La communauté du sud tome 2, de Charlaine Harris

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PRE?LIMS COMMUNAUTE? 2:Quand le danger rôde

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Disparition à Dallas

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LA COMMUNAUTÉ DU SUD 2

Disparition à Dallas Traduit de l’américain par Frédérique Le Boucher

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PRE?LIMS COMMUNAUTE? 2:Quand le danger rôde

8/07/09

Titre original : LEAVING DEAD IN DALLAS Ace Books, New York Published by The Berkley Publishing Group, a division of Penguin Putnam Inc.

© Charlaine Harris, 2002 Pour la traduction française : © Éditions J’ai lu, 2005

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Je dédie ce livre à tous ceux qui ont aimé Quand le danger rôde. Merci pour vos encouragements.



Je tiens à remercier Patsy Asher, de San Antonio ; Chloe Green, de Dallas, ainsi que tous les cyber-amis que je me suis faits sur DorothyL, pour l’aide qu’ils m’ont apportée et l’enthousiasme et la rapidité avec lesquels ils ont répondu à toutes mes questions. Je fais vraiment un métier formidable !



1 Andy Bellefleur en tenait une bonne. Ce n’était pourtant pas son genre. Et je sais de quoi je parle : je connais tous les piliers de bar de Bon Temps par leur petit nom (après quelques années à travailler comme serveuse Chez Merlotte, plus besoin de faire les présentations). Mais Andy Bellefleur, honorable représentant des forces de l’ordre locales et Bontempois pure souche, ne s’était jamais mis dans un état pareil. Chez Merlotte, en tout cas. Et j’aurais bien voulu savoir ce qui nous valait cette petite entorse à la règle. On n’était pas précisément intimes, Andy et moi, et je ne me voyais pas vraiment lui poser directement la question. Mais j’avais d’autres moyens de satisfaire ma curiosité. Pourquoi m’en priver ? Bon, en général, j’essaie au maximum de ne pas abuser de mon « handicap » ou de mon « don » (appelez ça comme vous voulez. Disons que j’ai une technique un peu spéciale pour découvrir certaines choses qui me concernent, moi ou ceux qui me sont proches). Cependant, parfois, la tentation est trop forte. J’ai donc levé la barrière mentale qui me protège des pensées des gens. Je n’aurais pas dû. Le matin même, Andy avait arrêté un violeur. Le type avait entraîné la fille de ses voisins dans les bois 9


pour abuser d’elle. Une gamine de dix ans. La gosse se trouvait à l’hôpital, et le violeur à l’ombre. Mais le mal était fait. Ça m’a retournée. J’en avais presque les larmes aux yeux – j’avais eu affaire à un type de ce genre dans mon enfance, moi aussi. Andy m’en est devenu plus sympathique, tout à coup. — Andy Bellefleur, file-moi tes clés ! Il s’est tourné vers moi. À voir sa tête, il était clair qu’il ne comprenait pas un traître mot de ce que je lui disais. Au bout d’un moment (le temps que le sens de ma phrase pénètre son cerveau embrumé), Andy s’est mis à fouiller dans les poches de son pantalon et a fini par me tendre un gros trousseau de clés. J’ai poussé un énième whisky-Coca devant lui, en lui disant : « C’est pour moi », avant d’aller au bout du bar téléphoner à sa sœur pour la prévenir. Les Bellefleur vivaient dans une vieille maison qui datait de la guerre de Sécession, dans la plus belle rue du quartier le plus chic de Bon Temps. Sur Magnolia Creek Road, toutes les maisons donnent sur la partie du parc qui est traversée par la rivière, avec, çà et là, quelques ponts plus ou moins décoratifs réservés aux piétons. La maison des Bellefleur n’était pas la seule de Magnolia Creek Road à dater du XIXe siècle, mais les autres n’étaient pas aussi décrépites. Le fait est que Portia, avec son salaire d’avocate, et Andy, qui ne devait pas gagner une fortune en tant que flic, n’avaient pas les moyens de la restaurer. Et cela faisait déjà un bon moment que le magot familial, qui aurait pu servir à entretenir une telle propriété, avait été dilapidé. Mais Caroline, leur grand-mère, refusait obstinément de vendre. Portia a répondu à la deuxième sonnerie. 10


— Portia ? C’est Sookie Stackhouse. J’étais obligée d’élever la voix pour couvrir le boucan du bar. — Vous devez être à votre travail ? — Oui. Andy est assis devant moi et il est rond comme une queue de pelle. J’ai pris ses clés. Vous pouvez venir le chercher ? — Andy a trop bu ? Ça ne lui ressemble pas. J’arrive tout de suite. Je serai là dans dix minutes. Et elle a raccroché. — T’es une chic fille, Sookie, a lâché subitement Andy – comme quoi la vie est pleine de surprises ! Il venait de finir son verre. Je le lui ai enlevé, en espérant qu’il n’allait pas en commander un autre. — Merci, Andy. Tu es plutôt un chic type, toi aussi. — Il est où, ton… ton p’tit copain ? — Ici, a répondu une voix glaciale. J’ai souri à Bill par-dessus la tête dodelinante d’Andy (qui avait visiblement de plus en plus de mal à la porter). Brun aux yeux noirs, Bill Compton mesurait un mètre quatre-vingt-dix. Il avait la carrure et la musculature d’un type qui a des années de travail manuel derrière lui. Il avait d’abord aidé son père à la ferme, puis avait repris l’exploitation familiale, avant de partir pour la guerre. La guerre de Sécession, je veux dire. — Hé ! B.V. ! Bill a levé la main pour saluer Ralph. Le mari de Charlsie Tooten l’appelait toujours « Bill le Vampire » (d’où « B.V. ») sans que B.V. y trouve rien à redire. — Bonsoir, monsieur le Vampire, a lancé en passant mon frère Jason. Jason n’avait pas exactement accueilli Bill à bras ouverts dans la famille. Cependant, il avait 11


complètement changé d’attitude à son égard, ces derniers temps. J’espérais que cela durerait. — Bill, t’es pas si mal pour un suceur de sang, a déclaré Andy en faisant pivoter son tabouret pour regarder le « suceur de sang » en question. J’ai révisé mon estimation à la hausse : Andy était encore plus soûl que je ne l’avais pensé. Il avait toujours eu du mal à avaler que le gouvernement ait accepté d’intégrer les vampires à la société américaine, et ce brusque revirement trahissait une alcoolémie qui aurait fait exploser le ballon, si ses propres services l’avaient interpellé pour l’obliger à souffler dedans. — Merci, lui a répondu sèchement Bill. Tu n’es pas mal non plus pour un Bellefleur. Il s’est penché pour m’embrasser. Ses lèvres étaient aussi froides que sa voix, mais je m’y étais habituée – tout comme je m’étais habituée à ne pas entendre de battements de cœur quand je posais la tête sur son torse. — Bonsoir, mon amour, a-t-il murmuré. J’ai fait glisser un verre de sang de synthèse – du B négatif made in Japan – le long du comptoir. Il l’a vidé d’un trait et s’est passé la langue sur les lèvres. Ses joues ont aussitôt repris des couleurs. Je lui ai demandé ce qu’avait donné sa réunion (il avait passé la majeure partie de la nuit à Shreveport). — Je te raconterai ça plus tard. J’espérais que ses histoires de boulot seraient moins déprimantes que celles d’Andy. — OK. Dis, j’aimerais bien que tu aides Portia à embarquer Andy dans sa voiture. Tiens ! La voilà, justement. J’ai désigné la porte d’un signe de tête. 12


Pour une fois, Portia n’arborait pas l’uniforme tailleur-mocassins bleu marine-chemisier blanc qui constituait sa tenue de travail. Elle l’avait troqué contre un jean et un tee-shirt. Portia était aussi carrée que son frère. Encore une chance qu’elle ait les cheveux longs ! De beaux cheveux épais, avec de jolis reflets auburn. Le soin qu’elle apportait à sa coiffure prouvait qu’elle n’avait pas encore tout à fait renoncé à séduire, d’ailleurs. Elle a fendu la foule, se frayant un chemin à travers la clientèle plutôt agitée du bar d’un pas martial. — Eh bien, pour être éméché, il est éméché ! a-t-elle dit en jaugeant son frère d’un œil réprobateur. Elle ignorait ostensiblement Bill. Elle était toujours mal à l’aise en sa présence. — Ça ne lui arrive pas souvent, a-t-elle poursuivi. Mais quand il décide de se soûler, il ne fait pas les choses à moitié ! — Portia, Bill peut vous aider à porter Andy jusqu’à votre voiture, si vous voulez. C’était juste une proposition. Andy étant plus grand que Portia, elle n’était manifestement pas de taille à le transporter toute seule. — Je pense pouvoir me débrouiller, m’a-t-elle répondu d’un ton ferme, en évitant toujours de regarder Bill, qui levait vers moi un regard interrogateur. Je l’ai laissée passer un bras autour des épaules de son frère pour tenter de le faire descendre de son tabouret. Mais elle eut beau se démener, Andy resta juché sur son perchoir. Elle chercha Sam Merlotte des yeux. Pas très grand et du genre fil de fer, Sam n’en est pas moins étonnamment costaud pour son gabarit. Et je ne dis pas ça parce que c’est mon patron. J’ai quand même préféré préciser à Portia que ce n’était pas la peine d’insister. 13


— Il y a une petite fête au country club, ce soir. Sam tient le bar. Vous feriez mieux de laisser Bill vous donner un coup de main. — D’accord, a finalement dit l’avocate bon teint, les yeux rivés au contreplaqué du comptoir. Merci beaucoup. En moins de trois secondes, Bill avait soulevé Andy et se dirigeait avec lui vers la sortie. À les voir traîner par terre comme ça, on aurait cru que les jambes d’Andy étaient en caoutchouc. Ralph Tooten s’est précipité pour ouvrir la porte, et Bill a pu transporter Andy jusqu’au parking d’une seule traite. — Merci, Sookie. Sa note est réglée? m’a demandé Portia. J’ai hoché la tête. — Parfait. Elle a plaqué ses mains sur le comptoir, comme pour donner le signal du départ, et a rejoint Bill devant la porte de Chez Merlotte (après avoir dû endurer, au passage, tout un tas de conseils bien intentionnés, généreusement prodigués par des mecs à peu près aussi lucides que son frère). Voilà comment la vieille Buick de l’inspecteur Andy Bellefleur s’est retrouvée à stationner sur le parking de Chez Merlotte toute la nuit et une partie du lendemain. Par la suite, Andy devait jurer que le véhicule était vide quand il en était sorti pour entrer dans le bar. Il affirma aussi sous serment qu’il avait été tellement bouleversé par tout ce qui s’était passé au poste, ce matin-là, qu’il avait oublié de fermer la portière. Pourtant, à un moment donné, entre 20 heures, quand Andy avait débarqué Chez Merlotte, et 10 heures le lendemain matin, lorsque j’y suis arrivée pour ouvrir le bar, la voiture d’Andy s’était trouvé un nouveau passager. 14


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