Catalogue d'exposition - IN-DISCIPLINE - Le long du fleuve Congo

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Haut Espace d'Art Montresso, Fondation Montresso, Marrakech, Maroc

Bas Espace Expressions CDG, Fondation Caisse de Dépôt et de Gestion, Rabat, Maroc


Dans sa volonté de mettre en lumière la diversité des pratiques artistiques et de nous interroger sur la question de la transmission dans l’art, la Fondation Montresso présente pour la troisième année consécutive le programme IN-DISCIPLINE. Ce programme allie des temps de recherche et de laboratoire, à des temps de présentation et de mise en relation avec le public et les professionnels du marché de l’art. IN-DISCIPLINE est un projet initié par la Fondation Montresso et mené avec l’appui de la Fondation CDG et d’un réseau consolidé de partenaires ayant un fort ancrage pour la promotion des arts et des artistes en Afrique. Cette année, l’honneur revient au fleuve Congo, où de part et d’autre, une culture riche et une jeunesse bouillonnante surprennent et étonnent. Vitshois Mwilambwe Bondo est le parrain de cette nouvelle IN-DISCIPLINE. Il est l’initiateur et le principal animateur du Kin ArtStudio à Kinshasa. Créé en 2011, Kin ArtStudio encourage la création en mettant à disposition des ateliers et des espaces d’exposition pour des artistes nationaux et internationaux. Basée à Marrakech, la Fondation Montresso accompagne depuis 2009 des artistes de tous horizons au sein de sa résidence artistique, Jardin Rouge, et son espace d’art. Kouka Ntadi, artiste francocongolais est un des artistes phares et emblématiques de ce lieu. IN-DISCIPLINE le long du fleuve Congo coulait de sens. Lieu de vie, pourvoyeur d’histoires, le fleuve Congo nous irrigue et nous insuffle sa force. Il s’agit donc pour cette édition de faire de cette expérience un moment de partage et de dialogue entre deux structures et d’affirmer également la richesse et la diversité culturelle et artistique du continent.


With the aim of highlighting the diversity of artistic practices and questioning the issue of transmission in art, the Montresso Art Foundation presents for the third consecutive year the IN-DISCIPLINE program. This program combines research and laboratory time with presentation time and networking with the public and art market professionals. IN-DISCIPLINE is a project initiated by the Montresso Art Foundation and carried out with the support of the CDG Foundation and a consolidated network of partners committed in the promotion of arts and artists in Africa. This year, the honour goes to the Congo River, where on both sides, rich culture and dynamic youth surprise and amaze. Vitshois Mwilambwe Bondois is the mentor of this new IN-DISCIPLINE. He is the initiator of the KIN ARTSTUDIO, based in Kinshasa. Since 2011, KIN ARTSTUDIO encourages creation by providing workshops for local and international artists. The Montresso Art Foundation is based in Marrakesh. Since 2009, it has been welcoming in its artistic residence Jardin Rouge and its Art Space artist from all backgrounds. Kouka Ntadi, a Franco-Congolese artist, is one of the leading and emblematic artists of this place. IN-DISCIPLINE along the Congo River therefore made sense. Place of life, purveyor of stories, the Congo River gives us its strength. It is about making this experience a moment of sharing and dialogue between two structures and affirming the richness and cultural and artistic diversity of the continent.


The artistic residency Jardin Rouge Montresso Art Foundation, Marrakesh, Morocco


Jean Louis HAGUENAUER Montresso Art Foundation - Fondateur


« Dans un monde de plus en plus spécialisé où la mondialisation écrase et égalise les cultures, recevoir des artistes aux multiples talents est une récompense et un message d’espoir. D’où que l’on vienne tout est possible dès lors que nous sommes passionnés, passionnés par les autres ».


Dina NACIRI

Directrice Générale Fondation CDG


La Fondation CDG organise chaque année au sein de l’Espace Expressions CDG une exposition dédiée à des artistes de l’étranger. Durant les dernières années, l’Espace Expressions CDG a mis à l’honneur la diversité des pratiques artistiques d’un pays africain : Le Mali en 2017 : « L’étoffe des songes » de l’artiste Abdoulaye KONATÉ dans le cadre de « L’Afrique en Capitale » Le Bénin en 2018 : 1ère édition du programme artistique « IN-DISCIPLINE # 1 » La Côte d’Ivoire en 2019 : 2ème édition du programme « IN-DISCIPLINE # 2 ». Ce dernier programme, lancé par la Fondation Montresso en partenariat avec la Fondation CDG, prend la forme d’une exposition itinérante entre les espaces d’art des deux partenaires à Marrakech puis à Rabat. En 2020 et pour la 3ème année consécutive, la Fondation Montresso a présenté dans son espace d’art l’exposition « IN-DISCIPLINE, le long du fleuve Congo » dans le cadre de la foire d’art contemporain 1.54. Fruit d’une résidence d’artistes à Jardin Rouge, cette exposition met en valeur le travail d’artistes du fleuve Congo issus des deux pays voisins, la République du Congo et la République Démocratique du Congo. En raison du contexte sanitaire difficile que vit le monde depuis le début de l’année 2020, la Fondation CDG n’a pu organiser dans l’Espace Expressions CDG l’exposition précitée. Suite à la reprise de ses activités artistiques, la Fondation CDG accueillera du 8 avril au 29 mai 2021 dans sa galerie d’art le programme itinérant de soutien à la création et à la diffusion IN-DISCIPLINE. Pour cette nouvelle édition, IN-DISCIPLINE invite cinq artistes de la région du fleuve Congo, sous le parrainage de Vitshois Mwilambwe Bondo, fondateur du Kin ArtStudio : Hilaire Balu Kuyangiko, Serge Diakota Mabilama, Kouka Ntadi, Vitshois Mwilambwe Bondo et Fransix Tenda Lomba, Hilaire Balu Kuyangiko. Cette exposition présente des œuvres d’art constituées de sculptures, de peintures et de photographies qui reflètent la richesse de l’art contemporain africain et qui évoquent les couleurs vives et merveilleuses des deux rives du fleuve Congo, exprimant par la même occasion les complexités et les diversités de l’art urbain des deux grandes métropoles africaines Brazzaville et Kinshasa. À travers ce regard sur l’art contemporain africain, l’Espace Expressions CDG perpétue sa tradition de lieu d’échange interculturel et de promotion de l’art dans ses diverses expressions. La Fondation CDG est donc fière de s’être associée à ce projet culturel et a l’immense plaisir de vous faire découvrir le travail de ce collectif d’artistes venus de deux pays amis d’Afrique : la République du Congo et la République Démocratique du Congo. Nous espérons vraiment que votre passage à l’Espace Expressions CDG sera une belle évasion et un bon moment d’art. Prenez donc le temps et le plaisir de venir visiter cette exposition qui se tiendra du 8 avril jusqu’au 29 mai 2021.


IN CI NE


DIS PLI LE LONG DU FLEUVE CONGO



Voyage vers Mars 1 - 2020 Acrylique sur toile, 200 x 220 cm


Voyage vers Mars 2 - 2020 Acrylique sur toile, 200 x 160 cm




Exposition IN-DISCIPLINE, Espace d'Art Montresso, Février 2020



Résolument engagé, Hilaire BALU KUYANGIKO pose son propre regard sur la transformation que subit la société congolaise. Avec le projet "Voyage vers Mars", il dévoile dans le cadre d’IN-DISCIPLINE une réalité rongée par de nouveaux symboles de pouvoir, incarnés par l’imaginaire consumériste. La réappropriation de mythes ancestraux par l'artiste, tout particulièrement de la figure anthropomorphe de Nkisi Mangaaka, sert ainsi d'outil à une approche basée sur la mobilité culturelle. Ces propos ont été recueillis à Jardin Rouge, résidence artistique de la Fondation Montresso* à Marrakech, en octobre 2019.

Peux-tu nous raconter tes débuts artistiques ? J’ai toujours dit que l’on naît artiste, on ne le devient pas. Il faut néanmoins de la patience, de la persévérance, du travail. Je ne me suis jamais imaginé dans un autre domaine après mes études en peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa achevées en 2014. Cette même année, j’ai fondé avec mes collègues le collectif VI.TO (vision totale). Nous étions stimulés par le souci de proposer de nouveaux langages artistiques, par le refus de rester dans une même discipline, celle que l’on a apprise durant notre cursus. Dans l’enseignement que nous avions reçu aux Beaux-Arts de Kinshasa, l’histoire de l’art occidental était une référence. « Kuba, dans la peau de l’autre » fut mon premier projet. Il revisitait et révélait la place de l’art africain dans l’histoire de l’art occidental et dans l’imaginaire collectif global. C’est un sujet qui m’intéresse tout particulièrement depuis mes débuts artistiques. Je me réappropriais des peintures des rois occidentaux du XVI ème siècle que je découpais et détournais pour révéler la représentation fictive de l’image du pouvoir du royaume Kuba. Quelles sont tes relations avec le Kin ArtStudio ? Le Kin ArtStudio est une structure qui a soutenu et promu mon travail dans sa construction ce qui m’a permis d’atteindre une certaine maturité sur le plan visuel et théorique. Nous avons commencé à collaborer avec le Kin ArtStudio en 2017. Je pense qu’il a atteint son objectif, celui de promouvoir et d’accompagner les jeunes talents sur la scène de l’art internationale. Je suis l’un des exemples. Je n’aurais peut-être pas été ici sans lui. Nous partageons une relation privilégiée et exceptionnelle.


Peux-tu nous parler du titre de la série que tu présentes dans le cadre d’IN-DISCIPLINE, « Voyage vers Mars » ? C’est toujours important pour moi de me placer dans une certaine temporalité et de me demander avant d’aborder un projet « comment en est-on arrivé là ? ». Pour cette série, j’ai abordé les questions de la migration, de la mondialisation, des enjeux postcoloniaux et de la consommation. « Voyage vers Mars » se veut l’illustration de l’aspect surréaliste d’une situation migratoire absurde qui persiste et semble sans fin. Quand on voit des gens quitter leurs pays pour aller sur un autre continent, c’est comme s’ils quittaient la Terre, devenue invivable, pour aller sur une autre planète, sur Mars. Cette fiction devient réalité à travers ceux qui essaient par tous les moyens de traverser les mers pour échapper aux guerres, à la pauvreté, à la violence, à la précarité économique, à l’avancée des déserts, etc. Les gens sont désespérés par la mauvaise gouvernance dans leur pays, qui ne laisse entrevoir aucun espoir de rétablissement rapide. Des personnages sont couverts de sacs de voyage, souvent connus sous le nom de « ghana must go ». Certains sont imprimés des images et symboles de grandes villes industrialisées. Ces sacs laminés deviennent alors dans mes toiles des casques de cosmonautes. « Voyage vers Mars » veut donc interroger la condition humaine dans un monde de plus en plus égoïste et individualiste, où certains imposent aux laissés-pour-compte de la mondialisation leur puissance mercantile à travers des échanges commerciaux inégaux. Qu’est-ce que « Nkisi Mangaaka » ? Nkisi Mangaaka est une statuette divinatoire de la culture Kongo utilisée dans l’organisation administrative socio-politique et économique du Royaume Kongo (actuelle République Démocratique du Congo et l’Angola). Créée dans la seconde moitié de XIX ème siècle dans la région côtière de la rivière Chiloango, les figurines les plus imposantes (120 cm) se multiplient au cours de la période coloniale. Elles étaient ainsi destinées à faire regagner leur puissance aux responsables locaux. Les nombreux clous dont elles sont parées représentent un contrat scellé entre deux personnes. Le clou fait office de signature. Dans ce projet, Nkisi Mangaaka révèle la mutation et les conséquences du commerce mondial survenu depuis le colonialisme. Je suggère une fiction dans laquelle Mangaaka devient un « contrat falsifié » et se voit confronté aux décisions prises par les puissances coloniales lors du traité de Berlin en 1885. Quel est selon toi le rôle d’un artiste ? Pour moi, un artiste est celui qui est d’abord à l’écoute de soi et à l’écoute du monde donc avant de vouloir parler au monde, il faut se connaitre soimême.


Hilaire Balu Kuyangiko, IN-DISCIPLINE

2020



A resolutely committed artist, Hilaire BALU KUYANGIKO reveals his own view on the transformation that Congolese society is undergoing. With the project « Voyage vers Mars », he unveils for IN-DISCPLINE a reality engulfed by new symbols of power, embodied by consumerist imaginary. The reappropriation of ancestral myths by the artist, in particular the anthropomorphic figure of Nkisi Mangaaka, thus serves as a tool for an approach based on cultural mobility. This interview was conducted at Jardin Rouge, the artistic residence of the Montresso Art Foundation in Marrakesh, in October 2019.

Can you tell us about your artistic background ? I've always said that you're born an artist, you don't become one. But you need patience, perseverance and hard work. I never imagined myself in another field after my studies in painting at the Academy of Fine Arts in Kinshasa completed in 2014. That same year, I founded with my colleagues the collective VI.TO (total vision). We were stimulated by the concern to propose new artistic languages, by the refusal to remain in the same discipline, the one we learned during our studies. In the teaching we had received at the Beaux-Arts of Kinshasa, the history of Western art was a reference. "Kuba, dans la peau de l'autre " was my first project. It revisited and revealed the place of African art in the history of Western art and in the global collective imagination. It is a subject that has been of particular interest to me since my artistic beginnings. I was appropriating paintings of sixteenth century Western kings that I cut out and divert to reveal the fictitious representation of the image of the power of the Kuba kingdom. What is your relationship with Kin ArtStudio ? Kin ArtStudio is a structure that has supported and promoted my work in its construction, which has allowed me to reach a certain maturity on a visual and theoretical level. We started collaborating with Kin ArtStudio in 2017. I think it has achieved its goal of promoting and supporting young talents on the international art scene. I am one of the examples. I might not have been here without it. We share a privileged and exceptional relationship.


Can you tell us about the title of the series you present for IN-DISCIPLINE, "Voyage vers Mars" ? It's always important for me to place myself in a kind of temporality and to ask myself before tackling a project "how did we get there ?". For this series, I addressed the issues of migration, globalization, postcolonialism and consumption. "Voyage vers Mars" is intended to illustrate the surrealist aspect of an absurd migratory situation that persists and seems endless. When we see people leaving their countries to go to another continent, it is as if they were leaving Earth, which has become unbearable, to go to another planet, to Mars. This fiction becomes reality through those who try by all means to cross the seas to escape from wars, poverty, violence, economic precariousness, the progress of deserts, etc. People are desperate about the bad governance in their country, which leaves no hope for a quick recovery. Characters are covered with travel bags, often known as "ghana must go". Some are printed with images and symbols of large industrialized cities. These laminated bags become cosmonaut helmets in my paintings. "Voyage vers Mars" thus tries to question the human condition in an increasingly selfish and individualistic world, where some people impose their mercantile power on those left behind by globalization through unequal trade. What is "Nkisi Mangaaka" ? Nkisi Mangaaka is a divinatory statuette of the Kongo culture used in the socio-political and economic administrative organization of the Kongo Kingdom (current Democratic Republic of Congo and Angola). Created in the second half of the nineteenth century in the coastal region of the Chiloango River, the most imposing figurines (1.20 cm) multiplied during the colonial period. They were thus intended to help local officials regain their power. The many nails they are adorned with represent a contract sealed between two people. The nail serves as a signature. In this project, Nkisi Mangaaka reveals the changes and consequences of world trade since colonialism. I suggest a fiction in which Mangaaka becomes a "falsified contract" and is confronted with the decisions taken by the colonial powers during the Treaty of Berlin in 1885. In your opinion, what is the role of an artist ? For me, an artist is the one who first of all listens to himself and to the world, so before wanting to speak to the world, you have to know yourself.


Hilaire Balu Kuyangiko dans son atelier, Jardin Rouge, Marrakech

2020



Voyage vers Mars 3 - 2020 Acrylique sur toile, 180 x 180 cm


Eternity and Dual game 1 - 2020 Installations Eternity and Dual game 2 - 2020 Installations






King Afrique - 2020 Technique mixte, 183 x 121 cm


Connexion des cultures - 2020 Technique mixte, 133 x 123 cm




Joconde remix - 2020 Technique mixte, 90 x 18 cm



Exposition IN-DISCIPLINE, Espace d'Art Montresso, Février 2020



Les travaux de Serge DIAKOTA MABILAMA questionnent une mobilité humaine en constante quête d’identité. Invité par la Fondation Montresso*, l’artiste réalise à Jardin Rouge la série « Meeting ». Afin d'adresser des difficultés du quotidien, les œuvres de Serge DIAKOTA MABILAMA, mêlant à la fois sculpture, gravure et photographie, prennent forme à l'aide d'objets usuels recyclés. En résidence à Marrakech, Serge DIAKOTA MABILAMA va ainsi glaner des objets marocains du quotidien, en résonnance de ceux rapportés de Kinshasa. Ces propos ont été recueillis à Jardin Rouge, résidence artistique de la Fondation Montresso* à Marrakech, en octobre 2019.

Quel est ton parcours artistique ? Tout a commencé au collège Etsou, où, motivé par mon professeur de dessin (Kabesa wa Kabesa) je décidai de quitter mon parcours scientifique pour m’engager dans une filière artistique. Mon parcours débute à l'Institut des Beaux-Arts de Kinshasa, où j'ai obtenu mon diplôme option sculpture en 2010. J’ai pu ensuite bénéficier d’une bourse Egide à l’ESAD (Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg), dans le cadre du projet 50/60. C’est à ce moment que j’ai lu un ouvrage sur Marcel Duchamp et que j’ai commencé à détourner des objets. Après mes études artistiques, je me suis lancé dans une carrière professionnelle au départ aux côtés de la structure Kin ArtStudio auprès de mon mentor Vitshois Mwilambwe. Ma participation aux différents ateliers et résidences m’a permis d’asseoir ma démarche et ma pratique. J’ai notamment bénéficié à cette époque d’une résidence de recherche à l’AKDT Libramont en Belgique, grâce à la bourse Wallonie Bruxelles. Dès lors plusieurs portes se sont ouvertes, j’ai eu l’occasion de développer et présenter des projets dans plusieurs pays, en l’occurrence en Belgique (Dav Day), Tanzanie (Nafasi Art Space), Allemagne (Musée Grassi de Leipzig), aux Etats-Unis (Art Omi), en Suisse (Atelier Mondial), et enfin au Maroc, à travers la Fondation Montresso. De la photographie en passant par la gravure, la pluridisciplinarité caractérise ta démarche, pour quelle raison ? J’utilise en effet différentes techniques. Cela me permet d’interroger ces formes d’expression, de transcender leurs frontières pour finalement proposer d’autres utilisations, nouvelles, plus expansives, plus libres. Pour la photographie par exemple, après avoir réalisé la mise en scène, je travaille à l’aide d’un logiciel pour ajouter de la texture aux contours lumineux de la photo, ce qui me permet par la suite de graver avec une lame de rasoir après impression. La forme finale est une écriture photo-picturale, on a le sentiment qu’il s’agit d’une peinture imprimée.


Dans quelle mesure témoignes-tu de ton temps ? Je parle de mon temps dans la mesure où je questionne les réalités quotidiennes d’une société globalisée. J’aborde ces sujets en proposant un changement positif. En offrant une seconde vie à des objets, je véhicule un message d’espoir. Ces objets de récupération sont des sortes de supports permettant d’immortaliser mon époque pour ma génération et celle à venir. Ils renferment un vécu, le quotidien d’un peuple, d’une société, d’un pays, voire d’un continent. Ces objets de récupération sont-ils finalement des reliques ? Ces objets de récupérations sont en effet des sortes de relique, car ils témoignent d’une société entière, de réalités quotidiennes, d’une histoire. Ils sont l’ombre de leur propriétaire et de ce fait, de sa réalité. Ces reliques peuvent prendre la forme de capsules de bière, de tables en plastique, de plateaux en aluminium ou en cuivre, de boîtes de conserves, de couvercles de canettes, etc. Comment s'est déroulé ce premier contact avec le Maroc ? Mon premier contact au Maroc a été marqué par le fait que c'est un royaume. La présence du pouvoir royal est remarquable dans toutes ses formes. La religion, les valeurs culturelles comme l’hospitalité, l’architecture et ses formes arabesques sont autant d’éléments qui m’ont marqué et inspiré durant ma résidence à Marrakech. L’effervescence qui a eu lieu durant la foire 1-54 m’a également extrêmement stimulé. Ce rassemblement d’artistes, d’historiens et d’amateurs d’art, ainsi que les nombreux événements organisés à cette occasion ont eu un effet très positif sur ma construction en tant qu’artiste. Peux-tu nous décrire une de tes œuvres ? « Rencontre gracieuse » est l'une des œuvres présentées à l’Espace d’Art Montresso dans le cadre d’In-Discipline. Cette œuvre est réalisée à l’aide d’objets de récupération, en l’occurrence avec des capsules de bière ou encore un plateau en cuivre. J’utilise des techniques d’assemblages : fil à recuit, collage, peinture, mais aussi de la gravure avec une lame de rasoir sur photographie. « Rencontre gracieuse » explique qu’une rencontre est un don, une faveur parfois imméritée. Celle-ci participe à notre construction en tant qu’être vivant, elle nous ouvre des portes de l'humanité en nous donnant ainsi la possibilité d'échanger avec le reste du monde.


Serge Diakota Mabilama dans son atelier, Jardin Rouge, Marrakech

2020



Serge DIAKOTA MABILAMA’s works question human mobility, in constant search of identity. The artist presents the "Meeting" series as part of the IN-DISCIPLINE programme. In order to address the difficulties of everyday life, Serge DIAKOTA MABILAMA's works, combining sculpture, engraving and photography, take shape with the help of recycled everyday objects. During his residency in Marrakech, Serge DIAKOTA MABILAMA gathered as a result Moroccan everyday objects, in resonance with those brought back from Kinshasa. This interview was conducted at Jardin Rouge, the artistic residence of the Montresso Art Foundation in Marrakesh, in October 2019.

What's your artistic background ? It all started at the Etsou College, where, motivated by my drawing teacher (Kabesa wa Kabesa) I decided to leave the scientific field to pursue an artistic career. I started at the Institute of Fine Arts in Kinshasa, where I graduated in 2010 with a degree in sculpture. I was then able to benefit from an Egide scholarship at the ESAD (Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg), within the framework of the 50/60 project. That's when I read a book about Marcel Duchamp and started to use objects for different purposes than their initial ones. After my artistic studies, I started a professional career initially with the Kin ArtStudio structure with my mentor Vitshois Mwilambwe. My participation in various workshops and residencies allowed me to establish my approach and my practice. At that time, I benefited from a research residency at the AKDT Libramont in Belgium, thanks to the Wallonia Brussels grant. From then on, several doors opened and I had the opportunity to develop and present projects in several countries, namely in Belgium (Dav Day), Tanzania (Nafasi Art Space), Germany (Grassi Museum in Leipzig), the United States (Art Omi), Switzerland (Atelier Mondial), and finally in Morocco, through the Montresso Art Foundation. From photography to engraving... your approach is multidisciplinary, for what reason ? I use different techniques. This allows me to question these forms of expression, to transcend their borders to finally propose other uses, new, more expansive, freer. For photography, for example, after having created the staging, I work with a software program to add texture to the luminous contours of the photography, which then allows me to engrave with a razor blade after printing. The final shape is a pictorial photography, it feels like a printed painting.


To what extent are you a witness of your time ? I talk about my time in the sense that I question the daily realities of a globalized society. I approach these subjects by proposing a positive change. By offering a second life to objects, I convey a message of hope. These reclaimed objects are a kind of medium that immortalizes my time for my generation and the next. They contain a life experience, the daily life of a people, a society, a country or even a continent. Are these objects in the end some kind of relics ? They are indeed some kind of relics because they bear witness to an entire society, daily realities, a history. They are the shadow of their owner and, therefore, of his reality. These relics can take the form of beer capsules, plastic tables, aluminium or copper trays, tin cans, can lids etc. How did this first contact with Morocco go ? My first contact with Morocco was marked by the fact that it is a kingdom. The presence of royal power is remarkable in all its forms. Religions, cultural values such as hospitality, architecture and its arabesque forms are all elements that marked and inspired me during my residency in Marrakech. The excitement that took place during the 1-54 fair was also extremely stimulating for me. This gathering of artists, historians and art lovers, as well as the many events organized on this occasion, had a very positive effect on my construction as an artist. Can you describe one of your works ? "Rencontre gracieuse" is one of the works presented at the Montresso Art Space in the context of In-Discipline. This work is made with the help of salvaged objects, in this case with beer capsules or a copper tray. I use assembly techniques: annealing wire, collage, painting but also engraving with a razor blade on photography. "Rencontre gracieuse" explains that an encounter is a gift, a favour sometimes undeserved. It participates in our construction as a living being, it opens doors to humanity by giving us the opportunity to exchange with the rest of the world.


Serge Diakota Mabilama in his studio, Jardin Rouge, Marrakesh

2020


Réalités insolites - 2020 Technique mixte, 112 x 64 cm



Rencontres Gracieuses - 2020 Technique mixte, 214 x 134 cm



Sans titre - 2020 Technique mixte, 221 x 114 cm




New Trône - 2020 Technique mixte, 140 x 110 x 121 cm



Queen Nanny - 2020 Technique mixte, 117 x 176 cm


L'autre côté de l'Atlantique - 2020 Technique mixte sur toile, 117 x 176 cm



Voyage vers Mars 3 - 2020 Acrylique sur toile, 180 x 180 cm


Exposition IN-DISCIPLINE, Espace d'Art Montresso, Février 2020



Mêlant peinture et collage, le travail de Vitshois MWILAMBWE BONDO comporte de multiples identités fracturées, des géographies variées, de nombreux points de conflit et des calendriers anachroniques. Parrain de cette nouvelle édition, l’artiste donne vie dans le cadre de son projet à Jardin Rouge à des figures féminines emblématiques de l’histoire de l’Afrique, dans la tradition de l’art Luba. En expérimentant la nature hybride de son art, Vitshois MWILAMBWE BONDO est à la recherche d'une nouvelle identité nomade. Ces propos ont été recueillis à Jardin Rouge, résidence artistique de la Fondation Montresso à Marrakech, en octobre 2019.

Fondateur du KinArt Studio, tu es, au-delà de ta pratique personnelle, très engagé sur la scène artistique kinoise. Peux-tu nous parler de ce projet ? En effet, il était important de mettre en place un projet artistique qui est pour moi une véritable structure sociale, car je trouvais aberrant qu'une grande mégalopole telle que Kinshasa ne disposait pas d'institutions d'arts visuels, de musées, de résidences d'artistes ni d'aucun lieu d'art important. Kinshasa est une ville créative où tout se réinvente chaque jour. Elle inspire beaucoup d'artistes ; historiquement, c'est une ville où de nombreuses disciplines et formes d'art cohabitent. En 2011, j'ai donc créé le Kin ArtStudio (KAS), une organisation artistique indépendante à but non-lucratif basée à Kinshasa. Elle encourage la création dans le domaine des arts visuels et autres formes d'expression contemporaine, et favorise en même temps des échanges entre des jeunes artistes congolais et des initiatives artistiques à travers le monde. En tant que parrain de cette troisième édition du programme In-Discipline, tu as pu accompagner d'autres artistes durant leurs résidences. Comment s'est déroulée cette collaboration ? La collaboration avec la Fondation Montresso s'est très bien déroulée. Les artistes ont produit un travail de qualité grâce au professionnalisme de la fondation et de son équipe, ils avaient tout le matériel nécessaire à leur disposition, dans un lieu calme pour mieux se concentrer sur leur production. L'interaction avec notre frère et ami Kouka a été très stimulante.


En quoi consiste ta technique et qu'implique-t-elle ? Ma technique est un processus de dialogue entre la matière que j'utilise et l'histoire qu'elle incarne. Elle mêle peinture et collage. J'utilise des images publicitaires que je récupère principalement dans des magazines de mode. Mon travail cherche à créer un univers nouveau, en essayant de briser les règles classiques et la pensée traditionnelle. La façon dont laquelle le corps est représenté désengage et démantèle les paramètres fossilisés qui entravent nos capacités à imaginer les potentiels d'autres mondes réorganisés. Le corps humain est au centre de mes créations, c'est une surface glissante sur laquelle les discours sur la race, la classe sociale, la violence, la liberté, la sexualité et autres problèmes de notre société sont véhiculés. Quelle place joue la femme dans cette réhabilitation d'une certaine imagerie ? L'humain et surtout la femme occupent une place privilégiée dans mon travail. Je m'intéresse à toutes les réalités qui coexistent au sein d'une même société en pleine mutation, notamment de la société africaine et les problèmes qui y sont liés. Je m'interroge également sur la question de la perception et de la représentation de l'image produite par les artistes d'origine africaine dans l'art contemporain. Le projet que je présente pour In-Discipline fait partie d'une série sur les femmes qui ont marqué l'histoire et la mythologie africaine. En travaillant sur la question de la perception de l'image du peuple noir, je cherche à déconstruire le regard et la représentation coloniale. Mon travail tente ainsi de restituer à notre mémoire le combat des femmes et hommes d'origine africaine, de ces importantes et emblématiques figures historiques que l'histoire intellectuelle et politique a pourtant négligé. Dans quelle mesure la rencontre avec la culture locale a été décisive dans la réalisation de ton projet de résidence ? La rencontre avec la culture locale était très inspirante pour moi, notamment le dialogue entre toutes les belles couleurs du Maroc représentées dans l'industrie de la mode précisément, à travers les caftans marocains.


Visthois Mwilambwe Bondo dans son atelier, Jardin Rouge, Marrakech

2020



Combining painting and collage, the work of Vitshois MWILAMBWE BONDO includes multiple fractured identities, varied geographies, numerous points of conflict and anachronistic calendars. As part of his project at Jardin Rouge, the artist, mentor this year of the programme, brings to life female figures emblematic of African history, in the tradition of Luba art. By experimenting with the hybrid nature of his art, Vitshois MWILAMBWE BONDO is looking for a new nomadic identity. This interview was conducted at Jardin Rouge, the artistic residence of the Montresso Art Foundation in Marrakesh, in October 2019.

Beyond your personal practice, you are very involved in the local art scene. Can you tell us about the KinArt Studio project ? Indeed, it was important to put in place an artistic project that is for me a real social structure, because I believe it is aberrant that a large megalopolis such as Kinshasa did not have visual arts institutions, museums, artist-in-residence programmes or any important art venue. Kinshasa is a creative city where everything is reinvented every day. It inspires many artists; historically, it is a city where many disciplines and art forms coexist. So in 2011 I created Kin ArtStudio (KAS), an independent non-profit art organization based in Kinshasa. It encourages creation in the field of visual arts and other forms of contemporary expression, and at the same time promotes exchanges between young Congolese artists and artistic initiatives around the world. As the mentor of the third occasion of the programme, you were able to accompany other artists during their residencies. How did this collaboration go ? The collaboration with the Montresso Art Foundation went very well. The artists produced quality work thanks to the professionalism of the foundation and its team, they had all the necessary equipment at their disposal, in a quiet place to better concentrate on their production. The interaction with our brother and friend Kouka was very stimulating.


What is your technique and what does it involve ? My technique is a process of dialogue between the material I use and the story it embodies. It mixes painting and collage. I use advertising images that I get mainly from fashion magazines. My work seeks to create a new universe, trying to break the classical rules and traditional thinking. The way in which the body is represented disengages and dismantles the fossilized factors that hinder our ability to imagine the potentials of other reorganized worlds. The human body is at the centre of my creations, it is a slippery surface on which discourses on race, class, violence, freedom, sexuality and other problems of our society are conveyed. What role does the woman play in the rehabilitation of a particular imagery ? Women occupy a privileged place in my work. I am interested in all the realities that coexist within a society that is undergoing profound changes and the problems that are linked to it, particularly in African society. I am also interested in the question of the perception and representation of the image produced by artists of African origin in contemporary art. The project I am presenting for In-Discipline is part of a series on women who have left their mark on African history and mythology. By working on the question of the perception of the image of black people, I seek to deconstruct the colonial gaze and representation. My work thus attempts to restore to our memory the struggle of women and men of African origin, these important and emblematic historical figures that intellectual and political history has nevertheless neglected. To what extent was the encounter with the local culture decisive in the realisation of your residency project ? The encounter with the local culture was very inspiring for me, especially the dialogue between all the beautiful colours of Morocco represented in the fashion industry precisely, through the Moroccan caftans.


Visthois Mwilambwe Bondo in his studio, Jardin Rouge, Marrakesh

2020



Beautiful Dialogue - 2020 Technique mixte sur toile, 200 x 200 cm







Fagot 1 - 2020 Technique mixte sur toile et bois assemblés 214 x 65 x 50 cm





Fagot 6 - 2020 Technique mixte sur toile et bois assemblés 230 x 56 x 56 cm

Fagot 7 - 2020 Technique mixte sur toile et bois assemblés 215 x 58 x 53 cm

Fagot 8 - 2020 Technique mixte sur toile et bois assemblés 220 x 77 x 58 cm



Exposition IN-DISCIPLINE, Espace d'Art Montresso, Février 2020



Invité régulier à Jardin Rouge, Kouka NTADI questionne l'identité dans un rapport de dualité omniprésent. Privilégiant depuis ses débuts les matériaux de récupération comme supports, Kouka Ntadi transfigure le médium qui devient alors métaphore d'une transmission universelle. A travers une œuvre polymorphe, mêlant à la fois peinture et écriture, l'artiste engage pour IN-DISCIPLINE une réflexion autour du fleuve, voie de communication et d'échange. Ces propos ont été recueillis à Jardin Rouge, résidence artistique de la Fondation Montresso à Marrakech, en octobre 2019.

Quelles-sont la genèse ainsi que les étapes marquantes de ta collaboration avec la Fondation Montresso ? Je suis venu pour la première fois à Jardin Rouge en 2013. A l'époque la résidence était encore informelle. L'idée de travailler sur des palissades de bois est venue naturellement suite à une discussion avec le fondateur des lieux dont la volonté était de permettre à des artistes intervenant dans l'espace urbain de s'approprier des supports pérennes. A raison de deux à trois résidences par an, j'ai continué à travailler ce support et à approfondir l'idée de protection autour du personnage du Guerrier Bantu sur lequel je travaillais déjà depuis 5 ans. Puis j'ai voulu faire évoluer mes supports et mon art en créant des installations plus immersives. Ainsi, lors de la seconde édition de l'exposition XXL en 2018, j'ai présenté une installation composée d'une centaine de totems peints, fabriqués à partir des madriers de coffrage qui ont servi à construire la fondation. L'allégorie du Guerrier Bantu a marqué tes premières empreintes. Comment cette représentation a-t-elle évolué ? Au début il s'agissait d'investir les lieux publics liés à l'histoire de la traite négrière et de l'esclavage, en faisant surgir ces personnages anonymes comme des fantômes de l'histoire. Au fil des voyages, il m'est apparu que cette problématique concernait l'humanité toute entière et que mon but en faisant ressurgir cette mémoire n'était pas de dénoncer les faits du passé, mais plutôt de sensibiliser les générations futures sur une Histoire commune. Au fil du temps ces personnages sont apparus comme des sentinelles protectrices de la mémoire et des valeurs humaines. Le support joue un rôle essentiel dans ton œuvre, qu'implique l'utilisation de toiles de jute ? Peux-tu notamment nous présenter la série des « Fagots » ? Dans mon travail, je considère le support comme porteur de message, raison pour laquelle je privilégie des matériaux naturels comme le bois ou la jute. Cela faisait déjà un moment que je souhaitais revenir à la toile et que j'avais choisi comme nouveau support le sac de jute.


Pour moi, ce nouveau matériau incarnait parfaitement le message que j'essayais de transmettre dans ma peinture. Il s'agit d'un support manufacturé servant au transport de marchandises, et donc à l'échange entre les Hommes. Ces sacs déchirés, recousus, rapiécés sont comme des corps qui portent en eux les traces visibles de leurs pérégrinations, détenteurs de mémoires et témoins d'une histoire commune universelle. Dans la série des Fagots, l'idée était de présenter mes personnages sur un objet identifiable, autour duquel le spectateur puisse déambuler, afin d'inviter chacun à entrer en interaction avec l'œuvre, non plus de manière frontale, mais plutôt en mouvement. La troisième édition du programme IN-DISCIPLINE navigue autour du fleuve Congo, comment la rencontre avec les autres artistes s'est-elle déroulée ? La rencontre avec les artistes du Kin ArtStudio a été très enrichissante dans le sens où j'ai eu l'opportunité de rencontrer les acteurs d'une institution congolaise créée par des artistes de renommée internationale, et donc largement au courant des problématiques rencontrées par les artistes euxmêmes, au quotidien. Ainsi nous avons pu échanger sur les questions liées à la mise en valeur des cultures africaines et sur la naissance du marché de l'Art sur le continent africain. Ce qui a été le plus frappant pour moi c'est de me rendre compte à quel point mon pays d'origine dont la capitale se situe à quelques kilomètres seulement de celle de la République Démocratique du Congo, n'était pas autant développée en termes d'institutions culturelles. Un fleuve seulement sépare les deux pays et ce qui devrait être une voie de passage et d'échanges devient une frontière hermétique à tout échange. Là-bas, il y a une effervescence et une urgence à créer qui rend les artistes hyper productifs. A Brazzaville, il n'y a ni musée, ni galerie, ni théâtre, ni cinéma et c'est comme si on voulait interdire aux gens de regarder ce qui se passe chez leurs voisins, juste en face, afin de maintenir le peuple dans la léthargie. Dans quelle mesure ton œuvre comporte-t-elle une certaine dose d’indiscipline ? En quoi cela est-ce important ? Pour moi l'Artiste est par définition indiscipliné puisqu'il se définit en tant que créateur plutôt qu'en tant que consommateur. Ainsi il écrit et réalise ce qui n'existe pas. Il doit par conséquent s'affranchir des règles et des idées reçues. A travers cette exposition, j'ai voulu m'affranchir des codes esthétiques définis par l'Histoire de l'Art et le marché occidental en réalisant une peinture qui n'est plus appréhendée de manière frontale, mais comme un objet de la vie courante, éloigné de ce fait de ce qu'on peut attendre des systèmes de représentations habituels. Ce que j'ai admiré dans cette exposition c'est la ferveur avec laquelle les artistes se sont emparés de leur histoire, afin de la recréer de manière personnelle, tout en s'affranchissant des codes et des esthétiques attendus. Cela fait longtemps que la peinture congolaise est à la mode, pourtant cette exposition ne montrait rien de ce qu'on a l'habitude de voir lorsque l'on parle de « peinture africaine ».


Kouka NTADI dans son atelier, Jardin Rouge, Marrakech

2020



A regular guest at Jardin Rouge, Kouka NTADI questions identity in a relationship based on duality. From the outset, Kouka Ntadi has favoured the use of recycled materials, allowing as a result to transform the medium into a metaphor for a universal transmission. Through a polymorphic work, mixing painting and writing, the artist features for IN-DISCIPLINE a reflection around the river, a way of communication and exchanges. This interview was conducted at Jardin Rouge, the artistic residence of the Montresso Art Foundation in Marrakesh, in October 2019.

What are the genesis as well as the milestones of your collaboration with the Montresso Art Foundation ? I first came to Jardin Rouge in 2013. At the time, the residencies were still informal. The idea of working on wooden fences came naturally following a discussion with the founder of the place, whose desire was to enable artists working in urban spaces to appropriate permanent supports. At the rate of two to three residencies per year, I continued to work on this support and to deepen the idea of protection around the character of the Bantu Warrior on which I had already been working for 5 years. Then I wanted to develop my media and my art by creating more immersive installations. Thus, during the second occasion of the XXL exhibition in 2018, I presented an installation composed of about a hundred painted totems, made from the formwork planks that were used to build the foundation. The allegory of the Bantu Warrior is your first imprint. How did this representation evolve ? In the beginning, it was a question of investing public places linked to the history of the slave trade and slavery, by making these anonymous characters appear like ghosts of history. As I travelled, it became clear to me that this issue concerned all of humanity and that my aim in bringing this memory to light was not to denounce the facts of the past but rather to make future generations aware of a common history. Over time, these characters have emerged as protective sentinels of memory and human values. The support plays an essential role in your work, what does the use of burlap imply? Can you introduce us to the "Fagots" series ? In my work, I consider the support as a carrier of message, which is why I prefer natural materials such as wood or jute. I have been wanting to return to canvas for a while now and have chosen burlap as my new medium.


For me, this new material embodied perfectly the message I was trying to convey in my painting. It is a manufactured support used for the transport of goods, and thus for the exchange between people. These torn, sewn, patched bags are like bodies that carry within them the visible traces of their peregrination, holders of memories and witnesses of a common universal history. In the "Fagots" series, the idea was to present my characters on an identifiable object, around which the spectator can wander, in order to invite everyone to interact with the work, no longer frontally but rather in movement. The third occasion of the IN-DISCIPLINE programme navigates along the Congo River, how did the meeting with the other artists go ? The meeting with the artists of the Kin ArtStudio was very enriching in the sense that I had the opportunity to meet the actors of a Congolese institution created by artists of international renown, and therefore largely aware of the problems encountered by the artists themselves, on a daily basis. Thus we were able to exchange on issues related to the development of African cultures and the birth of the art market on the African continent. What was most striking for me was to realize to what extent my country of origin, whose capital is only a few kilometers from that of the Democratic Republic of Congo, was not as developed in terms of cultural institutions. Only one river separates the two countries and what should be a passage and exchange route becomes a border that is hermetic to any exchange. Over there, there is an effervescence and an urgency to create that makes artists hyper-productive. In Brazzaville, there are no museums, no galleries, no theaters, no cinemas, and it's as if they want to forbid people to watch what's going on in their neighbor's house, right across the street, in order to keep the people in lethargy. To what extent is there a certain amount of indiscipline in your work ? Why is this important ? For me the Artist is by definition undisciplined since he defines himself as a creator rather than as a consumer. Thus he writes and realizes what does not exist. He must therefore free himself from rules and preconceived ideas. Through this exhibition, I wanted to free myself from the aesthetic codes defined by the History of Art and the Western market by creating a painting that is no longer viewed head-on, but as an object of everyday life, far removed from what can be expected from the usual systems of representation. What I have admired in this exhibition is the fervour with which the artists have taken hold of their history, in order to recreate it in a personal way, while freeing themselves from the codes and aesthetics expected. Congolese painting has been in fashion for a long time, yet this exhibition showed nothing of what we are used to seeing when we talk about "African painting".


Kouka NTADI in his studio, Jardin Rouge, Marrakesh

2020



Tenue de survie - 2020 Technique mixte sur toile, 162 x 130 cm



Arbre à Palabre - 2020 Technique mixte sur toile de jute 185 x 140 cm



Ils ont écris l'histoire - 2020 Technique mixte sur toile 146 x 114 cm


S.O.S - 2020 Technique mixte sur toile de jute, 155 X 155 cm


La France - 2020 Acrylique, aérosol et café sur toile de jute, 105 x 75 cm



Beto Na Beto (Entre Nous) - 2020 Technique mixte sur papier, 119 x 90 cm



Fiche Scolaire - 2020 Technique mixte sur papier 17 X 29 cm (5)



Abonnement - 2020 Technique mixte sur papier, 119 x 87,5 cm



Exposition IN-DISCIPLINE, Espace d'Art Montresso, Février 2020



À travers une pratique pluridisciplinaire marquée par l'utilisation de produits manufacturés usagés, Fransix TENDA LOMBA s’applique à traduire les névroses et autres perplexités que suscite une certaine réalité sociale. Dans le cadre de sa résidence à Jardin Rouge, l’artiste interroge alors avec le projet « Kelasi » une mémoire à la fois personnelle et collective, par le biais du recours à des éléments d’archives familiales datant de l'époque du Zaïre. Ces propos ont été recueillis à Jardin Rouge, résidence artistique de la Fondation Montresso* à Marrakech, en octobre 2019.

Originaire de Kinshasa, tu fais partie de cette génération qui a connu l'époque du Zaïre. Peux-tu nous décrire cette période marquée par la prise de pouvoir du général Mobutu ? L'époque du Zaïre a une influence indélébile dans la mémoire collective des générations des années 1970-1997. De nos jours, beaucoup de gens se réfèrent à la propagande nationaliste du Maréchal Mobutu. Principalement les médias hérités de la politique de manipulation que le MPR, le parti unique, a mis en place pour rendre Mobutu éternel. Le cinéma, la danse, la musique ont ainsi été largement utilisés pour le culte de la personnalité dans une société contemporaine où l'homme est au centre de tout et veut se montrer plus puissant que ses contemporains. La personnalité du Maréchal Mobutu a d’ailleurs inspiré Hollywood pour le film « Un Prince à New-York », sorti en 1988. Tu travailles à l'aide d'archives familiales, de quoi s’agit-il exactement ? Il s'agit d’éléments d'archives mêlant des documents et objets appartenant à mes parents dans les années 1900. Ce sont des documents officiels, délivrés par l'autorité nationale, - qui constituent autant de témoins d'expériences, d’histoires, de traces, indices et fragments de vies. Ces objets usuels illustrent les signes de la mutation d'une société postcoloniale.


Qui sont les personnages qui habitent tes œuvres ? Les personnages constitués de lignes représentent l'historicité existentielle du parcours d’un peuple ayant vécu une des périodes postcoloniales les plus meurtries de l’histoire de l’humanité. Trente-deux ans d'autocratie du mobutisme, dix-huit ans de dictature sous Kabila, vingt ans de guerres d'occupation accolées à un projet de balkanisation. Une économie naine qui ne peut assurer une vie assez stable à la classe moyenne. « Les gens se distinguent par ce qu'ils montrent et se ressemblent par ce qu'ils cachent », Paul Valéry. Pourquoi est-ce important de fixer cette mémoire collective ? Nous assistons aujourd’hui à une guerre quotidienne d'attraction dans différentes cultures du monde, où chacun se pose trois questions : comment être ? Où être ? Et pourquoi être ? Ces interrogations font partie des fondamentaux de la structure sociale. Fixer cette mémoire me renvoie à cette réalité que, pour toute civilisation à travers le monde, la mémoire collective reste le socle du présent. Toute image et tout objet usuel sont le fruit de cet imaginaire collectif d'hier au présent, pour un futur global et diversifié. Dans quelle mesure la notion d’indiscipline entre-t-elle dans ton processus de création ? L’indiscipline consiste pour moi à démontrer comment les arts plastiques peuvent ouvrir les portes à d'autres disciplines comme l’écriture, la politique, l'éducation, etc. C'est dans un souci de briser ces frontières qui existent entre l'art et la science que j'ai proposé « KELASI », le projet réalisé durant ma résidence de deux mois à Jardin Rouge. Projet dont le champ de création se situe à la lisière des genres et des formes. Un outil adéquat pour saisir les dynamismes culturels complexes par lesquels certains pays des Grands Lacs s'inscrivent dans un contexte de mondialisation et leurs capacités à s’adapter de manière originale aux mutations globales. Quel a été l’élément marquant de ta résidence à Jardin Rouge ? Durant mon expérience au Maroc, j’ai découvert le tajine, l’équivalent du brasero « M'babola » chez moi. Je mets depuis plusieurs années cet objet sur la tête de mes personnages pour traduire la préoccupation quotidienne de subsistance de l’humanité. Le défi est d’assurer sa propre longévité et celle de ses proches, malgré les difficultés économiques, sociales et politiques.


Fransix Tenda Lomba dans son atelier, Jardin Rouge, Marrakech

2020



Through a multidisciplinary practice marked by the use of used manufactured objects, Fransix TENDA LOMBA translates the neurosis and other perplexities caused by the harsh social reality. Within the framework of the In-Discipline programme, the artist questions collective memory with the "Kelasi" project through the use of elements from personal archives dating from the Zairean period. This interview was conducted at Jardin Rouge, the artistic residence of the Montresso Art Foundation in Marrakesh, in October 2019.

Native to Kinshasa, you are part of this generation that experienced the Zairean era. Can you describe this period marked by General Mobutu's seizure of power ? The Zairean era has an indelible influence in the collective memory of the generations from 1970-1997. Nowadays, many people refer to Marshal Mobutu's nationalist propaganda.Mainly the media inherited from the policy of manipulation that the MPR, the single party, put in place to make Mobutu eternal. Cinema, dance and music have thus been widely used for the cult of personality in a contemporary society where man is at the centre of everything and wants to be more powerful than his contemporaries. The personality of Marshal Mobutu, for that matter, inspired Hollywood for the film "A Prince in New York", released in 1988. You work with family archives, what exactly is it about ? They are archival items consisting of documents and objects that belonged to my parents in the 1900s. They are official documents, issued by the national authority, - which constitute witnesses of experiences, stories, traces, evidences and fragments of lives. These everyday objects illustrate the signs of the mutation of a postcolonial society.


Who are the characters represented in your works ? The characters made up of lines represent the existential historicity of the journey of a people who lived through one of the most challenging postcolonial periods in the history of humanity. Thirty-two years of autocratic Mobutism, eighteen years of dictatorship under Kabila, twenty years of wars of occupation coupled with a project of Balkanization. A dwarf economy that cannot provide a life stable enough for the middle class. "People are distinguished by what they show and similar by what they hide", Paul Valéry. Why is it important to immortalize this collective memory ? Today we are witnessing a daily war of attraction in different cultures of the world, where everyone is asking themselves three questions: how to be? Where to be? And why be? These questions are part of the fundamentals of the social structure. Recording this memory brings me back to the reality that for every civilization throughout the world, collective memory remains the foundation of the present. Every image and every everyday object is the fruit of this collective imagination from yesterday to today, for a global and diversified future. To what extent does the notion of indiscipline enter into your creative process ? For me, indiscipline consists in demonstrating how the visual arts can open doors to other disciplines such as writing, politics, education, etc. It is with a view to breaking down these boundaries between art and science that I proposed "KELASI", the project I carried out during my two-month residency at Jardin Rouge. A project whose field of creation is at the edge of genres and forms. An adequate tool to grasp the complex cultural dynamics by which certain countries of the Great Lakes are involved in a context of globalization and their ability to adapt in an original way to global changes. What was the highlight of your residency at Jardin Rouge ? During my experience in Morocco, I discovered the tajine, the equivalent of the "M'babola" brazier at home. For several years now, I have been putting this object on the heads of my characters to express the daily concern for humanity's subsistence. The challenge is to ensure one's own longevity and that of one's loved ones, despite economic, social and political difficulties.


Fransix Tenda Lomba in his studio, Jardin Rouge, Marrakesh

2020


Couverture Scolaire - 2020 Technique mixte sur papier 29 x 20,3 cm (7)




A nous l'école - 2020 Technique mixte sur papier, 119 x 90,5 cm


Mopap - 2020 Technique mixte sur papier, 43 x 32 cm (4)



Ka Ton Ton (Bille surélevée) - 2020 Technique mixte sur papier, 90 x 119 cm


Carte d'accès - 2020 Technique mixte sur papier, 91 x 119 cm



BIO GRAPHIE

BIO GRAPHY


Jardin Rouge

2020

Hilaire BALU KUYANGIKO Hilaire BALU KUYANGIKO est né en 1992. Il vit et travaille à Kinshasa. Diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, Hilaire BALU KUYANGKO collabore régulièrement avec KinArtStudio. Les œuvres d'Hilaire BALU sont notamment présentes dans les collections du Wits Art Museum (WAM) à Johannesburg et du Musée de Leipzig en Allemagne. En 2019, l'artiste a participé à l'exposition "Congo as fiction"au Musée Rietberg à Zurich. Hilaire Balu KUYANGIKO was born in 1992. He lives and works in Kinshasa.Graduated from the Kinshasa Academy of Fine Arts, Hilaire BALU KUYANGIKO often collaborates with KinArtStudio. His works are notablypart of the collections of the Wits Art Museum (WAM) in Johannesburg and the Leipzig Museum in Germany.In 2019, the artist participated in the exhibition "Congo as fiction" at the Rietberg Museum in Zurich.

Exhibitions, Selection

Expositions, séléction 2021 2020 2019 2018 2018 2018

IN-DISCIPLINE, Espace Expressions CDG, Rabat, Maroc IN-DISCIPLINE, Montresso* Art Foundation, Marrakech, Maroc Congo as Fiction, Musée Rietberg, Zurich, Suisse MEGAPOLIS siemens aus Kinshasa, Musée Grassi, Leipzig, Allemagne Congo Star, Musée de Graz, Autriche Kinshasa chroniques urbaines, Musée de MIAM, Sète, France

2017 2017 2017 2015 2014 2013

Young Congo, KinArtStudio, R.D.Congo Kinshasa 2050, Institut Français, Kinshasa, R.D.Congo Kinshasa 2050, Institut Français, Kinshasa, R.D.Congo arts’ pro Congo, place des évolués, Kinshasa, R.D.Congo vi.to, Détermination qui crée la liberté, Kinshasa, R.D.Congo vi.to, les vécues, Kinshasa, R.D.Congo


Jardin Rouge

2020

Serge DIAKOTA MABILAMA Serge DIAKOTA MABILAMA est né en 1988. Il vit et travaille à Kinshasa. Diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, il est lauréat d'une bourse de l'agence Wallonie - Bruxelles International et a également participé en 2015 à la Royale Académie Internationale d'été de Wallonie. Serge DIAKOTA MABILAMA a notamment participé à la Cape Town Art Fair en 2017 puis à l'exposition MEGAPOLIS au Musée Grassi de Leipzig en 2018. Serge Diakota MABILAMA was born in 1988. He lives and works in Kinshasa. A graduate of the Academy of Fine Arts in Kinshasa, he is the winner of a scholarship from the Wallonia-Brussels International agency and also participated in 2015 in the Royal International Summer Academy of Wallonia. Serge DIAKOTA MABILAMA has notably participated in the Cape Town Art Fair in 2017 and in the MEGAPOLIS exhibition at the Grassi Museum in Leipzig in 2018.

Exhibitions, Selection

Expositions, séléction 2021 2020 2019 2019 2018 2018

IN-DISCIPLINE, Espace Expressions CDG, Rabat, Maroc IN-DISCIPLINE, Montresso* Art Foundation, Marrakech, Maroc Biennale Young Congo au KinArtStudio, Kinshasa, R.D.Congo Open studio ART OMI, New York Gent, USA MEGAPOLIS siemens aus Kinshasa, Musée Grassi, Leipzig, Allemagne Metamorphosis, a Nafasi art space, Dar es salaam, Tanzanie

2017 2017 2017 2015 2014 2014

Young Congo, KinArtStudio, R.D.Congo DavDay par union européen à Bruxelles, Belgique Art fair Africa cap town, galerie Calabar, Afrique du sud D'une Rive à l'autre, Institut Français, Kinshasa, R.D.Congo KAPOW artistes’ collective and TOPO COPY, Gand, Belgique Master art 2, au KinArtStudio, Kinshasa, D.R.Congo



Jardin Rouge

2020

Vitshois MWILAMBWE BONDO Vitshois MWILAMBWE BONDO est né en 1981. Il vit et travaille à Kinshasa. Après l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa et l'École des Arts Décoratifs de Strasbourg, il conclut sa formation par un passage à la Rijksakademie d'Amsterdam. Fondateur du Kin ArtStudio Vitshois MWILAMBWE BONDO prend également en charge en 2017 le projet Young Congo. Vitshois MWILAMBWE BONDO was born in 1981. He lives and works in Kinshasa. After the Academy of Fine Arts of Kinshasa and the School of Decorative Arts of Strasbourg, he completed his training with a stint at the Rijksakademie in Amsterdam. Founder of Kin ArtStudio Vitshois MWILAMBWE BONDO, also takes charge of the Young Congo project in 2017.

Exhibitions, Selection

Expositions, séléction 2021 2020 2019 2019 2019 2019 2019

IN-DISCIPLINE, Espace Expressions CDG, Rabat, Maroc IN-DISCIPLINE, Montresso* Art Foundation, Marrakech, Maroc Prête-moi ton rêve, Musée de civilisation Noire de Dakar, Sénégal TRANSITION / CONGO, Biennale Internationnale du Congo Africa Now, Primae Noctis Gallery, Lugano, Suisse Honolulu Biennale, Hawaii, USA Congo Stars, Kunsthalle, Tubingen, Allemagne

2019 2018 2017 2017 2017 2017 2017

Prête-moi ton rêve, Gallery 38, Casablanca, Maroc Congo Stars, Kunsthaus Museum, Graz, Autriche Miniartextile, Associazione Arte & Arte, COMO, Italie 49th Summer Exhibition, Royal Academy of Arts, Londres, Royaume-Unis Primo Marella Gallery, Milan, Italie The Gallery MAM, Vienne, Autriche Primoes Art Gallery Lugano, Italie


Jardin Rouge

2020

Kouka NTADI Kouka NTADI est né en 1981. Il vit et travaille à Paris. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon, Kouka NTADI a notamment participé à la Biennale de Dakar en 2016 ainsi qu’à l’exposition «Présence Commune» au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain de Rabat l’année suivante. Kouka NTADI was born in 1988. He lives and works in Paris. He graduated from Avignon Fine Arts School. Kouka NTADI took part in the Dakar Biennale in 2016 and in the «Présence Commune» exhibition at the Mohammed VI Museum of Modern and Contemporary Art in Rabat the following year.

Exhibitions, Selection

Expositions, séléction 2021 2020 2019 2019 2018 2018 2018 2017 2017

IN-DISCIPLINE, Espace Expressions CDG, Rabat, Maroc IN-DISCIPLINE, Montresso* Art Foundation, Marrakech, Maroc Bantu - Territoire Libre, Galerie Taglialatella, Paris, France Palimpsestes, Galerie Artset, Limoges, France XXL#2, Montresso* Art Foundation, Marrakech, Maroc Regarde-Moi, Musée National de l’Histoire de l’Immigration, Paris, France Venus, Galerie Taglialatella, Paris, France Voyage ethnique, NAG Not A Gallery, Paris, France Humanités, Galerie Taglialatella, Paris, France

2017 2016 2016 2015 2015 2015 2014 2013 2012

Présence Commune,MMVI d’art moderne et contemporain, Rabat, Maroc Dos au Mur, Jardin Rouge, Marrakech, Maroc Ecce Homo, Galerie Taglialatella, Paris, France Dali fait le mur, Strasboourg, France Butterfly, Galerie Taglialatella, Paris, France Bantus, No(s) culture(s), Marrakech, Maroc Guerrier Bantu, Galerie Taglialatella, Paris, France L’Enfant Blam, New HeArt City Gallery, Paris, France No Culture, Frichez nous la Paix, Paris, France


Jardin Rouge

2020

Fransix TENDA LOMBA Fransix TENDA LOMBA est né en 1984. Il vit et travaille à Kinshasa. Diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, il évolue ensuite aux côtés du Kin ArtStudio. Fransix TENDA LOMBA a exposé dans différents pays notamment aux Etats-Unis puis en Allemagne dans le cadre de l'exposition « MEGALOPOLIS » au Musée Grassi de Leipzig. Il effectue par ailleurs en 2016 une résidence artistique à Art Omi à New-York. Fransix TENDA LOMBA was born in 1984. He lives and works in Kinshasa. Graduated from the Academy of Fine Arts in Kinshasa, he then started working with the Kin ArtStudio. Fransix TENDA LOMBA has exhibited in various countries, notably in the United States and then in Germany as part of the "MEGALOPOLIS" exhibition at the Grassi Museum in Leipzig. In 2016, he will also carry out an artistic residency at Art Omi in New York.

Exhibitions, Selection

Expositions, séléction 2021 2020 2019 2019 2017 2018

IN-DISCIPLINE, Espace Expressions CDG, Rabat, Maroc IN-DISCIPLINE, Montresso* Art Foundation, Marrakech, Maroc Bandjoun Station, Bafoussam, Cameroun TRANSITION / CONGO, Biennale Internationnale du Congo Gent art fair, foire d’art international, Gent, Belgique MEGAPOLIS siemens aus Kinshasa, Musée Grassi, Leipzig, Allemagne

2017 2017 2016 2016 2015 2016

Young Congo, Institut Français, Kinshasa, R.D.Congo Young Congo, KinArtStudio, R.D.Congo Festival Vidéo nomade, Njelele Art Station, Harare, Zimbabwe Five Myles Gallery, Crown Heights Film Festival, New York, USA Off à la 11º Editions de la Biennale de Dak’art, Sénégal. Galerie Mobile, Kinshasa, Limeté, R.D.Congo




IN-DISCIPLINE Bénin

FR Cotonou s’invite à Marrakech puis à Rabat avec cinq de ses artistes contemporains les plus prolifiques de leur génération. A travers leurs créations, ils questionnent avec conviction nos sociétés, non sans un trait d'humour et de poésie. Ils renvoient les reflets des facettes de notre monde et de notre continent à travers des médiums pluriels sans cesse renouvelés.

EN

La question de l’identité de soi et de son rapport à autrui est le sujet central des explorations photographiques d’Ishola Akpo. Des cohortes d’âmes sculptées fusant des mains de Nathanaël Vodouhè illustre son nouveau concept lié la dépendance et la consumation qui témoignent de la récurrence destructrice et sans doute masochiste de l’Homme. Charly d’Almeida, sondeur de l’âme et de la matière, nous plonge dans son univers où le métal occupe une place d’honneur. Avec assurance et habileté, et fort de ses croyances, il crée toutes sortes d’assemblages à partir de morceaux de métal récupéré. Les valses de Gérard Quenum, scènes de vie singulière inventées ou vécues, constituent des actes picturaux forts de quelques traits ou de traces colorées.

Cotonou is invited to Marrakesh then in Rabat with five of the most prolific contemporary artists of their generation. Through their creations, they question with conviction our societies, not without a touch of humour and poetry. They reflect the facets of our world and our continent through plural techniques, constantly renewed. The question of self-identity and its relationship to others is the central issue of Ishola Akpo's photographic explorations. Cohorts of souls carved from the hands of Nathanaël Vodouhè illustrates his new concept linked to dependence and consumption that testifies to the destructive and undoubtedly masochistic recurrence of man. Charly d'Almeida, investigator of the soul and matter, plunges us into its universe where metal occupies a place of honour. With confidence and dexterity and strong beliefs, he creates all kinds of assemblages out of pieces of recovered metal. Gérard Quenum's waltzes, scenes of singular life invented or experienced, constitute strong pictorial acts made of a few strokes.

Sous le parrainage de Under the pratonage of

Dominique Zinkpè


ISHOLA AKPO - CHARLY D’ALMEIDA GÉRARD QUENUM - NATHANAËL VODOUHÈ DOMINIQUE ZINKPÈ

2018


Haut Espace d'Art Montresso, Fondation Montresso, Marrakech, Maroc

Bas Espace Expressions CDG, Fondation Caisse de Dépôt et de Gestion, Rabat, Maroc


Nathanaël Vodouhè, Dominique Zinkpè

Espace d'Art Montresso



Espace Expressions CDG, Fondation Caisse de Dépôt et de Gestion, Rabat, Maroc


IN-DISCIPLINE Côte d'Ivoire

FR Voici des tableaux. Des tableaux qui énoncent les versions abouties des histoires de Joachmi Siluè et de Pascal Konan, de Gopal Dagnogo, de Armand Boua et de Yéanzi. Des histoires amorties et avalées dans des portraits et des paysages, des histoires empruntées, d’autres prêtées. Des tableaux et des dispositifs de circuits désintégrés qui offrent leur écrin de piquants pour une lune, un astre qui aspire l’observateur assis sur le rebord du monde. Des tableaux quelque part hors disciplines, in-disciplinés…

EN

Indisciplinés, ces jeunes artistes le sont en ce sens qu’ils ne se laissent pas enfermer dans le huis clos d’une discipline, mais passent de l’une à l’autre, comme pour expérimenter l’idée de Michel Serres (1990) selon laquelle lesinnovations ne jaillissent pas du centre des disciplines, mais dans l’intersection entre deux ou, plusieurs épistémès ; au passage du nord-ouest, dans la zone de fusion et de mélange entre les mers chaudes et froides des hémisphères sud et nord.[...]

Here are some pictures. Pictures that set out the successful versions of the stories of Joachmi Silué and Pascal Konan, Gopal Dagnogo, Armand Boua and Yéanzi. Absorbed and swallowed stories in the form of portraits and landscapes, some borrowed, others lent. Tables and devices of disintegrated circuits offer their setting of spikes for a moon, a star wich sucks the observer sitting on the edge of the world. Pictures somehow outside disciplines, un-disciplined ... Undisciplined, this is how these young artists are, in the sense that they do not allow themselves to be locked in the closed doors of a discipline, but pass from one to the other, as if to experiment with the idea of Michel Serres (1990). that innovations do not spring from the center of the disciplines, but in the intersection between two or more epistemes; at the Northwest Passage, in the zone of mixing between the warm and cold seas of the southern and northern hemispheres.[...] Yacouba Konaté

Sous le parrainage de Under the pratonage of

Yacouba Konaté


ARMAND BOUA - GOPAL DAGNOGO PASCAL KONAN - JOACHIM SILUÈ YÉANZI

RMAND OUA OPAL AGNOGO ASCAL ONAN OACHIM EANZI

ILUÉ

2019


Haut Espace d'Art Montresso, Fondation Montresso, Marrakech, Maroc

Bas Espace Expressions CDG, Fondation Caisse de Dépôt et de Gestion, Rabat, Maroc


Yacouba Konaté

Espace d'Art Montresso


Espace Expressions CDG, Fondation Caisse de Dépôt et de Gestion, Rabat, Maroc



Remerciements:

Aux artistes exposants : Hilaire BALU KUYANGIKO, Serge DIAKOTA MABILAMA, Vitshois MWILAMBWE BONDO, Kouka NTADI, Fransix TENDA LOMBA.

Pour leur précieuse contribution, nous tenons à remercier: M. Jean Louis Haguenauer, Fondateur de Montresso Art Foundation Mme. Dina Naciri, Directrice Générale Fondation CDG M. Khalid Tamer, Conseiller Artistique du projet IN-DISCIPLINE

Ainsi que toutes les personnes qui ont participées à la réussite de l’exposition IN-DISCIPLINE.

Crédits photographiques : Cyril Boixel, Hafid Lhachmi Conception graphique : Hafid Lhachmi ISBN: Dépôt légal: Imprimeur: Direct Print

Ouvrage non destiné à la vente - reproduction interdite




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