Le club des débutantes -2- La passion en héritage de Julia London

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La passion en hĂŠritage

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Du même auteur aux Éditions J’ai lu LE DRAGON MAUDIT N° 7805

LE BIJOU CONVOITÉ N° 7977

L’HONNEUR DES LOCKHART N° 8052

Le club des débutantes : 1 - LA CHASSE AU DUC N° 8787

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JULIA

LONDON LE CLUB DES DÉBUTANTES - 2

La passion en héritage ROMAN

Traduit de l’américain par Béatrice de Saint-Hippolyte

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Titre original THE PERILS OF PURSUING A PRINCE Éditeur original Pocket Star Books published by Pocket Books, a division of Simon & Schuster, Inc., New York © Dinah Dinwiddie, 2007 Pour la traduction française © Éditions J’ai lu, 2009

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Pour Klo, Nagno et Sanman. Je n’aurais pu inventer meilleurs enfants que vous. Wrth gicio a brathu, mae cariad yn magu. Proverbe gallois (« Pendant qu’on se donne des coups de pied et qu’on se mord, l’amour s’installe et croît. »)

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Llanmair, pays de Galles, 1820 Curieusement, la première chose qui vint à l’esprit de Greta Fairchild lorsque trois hommes – des bandits, très certainement – arrêtèrent sa voiture, fut que la mort de Mme Smithington était non seulement tragique mais extrêmement fâcheuse. Après avoir cahoté tout l’après-midi sur une route défoncée, M. Percy et elle approchaient enfin du château de Llanmair dont les trois étages de pierre grise et les quatre tours dominaient une forêt dense et des collines escarpées. — Restez là, dit M. Percy, l’air grave, tandis que la voiture s’arrêtait en gémissant. Je vais leur parler. Il descendit, referma la portière bruyamment et marcha vers les trois individus qui osaient s’interposer entre Greta et le châtelain qui détenait son héritage. — C’en est trop ! marmonna-t-elle. Après l’année effroyable qu’elle venait d’endurer, la mort de sa tante, puis les heures passées en compagnie de Mme Smithington dans des voitures publiques avec des gens qui ne concevaient pas de voyager sans leurs volailles et leurs chiens, et enfin ce dernier après-midi de soubresauts sur des nidsde-poule dans une forêt si touffue qu’aucune lumière n’y pénétrait, être arrêtée à moins de cinq cents 9

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mètres du portail de sa destination finale était insupportable. Odieux. Exaspérant. Offensant. Greta passa la tête par la portière. Jambes écartées et poings sur les hanches, M. Percy faisait face aux trois hommes. Lâchant un soupir, elle appuya la nuque sur le dossier déchiré de la banquette. En d’autres circonstances, elle aurait eu peur de ces individus, mais l’épuisement et le dégoût de porter depuis trois jours la même robe, car c’était la plus chaude, effaçaient tout autre sentiment. — Tout cela est incroyablement inopportun, ditelle à voix haute. À croire qu’on m’en veut. Greta aurait préféré arriver au pays de Galles en été, lorsque le soleil rend plaisante la contrée la plus sinistre. Pas maintenant, à la fin de l’automne, alors qu’il faisait froid et humide. Et les routes étant sèches, elle aurait atteint Llanmair, le repaire du prince des voleurs – ainsi qu’elle l’appelait en son for intérieur – en moitié moins de temps. Mais voilà, le jour même où Greta découvrait le domaine dévasté de son oncle, la pauvre Mme Smithington s’était allongée pour faire la sieste et ne s’était pas réveillée. Greta avait versé quelques larmes de compassion car, même si Mme Smithington l’avait souvent agacée par ses radotages, mourir ainsi, loin de son unique parent, un neveu qui habitait Londres, lui paraissait un châtiment excessif. Sans ce bon M. Percy, elle aurait renoncé à son objectif et regagné Londres en rapportant les affaires de Mme Smithington. Mais M. Percy l’avait exhortée à reprendre courage et à poursuivre son voyage. Celui-ci avait commencé près d’un an plus tôt, lorsque sa tante Cassandra, qui était aussi sa tutrice légale, était morte subitement. Son second mari, lord Downey, n’ayant aucun désir d’entretenir Greta et ses cousines, Ava et Phoebe, avait affirmé qu’il les donnerait à qui demanderait leur main, sans se soucier 10

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de leurs souhaits ou du statut social et de la fortune des prétendants. Greta n’avait ni famille ni fortune pour attirer un soupirant décent et, de son passé, elle ne possédait qu’une vieille lettre, quelques objets sans valeur qui avaient appartenu à sa mère, et des bribes de souvenirs concernant un oncle éloigné et un père décédé plusieurs années auparavant sans avoir eu d’autres enfants. Déterminée à éviter, pour elle et ses cousines, le destin auquel lord Downey voulait les condamner, elle s’était embarquée dans ce malheureux voyage pour retrouver son oncle et réclamer un héritage hypothétique. Son père avait-il eu de la fortune ? Elle l’ignorait mais, si c’était le cas, il en restait forcément quelque chose et ce quelque chose, son frère avait dû le recueillir. Espoir fragile, mais espoir quand même. Voyager seule étant hors de question, elle avait dû accepter d’accompagner Mme Smithington, une dame d’un certain âge qui désirait voir « les espaces encore sauvages du Royaume-Uni », et ce sans cesser de se plaindre. Après des mois de pérégrinations et de jérémiades, Greta était enfin arrivée à Bredwardine, un village anglais situé à la frontière du pays de Galles, où elle avait trouvé le domaine de son oncle dans un état de délabrement choquant. Le souvenir qu’elle avait gardé d’une vaste demeure, de pelouses verdoyantes et de bassins avec fontaines relevait donc du rêve. Il n’y avait pas de château, mais une grosse bâtisse ; aucune pelouse ne l’entourait, mais une petite cour dans laquelle déambulaient un cochon et trois poules. Les seuls habitants étaient deux vieillards, le gardien et son épouse. Les meubles avaient disparu et il n’y avait nul endroit où se reposer, à l’exception de deux chambres à l’étage qui abritaient des lits défoncés aux matelas douteux. Comme Greta se deman11

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dait ce qu’elle allait faire à présent, Mme Smithington avait commencé à se plaindre d’être très fatiguée. Greta n’en avait pas tiré de conclusion particulière, car Mme Smithington n’avait cessé de gémir depuis leur départ de Londres. Elles avaient à peine quitté les faubourgs de la ville qu’elle s’était plainte du temps, de l’état des routes et du peu de choses dignes d’intérêt dès que l’on se retrouvait en pleine campagne – trop d’arbres, trop de vert, pas assez de maisons et, mon Dieu, où étaient les gens ? Après avoir trouvé ce gémissement continuel plutôt comique, Greta s’en était lassée, d’autant plus que l’exiguïté des diligences l’obligeait à maintenir sur ses genoux le surplus de leurs bagages, carton à chapeau ou coffret de toilette. Puis, à Ledbury, M. Percy était monté dans leur voiture et s’était mis à complimenter Mme Smithington sur son sourire de jeune femme, affirmant ne pas croire à l’âge qu’elle prétendait avoir. Ce grand et bel homme aux boucles brunes savamment arrangées et aux grands yeux noisette aurait pu faire perdre la tête à Mme Smithington, s’il l’avait voulu. Le temps qu’ils atteignent le Herefordshire, Mme Smithington avait persuadé M. Percy de les accompagner jusqu’au pays de Galles, sous le prétexte que « la présence d’un gentleman dissuaderait les fâcheux de s’en prendre à deux pauvres femmes seules dans la vie ». Greta pensait, quant à elle, que les plaintes incessantes de Mme Smithington feraient fuir le plus dépravé des malfaiteurs. En tout cas, l’attention que M. Percy portait à la vieille dame l’avait soulagée. En plus d’être charmant, il prenait très au sérieux sa tâche et veillait à satisfaire tous leurs besoins. Et ce fut grâce à lui que Greta avait appris ce qui était arrivé à son oncle. Parfois, lorsque Mme Smithington se retirait de bonne heure, M. Percy et elle 12

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restaient à discuter devant le feu de l’auberge où ils s’étaient arrêtés. Il profitait de l’absence de la vieille dame pour complimenter la jeune – sur ses yeux aussi bleus que la mer, ses cheveux aussi noirs que l’encre de Chine, sa peau blanche comme de la crème. Compliments charmants mais, blasée par deux saisons à Londres, Greta n’y voyait pas de quoi perdre la tête. Finalement, il s’était senti assez à l’aise pour expliquer comment il se faisait qu’un gentleman aussi distingué que lui en soit réduit à utiliser les voitures publiques. S’il regagnait le pays de Galles, c’était pour récupérer l’héritage dont l’avait dépouillé un parent, en punition du crime d’avoir eu un père anglais. L’histoire avait scandalisé Greta, tout en suscitant son admiration pour le stoïcisme avec lequel M. Percy en parlait. Elle-même avait raconté qu’elle cherchait son oncle paternel, lequel était originaire de Bredwardine. Quand elle avait mentionné son nom, M. Percy avait sursauté. — Randolph Vaughan ? avait-il répété avec incrédulité. Il avait pris la main de Greta et l’avait regardée avec un air compatissant. — Mademoiselle Fairchild, j’ai le triste devoir de vous informer que M. Randolph Vaughan est… mort. — Mort ? — Du coup de sabot d’un cheval qu’il était en train de châtrer. Le pauvre homme a traîné pendant quelques jours, mais ne s’en est pas remis. — Oh… flûte, avait lâché Greta, désemparée. — Ah, mais vous ne devez pas vous tracasser, avait dit M. Percy en lui pressant les doigts. Je sais que vous avez d’autres parents au pays de Galles. — D’autres parents ? Je croyais que mon oncle Randolph Vaughan était le seul. — Je parle de parents par alliance. Intriguée, Greta avait réfléchi une seconde avant de demander : 13

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— Si je puis me permettre, monsieur… comment se fait-il que vous en sachiez autant sur la famille Vaughan ? — Oh, c’est très simple, avait-il répondu avec le sourire charmeur qui, dès le premier jour, avait mis Mme Smithington et Greta à l’aise. Le pays de Galles est comme un petit village : les Gallois se connaissent tous entre eux… Greta regarda de nouveau ce qui se passait dehors et vit l’un des trois hommes sauter à terre et porter la main à sa ceinture, ce qui découvrit son pistolet. Elle retint son souffle. M. Percy ôta son chapeau et passa une main dans ses épais cheveux bruns. Quel courage ! se dit-elle. La vue du pistolet n’avait même pas semblé l’émouvoir. Mais il était vrai que M. Percy n’était pas du genre à s’émouvoir facilement. Lorsque Greta avait découvert Mme Smithington froide et rigide sur l’un des lits défoncés de Bredwardine, elle avait cédé au désespoir. Après le choc de la découverte macabre, elle s’était aperçue qu’il lui restait peu d’argent, qu’elle était loin de toute civilisation et qu’en fait d’héritage, elle n’avait pas fait de progrès depuis le jour de son départ. M. Percy l’avait aussitôt rassurée et aidée à prendre les décisions nécessaires. Une fois Mme Smithington enterrée dans le cimetière de la paroisse et ses affaires confiées à un service de messagerie qui les rapporterait à Londres, M. Percy avait demandé : — Vous continuez votre voyage, n’est-ce pas ? — Continuer ? Où irais-je ? Ma compagne est morte, mon oncle est mort et son domaine est en ruine. Je n’ai nul endroit où aller, à part Londres, et il me reste tout juste l’argent nécessaire pour cela. — Je vous escorterai quelle que soit la destination que vous aurez choisie, avait dit M. Percy. Je suis à votre service, mademoiselle Fairchild. — Je ne peux vous imposer cela. 14

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