Zriba Olya : Poétique d'un lieu mnésique

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MEMOIRE D'ARCHITECTURE

ZRIBA OLYA : Poétique d'un lieu mnésique

Présenté par GARFA JAMILA Directrice de mémoire BELCADHI FERDAWS Co-Directeur de mémoire ABBES ZOUHAEIR

Session JUIN 2019 3


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Remerciements Je voudrais exprimer à travers ce paragraphe toute ma reconnaissance et toute ma gratitude aux personnes et aux intervenants qui m’ont aidé à élaborer mon mémoire d’architecture. Un merci bien particulier adressé à Mme, Ferdaws Belcadhi et M, Zouhaier Abbes pour leurs efforts précieux et leurs conseils durant l’encadrement de ce travail. J’adresse mes sincères remerciements à M, Makrem Belhaj, le président de l’association de restauration et de sauvegarde de Zriba Olya, pour son aide. Je remercie également M, Mohamed Ben Ai Labyedh, un ancien habitant de Zriba Olya. Ses articles qui racontent ses souvenirs et son vécu dans le village m’ont beaucoup inspiré. J’exprime ma gratitude à ma chère mère, à ma famille pour leur soutient inconditionnels et à tous mes amis qui m’ont apporté leurs avis et leurs encouragements.

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Sommaire REMERCIEMENTS AVANT PROPOS.............................................................................7 INTRODUCTION GENERALE .......................................................8 PROBLEMATIQUE .........................................................................9 METHODOLOGIE..........................................................................10

Chapitre I :

La disparition à Zriba Olya : Le manque, l’absence et le vide 1- Prosodie et émotions à Zriba Olya............................................12 2- Zriba Olya : Entre traces de l ’absence et absence de traces...22 3- La morpho-dégénérescence à Zriba Olya.................................40

Chapitre II :

Les ruines de Zriba Olya : Un paraitre de la disparition 1- Zriba Olya : Ruines dans le paysage ou un paysage de ruines.............................................................................................47 2- A la recherche de la substantialité des ruines de Zriba Olya.....50 3- L’essence des ruines de Zriba Olya..........................................60

Chapitre III :

Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil

de la ruine 1- Nouvelle vie de la ruine.............................................................65 2- Esthétisation de la destruction...................................................68 3- Emergence du projet.................................................................84

CONCLUSION GENERALE........................................................104 REFERENCES ET BIBLIOGRAPHIE..........................................105 WEBOGRAPHIE..........................................................................106 TABLE DES FIGURES................................................................107 TABLE DES MATIERES..............................................................110

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Avant-propos « Il faudra reconnaître un jour, et bientôt, peut-être, ce qui manque à nos grandes villes : des endroits silencieux, spacieux, et vastes pour la méditation, des endroits avec de hautes et de longues galeries pour le mauvais temps et le temps trops ensoleillé, où le bruit des voitures et le cri des marchands ne pénétreraient pas, où une subtile convenance interdirait, même au prêtre, la prière à haute voix : des constructions et des promenades qui exprimeraient, par leur ensemble, ce que la méditation et l’éloignement du monde ont de sublime. » (Nietzche, 1923) Les ruines de Zriba Olya constituent le lieu d’une relation dialectique entre le Moi et le monde invitant l’homme à méditer sur son existence éphémère à travers les signes de la disparition. De la réflexion sur la propre naissance du village, l’admiration de la beauté et sa propre fin et de sa propre ruine, j‘ai commencé à méditer sur le temps et sur l’histoire dans la trace de l’immémorial. J’ai commencé à réfléchir sur son propre éphémère en admirant une architecture bâtie et sa ruine…

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Introduction générale : Une ruine à émouvoir, une ruine à concevoir « L’effet de ces compositions, bonnes ou mauvaises, c’est de vous laisser

dans une douce mélancolie. Nous attachons nos regards sur

les débris d’un arc de triomphe, d’un portique, d’une pyramide, d’un temple, d’un palais ; et nous revenons sur nous-mêmes : nous anticipons sur les ravages du temps ; et notre imagination disperse sur la terre les édifices mêmes que nous habitons. À l’instant, la solitude et le silence règnent autour de nous. Nous restons seuls de toute une

nation

qui n’est plus. Et voilà la première ligne de la poétique des ruines. »1 La ruine est un sujet qui a séduit depuis longtemps les âmes artistiques : celles des peintres, des poètes, des écrivains, des artistes, des architectes… Elle les a ébranlé le cœur par sa capacité d’éveiller en eux l’art, la perception et l’identité, l’imagination et la méditation, la matière et l’esprit. La ruine constitue un espace silencieux. Son silence s’écoute car elle porte en elle la mémoire du lieu, l’histoire d’une civilisation, l’identité d’un peuple. Elle fait émerger un monde disparu qui nous n’appartient pas car elle est tout simplement une œuvre conjuguée entre l’usure du temps et les forces de la nature. La ruine est forte, elle a le pouvoir de représenter le non représentable : le temps. L’attrait particulier et ambigu du sujet de la ruine, réside dans le fait qu’elle est une plénitude de contradiction autrement dit la ruine est une pensée à déchiffrer. Elle est la fragilité et la force. Elle est la trace de l’oubli et porteuse de la mémoire au même temps. E e est que que part entre a vie et a mort. Par sa présence, e e ref ète ’existence et suggère ’inexistence. E e est « à sans être à »2. Son silence est une façon de mettre en valeurs la mort, l’identité, l’absence, l’altérité, l’inconnu, l’oubli, le vide et le rien. Elle résiste et subit. Sa préservation ou le fait de faire apparaitre l’oubli soit en rapport avec la destruction.

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1 DIDEROT, D. (1818), OEuvres complètes, Tome 4, le salon de 1765 et partie du salon de 1767, p353 2 NASR, J. (2011), Le rien en architecture, l’architecture du rien, p171


Problématique Perdu dans son milieu montagneux, Ziba Olya est un village berbère vidé, dépossédé où le temps s’est arrêté comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres villages dans le monde. Ces villages, qui ont tous des histoires différentes évoquant la splendeur d’un peuple, d’une époque ou d’une civilisation, partagent le même sort : celui de l’horrible abandon. Zriba Olya est un lieu intriguant où le vide, le temps, et la nature ont façonné un paysage de ruines. Il est entre histoire et devenir, violence du choc et cruelle emergence, entre amnésie3 et anamnèse4. Cet interstice de la ruine suscite un sentiment de mélancolie et crée un espace de méditation et de recueillement sur la mémoire de l’homme et du village. L’état actuel du Zriba Olya n’est que le résultat du délaissement, de l’usure du temps et des traces des forces descendantes de la nature. Tout dépend du regard qu’on porte devant ses amas de pierres, ses bouts de murs qui restent, ses toits effondrés… Ses ruines affirment l’apparition des nouvelles formes incomplètes, la présence d’un état nouveau jamais pensé ou prévu au début et suggèrent une nouvelle manière d’existence. Que ce village est vide ! Que ce village est plein de signifiances ! Avec toutes ses forces, Zriba Olya affronte sa deuxième disparition : La première est le résultat de l’abandon depuis les années 60 et la deuxième, qui est la plus douloureuse, est celle de l’éradication complète que Josef Nasr5 la qualifie avec le terme «disparition de la disparition». Gaston Bachelard quand il affirme « qu’elles insistent pour revivre, comme si elles attendaient de nous un supplément d’être»6 ou comme si «elles désiraient être encore possédées»7. Quel sera le sort de ces ruines ? Pourrait-on habiter les ruines inhabitables de Zriba Olya ? «Appréhender la philosophie de la cendre et l’esthétique de la ruine comme une idée féconde, reflète une force d’impulsion absolue vers la créativité.»8 Au moment où l’idée d’éveiller la ruine aiguise notre regard, cette dernière devient un lieu en attente. Elle attend d’être activée et actualisée pour s’intégrer dans le présent qui l’entoure en gardant les valeurs herméneutiques engrammées en elle. L’architecte doit chercher à ramener une contemporanéité à la ruine à travers son geste architecturale. Ce geste doit faire naître un lieu inséré dans notre quotidien tout en préservant le vécu de l’expérience de la ruine c’est-à-dire l’effet de la dégradation, de l’usure, de l’admiration et de la méditation qu’exerce la ruine sur son spectateur. Comment redonner à Zriba Olya, un village d’importance historique et symbolique, l’évocation qu’il mérite? Comment peut-on concevoir une ruine ? Comment peut-on bâtir une ruine ? 3 amnésie : la perte de la mémoire 4 anamnèse : le retour à la mémoire du passé vécu et oublié 5 Josef Nasr : architecte et docteur en philosophie 6 BACHELARD, G. (1957), La poétique de l’espace. p 65 7 BACHELARD, G. (1957), La poétique de l’espace. p 29 8 Nasr, J. Site web, Le faire-être poétique de la ruine : Un monde actuel

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Méthdologie Ce mémoire s’intéresse aux ruines du village Zriba Olya : traces d’une histoire, d’une identité, d’un vécu et d’une vie disparue. Toucher ses ruines, c’est toucher l’intouchable et l’invisible. Pour cela, le geste architecturale fourni pour habiter de nouveau Zriba Olya doit émerger du lieu même. Au premier lieu, j’évoque le voyage vers Zriba à travers son chemin dépeuplé qui annonce le phénomène de la disparition à Zriba Olya. La rencontre avec Zriba Olya et ses ruines dévoile l’histoire enfouie sous ses tas de pierres. Par la suite, j’essaie de déceler les formes et les manifestations de la disparition dans ce village. En second lieu, il me semble essentiel de comprendre la phénoménologie de la ruine de Zriba Olya et de puiser dans l’essence et la symbolique de ces fragments du passé : Ces ruines qui constituent un paraitre de la disparition. Nous abordons le paraitre de la disparition selon trois aspects : l’aspect matériel, l’aspect imaginal et l’aspect éphémère. Avec l’aide des exemples concrets de projets où la ruine représente un élément actif et déterminent dans leur conception, on décèle la manière d’aborder les aspects et les concepts par rapport à la ruine.

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Chapitre I La disparition à Zriba Olya « Les thèmes de la disparition, de l’identité, du temps qui passe sont étroitement liés à la topographie des grandes villes. » P,Modiano1945

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La disparition à Zriba Olya

1- Prosodie et émotions à Zriba Olya

Situé

au

nord-est

de

la

Tunisie, le village berbère de Zriba Olya se trouve à 72 Km au sud de Tunis et à 10 Km de la ville de Zaghouan.

figure 1 : Situation géographique

Pour se rendre au village de Zriba Olya, le village originel de la commune de Zriba, le passage par le village de Hammam Zriba est obligatoire. Une flèche annonce une multitude d’aspect du changement : un changement de direction, un changement de flux, de fréquentation,

d’atmosphère, un

changement du temps ! figure 2 : Marquage de la direction vers Zriba Olya. Source : auteur

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La disparition à Zriba Olya

figure 3 : Le chemin de Zriba Olya.

Il’ y a qu’un seul chemin à emprunter. Une seule route qui nous emmène vers une seule destination : Le village de Zriba Olya. Ce chemin traverse, dés la sortie de Hammam Zriba, la mine du fluore en passant au départ par le pont d’Oued El Hammam. Ce parcours unique soit-il fait pénétrer le visiteur dans la découverte. C’est avec calme et sérénité qu’on escalade le relief. Le paysage naturel se dévoile : le visiteur se trouve emportée par les étendues qui se sont offertes devant ses yeux. Quelques débris apparaissent sur la route. Malgré leur désordre, ils sont en parfaite symbiose avec le lieu. Ils annoncent l’avènement d’un évènement : l’arrivée à Zriba Olya : un ancien village ancré dans un massive rocheux de Jbel Zriba à une altitude de 312m couvrant une surface de 2 ha.

figure 4 : Relief du chemin de Zriba Olya. Source : auteur

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Chemin vers Zriba Olya

N

Hammam Zriba

1-1 : La traversée du pont d’oued el Hammam : Le pont se dresse avec élégance en face des monticules de l’ancienne mine du fluor. Il enjambe le lit d’Oued el Hammam

: Une petite rivière

permanente bordée de lauriers. Il assure simultanément le passage et la liaison : Un passage d’un monde qu’on connait vers un autre à découvrir et la liaison entre ce qui n’est plus là et ce qui est toujours là. Il est tout simplement la jonction entre le passé et notre présent.

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La disparition à Zriba Olya

Ce vieux pont véhicule des émotions particulières. A travers son état délabré, la rouille sur sa structure métallique et les cicatrices gravées sur son tablier, il déclare la fragilité de la transition et de la liaison qu’il assure. Ce pont subit mais continue à résister. Il continue à protéger son monde évidée : seules les voitures et les petits bus peuvent le franchir comme s’il dose le flux, comme s’il contrôle la pénétration dans son univers, comme s’il préserve le lieu de la machine de consommation de notre présent, il le cache et le protège. Le visiteur, avec son œil admirateur, commence son voyage pour revivre le passé. Il quitte ce vieux pont avec un cœur bien rempli.

figure 5 : Le pont métallique d'Oued Elhammam. Source : auteur

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La disparition à Zriba Olya Monticule de fluore

Vers Hammam Zriba

Vers Zriba Olya

Monticule de fluore

figure 6 : Les traces de la mine de fluore. Source : auteur

1-2 : Les ruines industrielles de la mine de fluore : La blancheur envahit le lieu : Le sol est blanchâtre et de gros tas de sable extrait autrefois des mines de fluore environnantes se sont calcifiés pour former aujourd’hui de gros talus tout blancs de part et d’autre du chemin qui s’élève vers le village de Zriba Olya. L’abandon, le terrain délaissé et l’arrêt de l’activité font de sorte que le temps est gelé. Les installations métalliques corrodées, trace d’actions passées, renseignent sur ce que le lieu a vécu et deviennent une figure du temps accumulé en elles. Un sentiment d’être hors du temps apparait.

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N


La disparition à Zriba Olya

Vers Hammam Zriba Vers Zriba Olya

N

figure 7 : Le chemin vers Zriba Olya

1-3 : Vers Zriba el Olya : Les images offertes par cette route sinueuse qui serpente le relief passent à travers nos sens. Aristote dit : « Il n’y a rien dans l’esprit qui ne passe à travers les sens ». Le visiteur avance en ayant l’espoir de découvrir de nouvelles images, de nouvelles sensations. De part et d’autre se trouve des parcelles agricoles, d’olivettes, du pin d’Alep sur les sommets et des constructions voutées relativement récentes, suggérant une influence locale, apparaissent et disparaissent. A quelques mètres du village perché, un paysage captivant surgit : une vue globale couronnée par la splendeur de Jbel Zaghouan. Quelques ramas de pierres d’une couleur ocre apparaissent pour annoncer la fin du chemin et l’arrivée à Zriba el Olya. Le visiteur finit son chemin comblé d’une foule de sensation. Un chemin long et dépeuplé! Un chemin court et trop-plein d’émotions!

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La disparition à Zriba Olya

figure 8 : Le village de Zriba Olya. Source : Google earth

1-4 : La rencontre avec Zriba Olya : Le village est dissimulé dans son cadre naturel de manière qui semble être né de la terre. Le village jaillit des roches et des forces des lignes crées par les deux pitons rocheux : Jbel el Fersi et Jbel el Gualaa. Une sensation d’être entrer dans un univers de ruines se manifeste. Cet univers, considéré comme un legs de passé, raconte une histoire engrammée sous ses amas de pierres : Une histoire de fondement, des efforts et du soin pour faire émerger le village et celle de l’abandon et de l’acceptation de départ pour partir à une nouvelle ville et à une nouvelle vie.

figure 9 : Arrivée au village. Source : photo personnelle

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La disparition à Zriba Olya Selon les historiens, la formation du village de Zriba el Olya revient à l’époque des conquêtes romaines et hilaliennes vers le XIème siècle. Plusieurs hypothèses évoquent l’origine de la formation du village et qu’à ce jour, aucune n’a pas pu être validée. La première hypothèse est annoncée par Williams Marcais9 dans son ouvrage Takrouna. Elle dit que trois frères sont venus du Maroc ont mis le cap sur trois pitons rocheux en fondant trois maisons nommées Gualaa pour y former trois villages : Zriba, Jradou et Takrouna. Ces villages sont communicantes par la fumée pour annoncer une belle ou mauvaise nouvelle et signaler la présence d’un dangers.

Village de Zriba Olya

Village de Jradou

Village de Takrouna

Zriba Olya

Jradou

Takrouna

figure 10 : Le rapport visuel entre les trois villages

La deuxième hypothèse est mise par Jean Despois10 dans son ouvrage Sahel et basse Steppe. Il mentionne que Zriba est formée par des groupes sédentaires qui occupaient la plaine et que suit aux invasions hilaliennes et soleimites au XIème siècle, ils ont trouvé refuge sur ces pitons. La troisième hypothèse évoquée selon la mémoire populaire stipule que plusieurs tribus marocaines, proches de Zriba et même venant de la Libye ont fait ont fait de ce village un point de convergence. 9 William MARCAIS (1872-1956) : un spécialiste de dialectologie maghrébine, un docteur en droit. Premier titulaire de la chaire d’arabe maghrébin de l’Ecole des langues orientales (1920-1927). 10 Jean DESPOIS (1901-1978) : Un historien et un géographe du Maghreb durant la période de la colonisation française.

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La disparition à Zriba Olya Plusieurs évènements et facteurs ont marqués l’évolution du tissu urbain de Zriba Olya. Le noyau central est le noyau le plus ancien du village. Il était implanté sur la zone la plus accidentée ce qui a donné naissance à une morphologie complexe composée de petites parcelles mise à part la figure 11 : Noyau central : Construction de la maison ElGalaa et de la mosquée. Source auteur

maison ElGualaa marquée par son implantation particulière en haut du piton rocheux. La « Rahba » prends une position centrale au carrefour de deux axes principaux et à quelques mètres se dresse la mosquée : un élément structurant pour la densification du noyau. (voir figure 11) La

première

extension

était

effectuée à l’est où le terrain est moins accidenté et la pente est faible. Le tissu généré est moins figure 12 : Extension1 :Construction du marabout Sidi Abdelkader el Jilani. Source : Auteur

dense avec des parcelles plus grandes en le comparant à celui du noyau premier. La densification suit le chemin reliant le noyau central au reste du village et menant au puits et qui passe également par le mausolée de Sidi Abdelkader édifié au 17éme siècle. (voir figure 12) Une deuxième extension sur le coté ouest est marquée par un tissu éclaté et des logements isolés. Ce choix de s’implanter en dehors du tissu homogène du village est

figure 13 : Extension2 : Implantation de l’école et l’évolution est faite suivant la voie d’accès. Source : Auteur

expliqué par la construction de l’école primaire et le renforcement des relations commerciales avec l’extérieur. (voir figure 13)

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La disparition à Zriba Olya

Depuis les années soixante, Zriba el Olya confronte le manque, l’absence et le vide. Ses zribiens, qui ont pris le soin de la sculpter pendant des siècles l’ont quitté. Ce village qui était, jadis, peuplé de vie plonge dans le silence qu’ont peut sentir dés la réception de ce lieu. Nombreux sont les facteurs qui ont conduit progressivement à cet état actuel. D’abord, l’infiltration des étrangers a changé le mode de vie des villageois pour passer d’un mode de vie autonome à un autre de consommation. Ensuite, les colons ont spolié leurs terres agricoles et ont construit l’école à l’entrée du village et qu’elle est devenue à son tour un équipement dont les zribiens ne pouvaient plus se passer. À cela s’ajoute, la survenance de la mine de fluorine qui nécessitait la main d’œuvre et à cause des faibles revenus des zribiens, ils ont décidé d’y aller. Finalement, après la création de la nouvelle ville dans la plaine et le déplacement de l’école sous prétexte qu’elle risque de s’écrouler en 1965, les zribiens ont accepté le sort de céder leurs maisons et leur village de Zriba el Olya.

2-Zriba Olya : Entre traces de l ’absence et absence de traces : 2-1 : Zriba Olya : Une plénitude de vide N

N

Plan du village occupé

Plan du village deserté

figure 14 : Le vide à Zriba Olya

Avant qu’elle soit abandonnée, Zriba Olya était entièrement occupée : Toutes ses constructions étaient activées. Elle est évidée de ses villageois. Elle s’est évidée pour devenir un vide plein de vide : c’est le trop-plein de vide.

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La disparition à Zriba Olya Des tas de pierres et des herbes folles habitent les maisons zribiennes. Ici, il n’y a plus de vie, plus de familles et l’espace intime rejoint l’espace public.

Entrée du village La réception du village de Zriba Olya est une émouvante atmosphère du vide de l’absence. Cet étranglement fait naitre l’envie d’aller voir plus loin. 22

Le temps est comme arrêté, suspendu, gelé. A un certain moment, on a l’impression que les villageois n’ont pas quitté ce village mais qu’ils ont parti quelque part et qu’ils reviendront.


La disparition à Zriba Olya Les bords de cette artère principale du village sont par alternance bornés par des fragments de maisons en diffèrents stades de dégradation. Puis, ces ruines disparaissent et l’espace se dilate pour rejoindre la forme naturelle du lieu. Au début, le chemin est pavé d’un revêtement relativement récent, se transforme rapidement en sentier.

Le cimetière des restes du village de Zriba Olya

Toutes ses formes ancrées au sol sont vides. Ces espaces inoccupés font émerger la trace de la disparition : il ne reste aujourd’hui que les marques et les traces de l’absence, du manque et du vide. C’est le vide qui règne sur le village. Le silence est profond. Etrangement, je l’ai vu s’évider pour se remplir de nouveau ! 23


La disparition à Zriba Olya

2-2 : La disparition du mode de vie Zribien L’occupation originelle exprime la dynamique sociale et spatiale du village.

Les quartiers

résidentiels, la Gualaa qui surplombait le paysage, les commerces qui s’implantaient sur les grandes artères, le Koutteb, la maderssa, les cafés. Tous ces espaces formaient, jadis, la sphère d’échange et de rencontre des villageois. Ces lieux abritaient leurs pratiques, leur vécu, leurs activités, leurs moments de bonheur ainsi que les instants de chagrin. Ils étaient des espaces où les zribiens ont partagé des idées, où ils ont appris un certain savoir-faire de leur parents, où ils ont fêté et célébré les aids et les cérémonies… Cette configuration spatiale reflète leur autonomie.

N

figure 15 : Plan d’occupation originelle du village

Maderssa

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Mausolée sidi Abd Elkader

La mosquée


La disparition à Zriba Olya

Entre auparavant et aujourd’hui, c’est l’absence qui règne. Zriba Olya est évidée de ses fonctions. Il ne reste que quelques âmes vagabondes non originaires du village, le mausolée de Sidi Abd el Kader et la mosquée sont encore là pour confirmer les signes de la disparition dans le village. Ils sont toujours fermés malgré leur bon état récemment restauré par l’association de la restauration et de sauvegarde de Zriba Olya. La maison reconvertie en un café ‘’Dar Zriba’’ est certes une belle initiative de résurrection du village mais elle se révèle fragile par son occasionnalité.

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figure 16 : Plan d’occupation actuelle du village

Demeure des bergers

Maisons abandonnées

Café Dar Zriba

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La disparition à Zriba Olya

2-2-1 : Dans l’espace urbain : Le silence s’installe, toutes ces scènes urbaines sont disparues et l’espace urbain de Zriba Olya se plonge dans une amnésie et une atmosphère émouvante de vide. Ce vide qui procure un terrible sentiment et étonnement ce vide représente l’oubli, l’abandon et le trop-plein de mémoires au même temps.

El Fajja

Place du mausolée

figure 17 : photos des vides urbains du village. Source : auteur

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Rahba


La disparition à Zriba Olya N La notion du centre à Zriba Olya se manifeste à travers ses places. Elles articulent l’espace urbain et sont en rapport directe avec les équipements majeurs du village.

N

figure 18 : Les places et les voiries. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur

L’espace interstitiel entre les maisons formaient autrefois une sphère d’échange et d’expression de la culture des villageois où chaque cérémonie était rattachée à un espace, un fait ou encore à une saison précise, telle que la cérémonie de moisson, des fêtes religieuses, des fêtes de mariage, des compétions sportives… tous ces occasions citées ont été accompagnées de prières, des sacrifices, des chants, des takhmira… Ces vides plein de vie exprimait une dynamique sociale, spatiale et les coutumes de jadis.

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La disparition à Zriba Olya

2-2-2 : Dans la maison zribienne

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2 4

3 1

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3

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3

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3

1

3 3

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4

1 : Chicane 2 : Cour 3 : Chambre 4 : Etable 5: Depôt 6 : Boutique 7 : Cuisine

figure 19 : Plans des maisons zribiennes. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur

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La disparition à Zriba Olya

Le vécu de la maison zribienne a radicalement changé. Suite à l’abandon, un nouveau chapitre de vie s’écrit avec convulsions. Elle existe aujourd’hui comme une écorce évidée. Les maisons en ruine traduisent un mode de vie disparu. Chaque composante du modèle d’habitat zribien répond à une ou plusieurs pratiques : - Etable : L’espace réservé aux animaux faisait partie de la maison ce qui témoigne l’importance de l’activité de l’élevage. Cet espace est généralement accessible de l’extérieur et de l’intérieur de la maison. - Skifa (espace de transition) : C’est une pièce essentielle dans le modèle de l’habitat zribien. Ce dispositif d’entrée constitue un filtre pour préserver l’intimité de la vie familiale. - Le patio : il a joué le rôle d’un espace de rassemblement pour les membres de la famille, un lieu de détente en été ou encore un espace d’activités quotidiennes de la femme et l’espace de travail artisanal de l’homme. Le modèle d’habitat zribien se caractérise par son évolutivité. L’organisation autour de la cour est le principe organisationnel de la maison. Les constructions sont à différents stade d’évolution ce qui affirme encore l’arrêt du temps à Zriba Olya : l’évolution cesse d’évoluer.

Etape 1

Etape 3

Etape 2

Etape 4

figure 20 : Evolutivité de la maison zribienne. Source : auteur

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La disparition à Zriba Olya 2-2-2 : Dans la chambre de la maison zribienne

Tout un système de vie d’une famille a disparu. L’organisation de la chambre Zribienne est semblable à un habit fait sur mesure. Une architecture sans architecte à l’échelle de l’homme.

N

1 : Espace polyvalent 2 : Espace de repos 3 : Espace d’approvisionnement figure 21 : Organisation de la chambre zribienne : source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur

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La disparition à Zriba Olya L’espace central (1) de la pièce est marqué par la croisée de voûtes et une grande niche en face de l’entrée servant pour le rangement des affaires du chef de famille. C’est un espace polyvalent dédié à la détente et au travail artisanal de la femme. Ainsi de part et d’autre de cet espace, on retrouve un coin de repos (2) qui comporte la Dokana et la Sedda, c’est l’espace dortoir, et un espace d’approvisionnement (3) généralement sous forme de grenier souterrain.

figure 22 : Occupation de la chambre. Source : auteur

Malgré son état chaotique, la chambre zribiennne

témoigne

encore

un

vécu

incarné en elle. Elle est teintée, colorée par la subjectivité de son habitant, de son caractère, de ses mœurs, de ses gestes et mouvements.

Dokkena

31 31


La disparition à Zriba Olya

2-2-4 : Dans les équipements : - La maderssa : N

figure 23 : Situation de l’école primaine

Au pied de la colline, un bâtiment tout blanc qui émerge. Il s ’agit de l’école coloniale construite à la manière du village : ses pièces alignées une après l’autre, donnant sur une galerie et sur la cour qui offre une vue surprenante sur la plaine.

figure 24 : Coupe AA. Source : auteur

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A La disparition à Zriba Olya

Cour

N

1 : Salle de classe 2 : Habitat 3 : Dépot 4 : Sanitaire

A figure 25 : Plan de l’école primaire originel. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur

1

2

3

3

4

1 : hébergement 2 : Bergerie 3 : Dépot 4 : Sanitaire

figure 26 : plan de l’école primaire. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur

Aujourd’hui, l’école affronte le vide et l’abandon malgré sa réoccupation. Une occupation nouvelle et étrange de ce bâtiment et de sa mémoire. Quelques âmes vagabandes habitent cette maderssa en l’adaptant à leurs besoins. 33


La disparition à Zriba Olya - Le mausolée de Sidi Abd elKader :

N

figure 27 : Situation du mausolée

En dépit de son bon état, le mausolée de Sidi Abd Elkader (le fondateur de la Quadiriyya, inhumé à Baghdad) baigne dans le vide. Les portes de cet édifice, récemment restauré par l’association de restauration et de sauvegarde de Zriba Olya et l’institut nationale du patrimoine, sont toujours fermées. Ceci affirme d’avantage l’abandon et l’absence à Zriba Olya.

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N

1

1 : Salle de prière 2 : Koutteb

2

figure 28 : Plan du mausoléé. Source : d’aprés T84+14/4 interprété par auteur

figure 29 : Coupe AA. Source : d’aprés T84+14/4 interprété par auteur

Ce mausolée était construit au XVIIe siècle. Il a joué le rôle d' une école coranique (kouttab) dédiée aux enfants du village. Il représentait un lieu de célébration des fêtes liées aux cultes dédiées au marabout. Ces fêtes étaient marquées par l’acte de se baigner à Zriba Hammam. Aujourd’hui, cet édifice est rempli de vide et qu’autrefois il symbolisait un espace de rassemblement pour les zribiens.

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La disparition à Zriba Olya - La mosquée :

N

figure 30 : Situation de la mosquée

Cette mosquée, marquée par son minaret cubique, représente le seul lieu de culte dans le village. Cet édifice aussi a connu des travaux de restauration. En dépit de son bon état, il baigne dans le vide. Mis à part son activité quotidienne de prière, cet édifice était un lieu de rassemblement pour les villageois pendant les fêtes religieuses, les mariages, les décès… Cet espace était plein de vie.

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La disparition à Zriba Olya

N

4

2

3

1 : cour 2 : salle de prière

3 : salle de prière des femmes 4 : salle d’abultion

figure 31 : plan du moquée. Source T84+14/4 interprété par auteur

figure 32 : coupe AA. Source T84+14/4 interprété par auteur

Ses portes sont fermées. Elle n’assure plus de fonction. Elle n’abrite plus d’activités. Sa présence est physique. C’est un arrêt sur image : le temps est gelé et le vide habite son espace.

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La disparition à Zriba Olya

2-3 : Disparition du savoir-faire Zribien Zriba el Olya a demeuré longtemps la seule agglomération dans la région. Les habitants ont exploité les plaines pour l’agriculture et les sources d’eau environnantes pour subvenir à leurs besoins.

figure 33 : Le système économique zribien. Source : auteur

Les Zribiens formaient une seule entité ethnique et anthropologique qui a fondé un système économique fermé. Le mode de vie Zribien a conduit à son tour à une production traditionnelle très riche en puisant dans les matières premières et les composantes naturelles trouvées sur le site et ses alentours. L’abandon de Zriba el Olya et le départ des villageois vers un autre mode de vie à engendré la disparition des pratiques zribiennes. L’artisanat, l’élevage et l’agriculture, qui représentaient autrefois leurs principales activités économiques, ont disparu avec un savoir faire transmis de pères aux fils pendant des siècles.

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Artisanat : Tous les membres d’une famille zribienne participaient aux activités artisanales. La femme zribienne jouait un rôle important dans le travail artisanal en transformant les matières premières en produits de consommation. Dans son espace au sein de sa chambre et derrière son métier à tisser, elle transforme la laine en tapis et vêtements (kachabia, kardoun, hram…) et les céréales en nombreux produits qui constituent leur alimentation quotidienne. Cependant l’homme zribien transforme les matières premières en biens de production. A partir de alfa, pierre, bois, roseau, smar, et paille, il fabrique le matériel nécessaire pour son activité agricole tel que : charrue, échelles, scelles, paniers, ruches… Élevage : Cette activité constitue une pratique importante grâce à son apport considérable en produit alimentaires (viande et lait) et la laine pour le tissage. Les bœufs servent pour produire du fumier pour l’agriculture. Aussi, la profusion des plantes aromatiques sur le site favorisait l’activité de l’apiculture. Agriculture : la plaine aux alentours du village de Zriba Olya servait de terres pour pratiquer l'activité d'agriculture. L’oléiculture et la récolte céréalière occupaient une place importante dans la vie des villageois. Sur le plan social, la période de moisson correspondait à une période de fêtes et de rasseblement. Les villageois partagaient les récoltes et les conservaient dans des greniers creusées dans leurs maisons.

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La disparition à Zriba Olya

3- La morpho-dégénérescence à Zriba Olya 3-1 : La morpho-dégénérescence à Zriba Olya « Tout ce qui existe est dans le temps et se transforme en lui. Cette transformation fait partie d’un processus qui, tôt ou tard, s’achemine vers une certaine dégénérescence et sorte de fin. »11 N

N

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figure 34 : La dégradation signe de disparition

figure 35 : photo du village en 1975 prise par Gabriel Camps

figure 36 : photo actuelle montrant la dégradation , Souce : auteur

A l’heure actuelle, le village berbère de Zriba Olya représente un reste d’un état autrefois complet. Le phénomène de la dégradation envahi le lieu. Il a généré d’une présence complète du village une nouvelle forme de présence marquée par ses parties manquantes. Cette nouvelle existence est inquiétante : si elle se poursuit, elle entrainera une perte irréversible et le village deviendra le néant.

BERTRAND, P. (2000) L’éloge de la fragilité, p 86.

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La disparition à Zriba Olya

N

figure 37 : l’état du cadre bâti. Source : auteur

Le relevé de l’état actuel du cadre bâti permet de classer les constructions selon leur degrés de dégradation. Des constructions qui ont subi une forte dégradation : l’ensemble est enfoui sous les pierres et la végétation et quelques murs qui résistent et restent debout. Des constructions sont moyennement dégradées ayant un gabarit lisible ou bien la distinction entre les pièces et le patio est possible. Il n’y a que le mausolée et la mosquée qui sont restaurés et une maison reconvertie en un café « Dar Zriba ».

figure 38 : différents stades de dégradation. Source : photos personnelles

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La disparition à Zriba Olya 3-2 : La disparition des techniques de construction locales La pierre, extraite de la montagne sous forme de blocs, représente la matière première par laquelle les villageois zribiens ont pu construire leur village. Zriba Olya, aujourd’hui, est un témoin de leur maitrise des techniques de construction à travers l’expérimentation des matériaux de bord. Ils ont fait émerger tout un village entre les pics rocheux mais aussi ils ont fait régner une harmonie inédite où le bâti se dissout dans la nature.

3-2-1 : les murs Les murs des constructions zribiennes sont dénudés par l’usure du temps pour dévoiler une technicité d’appareillage de pierres. Les villageois ont utilisé un système de consolidation pour éviter les coups de sabres en plaçant des lits de pierres plates intercalées entre deux rangées de pierres brutes. Les liants et la peinture bleue « nila » sont fabriqués à base des pierres de chaux et de gypse ramassées d’oued el Hammam. Pierre Pierre plate Liant et pierres de ramassage

Enduit

Roche figure 39 : Composition du mur. Source : auteur

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La disparition à Zriba Olya

3-2-2 : les toitures Les toitures effondrées ont laissé le système constructif des voutes apparent. Le principe est de réaliser une voûte en briques creuses qui sert de coffrage pour une voûte en pierres de ramassages sélectionnées à bout.

Enduit Voûte en pierres de ramassage Liant Voûte en briques creuses

figure 40 : Système de construction d’une voûte. Source : auteur

La maitrise et le développement de la technique a permis plusieurs possibilités de manipulation de la pierre : on retrouve des toitures à voûtes simples, des voûtes d’arrêtes, des voûtes croisées d’ogives et des coupoles.Cette richesse de formes a procuré comme résultat une sculpture jaillissante entre les montagnes.

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La disparition à Zriba Olya 3-2-3 : les détails architectoniques Malgré son état dégradé, un certain souci de détails est encore visible au niveau de l’appareillage des arcs, le traitement des portes et leurs ornementations.

- Appareillage des arcs : Par la modification de la disposition des pierres et selon leurs tailles, les zribiens ont pu réaliser des arcs pour les ouvertures.

figure 41 : Appareillage des arcs. Source : auteur

- Linteau des ouvertures :

Tronc d’arbre figure 42 : Coffrage des linteaux en tronc d’arbre. Source : auteur

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La disparition à Zriba Olya - Traitement des portes : Les configurations de traitement des portes d’entrée des maisons zribiennes révèlent une certaine recherche au niveau des détails architectoniques.

figure 43 : les diffèrents traitements des portes. Souce : auteur

- Motifs décoratifs : Des motifs décoratifs gravés sur les cadres en pierres taillées des portes sont encore là pour exprimer le soin apporté vers ce village et le partage des significations de ces symboles entre les zribiens.

figure 44 : photos montrant les motifs décoratifs des portes des chambres

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Chapitre II Les ruines de Zriba Olya : Un paraitre de la disparition «La ruine fait signe vers le retour et elle rend imaginable le retour vers l’origine par une disparition» Joseph Nasr

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

1- Zriba Olya : Ruines dans le paysage ou un paysage de ruines 1-1 : La ruine comme texture de Zriba Olya : Tout est en pierre. Les zribiens ont fait de la nature leur source pour extraire les matières premières pour édifier leur village. Suite à l’abandon de Zriba Olya, la nature a pris le dessus. Elle a fait de l’œuvre des zribiens une matière pour créer ces ruines. George Simmel12 dit que La nature a fait de l’œuvre d’art le matériau de sa création. La Zriba Olya acquiert une nouvelle texture qui est la ruine. Ces pierres soigneusement posées sont dans un état de perte d’énergie : un état de dégradation. Par ailleurs, ce qui forme la caractéristique de ce paysage en ruine n’est autre que l’entropie. A l’origine, la notion de l’entropie est développée dans la thermodynamique sous forme d’une lois qui considère l’entropie comme une force ou une énergie qui se disperse dans l’univers pour diriger le monde matériel vers le chaos. Cette notion est rendue répandue dans l’art par l’artiste Robert Smithson13 qui disait : « à la fin des fins l’univers en entier se consumera pour devenir qu’une seule et même uniformité »14. En quelque sorte, elle mène à un point d’équilibre où rien ne manque et rien n’est en excès.

figure 45 : Le paysage en ruine de Zriba Olya. Source : auteur

12 George Simmel (1858-1918) : Un philosophe et sociologue allemand. 13 Robert Smithson (1938-1973) : Un artiste de Land Art 14 Smithson R. (1966), L’entropie et les nouveaux monuments, p 21.

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

1-2 : Lecture du rapport entre les ruines et le paysage : La ruine ne peut pas être dissociée du son lieu. Par son ancrage, elle fait naitre l’impression qu’elle jaillit du lieu, qu’elle est née du ventre de la nature.

dissolution symbiose

Le cadre naturel et paysager

La ruine

Le paysage de Zriba Olya = La nature + les ruines

figure 46 : Le rapport entre la ruine et son milieu. Source : auteur

« Ce qui dirige l’édifice vers le bas est la volonté humaine, ce qui lui donne son aspect actuel est la force naturelle mécanique qui tire vers le bas, ronge et démolit. Pourtant, cette force ne laisse pas sombrer l’édifice dans l’absence totale de forme qui serait celle d’un simple matériau, du moins aussi longtemps que l’on parle encore de ruines et pas d’un tas de pierres ; une nouvelle forme nait qui, du point de vue de la nature, est totalement emplie de sens, intelligible, différenciée. La nature a fait de l’œuvre d’art le matériau de sa création, comme auparavant l’art s’était approprié la nature comme matière première. »15

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition L’attrait du paysage de Zriba Olya réside dans le fait que les éléments de la nature et les ruines du village sont deux composantes indissociables. Le paysage est bien une représentation de ce qu’on voit, de ce qu’on observe. Sa lecture alors se fait à travers la perception c’est-à-dire que chaque observateur possède une représentation et une lecture du paysage propre à lui. Le rapport au paysage de Zriba Olya, est construit à différentes échelles : - A une grande échelle où c’est jbel el Fersi et jbel el Gualaa qui façonnent le paysage et les ruines du village représentent une composante qui se trouve dans ce dernier.

À grande échelle : Jbel ElGualaa et jbel ElFersi façonnent le lieu

- A une petite échelle où c’est les ruines du village qui forment le paysage lui-même : Le paysage de ruines.

À petite échelle : le résultat du labeur humain (objet d’observation) façonne le paysage figure 47 : Définition personnelle du rapport : À une grande échelle et à une petite échelle. Source : auteur

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

2- A la recherche de la substantialité des ruines de Zriba Olya 2-1 : La ruine comme lieu d’expérience « Nous avons le pouvoir inné de nous rappeler et d’imaginer des lieux. Perception, mémoire et imagination sont en interaction constante ; le domaine de la présence se fond dans les images de la mémoire et de l’imagination. »16 Celui qui contemple la ruine interagit avec le lieu à fin de libérer sa perception. C’est pour cela la ruine est différente de l’espace architecturé et ordonné. Cette ruine résulte de la prise de possession des éléments tels que l’usure du temps et les forces de la nature sur l’architecture du village de Zriba Olya pour qu’elle devienne à la fin un lieu d’expérience. Zriba olya expose le visiteur à sa mémoire, son oubli, son passé, son présent, son silence, ses cris … Elle lui permet de faire l’expérience de son corps vide, délabré et épuisé.

2-1-1 : Matière et fragmentation : lieu à imaginer : La ruine fascine, suscite une curiosité et une attirance. Elle subsiste entre deux mondes : le monde imaginaire et le monde réel. C’est le premier qui a suscité chez moi un intérêt particulier puisque la ruine me fait voyager dans un imaginaire, dans une symbolique liée à quelque chose d’abstrait et d’insaisissable. Le potentiel imaginatif, que la ruine génère, avive l’intérêt que l’on porte au village de Zriba Olya : ses ruines engagent le spectateur dans un lieu fertile d’imaginaires, de mémoires et d’évènements.

figure 48 : La fragmentation. Source : auteur 16 Pallasma J. (2010), Le regard des sens, p 77

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition La ruine constitue une source d’opposition par son existence entre deux mondes : son monde imaginaire et fictionnel et son monde réel. Le premier reflète son état complet du passé et le deuxième constitue son état fragmenté du présent. Les ruines sont considérées comme des « espaces autres, les hétérotopies ». C’est un concept du philosophe Michel Foucault qui m’a aidé de murir ma réflexion sur le phénomène de la ruine. Ceux sont des lieux hors de tous lieux : des images fabriquées par le travail mental. Dans ce concept j’ai trouvé un écho de la ruine et de ses aspects. Foucault, déclare que les hétérotopies s’accordent à un découpage du temps différent de celui de la vie ordinaire c’est-à-dire que le temps n’est plus celui qui s’écoule de la montre. Il prend l’exemple des bibliothèques et des musées où il y’a une accumulation du temps voir une sédimentation temporelle. Pareil pour la ruine, devant cette dernière, le temps n’est plus linéaire. Celui qui la contemple construit, dans sa tête, une sorte de pont temporel où il va faire des va-et-vient. Ce qui nous permet de dire que la ruine fait rejoindre le passé et le futur. D’ici, nait la relation entre la fragmentation ; un concept crée des figures qui font émerger la césure, la discontinuité et la mise en valeurs de l’invisible ; et le monde fictionnel imaginal de la ruine. Devant elle, on l’imagine toute jeune, dans son bon état, plein de vie et plein d’énergie. C’est le caractère d’anticipation imaginaire de la ruine. « La discontinuité du fragment renvoie au virtuel qui, pour l’observateur, renvoie à l’imaginaire »17

figure 49 : Le lieu imaginé par la fragmentation. Source : auteur

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition A présent, la ruine existe sous forme de morceaux, de fragments d’architecture. Elle confirme par son état fragmenté le temps passé. Elle est ce qui reste : une partie restante d’un tout disparu. En revanche, elle suggère et montre subtilement la partie manquante à la fois. C’est d’ici que la ruine exerce sa magie sur celui qui la contemple : On rattache mentalement le visible à l’invisible, ce qui est présent à ce qui est absent, la matière et le vide, la discontinuité à la continuité et l’inachevé au complet. « Lorsque nous joignions la forme et l’informe, la solution qui en découle est une forme qui schématise une idée »18 Notre imaginaire tend à restituer le lieu et à chercher son état originel. Autrement dit, la ruine en tant qu’une œuvre dégradée par les forces naturelles ou humaines, elle fait travailler la mémoire et l’esprit pour offrir la possibilité de la compléter et «maintenir ouvert le champ des possibles » 19

figure 50 : Etat complèt imaginé. Source : auteur

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

2-1-2 : Les ruines de Zriba Olya : Une expression du sublime : Le rapport de la ruine et l’espace architecturé à la beauté est différent : le premier attire par son équilibre et son état achevé tandis que la ruine séduit et charme le contemplateur. Elle le fait plonger dans un étonnement profond, un état de stupéfaction. Il admire ses couleurs, ses compositions fragmentées, ses lignes courbées, sa discontinuité… Il est fasciné par sa beauté imparfaite. La fragmentation et la destruction éveillent dans le visiteur une dimension spirituelle. Sophie Lacroix20 pense que l’esthétique des ruines s’apparente plus à l’esthétique du sublime qu’à celui du beau. Pour Kant, « le sublime authentiques ne peut être contenu en aucune forme sensible ; il ne concerne que les idées de la raison. » (1965). « La poétique des ruines rencontre le thème du chaos : quelque chose se désorganise, se rompt, qui produit une séparation des éléments initialement liés, voire même une destruction de l’ensemble. Envisager cet acte de séparation, de destruction, réoriente le sentiment éprouvé par le sujet contemplateur : les ruines ne produisent pas un effet d’harmonie, de satisfaction, comme dans le cas d’un objet ‘’beau’’, mais le sentiment de l’abime auquel le sujet se sent exposé.»21 La ruine fait, donc, éveiller des émotions insoupçonnées chez son contemplateur. Ces émotions et cette sensation d’émerveillement sont générées par l’aspect sublime de la ruine. « Ce mode d’être (la ruine) est ce que les hommes de cette époque ont pressenti, qui les a troublés au point d’être passionnés par les ruines, de les vénérer, non plus seulement à la manière de la Renaissance, c’est-à-dire comme les emblèmes d’un passé glorieux, mais pour elles-mêmes, pour ce mode propre qui est le leur, celui de l’incertitude, du renvoi et de l’inachèvement. »22

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition La vie prend forme dans les ruines: la végétation est la matérialisation de la vie dans ce village. Elle est présente et occupe le lieu comme une principale habitante. Elle alimente le village, elle aide ses ruines à survivre. Entre les fissures et les lézardes, les déchirures, les blessures gravés sur les murs, pousse l’espoir de la vie. Rien ne peut vivre, résister et combattre pour exister dans ce monde sans l’espoir. Ces plantes sont là pour la guérir, soulager ses peines. Elles soignent les ruines.

figure 51 : La végétation habite le village de Zriba Olya : source: auteur

«Jamais, on n’a pu concevoir la ruine isolée de son cadre. L’une fait corps avec l’autre. Si la ruine confère une noblesse au paysage, celuici en la baignant de sa lumière, en la mêlant aux jeux de ses verdures, lui prête une vie et une âme. Elle n’est plus un accessoire, une chose morte, elle est un centre vivant et signifiant de tout un morceau de nature. »23

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraĂŽtre de la disparition

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

2-1-3 : Le silence entendu à Zriba Olya :

figure 52 : Le silence des ruines. Source : auteur

Le silence surprend le visiteur de ce village abandonné potentiellement en ruine : comme s’il l’entoure dans une sphère invisible et fragile. Il vit ce mystérieux silence et encore il peut le sentir dés sa rencontre avec Zriba Olya. Ce silence est ambivalent. Il se manifeste de deux manières opposées. Ce silence est, à la fois, un silence serein et criard. D’une part, la tranquillité du lieu, son éloignement du notre quotidien et son évidement ont créé un espace silencieux, tranquille et paisible. D’autre part, ce silence s’avère senti et entendu. Joseph Nasr mentionne dans son ouvrage ‘Le rien en architecture, l’architecture du rien’ que le silence des ruines « s’écoutent et s’entendent, ils sont des cris d’être. »

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

( la ruine ) « Son silence est un espace silencieux qui révèle l’ombre de la mémoire, le repli, le dialogue de l’âme, le destin de l’homme. Ce silence est conjointement un silence criard à l’opposé du silence serein »24 Le bruit du silence procurer par les ruines n’est autre que l’emergence de la mémoire du lieu. Donc, son silence n’est pas un silence : il est une source de cris. La ruine nous parle à travers le silence qu’elle crée. Elle communique à celui qui l’expérimente la mémoire engrammée en elle. Son silence raconte son histoire, son passé, l’identité d’un peuple qui n’est plus. Comme ce silence est profond ! Inexplicablement, cette atmosphère nous laisse s’interroger sur le futur et sur l’avenir de ce lieu délaissé.

24 NASR Josef. (2011), Le rien en architecture, l’architecture du rien, p 137

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

2-2 : Les ruines de Zriba Olya : Une phénoménalité du Rien

Puisque l’architecture et la philosophie sont deux domaines partenaires, j’ai cherché le point de vue philosophique de la ruine. Elle s’avère qu’elle peut être vue comme un ‘’Rien’’ : ce terme est utilisé par l’architecte et le philosophe Joseph Nasr.

2-2-1 : Le concept «Rien» : « Le mot « rien » a la même étymologie que « réel » et « réalité ». Ce n’est pas un hasard si « rien » est en rapport direct avec « réel ». Rien et réel sont donc une tautologie dans les termes. C’est-à-dire que dans le « rien » il y’a le potentiel de l’existence. » C’est avec mes lectures des textes de Joseph Nasr que j’ai découvert que le mot « rien » signifie deux idées contraires : ce même mot exprime l’aucune chose et la quelque chose à la fois. Moi, qui l’a toujours confondu avec le néant. Il dit que : « C’est là toute l’ambiguïté ou la richesse du mot. »

figure 53 : Le concept du Rien. Source : auteur

Le « Rien » est à la fois être et ne pas être, entre existence et la non-existence de la chose. Il est la présence et l’absence. Cet interstice du « Rien » est l’intérêt du concept « Rien ». Le «Rien» est «entre étant et non-étant».

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

2-2-2 : La ruine est un «Rien» : «La substantialité et la phénoménalité du Rien lui confèrent le potentiel de l’existence d’un concept constructif. Son but est de faire exister la nonexistence : «immatérialisation» du réel, du visible et «matérialisation» de la transparence, de l’invisible. Dans ce Rien, l’homme atteint le paroxysme de l’»esthétisation de la destruction» et de l’»esthétisation de la souffrance». La destruction est un «Rien» : elle fait disparaître pour faire «apparaître la disparition». La ruine, qu’elle soit humaine ou architecturale est un «Rien» : sa présence révèle l’absence. La destruction de la ruine est un «Rien» (détruire la destruction par la destruction) : son absence permet la présence.»

figure 54 : La ruine et le Rien. Source : auteur

Le vide, le néant, l’absence, le rien… sont des sujets qui catalysent notre esprit, notre imaginaire. Il existe entre ces termes, qui apparaissent au début signifiant la même chose, un certain décalage. Les architectes sont soucieux de ces différences de perception. La ruine, alors, est un équilibre instable : elle représente une plénitude de contradiction. Elle induit tant de choses paradoxales à la fois. C’est pourquoi qu’on trouve l’écho de la ruine dans le concept du rien. Elle rend visible l’invisible, touchable l’intouchable et représentable le non-représentable. Il affirme qu’en « architecture, penser une existence qui soit en même temps une inexistence (c’est-à-dire une inexistence omniprésente au cours de la destruction), ne constitue pas une contradiction, mais la qualité même du Rien. »25

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

3- L’essence des ruines de Zriba Olya 3-1 : L’esthétique de la destruction à Zriba Olya Au début, le terme annoncé par Joseph Nasr qui est l’esthétique de la destruction m’a semblé proche de l’oxymore. « Nous évoquons ‘’l’esthétisation de la destruction’’. “Esthétisée’’, parce qu’elle a transformé sa nature et s’est métamorphosée en un phénomène initialement non esthétique. »26 De la destruction, qui est à l’origine de l’état ruiné de Zriba Olya, resurgit une esthétique de l’imparfait. Elle a fait de ses murs, ses toitures, ses fenêtres, ces protes … des objets qui émerveillent. Ces éléments acquièrent un nouveau aspect diffèrent de celui avec lequel ils sont mis en place lors de leur construction. Je les trouve étrangement plus beaux ! Le phénomène de la destruction a donné des valeurs que les constructions initiales de Zriba Olya ne possédaient pas : ses villageois l’ont façonné comme ils ont souhaité en l’adaptant à leurs besoins et à leur mode de vie mais c’est depuis qu’ils l’ont quitté, la destruction a effectué ses transformations. La matière est devenue libre de se modifier à sa guise : Elle se rapproche de plus en plus vers un état plus naturel et encore plus harmonieux qu’il était initialement. La matière, à travers cette dégradation, dévoile son essence et sa richesse : une altération qui ne laisse que l’essentiel. Les peintures s’écaillent, l’ensemble est fissuré, la pierre qui s’est devenue friable, les aspérités qui se créent... autant de traces, de belles traces, des traces qui ont la capacité de ne pas laisser insensible celui qui les contemplent. C’est alors une beauté qui est née de la dégradation de la matière. C’est elle qui donne aux ruines leur authenticité : Les traces qu’elle laisse gravées sur les constructions zribiennes ne peuvent pas être produites ou imitées. Des traces et des compositions qu’on ne retrouve jamais ailleurs.

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26 NASR Josef. (2011), Le rien en architecture, l’architecture du rien, p 186


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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

3-2 : L’esthétique des ruines de Zriba Olya « Ces ruines deviennent en même temps la pensée d’une existence et d’une inexistence, d’un être et d’un disparaitre. L’homme dans le vide de soimême vivrait dans la contemplation, en méditant sur la beauté et sur la mort. Celle-ci lui rappelle son éphémère, sa propre mémoire et celle de son univers. Je parle de l’esthétique des ruines. »27 3-2-1 : Rappel de l’éphémère : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » L’effet des compositions créées par les vestiges nous laisse dans une douce mélancolie. Nous attachons nos regards sur les débris des maisons, les murs écroulés, les toitures délabrées, les escaliers en pierres cassés… Devant ces ruines, on se trouve dans le vide de soi-même. On contemple sa beauté en méditant sur la mort.

« Je marche entre deux éternités. De quelques part que je jette les yeux ; les objets qui m’entourent m’annoncent une fin ; et me résigne à celle qui m’attend. Qu’est-ce que mon existence est éphémère, en comparaison de celle de ce rocher qui s’affaisse, de ce vallon qui se creuse, de cette forêt qui chancelle, de ces masses qui s’ébranlent ? Je vois le marbre des tombeaux qui tombe en poussière et je ne veux pas mourir »28 Les ruines de Zriba Olya se révèlent comme un support de méditation et de réflexion. Elles rappellent que tout est passager en ce monde : Ce village berbère était autrefois plein de vie, de vécu, de scènes, d’activités, d’évènements… a perdu son énergie progressivement au cours du temps. Le vent de la destruction qui souffle sur Zriba Olya exprime l’idée de l’impermanence et du caractère évanescent et non éternel des choses. Ce mouvement de chute, crée par la nature, tire le village vers le bas en contradiction avec la force montante des constructions.Cette chute est aussi bien matérielle que morale.

27 NASR Josef. (2011), Le rien en architecture, l’architecture du rien, p 194

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Les ruines de Zriba Olya : Un paraître de la disparition

3-2-2 : Rappel de la mémoire : Selon Walter Benjamin29 dans son ouvrage « Histoire, mémoire et oubli », la mémoire s’accorde à la matière et à la trace ce qui nous permet de considérer que les ruines, ce tas de pierres, un cri de la mémoire. Ces traces activent la mémoire. En confrontant ces vestiges du passé, chacun se retrouve devant lui-même et construit son rapport à l’histoire en puisant dans ses connaissances et sa culture. La ruine nous transporte dans un autre temps, une autre époque, une autre vie. Voir un bâti délaisséet délabré peut faire naître des émotions insoupçonnées.

figure 55 : Relation entre la ruine et la mémoire. Source : auteur

L’expérience des ruines de Zriba Olya raconte une histoire qui a duré pendant des siècles. On devait être reconnaissant envers ces restes du passé : sans elles il n’aura pas de traces de ceux qui l’ont habité. Elles nous transmettent leur mode de vie, leurs pratiques, leur savoir-faire et leur ingéniosité d’adapter l’espace à leurs besoins tout en respectant l’esprit du lieu. Ces ruines ont délivré au présent les évènements de jadis passés dans ses rues, dans ses placettes, sa mosquée, son mausolée, sa maderssa, ses cafés, ses commerces, ses maisons et même dans ses petites chambres. Ces ruines font émerger les cris de la mémoire. Les ruines de Zriba Olya sont potentiellement des lieux habités. Elles sont à elles seules des traces. C’est les traces du temps, mais aussi les traces d’une vie : elles sont sources et souvenirs.

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Chapitre III Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

« Il s’agit de passer […] à des images invécues, à des images que la vie ne prépare pas et que le poète [ou architecte] crée. Il s’agit de vivre l’invécu et de s’ouvrir à une ouverture de langage. » G. BACHELARD

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

1 : Nouvelle vie de la ruine La conservation, la consolidation, la restauration, la réhabilitation, la rénovation ou bien la reconversion sont tous des termes qui correspondent à l’idée de « Renaissance» d’un bâti ancien. Il semble, alors, nécessaire de différencier ces divers stratégies ou typologies d’intervention sur l’existant.

Intervention sur l'existant

bâti existent figure 56 : Intervention sur l'existant. Source : auteur

* La conservation :Il s’agit d’éviter la poursuite de la dégradation du bâtiment par le recours à des interventions généralement provisoires en attente d’une intervention de restauration.

* La consolidation :

Cette opération consiste à renforcer et stabiliser le système

structurel d’un bâtiment par le recours à des éléments nouveaux.

* La restauration : Cette opération vise de sauvegarder le bâtiment et sa perpétuation dans le temps. La définition de cet intervention sur l’existant semble être délicate car il existe un panorama de théories allant de restaurer jusqu’à anti-restaurer.

* La réhabilitation :

Elle consiste à rénover sans le besoin de détruire. Ainsi, le

caractère architectural du bâtiment est conservé : l’espace est restructuré, réaménagé en préservant l’aspect extérieur.

* La rénovation : Elle a pour but de fournie une nouvelle âme au bâtiment à travers des techniques moderne et actuelles. Souvent, la rénovation correspond à une construction neuve après la démolition totale ou partielle du bâtiment : il s’agit de le remettre à neuf.

* La reconversion : C’est le choix de réutiliser un bâti. L’injection d’une nouvelle fonction est considérée comme une manière de perpétuer l’existance du bâtiment. Cette intervention tend, alors, à le réintroduire dans son contexte et de maintenir son occupation.

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

«Consistant à réintroduire un monument désaffecté dans le circuit des usages vivants, à l’arracher à un destin muséal, le réemploi est sans doute la forme la plus paradoxale, audacieuse et difficile de la mise en valeur patrimoniale.»30 Le choix de réutiliser l’ancien est une tentative de réemploi mais qui consiste à fournie à l’existant du sens dans son présent tout en préservant son passée et son histoire. Grâce à cette pratique, l’ancien ne correspond plus à un décor dans son milieu et ne subit pas une muséification qui diminue son importance dans le quotidien de la vie humaine. Ces attitudes diverses envers ce qui existe peuvent redonner une deuxième vie ou bien son anéantissement total. Par rapport à l’intervention sur un bâtiment en ruine, cette opération semble être un sujet délicat. La contrainte ou le défi correspond à ne pas effacer le temps de la ruine, autrement dit, le geste architecturale ne doit pas détruire l’expérience de la ruine. A mon sens, il ne faut pas que le spectateur de la ruine soit moins réceptif après l’intervention sur ces fragments. Ce qui est à préserver lors de l’intervention est essentiellement l’essence de la ruine et ses effets sur celui qui la contemple.

figure 57 : Actualisation de la ruine. Source : auteur

Réhabiter les traces du passé ? Rendre habitable l’inhabitable ? Le questionnement sur l’habitabilité des ruines et le choix de la réutilisation permet de les introduire dans un nouveau cycle de vie, de faire partie de notre quotidien. Il s’agit, donc, de les éveiller.

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine La mission de l’architecte, alors, est de fournir un nouveau souffle à la ruine qui s’apprête à un lieu en attente d’être activé, actualisé. Vouloir l’activer est porteur des oppositions conceptuelles fortes : il s’agit de bâtir sans détruire la destruction c’est-à-dire sans ruiner l’effet qu’exerce la ruine, par son état chaotique, sur son spectateur. Il ne s’agit pas de reproduire ou de reconstruire l’état originel et complet celui du passé. C’est bien plus que ça. Il s’agit de mettre en valeur l’existant (la ruine) par le geste contemporain. La Section française de l’Icomos (1986) a tenté de classer les attitudes des architectes, selon le degré de respect du bâtiment original.

Attitudes

Niveau de respect du bâtiment existant

Opposition des styles

Affirmation du neuf par rapport à l'ancien. On ne peut avoir de doute dans l'interprétation du monument.

Recherche de complèmentarité

Partir de l'existant pour créer du neuf, la source de l'imagination est l'espace existant et ses caractéristiques, impliquant ainsi une corrélation, une contextualisation. Solution architecturale qui assure à la fois un complément et un contraste.

Célébration du lieu

Consiste à identifier le "genius loci" d'un lieu et à adapter les nouvelles fonctions aux structures existantes, dans un esprit qui respecte et valorise.

Reconstitution historique

Le respect intégral de l'esthétique ancienne d'un édifice, le choix des couleurs et des matériaux des équipements sont assujettis.

Tableau 1 Attitude des architectes selon leur niveau de respect de l’existant selon la Section française de l’Icomos (1986). Source : Laferrière (2007)

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

2- Esthétisation de la destruction : Suite au chapitre 2 et sur le même fil conducteur du mémoire, on peut dire que la ruine se manifeste selon ses 3 aspects : imaginal, temporel et matériel. La ruine se manifeste, alors, par la matérialité (morceaux et fragments d’architecture), par la présentation ( du temps, de l’éphémère et de la fragilité) et par la représentation (ruine anticipée, espace fictonnel, inventé).

= aspect éphémère

= aspect fragmenté

= aspect imaginal anticipé

figure 58: La manifestation de la ruine : source : auteur

La ruine peut être une source d’inspiration et un élément fard dans une conception architecturale. Les restes, les fragments et l’état incomplet de la ruine font naitre l’idée directrice du geste architecturale. Diderot déclare que « L’esquisse ne nous attache peutêtre si fort que parce qu’étant indéterminée, elle laisse plus de liberté à notre imagination qui y voit tout ce qui lui plaît »31 A travers des projets concrets, où la ruine est considérée comme source d’inspiration pour l’architecte, on décélera les différentes manières de réfléchir et d’aborder le phénomène de la ruine selon ses trois concepts : ruine matérielle, ruine anticipée et ruine temporelle.

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

2-1 : Ruine anticipée : Le projet Vigario House est une villa conçue par les architects AND-RE en 2007. Ce projet se trouve à Paredes en Portugal et couvre une surface bâtie de 450 m². « du

Le

projet

contexte

est

l’aboutissement

privilégié

des

ruines

existantes. » Les murs existants inspirent grandement les lignes directrices de l’architecte. A travers sa nouvelle écriture architecturale, il prépare le regard à voir dans la ruine. Il interprète ce que la ruine ne donne pas à voir. L’image fragmentée de la ruine renvoie au virtuel et à l’imaginaire. L’architecte

fait

émerger

un

Plan RDC

espace

imaginé par la reconstitution du vide laissée par la ruine. C’est le vide de la ruine qui est construit. Plan étage 1

72

6969


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Photos de l'état des lieux Le nouveau récit architectural remplit l’espace interstitiel existant par le biais du nouvel organisme qui s’adapte aux vieux murs des ruines. Les ruines constituent, alors, l’élément principal qui dicte la conception de l’architecte. Son intervention est un nouveau corps qui reflète l’aspect imaginal de la ruine et une interprétation de faire apparaitre le paraitre de la disparition. Le vide de la ruine se remplit par un volume silencieux et neutre laissant parler l’existant. Le nouveau volume correspond à un fond lisse et droit contrastant aux surfaces rigoureuses des murs anciens en pierre et aux lignes courbées de la forme fragmentée des ruines.

Emergence du projet : Le vide poché

70


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine Les perspectives et les cadrages de vue établissent un dialogue entre la nouvelle peau et la ruine et l’espace extérieur devient une extension de l’intérieur.

Photos depuis l'extérieur montrant l'émergence du nouvel organisme et son contraste avec l'existant

La pureté de l’intérieur procure un effet de surprise à travers le contraste des surfaces lisses et blanches avec un mur en pierre ou une ornementation existante laissés apparents.

La ruine est laissée apparente dans l'espace intérieur

figure 59 : Documents graphiques et photos depuis http://and-re.pt

7171


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Il s’agit d’un studio réservé pour les musiciens d’un campus de musique en Angleterre. Ce studio est conçu par Haworth Tompkin en 2009. Cette rénovation s’appuie sur l’atmosphère industrielle

d’origine

pour

rappeler

l’image des fragments disparus. La ruine est un fragment d’architecture Ruine existante

qui suggère un état de présence et d’une absence. Elle est une intersection entre le visible et l’invisible. L’invisible rend l’imagination fertile par son mis en valeur à travers la fragmentation. L’architecte prépare mûrement cette idée

avec

la

ruine.

Le

nouveau

volume est " niché dans l'enveloppe du bâtiment abandonné" pour affirmer d'avantage l'idée de la disparition et l'espace imaginé de la ruine. Il restitue, alors, le lieu : il réinvente la ruine, interprète sa composition et la projette dans une image entièrement neuve. La boite dans la ruine

C’est une sorte de régénérescence de l’architecture comme dit Simonet (1997). La nouvelle boite complète l’image suggérée par la ruine existante. « Le résultat est un bâtiment qui évoque la fantôme de la structure d’origine ».

figure 60 : Photos depuis www.Archdaily.com

72


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

2-2 : Ruine temporelle : Par rapport à l’aspect éphémère présenté par la ruine, on se demande sur la manière de l’aborder. Comment réfléchir l’idée de l’éphémère de la ruine ? Comment intervenir sans ruiner ce qu’elle présente ? Comment habiter la fragilité de la ruine ? Il s'agit d'un hôtel de charme Hacienda Niop en Mexique. Ce projet est conçu par AS arquitectura + R79 en 2001.

N

Plan de l'état de l'origine

Le lieu représente un ensemble de bâtiments abandonnés qui servaient autrefois à l’élevage du bétail et à la fabrication des textiles. Ce groupe des architectes s’est inspiré de l’existant pour redonner une nouvelle vie à ces ruines délaissées en injectant un nouveau programme : un hôtel de charme accompagné de fonctions annexes.

N

Plan de l'intervention

7373


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

« L’idée du projet consiste en une série d’interventions subtiles qui mettent le préexistant et l’architecture rajoutée en diapason »

Suite nuptiale Bar

Entrée

Chambres

Coupe longitidunale

Plateforme

Chapelle

La plateforme offre une promenade autour de l’existant

L’architecte a mis en valeurs l’expérience de la disparition par le biais d’un parcours tracé par une plateforme commune en béton qui se dresse comme un grand tapis en pierre naturelle. Elle assure la liaison de l’ensemble des bâtiments existants : La chapelle, la suite nuptiale, les chambres, le bar… en créant une mise en scène de la ruine.

74 74


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

La mise en scène de la circulation avec des dispositifs légers, flottants et éphémères met le point sur l’idée de l’impermanence et du caractère évanescent et non éternel des choses ce qui est le caractère présentatif de la ruine.

Une structure qui renvoie à la fragilité composée d’une grille en acier légère sur laquelle des bambous sont posées accentue la circulation

et souligne

les traits et les formes de l'enveloppe ancienne. Ella reflète une symbiose entre l’idée de l’éphémère de la ruine et de l’intervention de l’homme.

7575


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Habiter l'éxpèriencce de la perte, de la dégradation et des signes de la disparition Celui qui expérimente le lieu attache son regard sur la dégradation de la matière omniprésente dans l’espace. Son attention est dirigée vers les signes de la destruction et du caractère éphémère des choses. L’architecte surprend le visiteur par l’habitabilité de ce qui est délabré. Il l’invite à vivre l’essence de la ruine par la création d’une atmosphère émouvante de mise en scène. L’ambiguïté est forte : les traces de la dégradation gravées sur les murs existants, la végétation qui habite les fissures sur les surfaces sont tous mis en service pour dévoiler l’essence et la richesse de l’espace en ruine. Ces traces ajoutent une valeur d’authenticité à l’œuvre architecturale car elles ne peuvent pas être produites ou imitées. Elles sont le labeur du temps, on ne les retrouve jamais ailleurs. Le spectateur vit, alors, la douce mélancolie de la ruine. C'est le ''doux réveil des ruines".

76

76

figure 61 : Documents graphiques et photos depuis http://www.asarquitectura.com


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

2-3 : Ruine matérielle :

Ce projet, conçu par JLCG Arquitectos en 2010, est destiné de protéger le site archéologique Praça Nova à Lisbonne et de créer un espace muséal qui expose les ruines. Le concepteur a abordé la ruine, à travers son intervention sur du site archéologique de Praca Nova, par sa matérialité. L'implantation sur

les traces

restantes des deux habitations fouillées est dans le but de bâtir une expérience spatiale sous la forme d'une série de pièces indépendantes articulées autour d'un patio.

7777


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Flottement de la nouvelle construction au-dessus des restes de l'ancien

Une promenade autour des fragments et des morceaux du passé

Le projet fait précisément office des ruine à visiter, à rencontrer. La création de l’édifice à partir des fragments de la ruine a mis le point sur le caractère fragmenté de la ruine : Les morceaux fragmentés deviennent la matière du nouveau bâti. Une sorte de tentative de restituer le temps du passé au présent. Ses nouveaux murs blancs flottent au-dessus des fondations apparentes des murs d’origine créant une fente de vide qui met en valeurs la fragmentation de la matière. On peut parler, alors, d'une ésthétisation ou une ésthétique de la fragmentation.

78 78


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

l'espace intérieur est un vécu de l’expérience de la ruine

Le vécu de l’espace hybride formés d’éléments de nature, d’histoire et d’époques différentes met en évidence l’absence des limites primitives et expose leurs traces. L’ambiance créée est légère, fragile et fragmentée. Des espaces de contemplation des fragments de murs restants sont offerts pour faire vivre l’entropie du site au visiteur et de le faire plonger dans l’expérience de l’image fragmentée de la ruine. La ruine est une actrice et le spectateur est son visiteur.

figure 62 : Documents graphiques et photos depuis wwwArchdailycom

7979


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine Le Devecote est un vieux pigeonnier rénové par le groupe d’architectes AZO Sequeira en 2015. Ce projet se situe dans une cour d’une maison à Soutelo en Portugal. Il abrite une maison de jeux pour les enfants et un espace qui dessert la piscine. La distinction entre l’existant et le nouveau est marquée par le changement de matériaux, de textures et de couleurs.

Plan RDC

80

Plan étage 1


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

volume de béton à pignons

Fente de vide

Le nouveau geste architectural resprésente une réinterprétation de l’ancien : une cabane en béton qui flotte au-dessus des murs en pierres existants. L’idée du flottement est assurée par le biais d’une fente de vide qui dissocie le nouveau et l’ancien. Il s’agit alors d’une sorte de recherche de complémentarité en partant de l’aspect fragmentaire de l’existant pour créer un espace nouveau. Cette réponse architecturale est à la fois un complément et un contraste.

Discontinuité de la matière

Discontinuité des marches de l'escalier

Fente de vide

figure 63 : Documents graphiques et photos depuis https://www.azoarq.com

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Liaison des fragments / création d'un joint spatial pour exposer les ruines

Le vide de la ruine

Le vide construit / conçu

Un écart, un vide, une fente créent la discontinuité de la matière et renforcent l'aspect frangmentaire de la ruine

82


Promenade autour des fragments

Exposer les ruines

Lieu amnésis La ruine décor : Un objet à contempler

La boite dans la ruine

Action

d'anamésie

Affirmer la disparition / Evoquer l'image ancienne

Le nouveau flotte au-dessus de l'ancien

Le nouveau

Lieu mnésique

d'un lieu amnésis vers un lieu mnésique

Fente du vide L’existant 83


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

3- Emergence du projet 3-1 : Injection d’un nouveau programme à Zriba Olya Ce que je projette tend vers une intention qui propose une mise en scène des ruines et de les rendre habitables. Il s’agit, alors, d’établir un dialogue architectural avec les ruines de Zriba Olya. Le programme injecté est établi à l’échelle du site et à l’échelle de l’existant à fin de développer un nouveau vocabulaire et d’établir une continuité qui préserve l’esprit de la ruine. La partie du quartier Est du village va accueillir un programme d’un quartier d’hotes composé de :

• Unité d’accueil et services : Cette partie du projet représente le point de départ du parcours. Elle contient un accueil informatif, un restaurant valorisant l’art culinaire du territoire avec la possibilité d’assister à la préparation à fin d’engager les hôtes dans le cadre de vie.

• Unité d’activités : Ce quartier d’hôtes met à la disposition des hôtes l’occasion de pratiquer des activités qui reflètent les pratiques zribiennes de jadis et qui met en valeur la richesse naturelle du lieu. Cette unité proposera des activités in situ : des ateliers de démonstration et d’interprétation d’un certain savoir-faire zribien tel que le tissage et la préparation des huiles essentielles. Aussi, elle proposera des nouvelles activités telle que l’organisation des randonnées, des escalades, des événements de tyrolienne…

• Unité d’hébergement : Il s’agit de l’espace intime du quartier : des chambres d’hôtes privées.

• Espace extérieur : L’extérieur sera une extension de l’espace intérieur. Il représente un lieu de rassemblement ou de détente pour contempler le paysage inédit du lieu. Il peut être également un lieu d’animation : des jeux, des compétitions sportives, des petits spectacles…

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Unité d'accueil et services

Unité d'activités accueil informatif

organisation des évènements

Restaurant

sanitaire

Espace extérieur Cuisine

ateliers

tables d'hôtes dépôt

Unité d'hébergement

chambre

sanitaire figure 64 : Organigramme fonctionnel. Source : auteur

8585


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Relevé de l'existant N

maison 9 maison 8

maison 6

maison 5

maison 7

maison 4

maison 1 maison 2 maison 3 figure 65 : Relevé de l'existant. Source : auteur

86


N

Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 1 :

Tas de pierres qui marque la dégradation de la clôture

A pièce 1

Surface : 264 m² Etat : * Toitures effondrées, * Dégradation de l’état

Cour

pièce 2

des murs, * Développement des plantes sauvages au murs et au sol.

A

figure 66 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 67 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur

Développement des plantes sauvages

Toiture éffondrée

Dégradation des murs

87


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 2 :

Surface : 422 m² Etat : * Toitures effondrées, * Dégradation de l’état des murs, * Développement des plantes sauvages au murs et au sol.

figure 68 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 69 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur

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Cour


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Photos de la pièce 4 : toiture effondrée / enduit qui s'effrite

Présence de fissurations au niveau du mur

Photo depuis l'entrée de la maison : un tas de pierres montrant la disparition du dispositif d'entrée figure 70 : photos montrant l'état de la maison 2. Source : auteur

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 3 : A

N pièce 2 pièce 3

Cour

pièce 1

A Surface : 358 m² Etat : * Toitures et murs sont en bon état sauf quelques accumulations d'humudité * Developpement des plantes sauvages au murs et au sol. figure 71 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 72 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur

90


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

La maison est en génèral en bon état : murs et toitures sont en bonne forme

Les murs sont en bon état sauf quelques accumulations d'humidité

Photo depuis l'entrée de la maison : un tas de pierres montrant la disparition de la clôture / présence d'une lézarde sur le mur de la façade figure 73 : photos montrant l'état de la maison 3. Source : auteur

91


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 4 :

Surface : 321 m² Etat : * Toitures et murs sont en bon état sauf leur dégradation au niveau de la pièce 2 * Developpement des plantes sauvages au murs et au sol.

N

A pièce 2

pièce 1

Cour A pièce 3

figure 74 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 75 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Apparition de fissures sur les murs de la pièce 1 / toiture est en bon état

La pièce 3 est en bon état sauf la présence de quelques fissures

Les murs et la toiture de la pièce 2 sont dégradés figure 76 : photos montrant l'état de la maison 4. Source : auteur

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 5 :

N sentier d'accés Surface totale : 238 m² Surface du bâti : 54 m²

Etat : * Dégradation d'une partie * Toitures et murs sont dégradés *

Developpement

des

plantes sauvages au murs

Cour

et au sol.

pièce 2

Tas

de

pierres

qui

marque la dégradation d'une pièce pièce 1 figure 77 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 78 : photo montrant l'état de la maison 5. Source : auteur

94


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 6 :

N

A sentier d'accés

pièce 2

Tas de

Cour pièce 1

pierres

qui

marque la dégradation d'une pièce

Surface totale : 307 m² Surface du bâti : 93 m²

Etat : A

* Disparition compète des parties de la maison * Toitures et murs sont dégradés * Developpement des plantes sau-

figure 79 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

vages au murs et au sol.

Le gabarit lisible la distinction entre les pièces et le patio est possible grâce aux murs qui restent et aux tas de pierres présents

figure 80 : photo montrant l'état de la maison 6. Source : auteur

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 7 : Surface : 80 m² Etat : * au niveau des deux pièces, les toitures sont absentes * Developpement des plantes sauvages au murs et au sol.

N

B

pièce 2

A pièce 1

B

A

sentier d'accés

figure 81 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 82 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 83 : coupe BB : Ech : 1/200. Source : auteur

96


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Mur dégradé et toiture absente

Toiture éffondrée

La lecture et la forme originale des deux pièces est suggèré par les murs qui restent debout. figure 84 : photos montrant l'état de la maison 7. Source : auteur

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

N

Maison 8 :

pièce 1

Cour Tas

de

pierres

qui

marque la dégradation de la clôture

Surface totale : 261 m² Surface du bâti : 50 m²

Etat : * Disparition compète des parties de la maison

sentier d'accés

* Toitures et murs sont dégradés * La seule pièce restante est en bon état figure 85 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 86 : photo montrant l'état de la maison 8. Source : auteur

Disparition des parties de la maison et leur présence est suggèrée par les amas de pierres. Le gabarit lisible la distinction entre les pièces et le patio est possible grâce aux murs qui restent et aux tas de pierres présents 98


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Maison 9 :

N

Tas pièce 2

pièce 1

de

marque

pierres les

qui

parties

manquantes

Cour pièce 4

pièce 3

Surface totale : 222 m² Etat :

sentier d'accés

* Disparition compète de quelques parties de la maison * Toitures et murs sont dégradés figure 87 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur

figure 88 : photo montrant l'état de la maison 9. Source : auteur

99


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

Les fragments existants sur le site sont dissimulés dans leur contexte. Ils forment un tout qui se fond dans une palette de couleurs et de textures harmonieuse : Le bleu des murs, la couleur ocre de la pierre, la texture de l’enduit dégradé, la couleur de la terre, le vert des olivettes…

figure 89 : couleurs et textures à Zriba Olya. Source : auteur

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Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

3-3 : Adaptabilité du programme à l’existant :

La surface du bâti existant ne suffit pas pour répondre aux besoins du programme. Pour cela, des ajouts et des extensions seront conçus tout en préservant l’aspect et l’esprit de l’existant et en le mettant en valeur.

Zones programmatiques

N

Aire commune

Aires privées

Une aire au centre du quartier constituera le vide de rencontre avec accès aux fonctions qui l’entourent. Cet espace de rassemblement articule les différents domaines d’activités dans le quartier d’hôtes.

N

Espace de rencontre figure 90 : Zones programmatiques. Source : auteur

101


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine

3-4 : Intentions

N Accés au projet

Accueil informatif Restaurant figure 91 : intentions. Source : auteur

102

Ateliers et espaces d'activités Hébergement


Apparaitre le paraitre de la disparition à Zriba Olya : L’Eveil de la ruine Le disparu dans ces volumes disparates et ce relief rocheux rend l’imagination fertile. L’idée maitresse de mon intervention est de partir des fragments pour créer un nouveau lieu qui rappelle la mémoire et qui se caractérise par une écriture architecturale simple, pure et capable de laisser parler l’ancien. La création d’un parcours guidé par des différentes

plateformes

qui

épousent

la

topographie du site assure la liaison entre les volumes existants et les volumes ajoutés à fin de former un tout cohérent. Ce parcours permet aussi d’exposer la fragilité présente sur le site. L’espace extérieur assure la connexion entre les différents plateaux et la distribution vers les

figure 92 : liaison et promenade. Source : auteur

différentes composantes du projet.

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Conclusion génèrale

Zriba Olya est un lieu qui a la capacité de ne pas laisser insensible celui qui le visite. Il est porteur d’une esthétique liée aux fragments, un pouvoir de fascination d’un contexte assez singulier. Ma réflexion sur ce lieu s’inspire grandement d’une architecture en ruine et de sa fragilité présente sur le site. Le fait de considérer la ruine comme un lieu en attente génère l’idée de l’arracher à un destin d’une éradication complète. Il s’agit donc de repeupler le lieu et de le réinsérer dans le fil du temps en mettant en scène ses ruines qui sont porteuses d’une plénitude de significations. On crée, alors, un espace mnésique qui conserve et rappelle la mémoire du lieu. L’intervention sur ses traces restantes est certes un acte qui demande de la sensibilité et une réflexion envers l’ancien. Il est essentiel de travailler avec les caractéristiques qui émergent du lieu à fin d’aboutir à une écriture contemporaine qui dialogue parfaitement avec l’expérience de l’ancien.

104 104


REFERENCES ET BIBLIOGRAPHIE

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Thèses et mémoires : - Alexandra Georgescu Paquin (2014), L’actualisation du patrimoine par la médiation de l’architecture contemporaine, Université de Québec, Monréal. - Ayadi Nouri (1984), Potentialités locales et développement régional : Habitat et mode de vie à Zriba village, ITAAUT. - Laferrière Christine (2007), Le détail architectural à la rencontre de l’ancien et du nouveau dans des projets de recyclage. Université Laval. - Pelegri Cécile. (2014), Les cabanes de vigne abandonnées au Grand Pic Saint-Loup, ENSAM. - Pruvost Simon. (2016), Retour aux Ruines : De la trace déifiée à la trace défiée : Entre nécessité, plaisir et renoncement, ENSAP. - Verglas Axelle. (2016), Poétique de la ruine, ECP.

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Articles : - Bernard Lugan (2001), Les Berbères, la mémoire des sables. - Dorane Vignando. (2017), La poétique des ruines ou quand la beauté des lieux abandonnées se voit célébrée. - Imaginaire des ruines (2007), revue internationale de théories et de pratiques sémiotiques. - Hladik Murielle (2010), Habiter le temps ou la poétique des ruines. - L’ésthétique de la disparition (2004), le journal de l’art contemporain. - Joseph Nasr. (2013), Le faire-être poétique de la ruine : un monde actuel. - Michael Davies. (2011), New life for old Ruins. - Miguel Egana et Olivier Schefer (2015), Esthétique des ruines. - Tya Abe. (2014), In ruins : projects that breathe New life into dilapidated buildings.

Webographie : - http://philo-music.eu : "Temps de philosophie" : blog de Daniel Ramirez sur des textes et commentaires philosophiques. - http://archdaily.com - https://architizer.com - http://www.citedelarchitecture.fr - http://eco-vadrouille-tunisie.blogspot.com - http://www.inp.rnrt.tn - https://www.interface-art.com - https://theplan.it

Documentaires et vidéos : - Architecture Vernaculaire, lien : https://www.youtube.com/watch?v=BXTc_c7WvOw

- Conférence de Brel Diogène, Histoire de l’Algérie, Tunisie, Maroc berbères, lien: https://www.youtube.com/watch?v=v3x2eBRPzZw

- Comprendre le bâti ancien pour mieux agir sur des réhabilitations durables, lien : https://www.youtube.com/watch?v=wmQQz3Rl8lk&t=94s

- Histoire des berbères Tunisie Algérie Maroc, lien : https://www.youtube.com/watch?v=ksEY3FdXoY0

- Mythologie Berbère - Les Mythes Amazighs, lien : https://www.youtube.com/watch?v=3pzX4Eyxr_w

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TABLE DES FIGURES : figure 1 : Situation géographique du village Zriba Olya............................................12 figure 2 : Marquage de la direction vers Zriba Olya. Source : auteur........................12 figure 3 : Le chemin de Zriba Olya............................................................................13 figure 4 : Relief du chemin de Zriba Olya. Source : auteur ......................................13 figure 5 : Le pont métallique d'Oued Elhammam. Source : auteur...........................15 figure 6 : Les traces de la mine de fluore. Source : auteur.......................................16 figure 7 : Le chemin vers Zriba Olya.........................................................................17 figure 8 : Le village de Zriba Olya. Source : Google earth........................................18 figure 9 : Arrivée au village. Source : photo personnelle...........................................18 figure 10 : Le rapport visuel entre les trois villages. Source : photos depuis www.images.google.com/ fond topographique : T/2017/59 .....................................19 figure 11 : Noyau central. Source : auteur....................................................................20 figure 12 : Extension1. Source : Auteur......................................................................20 figure 13 : Extension2. Source : Auteur.....................................................................20 figure 14 : Le vide à Zriba Olya. Source: auteur........................................................21 figure15 : Plan d’occupation originelle du village. Source : auteur............................24 figure 16 : Plan d’occupation actuelle du village. Source : auteur.............................25 figure 17 : photos des vides urbains du village. Source : auteur...............................26 figure18 : Les places et les voiries. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur............................................................................................................................27 figure 19 : Plans des maisons zribiennes. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur.........................................................................................................................28 figure 20 : Evolutivité de la maison zribienne. Source : auteur..................................29 figure 21 : Organisation de la chambre zribienne : source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur...................................................................................................30 figure 22 : Occupation de la chambre. Source : auteur.............................................31 figure 23 : Situation de l’école primaire......................................................................32 figure 24 : Coupe AA. Source : auteur.......................................................................32 figure 25: Plan de l’école primaire originel. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur..................................................................................................33 figure 26: plan de l’école primaire. Source : d’aprés t84+14/4 interprété par auteur............................................................................................................................33 figure 27 : Situation du mausolée..............................................................................34 figure 28 : Plan du mausoléé. Source : d’aprés T84+14/4 interprété par auteur........................................................................................................................35 figure 29: Coupe AA. Source : d’aprés T84+14/4 interprété par auteur....................35 figure 30: Situation de la mosquée............................................................................36 figure 31 : plan du moquée. Source T84+14/4 interprété par auteur........................37 107


figure 32 : coupe AA. Source T84+14/4 interprété par auteur..................................37 figure 33 : Le système économique zribien. Source : auteur....................................38 figure 34: La dégradation signe de disparition..........................................................40 figure 35 : photo du village en 1975 prise par Gabriel Camps..................................40 figure 36: photo actuelle montrant la dégradation. Souce : auteur...........................40 figure 37: l’état du cadre bâti. Source : auteur..........................................................41 figure 38 : différents stades de dégradation. Source : photos personnelles.............41 figure 39 : Composition du mur. Source : auteur.......................................................42 figure 40 : Système de construction d’une voûte. Source : auteur...........................43 figure 41 : Appareillage des arcs. Source : auteur....................................................44 figure 42 : Coffrage des linteaux en tronc d’arbre. Source : auteur..........................44 figure 43 : les diffèrents traitements des portes. Souce : auteur...............................45 figure 44: photos montrant les motifs décoratifs des portes des chambres.Source : photos personnelles..................................................................................................45 figure 45 : Le paysage en ruine de Zriba Olya. Source : auteur...............................47 figure 46: Le rapport entre la ruine et son milieu. Source : auteur............................48 figure 47: Définition personnelle du rapport : À une grande échelle et à une petite échelle. Source : auteur............................................................................................49 figure 48 : La fragmentation. Source : auteur............................................................50 figure 49 : Le lieu imaginé par la fragmentation. Source : auteur.............................51 figure 50 : Etat complèt imaginé. Source : auteur.....................................................52 figure 51 : La végétation habite le village de Zriba Olya : source: auteur.................54 figure 52 : Le silence des ruines. Source : auteur.....................................................56 figure 53 : Le concept du Rien. Source : auteur........................................................58 figure 54 : La ruine et le Rien. Source : auteur..........................................................59 figure 55 : Relation entre la ruine et la mémoire. Source : auteur............................63 figure 56 : Intervention sur l'existant. Source : auteur .............................................65 figure 57 : Actualisation de la ruine. Source : auteur................................................66 figure 58: La manifestation de la ruine : source : auteur..........................................68 figure 59 : Documents graphiques et photos depuis http://and-re.pt........................71 figure 60 : Photos depuis www.Archdaily.com..........................................................72 figure 61 : Documents graphiques et photos depuis http://www.asarquitectura.com.................................................................................76 figure 62 : Documents graphiques et photos depuis wwwArchdailycom..................79 figure 63 : Documents graphiques et photos depuis https://www.azoarq.com.........81 figure 64 : Organigramme fonctionnel. Source : auteur............................................85 figure 65 : Relevé de l'existant. Source : auteur.......................................................86 figure 66 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur.........................................................87 figure 67 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur..................................................87

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figure 68 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur..........................................................88 figure 69 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur...................................................88 figure 70 : photos montrant l'état de la maison 2. Source : auteur.............................89 figure 71 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur...........................................................90 figure 72 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur....................................................90 figure 73: photos montrant l'état de la maison 3. Source : auteur..............................91 figure 74 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur..........................................................92 figure 75 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur...................................................92 figure 76 : photos montrant l'état de la maison 4. Source : auteur.............................93 figure 77 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur..........................................................94 figure 78 : photo montrant l'état de la maison 5. Source : auteur...............................94 figure 79 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur...........................................................95 figure 80 : photos montrant l'état de la maison 6. Source : auteur.............................95 figure 81 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur..........................................................96 figure 82 : coupe AA : Ech : 1/200. Source : auteur....................................................96 figure 83 : coupe BB : Ech : 1/200. Source : auteur...................................................96 figure 84 : photos montrant l'état de la maison 7. Source : auteur.............................97 figure 85 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur...........................................................98 figure 86 : photo montrant l'état de la maison 8. Source : auteur...............................98 figure 87 : Plan : Ech : 1/200. Source : auteur...........................................................99 figure 88 : photo montrant l'état de la maison 9. Source : auteur...............................99 figure 89 : couleurs et textures à Zriba Olya. Source : auteur..................................100 figure 90 : Zones programmatiques. Source : auteur...............................................101 figure 91 : intentions. Source : auteur.......................................................................102 figure 92 : liaison et promenade. Source : auteur.....................................................103

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TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS............................................................................5 SOMMAIRE........................................................................................6 AVANT PROPOS...............................................................................7 INTRODUCTION GENERALE...........................................................8 PROBLEMATIQUE............................................................................9 METHODOLOGIE.............................................................................10

Chapitre I : La disparition à Zriba Olya : Le manque, l’absence et le vide

1- Chemins et émotions à Zriba Olya.............................................12 1-1 : La traversée du pont d’oued el Hammam...............................14 1-2 : Les ruines industrielles de la mine de fluore...........................16 1-3 : Vers Zriba el Olya....................................................................17 1-4 : La rencontre de Zriba Olya......................................................18

2- Zriba Olya : Entre traces de l ’absence et absence de traces.....21 2-1 : Zriba Olya : Une plénitude de vide..........................................21 2-2 : La disparition de mode de vie Zribien......................................24 2-2-1 : Dans l’espace urbain....................................................26 2-2-2 : Dans la maison zribienne.............................................28 2-2-3 : Dans la chambre..........................................................30 2-2-4 : Dans les équipements..................................................32 2-3 : Disparition du savoir-faire Zribien............................................38

3- La morpho-dégénérescence à Zriba Olya.........................................40 3-1 : Le phénomène de la dégradation à Zriba Olya ......................40 3-2 : La disparition des techniques de construction locales............42 3-2-1 : les murs................................................................................42 3-2-2 : les toitures............................................................................43 3-2-3 : les détails architectoniques..................................................44

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Chapitre II : Les ruines de Zriba Olya :

Un paraitre de la disparition

1- Zriba Olya : Ruines dans le paysage ou un paysage de ruines.........47 1-1 : La ruine comme texture de Zriba Olya...................................47 1-2 : Lecture du rapport entre les ruines et le paysag................48

2- A la recherche de la substantialité des ruines de Zriba Olya..............50 2-1 : La ruine comme lieu d’expérience......................................50 2-1-1 : Matière et fragmentation : lieu à imaginer.......................50 2-1-2 : Les ruines de Zriba Olya : une expression du sublime.....53 2-1-3 : Le silence entendu à Zriba Olya.......................................56

2-2 : Les ruines de Zriba Olya : Une phénoménalité du Rien.....58

3- L’essence des ruines de Zriba Olya...................................................60 3-1 : L’esthétique de la destruction à Zriba Olya.........................60 3-2 : L’esthétique des ruines de Zriba Olya................................62 3-2-1 : Rappelle de l’éphémère...................................................62 3-2-2 : Rappelle de la mémoire...................................................63

Chapitre III :

Apparaitre le paraitre de la disparition à

Zriba Olya : L’Eveil de la ruine 1- Nouvelle vie de la ruine......................................................................65 2- Esthétisation de la destruction...........................................................68 2-1 : Ruine anticipée............................................................................69 2-2 : Ruine temporelle..........................................................................73 2-3 : Ruine matérielle...........................................................................77

3- Emergence du projet..........................................................................84 3-1 : Injection d’un nouveau programme à Zriba Olya.........................84 3-2 : Relevé de l'existant......................................................................86 3-3 : Adaptabilité du programme à l’existant......................................101 3-4 : Intentions et esquisses .............................................................102

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CONCLUSION GENERALE..................................................................104 REFERENCES ET BIBLIOGRAPHIE....................................................105 WEBOGRAPHIE....................................................................................106 TABLE DES FIGURES..........................................................................107 TABLE DES MATIERES........................................................................110

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