mise en œuvre de ce plan stratégique ?

finition d’un product backlog.

pratiques comme le design thinking.

Peut-on dire que vous êtes l’interface entre les équipes IT et celles des différents métiers de la banque ? C’est plus que cela. Au départ, mon équipe est com-

grande. Nous sommes 25. Par contre, avec l’équipe de Laurent Kaiser, mon alter ego IT, avec qui nous cogérons le plan de transformation, ainsi qu’avec

Comme on travaille en mode agile sur la plupart

les équipes de nos partenaires externes, cela repré-

de nos projets, des discussions régulières ont lieu

sente une force de frappe d’environ 150 personnes.

sur les prochaines étapes de notre développe-

posée de product owners. Elle a progressivement intégré des compétences en data science. Un Lab UX a aussi été mis en place. On y trouve encore des

ment. Il y a une vision stratégique dont la mise

Quels sont les principaux vecteurs de la transformation de la banque ? Comment,

en œuvre se traduit à travers un portefeuille de projets. Et celui-ci est régulièrement réévalué.

9


GRANDENTRETIEN À intervalles réguliers, dans la mesure où nous livrons de nouveaux développements tous les

ITNATION | AUTOMNE 2O19

Vous parlez là du projet de transformation du core banking system ?

trois mois, nous fixons les nouveaux chantiers à

de tirer plus de valeur de l’ensemble des données que l’on peut collecter. Il permet la mise en œuvre de grands programmes de trans-

venir. On évalue les priorités. On regarde si les

Notamment. C’est un challenge nécessaire,

formation. Le digital, c’est un facilitateur pour

projets envisagés ont encore du sens, s’il n’y

qui doit nous permettre de mieux appréhender

mettre en place toute une série de nouvelles

a pas d’autres défis à relever. Mon rôle est de

l’avenir. Au-delà, il faut digitaliser beaucoup

solutions et d’innovations au service du déve-

communiquer cette vision stratégique avec les

d’aspects de la banque et de son fonction-

loppement de la banque.

équipes afin d’envisager la meilleure manière de

nement, qui sont susceptibles de toucher nos

la mettre en œuvre à travers un plan tactique.

clients et nos collaborateurs, notre manière d’interagir avec les uns et les autres. Cela im-

Comment faites-vous pour que différents départements parviennent à mieux collaborer ?

Concrètement, sur quels projets travaillezvous ?

plique de se poser de bonnes questions. Tout en digitalisant, il faut tenir compte de notre

La solution d’on-boarding mobile, que nous

clientèle existante dans sa diversité, nous

avons livrée il y a un an, est un projet dont nous

Cette vision de la banque de demain est lar-

demander comment le changement peut l’af-

sommes très fiers. Sur la partie CRM, pour soute-

gement partagée à travers l’ensemble des

fecter. Le respect de nos clients est essentiel.

nir les collaborateurs dans le service client, beau-

équipes. Elle sert de base pour établir l’en-

Notre priorité est de continuer à tous les servir

coup d’efforts sont consacrés à l’amélioration du

semble de nos objectifs, au niveau des métiers

correctement.

poste de travail en agence. Suite au lancement de

de la banque, du digital, de la communication, de la compliance ou encore du marketing. C’est elle qui rassemble les divers départements. Entre la vision stratégique portée au

la rénovation de notre Core Banking, nous avons

On a évoqué les facteurs internes. Quels sont les facteurs externes qui poussent la BIL à se transformer ?

plus au niveau, les équipes intermédiaires où

aussi mis en œuvre, avec notamment l’impulsion du Chief Data Officer, un grand programme Data. Celui-ci touche à la fois à la création de nouveaux data warehouses devant permettre aux différents

je me trouve et puis les équipes sur le terrain, il

Il y a l’évolution de l’environnement écono-

métiers d’accéder aux données dont ils ont besoin.

y a constamment des échanges dans les deux

mique, complexe et compétitif… L’environ-

La volonté est de donner du pouvoir à l’ensemble

sens. Nous nous assurons de la bonne diffu-

nement de taux bas, la nouvelle concurrence

des métiers de la banque en matière d’exploitation

sion des informations qui émanent du comité

qui s’installe, avec les Fintechs et les GAFA,

de la donnée, selon un mode self-service. On tra-

de direction, mais nous faisons aussi remon-

nous obligent à bouger. Ce qui est réjouis-

vaille aussi sur divers parcours et sur des projets

ter des données essentielles exprimées par

sant, c’est que l’environnement technolo-

qui doivent nous permettre de mieux intégrer la

les équipes. De cette manière, il est possible

gique évolue aussi dans le bon sens. Cela

réglementation au cœur de nos processus.

de sensibiliser le comité exécutif sur l’un ou

nous permet de faire des choses que nous

l’autre aspect. Ce qui peut, par exemple, ame-

n’aurions tout simplement pas pu envisager

ner à revoir certaines priorités.

en capitalisant sur nos propres équipes, nos

Si l’on reste sur la régulation, comment avezvous appréhendé PSD2 ?

développeurs, voici quelques années. Enfin,

Quels sont les principaux moteurs de la transformation des métiers de la banque ?

parmi les facteurs externes, il y a aussi la ré-

Avec PSD2, on parle d’une nouvelle réglementa-

glementation, qui nous amène à développer

tion que j’aime bien dans la mesure où elle permet

de nouveaux projets.

de développer des expériences nouvelles pour les

On peut évoquer des facteurs internes et des facteurs externes. Du côté des facteurs internes, il y a cet environnement de travail qui

clients et les collaborateurs. J’ai dit à mes équipes

En quoi le digital est-il un levier essentiel de cette transformation ?

évolue, nos collaborateurs apportent leurs

que, désormais, nous allions devoir commencer à penser à la manière d’Amazon et de Jeff Bezos. Quand on fait quelque chose, il faut penser à sa

idées d’améliorations et en plus de nouvelles

Le digital permet d’accéder à de nouvelles so-

potentielle utilisation dans un autre contexte, au

personnes nous rejoignent et sont porteuses

lutions et d’accélérer la mise en œuvre de ces

moyen d’API (interface de programmation d’appli-

de nouvelles idées, désireuses de prendre

solutions. Cela nous offre la possibilité de servir

cation). PSD2, c’est vraiment une opportunité de

part à de nouvelles initiatives. L’autre élément

différemment nos clients et de simplifier le tra-

penser la banque autrement, de s’ouvrir, d’envisa-

interne majeur, c’est évidemment le legacy

vail de nos collaborateurs. Si on peut alléger des

ger la gestion de la donnée d’une nouvelle manière.

d’une banque qui supporte toutes nos activités

processus, les simplifier, les rendre paperless,

Le projet remet la donnée client au cœur des enjeux

et qu’il faut pouvoir faire évoluer.

c’est une bonne chose. Le digital nous permet

métiers. Dans ce contexte, j’ai aussi vraiment envie

10


ITNATION | AUTOMNE 2O19

GRANDENTRETIEN

de développer quelques beaux partenariats qui permettraient à nos clients d’être sur notre plateforme et de bénéficier de certains services innovants.

Par exemple ? On peut imaginer un acteur e-commerce qui cherche une banque pour faire du paiement échelonné ou octroyer des crédits à ses utilisateurs en s’appuyant sur la BIL, par exemple. On collabore pas mal avec les assureurs aussi. Il y a des approches win-win à développer, car je sais que ces acteurs vont pouvoir approcher certains clients que la banque, seule, aura du mal à rencontrer.

Comment PSD2 et plus largement l’Open Banking sont-ils susceptibles d’affecter la position de la banque et la relation qu’elle entretient avec ses clients ? Pour l’instant la réglementation ne concerne que les comptes courants. Mais il y a une opportunité à s’ouvrir au-delà. L’idée est de remettre la donnée dans les mains des clients. PSD2, c’est ça. Si, en tant qu’utilisateur, je veux qu’un TPP (Third Party Provider) puisse initier un paiement sur mon compte, je dois pouvoir lui donner cette autorisation et la banque doit s’y plier. Par ailleurs, il y a des acteurs Fintech qui souhaitent qu’on leur propose des API pour accéder à des données qui les intéressent au-delà de la réglementation. PSD2 ou pas, la mise en place d’une plateforme d’Open Banking est un investissement qu’on devait faire.

Pourquoi avoir créé votre propre plateforme ? Le pourquoi est dans tout ce qu’on vient de dire. Nous avions besoin de mettre en place cette plateforme pour pouvoir offrir directement des services open banking. Une plateforme comme LUXHUB a aidé de nombreuses banques à se mettre en conformité, en se connectant à la plateforme. Et c’est une très bonne initiative. Nous avons pour notre part privilégié le développement de notre

Nous sommes donc là pour transformer activement la banque dans son ensemble, faire évoluer ses différents métiers, du wealth management au corporate banking en passant par le retail ou encore l’institutional banking.

propre plateforme, pour pouvoir répondre directement aux demandes de certains clients dans une logique d’open banking, sans être liés à LUXHUB.

11


GRANDENTRETIEN

ITNATION | AUTOMNE 2O19

Les femmes exerçant des responsabilités dans le domaine du digital sont encore trop rares au Luxembourg. Quel a été votre parcours ? Je n’ai pas suivi de formation dans le domaine du digital ou de l’IT. J’ai fait des études en sciences politiques avant d’effectuer un post-master en Management International. Au début de ma carrière, je me suis rapidement rendu compte que si on voulait faire bouger la société, la politique c’était bien, mais les banquiers c’était pas mal aussi. La banque, en effet, joue un grand rôle dans l’évolution économique d’un pays. J’ai donc rejoint une institution bancaire. Après avoir effectué un parcours dans les divers départements, j’ai occupé une fonction commerciale. J’ai été directrice d’agence en région. J’ai notamment mené à bien la fusion de deux agences. Puis j’ai eu envie de sortir de ma zone de confort et j’ai voulu travailler à l’international. C’est alors que je me suis retrouvée, par hasard, impliquée dans un projet au niveau du CRM à l’échelle du groupe.

Est-ce à ce moment que vous avez commencé à aborder des enjeux digitaux ? Oui. Je me suis en effet retrouvée face à des techniciens qui me parlaient et je n’y comprenais pas grand-chose à l’époque. Il a fallu que je m’investisse davantage, pour apprendre ce qu’était une architecture IT et tout ce qu’une refonte impliquait. C’est grâce à l’équipe qui m’a entourée, ces spécialistes qui m’ont accueilli

DANS NOS MÉTIERS, C’EST IMPORTANT D’AVOIR UNE CERTAINE HUMILITÉ, D’AVOIR CONSCIENCE DE CE QUE L’ON SAIT ET DE CE QUE L’ON NE SAIT PAS. ET DE NE PAS AVOIR PEUR DE DEMANDER UNE EXPLICATION SUR QUELQUE CHOSE QUE L’ON NE COMPREND PAS.

comme j’étais et qui ont partagé leurs connaissances avec moi que j’ai pu m’épanouir et grandir dans cet environnement… Je me suis formée avec eux et cela a fini par me passionner. Après avoir mené plusieurs projets d’intégration, mon employeur m’a proposé de venir à Paris, dans une équipe nommée Retail Development & Innovation. Là, c’était chouette parce que je combinais l’international et l’innovation. Après 5 ans à Paris, à mener des initiatives en lien avec les possibilités numériques avec les différentes entités du groupe, j’ai reçu un coup de fil d’Olivier Debehogne (Membre du comité de direction de

12


GRANDENTRETIEN

ITNATION | AUTOMNE 2O19

la BIL, Head of Retail, Private Banking Lux. and Digital, NDLR) pour rejoindre la BIL.

Est-ce difficile d’évoluer en tant que femme dans un univers essentiellement masculin ?

aujourd’hui pour mener à bien vos projets de transformation ? Quels sont vos besoins en recrutement ?

ment se faire désintermédier dans certains domaines. Reste à voir lesquels et à quelle hauteur. Par exemple, on voit que sur le paiement ou sur le Forex, une désintermédiation s’opère déjà. Je vois plus la banque

On a déjà beaucoup recruté, notamment en

de demain comme une plateforme. Soit cette plate-

créant le pôle UX et l’équipe data science. Beau-

forme parviendra à maintenir une bonne base de

Il y a 20 ans, au moment où j’étais directrice

coup de jeunes développeurs nous ont aussi re-

clients, parce qu’elle sera parvenue à offrir une ex-

d’agence, je peux vous dire que les femmes qui

joints parce que nous avons choisi de recourir à

périence à la hauteur des attentes en développant de

occupaient de telles fonctions étaient aussi très

un langage un peu plus moderne, le React Native,

nouveaux partenariats. Soit il s’agira d’une plateforme

rares. Je crois que l’important, peu importe le

qui est créé et utilisé par Facebook. Nous avons

qui permettra de servir d’autres acteurs, dans une lo-

milieu dans lequel on évolue, c’est de rester

aussi élargi notre équipe de Product Owner et

gique B2B. Je pense que la banque pourrait évoluer

soi-même, de savoir ce que l’on veut, de ne pas

Scrum Master. Mais nous n’avons pas fait que du

vers davantage de spécialisation, en développant

être facilement influençable. Personnellement,

recrutement extérieur. Nous avons aussi cherché

de nouvelles expertises. Nous allons probablement

j’ai toujours besoin de développer mes propres

des gens en interne. Certaines personnes venues

devoir former nos collaborateurs dans ce sens, dé-

convictions, de travailler avec mes équipes pour

d’autres départements, et notamment des gens

velopper de nouvelles compétences pour répondre

définir un plan et une stratégie. L’idée, en tant

qui évoluaient en agence, sont devenues d’ex-

à de nouvelles attentes.

que responsable, n’est pas d’imposer une vision.

cellents product owners. Aujourd’hui, on recrute

C’est très important d’avoir une certaine humili-

d’ailleurs plus des personnalités que des CV.

té, d’avoir conscience de ce que l’on sait et de ce que l’on ne sait pas. Et de ne pas avoir peur de demander une explication sur quelque chose que l’on ne comprend pas. Les équipes IT sont sou-

La force d’une équipe tient-elle plus aux personnalités qui la composent qu’à l’expertise qu’elle peut faire valoir ?

vent contentes d’avoir en face d’elles une per-

On parle de plus en plus de digitalisation responsable ou éthique, notamment vis-à-vis de la mise en œuvre de l’intelligence artificielle ? Quelles sont les lignes directrices fixées au niveau de la BIL en la matière ? Y a-t-il des garde-fous, une gouvernance particulière mise en œuvre ?

sonne avec un profil métier qui s’intéresse à leur

Moi qui lis énormément, qui ai évolué dans plu-

domaine. Une entreprise ne peut pas survivre

sieurs banques, je n’ai pas de réponse à toutes les

aujourd’hui si ses leaders ne se préoccupent pas

questions. Je suis dans le doute constamment.

C’est une question intéressante. On a d’ailleurs un

de la technologie. La technologie est partout.

Mais c’est ce qui me permet de construire des avis,

peu réfléchi avec les équipes autour de l’intelligence

Elle supporte toutes les fonctions ainsi que l’en-

de forger des opinions. On apprend à travers les

artificielle et on a en effet constaté que certains cas

semble des développements de la banque.

échanges que l’on peut avoir au sein des équipes

d’usage pouvaient entrainer des biais. C’est notam-

ou encore avec les clients. C’est principalement

ment le cas au niveau des RH et du recrutement. Je

cela qui nous fait avancer. Bien sûr, on peut avoir

dirais qu’on a des garde-fous classiques, que toutes

besoin d’experts techniques sur certains sujets.

les banques doivent avoir. Dès qu’on lance une ini-

Souhaiteriez-vous voir plus de femmes dans vos équipes ?

Mais il faut que ces experts puissent nous parler.

tiative aujourd’hui, la compliance, la sécurité… se re-

C’est la diversité qui compte. Il faut plus de

Sinon, on ne va pas y arriver. Un développeur qui

trouvent autour de la table. Ces acteurs vont poser

femmes, mais aussi plus de nationalités, plus de

ne sait pas nous expliquer à quoi sert le projet sur

des questions, nous faire réfléchir sur l’opportunité

cultures diverses. Je n’ai pas ce sentiment qu’on

lequel il travaille, on ne va pas le recruter.

d’un développement particulier. On s’interroge sur

a des prérogatives particulières parce qu’on est d’un certain sexe. La diversité oblige à s’ouvrir à d’autres manières de penser, à des idées différentes. Les gens qui pensent différemment nous challengent et nous font grandir. C’est mauvais, selon moi, de ne s’entourer que de personnes

sa pertinence pour le client et la société. Souvent,

En tant que responsable de la transformation des métiers, au regard des possibilités aujourd’hui offertes par le digital, pouvez-vous imaginer ce à quoi ressemblera les métiers de la banque d’ici 5 à 10 ans ?

qui pensent comme nous et qui nous res-

quand il est question d’IA, on n’a pas non plus peur d’échanger avec le régulateur de manière proactive. On discute aussi beaucoup avec nos pairs. Cela dit, in fine, quand on innove à la BIL, c’est toujours dans le cadre d’une mission. Nous ne sommes pas un centre d’expérimentation ou un laboratoire. Et si on

semblent. Pour transformer et bien transformer,

Je n’ai pas de boule de cristal. Par contre, j’ai certaines

innove, c’est toujours dans l’optique d’apporter de

il faut de la diversité.

convictions construites sur base des informations

meilleurs services aux clients, aux employés, pour

que j’ai pu traiter dans mon propre cerveau. Dans un

répondre à la volonté stratégique de la banque. Au

futur plus ou moins proche, la banque va certaine-

quotidien, c’est cela qui inspire les équipes.

Quels sont les talents dont vous avez besoin

13


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

ACTUALITÉS I EN BREF L'actualité ICT et digitale du Luxembourg en continu est sur ITnation INAUGURATION

DELOITTE PRÉSENTE LE D.SQUARE, SON NOUVEAU SIÈGE Fin septembre, le cabinet Deloitte a officiellement inauguré son tout nouveau siège. Quelques mois après le déménagement de plus de 2 000 professionnels de Neudorf et Findel à la Cloche d’Or, l’ouverture officielle de D.Square marque le début d’une nouvelle ère pour le cabinet de services professionnels. « Nous sommes ravis de faire partie de ce quartier en plein développement qu’est la Cloche d’Or. Le nouveau concept d’une communauté, où les zones commerciales, résidentielles et récréatives sont entrelacées plutôt que séparées, nous a beaucoup séduit », a déclaré John Psaila, Managing Partner de Deloitte Luxembourg. Pour l’entreprise, le déménagement dans le nouveau quartier a été une initiative stratégique visant à soutenir un fort développement urbain et à offrir à ses employés et à ses clients une expérience de travail et de vie professionnelle

12OO

améliorée. « Créer le meilleur environnement de travail possible pour nos collègues est de la plus haute importance, a commenté Sophie Mitchell, Partner et Operations Leader chez Deloitte Luxembourg. En construisant un espace qui encourage la créativité et une pensée novatrice de la part de nos employés, nous créons une atmosphère qui nous permettra de mieux servir nos clients. »

START-UP

FIT 4 START VISE LES ÉTOILES Pour la première fois depuis son lancement, Fit 4 Start proposera un accompa-

C’est le nombre de demandes de renseignement qu’a reçues la CNPD dans

gnement sur-mesure à cinq start-up actives dans le secteur spatial. Depuis 2015,

le courant de l’année 2O18. C’est deux fois plus que le nombre de requêtes

le ministère de l’Économie, en collaboration avec Luxinnovation, propose un

introduites l’année précédente. Cette augmentation est révélatrice d’une véri-

programme de coaching intensif assorti d’un financement pouvant atteindre les

table prise de conscience des enjeux de protection des données auprès des

150.000 euros pour les start-up actives dans le secteur des TIC. Celui-ci est orga-

professionnels et des particuliers suite à l’introduction du RGPD. Le nombre de

nisé deux fois par an, à chaque fois sur une période 4 mois, et accueille entre 10

réclamations de personnes qui ont estimé qu'il y a eu une violation de la loi ou

et 15 entreprises lors de chaque session. Pour son édition de l’automne 2019, la

une entrave à l'exercice de leurs droits a plus que doublé par rapport à l'année

neuvième, 20 entreprises seront sélectionnées lors du Pitching day du 3 octobre :

précédente, passant de 2OO en 2O17 à 45O en 2O18.

10 relevant des TIC, 5 du HealthTech et 5 du Space. Les entreprises sélectionnées dans le domaine spatial pourront notamment avoir accès aux données d’observation de la Terre fournies par le data center de la Luxembourg Space Agency (LSA).

LUXEMBOURG OFFRE LES ATOUTS REQUIS POUR PERMETTRE AUX ENTREPRISES DE DÉVELOPPER ET D'INTRODUIRE AVEC SUCCÈS SUR LE MARCHÉ NATIONAL ET EUROPÉEN DES SOLUTIONS HEALTHTECH INNOVANTES QUI FAÇONNERONT L'AVENIR DE LA SANTÉ EN EUROPE. Etienne Schneider Ministre de l’Economie, lors de la conférence « Bringing innovation to the healthtech market | A cross sector approach », qui s’est tenue à Luxembourg le 19 septembre.

14


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

ACTUALITÉS I EN BREF L'actualité ICT et digitale du Luxembourg en continu est sur ITnation

CROISSANCE

32O NOUVELLES RECRUES POUR LE CABINET EY LUXEMBOURG Au 16 septembre, le cabinet EY Luxembourg annonce une intégration record de 320 nouveaux professionnels, jeunes diplômés pour une majorité d’entre eux, mais également expérimentés. Ils vont rejoindre les départements d’audit, de conseil, de fiscalité et de transaction du cabinet. « Nous sommes ravis qu’autant de professionnels à fort potentiel aient choisi de nous rejoindre, témoignant de la croissance de nos activités et de notre volonté d’offrir des perspectives de carrières stimulantes. L’arrivée de ces nouvelles recrues nous permet également d’enregistrer cette année une croissance nette exceptionnelle de nos professionnels, portant le nombre de nos collaborateurs à plus de 1500 personnes de 70 nationalités différentes, et faisant de notre bureau l’un des plus multiculturels au Luxembourg », confie Alain Kinsch, Country Managing Partner d’EY Luxembourg.

CYBERSÉCURITÉ

SOPRA STERIA LUXEMBOURG VEUT MIEUX PROTÉGER SES CLIENTS Afin de mieux répondre aux enjeux actuels de la cybersécurité, Sopra Steria Luxembourg a réuni ses compétences existantes sur le sujet en créant un département dédié. « Jusqu’à présent, les compétences en sécurité des systèmes et des infrastructures de nos clients étaient exercées à différents niveaux, en fonction des métiers que nous exerçons au Luxembourg , nous explique Lucas Colet, Lead Cybersecurity Manager de Sopra Steria Luxembourg. Au sein de ce nouveau département, nous allons pouvoir définir des approches de cybersécurité en appréhendant les problématiques de manière globale, mais aussi les mettre en œuvre. Au-delà des conseils, nous concrétisons les recommandations et évaluons en permanence leur efficacité, avec une approche bout en bout appréciée de nos clients. »

SKILLS

NEXTEN.IO SPONSORISE DES COURS DE PROGRAMMATION POUR ENFANTS Nexten.io, la start-up luxembourgeoise qui exploite la plus grande plateforme de recrutement dans le domaine de la technologie au Luxembourg souhaite encourager la nouvelle génération en sponsorisant Kids Life Skills, une asbl locale qui propose des classes de programmation et de logique pour les enfants à partir de 4 ans. « Le recrutement de développeurs compétents pour le compte d’entreprises à la recherche de personnel qualifié nous a clairement montré que le marché local était en manque de spécialistes dans le domaine de

DEPUIS 15 ANS, NOUS AIDONS NOS CLIENTS À SE TRANSFORMER ET À INNOVER, EN FAISANT UN MEILLEUR USAGE DE LA TECHNOLOGIE

la technologie. Environ 1000 experts dans le domaine informatique sont recherchés sur le marché luxembourgeois et ce chiffre ne fait qu’augmenter, » explique Eric Busch, le CEO de Nexten.io. Le Luxembourg ne doit pas se contenter d’attirer des talents étrangers. Nous devons également investir dans les talents locaux

Sylvain Chery

en encourageant les enfants à s’intéresser à l’informatique dès le plus jeune âge. C’est la raison pour laquelle

Co-fondateur d’Agile Partner. La société luxembourgeoise, l’une des premières à explorer les méthodes agiles au Luxembourg, a récemment célébré ses 15 ans en compagnie de ses clients et partenaires.

nous sommes fiers de soutenir Kids Life Skills asbl qui, à travers des cours de grande qualité, initie les enfants les plus jeunes à la logique, aux algorithmes et à la programmation. »

15


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

LE FACTEUR HUMAIN, CLÉ DE LA SUCCESS STORY NSI LUXEMBOURG NSI, société spécialisée dans l’intégration IT, est installée au Luxembourg depuis presque deux ans. Alors que quatre personnes composaient l’équipe au départ, la société compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs. Elle souhaite continuer à grandir tout en entretenant le rapport de proximité avec le client qui est sa véritable marque de fabrique.

Nathan Mangenot Branch Director I NSI Luxembourg

16


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

Il est difficile d’imaginer une progression

commerciale pour convaincre de nombreux

parvenir à conserver cette mentalité et

plus fulgurante que celle connue par

clients

faire

cette proximité, tout en augmentant ses

NSI Luxembourg depuis son arrivée au

confiance, explique le Branch Director de

effectifs et le nombre de clients servis.

Luxembourg en octobre 2017. Alors qu’elle

NSI Luxembourg. Ce n’est pas au niveau

Pour Nathan Mangenot, cette croissance

est véritablement partie de zéro, la société,

des solutions que nous vendons que nous

passera peut-être également par le rachat

qui s’appuie sur l’expérience et la solidité

faisons la différence, car elles sont connues,

d’autres structures, comme cela a été le

de sa maison mère, basée en Belgique, est

mais bien sur la proximité humaine que

cas en 2017 avec Pixelixir, dont l’intégration

parvenue à se faire une place au soleil, dans

nous apportons aux clients. Chez NSI

sera effective au 1 er janvier 2020. Au niveau

un secteur pourtant très concurrentiel au

Luxembourg, nous donnons directement

des technologies mises à disposition de la

Luxembourg. « Dès le départ, nous avons

accès aux bonnes personnes et il n’y a pas

clientèle, la société continuera à s’appuyer

voulu nous démarquer. Nous ne souhaitions

besoin que les gens qui s’adressent à nous

sur ses valeurs sûres. « Nous avons

pas faire la même chose que ce que font

aient un contrat acté pour que nous les

commencé en proposant des solutions qui

les autre sociétés actives dans l’intégration

renseignions. »

sont avant tout efficaces, en nous basant

de solutions IT au Luxembourg, explique

luxembourgeois

de

nous

sur trois piliers : l’infrastructure et le réseau,

Luxembourg. Nous voulions mettre en place

INSISTER SUR LE FACTEUR HUMAIN

une culture différente et, surtout, développer

Cette mise en avant du facteur humain est

le client, détaille le Branch Director. Mais

une formule qui nous garantisse une grande

également ce qui guide la culture interne de

nous nous sommes évidemment adaptés

stabilité, contrairement aux expériences que

NSI Luxembourg. « Les gens sont au cœur

aux demandes des clients. Certains nous

nous avions pu connaître par le passé, avec

de notre projet, et cela suscite des émotions

demandent

des cycles de 3 ou 4 ans suivis d’un véritable

parfois fortes, qu’il faut aussi pouvoir gérer »,

artificielle et de cloud, d’autres souhaitent

bouleversement. »

précise Nathan Mangenot. Ce parti pris

encore compter sur des infrastructures on

semble toutefois séduire puisque seules

premise. »

Nathan Mangenot, Branch Director de NSI

UNE LONGUE APPROCHE DU MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS

avec des solutions cloud notamment, les solutions software et la consultance chez

beaucoup

d’intelligence

deux personnes ont quitté la structure depuis son lancement et qu’une cinquantaine de

En outre, des solutions innovantes, venues

Le groupe NSI, faisant partie de celui de

personnes l’ont rejointe. Cette croissance

de NSI Belgique, seront également proposées

Cegeka, a pris son temps pour développer

ne semble pas prête de s’arrêter puisque les

dans le futur sur le marché luxembourgeois.

une stratégie payante au Grand-Duché.

perspectives des prochains mois sont très

« Le fait d’être une partie du groupe NSI nous

« Il cherchait déjà à s’installer au Luxembourg

encourageantes. NSI Luxembourg ne veut

aide aussi à proposer des produits qui ne sont

depuis 7 ou 8 ans, poursuit Nathan Mangenot.

toutefois pas perdre cet ADN de proximité qui

pas encore très représentés ici, comme la

En 2011, il a racheté la société Multidata, qui

a fait son succès. « Jusqu’ici, nous n’avons

suite Atlassian », illustre Nathan Mangenot.

est active au nord du Luxembourg. Après

pas trop de difficultés à recruter, surtout sur

Toutefois, le marché luxembourgeois a

cette première acquisition, la volonté était

les postes génériques, ce qui est lié à notre

également ses particularités.

de s’excentrer par rapport à Luxembourg-

bonne image, estime Nathan Mangenot.

Ville, de se positionner plutôt au sud du

En outre, nous avons une autre stratégie

Si deux années d’existence constituent

pays. » L’aventure NSI Luxembourg a donc

qui consiste à intégrer des étudiants en

sans doute une période trop courte pour

commencé dans un espace de coworking,

alternance tout au long de leur formation.

tirer des conclusions définitives, on peut

avec quatre collaborateurs. Finalement,

C’est un win-win : ils apprennent le métier

tout de même affirmer que l’histoire de NSI

l’équipe s’est installée dans des bureaux

et, s’ils souhaitent ensuite nous rejoindre,

Luxembourg s’apparente jusqu’à présent à

à

ils sont directement opérationnels et ont la

une success story. « Il reste certainement

mentalité que nous attendons d’eux. »

beaucoup de défis à relever. Il faut continuer

Esch-sur-Alzette

et

a

rapidement

séduit. « Nous pouvons compter sur le soutien du groupe NSI tout en ayant une véritable autonomie. Cela nous a permis

GRANDIR EN RESTANT SOI-MÊME

de

Pour NSI Luxembourg, le défi sera de

développer notre

propre

stratégie

à être vigilant en restant fidèle à notre désir de privilégier le facteur humain. », conclut Nathan Mangenot.

17


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

POST UNIT SES FORCES DANS LE DOMAINE DE LA CYBERSÉCURITÉ Pour mieux accompagner sa transformation digitale et celle de ses clients, POST se dote d’une stratégie cybersécurité ambitieuse et rassemble l’ensemble de ses compétences en cybersécurité autour d’une marque unique baptisée POST Cyberforce. Mohamed Ourdane, Chief Security Officer, évoque les nouvelles ambitions que poursuit le groupe en mettant en place cette nouvelle entité. Aujourd’hui, le numérique est omniprésent dans notre quotidien. La technologie nous accompagne continuellement dans nos vies, facilitant toutes nos démarches, sous-tendant le fonctionnement de nos organisations privées ou publiques. « Tout tend à se digitaliser, jusqu’à la notion même d’identité, commente Mohamed Ourdane. Même l’industrie, qui a longtemps eu pour mission de transformer la matière, se déploie et se réinvente en s’appuyant sur l’immatériel. » C’est l’échange de données et leur traitement qui, désormais, permet de créer de la valeur. Pour faciliter les communications et fluidifier les échanges de données, les organisations doivent ouvrir leurs systèmes d’information pour Mohamed Ourdane Chief Security Officer I POST Luxembourg

18

s’interconnecter avec d’autres environnements. Ce mouvement tend en outre à s’accélérer.


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

PAS DE TRANSFORMATION SANS SÉCURITÉ « On parle donc d’échange de données. Or, POST,

sécurité et de celle de nos clients pour, au final, leur assurer une protection optimale. »

tamment contre les tentatives de phishing par SMS.

SÉCURITÉ INTÉGRÉE

en tant qu’opérateur de télécommunication, dont

L’ATTAQUE ET LA DÉFENSE

Cyberforce doit constituer un facteur de différen-

les activités ont considérablement évolué avec le

Dans cette optique, le département Cyberforce

ciation fort pour l’ensemble des services POST sur

développement de services ICT, s’inscrit au cœur

comptera 35 experts. D’une part, elle disposera d’une

le marché grand-ducal. « La sécurité est embarquée

de ces échanges, rappelle Mohamed Ourdane.

équipe conséquente d’Ethical Hackers spécialisée

au cœur de l’ensemble de nos offres. Nous pensons

Dans le cadre de la transformation digitale de nos

dans la conduite d’attaques, chargée de déceler les

que tout acteur, quand il doit choisir une offre Té-

clients, notre rôle est aussi de les aider à faire face

failles pour mieux contrer. D’autre part, une équipe

lécom, par exemple, ou une solution ICT dans le

aux nouvelles menaces liées. Celles-ci impliquent

aura pour mission de développer les meilleures ré-

cloud, doit prendre en considération les aspects

d’apporter des réponses efficientes en cybersécu-

ponses aux menaces identifiées. « POST dispose au-

inhérents à la sécurité. En faisant le choix de POST,

rité. La transformation digitale des organisations ne

jourd’hui de la plus importante équipe de pentesteurs

il est sûr de s’appuyer sur un service de confiance »,

peut tout simplement pas s’envisager sans penser à

du Luxembourg, notre Red Team. En nous appuyant

commente Mohamed Ourdane.

la sécurité, les risques étant trop importants. »

sur leur expertise, nous pouvons apporter les réclients et nous-mêmes sommes exposés, explique le

UNE OFFRE COMPLÈTE AUTOUR DE 3 PILIERS

Depuis plusieurs années, donc, POST développe

responsable de ce nouveau département, dont l'am-

POST entend faire la différence avec une gamme

des compétences poussées dans plusieurs do-

bition est de devenir un acteur clé et reconnu dans le

complète de services spécifiques en cybersécurité qui

maines de la cybersécurité, en premier lieu d’abord

domaine de la cybersécurité. Nous sommes l’un des

accompagne le client de A à Z. « Ces offres s’articulent

pour répondre à ses propres besoins. Gestionnaire

rares acteurs, en effet, à avoir une maîtrise sur l’en-

autour de trois piliers. Le premier, Advisory Services, ras-

d’une infrastructure et de services critiques, sur

semble de la chaîne de valeur et à pouvoir apporter

semble les services de consultance en Gouvernance,

lesquels s’appuient la plupart des acteurs écono-

des garanties sur les diverses couches la constituant. »

Risques et Conformité (GRC), en Business Continuity

L’UNION FAIT LA CYBERFORCE

miques et des institutions luxembourgeoises, l’opé-

ponses les plus avancées aux menaces auxquelles nos

Management, en IT services, etc. C’est à ce niveau

de résilience des systèmes sous-jacents. Au-delà,

CAPACITÉ D’INTERVENTION ACCRUE

l’expertise acquise dans le domaine de la cybersé-

Au-delà des mesures de sécurité à prendre au

vise la conception et la mise en œuvre de solutions de

curité permet aussi aux clients POST de faire face à

niveau organisationnel, POST dispose poten-

sécurité chez nos clients en assurant le cas échéant la

des besoins spécifiques. « Aujourd’hui, nous avons

tiellement d’une grande quantité de données

gestion opérationnelle. Ce pilier est également axé sur

décidé de rassembler toute l’expertise acquise en

au niveau du cloud et des datacentres, sur les

l’innovation ouverte, avec le développement de nou-

matière de cybersécurité, qui était jusqu’alors dissé-

réseaux Télécoms et sur l’ensemble des canaux

velles solutions et la mise en place de partenariats de

minée à travers ses diverses entités, au cœur d’un

de connectivité. Cela lui confère naturellement

recherche au sein de notre service CyberLabs.

seul département, commente Mohamed Ourdane.

une capacité d’intervention rapide. L’opérateur

Celui-ci, baptisé Cyberforce, constituera une ré-

peut mieux anticiper les attaques en recourant

Enfin, le troisième pilier, Cyberdefense, intègre

ponse optimale aux divers enjeux rencontrés tant

aux possibilités offertes par les technologies de

notre Security Operation Center (SOC) et notre

par le groupe que par nos clients. »

machine learning. Cette position lui permet en

Computer Security Incident Response Team (CSIRT)

outre d’apporter des services et des solutions de

pour prévenir, détecter, évaluer et répondre aux

sécurité avancés à l’ensemble des acteurs.

menaces et aux incidents de cybersécurité tout en

rateur se doit d’apporter des garanties en matière

INNOVER, CONCEVOIR, OPÉRER, PROTÉGER

aussi que l’on retrouve les services de pentesting. Le deuxième pilier, Managed and Professional Services,

garantissant la conformité réglementaire.

Ce nouveau département veut relever les défis à ve-

AMBITIONS INTERNATIONALES

nir au mieux. « L’éparpillement de nos actions rendait

« La nouvelle force de frappe dont nous disposons

Mohamed Ourdane précise encore que les services de

notre offre de service peu lisible. Autour de cette

désormais doit aussi nous permettre de dévelop-

consultances en GRC, BCM et IT transformation pour

nouvelle marque unique, la volonté est de mieux ac-

per de nouveaux marchés à l’international, en

des clients externes, partie intégrante de POST Cyber-

compagner les clients en développant une approche

investissant dans certaines niches, par exemple le

force, qui impliquent de recourir à une expertise indé-

globale et plus cohérente. Nous voulons avancer dans

monitoring sécurité des réseaux de télécommu-

pendante, seront menés par l’entité distincte baptisée

une démarche proactive. Il s’agit d’innover, de conce-

nication », explique Mohamed Ourdane. POST a

Risk & Business Advisory qui fait partie intégrante de

voir des solutions adaptées aux besoins du marché, de

développé une expertise forte de lutte contre la

POST Cyberforce tout en étant gérée au sein d’EBRC,

prendre en charge la gestion opérationnelle de notre

fraude opérée à travers les réseaux mobiles, no-

une des filiales du groupe POST.

19


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

UNE CONCEPTION

STRUCTURÉE

POUR DES SOLUTIONS

PERTINENTES Comment ne pas se tromper quand vient le moment d’opter pour une nouvelle solution logicielle ou une nouvelle technologie. Une telle décision, surtout si l’on parle d’outil stratégique, est toujours délicate. Afin d’aider les organisations à prendre les bonnes décisions et à garantir la pertinence de leurs investissements, C-Services met en place son « Design Competence Center ». Le choix d’une nouvelle solution software/ technologique, supportant le métier de l’entreprise, est toujours délicat. Dans le contexte du remplacement d’un outil existant, ou encore dans le cadre du développement d’un nouveau service, comment s’assurer de prendre les bonnes décisions ? « Beaucoup d’acteurs doivent aujourd’hui effectuer des choix difficiles. Dans le secteur financier, notamment, de nombreuses organisations peinent à maintenir des outils informatiques vieillissants, impliquant de maîtriser des langages de moins en moins utilisés ou s’apJonathan Blangenois Enterprise Architect I C-Services

20


ACTUALITÉS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

supportée, explique Christophe Cypers, as-

PRENDRE EN CONSIDÉRATION L’ENSEMBLE DE L’ENVIRONNEMENT

socié de C-Services, entité du groupe Cronos

La démarche va prendre en compte la problé-

gner des projets de développement impliquant

au Luxembourg. Se pose alors la question du

matique rencontrée par l’organisation, mais

des compétences ou langages que nous ne

remplacement de ces solutions. Par quoi ? Et

aussi l’environnement dans lequel elle évolue.

maîtrisons pas, explique Christophe Cypers. Si

comment ? »

La réflexion part des besoins du métier et in-

la solution identifiée comme étant la meilleure

tègre les enjeux stratégiques de l’organisation,

implique de recourir à d’autres compétences,

les exigences des utilisateurs, les coûts, le

nous passerons la main. Nous pourrons tou-

cadre réglementaire ou encore les évolutions

jours accompagner le client pour nous assurer

Changer de solution informatique ou réin-

à venir. « Nous ne nous contentons pas d’aller

que la nouvelle solution répond bien aux spé-

vestir dans un outil afin de le mettre à jour

écouter l’utilisateur pour traduire ses besoins

cifications identifiées. »

implique souvent des investissements im-

en fonctionnalités, comme on le ferait selon

portants, dont il faut garantir la pertinence.

une approche classique, poursuit Jonathan

On parle en outre régulièrement de solu-

Blangenois. Nous allons considérer les enjeux

CRÉER DE LA VALEUR DANS LA DURÉE

tions indispensables au fonctionnement de

plus largement, en allant collecter les exi-

Le recours à une approche de solution design

l’activité. Autant dire que, dans de telles cir-

gences auprès des diverses parties prenantes,

s’impose donc pour répondre à des enjeux stra-

constances, une mauvaise décision se paie

en envisageant la manière avec laquelle la so-

tégiques : lorsqu’un changement de solution

cher, très cher. « Que ce soit pour le rempla-

lution s’intègre dans l’environnement de l’en-

informatique s’impose, dans le contexte de

cement d’un outil applicatif ou pour la mise

treprise, la valeur qu’elle va permettre de créer

l’évaluation des outils en place ou encore dans

en œuvre d’un nouveau service, la question

ainsi que les enjeux de maintien et de support

le cadre du lancement d’un nouveau service.

qui se pose est la même : comment s’assu-

dans la durée. »

« Cette approche, comme nous le disions, per-

puyant sur une technologie qui n’est plus

COMMENT S’ASSURER QUE LA SOLUTION EST LA PLUS ADAPTÉE ?

rer que la solution pour laquelle on opte est la plus adaptée face à la problématique que l’on veut résoudre ? »

RÉFLÉCHIR SUR LE DESIGN EN AMONT DU DÉVELOPPEMENT

FACILITER LA PRISE DE DÉCISION, GARANTIR LA PERTINENCE DE L’INVESTISSEMENT

nologie. « Cependant, au-delà de l’approche design, nous n’avons pas vocation à accompa-

met de garantir la valeur et la pertinence de l’investissement », précise encore Christophe Cypers. « Pour cela, il est nécessaire que la solution soit en phase avec la culture de l’orga-

C-Services se positionne dès lors comme un

nisation et ses standards, qu’elle réponde aussi

facilitateur, qui permet au métier comme à l’IT

à l’ensemble des exigences formulées », ajoute

Acteur majeur du développement de solu-

de s’aligner autour des mêmes objectifs, afin

Jonathan Blangenois. « À travers la démarche,

tions applicatives au Luxembourg, C-Services

de s’assurer de livrer au final la meilleure so-

nous allons aussi veiller à garantir ses perfor-

a souhaité mieux accompagner les organisa-

lution. « Parfois, il pourra s’agir d’un nouveau

mances dans le temps, en veillant à ce que

tions face à ces enjeux. Pour cela, la société

développement, pour lequel nous continue-

l’architecture et l’infrastructure soient adap-

vient de structurer son approche de conseil

rons à accompagner le client dans la mise en

tées, à ce que les capacités soient suffisantes et

et d’accompagnement au cœur d’un « Design

œuvre du projet. Dans d’autres cas de figure,

puissent évoluer en fonction des besoins. Enfin,

Competence Center ». « Afin de soutenir les

la méthode la plus appropriée sera de se tour-

au-delà de la solution et de ses fonctionnalités,

organisations confrontées à ces enjeux, notre

ner vers une solution packagée, poursuit l’En-

il faut penser à son déploiement, à son maintien

volonté est de nous positionner en amont de

terprise Architect. L’enjeu, dans une approche

dans la durée et aux enjeux de support. »

l’exécution du développement proprement

de design, est de permettre au client de faire

dit, pour soutenir le client dans sa réflexion.

le choix le plus opportun, en considérant

Pour ne pas investir à mauvais escient, consi-

Nous mettons en œuvre une méthodologie

l’ensemble des aspects. » L’entité du groupe

dérant les implications de telles transforma-

qui va permettre de définir la meilleure solu-

Cronos au Luxembourg, à travers son centre

tions, il est en effet utile de se poser les bonnes

tion répondant à sa problématique et de ga-

de services, maîtrise aujourd’hui certaines

questions avant d’engager tout projet. A cette

rantir la valeur de l’investissement consenti »,

compétences qui lui permettent d’accompa-

fin, s’appuyer sur une expertise extérieure

explique Jonathan Blangenois, Enterprise Ar-

gner de nombreux clients dans des projets de

permet de profiter d’un conseil avisé et de

chitect au sein de C-Services.

développement ou de choix de nouvelle tech-

prendre le recul nécessaire.

21


ITNATION | AUTOMNE 2O19

LES FEMMES dans l'IT

ACTUALITÉS

22


ITNATION | AUTOMNE 2O19

DOSSIER I LES FEMMESACTUALITÉS DANS L'IT

LE GRAND

DOSSIER Place aux femmes Les femmes représentent plus de la moitié de la population européenne. Dans les métiers du numérique, elles sont toutefois encore largement sous-représentées. En Europe, on estime que seulement 17% des spécialistes de l’ICT sont des femmes. Au Luxembourg, ce pourcentage est plus faible encore et il peine à évoluer positivement. Pourtant, les dirigeants d’entreprises, confrontés à une réelle pénurie de compétences digitales, semblent avoir pris conscience de l’importance d’accueillir davantage de femmes dans les équipes IT. Intégrer plus de diversité au cœur des projets de transformation numérique n’est en outre pas uniquement un enjeu de compétences. Le numérique transforme le monde. Et pour bien faire, toutes les sensibilités présentes dans nos sociétés devraient contribuer à le façonner. Le regard des femmes dans cette perspective est essentiel. Cependant, encore faut-il les trouver désireuses de contribuer à de tels projets. Le problème est qu’elles sont encore trop peu nombreuses à choisir de telles orientations de carrière… Les compétences expertes dans les métiers du numériques sont encore trop rarement portées par des femmes. Sans doute en raison de stéréotypes surannés, toujours entretenus dans l’inconscient collectif, qu’il faut combattre avant tout.

23


DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray Directrice et Cofondatrice I WIDE

24

ITNATION | AUTOMNE 2O19


ITNATION | AUTOMNE 2O19

DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

INVITER LES FEMMES À ÉVOLUER DANS LES MÉTIERS DU NUMÉRIQUE Depuis plus de cinq ans, Women in Digital Empowerment œuvre en faveur d’une plus grande mixité des genres dans les métiers du numérique au Luxembourg. Si les dirigeants d’entreprise semblent avoir pris conscience de l’opportunité d’intégrer plus de femmes au cœur des équipes en charge de la transformation digitale des organisations, le véritable défi reste encore de trouver ces compétences. Pour cela, il faut inviter les jeunes filles à envisager une carrière scientifique et technique dès l’école et se battre contre des stéréotypes plutôt tenaces. Rencontre avec Marina Andrieu, directrice et cofondatrice de WIDE, et Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray, présidente et cofondatrice.

Qu’est-ce qui vous a poussées, il y a cinq ans, à développer des initiatives en faveur d’une plus grande mixité dans les métiers du numérique au Luxembourg ?

a beaucoup évolué. Nous avons commencé par proposer des événements autour de théma-

Quelles sont les grandes lignes directrices de votre action ?

tiques ICT et numériques, davantage orientés vers les femmes. Nous avons rapidement propo-

M-A.LO. : Pour amener les filles et les femmes à

sé des formations autour des langages informa-

considérer les opportunités liées au numérique,

Marina Andrieu (M.A.) : À l’époque, nous

tiques, sur le codage. Puis nous avons investi sur

il faut commencer par démystifier l’informatique

sommes parties du constat d’une sous-repré-

d’autres thématiques, comme l’éducation des

et la technologie. Pour cela, un des principaux

sentation des femmes dans les événements du

jeunes, afin d’inviter les jeunes filles comme les

enjeux est de les aider à mieux appréhender des

secteur ICT qui se tenaient au Luxembourg. Nous

jeunes garçons, suivant une logique d’égalité, à

concepts qui peuvent faire peur, principalement

étions dans un rapport de 90% d’hommes pour

envisager des filières d’enseignement les emme-

en raison du vocabulaire spécifique utilisé. Notre

10% de femmes. L’idée, en créant WIDE, était de

nant vers les métiers du numérique. Notre pro-

action se décline en trois piliers : les compé-

pouvoir proposer des événements avec un ratio

grammation chargée est aujourd’hui rythmée

tences, avec des formations, le développement

inverse, c’est-à-dire avec 90% de femmes pour

par des grands projets européens, coordonnés

d’un réseau professionnel, avec des opportuni-

10% d’hommes. Notre volonté a été d’encoura-

avec la Commission Européenne, des chantiers

tés de networking, et la confiance en soi, avec la

ger les filles et les femmes à saisir les opportu-

menés en accord avec Digital lëtzebuerg, le

possibilité d’échanger avec d’autres femmes qui

nités qu’offrent les métiers du numérique et les

MEGA, et des acteurs privés comme la BIL. On

sont passées par là.

nouvelles technologies.

y trouve encore des événements phares comme Rails Girls, un workshop autour du design et

Dans cette perspective, quelles actions menez-vous ?

du développement d’applications, ou encore Women in Fintech et Women Founders. La pro-

Est-ce que les femmes sont aujourd’hui mieux représentées dans les métiers de l’ICT et du numérique qu’il y a cinq ans ?

chaine édition du Rails Girls aura d’ailleurs lieu le Marie-Adélaïde

Leclercq-Olhagaray (M-A.

LO.) : En quelques années, notre organisation

19 octobre. Et une nouvelle édition de Women

M-A.LO. : Ce qui a évolué en cinq ans, c’est la

Founders se tiendra le 27 novembre.

prise de conscience des dirigeants et des mana-

25


DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

ITNATION | AUTOMNE 2O19

gers de la nécessité et de l’intérêt d’avoir des

à pouvoir s’appuyer sur diverses sensibilités

fonctions avec des formations adéquates, de la

équipes intégrant plus de diversité. Beaucoup

quand on cherche à proposer un produit ou un

motivation, et de la part des employeurs, une

nous contactent d’ailleurs en disant vouloir

service numérique à des utilisateurs. En inté-

ouverture d’esprit. Cela s’inscrit dans les grands

recruter des femmes dans leurs équipes et nous

grant plus de diversité, on s’assure davantage

enjeux que connaissent les entreprises en

demandent de leur envoyer des profils. Même si

que l’on ne va pas passer à côté de quelque

matière d’évolution des compétences, de trans-

nous y parvenons parfois, ce n’est pas si simple.

chose d’essentiel. Il y a une grande richesse

formation des métiers. Il faut laisser la possibilité

Et nous ne sommes pas un acteur du recrute-

dans la diversité.

aux femmes de s’affirmer dans ce contexte au

ment. La difficulté réside dans le fait que les femmes pouvant faire valoir des compétences en ICT sont encore rares ici. Ce que nous essayons de faire, avec ces dirigeants, c’est d’envisager des plans d’action qui leur permettent, à terme,

milieu des équipes IT. Mais il est important, au

L’enjeu est donc d’inviter les femmes à se former, à acquérir des compétences techniques très demandées. Aujourd’hui, quels sont encore les éléments qui les freinent ?

d’avoir des équipes plus mixtes.

départ, de leur en donner l’envie. M.A. : Il y aussi de nombreuses petites mesures à prendre pour construire une culture et une ambiance de travail adaptées, pour permettre

M-A.LO. : L’image de l’informaticien geek per-

aux femmes de s’épanouir au cœur des équipes

M.A. : Si l’on s’en tient aux statistiques autour de

dure. De nombreux stéréotypes sont encore

IT. On peut travailler sur le vocabulaire ou les

la place des femmes dans l’IT, on constate que le

très ancrés dans les esprits et sont entretenus,

expressions utilisées. En commençant, par

Luxembourg n’est pas forcément un bon élève.

consciemment ou non, par les professeurs ou les

exemple, par arrêter de parler des « gars de l’IT

En 2019, selon Eurostat, la proportion de femmes

parents. Si bien que les jeunes filles s’orientent

». On sait en outre qu’une femme sera moins

parmi les spécialistes de l’ICT au Luxembourg

encore très peu vers des études en science, en

craintive si on lui parle de langage informatique

n’était que de 12,5%. À l’échelle de l’Europe, cette

technologie, en ingénierie ou en mathéma-

plutôt que de programme informatique… C’est

proportion est de 17,2%. On peut se réjouir de

tiques, les STEM comme on les appelle. C’est à ce

un ensemble de petits détails sur lesquels il faut

la prise de conscience des dirigeants. La mau-

niveau, principalement, qu’il faut mettre en place

travailler mais qui, in fine, peuvent faire une

vaise nouvelle, cependant, c’est que les choses

des actions, pour inviter les jeunes filles à déve-

grande différence.

ne changent pas. Certes, on trouve de plus en

lopper des compétences dans ces matières. Au

plus de femmes dans des fonctions de business

sein des entreprises, d’autre part, il y a aussi des

analyst, de project manager ou d’autres dans le

actions à mettre en œuvre pour accueillir plus

domaine du web marketing. Par contre, si l’on

facilement des femmes au sein des équipes IT.

rentre dans le dur, au niveau des fonctions plus techniques comme le développement, l’analyse de la donnée, l’intelligence artificielle, la cyber-

Quelles actions peuvent prendre les entreprises dans cette optique ?

Vous dites travailler sur la confiance en soi comme levier de développement des femmes dans les métiers du numérique. En quoi est-ce essentiel ? M.A. : Beaucoup de dirigeants d’entreprise, constatant la faible proportion de filles s’enga-

sécurité… les femmes sont toujours très peu préM-A.LO. : Les entreprises peuvent s’impliquer,

geant dans les filières numériques ont pu arri-

investir avec nous sur l’éducation des jeunes.

ver à la conclusion que, tout simplement, les

Mais, plus globalement, il faut opérer des chan-

femmes ne s’y intéressaient pas. L’égalité existe

gements culturels, encourager la diversité au

dans la loi. Rien n’empêche une fille de faire de

niveau des équipes. Il faut promouvoir l’idée que

l’IT. Et pourtant, elles n’y vont pas. Ce discours,

c’est tout à fait normal qu’une femme puisse

cependant, ne peut plus être accepté. L’idée

s’épanouir dans des domaines techniques. C’est

est qu’il faut encourager davantage les femmes

M.A. : La volonté d’accueillir plus de femmes

un travail de longue haleine mais qui est néces-

à y aller, se battre contre les craintes qu’elles

dans les équipes, et plus généralement d’avoir

saire. Il y a aussi lieu, face à la pénurie de talents,

peuvent avoir à se lancer. Pour cela, il faut tra-

une plus grande diversité, peut s’expliquer

de permettre une plus grande mobilité interne,

vailler sur la confiance en elles, leur donner les

par différentes raisons. D’abord, les métiers

en donnant la possibilité à des employées de se

éléments qui vont leur permettre de s’affirmer.

du numérique peinent à recruter. En ouvrant

former, d’envisager une reconversion dans les

Cela passe forcément par l’apprentissage. Mais

davantage leurs équipes aux compétences por-

métiers du numérique. Intégrer des équipes IT

il faut aussi que d’autres femmes qui ont réussi

tées par des femmes, les entreprises cherchent

peut se faire progressivement si l’on dispose de

dans ces métiers puissent les inspirer. Il s’agit des

des réponses à la pénurie de compétences

bonnes capacités à évoluer et à s’adapter dans

“role models” que nous invitons régulièrement à

ressentie par tous. D’autre part, il y a un enjeu

le temps. Il est possible d’évoluer vers d’autres

nos conférences. Il y a aussi une sensibilisation

sentes.

Comment expliquer cette prise de conscience de la part des dirigeants et cette volonté plus affirmée d’intégrer plus de diversité dans les équipes ?

26


ITNATION | AUTOMNE 2O19

DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT ce n’est jamais le cas. L’angoisse de ne pas parvenir à gérer vie de famille et vie professionnelle de front est aussi un frein qu’il faut pouvoir lever.

Quels sont vos projets et ambitions pour les mois à venir ? M.A. : On a une très forte demande sur l’activité coding, émanant de femmes ayant un emploi ou d’autres, sans travail, dans une phase de reconversion. La volonté est de pouvoir répondre à cette demande en proposant de nouveaux formats comme par exemple notre semaine intensive de coding qui intéresse déjà beaucoup de femmes. M-A.LO. : Sur le volet entrepreneurial, nous voulons aussi mener des actions pour sensibiliser autour des difficultés rencontrées par les femmes pour accéder au financement de leur start-up. Là encore, il reste du travail à effectuer.

Quel conseil donneriez-vous à une jeune fille intéressée par une formation puis une carrière dans les métiers du numérique ? M.A. : D’abord de nous rejoindre à l’un de nos

Marina Andrieu Présidente et Cofondatrice I WIDE

événements, où elle pourra voir qu’elle n’est pas seule. Ensuite, de ne pas se laisser décou-

à faire auprès des professeurs eux-mêmes afin

posé sur ce thème a été un véritable succès. Alors

rager. Elle est certainement la bienvenue dans

qu’ils deviennent acteurs du changement. Nous

nous avons continué. Nous avons désormais un

ces domaines. Il y a beaucoup d’entreprises qui

y travaillons avec notre projet européen Gen-

programme annuel dédié aux start-up - le Startup

sont prêtes à l’accueillir. Au regard de la faible

der4Stem.

leadership programm - dans lequel nous accom-

proportion de femmes dans ces métiers, il y a

pagnons 12 start-up féminines par an. Nous

beaucoup d’environnements où les femmes

venons de clore la deuxième édition.

sont très attendues et seront particulièrement

Vous encouragez aussi les femmes à entreprendre davantage dans le digital. Les enjeux sont-ils les mêmes ?

bien accueillies. M.A. : L’enjeu est en partie le même. L’idée est de donner suffisamment confiance aux femmes,

M-A.LO. : A une femme qui est déjà dans la

M-A.LO : L’entrepreneuriat est aussi une théma-

afin qu’elles s’autorisent à le faire, à y aller. C’est

vie active et qui souhaite se réorienter vers les

tique qui nous passionne. En tant que dirigeantes

un enjeu clé. Une récente étude globale révélait

métiers du numérique, je lui conseillerais de se

de l’association, nous avons toutes les deux eu

que, de manière générale, à formation équiva-

former, elle-même ou avec le soutien de son

l’opportunité de nous engager dans des projets

lente, 40% des hommes et 60% des femmes esti-

employeur. Surtout, il faut qu’elle s’autorise à

de création et de développement d’entreprise.

ment ne pas avoir les compétences pour entre-

aller dans cette direction, qu’elle n’ait pas peur

Quand nous avons créé WIDE, la dimension

prendre. De manière générale, les femmes sont

de se rendre à des conférences, à y prendre la

entrepreneuriale n’était pas forcément au cœur

moins sûres d’elles. Elles ont tendance à vouloir

parole, à poser des questions. Il ne fait aucun

des attentes de la communauté au Luxembourg.

disposer de toutes les assurances, à être certaines

doute qu’il y a une place pour elle dans les

Pourtant, le premier atelier que nous avons pro-

que tout est prêt et parfait avant de se lancer. Or,

métiers du numérique.

27


EDITO I LES FEMMES DANS L'IT DOSSIER

ITNATION ITNATION | AUTOMNE AUTOMNE2O19 2O19

% de Femmes spécialistes IT 12,5%

18,2%

19,6%

au

en

en

LUXEMBOURG

BELGIQUE

en

EUROPE Source : Commission Européenne -2O19

28

FRANCE


ITNATION ITNATION | AUTOMNE AUTOMNE2O19 2O19

DOSSIER I LES FEMMES DANSEDITO L'IT

En chiffres seulement

53%

1 sur 3

2O%

des sociétés cherchant à recruter des spécialites ICT mettent en avant leurs difficultés à trouver du personnel qualifié.

Un étudiant sur 3 diplômé du Science Technology Engeneering and Maths (STEM) est une femme.

C'est le pourcentage de différence de salaire entre une femme un homme travaillant dans l'ICT

seulement

17% - 1 sur 6 -

spécialistes ICT dans l'Union Européenne est une femme.

seulement

19%

93%

des entrepeneurs européens ICT sont des femmes

du capital investit dans les sociétés européennes cette année a été versé a des équipes uniquement masculines.

Source : European Commission, Women in Digital

29


DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

ITNATION | AUTOMNE 2O19

NATHALIE PLOMPEN, IT -NÉRAIRE DIVERSIFIÉ Aujourd’hui Operation Leader au sein de onepoint Luxembourg, Nathalie Plompen a un parcours professionnel riche dans l’IT management et une vision bienveillante de son métier. Portrait.

Le destin tient parfois à peu de choses. Alors qu’elle

sein du Big 4, elle rejoint EY pour une mission

Fin 2014, Nathalie Plompen rejoint la Société

n’est encore que lycéenne, c’est un heureux inci-

de conseil, chapeautant une équipe de 100 per-

Générale afin d’animer la communauté de ges-

dent qui va mettre Nathalie Plompen sur la voie

sonnes à moins de 30 ans.

tion de projets et sécuriser des projets majeurs,

professionnelle qu’elle suit depuis vingt-cinq ans.

notamment en mode agile. Trois ans plus tard,

« Habitant dans le sud de la France, j’avais obtenu

Appelée ensuite par la Banque de Luxembourg,

elle devient Head of IT chez CACEIS Luxembourg.

à l’époque un job d’étudiante dans le lycée inter-

elle y met en œuvre la politique de sécurité de

C’est finalement en mai 2019 que onepoint

national de Sophia Antipolis, raconte-t-elle. Parce

l'information et d'accès physique, avant de se

s’ajoute à cet impressionnant parcours.

que je n’avais pas bien respecté les consignes de

consacrer à la gestion des audits informatiques

mon supérieur, l’AS/400 du lycée n’a pas redémar-

et opérationnels. Désireuse d’apprendre tou-

ré correctement le lendemain matin. Mon respon-

jours plus, Nathalie Plompen suit parallèlement

« TROP DE TALENTS SONT ENCORE GASPILLÉS »

sable a alors pris le temps de m’expliquer le fonc-

un programme en management à l’Interna-

Forte de ses expériences dans diverses industries

tionnement de cet ordinateur et dès cet instant,

tional Institute for Management Development

et à des postes variés, Nathalie Plompen, en tant

j’ai trouvé ce monde très intéressant. Je voulais en

(IMD) de Lausanne.

qu’Operation Leader, est chargée d’accompagner la transformation interne et l’optimisation des

apprendre davantage à ce sujet, savoir comment un logiciel se programmait par exemple. D’un seul

En 2005, elle intègre la Banque Privée Edmond

opérations au sein de onepoint Luxembourg. « La

coup, c’est comme si tout un horizon s’ouvrait

de Rothschild Europe. « Nous y avons opé-

volonté est de travailler sur toutes nos forces, sur

à moi. » C’est ainsi qu’au moment de choisir ses

ré un virage à 360° de toute l’informatique.

l’équilibre des talents dans leur ensemble, afin de

études supérieures, Nathalie Plompen s’oriente

Dans ce contexte, mes missions consistaient

déployer le savoir-faire de chacun et de le mettre

vers l’IT management avant de rejoindre, en 1994,

notamment à définir l’architecture des tech-

au service des clients, de leurs besoins actuels et

le Luxembourg pour y effectuer un stage. « Je

nologies de l’information pour le siège social

futurs, explique-t-elle. Je vois trop souvent des

devais initialement rester six mois au Grand-Du-

et l’ensemble des succursales européennes

talents qui sont gaspillés. Or, les entreprises vont

ché… Vingt-cinq ans plus tard, je suis toujours là. »

», explique-t-elle. Quasiment huit ans plus

encore connaître de profonds bouleversements

tard, trois anciens dirigeants de la Banque

à l’avenir. Si elles veulent pouvoir garder une lon-

de Rothschild créent la start-up Arche Family

gueur d’avance, et même perdurer, elles doivent

Office & Wealth Management. Nathalie

parvenir à cerner et comprendre les enjeux de

Au fil des ans, Nathalie Plompen a contribué à

Plompen en sera, avec pour rôle principal la

demain, et non pas juste à court terme, pour mieux

de nombreuses missions, initié de multiples pro-

conception et la mise en œuvre d’une archi-

les aborder. Luxembourg doit prendre ce virage

jets dans le monde de l’IT au Luxembourg. Après

tecture informatique évolutive conforme aux

avec intelligence. Onepoint l’a compris et je me

une expérience en tant qu’IT Auditor chez PwC

exigences prudentielles de la Commission de

retrouve dans ses valeurs. Si le groupe avait existé

durant laquelle elle créera un département au

surveillance du secteur financier.

à l’époque, j’aurais pu faire toute ma carrière ici. »

UN PARCOURS PONCTUÉ DE GRANDS PROJETS

30


ITNATION | AUTOMNE 2O19

DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

Quand on lui demande ce qui lui plaît dans son métier, Nathalie Plompen évoque tout simplement les rencontres réalisées. « J’ai la chance de croiser de multiples personnalités, aux parcours riches et aux connaissances passionnantes. Ce qui m’anime au quotidien, c’est de pouvoir m’attarder ainsi sur le talent de chaque personne, mais également de voir l’évolution de chacun, de constater le chemin parcouru. » L’Operation Leader a à cœur de mettre en place un management humain, axé sur la confiance. « Je m’adapte aux gens, explique-t-elle. Je travaille sur leurs forces, leur apporte le soutien nécessaire pour les guider dans leurs projets et leur permettre de les développer de manière autonome. C’est essentiel de donner un cadre de travail agréable. Dans des environnements de confiance et de dialogue, j’ai vu des gens se révéler. Derrière cela, il y a bien sûr une certaine rigueur qui est essentielle de la part de chacun, car nous avons des objectifs à atteindre, mais la volonté est qu’ils soient accomplis avec la meilleure satisfaction individuelle et collective possible. »

PROUVER SA CRÉDIBILITÉ Lorsque l’on regarde dans le rétroviseur, être femme dans l’IT ne semble pas avoir été un obstacle pour Nathalie Plompen. « Cela n’a pourtant pas toujours été simple, nuance-telle. J’ai longtemps été la seule femme dans les équipes dont je faisais partie. Les autres ne vous accordent pas nécessairement la crédibilité méritée. Il faut parfois se justifier, en démontrant ses compétences et capacités. » Comment faire évoluer une telle situation ? Nathalie Plompen évoque les idées reçues que l’on a autour du monde de l’IT et du rôle que la femme peut y tenir. « C’est une question très complexe mais, pour moi, c’est dès l’enfance qu’il faut combattre les stéréotypes. On a tendance à aiguiller, parfois même inconsciemment, les filles vers telles filières, les garçons vers telles autres filières. Il faut laisser les jeunes se diriger vers les matières qu’ils affectionnent réellement. Car à partir du moment où l’on est passionné, on peut tout faire. »

Nathalie Plompen Operation Leader I Onepoint Luxembourg

31


DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

Emilia Tantar Chief Data and Artificial Intelligence Officer I INCERT

32

ITNATION | AUTOMNE 2O19


ITNATION | AUTOMNE 2O19

DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

POUR MIEUX PROTÉGER NOS IDENTITÉS En août dernier, Emilia Tantar, experte en intelligence artificielle, a rejoint INCERT, centre d’expertise en cryptographie et sécurité de l’identité. Son rôle, en développant une approche globale autour de l’IA, sera de placer les possibilités offertes par cette technologie au service des missions de l’agence publique et de l’économie luxembourgeoise.

C’est une pointure dans le domaine de l’in-

mée internationale s’intéresse à l’intelli-

telligence artificielle qui vient de rejoindre

gence artificielle et à la manière dont cette

DES IDENTITÉS PLUS SÉCURISÉES GRÂCE À L’IA

l’équipe

publique

technologie peut être mise au service de la

La mise en œuvre de l’IA doit s’envisager suivant

luxembourgeoise, centre d’expertise en

population. « Au sein d’INCERT, on m’offre

une démarche responsable. « Dans cette perspec-

cryptographie et sécurité de l’identité inter-

la possibilité de placer la composante IA au

tive, un des enjeux est de pouvoir s’appuyer sur

nationalement reconnu, a accueilli Emilia

service de l’économie luxembourgeoise, en

des données et des sources de confiance, poursuit

Tantar au mois d’août dernier en tant que

fournissant notamment des solutions inno-

Emilia Tantar. INCERT, dans le cadre des missions

Chief Data and Artificial Intelligence Offi-

vantes au grand public et en travaillant sur

que lui a octroyées l’Etat du Luxembourg, offre des

cer. Active depuis une dizaine d’années au

les enjeux de confiance dans les services

garanties de confiance autour des informations

Luxembourg, cette chercheuse de renom-

numériques », nous confie-t-elle.

liées à l’utilisation de son identité numérique. »

d’INCERT.

L’agence

En recourant à l’intelligence artificielle, l’agence entend étendre ses services. Elle souhaite placer

NOTRE OBJECTIF EST DE CONSTRUIRE UNE APPROCHE GLOBALE ET RESPONSABLE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE.

les technologies les plus avancées au service de la protection de l’identité numérique, mais aussi développer des nouveaux services s’appuyant sur son expertise. « C’est notamment autour de l’identité biométrique que le recours à des solutions s’appuyant sur l’IA peut être intéressant, explique la chercheuse. L’identité biométrique peut être

33


DOSSIER I LES FEMMES DANS L'IT

ITNATION | AUTOMNE 2O19

définie au départ de marqueurs physiologiques

donc désormais s’appuyer sur l’expertise de

connaissances et des usages tangibles pour le

– comme la rétine de l’œil, un circuit de veine ou

cette chercheuse et entrepreneuse. Emilia

Luxembourg », explique-t-elle. Cette notion

une empreinte digitale – ou comportementaux.

Tantar a rejoint le Luxembourg en 2010. Elle

d’IA responsable lui tient particulièrement à

Dans un cas comme dans l’autre, l’IA peut servir à

avait alors été accueillie à l’Université en tant

cœur. « Elle recouvre deux dimensions, pour-

garantir et sécuriser cette identité. »

que chercheuse associée. En 2015, elle parti-

suit-elle. La première est technique, relative au

cipe à la création de Black Swan LUX, une des

bon fonctionnement de l’algorithme. Il s’agit de

spin-off de l’Interdisciplinary Center for Secu-

s’assurer que la décision prise par l’IA, au départ

rity, Reliability and Trust (SnT) de l’Uni. Cette

d’approximations, est bien celle voulue. L’autre

La biométrie est certainement le moyen le

start-up met en œuvre des solutions d’intel-

dimension est éthique. A ce niveau, il faut déve-

plus sûr pour identifier une personne. A l’ère

ligence artificielle pour détecter des anoma-

lopper une ligne de conduite et s’assurer d’en

du numérique, l’enjeu est de s’assurer qu’on

lies au départ de données produites par des

garantir le respect dans le temps. Il faut veiller à

pourra le faire à tout moment, sans possibilité

dispositifs connectés. La start-up développe

l’intégration de bonnes pratiques pour le déve-

d’usurpation ou de vol d’identité. « Or, on sait

par exemple des applications dans le secteur

loppement et la supervision de solutions, afin

qu’un visage, par exemple, est sujet à des modi-

de la santé, permettant notamment de détec-

de se prémunir de certains biais. »

fications. Il n’est jamais exactement le même

ter une détérioration de l’état de santé d’un

que celui qui figure sur la photo du passeport.

pensionnaire d’une maison de retraite. Emilia

Les algorithmes sur lequel se fondent les solu-

Les outils numériques qui mettent en œuvre les

Tantar a aussi occupé la fonction de AI Leader,

tions d’intelligence artificielle, connus depuis

solutions d’IA suivant des méthodes d’approxi-

Senior Manager au sein de PwC Luxembourg

plusieurs décennies, couplés à la puissance

mation doivent permettre de confirmer l’iden-

avant de rejoindre la BIL en tant que Head of

informatique disponible aujourd’hui permettent

tité d’une personne malgré des modifications

Artificial Intelligence & Big Data. Au fil de sa

d’apporter des réponses à de nombreuses pro-

de l’apparence. » Si l’on considère la biométrie

carrière, depuis son doctorat à l’Université

blématiques. « Je pense que tout problème a sa

comportementale, l’IA aussi peut être placée

de Lille 1, Emilia Tantar a publié de nombreux

solution, même si elle est approximative. Ce qui

au service d’un renforcement de la confiance.

articles scientifiques et participé au dévelop-

me fait avancer dans la vie, c’est la résolution

L’identité comportementale pourra être définie

pement de partenariats internationaux entre

de problèmes. Avec l’intelligence artificielle, on

au départ de l’analyse du comportement d’une

des centres de recherche, des universités et

peut aller beaucoup plus loin. La technologie

personne sur une période donnée. « L’IA, dans

des entreprises dans les domaines du big data

transforme complètement la façon d’accéder à

ce contexte, doit permettre de construire des

et de la cybersécurité.

l’information, de l’explorer et, dès lors, de trou-

PARCE QUE NOTRE APPARENCE ET NOS COMPORTEMENTS ÉVOLUENT

modèles permettant de nous reconnaître au

ver des réponses », commente Emilia Tantar.

mais aussi de maintenir ces modèles dans le

VERS UNE APPROCHE GLOBALE DE L’IA

temps, en tenant compte des évolutions »,

« Au sein d’INCERT, mon souhait est d’ap-

L’enjeu est donc de pouvoir appréhender ces

explique Emilia Tantar.

porter mon expérience et ma motivation au

nouvelles possibilités offertes par la technolo-

service d’enjeux concrets. Notre objectif est

gie avec discernement et responsabilité, pour

de construire une approche globale de l’in-

la placer au service de tous. « Il faut pour cela

telligence artificielle, responsable, étape par

en garder la maîtrise et bien la comprendre, en

étape, et en partenariat avec les acteurs vou-

s’appuyant sur les bonnes compétences ainsi

lant développer le savoir-faire, le partage de

que sur des données de confiance, en dispo-

départ d’une analyse de nos comportements

UNE CHERCHEUSE ET ENTREPRENEUSE À L’EXPÉRIENCE RICHE Pour avancer dans cette voie, INCERT peut

GARDER LA MAÎTRISE

sant des outils pour contrôler les résultats, assure l’experte. Tout résultat pris par l’IA doit

LA TECHNOLOGIE TRANSFORME COMPLÈTEMENT LA FAÇON D’ACCÉDER À L’INFORMATION, DE L’EXPLORER ET, DÈS LORS, DE TROUVER DES RÉPONSES.

pouvoir être expliqué. Mais, pour cela, il faut que nous montions en compétence. La position d’INCERT permet de promouvoir l’IA au service de tous, pour générer un impact positif au niveau sociétal. Cela va se traduire, prochainement, par de nouveaux services visant notamment à renforcer la sécurisation de nos identités numérique. »

34


ITNATION | AUTOMNE 2O19

DOSSIER I GOLDEN-i

Information and free online registration at www.luxembourg-internet-days.com

Organised by:

Event partners:

Partner Country: France

35


EXPERTISES I CLOUD

ITNATION | AUTOMNE 2O19

LE CLOUD D’ECONOCOM PSF

CERTIFIÉ ISO 27OO1 En partenariat avec digital.security, Econocom PSF a obtenu la certification ISO 27OO1 pour son cloud luxembourgeois et ses managed services. Selon Sébastien Missenard, le directeur de l’entité luxembourgeoise du groupe, cette certification vient répondre aux préoccupations croissantes des acteurs luxembourgeois vis-à-vis des cybermenaces.

sécurité de manière structurée à travers la certification et ses 114 points de contrôle, nous avons mieux pris conscience des besoins des organisations en matière de cybersécurité. In fine, nous pouvons apporter de meilleures garanties en matière de préservation de la confidentialité, de l’intégrité et de la disponibilité des données, commente Sébastien Missenard. Une fois inscrit dans cette démarche, impossible de faire marche arrière. Le maintien de la certification, avec des évaluations régulières, implique la mise en place d’un cycle d’investissement régulier. Au quotidien, nous devons veiller à améliorer la qualité et la sécurité eu égard à l’utilisation de nos services, en adoptant les meilleures pratiques de gestion

ECONOCOM

de la sécurité de l’information. »

« La sécurité des données et des systèmes d’informa-

en gouvernance et risk management au sein de

FACILITER L’ADOPTION DU CLOUD

tion est un enjeu considéré par nos clients comme

digital.security à Luxembourg. Considérant l’am-

Pour Econocom PSF, la certification constitue

de plus en plus important », explique Sébastien

pleur d’un tel chantier, il faut bien en définir le

une étape essentielle dans l’évolution de la so-

Missenard, directeur d’Econocom PSF. Cet acteur de

périmètre. Dans le cas présent, nous avons tra-

ciété et de ses services. Elle doit faciliter l’adop-

la transformation digitale des organisations vient de

vaillé sur le service cloud d’Econocom PSF et les

tion du cloud d’Econocom par des acteurs

mener à terme avec succès une démarche d’obten-

managed services qui y sont associés. »

régulés, notamment dans le secteur financier.

tion de la certification ISO 27001, relative à la gestion

« Ces professionnels du secteur financier, sous

des risques qu’elle représente pour le business. À tel

NOUVELLE GOUVERNANCE ET GESTION OPÉRATIONNELLE AMÉLIORÉE

point que la cybersécurité est devenue une com-

La démarche a consisté dans la mise en place

met de répondre directement à énormément

posante essentielle de la transformation digitale des

d’une nouvelle gouvernance permettant d’agir

de questions qui peuvent nous être soumises.

organisations, poursuit le directeur. Pour mieux ré-

sur la gestion opérationnelle dans une optique

La certification nous a contraints à documenter

pondre à ces préoccupations à travers notre offre et

d’amélioration continue. « Une telle démarche

énormément d’éléments. Ce qui nous permet

satisfaire aux nouvelles exigences de nos clients en la

permet de bien structurer son approche. On

d’offrir une grande transparence à nos clients,

matière, il était donc essentiel que nous gagnions en

travaille sur la gestion du changement, la sen-

de développer des liens de confiance et d’ac-

maturité vis-à-vis de ces enjeux. C’est pour cela qu’en

sibilisation des équipes, la communication. On

célérer la mise en relation », ajoute Sébastien

novembre 2018, nous nous sommes engagés dans

constate également que la gestion de la sé-

Missenard. En outre, précise le directeur, cette

une démarche de certification. »

curité a des implications à tous les niveaux de

démarche s’inscrit directement dans la politique

l’entreprise, en commençant par la gestion des

gouvernementale, qui vise à faire du Luxem-

ressources, pour se traduire au final dans des as-

bourg un hub de confiance dans le domaine de

pects plus opérationnels », poursuit Ercan Kocak.

la protection des données.

ciété membre de la galaxie Econocom, spécialisée

UNE ÉVALUATION SUR 114 POINTS DE CONTRÔLE

dans les enjeux de cybersécurité. « La certification

La mise en œuvre d’un tel chantier, mené en

CLOUD HYBRIDE SÉCURISÉ ET MANAGED SERVICES DE PROXIMITÉ

est en effet assez exigeante et son obtention im-

quelques mois, présente cependant beaucoup

Si Econocom PSF a choisi d’appliquer la cer-

plique d’importantes transformations en matière

d’avantages. « La certification nous permet d’en-

tification ISO 27001 au cloud et aux managed

de gouvernance, de gestion des risques et de

tretenir de meilleures relations avec nos clients.

services, c’est parce que cela lui permet de

conformité, commente Ercan Kocak, consultant

En appréhendant les enjeux de la gestion de la

répondre efficacement aux attentes actuelles

de la sécurité de l’information. « Il y a aujourd’hui une véritable prise de conscience de la cybermenace et

UNE APPROCHE STRUCTURÉE DE LA GESTION DE LA SÉCURITÉ Afin de l’obtenir, Econocom PSF a pu s’appuyer sur l’expertise de l’équipe GRC de digital.security, so-

36

supervision de la CSSF, doivent pouvoir faire valoir un droit à l’audit auprès de prestataires informatiques. L’approche ISO 27001 nous per-


EXPERTISES I CLOUD

ITNATION | AUTOMNE 2O19

exprimées par les organisations luxembour-

galaxie du groupe Econocom, ce qui signi-

normes, directives ou réglementations, comme

geoises. « Dans une optique de migration vers

fie que le groupe nous supporte dans notre

GDPR ou NIS, assure Benoît Rousseaux. Nous

des plateformes cloud, je crois très fortement

croissance tout en nous laissant une totale

accompagnons aussi nos clients dans l’amé-

à la pertinence d’un environnement hybride.

autonomie quant aux développements stra-

lioration et l’application de leurs politiques de

Beaucoup d’organisations, aujourd’hui, dé-

tégiques et commerciaux. A travers ce projet

sécurité et leurs campagnes de sensibilisation.

sirent maintenir certaines infrastructures cri-

de certification, nous démontrons toute la

Une autre équipe est spécialisée dans la sécurité

tiques localement sans avoir à les gérer elles-

valeur que notre expertise en sécurisation

offensive. Son rôle est d’identifier des vulnérabi-

mêmes. Ils doivent pour cela s’appuyer sur des

de l’information peut apporter au groupe et

lités dans les infrastructures et les applications,

acteurs locaux établis sur le territoire luxem-

à d’autres organisations », explique Benoît

notamment par des tests d’intrusion (pen-test),

bourgeois, précise le directeur d’Econocom

Rousseaux, Managing Director de digital.se-

et de formuler des recommandations. La troi-

PSF. En leur permettant de recourir à des res-

curity Belgium Luxembourg.

sième équipe opère sur les enjeux de sécurité

sources cloud adaptées à leurs besoins, tout en

défensive, en veillant à protéger les données par

gage de conformité de nos services et un signal

DIGITAL.SECURITY: 3 ÉQUIPES POUR UNE APPROCHE COMPLÈTE DE LA SÉCURITÉ

fort de confiance qu’ECONOCOM PSF envoie à

digital.security en effet, développe des services

œuvre de solutions de gestion opérationnelle

ses clients actuels et futurs. »

dans le domaine de la sécurité des systèmes

de la sécurité. »

étant proches de nos clients, nous répondons à ces attentes. La certification ISO 27001 est un

S’APPUYER SUR UN EXPERT EN CYBER SÉCURITÉ

une meilleure gestion des identités et des accès, ou par la sécurisation des réseaux et des environnements applicatifs, ou encore la mise en

d’information mais également des solutions connectées (Internet of Things). « Une première

C’est la force d’un groupe tel qu’Econocom qui

équipe délivre des services de consultance dans

a permis à Econocom PSF de requérir l’expertise

digital.security partenaire d’Econocom PSF

le domaine de la gouvernance, de la gestion des

GRC de digital.security pour mener à bien une

dans cette démarche de certification, est ac-

risques et de la conformité (GRC), à l’instar de

telle démarche. À l’instar de tout projet techno-

tive au Luxembourg depuis deux ans, en tant

ce que nous avons réalisé avec la certification

logique, cette fructueuse collaboration s’inscrit

que filiale de sa maison-mère digital.security

ISO 27001 du cloud d’Econocom PSF. Cette

sur le long terme dans une stratégie d’améliora-

France. « Nous sommes un satellite dans la

démarche peut aussi s’appliquer à d’autres

tion continue de la qualité des services.

Ercan Kocak Cybersecurity consultant I digital.security

Sébastien Missenard Director I Econocom PSF

Benoît Rousseaux Managing Director I digital.security

37


EXPERTISES I IA

Yves Reding CEO I EBRC

38

ITNATION | AUTOMNE 2O19


ITNATION | AUTOMNE 2O19

EXPERTISES I IA

UN CLOUD EUROPÉEN POUR GARANTIR NOTRE SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE Comment garantir la confiance à l’ère du numérique ? Il s’agit d’une question clef qui constitue un fil conducteur pour EBRC depuis près de 20 ans. Parmi les réponses apportées, aujourd’hui, il y a la volonté de garantir la souveraineté numérique en Europe. Et pour cela de développer un cloud européen, sécurisé, de confiance… qui puisse se poser en alternative et en complément par rapport aux géants américains mais également asiatiques.

39


EXPERTISES I CLOUD

ITNATION | AUTOMNE 2O19

À l’ère numérique, c’est à partir de la donnée

vices numériques, à l’échelle globale, soulève

spirale d’amélioration continue de la qualité de

que l’on crée toujours plus de valeur. Aussi, cet

aussi de nombreuses questions. « Quand on

nos services et qui constituent des garanties par

actif-clé doit être correctement protégé. Sur

sait que, aujourd’hui, 12 zettabytes de données

rapport à nos clients internationaux », reconnait

la planète, le volume global de données nu-

transitent par le cloud et que ce volume pourrait

le CEO d’EBRC.

mériques était de 33 zettabytes fin 2018 (pour

représenter 80 zettabytes soit 45% des données

vous donner un ordre de grandeur, un zettabyte

mondiales en 2025, on comprend vite l’enjeu

équivaut à 1 million de pétabytes, ou à 1 milliard

pour l’économie et la société. Si le mouvement

ACCOMPAGNER LES ACTEURS DANS LEUR MIGRATION

de térabytes), c’est énorme et la tendance ne

vers le cloud est inéluctable et que cette ma-

Au cœur de cette tendance, les organisations dé-

fait que s’accélérer avec 175 zettabytes prévus

nière de consommer la ressource confère à

sireuses de profiter des nombreuses possibilités

en 2025, selon IDC. Pour stocker et traiter toutes

chaque organisation une plus grande agilité,

aujourd’hui offertes par le cloud doivent donc

ces données, mais aussi pour les partager plus

il reste la question essentielle du niveau de

se poser les bonnes questions et être en me-

facilement, il faut des ressources informatiques

confiance de son fournisseur de service cloud,

sure de se projeter dans l’avenir. « En étant aux

conséquentes. « Dans ce contexte, on a assisté

poursuit Yves Reding. Or, aujourd’hui, la plupart

côtés de ces acteurs, et principalement de ceux

à une globalisation massive de la distribution

des organisations n’ont pas beaucoup d’autres

devant obtenir des garanties fortes à l’égard de

des services informatiques à travers le cloud, et

choix que d’accepter les conditions dictées par

leurs données ou en matière de continuité de

plus particulièrement les plateformes globales

les grands providers mondiaux. »

leurs services, nous accompagnons leur trans-

qui se développent à l’échelle de la planète »,

formation, assure Yves Reding. Sur la base d’un

cependant, ce modèle connaît certaines limites.

OFFRIR DES GARANTIES SUR MESURE

« J’ai souvent comparé l’émergence du cloud à

EBRC, dans cet écosystème, affirme un position-

tion sur-mesure. En identifiant les opportunités,

l’industrialisation de l’agriculture. Depuis la fin

nement singulier, avec des services de proximité

en organisant la gouvernance de la donnée et

des années 60, les modèles agricoles ont for-

et un déploiement de solutions sur mesure. La

des systèmes à travers le cloud, nous allons pou-

tement évolué, vers une intensification de l’éle-

volonté est de garantir avant tout la confiance

voir mettre en œuvre une architecture adaptée,

vage et des cultures, afin d’optimiser les rende-

des acteurs, en permettant d’accéder à tous les

potentiellement hybride.»

ments et nourrir toute la planète. Cependant, le

avantages du cloud tout en apportant des ré-

mouvement a conduit à certaines dérives, liées

ponses satisfaisantes et des garanties en matière

par exemple à une utilisation abusive de pesti-

de sécurité et de gouvernance des systèmes

GARANTIR LA MAÎTRISE DE L’ENVIRONNEMENT CLOUD

cides ou encore à une dégradation de la qua-

d’information et de la donnée. « Nous déve-

Il est essentiel, en effet, que chaque cloud offi-

lité nutritive de nos aliments. À tel point qu’un

loppons des services cloud à visage humain, en

cer puisse discerner les enjeux, comprendre les

contre-mouvement s’opère, avec des consom-

mettant en œuvre des approches personnalisées

tenants et aboutissants des contrats et garder la

mateurs qui reviennent aux sources. L’aliment

pour chacun de nos clients, en établissant des

maîtrise sur l’ensemble de son environnement

d’aujourd’hui, c’est la donnée. Pour faire un pa-

contrats sur mesure, en fonction des besoins

système. « Nous sommes là pour les aider à pi-

rallèle, dans le monde du cloud, il y a également

spécifiques des entreprises, assure Yves Reding.

loter la mise en place de leurs solutions cloud

énormément de dérives, par exemple en termes

Au travers de notre expérience de près de 20 ans

et leur donnons les outils pour la gérer dans le

de confidentialité et de sécurité des données.

au service d’organisations opérant des transac-

temps. Grâce à la plateforme de « Cloud Assess-

EBRC propose des services cloud de proximité,

tions critiques et gérant des données sensibles,

ment » que nous avons conçue sur base de la

hautement régulés, audités et certifiés, comme

nous avons toujours placé la confiance au cœur

solution de notre partenaire Egerie Software,

les labels Bio ».

de nos préoccupations. En 2011, nous déve-

nos clients gardent le contrôle sur l’ensemble

loppions notre Trusted Cloud Europe, affirmant

de leur environnement cloud. »

analyse Yves Reding, CEO d’EBRC. A ses yeux,

LA CONFIANCE, ÉLÉMENT FONDAMENTAL DE LA NUMÉRISATION

cloud assessment, autrement dit une analyse des risques et des enjeux, nous allons bâtir une solu-

notre volonté d’accompagner la transformation numérique des organisations vers plus d’agilité

En matière de cloud, EBRC est en mesure de

L’illustration permet de mettre en évidence

tout en garantissant la sécurité de l’information. »

proposer une réponse sur-mesure à chaque

l’importance de la confiance, élément fonda-

Cette confiance repose sur de nombreuses cer-

contexte : avec du cloud EBRC, privé ou public,

mental garantissant la durabilité des relations

tifications : ISO27001, ISO22301, ISO20000,

et de l’hypercloud pour des besoins spécifiques

entre un fournisseur de services ou de produits

ISO9001, PCI DSS, Tier IV… « Nous sommes

comme, par exemple, l’accès à des solutions

et le consommateur. L’industrialisation des ser-

guidés par les certifications qui constituent une

d’intelligence artificielle. « Mais, dans tous les

40


ITNATION | AUTOMNE 2O19

EXPERTISES I CLOUD

cas, nous veillons à une sécurité optimale de

la NIS définit un cadre permettant de renfor-

tion d’environnements sur-mesure, la société

la donnée dans le temps en garantissant la cy-

cer la sécurité et la disponibilité des services

offre toute une série d’innovations. « À travers

ber-résilience de nos clients et la maîtrise de

essentiels. En tant qu’acteur régulé par les au-

notre cloud, nos clients peuvent désormais

leurs données », assure le CEO d’EBRC.

torités de surveillance du secteur financier, ce

accéder à des services DevOps avancés (en-

sont des mesures que nous avions déjà mises

vironnements OpenShift, Kubernetes as a Ser-

en œuvre au Luxembourg. Mais la directive NIS,

vice, ...), assure Yves Reding. Non seulement

en matière de cybersécurité, révèle également

nous permettons de rapprocher les équipes

Une des ambitions, dans cette démarche

le réel besoin de disposer d’un cloud souverain

de développement des opérations, afin de

d’amélioration de la cyber-résilience des or-

en Europe, pour protéger nos entreprises clés

permettre à nos clients de mettre en œuvre

ganisations, est de s’inscrire dans le dévelop-

et leurs données face à la diversité de menaces

des approches de continuous delivery, mais

pement d’un cloud de confiance européen. La

que compte le monde numérique. »

nous les accompagnons également afin qu’ils

CONSTRUIRE UN CLOUD SOUVERAIN EUROPÉEN

souveraineté numérique sur notre continent

intègrent mieux les enjeux de sécurité et de

européens du numérique sont nombreux, leur

UN CLOUD EUROPÉEN, EN COMPLÉMENT DES HYPERCLOUDS

taille et leur régionalité ne leur permet pas de

Au-delà du développement de son cloud

Capitalisant sur ses valeurs fondatrices, EBRC

faire le poids avec les hyperclouds globaux. En

souverain, EBRC a également mis en place

souhaite plus que jamais être un opérateur

2018, par ordre d’importance AWS, Microsoft

des fonctionnalités de cloud hybride avec

européen de référence pour les services cloud

Azure, Google Cloud, Alibaba Cloud et IBM

des hyperclouds. Ainsi, EBRC peut activer des

à l’attention des acteurs les plus sensibles, le

Cloud s’attribuent 65% du marché mondial du

connexions vers l’ensemble de l’écosystème

garant de la cyber-résilience des organisations

cloud. Ainsi les deux tiers des workloads des

cloud mondial, via son partenaire InterCloud,

actives dans la finance, les industries critiques,

organisations dans le monde utilisent des ser-

société française, offrant les connexions vers

le spatial, la défense, la santé, les institutions

vices des hypercloud providers, américains ou

plus de 100 destinations cloud à travers la pla-

internationales, et bien entendu les Opéra-

asiatiques. Pour les dirigeants ou les respon-

nète. Aujourd’hui, tout en permettant la créa-

teurs de Services Essentiels.

est devenue un enjeu majeur. Or, si les acteurs

haute-disponibilité au cœur de la démarche. »

sables politiques, il convient de s’interroger sur les contraintes d’une telle dépendance. Le Cloud Act par exemple, engendre toujours un sentiment d’incertitude pour tous les clients qui ont recours aux services cloud des géants américains.

HEXATRUST, POUR RENFORCER LA SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE EUROPÉENNE

Depuis 2011, avec Trusted Cloud Europe, EBRC propose un cloud souverain, depuis ses data

Le renforcement de la souveraineté numérique européenne est une démarche de

centres Tier IV à Luxembourg, dans un envi-

longue haleine, impliquant de mobiliser une grande diversité d’acteurs. Dans cette

ronnement hautement régulé. « Les politiques

perspective, EBRC a récemment rejoint HEXATRUST, association d’entreprises inno-

européennes actuelles et à venir doivent nous

vantes, réelle alliance gagnante des champions du cloud computing et de la cybersé-

aider à construire l’Europe digitale, à travers

curité. « L’association compte une soixantaine d’acteurs divers, offrant une multitude

différentes initiatives. On peut parler du RGPD,

de services dans le secteur. Ensemble, nous réfléchissons aux éléments qui, justement,

de la directive NIS ou encore du CyberSecu-

doivent permettre de garantir la confiance du marché dans les services numériques

rity Act entré en vigueur le 27 juin 2019, ainsi

en Europe. Dans cette optique, de récents échanges révélaient la volonté d’œuvrer en

que du projet de certification cybersécurité

faveur d’un cloud de confiance européen, efficient et sécurisé. Mais d’autres initiatives

européen. La directive NIS vise à renforcer la

sont évoquées, comme le moyen de permettre à des acteurs européens d’émerger, et

cyber-résilience des Opérateurs de Services

notamment à une filière dans le domaine de la cybersécurité, et ce dans un environne-

Essentiels, comme les fournisseurs de soins

ment extrêmement concurrentiel. »

de santé, les transports, … mais également les Fournisseurs de Services Numériques, comme les Cloud Providers. Pour ces acteurs critiques,

41


EXPERTISES I CLOUD

ITNATION | AUTOMNE 2O19

LE CLOUD PUBLIC,

VECTEUR D’ACCÉLÉRATION DE LA TRANSFORMATION

Le groupe Arŋs, qui compte plus de 14OO consultants en Europe, emploie plus de 7OO personnes au Luxembourg. Depuis peu, c’est dans un bureau flambant neuf, à Belval, qu’il a établi ses quartiers. L’une de ses entité, Arŋs Spikeseed accompagne notamment les organisations dans leur migration vers le cloud public.

procéder à une évaluation des risques et des coûts. De cette manière, on peut déterminer s’il est effectivement intéressant de faire tourner un service ou une application dans le nuage. « Dans cette optique, nous accompagnons chacun de nos clients afin qu’il puisse prendre une décision éclairée, assure Christophe Grosjean. À partir de là, il sera possible de mettre en œuvre une réelle stratégie de migration, vers le portefeuille de services et solutions le plus adapté à ses besoins. Dans certains cas, des solutions efficientes sont directement accessibles dans le cloud. Dans d’autres, il faudra passer par une étape de refactoring. Nous aidons les clients à s’y retrouver, dans la manière de gérer leurs bases de données, au cœur de l’offre de solutions applicatives. »

ARHS C’est à Belval que le prestataire ICT Arŋs Group

temps à développer un intérêt pour le cloud public et

AUTOMATISER POUR ALLER PLUS VITE

a récemment installé ses nouveaux bureaux. Le

ses possibilités. En cause, des règles de confidentialité

Dans

groupe, actif depuis 16 ans au Luxembourg, em-

strictes rendant les organisations frileuses. « Depuis

Spikeseed, en s’appuyant sur une expertise dans de

ploie désormais plus de 1400 consultants à travers

quelques mois, cependant, les acteurs rattrapent leur

nombreux domaines, peut accompagner chaque

le monde. Il compte aujourd’hui onze entités, pré-

retard. L’intérêt pour les possibilités et les services di-

organisation en fonction de ses besoins, dans

sentes en Belgique, au Luxembourg, en Italie, en

rectement accessibles à travers ces plateformes est

l’identification de l’environnement cloud le plus

Grèce, en France. Rien qu’au Grand-Duché, ils sont

considérable, poursuit-il. L’enjeu, dans ce contexte,

adapté, la gestion de cet environnement et l’exécu-

près de 600 employés à être occupés sur des pro-

est d’accompagner le client dans une migration adap-

tion de la migration. « Comme pour nos projets de

jets de transformation digitale des organisations. Ils

tée à ses besoins, en s’assurant qu’il déploie les bons

développement, nous envisageons chaque projet

mettent en œuvre les divers métiers de l’IT, du dé-

services et qu’il garde la maîtrise sur l’ensemble des

de migration suivant une approche agile, afin de

veloppement applicatif à la gestion des ressources

ressources auxquelles il a recours. » Face à une ac-

limiter les risques et permettre à nos clients d’être

informatiques à travers les possibilités offertes par

célération des évolutions technologiques, s’appuyer

plus réactifs, explique Christophe Grosjean. Un

le cloud. Arŋs accompagne aussi les organisations

sur des plateformes cloud public offre la possibilité

des grands enjeux, si l’on veut profiter de tout le

dans la mise en œuvre de projets d’innovation s’ap-

aux organisations de s’adapter toujours plus rapide-

potentiel du cloud, est de penser son déploiement

puyant sur une meilleure exploitation des données

ment et de réduire considérablement leur time to

suivant une approche DevOps, en automatisant au

ou encore l’intelligence artificielle.

market. « À condition d’être correctement armé et

maximum. Dans cette optique, nous avons déve-

préparé, précise l’expert. Dans le contexte actuel, le

loppé une expertise forte dans le développement

problème n’est souvent pas d’ordre technique, mais

de cloud native application. À terme, la volonté est

Plus particulièrement, au Luxembourg, l’entité Arŋs

davantage organisationnel. À travers le cloud, la ma-

de permettre à nos clients de pouvoir intégrer et

Spikeseed a vocation à accompagner des projets de

nière d’appréhender la ressource informatique est

déployer en continu et d’effectivement aller beau-

transformation complexes, en s’appuyant notamment

bien différente. Les clients doivent d’abord monter en

coup plus vite. » Au-delà de la migration, à travers

sur les incroyables ressources offertes par le cloud

compétences pour s’assurer de garder la maîtrise sur

ses « managed services », Arŋs veille sur la bonne

public. « Aujourd’hui, nous développons des parte-

leur environnement, leurs coûts, leur gouvernance. »

maintenance de l’environnement cloud, permet-

LA MEILLEURE VOIE VERS LE CLOUD

nariats privilégiés avec trois principales plateformes

une

approche

one-stop-shop,

Arŋs

tant aux organisations de se concentrer sur l’essen-

Nous disposons d’une cinquantaine de conseillers

MIGRATION : À CHACUN SA STRATÉGIE

certifiés sur ces plateformes », explique Christophe

Tout n’a pas vocation à migrer vers le cloud. Envi-

sionnant des ressources non utilisées, mais aussi

Grosjean, Managing Director de Arŋs Spikeseed. Les

sager un projet de migration implique d’abord de

de garantir la cohérence et la sécurité de l’environ-

acteurs luxembourgeois ont certes mis un peu de

bien identifier les éléments dont on a besoin et de

nement suivant les règles de gouvernance établies.

de cloud public, à savoir Microsoft Azure, AWS et IBM.

42

tiel. Parmi les défis clés à ce niveau, il est important de veiller à l’optimisation des coûts, en commis-


ITNATION | AUTOMNE 2O19

EXPERTISES I CLOUD

ACCÉDER FACILEMENT À L’INNOVATION Le grand intérêt du cloud public, pour les acteurs qui sont montés en compétences, prêts à franchir des étapes supplémentaires dans leur transformation, réside dans un accès facile à des technologies de pointe. « Aujourd’hui, les plateformes de cloud public proposent de nouveaux services chaque jour. Il est par exemple possible de déployer un call center en trois clics, explique Christophe Grosjean. Mettre en place un chatbot pour traiter des demandes clients n’a jamais été aussi simple. Au-delà, on accède très facilement à d’importantes ressources dans le domaine du machine learning, avec des solutions « out of the box » au service d’une meilleure classification des données, de la recommandation de produits, de traitement du langage naturel ou encore de computer vision. Dans le domaine de l’IoT, les possibilités sont aussi nombreuses. » Ces technologies sont désormais plus abordables que jamais. « En s’appuyant sur des solutions directement accessibles dans le cloud, les organisations ont désormais la possibilité de concentrer leurs efforts sur l’innovation et l’amélioration du service client, sans avoir à se soucier des enjeux de gestion de l’infrastructure et des ressources informatiques », conclut Christophe Grosjean.

S’ENGAGER SUR UN PRIX FIXE POUR CHAQUE PROJET Le groupe Arŋs connaît une croissance organique annuelle de 25 à 30% de son chiffre d’affaires, et ce depuis plusieurs années. Au terme de l’année fiscale 2018, qui s’est clôturée au 31 juillet 2018, le chiffre d’affaires s’établissait à 108 millions d’euros. Arŋs mène de front près de 130 projets, chacun occupant entre 2 et 50 personnes. « Nous avons pu nous démarquer de nombreux autres acteurs en proposant aux organisations la réalisation de programmes au forfait, en nous engageant sur des résultats, un budget, un délai, et ce quel que soit leur projet de transformation digitale », explique Christophe Grosjean, Managing Director Arŋs Spikeseed. À côté des services de développement, la consultance et les managed services représentent la moitié du chiffre d’affaires. « Notre clientèle se répartit entre des organisations institutionnelles et publiques, comme la Commission européenne, qui représentent une majeure partie du chiffre d’affaires, et des acteurs privés, comme des groupes de télécommunication, des professionnels du secteur financier, poursuit Christophe Grosjean. Notre taille et nos implantations, en outre, nous permettent de nous positionner aussi bien dans l’accompagnement de projets transeuropéens que sur des projets de taille plus modeste. »

Christophe Grosjean Managing Director I ARHS Spikeseed

43


EXPERTISES I IA & CLOUD

ITNATION | AUTOMNE 2O19

CONSTRUIRE L’ENTREPRISE INTELLIGENTE A gauche : Cédric Jadoul Service Director Fujitsu Luxembourg À droite Yannick Bruck Head of AI, Analytics & IoT Fujitsu Luxembourg

44


ITNATION | AUTOMNE 2O19

Au fur et à mesure de l’évolution des nouvelles technologies, la valeur fournit par ‘la donnée’ augmentera fortement. L’entreprise intelligente de demain sera celle qui saura au mieux exploiter cette valeur, afin de créer des éléments différentiateurs par rapport à ses concurrents. Fujitsu supporte la mise en œuvre de nouveaux modèles d’organisation, afin d’aider les entreprises sur le chemin de la transformation.

EXPERTISES I IA & CLOUD

de la donnée. À partir de 15 fichiers Excel, par

sir entre ressources on-premise et solutions de

exemple, suivant une approche DataOps, il est

différents cloud providers, tout en gardant la

possible de réorganiser les informations dis-

maîtrise de son environnement. « Les enjeux

ponibles, qu’elles soient structurées ou non.

sont nombreux. Selon le client et la sensibili-

De cette manière, on peut en extraire de la

té de ses données, il faut faire des choix. Au

valeur très rapidement.

niveau technique, de nombreuses solutions

ENRICHIR PROGRESSIVEMENT LA DONNÉE

permettent de répondre à chaque besoin », explique Yannick Bruck.

l’organisation se dote d’une gouvernance forte

PRÉSERVER LA CONFIDENTIALITÉ DES DONNÉES

de la donnée. Elle doit lui permettre d’enri-

« L’approche de Fujitsu intègre systématique-

Ces dernières années, quand nous parlions de

chir ses bases de données, intégrer de nou-

ment une dimension de compliance, précise

transformation digitale, nous évoquions sou-

velles sources, comme l’IoT ou l’open-data par

Cédric Jadoul. Le choix d’une solution cloud

vent des projets d’amélioration des processus,

exemple, afin d’en générer toujours plus de va-

doit, à nos yeux, absolument tenir compte de

s’appuyant principalement sur des dévelop-

leur. De cette manière, elle permettra d’établir

ces enjeux. Si l’on s’attache à décortiquer les

pements applicatifs. Rares étaient les projets

de meilleures prédictions, anticiper les attentes

conditions d’utilisation de certains services, on

qui intégraient une couche d’intelligence ar-

des clients, mieux les servir. « Progressivement,

découvre que certains cloud providers s’attri-

tificielle. A l’avenir toutefois, les acteurs qui

l’organisation va pouvoir tester, puis utiliser de

buent le droit d’utiliser les données transmises

réussiront à se différencier seront ceux qui,

nouveaux modèles cognitifs et implémenter

à d’autres fins. En termes de confidentialité, ce

au départ de la donnée, parviendront à mieux

des solutions s’appuyant sur l’intelligence ar-

sont des enjeux à considérer. Chaque choix,

utiliser les modèles d’intelligence artificielle

tificielle au service de son business », poursuit

qu’il s’agisse de la solution cloud ou d’une

pour créer de la valeur. « Dans cette optique,

Yannick Bruck.

option architecturale, doit s’appuyer sur une

et en vue de construire une entreprise intelli-

Au-delà de cet ajustement, il est essentiel que

solide analyse. »

outils et s’inscrire dans une nouvelle approche

ALLER CHERCHER LE MEILLEUR DE L’IA

de la transformation digitale, commente Cé-

Ces nouvelles technologies n’ont jamais été aussi

UNE MISE EN ŒUVRE FACILE ET RAPIDE

dric Jadoul, Service Director au sein de Fujitsu

facilement accessibles, à travers notamment les

Sur ces fondations, composées d’une plate-

Luxembourg. Le défi sera de bénéficier des

différentes plateformes cloud public. Dès lors,

forme multi-cloud et d’une gestion dynamique

possibilités offertes par l’automatisation et

toute transformation digitale vers une entreprise

de la donnée, l’organisation pourra plus faci-

l’intelligence artificielle. »

intelligente implique d’être en mesure d’orches-

lement envisager des voies de différenciation

trer de manière dynamique l’ensemble de ses

s’appuyant sur les technologies cognitives.

ressources informatiques, que celles-ci soient

« Aujourd’hui, avec notre maîtrise de ces en-

liées à l’infrastructure, à la puissance de calcul ou

jeux et l’expérience acquise en accompagnant

Construire l’entreprise intelligente implique

aux services. « On parle désormais d’orchestra-

de nombreux projets, notre volonté est d’aider

en premier lieu de disposer d’une donnée de

tion hybride, commente Cédric Jadoul. L’entre-

les organisations à intégrer de l’intelligence

qualité, bien gérée, que l’on va pouvoir en-

prise doit se doter des capacités de garantir la

au cœur de leurs processus, » commente Cé-

richir dans le temps. « Beaucoup d’acteurs,

cohérence de l’ensemble. Chaque cloud provi-

dric Jadoul. Aujourd’hui, la mise en œuvre de

cependant, ne se sont pas encore dotés d’un

der a des atouts à faire valoir, et des nouvelles

telles solutions n’implique pas forcément des

modèle de gouvernance ainsi que d’une struc-

possibilités se rajoutent chaque jour. L’idée est de

développements conséquents. « Les possibilités

turation de leurs données leur permettant

pouvoir aller chercher le meilleur dans chaque

offertes par le cloud nous permettent de mettre

d’en extraire de la valeur », commente Yan-

cloud disponible. »

très rapidement en place des applications fonc-

gente, les acteurs devront se doter des bons

UNE DONNÉE DE QUALITÉ, BIEN GÉRÉE

nick Bruck, Head of AI, Analytics & IoT au sein

tionnelles, dites cloud native, n’impliquant

cela comme un handicap, il est aujourd’hui

SE DOTER D’UNE APPROCHE MULTI-CLOUD

possible de rattraper le retard grâce à des

A cette fin, Fujitsu propose une plateforme

chaque organisation peut entrer dans l’ère de

nouveaux outils intelligents de structuration

multi-cloud, permettant à une entreprise choi-

l’entreprise intelligente.

de Fujitsu Luxembourg. Si l’on peut considérer

pas forcément des développements lourds », conclut Yannick Bruck. De cette manière,

45


EXPERTISES I IA

Wilfrid Lagrange Country Manager I Devoteam Luxembourg

ITNATION | AUTOMNE 2O19

Jérémy Meisch Operations Director I Devoteam Luxembourg

Candi Carrera Country Manager I Microsoft Luxembourg

SE FORMER À L’IA : UN ENJEU CRUCIAL, DÈS AUJOURD’HUI DEVOTEAM

Pour répondre au manque de compétences liées au déploiement de l’intelligence artificielle, Devoteam et Microsoft viennent de créer leur IA Academy. Si les organisations veulent rester compétitives, il y a en effet urgence à se former dans le domaine.

manque cruellement à l’heure actuelle. « Si les organisations veulent aujourd’hui développer des projets autour de l’intelligence artificielle, elles doivent recruter très loin et parvenir à convaincre ces talents de rejoindre le Luxembourg. C’est pourquoi il est essentiel de disposer dès à présent de ressources ici », constate Candi Carrera, Country Manager de Microsoft Luxembourg. Pour répondre à cette problématique qui touche le pays, Devoteam Luxembourg et Microsoft Luxembourg ont développé, en collaboration, une académie de l’intelligence artificielle.

DE LA RÉFLEXION STRATÉGIQUE À LA MISE EN PLACE D’UNE SOLUTION APPROFONDIE L’IA Academy Luxembourg propose trois types

46

L’intelligence artificielle ouvre des perspec-

de formations, chacune s’adressant à un pu-

tives de développement considérables pour

blic bien spécifique. « Si l’IA résonne dans

toute organisation, quel que soit son secteur

la plupart des esprits comme un sujet très

d’activité, quelle que soit sa taille. Mettre en

technologique, elle concerne en réalité l’en-

œuvre cette technologie nécessite toutefois

semble des équipes dans une organisation »,

de pouvoir s’appuyer sur les compétences

confie Wilfrid Lagrange, Country Manager de

adéquates. Compétences dont le Luxembourg

Devoteam Luxembourg. À commencer par les


EXPERTISES I IA

ITNATION | AUTOMNE 2O19

gence semblables à ceux de l'homme, de type

grette Candi Carrera. Oui, l’IA va révolution-

machine learning. »

ner, transformer nos jobs, compléter nos

Il s’agit de mettre en œuvre la technologie de l’IA de manière responsable et éthique.

Aux yeux de certains, l’intelligence artificielle

concentrer sur son cœur de métier, sur des

Jérémy Meisch

n’en est encore qu’à ses prémices. Or, la tech-

tâches plus créatives, qui nécessitent une

nologie est déjà bel et bien présente dans

réelle expertise humaine et auront un réel

notre vie quotidienne. Ses applications sont

impact positif sur la société. »

L’IA N’EST PLUS UNE OPTION

d’ailleurs multiples. « L’IA peut par exemple

compétences. Et c’est en ce sens qu’elle va créer de la valeur ajoutée, permettre de se

dirigeants. « Le déploiement de l’intelligence

aider un médecin à réaliser un diagnostic

IL Y A URGENCE

artificielle au sein d’une entreprise ou d’une

plus rapidement ou décharger des agents

Pour les trois intervenants, il est essentiel de

administration implique avant toute chose de

de call center de tâches répétitives, illustre

se former à l’IA dès à présent, pour la compé-

repenser sa stratégie, d’opérer une transfor-

Wilfrid Lagrange. De manière générale, ces

titivité du Luxembourg, pour celle des orga-

mation culturelle », poursuit-il. Se déroulant

solutions permettent de rendre des proces-

nisations. « Certains États, tels que la Chine,

sur deux jours, le module pour Decision Ma-

sus plus simples ou plus rapides, d’améliorer

le Canada et Israël, investissent considérable-

kers vise ainsi à apporter aux responsables les

l’efficacité des organisations. » Demain, l’IA

ment dans l’intelligence artificielle. Les pays

connaissances spécifiques et pratiques leur

aura, bien qu’il reste difficile à appréhender

européens, eux, sont à la traîne. Pour preuve,

permettant de définir et mettre en œuvre une

à l’heure actuelle, un impact plus important

l’Europe a investi dans l’IA quasi autant qu’Is-

stratégie d'IA.

encore sur nos sociétés. « Nous n’avons plus

raël à lui seul. En laissant d’autres pays avan-

le choix d’utiliser l’intelligence artificielle,

cer, nous sommes en train de perdre un avan-

Dans un second temps, la formation à l’intel-

confie Candi Carrera. Nous faisons en effet

tage concurrentiel énorme. Nous avons un

ligence artificielle concerne les équipes tech-

face aujourd’hui à un volume de données im-

grand retard à combler et l’IA Academy doit

niques. « À cet égard, nous proposons deux mo-

mense, qu’un humain seul ne peut gérer, trai-

aider, à l’échelle grand-ducale, de dévelop-

dules qui s’appuient sur des solutions Microsoft »,

ter ni croiser. L’IA doit permettre d’y parvenir

per rapidement le savoir-faire autour de l’in-

précise Jérémy Meisch, Operations Director

et de continuer ainsi à innover et à améliorer

telligence artificielle », explique le Country

chez Devoteam Luxembourg. Le premier, baptisé

la qualité de vie de l’Homme. »

Manager de Microsoft.

possèdent déjà des bases en programmation.

Malgré la demande croissante pour intégrer

« L’IA va révolutionner, transformer voire

« La formation, dispensée sur cinq jours en pré-

des solutions d’intelligence artificielle dans

même remplacer certains jobs mais aussi

sentiel et cinq semaines d’apprentissage en ligne,

les organisations, des craintes subsistent à

augmenter nos compétences. Et c’est en ce

doit permettre aux participants de mettre en

leur égard. « La technologie peut apporter le

sens qu’elle va créer de la valeur ajoutée,

œuvre des applications simples s’appuyant sur

meilleur comme le pire, reconnaît le Country

permettre aux personnes de se concentrer

l’intelligence artificielle, telles qu’un chatbot »,

Manager de Devoteam. Pour éviter toute dé-

sur leur cœur de métier, sur des tâches plus

explique Jérémy Meisch.

rive, les organisations devront donc être ca-

créatives, qui nécessitent une réelle expertise

« Foundation », est dédié aux professionnels qui

pable de contrôler, réguler et développer un

humaine et auront un réel impact positif sur

Le troisième module, intitulé « Advanced »,

œil critique par rapport aux décisions prises

la société. » commente Candi Carrera.

nécessite de disposer d’un niveau de connais-

par l’IA. » C’est pour cette raison que chaque

sances élevé en mathématiques et statistiques

module proposé par l’IA Academy intègre un

ainsi que d’une expérience avérée en program-

volet éthique. « Nous y abordons des thèmes

mation et en gestion des bases de données.

comme le respect des droits, de la vie privée

« Le programme, qui s’étend sur 22 semaines

et de la liberté humaine, explique Jérémy

et comprend à la fois du coaching et des cours

Meisch. L’objectif est de mettre en œuvre

à distance, est dans ce cas très poussé, sou-

la technologie de manière responsable et

ligne l’Operations Director. L’objectif, à terme,

éthique. »

Si l’IA résonne comme un sujet très technologique, elle concerne en réalité l’ensemble des équipes dans une organisation. Wilfrid Lagrange

est de parvenir à créer des modèles d'apprentissage approfondis pour des solutions d'IA

D’autre part, « on se heurte encore à l’idée

présentant un comportement et une intelli-

que l’IA va faire disparaître les emplois, re-

47


EXPERTISES I IA

ITNATION | AUTOMNE 2O19

APPRENDRE ET GRANDIR

AVEC LES ROBOTS KPMG

proches en termes d’orchestration des projets informatiques et de maintien des solutions.

FAIRE FACE À LA COMPLEXITÉ À l’avenir, les opérateurs auront sans nul doute la possibilité eux-mêmes de déployer un robot ou une intelligence artificielle au cœur d’un processus. « Dans ce contexte, il est essentiel de pouvoir garantir la cohérence de ce qui est déployé et s’assurer du suivi de la technologie tout au long de son cycle de vie », ajoute Sven Muehlenbrock. Pour l’expert de KPMG, l’enjeu n’est pas technologique, mais bien organisationnel. Face à ces défis, dont peut découler une complexité grandissante, les organisations doivent se doter d’une gouvernance optimisée et d’un cadre de contrôle. « Pour cela, il faut commencer à s’interroger sur

L’intégration progressive des robots et de l’intelligence artificielle à l’échelle d’une organisation soulève de nombreuses questions. Alors que la technologie est appelée à être mise en œuvre directement par les équipes métier, comment garder le contrôle ? Face à la complexité découlant de la mise en œuvre de solutions d’automatisation intelligente, les entreprises doivent fixer un cadre de gouvernance. Il est aussi essentiel de se doter des outils permettant de piloter son environnement et de garantir les résultats.

of Excellence for intelligent automation and Data

les impacts qui peuvent découler de l’intégration

& Analytic. On devrait petit à petit voir des robots

progressive de ces technologies, à l’instar de

participer de plus en plus intensément à la bonne

l’initiative de la CSSF avec son livre blanc intitulé

marche du business. »

« Intelligence Artificielle : opportunités, risques

NOUVELLES POSSIBILITÉS, NOUVEAUX ENJEUX

et recommandations pour le secteur financier », précise le Head of Lighthouse. L’idée n’est pas de définir des règles précises, qui pourraient freiner le

À l’échelle d’une organisation, avec des pro-

déploiement de ces technologies, mais d’inscrire

cessus qui dépendent les uns des autres et la

l’ensemble des acteurs dans un processus de ré-

potentielle autonomie laissée aux opérateurs

flexion et d’apprentissage, en mettant l’accent sur

pour mettre en œuvre la technologie, l’automa-

la responsabilité de chacun. »

tisation et le recours à l’intelligence artificielle « Demain, qui sera en charge de garantir le ré-

UN NOUVEAU CYCLE D’APPRENTISSAGE

sultat et maintenir la multitude de robots mise

Ces technologies sont en effet relativement neuves.

Beaucoup d’organisations, aujourd’hui, évaluent

en œuvre dans l’entreprise ? Est-ce le départe-

Et il est difficile d’évaluer la manière dont elles vont

le potentiel de l’automatisation en termes de gain

ment IT ou le business lui-même ? Comment

transformer les processus, nos organisations, notre

de performance, le plus souvent sur des proces-

bien orchestrer l’activité humaine et celle me-

société. Ces enjeux complexes doivent pouvoir

sus isolés. Les robots, en remplaçant l’humain

née par les robots ou encore les interactions

être appréhendés au plus haut niveau. « Il s’agit

sur une tâche unique, répétitive, à faible valeur

entre plusieurs robots ?, évoque Sven Muehlen-

d’apprendre, de grandir en cherchant à toujours

ajoutée, s’avèrent très souvent bien meilleurs

brock. Comment assurer un contrôle de l’activi-

mieux comprendre la technologie, ses possibilités,

que l’humain. « L’enjeu est cependant beaucoup

té quand celle-ci n’est plus menée par l’humain

ses impacts. Il faut pouvoir définir des responsabi-

plus complexe si l’on considère un recours géné-

et quand l’IT n’est plus forcément maître de la

lités, faire évoluer les interactions entre l’homme et

ralisé à l’automatisation à l’échelle d’une organi-

manière dont la technologie est utilisée ? L’hu-

la machine, de manière responsable et contrôlée,

sation. Il soulève encore plus de questions si l’on

main est et doit rester responsable du robot. »

commente Sven Muehlenbrock, qui évoque un par-

y intègre les possibilités aujourd’hui offertes par

Ces questions doivent aujourd’hui trouver des

cours d’apprentissage. Nous ne sommes pas habi-

les algorithmes intelligents en tant qu’éléments

réponses rapidement. La mise en œuvre de ces

tués à composer avec cette complexité, cette nou-

d’une solution d’intelligence artificielle, com-

nouvelles technologies, qu’il s’agisse de Robot

velle manière d’envisager une organisation. Nous

mente Sven Muehlenbrock, Partner au sein de

Process Automation ou d’Intelligence Artifi-

n’avons pas encore les outils pour appréhender ces

KPMG Luxembourg, Head of Lighthouse, Center

cielle requiert de recourir à de nouvelles ap-

phénomènes, mais cela va venir. »

48

peuvent soulever de nombreuses questions.


ITNATION | AUTOMNE 2O19

EXPERTISES I IA

UN COCKPIT À CONSTRUIRE L’homme, en effet, est un être remarquable par sa capacité à s’adapter, encore et encore, et à parvenir à maîtriser ce qui, en apparence, ne l’est pas. « C’est en mettant en œuvre ces technologies, en apprenant progressivement, que l’on pourra parvenir à développer les meilleures interfaces homme-machine, pour garantir une meilleure supervision de toute cette intelligence technologique, poursuit le Partner. La technologie que l’on retrouve au sein d’un avion, garantissant la sécurité du vol, ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle est le fruit de 30 années d’amélioration. Elle découle de très nombreuses erreurs donnant lieu à des leçons. Aujourd’hui, malgré la complexité que cela représente, tous ces systèmes embarqués sont sous la supervision d’une ou deux personnes au sein du cockpit. » L’enjeu, petit à petit, est d’offrir aux pilotes les outils lui permettant de mieux maîtriser son environnement, les éléments. Au sein d’un cockpit, chaque élément a son utilité, bien conçu pour servir l’humain. Rien n’est superflu.

DÉFINIR UN CADRE À PARTIR DU BUSINESS MODEL L’arrivée des robots implique d’apprendre à mieux les contrôler, d’apporter aux opérateurs les outils nécessaires pour les superviser. « Il faut pouvoir déterminer ce qu’il est important de contrôler et la manière de le faire eu égard aux enjeux du business, explique Sven Muehlenbrock. Au plus haut niveau, tout en laissant les équipes expérimenter la technologie, il faut pouvoir établir où l’on va, se projeter vers l’avenir et définir ce à quoi ressemblera l’organisation de demain. C’est un enjeu business avant tout. Il s’agit d’établir un modèle business digital pour l’avenir tenant compte de ces possibilités. C’est à partir de cette « grande image » que l’on pourra définir une stratégie claire de déploiement de la technologie et la gouvernance qui l’accompagne. De cette manière, on peut mieux envisager un déploiement contrôlé de l’intelligence artificielle, celle-ci étant supervisée par l’humain, qui l’aide à apprendre et qui grandit avec. »

Sven Muehlenbrock Partner - Head of Lighthouse, Center of Excellence for Intelligent Automation and Data & Analytics I KPMG

49


EXPERTISES I DIGITAL RH

ITNATION | AUTOMNE 2O19

L'IA OU L'IOT

NOUS OBLIGE À ADAPTER NOS MÉTHODES DE RECRUTEMENT Sur le marché des compétences digitales, la pénurie touche la quasi-totalité des métiers. Le phénomène est aujourd'hui amplifié par la numérisation accélérée de l'économie et la montée en puissance des technologies de l'IA, du Big Data, de l'IoT et de l'automatisation. Patricia Bettembourg, Directrice des Ressources Humaines de Proximus Luxembourg, évoque ces enjeux.

Patricia Bettembourg DRH I Proximus Luxembourg

50


EXPERTISES I DIGITAL RH

ITNATION | AUTOMNE 2O19

Quels sont les profils les plus recherchés aujourd'hui et de quelles qualités particulières doivent-ils faire preuve ?

De quels leviers d’action disposez-vous pour retenir ces talents au sein de votre organisation ?

Est-ce que la flexibilité quant au lieu de travail est un paramètre qui est pris en compte chez Proximus Luxembourg ?

S'il y a 10 ans encore, nous évoquions

Nous voulons offrir à nos employés un

Cette préoccupation commence à être

les technologies de l'information et de la

environnement qui soit propice à leur bien-

prise en compte même si notre marge de

communication pour désigner notre activité,

être. C'est pour cette raison que nous avons

manœuvre en la matière est encore limitée

le digital leur a aujourd'hui clairement volé la

créé un espace de convivialité au sein de notre

par certaines contraintes légales, fiscales et

vedette. Aujourd'hui, nous recherchons des

nouveau bâtiment, afin que nos collaborateurs

de sécurité sociale. Proximus Luxembourg

profils qui ne sont plus seulement techniques,

se sentent immergés dans un esprit de

est un professionnel du secteur financier

mais également largement orientés clients.

collaboration. A chaque fois que l'occasion se

qui est tenu de respecter de bout-en-bout

Nous cherchons à nous entourer de profils

présente, nous plaçons nos employés sur le

les règles fixées par la CSSF, notamment en

compétents d'un point de vue technologique,

devant de la scène en valorisant les contrats

matière de télétravail. Cela dit, les dirigeants

mais aussi dotés de bonnes capacités

remportés et les projets réussis à travers

de la société et les délégués du personnel

relationnelles. La personnalité et le style

une communication adaptée. Renforcer le

ont entamé une réflexion quant aux

de leadership que nous attendons de nos

sentiment d'appartenance à l'entreprise de

possibilités d'introduire progressivement

collaborateurs sont également d'un genre

nos collaborateurs est un élément important

plus de flexibilité dans les horaires de travail

nouveau. La difficulté majeure est de trouver

à nos yeux et cela le devient de plus en plus.

tout en respectant le cadre légal.

des profils polyvalents qui possèdent des

Dans cette optique, nous organisons des

compétences techniques poussées, mais qui

afterworks, des forums d'échange, des séances

soient aussi flexibles, agiles et collaboratifs.

sportives ou encore des événements extra-

Quels sont vos canaux de recrutement de prédilection ?

professionnels. Maintenant que nous sommes

A l'ère du digital, nous avons bien sûr

bien installés dans notre nouveau bâtiment,

largement recours aux forums professionnels

ces initiatives vont aller en s'accélérant au

et aux réseaux sociaux, LinkedIn en particulier.

cours des mois à venir.

Mais nous participons également activement

Comment le département RH de Proximus Luxembourg aborde-t-il le recrutement de nouveaux collaborateurs ? L'avenir de notre entreprise dépend fortement

aux salons de recrutement afin d'assurer une

des talents dont elle dispose. Trouver les

Nous mettons par ailleurs à la disposition

présence soutenue sur le terrain. Et lorsqu'il

perles rares n'est donc pas chose facile,

de nos collaborateurs un environnement

s'agit de trouver certains profils particuliers,

d'autant plus que les aspirations des jeunes

dans lequel ils peuvent accroître leurs

nous travaillons avec des cabinets spécialisés.

professionnels ont considérablement évolué.

compétences. C'est essentiel pour la rétention

L'émergence de technologies comme le Big

Au-delà du package salarial, ils recherchent de

des talents. Dans un secteur d'activité comme

Data, l'Intelligence Artificielle ou l'Internet

la reconnaissance de la part d'une entreprise

le nôtre, l'évolution rapide des technologies

des Objets nous place face à des défis inédits.

capable de susciter en eux un sentiment

exige en outre une mise à jour constante des

Elle nous oblige à adapter nos méthodes de

d'appartenance. Ils désirent également pouvoir

compétences.

recrutement et de recherche de talents pour

établir une relation de confiance réciproque

aller à la rencontre de nouveaux profils, qui

avec leurs managers. Les talents attendent

Nous abordons aussi la gestion des carrières de

ne sont pas nécessairement issus des filières

d'une entreprise qu'elle puisse leur offrir en

manière personnalisée. Cela passe notamment

habituelles.

permanence des possibilités de développement

par la mobilité interne: dès qu'un poste est à

professionnel, des opportunités de mobilité

pourvoir, nous offrons à nos collaborateurs

D'autre part, nous encourageons de plus

interne et des occasions de relever de nouveaux

la possibilité de postuler, avant même de

en plus nos collaborateurs à jouer un rôle

challenges. Les jeunes professionnels de la

rechercher un candidat à l'extérieur de la

d'agents de recrutement et d'ambassadeurs

génération Z sont très sensibles à la valeur que

société. Certains responsables de département

de la qualité de l'emploi chez Proximus

l'on accorde à leur travail. Ils veulent se sentir

sont parfois réticents à perdre ainsi un bon

Luxembourg. La cooptation est une formule

utile, comprendre ce qu'on leur demande

élément, mais la plupart ont compris qu'il

qui fonctionne bien et qui nous apporte

et trouver du sens à ce qu'ils font. Je suis

valait mieux laisser partir un collaborateur

une garantie supplémentaire quant aux

convaincue que la reconnaissance est vraiment

talentueux vers un autre département que de

compétences du candidat qui nous est

la clé pour retenir ces talents.

le voir nous quitter pour une autre entreprise.

recommandé.

51


EXPERTISES I JOB

ITNATION | AUTOMNE 2O19

ILS NOUS DISENT POURQUOI ILS ONT CHOISI LEUR JOB !

RAPHAEL MATTE

OPERATIONS MANAGER I NSI NSI Luxembourg accorde une grande importance à la cohésion d’équipe. « L’une des premières mesures mises en place a été l’instauration d’une réunion mensuelle avec l’ensemble des collaborateurs, explique Raphaël Matte, Operations Manager chez NSI Luxembourg. « Ces réunions régulières ont pour objectifs de nourrir le sentiment d’appartenance au groupe et de faciliter la communication entre les collaborateurs. Nous y faisons un point sur l’état des activités de l’entreprise et nous laissons à chacun l’opportunité d’intervenir.» En fin de réunion, un moment convivial extra professionnel est également prévu. « Même si le bénéfice apporté par ces réunions n’est pas mesurable, nous constatons que nous sommes parvenus à maintenir les valeurs humaines qui sont à la base de notre projet », conclut Raphaël Matte.

Rejoignez l’équipe NSI : www.nsi.lu

52


EXPERTISES I JOB

ITNATION | AUTOMNE 2O19

CHARLOTTE TOUSSAINT

CONSULTANTE WEB I INSPIIRO

FATEN BEN SALEM

SENIOR TEST MANAGER I ONEPOINT LUXEMBOURG

« Diplômée en communication et en infogra-

Ingénieure de formation dans le domaine des

phie, j’ai eu l’opportunité d’effectuer mon stage

technologies de l’information, j’ai débuté ma carrière

de fin d’études chez Inspiiro.me Luxembourg.

au sein de sociétés internationales implantées en

J’ai pu faire valoir mes compétences dans ces

Tunisie, pays dont je suis originaire. J’ai d’abord assuré

deux domaines, ce qui était pour moi primordial.

une fonction de gestionnaire de configuration,

En mettant l’employé au cœur de ses priorités,

avant de m’orienter vers le testing et maintenant

Inspiiro.me met en avant des valeurs humaines

l’accompagnement au changement. Désireuse de

qui sont, à mes yeux, les grands atouts de cette

sortir de ma zone de confort, j’ai rejoint onepoint

entreprise. Après mes études, j’ai eu la chance de

Luxembourg en avril 2017, en tant que Test Manager.

me voir proposer un poste de consultante web

La description du poste, les perspectives d’évolution

que j’ai évidemment accepté ! Chaque jour est

et la philosophie de l’entreprise m’ont convaincue.

un nouveau défi où les projets divers et variés

Je veux être maître de mon parcours professionnel

m’apportent de nouvelles occasions d’apprendre

et onepoint m’en donne la possibilité. Dans notre

et de consolider mes compétences. Inspiiro.me

secteur, il est essentiel d’avoir tous les outils en main

jouit d’une équipe talentueuse et accueillante où

pour survivre aux mutations constantes. On ne sait pas

l’écoute et l’entreaide sont omniprésentes, ce

ce que seront nos métiers demain. onepoint m’offre

qui me permet de travailler sereinement sur des

l’accompagnement nécessaire pour développer ces

projets de qualité. Travailler dans les domaines

compétences et construire un parcours à mon image.

de la communication, du web design et de l’ex-

Groupe sans frontière, entreprise libérée, onepoint

périence utilisateur au sein de cette structure

permet à chacun de se développer et de dessiner son

moderne et en pleine croissance est une réelle

évolution professionnelle. Il y a deux ans et demi, j’ai

motivation au quotidien ! »

tout quitté pour venir au Luxembourg. Aujourd’hui, je suis heureuse et fière de ce choix.

Rejoignez l’équipe Inspiiro : inspiiro.me/work-for-us

Rejoignez l’équipe de Onepoint : www.groupeonepoint.com

53


DIGITALNATION

Bruno Chauvat Co-founder, Chief Executive Officer I Travelsify

54

Tra

ITNATION | AUTOMNE 2O19

Alexandra Fernรกndez Ramos Co-founder, Chief Product & Sales Officer I Travelsify


velsify ITNATION | AUTOMNE 2O19

DIGITALNATION

Révéler l’ADN des hôtels pour une expérience utilisateur garantie

C’est depuis Atlanta, sans doute depuis une chambre d’hôtel qui correspondait en tout point à ses attentes, qu’Alexandra Fernández Ramos, la cofondatrice de Travelsify, a répondu à nos questions. Sa start-up identifie l’ADN des hôtels au départ de l’analyse des commentaires des clients. Grâce à ces données, elle peut vous suggérer l’hôtel qui proposera l’expérience que vous voulez vivre. Un concept prometteur, qui a permis à l’équipe de Travelsify d’aller loin… La préparation d’un voyage, au moment où l’on cherche l’hôtel idéal, peut s’avérer fastidieuse. Sur les plateformes de réservation en ligne, on perd en effet souvent beaucoup de temps à comparer les hôtels à la recherche du lieu idéal. Force est de constater qu’il est souvent Alexander Weber Co-founder, Chief Technology Officer I Travelsify

très difficile de se faire une idée, sur base des quelques photos disponibles, de l’ambiance

55


DIGITALNATION

ITNATION | AUTOMNE 2O19

véritable que propose un hôtel. Les filtres

d’offrir une relation plus personnalisée à

le chinois et le japonais – « on peut vraiment

permettant de faire le tri dans la masse d’éta-

chacun de leurs clients. »

parler de Big Data ». Elle peut classifier des hôtels

blissements sont relativement limités. Ils s’at-

suivant 40 attributs différents et des restaurants

autour de critères rationnels, comme la locali-

… AU DÉPART DES EXPÉRIENCES VÉCUES PAR LES VOYAGEURS

sation, le budget, la formule d’hébergement ou

Pour définir l’ADN de ces hôtels, Travelsify

UN COUP TROP TÔT

la catégorie des chambres. Mais aujourd’hui,

quantifie l’expérience d’un hôtel telle que

C’est en avril 2016 que la start-up a été

cela ne suffit plus.

vécue par les voyageurs au moyen d’attributs

fondée. Galvanisés par les nombreux retours

qui vont ensuite permettre à d’autres voya-

positifs autour d’eux, les trois co-fondateurs

geurs de rechercher l’hôtel qui correspond

établissent un pilote, intègrent le programme

tachent le plus souvent à orienter la recherche

FORMULER LA BONNE RECOMMANDATION

selon 90 critères.

à leur préférences. « L’enjeu, au départ, a

Seed4Start au Luxembourg et trouvent leurs

« Il y a de cela 4 ans, mes co-fondateurs et

été de définir ces expériences pour ensuite

premiers investisseurs dans la foulée. Les trois

moi étions amenés à voyager régulièrement

aller rechercher au cœur des commentaires

comparses n’en sont cependant pas à leur

pour des raisons professionnelles. Nous avons

comment les révéler, détaille Alexandra.

coup d’essai. « C’est en 2006 que j’ai rejoint le

alors constaté que, même s’ils disposaient de

Que l’on voyage en famille, avec sa mère, en

Luxembourg et Bruno pour contribuer au déve-

nombreuses données sur leurs clients, leurs

couple, entre copines pour un enterrement de

loppement de Playtime / MusicMakesfriends,

habitudes, leurs envies, les sites de réservation

vie de jeunes filles ou pour des raisons profes-

qui était le précurseur de Spotify et Deezer.

peinaient à formuler les bonnes recommanda-

sionnelles, on va chercher des expériences,

C’est également là que j’ai rencontré Alexan-

tions. À chaque fois que l’on reçoit un e-mail

des ambiances différentes. En fonction de sa

der. Si nous avions déjà établi des contrats

ou une offre de leur part, on est en droit de

personnalité, aussi, on préfèrera un type d’hô-

avec les majors de l’industrie du disque, nous

se demander pourquoi ils nous proposent des

tel plutôt qu’un autre. Certains vont vouloir

avons subi de plein fouet la crise de 2008 et

hôtels qui ne nous intéressent pas », explique

une chambre spacieuse, dans une ambiance

le gel des investissements. Disons que, sur

Alexandra Fernández Ramos, cofondatrice de

plutôt cosy tandis que pour d’autres, c’est

ce coup, nous sommes arrivés un peu trop

Travelsify. Avec ses comparses, Bruno Chauvat

l’aspect social, entrer en relation avec d’autres

tôt dans un marché du streaming naissant »,

et Alexander Weber, les deux cofondateurs de

personnes qui prime alors que la chambre

explique l’entrepreneuse.

cette start-up luxembourgeoise active dans le

aura moins d’importance. »

domaine de la TravelTech, elle a creusé cette

TRAVELSIFY DISCUTE AVEC LES PLUS GRANDS

vés à la conclusion que le problème ne venait

CLASSIFIER LES HÔTELS SUIVANT 4O ATTRIBUTS ADN

L’aventure semble beaucoup plus promet-

pas d’un manque de connaissance du client,

Linguiste de formation, avec une carrière profes-

teuse pour Travelsify. Trois ans après son

mais de lacunes dans les données disponibles

sionnelle dans l’univers des télécommunications

lancement, la start-up discute avec plusieurs

sur les hôtels eux-mêmes », poursuit l’entre-

et des médias, la cofondatrice s’épanouit désor-

acteurs figurant dans le top dix des plus

preneuse.

mais dans le développement de cette start-up

grands acteurs de l’industrie hôtelière au

technologique

recourant

monde, Marriott, AccorHotels ou encore

question. « Nous en sommes rapidement arri-

ÉTABLIR L’ADN DES HÔTELS…

remarquable.

En

notamment à des solutions d’intelligence artifi-

Intercontinental. « Et tout cela au départ du

C’est sur cette base que les trois associés ont

cielle de traitement du langage naturel, Travelsify

Luxembourg, précise Alexandra. Nous avons

développé le concept de leur start-up qui,

part à la recherche des éléments qui permettent

opté pour un positionnement B2B2C. Nous

aujourd’hui, séduit les principaux groupes

d’identifier une ambiance nightlife, zen, design,

sommes avant tout une entreprise technolo-

hôteliers du monde. « Nous utilisons la tech-

lumineuse, romantique, comme à la maison,

gique. Notre objectif est de mieux servir l’uti-

nologie pour établir l’ADN des différents

authentique… dans nos commentaires « On fait

lisateur grâce aux possibilités offertes par le

hôtels au départ des commentaires laissés par

de la sémantique et du regroupement séman-

numérique à travers les sites de ces grands

les clients, explique Alexandra. À partir de ces

tique à partir de données non structurées pour

acteurs. Ces derniers doivent notamment

éléments, l’idée est ensuite de pouvoir propo-

parvenir à créer ces divers ADN d’hôtel, pour

rattraper un certain retard par rapport aux

ser l’établissement qui correspond le mieux

distinguer différents types de produits et d’ex-

grandes plateformes de réservation en ligne

à l’expérience souhaitée par les voyageurs à

périences », précise-t-elle. Aujourd’hui, la start-

en matière de services proposés aux utilisa-

la recherche d’un hôtel. Ce développement

up peut se targuer d’avoir analysé 400 millions

teurs. » La solution de Travelsify fait mouche.

permet aux géants de l’industrie du tourisme

de commentaires en plusieurs langues dont

La start-up a déjà pu la mettre en œuvre,

56


ITNATION | AUTOMNE 2O19

DIGITALNATION

dans des phases de test, sur plusieurs sites de

IL FAUT QUE ÇA MATCHE

sait de meilleurs résultats. Ce comparatif nous

réservation de ces grands groupes. Au regard

Un des enjeux, dès le début, a été de valider la

a donné confiance et permis de réaliser notre

de l’importance de ces sites, en termes de

technologie et les modèles d’apprentissage,

première levée de fonds en 2016. » En septembre

trafic et de chiffres d’affaires générés, ce n’est

notamment pour garantir la pertinence des

2018, elle levait 5 millions d’euros auprès d’in-

déjà pas rien. « L’enjeu, actuellement, est de

résultats. « À nos débuts, alors qu’un million

vestisseurs dont AccorHotels. Fort de ces succès,

démontrer l’efficience de la technologie, son

de commentaires sur Lisbonne, Barcelone,

Travelsify approfondit petit à petit sa maîtrise de

impact sur les réservations. Nous mettons à

Paris avaient été analysés, nous avons décou-

la donnée pour proposer une expérience utilisa-

disposition notre technologie et nos données

vert qu’un acteur outre-Atlantique proposait un

teur toujours plus avancée. Elle a par exemple

pour améliorer l’expérience. Et nous avons

concept similaire au nôtre s’appuyant sur IBM

étendu sa solution aux restaurants mais aussi à la

pu constater, là où la solution était mise en

Watson. De quoi susciter quelques craintes. Nous

reconnaissance d’image, permettant que l’image

œuvre, des augmentations significatives du

avons alors décidé de tester leur pilote pour

de l’hôtel présentée sur le site colle au mieux à

nombre de réservations. »

constater, avec bonheur, que le nôtre fournis-

l’expérience attendue par l’utilisateur. « L’enjeu, comme cherche à le faire une application comme Tinder, est que ça matche entre l’hôtel et l’utilisateur. À cette fin, la photo mise en avant a toute son importance. »

AU DÉPART DU LUXEMBOURG, OSONS ! Travelsify a déjà parcouru beaucoup de chemin. « Et tout cela au départ de Luxembourg », précise Alexandra. Peu de start-ups dans le domaine de TravelTech peuvent prétendre arriver à entretenir des relations avec des clients d’une telle envergure. Derrière cette réussite, il y a aujourd’hui une équipe d’une vingtaine de personnes, perfectionnant les algorithmes, supervisant les techniques d’intelligence artificielle. Pour l’entrepreneuse, une des rares femmes à la tête d’une start-up digitale au Luxembourg, « même si elles sont de plus en plus nombreuses », cette réussite démontre qu’en osant, on peut aller loin. « Je n’ai pas peur d’apprendre. Dans cette aventure, par exemple, je n’ai pas hésité à me former au coding. Pas en ayant la prétention de devenir développeuse, mais pour comprendre comment cela fonctionne, dépasser certaines craintes, avancer aux côtés d’autres ingénieurs. En cherchant à comprendre, ce qui paraît de prime abord inaccessible devient progressivement plus abordable. Quand je regarde le chemin parcouru aujourd’hui, cela peut paraître impressionnant. Mais tout se construit étape après étape. La clé, c’est d’oser… » Alexandra et Travelsify Alexandra Fernández Ramos Co-founder, Chief Product & Sales Officer I Travelsify

démontrent par leur parcours que cela peut effectivement vous emmener loin.

57


MOVINGHEADS

ITNATION | AUTOMNE 2O19

NABIL MEZIANI

CIO Raiffeisen

Retour au Luxembourg pour Nabil

MOVING

HEADS

Meziani. L’ancien Chief Information and Technology Office de Rakuten Bank Europe avait, il y a quelques mois, quitté le Grand-Duché pour rejoindre la Baie de San Francisco. Désormais, c’est la banque Raiffeisen qui l’accueille. Cette banque coopérative est l’un des principaux acteurs luxembourgeois délivrant des services de retail banking. Nabil Meziani y occupera la fonction de Chief Information Officer (CIO), qui était jusqu’alors dévolue à Jean-Luc Martino. Elu CIO of The Year lors du Gala Golden-i 2014, puis CIO of The Year Europe 2015 par le réseau CIONET, Jean-Luc Martino restera dans l’équipe informatique de la banque pour accompagner Nabil Meziani dans ses nouvelles fonctions. Après un début de carrière dans le monde des télécommunications, Nabil Meziani avait rejoint le Luxembourg et le secteur bancaire, en 2014, avec pour mission de mettre en place les systèmes d’information de la toute nouvelle banque du groupe Rakuten en Europe. Un sacré challenge. Il ne fait aucun doute qu’il va désormais pouvoir mettre son expérience au service de la transformation digitale d’un des acteurs de la banque parmi les plus ancrés au Luxembourg. Nabil Meziani est diplômé de l'EPITA ainsi que de l'INSEAD.

EMILIA TANTAR

FILIP VOLDERS

Chief Data and Artificial Intelligence Officer - INCERT

CTO Bâloise Luxembourg Le 15 juillet dernier, Filip Volders a été

Après avoir évolué pendant plus de

nommé CTO de Bâloise Luxembourg.

15 années, comme entrepreneuse,

Il aura pour mission, notamment, de

chercheuse, consultante ou récem-

contribuer à l’amélioration continue des

ment auprès du secteur bancaire,

systèmes d’information de la compagnie

Emilia se tourne maintenant vers

d’assurance. Par un meilleur usage de

un des principaux enjeux de la nouvelle économie : combiner cyber-

la technologie, et des possibilités qu’elle offre en matière d’automatisation et

sécurité, identité digitale et Intelligence Artificielle. Emilia a d’abord

de numérisation des processus métiers, son expertise doit aussi permettre à la

été doctorante de l’université de Lille 1, a publié de nombreux papiers

société de se transformer, pour mieux servir ses clients. Filip Volders a 25 ans

scientifiques et a co-fondé une start-up. Elle a également participé au

d’expérience dans l’univers informatique et financier. Il a travaillé pendant les

développement de partenariats internationaux entre des centres de

six dernières années au sein du Groupe IQ-EQ (ex-SGG) en tant que Group IT,

recherche, des universités et des entreprises dans les domaines du big

Change, Security & Facilities Leader et membre du Comité Exécutif. Avant cela

data et de la cybersécurité. Pour Emilia, rejoindre INCERT est l’oppor-

et pendant huit ans, il a travaillé pour Schroder Investment Management en

tunité d’apporter son expérience et sa motivation au service d’enjeux

tant que Head of Change & IT pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique.

concrets sur lesquels travaille l’Agence. L’objectif est de construire

Il a débuté sa carrière chez Caceis en 1994 où il a passé 11 ans, d’abord en tant

une approche globale de l’Intelligence Artificielle, étape par étape, et

que Business Program Manager, puis en tant que Custodian Cash Domain

en partenariat avec les acteurs voulant développer le savoir-faire, le

Responsible. Agé de 50 ans, Filip Volders est titulaire d’un diplôme d’ingénieur

partage de connaissances et des usages tangibles pour le Luxembourg.

civil en informatique (Université de Louvain) et d’un diplôme d’ingénierie indus-

fonctions dès février 2019.

trielle (Université d’Anvers).

58



s rvice e S ion t a c uni m m co e l e T

Tra inin gC en ter

T IC

rity u ec s r be y C re u t uc r t s ra f In

SHARE MORE THAN TECHNOLOGY Since 1979, we accompany all organizations in their digital transformation, by providing holistic ICT & Telecommunication solutions, as well as tailored support services. More than just technology, we share our passion and know-how to simplify, connect and secure your business.

www.telindus.lu

ital g i D

s lution o S ce n a n Fi

ies g o nol h c g Te n i g r Eme ons i t a plic p A ess n i s ud u o M l B C i an Mult ag ed Serv ices


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.