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Kathleen E. Woodiwiss Née en Louisiane, le 3 juin 1939, elle a grandi à Alexandria dans une famille de huit enfants. Son père meurt subitement alors qu’elle n’a que douze ans. Elle épouse un officier de l’armée de l’air et, après la naissance de leur premier fils, tous trois partent au Japon où ils resteront trois ans. De retour aux États-Unis, ils s’installent dans le Kansas. C’est là qu’elle écrit Quand l’ouragan s’apaise. Son roman est refusé par plusieurs éditeurs avant d’être publié par Avon en 1972. C’est un énorme succès. En 1988, elle reçoit un prix décerné par l’association Romance Writers of America récompensant l’ensemble de son œuvre. Auteur de treize best-sellers, elle a vendu trente-six millions de livres. Elle est décédée le 6 juillet 2007 à Princeton (Minnesota). Auprès de toi, pour toujours est son dernier roman.
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Du même auteur aux Éditions J’ai lu QUAND L’OURAGAN S’APAISE N° 772 LE LOUP ET LA COLOMBE N° 820 SHANNA N° 1983 CENDRES DANS LE VENT N° 2421 UNE ROSE EN HIVER N° 1816 L’INCONNUE DU MISSISSIPPI N° 2509 QUI ES-TU, BELLE CAPTIVE ? N° 2998 A LA COUR DU TSAR N° 4047 LA RIVIÈRE DE LA PASSION N° 6701 UN MARIAGE DE CONVENANCE N°7857
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WOODIWISS Auprès de toi, pour toujours ROMAN
Traduit de l’américain par Viviane Ascain
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Titre original EVERLASTING Éditeur original William Morrow, an imprint of HarperCollins Publishers, New York © Kathleen E. Woodiwiss, 2007 Pour la traduction française © Éditions J’ai lu, 2009
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Ce livre est dédié, en signe de reconnaissance éternelle, à toutes les lectrices de Kathleen, quÕelle a imait tant.
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24 août 1135 Tout ce quÕelle savait de ce grand Écossais aux cheveux de jais, c’était qu’il s’appelait Raven Seabern, qu’il était surnommé « le corbeau », et qu’il était au service du roi. Et voilà qu’il la dévisageait de nouveau… Mais elle, elle était lady Abrielle de Harrington, fille d’un défunt seigneur saxon, belle-fille d’un chevalier normand. Tous deux s’étaient illustrés en Terre sainte pendant la croisade, et si le roi d’Angleterre donnait cette fête à Westminster Castle, c’était justement en leur honneur. Elle réserverait donc à cet étranger insolent le seul traitement qu’il méritait : le mépris. Car ici, à la cour d’Henri Ier, elle faisait l’objet de l’admiration d’hommes autrement importants. Elle se tourna donc vers sa mère pour admirer avec elle la splendide grande salle du château. Deux imposantes cheminées sculptées, dont les flammes crépitaient haut, se dressaient à chaque extrémité. De riches tapisseries décrivant des scènes de bataille ou de chasse, où rivalisaient l’écarlate et l’or des armoiries royales, le bleu délicat d’une robe, le vert profond d’une forêt, égayaient l’austérité des lieux. Jamais Abrielle n’avait pénétré dans un château où la richesse et le pouvoir s’affichaient de si somp9
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tueuse manière. Et c’était le roi en personne qui l’avait invitée. Elle entendait profiter pleinement de cette fête, car de telles occasions étaient devenues rares depuis la mort de son père et les récentes difficultés de son beau-père. Cependant, l’insistance du jeune Écossais et la profondeur de ses yeux outremer la mettaient mal à l’aise. Il semblait détenir un mystérieux pouvoir qui attirait irrésistiblement le regard de la jeune fille dans sa direction. Jusqu’à présent, elle s’était suffisamment dominée pour se limiter à l’observer discrètement entre ses longs cils bruns ou lui jeter de brefs regards de côté. Non qu’elle en eût besoin pour savoir qu’il ne cessait de la dévisager – une évaluation minutieuse qui l’agaçait terriblement et lui donnait envie d’aller lui dire son fait. Après tout, il n’était qu’un parmi les nombreux jeunes gens qui avaient montré de l’intérêt pour elle ces derniers jours. Depuis qu’elle était arrivée à la Cour avec sa mère, Elspeth, et son beau-père, Vachel de Gérard, les hommages des seigneurs en quête d’épouse n’avaient pas manqué. Vachel n’était pour le moment qu’un simple chevalier, mais tout le monde savait que cette nuit, le roi Henri allait enfin reconnaître ses mérites et honorer comme il convenait un homme qui avait montré tant d’héroïsme durant la dernière croisade en lui conférant un titre auquel seraient attachés des terres et de substantiels revenus. La dot de sa belle-fille s’en trouverait considérablement augmentée, d’où l’afflux de prétendants se bousculant à la porte de leurs appartements pour être présentés à celle-ci. Tous ceux qui s’adressaient à ses parents avaient des intentions honorables. Ce n’était apparemment pas le cas de l’Écossais qui, malgré la fascination 10
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qu’il semblait éprouver pour Abrielle, gardait ses distances. Il venait d’ailleurs de gagner l’autre bout de la grande salle, où se tenait le roi Henri. Grand et vigoureux, vêtu du kilt et du tartan aux couleurs de son clan, il devait avoir une trentaine d’années. Mais ce n’était pas uniquement sa haute taille et sa carrure impressionnante qui le distinguaient des autres nobles rassemblés autour du souverain. Il émanait de toute sa personne une assurance et une autorité qu’il portait avec autant de naturel que son costume traditionnel. C’était du moins l’impression qu’avait la jeune fille, pour autant qu’elle pût en juger, ne l’ayant jamais vu de près ni n’ayant entendu le son de sa voix. Les autres jeunes gens venaient bavarder avec elle sous un prétexte ou sous un autre, mais l’étranger n’avait même pas cherché à lui être présenté. Que cette réserve ait un peu déçu Abrielle la troublait. Mais qu’attendre d’un inconnu, d’un émissaire envoyé par le roi David d’Écosse, d’un de ces barbares assoiffés de sang qui, au cours des siècles, avaient si souvent ravagé le nord de l’Angleterre où elle était née et où elle avait grandi ? Cet homme était vraiment le dernier dont elle devait se soucier, surtout un soir pareil. Cette nuit allait en effet sceller son destin, pour le meilleur ou pour le pire. Si le roi se montrait généreux envers son beau-père, elle jouirait du plus précieux des trésors dont une jeune fille pût rêver : celui de choisir librement son époux parmi les plus beaux partis du pays. Elle se retourna vers ses parents et admira leur calme. Ils attendaient tant de cette soirée, tous les trois ! En proie à des sentiments contradictoires, Abrielle, quant à elle, avait du mal à contenir son 11
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impatience. Au cours de ce banquet, on devait honorer tout particulièrement la mémoire de son père et son héroïsme pendant la croisade. Henri Ier avait en effet souhaité rendre hommage à Berwin de Harrington et à tous ses compagnons tombés en Terre sainte. Depuis des mois, les seigneurs saxons réclamaient une telle cérémonie. C’était leur façon de venger la mort de lord Berwin, tué par un chevalier normand au cours d’un combat singulier qui avait plongé sa famille et ses amis dans la peine. Et Vachel, qui avait passé près de dix années à défendre Jérusalem avant de revenir en Angleterre et de devenir son beau-père, allait enfin voir sa loyauté envers son souverain récompensée. Abrielle regrettait cependant de ne pas voir associé à cet hommage le souvenir de son défunt fiancé, Weldon de Marlé, l’un des plus valeureux croisés normands. À son retour, il avait entrepris de bâtir un magnifique château fort et était venu demander sa main à son beau-père. Mais le sort en avait décidé autrement et, peu de temps avant leurs noces, il avait fait une chute mortelle. Sa promise était restée aussi solitaire et désespérée qu’une véritable veuve, mais sans les doux souvenirs d’amour qui auraient pu la consoler. Si son cher Weldon n’était pas là pour assister au triomphe de Vachel, hélas, son unique frère, Desmond, l’était, lui. Sa présence était désagréable à la jeune fille, qui trouvait répugnants son sourire mielleux et son regard lubrique. Dès que Weldon le lui avait présenté, plusieurs mois avant leur mariage, il s’était attaché à ses pas comme un petit chien. Mais depuis la mort de son aîné, sa propension aux visites intempestives avait crû de façon si alarmante qu’Abrielle envisageait 12
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de s’en ouvrir à ses parents. Jamais elle n’aurait imaginé, quand elle avait appris la funeste nouvelle, qu’elle allait se retrouver en butte à ses assiduités. S’il était sans le sou avant la mort de son demi-frère, il paraissait à présent bien décidé à utiliser la fortune dont il avait hérité pour se rapprocher d’elle. Pour l’instant, il fixait la jeune fille de ses yeux globuleux dans un visage luisant de sueur, et cette attention lui portait sur les nerfs. Heureusement, elle savait pouvoir compter sur le soutien de sa meilleure amie, Cordelia de Grayson, qui assistait aux festivités avec sa famille. Cordelia, une riche héritière, recevait son content d’hommages masculins, et Abrielle espérait bien que, plus tard dans la soirée, elles auraient l’occasion d’échanger quelques confidences ainsi que leurs impressions sur leurs soupirants respectifs. Cordelia regardait avec satisfaction les nobles de la Cour se montrer empressés envers son amie. Et comment résister à ces yeux d’émeraude translucide, à ce teint de rose et à ce flot de boucles cuivrées qui cascadait sur ses épaules ? Seule la gentillesse naturelle et le tempérament généreux d’Abrielle surpassaient sa beauté. Lord Weldon avait déjà plus de quarante ans lorsqu’il avait demandé la main de la jeune fille. Il avait néanmoins été subjugué par son charme et son éclat. Cordelia connaissait suffisamment son amie pour savoir que celle-ci avait été sincèrement ravie de leurs fiançailles, et qu’elle avait beaucoup souffert de la mort de son promis. Elle était heureuse de voir qu’elle avait maintenant surmonté son chagrin et commençait à s’intéresser à d’autres hommes. 13
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Lorsque la sonnerie d’une trompe annonça le début du banquet, les deux damoiselles, accompagnées de leurs parents, gagnèrent leur table juste au pied de l’estrade royale. Abrielle se savait particulièrement en beauté pour cette cérémonie en l’honneur de son père et elle en était heureuse, car elle se trouvait exposée à tous les regards. La robe qu’elle portait avait été cousue pour les noces d’Elspeth et de Vachel, trois ans plus tôt, mais les riches broderies bleu foncé enrichies de fils d’or et de perles, qui avaient demandé des semaines de travail acharné à une armée de servantes, n’avaient rien perdu de leur éclat. L’or et les domestiques ne manquaient pas à cette époque, mais depuis que leur famille connaissait de cruelles difficultés, la mère et la fille avaient rarement l’occasion de porter de si splendides atours. Du vivant de Berwin elles avaient vécu sur un grand pied, et elles jouissaient encore d’une belle aisance quand elles étaient allées vivre chez Vachel. Mais le père de celui-ci, Willaume de Gérard, lui avait emprunté de grosses sommes et était mort avant de les lui restituer. Il avait également omis de mentionner cette dette sur son testament et avait laissé tous ses biens à son aîné Alain, pourtant responsable de ses difficultés financières. Comme tous ses compagnons, Vachel était revenu de croisade considérablement appauvri pour trouver les nobles restés au pays jouissant sans vergogne des honneurs et des largesses accordés par le roi. Il avait besoin d’un titre pour redresser ses affaires et offrir à sa femme la vie confortable qu’elle méritait et à laquelle elle était habituée. Jamais il n’aurait pu rêver meilleure épouse, surtout après les déconvenues d’un premier mariage désastreux, et il crai14
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gnait par-dessus tout de perdre son amour et son respect. Mais ce soir enfin, la reconnaissance du souverain pour toutes ces années de bons et loyaux services allait lui permettre d’asseoir sa situation. Tandis qu’ils s’installaient à table, Abrielle découvrit, stupéfaite, l’étranger assis à la place d’honneur aux côtés du souverain, plaisantant et riant avec ses commensaux comme s’il avait grandi à la Cour. — Tu as raison de regarder du côté de la table royale, il y a un homme pas désagréable à regarder, lui chuchota Cordelia à l’oreille tandis qu’elles se rinçaient les mains dans la coupe d’eau chaude que leur tendait un serviteur. Abrielle détourna vivement les yeux en rougissant. — Le roi est trop vieux pour moi ! s’exclamat-elle. — Ne fais pas l’innocente ! Tu n’es pas la seule à observer le bel Écossais. Il s’appelle Raven Seabern, on le surnomme « le Corbeau », et c’est un ambassadeur du roi David d’Écosse à la cour d’Angleterre. — Il y a un Écossais à la table royale ? demanda Abrielle ingénument, avant d’ajouter : Cordelia, s’il y a un homme qui ne mérite aucune attention de notre part, c’est bien celui-ci. Henri Ier a beau avoir épousé la sœur du roi David pour sceller la paix entre les deux royaumes, le ressentiment envers nos voisins demeure profond, surtout dans le Nord, tu le sais aussi bien que moi. Les combats sur la frontière ont été trop sanglants pour qu’on les oublie du jour au lendemain. — Je n’en suis pas si sûre, répliqua Cordelia, les yeux pétillants de malice. Tu ne crois pas qu’un bel homme peut faire oublier ses origines à une femme ? Ou qu’un accent plaisant et un sourire masculin suffisent à éclairer une soirée? 15