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PRÉVENTION DU CANCER DU COL DE L’UTÉRUS
Le cancer du col de l’utérus est le 4ème cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde selon l’OMS. Au Luxembourg, environ 25 nouveaux cas sont diagnostiqués par an.
Causes
Les études rapportent que 90 % des cancers du col de l’utérus sont liés aux papillomavirus humains (HPV). Il s’agit de virus, à contagiosité élevée, qui infectent peau et muqueuses. Ils sont transmissibles sexuellement mais aussi par les contacts intimes peau à peau. La plupart des hommes et femmes, sont en contact au début de leur vie sexuelle.
De nombreux HPV n’ont pas de pouvoir cancérigène et disparaissent naturellement en quelques mois grâce aux défenses immunitaires mais certains sous-types (HPV16 et 18 particulièrement), à plus fort pouvoir carcinogène, peuvent faire évoluer les cellules infectées vers des dysplasies précancéreuses puis cancéreuses après plusieurs années. Elles concernent les femmes, au niveau du col de l’utérus, mais peuvent toucher la vulve, le vagin, le pénis chez l’homme et l’anus et l’oropharynx chez les deux sexes. D’autres à moins fort pouvoir pathogène (HPV6 et 11) peuvent donner des lésions à type de verrues, contagieuses, sur les muqueuses ano-génitales.
L’âge précoce des premiers contacts sexuels, la multiplicité des partenaires sexuels, le tabagisme et l’immunodépression sont des facteurs qui accroissent le risque de l’évolution défavorable vers des lésions malignes. La co-infection avec d’autres infections sexuellement transmissibles augmente également ce risque.
Symptomes
L’infection par les papillomavirus est asymptomatique chez les femmes comme chez les hommes.
L’apparition de symptômes laisse présager des lésions cancéreuses à un stade déjà avancé. Des saignements en dehors des règles ou après des rapports, ou des saignements chez les femmes ménopausées, des douleurs pelviennes inhabituelles, un gonflement d’une jambe isolément, une fatigue, une perte d’appétit sont des alarmes qui doivent conduire à consulter impérativement.
Devant le caractère asymptomatique des infections par HPV, il existe deux stratégies de prévention : l’une primaire par vaccination et l’autre secondaire par dépistage précoce des lésions de dysplasie cellulaire.
Pr Vention Par Vaccination
Il existe 2 vaccins disponibles au Luxembourg. Un vaccin bivalent contre les HPV 16 et 18 et un vaccin nonavalent contre les types 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58.
Au Grand-Duché, le conseil supérieur des maladies infectieuses recommande la vaccination pour les enfants des deux sexes, entre 9 à 14 ans par deux doses de vaccin nonavalent espacées de 6 mois La vaccination est aussi recommandée à partir de 15 ans chez les adolescents immunodéprimés et en cas de relations homosexuelles masculines. La vaccination est gratuite dans ce cadre.
À partir de 15 ans, la vaccination de rattrapage reste bien sûr possible, sans gratuité (le coût pour une dose s’élève à environ 127 euros) et nécessite 3 doses, à 0, 2 et 6 mois.
Il a cependant été démontré de la plus grande supériorité d’efficacité du vaccin s’il est administré avant ou dans l’année des premiers rapports. Il est donc important, en tant que parent, d’aborder le choix de cette vaccination avec ses enfants, à l’âge adéquat, moment opportun aussi pour passer les messages de prévention des autres infections sexuellement transmissibles.
La vaccination a aussi démontré son efficacité pour prévenir les lésions comme les verrues génitales, les cancers anaux, de la verge et oropharyngés.
Pr Vention Par D Pistage
La colposcopie et la réalisation de frottis cervicaux très régulièrement, chez le gynécologue, dès l’âge de 25/30 ans permet de déceler la présence de cellules dysplasiques au niveau du col utérin. Cette routine doit se poursuivre tout au long de la vie puisque - en cas de fonctionnement immunitaire normal - ce cancer se développe en 15 à 20 ans. La mise en évidence de dysplasies de bas grade impose une surveillance régulière, et dans 60% des cas elles régresseront spontanément. En cas d’évolution vers des dysplasies de haut grade, précancéreuses, des traitements par laser ou bien conisation sont proposés. La conisation est une intervention pendant laquelle, sous brève anesthésie générale, il y a ablation des fragments du col qui présentent des lésions potentiellement cancéreuses à terme.
Le cancer du col de l’utérus, dans son immense majorité induit par les HPV, peut aujourd’hui être évité. L’information des jeunes ou moins jeunes, idéalement avant leurs premiers rapports sexuels, la promotion de l’usage du préservatif, la routine à réaliser régulièrement par la réalisation de frottis et enfin la vaccination à effectuer avant d’être sexuellement actif, sont des mesures efficaces.
Au niveau mondial, 500 000 nouveaux cas sont détectés par an, dont 80% dans les pays en voie de développement, où à ce jour l’accès général à la vaccination et au dépistage n’existent pas ou peu.
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Sophie Pilcer, sexologue