Le Grand Orchestre des Animaux

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SOMMAIRE

L’EXPOSITION

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AVANT-PROPOS PAR HERVÉ CHANDÈS PARCOURS DE L’EXPOSITION BIOGRAPHIES

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VISUELS DISPONIBLES

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EXTRAITS DU CATALOGUE PUBLICATIONS

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WWW.LEGRANDORCHESTREDESANIMAUX.COM LES SOIRÉES NOMADES

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LES NUITS DE L’INCERTITUDE

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JEUNE PUBLIC ET FAMILLES

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INFORMATIONS PRATIQUES

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PARTENAIRES

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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX 2 JUILLET 2016 › 8 JANVIER 2017 Du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017, la Fondation Cartier présente Le Grand Orchestre des Animaux, inspiré par l’œuvre de Bernie Krause, musicien et bio acousticien américain. L’exposition qui réunit des artistes du monde entier, invite le public à s’immerger dans une méditation esthétique, à la fois sonore et visuelle, autour d’un monde animal aujourd’hui de plus en plus menacé.

Bernie Krause a, depuis près de cinquante ans, collecté près de 5 000 heures d’enregistrements sonores d’habitats naturels sauvages, terrestres et marins, peuplés par près de 15 000 espèces d’animaux. Ses recherches offrent une merveilleuse plongée dans l’univers sonore des animaux, dans le monde de la biophonie. Avant de se passionner pour l’enregistrement des animaux loin du monde humain, Bernie Krause a travaillé dans les années 1960 et 1970 comme musicien et acousticien à Los Angeles, collaborant notamment avec les Doors et Van Morrison. Il a également contribué à la composition de musiques de films comme Rosemary’s Baby de Roman Polanski et Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. L’approche de Bernie Krause est unique. Il contemple le monde naturel en poète, écoute les vocalisations des animaux en musicien et, à travers ses enregistrements, les étudie en scientifique. Bernie Krause est ainsi passé maître dans l’art de révéler la beauté, la diversité et la complexité des langues des animaux sauvages, de plus en plus réduits au silence par le vacarme des activités humaines. Il nous implore d’écouter ces voix du monde vivant non-humain avant qu’un silence définitif ne s’abatte sur elles. L’exposition s’articule autour de deux composantes, l’une visuelle, l’autre sonore. Dans les espaces transparents de la Fondation Cartier, les architectes mexicains Gabriela Carrillo et Mauricio Rocha mettent en scène le grand orchestre de nos représentations du monde animal. Explorant les multiples perspectives visuelles qu’offre la « maison de verre », ils créent une scénographie de briques en terre cuite qui relie le jardin et les espaces intérieurs du bâtiment de Jean Nouvel. Ce dispositif architectural reproduit métaphoriquement la configuration d’un orchestre symphonique. L’exposition présente un dessin de 18 mètres de long spécialement créé pour l’exposition par l’artiste chinois Cai Guo-Qiang. Cette œuvre présente des animaux sauvages de toutes espèces réunis autour d’un point d’eau, dans un moment de paix et d’extrême vulnérabilité. Cai Guo-Qiang a réalisé ce dessin avec de la poudre pyrotechnique, matériau qu’il utilise avec un savoir-faire et une habileté inégalés. Sur de grandes feuilles de papier, une forme a d’abord été dessinée avec de la poudre avant d’être mise à feu. Les traces de brûlure et de fumée ont alors composé le motif recherché : un paysage d’animaux. À cette scène imaginée par Cai Guo-Qiang, qui évoque les peintures rupestres des artistes des temps les plus anciens, l’exposition associe de saisissantes et étranges images prises avec des « pièges photographiques » que l’artiste japonais Manabu Miyazaki dispose avec une ingéniosité et une sensibilité sans pareilles. Exposées pour la première fois en dehors du Japon, ces photographies donnent à voir des animaux sauvages qui partagent le même environnement et empruntent les mêmes chemins que les humains. Les photographies de Manabu Miyazaki révèlent également la mystérieuse beauté onirique du vol des oiseaux dans la forêt. L’artiste décrit ainsi sa démarche : « Mes pièges photographiques sont comme les arbres qui observent les animaux. Mon appareil photo est l’œil de l’arbre. » Le Grand Orchestre des Animaux donne ensuite le champ libre à une approche plus joueuse, excentrique et colorée, dans laquelle l’imaginaire 2


L' E X P O S I T I O N

des artistes fait écho aux plus fascinantes créations esthétiques de la nature. L’artiste brésilienne Adriana Varejão réalise un mur de céramique, peint d’oiseaux d’Amazonie, qui relie le jardin à l’intérieur du bâtiment et à l’exposition. Emblématiques ou ostentatoires, les tableaux de l’artiste béninois Cyprien Tokoudagba et les animaux musiciens des peintres congolais Pierre Bodo, JP Mika et Moke entrent en conversation avec les extravagants oiseaux de paradis de Nouvelle-Guinée filmés par les chercheurs du Cornell Lab of Ornithology (Ithaca, États-Unis). Cette étonnante vidéo-volière d’images bigarrées est placée sous la vigilance solennelle et contemplative de dioramas d’animaux photographiés en noir et blanc par l’artiste japonais Hiroshi Sugimoto. Dans la seconde partie de l’exposition, c’est cette fois l’esthétique inouïe du monde vivant imperceptible qui est révélée à travers des dispositifs technologiques (microphones et microscopes). Le collectif anglais United Visual Artists (UVA) propose un dispositif de traduction visuelle des paysages sonores de Bernie Krause. Une étonnante installation électronique tridimensionnelle, commandée spécialement pour l’exposition, transpose en particules lumineuses les données des enregistrements sonores afin de mettre en relief la beauté des environnements présentés et la complexité des vocalisations animales. Les recherches de Bernie Krause nous ont fait découvrir que les sonorités du monde animal, souvent perçues sous la forme confuse d’un simple bruit de fond, sont en réalité aussi soigneusement orchestrées que la partition musicale la plus complexe. Chaque espèce possède sa propre signature acoustique au sein du panorama sonore de son écosystème. Bernie Krause décrit ainsi ce phénomène de « niche acoustique » : « Chaque espèce résidente acquiert sa propre largeur de bande acoustique – qui lui permet de se mélanger aux autres ou de créer un contraste – un peu comme les violons, les bois, les cuivres et les percussions délimitent leur territoire acoustique dans un arrangement pour orchestre. » Nous oublions trop souvent que ce sont les animaux qui nous ont fait don de la musique. Bernie Krause nous le rappelle et nous sensibilise à l’organisation des vocalisations animales au moyen de sonogrammes des paysages sonores qu’il enregistre. Ces représentations graphiques de la biophonie offrent une chance de mieux comprendre et apprécier le langage acoustique du monde vivant que nous sommes en train de détruire – langage que seuls les peuples indigènes savent encore si bien déchiffrer. L’installation immersive du collectif UVA, qui met en valeur l’extraordinaire richesse des enregistrements et des sonogrammes de Bernie Krause, offre à la fois une expérience esthétique inédite et un outil de connaissance précis. Elle présente sept paysages sonores, enregistrés au Canada, aux États-Unis, au Brésil, en République centrafricaine, au Zimbabwe et dans les profondeurs des océans. Un film réalisé par Raymond Depardon et Claudine Nougaret, dans lequel Bernie Krause commente son œuvre, est intégré à l’installation. Dans une autre salle, les visiteurs sont invités à explorer une des dimensions les plus méconnues du monde animal en s’immergeant dans la beauté infinitésimale de l’océan avec l’installation Plancton, Aux origines du vivant. Réalisée à partir des photographies de Christian Sardet, directeur de recherche au CNRS et un des initiateurs du projet Tara Océans, selon un dispositif imaginé par le vidéaste et plasticien Shiro Takatani, elle s’accompagne d’une musique créée par le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto. Invisibles à l’œil humain, les micro-organismes qui forment le plancton sont présents dans tous les océans. Ils représentent la plus grande partie de la biomasse marine de la planète et sont à l’origine de la vie sur Terre. Dans le jardin, une œuvre de la collection de la Fondation Cartier créée par Agnès Varda, Le Tombeau de Zgougou, perpétue, tel un temple protecteur dédié à l’esprit des animaux de compagnie, la mémoire de sa bien-aimée et à jamais regrettée chatte Zgougou. 3


LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

ÉCOUTER, VOIR LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

Au début des années 1980, après des années passées dans les studios d’enregistrement de Los Angeles comme musicien et ingénieur du son, Bernie Krause se passionne pour le monde sonore de la nature dite « sauvage ». Fasciné par les somptueux dépaysements que lui procure l’écoute attentive des polyphonies animales, guidé par sa connaissance de la musique et sa curiosité scientifique, il s’engage alors dans une étonnante aventure. Parcourant le monde à la découverte de l’origine non humaine de la musique, il enregistre et étudie l’organisation secrète des vocalisations animales. L’exposition Le Grand Orchestre des Animaux trouve son inspiration dans l’œuvre de Bernie Krause et son titre dans l’un des livres à travers lesquels il retrace sa démarche, présente ses découvertes, et nous initie à « l’art d’écouter activement de tout son être 1 ». Depuis près de cinquante ans, en artiste et scientifique de l’écoute, Bernie Krause consacre sa vie à connaître et à faire connaître la diversité, la complexité et l’extrême beauté du monde sonore animal qu’il a appelé biophonie. Ses travaux nous enseignent que chaque espèce animale possède sa propre signature acoustique qui, à l’instar d’un instrument de musique dans un orchestre, vient s’inscrire avec précision et subtilité dans la trame de la grande partition du paysage sonore de l’écosystème où elle vit. C’est à une expérience intense de ces mondes inouïs de la musique non humaine que l’exposition nous invite à la suite de Bernie Krause. Mais elle nous propose tout aussi bien de nous immerger dans l’infravisible sous-marin des formes de vie planctonique étudiées par les expéditions Tara Océans dont les chercheurs, à l’instar de Bernie Krause, associent étroitement plaisir esthétique et rigueur scientifique. Dans les deux cas – esprit des temps –, c’est la technologie (microphones et microscopes) qui nous permet d’entrevoir avec plus de subtilité la richesse des voix et des mondes animaux que seule, loin de nous, la « pensée sauvage » des peuples premiers sait encore si bien écouter et voir. Mais ce que révèlent également les paysages sonores et les paysages sous-marins infinitésimaux, c’est l’inexorable disparition de la biodiversité de notre planète. La polyphonie du grand orchestre des animaux se tait peu à peu jusque dans les espaces les plus reculés des terres et des mers, assourdie par l’avancée généralisée du vacarme humain. La relation entre l’éblouissement esthétique et la prise de conscience de la destruction des animaux et des écosystèmes est également au cœur de l’exposition et du catalogue. Cette démarche fait écho à de précédentes expositions présentées par la Fondation Cartier dont l’ancrage esthétique dans le monde réel était clairement énoncé. Les expositions Yanomami, l’esprit de la forêt 2, dédiée au chamanisme d’une communauté amérindienne d’Amazonie, et Terre Natale, Ailleurs commence ici 3, consacrée à la crise migratoire et climatique et aux langues en danger, en sont le témoignage. Enfin, si le son est l’origine et le centre de gravité de l’exposition, celle-ci est également conçue comme une conversation entre le grand orchestre polyphonique des voix animales et celui, visuel, de nos multiples représentations de l’animalité. Double orchestre entrecroisé, donc, entre les sections duquel le visiteur peut vagabonder au rythme de la curiosité de son regard et de son écoute. 4


AVA N T- P R O P O S PA R H E R V É C H A N D È S

Silencieuses et énigmatiques, saisissantes ou baroques, les œuvres des artistes irradient tout leur pouvoir de dévoiler la présence ambivalente des animaux dans nos imaginaires et nos sociétés. Mais au-delà, la confrontation inattendue de ces œuvres, sous une même perspective sensible, avec la beauté puissante qui émane de certaines formes d’art animal – celui, par exemple, des oiseaux de paradis – offre un véritable défi à notre anthropocentrisme esthétique. C’est alors une nouvelle expérience de sensibilité, et peut-être de connaissance, qui s’ouvre face à la multiplicité orchestrale, à la fois sonore et visuelle, humaine et non humaine, que traverse le parcours de l’exposition. L’idée de présenter ce Grand Orchestre des Animaux est née de la découverte du travail de Bernie Krause grâce à Bruce Albert, qui nous a accompagnés tout au long de cette entreprise. Elle s’est enrichie au cours des multiples rencontres et conversations qui ont suivi avec des artistes, des scientifiques, des philosophes, des musiciens, des architectes, dont on retrouve les contributions dans le catalogue de l’exposition. Nous leur témoignons toute notre gratitude. L’aventure a connu ses moments d’incertitude et d’exploration. Nous avons alors été touchés par l’intérêt porté au projet par de nombreuses institutions que nous remercions chaleureusement, notamment le Muséum national d’Histoire naturelle et l’équipe de Tara Océans à Paris, l’université Cornell aux États-Unis et le festival Kyotographie au Japon. Une exposition telle que celle-ci se nourrit également d’échanges privilégiés qui éclairent tout particulièrement ses enjeux fondamentaux. Je remercie à cet égard tout spécialement Interpol et Ioana Botezatu du département consacré à la lutte contre les crimes environnementaux, ainsi que Jean Claude Ameisen, directeur du Centre d’études du vivant de l’Institut des humanités de Paris (université Paris-Diderot), président du Comité consultatif national d’éthique et grande voix de la défense de la biodiversité.

par HERVÉ CHANDÈS, Directeur Général de la Fondation Cartier

pour l’art contemporain et commissaire de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux

Bernie Krause, Le Grand Orchestre animal, Flammarion, Paris, 2013. Yanomami, l’esprit de la forêt, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2003. 3 Terre Natale, Ailleurs commence ici, une exposition de Raymond Depardon et Paul Virilio, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2008. 1

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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

PARCOURS DE L’EXPOSITION Rez-de-chaussée Du grand orchestre polyphonique des voix de la nature à celui des images, l’exposition témoigne de la profusion des représentations animales contemporaines avec des œuvres d’artistes originaires d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe. Peintures, photographies, vidéos ou dessins, ces œuvres combinent le plaisir purement jubilatoire de la figuration et une réflexion sur la représentation, reflétant le rapport singulier que chacun de ces artistes entretient avec le monde animal. Jouant avec la transparence des espaces de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, les architectes mexicains Mauricio Rocha et Gabriela Carrillo créent une scénographie circulaire faite de briques de terre cuite qui épouse la forme d’un orchestre. Considérées individuellement ou comme les éléments d’une composition d’ensemble, les œuvres entrent en résonance les unes avec les autres, écho silencieux au grand orchestre de Bernie Krause. Au cœur de cette partition visuelle, les vidéos des parades nuptiales du paradisier, de l’oiseau jardinier et de l’oiseaulyre affirment la présence de comportements artistiques au sein du monde animal, point d’orgue de cette exposition symphonique. Scénographie : TALLER Mauricio Rocha + Gabriela Carrillo Avec Pierre Bodo, Cai Guo-Qiang, Cornell Lab of Ornithology, JP Mika, Manabu Miyazaki, Moke, Hiroshi Sugimoto, Cyprien Tokoudagba, Agnès Varda, Adriana Varejão

ADRIANA VAREJÃO

LES OISEAUX ARTISTES

PIERRE BODO

Passarinhos, 2016 Mur de carreaux de céramique peints à la main par Beatriz Sauer, 14 × 14 cm chaque Commande de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2016 Collection de l’artiste

Paradisier superbe, Paradisier gorge-d’acier (2001-2009) Durée : 2 min 27 Réalisation : Tim Laman et Edwin Scholes

Concert de la sape, 2006 Acrylique et paillettes sur toile, 162 × 430 cm Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris

Paradisier grand-émeraude, Paradisier de Raggi, Paradisier de Carola, Paradisier de Wahnes, Paradisier sifilet (2005-2011) Durée : 5 min 53 Réalisation : Tim Laman et Edwin Scholes

Danse des animaux, 1999 Acrylique sur toile, 128 × 139 cm CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

CAI GUO-QIANG White Tone, 2016 Poudre à canon sur papier, 4 × 18 m Commande de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2016 Collection de l’artiste

Jardinier brun, Jardinier satiné (2008-2009) Durée : 4 min 47 Réalisation : Tim Laman

MANABU MIYAZAKI

Paradisier de Victoria (2008) Durée : 2 min 53 Réalisation : Tim Laman et Edwin Scholes

Tirages : A Black Bear Plays with a Camera, Nagano (Japan), 2006 Jay, Nagano (Japan), 2014-2016 17 photographies couleur Diaporamas : Animal Trail, Nagano (Japan), 2005-2008 53 photographies couleur Jay, Nagano (Japan), 2014-2016 68 photographies couleur Varied Tit, Nagano (Japan), 2014-2015 111 photographies couleur Death in Nature (Sika Deer), Nagano (Japan), 2005-2008 48 photographies couleur

Toutes les œuvres : Collection de l’artiste

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Ménure superbe (2014) Durée : 2 min 06 Réalisation : Anastasia Dalziell et Justin Welbergen

Production : The Macaulay Library at the Cornell Lab of Ornithology

HIROSHI SUGIMOTO Alaskan Wolves, 1994 (120 × 210 cm) California Condor, 1994 (120 × 185 cm) Tirages gélatino-argentiques Collection de l’artiste

MOKE L’Orchestre dans la forêt, 1999 Acrylique sur toile, 141 × 264 cm CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

JP MIKA Les Bruits de la nature, 2012 Acrylique sur toile, 152 × 126 cm Collection privée

CYPRIEN TOKOUDAGBA Agotonou 1, 2008 (112 × 162 cm) Alenlangbogbo, 1995 (157 × 199 cm) Emblèmes des rois d’Abomey, 1990 (148 × 232 cm) Gononfohoué, 1995 (150 × 230 cm) Segbolissa, 1994 (137 × 201 cm) Symbole du dieu de l’eau, 2008 (112 × 165 cm) Acrylique sur toile Toutes les toiles : CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

AGNÈS VARDA (dans le jardin) Le Tombeau de Zgougou, 2006 Installation vidéo Durée : 3 min 40 (en boucle) Musique : Steve Reich, For Strings (with Winds and Brass) Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris


PA R C O U R S D E L’ E X P O S I T I O N

« Avez-vous déjà assisté à un concert donné par un orchestre ? Avez-vous observé à quel point les espaces séparant les musiciens des instruments sont presque imperceptibles ? Imaginez que l’orchestre est composé d’animaux et que vous déambulez parmi eux. Vous commencez à vous promener, et vous entendez d’abord le chant des oiseaux, puis le rugissement des félins et, enfin, les stridulations mélodieuses des sauterelles ; et tous ces sons réunis composent une harmonieuse symphonie. Ne serait-ce pas une expérience sublime ? Au cœur de cette fantastique polyphonie qu’est Le Grand Orchestre des Animaux, un incroyable mur de céramiques peintes, des photographies, des vidéos, de grandes peintures colorées et une fresque monumentale jouent simultanément une partition silencieuse. Différents murs de briques courbes recréent la forme d’un orchestre afin d’y accueillir toutes ces œuvres. La surface organique vous invite à vous promener dans l’espace et à sentir les œuvres entrer en résonance les unes avec les autres ; vous êtes alors totalement immergé dans la composition d’ensemble. Le bâtiment de Jean Nouvel se prête parfaitement à cette scénographie. Se caractérisant par des limites floues entre espace intérieur et espace extérieur, jardin et salles d’exposition, petite et grande échelles, il rend possible une intervention qui joue avec les espaces interstitiels propres à l’orchestre. La forme abstraite suggérée brise ces frontières imperceptibles et varie selon qu’elle englobe le jardin, le cèdre de Chateaubriand, la rue et même la ville. La nature, les visiteurs et le ciel de Paris sont ainsi réunis pour créer ensemble une exposition symphonique, Le Grand Orchestre des Animaux. »

GABRIELA CARRILLO ET MAURICIO ROCHA « Composée d’oiseaux peints sur des carreaux de céramique, cette œuvre est inspirée de mon voyage à Watoriki en Amazonie, où vivent les Yanomami, à l’occasion de l’exposition Yanomami, l’esprit de la forêt, présentée en 2003 à la Fondation Cartier. Lors de mon séjour, j’ai passé beaucoup de temps avec certains membres de la communauté qui aimaient dessiner. J’ai remarqué qu’ils possédaient un guide sur les oiseaux d’Amazonie et que, tandis qu’ils le feuilletaient et regardaient les photographies, ils imitaient le son de chacun d’entre eux. Ils adoraient dessiner ceux qu’ils reconnaissaient et il y en avait des centaines ! J’ai été très impressionnée par leur grande connaissance du langage des oiseaux. J’ai ainsi repris de nombreuses images présentées dans ce livre et les ai fait peindre sur des carreaux de céramique pour former un grand mur s’étirant à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la Fondation Cartier. »

ADRIANA VAREJÃO « Cette œuvre est l’un des dessins les plus détaillés que j’aie jamais réalisés. Tout comme les hommes, les animaux revêtent autant d’attitudes que de formes différentes : muscles, os, fourrure… Il faut être très précis lorsque l’on applique la poudre explosive afin de pouvoir représenter le mouvement des animaux se penchant au-dessus de l’eau. Réaliser un dessin avec cette technique reste quelque chose de très délicat à cause du processus d’explosion. J’ai imaginé cet endroit comme le dernier vestige naturel restant sur Terre, l’ultime héritage laissé aux animaux. Ces derniers ne sont plus dans une logique de prédation ; ils se penchent doucement au-dessus d’un point d’eau pour boire une dernière gorgée. Comme dans un conte de fées, la scène illustrée constitue une vision belle et émouvante mais elle cache une facette bien plus obscure. Le point d’eau est calme et silencieux : c’est un vortex, un vide blanc qui aspire tout ce qui l’entoure et donne naissance à un néant silencieux, une image de laquelle tout bruit a disparu ou s’apprête à disparaître, ce qui n’est pas sans lien avec la disparition des sons de la nature archivés par Bernie Krause. »

CAI GUO-QIANG « Mes pièges photographiques sont comme les arbres qui observent les animaux. Mon appareil photo est l’œil de l’arbre. »

MANABU MIYAZAKI « En prenant ces photographies, j’ai été saisi par l’envie de représenter l’histoire naturelle comme une image trompeuse offrant une illusion de réalité. »

HIROSHI SUGIMOTO 7


LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

PARCOURS DE L’EXPOSITION Étage inférieur (grande salle) Depuis près de cinquante ans, Bernie Krause écoute et archive le son des territoires naturels sauvages, terrestres et marins, où il a enregistré près de quinze mille espèces d’animaux. Très tôt, ce musicien de formation a découvert l’harmonie musicale et l’organisation quasi orchestrale de ces espaces sonores, au sein desquels chaque espèce trouve spontanément sa « niche acoustique ». Il s’est ainsi passionné pour ces compositions musicales naturelles, ces « paysages sonores » dans lesquels les sons de la terre comme la pluie ou le vent ont également leur place. En tant que bioacousticien, c’est à travers l’écoute des enregistrements et l’observation de leur représentation graphique (les sonogrammes) que Bernie Krause étudie l’organisation acoustique d’un écosystème et son évolution. Et qu’il constate que le grand orchestre animal, de plus en plus menacé par les activités humaines, risque un jour d’être réduit au silence. Pour l’exposition, le collectif anglais United Visual Artists (UVA) a créé un dispositif immersif présentant sept paysages sonores, enregistrés par Bernie Krause en Afrique, en Amérique et dans les océans. L’écoute des sons et la visualisation simultanée des sonogrammes dévoilent la beauté et la complexité de la biophonie qui s’organise comme une partition musicale. Bernie Krause explique sa démarche dans une séquence filmée par Raymond Depardon et Claudine Nougaret, dont la projection ponctue l’écoute des paysages sonores. Combinant esthétique et technologie, cette installation offre une plongée au cœur des sons de la nature, une méditation sonore et visuelle sur la nécessité de préserver les splendeurs du monde animal. « Ainsi s’accorde le grand orchestre animal, révélateur de l’harmonie acoustique de la nature, l’expression profondément articulée de ses sons et de ses rythmes. C’est la base de ce que nous entendons dans les régions encore sauvages aujourd’hui et il est probable que tous les morceaux de musique qui nous procurent du plaisir et toutes les paroles que nous prononçons procèdent, dans une certaine mesure, de cette voix collective. Il fut un temps où il n’y avait pas d’autre source d’inspiration pour l’oreille. »

BERNIE KRAUSE

LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX Bernie Krause : Paysages sonores United Visual Artists : Installation Raymond Depardon et Claudine Nougaret : Film Projection (sonogrammes et film 35 mm en couleur) Son numérique 7.1 Durée : 1 h 35 min (en boucle) Commande de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2016

« Pour mettre en scène le magnifique travail de Bernie Krause, notre approche créative a consisté à réunir les différents éléments à notre disposition (enregistrements, 8

sonogrammes ainsi que le film de Raymond Depardon et Claudine Nougaret) afin de proposer une expérience immersive. Nous avons ainsi transposé les enregistrements de Bernie Krause dans un environnement numérique sous la forme d’immenses projections offrant une visualisation en trois dimensions du son et suggérant des scènes du monde naturel. Sur les murs de la salle, les sonogrammes recréent des paysages présentant les différents territoires au moment où

l’enregistrement a été effectué par Bernie Krause. Sur le sol, en face des projections, se trouve un bassin rempli d’eau noire reflétant les sonogrammes et apportant une autre dimension à l’installation. Des hautparleurs génèrent des ondulations à la surface de l’eau qui viennent altérer le reflet de la projection, plongeant ainsi le visiteur au cœur de l’installation et l’invitant à s’attarder dans l’espace d’exposition. »

UNITED VISUAL ARTISTS


PA R C O U R S D E L’ E X P O S I T I O N

PARCOURS DE L’EXPOSITION Étage inférieur (petite salle) Invisible le plus souvent à l’œil nu, le plancton est à l’origine de la vie sur Terre et représente la plus grande partie de la biomasse marine de la planète. Les micro-organismes qui forment le plancton produisent la moitié de l’oxygène présent dans l’atmosphère et sont indispensables à la survie de la faune marine comme à la vie sur Terre. Entre 2009 et 2013, la goélette Tara a parcouru les mers du globe à la recherche de planctons. Les scientifiques qui étaient à son bord poursuivaient un objectif essentiel : comprendre l’océan pour mieux le défendre. Le biologiste Christian Sardet a alors mené le projet Chroniques du plancton qui a révélé, à travers des photographies, des films et des textes, la beauté insoupçonnée de ces êtres vivants microscopiques. À partir du travail de Christian Sardet, l’artiste Shiro Takatani a conçu l’installation vidéo Plancton, Aux origines du vivant, en collaboration avec le compositeur Ryuichi Sakamoto. Ce dispositif immersif associe aléatoirement près de 100 photographies et plus de 340 vidéos et offre une traversée visuelle et musicale à travers ce monde sous-marin aux formes de vie les plus étonnantes.

CHRONIQUES DU PLANCTON Photographies réalisées par Christian Sardet et les Macronautes, avec l’aide du CNRS, de Tara Océans et de Kyotographie.

PLANCTON, AUX ORIGINES DU VIVANT Christian Sardet : Images Shiro Takatani : Installation Ryuichi Sakamoto : Musique Projection synchronisée sur 9 écrans 4K (combinaisons aléatoires de photographies et vidéos) Son numérique Durée : 7 min chaque (en boucle)

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LL EE G G RR A AN ND D O O RR C CH H EE SS TT RR EE D D EE SS A AN N II M MA AU U XX

L’HOMME ET LA BIODIVERSITÉ ANIMALE Notre planète a subi cinq extinctions massives d’espèces animales depuis l’apparition de la vie, la dernière étant celle des dinosaures, il y a 66 millions d’années. De nombreux scientifiques s’accordent à observer que, depuis la révolution industrielle, nous sommes entrés dans une sixième période d’extinction animale de masse. Jamais auparavant l’impact des humains sur la biodiversité et le rythme de disparition des espèces animales n’ont été aussi élevés qu’aujourd'hui. La « grande accélération »

Les menaces pesant sur les espèces animales en danger Global

37,7%

27,5%

Perte d’habitat

7,9%

17,3%

5,3% 3,8%

42,8%

12,8

Amérique du Nord

%

6,4 58,6%

10,9%

6,4%

Méso-Amérique

15,7%

15,9%

%

13,2%

Europe

39,3%

6,1% 5,2%

10,1%

Asie du Nord

Asie centrale et occidentale

7,6%

7,6%

Afrique du Nord

5,3% 18,5

39%

6,5

14,5% 9,8%

2,6%

7,4%

Amérique du Sud

4,7%

Maladies

4,8%

Changement climatique

10

20,5%

Asie du Sud et du Sud-Est

17,7%

6

%

Océanie %

9,3%

Antarctique

6,9%

Asie de l’Est

12,8% 26,3%

Afrique subsaharienne

Autres

8,8%

15,7%

13,7%

13,6

9,3%

BERNIE KRAUSE 29,2%

3,8 1,5%

%

6,2%

9,9%

%

%

7,4%

22,1% 27%

8,9%

24,3%

Caraïbes

Pollution

Dégradation et changement d’habitat

24,2%

6,1% 3,3%

9%

12,1% 8,2%

17,2%

7,3%

9,4%

11,9

28%

20%

24,4%

%

20,9%

26,6% 23,6%

13,5%

16,3%

47,5%

37,3% 46,7%

Exploitation

20,9%

25,7%

25,5%

20,7%

19,7%

26,1%

28,7%

31,2%

« Près de 50 % des habitats figurant dans mes archives sont désormais si gravement dégradés, si ce n’est biophoniquement silencieux, que beaucoup de ces paysages sonores naturels, naguère si riches, ne peuvent plus être entendus que dans cette collection. »

6,8% 5,1%

Extraits de l’ensemble d’infographies conçu et développé pour le catalogue de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux, par Bruce Albert, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD, Paris), Fabrice Dubertret, doctorant (CREDA, Centre de recherche et de documentation des Amériques, CNRS / université Paris-3-Sorbonne-Nouvelle) et François-Michel Le Tourneau, directeur de recherche au CNRS (CREDA).


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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

BIOGRAPHIES PIERRE BODO

CORNELL LAB OF ORNITHOLOGY

Né en 1953 à Mandu en République démocratique du Congo, Pierre Bodo s’installe à Kinshasa en 1970 et évolue dans la peinture publicitaire avant d’ouvrir son propre atelier, tout en officiant en tant que pasteur à partir de 1980. Mêlant nature et figures humaines, ses tableaux représentent fréquemment des créatures fantastiques et hybrides telles que des femmes-arbres ou des hommes-sapeurs à tête d’oiseau. Son travail de peintre et de pasteur s’accompagne d’un fort engagement social, notamment pour la scolarisation d’enfants défavorisés. Pierre Bodo œuvre notamment pour la scolarisation d’enfants défavorisés, souvent accusés de sorcellerie et abandonnés par leur famille. Il meurt à Kinshasa en 2015. Pierre Bodo a été révélé au grand public en 1978 grâce à l’exposition Art partout présentée à l’Académie des beaux-arts – CIAF de Kinshasa. Son œuvre a ensuite été présentée dans le cadre de nombreuses expositions à travers le monde, dont African Art Now au Museum of Fine Arts de Houston en 2005, 100 % Africa au musée Guggenheim de Bilbao en 2006, « Popular Painting » from Kinshasa à la Tate Modern de Londres en 2007 et Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris en 2015.

Fondé en 1915, le Cornell Lab of Ornithology est une unité de l’université Cornell située à Ithaca (État de New York, États-Unis). Consacrée à l’étude des oiseaux, son activité se déploie selon plusieurs axes : la recherche scientifique, l’enseignement supérieur et la pédagogie auprès du grand public – notamment le jeune public –, la participation active de « citoyens-scientifiques » dans l’observation de la faune et la collecte de données, ainsi que la conservation. Le Cornell Lab of Ornithology est installé à quelques kilomètres du campus de l’université, au cœur du Sapsucker Woods Sanctuary, un site naturel riche d’une très grande biodiversité végétale et animale. Au sein du Cornell Lab of Ornithology se trouve la Macaulay Library, la plus vaste collection de sons naturels au monde, qui s’est enrichie depuis plusieurs années d’une collection de vidéos réalisées sur le terrain par les chercheurs. Parmi les nombreux projets de recherche exemplaires menés par le Cornell Lab of Ornithology, le « Birds-of-Paradise Project » s’intéresse à l’évolution spectaculaire de la famille des paradisiers, des oiseaux aux parades et aux plumages d’une infinie diversité vivant majoritairement en Nouvelle-Guinée. Cette recherche est menée depuis 2003 par Edwin Scholes, chercheur au Cornell Lab of Ornithology, et le photographe et biologiste Tim Laman. Ensemble, ils ont réussi, au cours de nombreux séjours sur le terrain, à répertorier et étudier chacune des 39 espèces de paradisiers et ont rapporté de leurs expéditions des films et photographies qui leur permettent de partager largement le fruit de leurs recherches.

CAI GUO-QIANG Né en 1957 à Quanzhou (province du Fujian, Chine), Cai Guo-Qiang étudie les arts de la scène à l’Académie de théâtre de Shanghai entre 1981 et 1985. Artiste pluridisciplinaire, il pratique aussi bien le dessin que l’installation, la vidéo et la performance. Il séjourne au Japon entre 1986 et 1995 et y explore les propriétés de la poudre à canon dans ses dessins ainsi que dans des expériences pyrotechniques à grande échelle qui deviennent sa marque de fabrique. Cai Guo-Qiang a été récompensé par le Lion d’or à la xlviii e Biennale de Venise en 1999, par le prix Fukuoka des arts et de la culture asiatiques en 2009 et par le Praemium Imperiale en 2012. La même année, il est l’un des premiers artistes à être honorés par la médaille des arts du département d’État américain. En 2008, il officie en tant que directeur des arts visuels et des effets spéciaux pour les cérémonies d’ouverture et de fermeture des Jeux olympiques de Pékin. Cai Guo-Qiang a fait l’objet de nombreuses expositions individuelles à travers le monde, notamment à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 2000, au Metropolitan Museum of Art à New York en 2006 et au musée Solomon R. Guggenheim de New York en 2008. Sa première exposition au Brésil, Cai Guo-Qiang. Da Vincis do Povo, est présentée à São Paulo, Brasilia et Rio de Janeiro en 2013. En octobre 2013, il crée Aventure d’un soir, une explosion pour la Nuit Blanche à Paris. La même année, Falling Back to Earth est présenté à la Queensland Gallery of Modern Art à Brisbane et, en 2014, son exposition personnelle The Ninth Wave est inaugurée au Power Station of Art à Shanghai. Cai Guo-Qiang vit et travaille à New York.

RAYMOND DEPARDON ET CLAUDINE NOUGARET Depuis vingt-cinq ans, Raymond Depardon et Claudine Nougaret partagent leur passion pour le cinéma et la photographie, lui à l’image et elle au son. Artistes autodidactes, ils fondent leur maison de production Palmeraie et Désert en 1992. Ensemble, ils réalisent notamment les films Urgences (1988), La Captive du désert (1990), Délits flagrants (1994), Paris (1998), 10 e chambre, instants d’audiences (2004), La Vie moderne (2008), Journal de France (2012) et Les Habitants (2016). Depuis ses débuts, Claudine Nougaret privilégie le son direct dans ses productions. En 1986, elle signe le son direct du film Le Rayon vert d’Éric Rohmer, récompensé par le Lion d’or de la Mostra de Venise la même année, et devient la première femme chef-opératrice du son du cinéma français. Photographe autant que cinéaste, Raymond Depardon met quant à lui l’image fixe et animée au service d’une écriture simple et unique. Il rend compte dans ses photographies de l’état de notre société, racontant l’errance quotidienne, ou témoignant de l’institution psychiatrique ou du sort de l’enfance abandonnée. Entre 2004 et 2010, il réalise une série de photographies grand format de la France, présentée dans l’exposition La France de Raymond Depardon à la BnF François-Mitterrand de 2010 à 2011. En 2013, il présente l’exposition Un moment si doux au Grand Palais à Paris, qui réunit 150 photographies couleur réalisées par l’artiste depuis ses débuts à travers le monde. Pour la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Raymond Depardon et Claudine Nougaret ont réalisé les films Amours (1997), Déserts (2000), Chasseurs et Chamans (2003) et 7 x 3 (2004). En 2008, pour l’exposition Terre natale, Ailleurs commence ici signée conjointement avec Paul Virilio, ils réalisent le film Donner la parole qui alerte sur la menace de la disparition des langues vernaculaires dans le monde. En 2011, ils participent à l’exposition Mathématiques, un dépaysement soudain. En 2014, dans le cadre de l’anniversaire des 30 ans de la Fondation Cartier, ils réalisent le court-métrage 8e étage mettant en scène des figures majeures de l’histoire de l’institution.

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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

BERNIE KRAUSE Né en 1938 à Detroit dans le Michigan, Bernie Krause étudie le violon dès l’âge de 4 ans puis la composition classique. Pendant ses études universitaires à la fin des années 1950, il travaille comme ingénieur du son, producteur, et guitariste de studio avant de participer, jusqu’au début des années 1960, à des sessions d’enregistrement de jazz, de folk et de musique pop. En 1963, il rejoint le célèbre quatuor folk américain The Weavers, au sein duquel il occupe la position de Pete Seeger durant la dernière année d’existence du groupe. Lorsque le groupe se sépare en 1964, Bernie Krause s’installe à San Francisco, où il étudie la musique électronique au Mills College et fait la connaissance de Paul Beaver. Avec ce dernier, il forme Beaver & Krause et introduit le synthétiseur Moog dans la musique pop et au cinéma. Ensemble ou séparément, ils participent à la réalisation de plus de 250 albums, dont ceux de Van Morrison, Brian Eno et David Byrne, George Harrison et The Doors, et à la bande-son de 135 longs-métrages depuis 1967, incluant Apocalypse Now, Rosemary’s Baby, Terre-Neuve et Castaway. Bernie Krause et Paul Beaver sont également les premiers à utiliser des paysages sonores naturels comme composantes principales d’orchestration dans leur album In a Wild Sanctuary, enregistré entre 1968 et 1969. Cet album est également le premier à aborder le thème de l’écologie. Depuis 1968, Bernie Krause enregistre et archive dans le monde entier les sons d’êtres vivants et d’environnements de toutes tailles. Travaillant sur plusieurs sites de recherche, il est à l’origine du concept de biophonie, fondé sur les relations de chaque être vivant avec l’ensemble du paysage sonore biologique de son habitat, chacun représentant une fréquence et / ou une bande acoustique temporelle dans un habitat donné. Ses découvertes ont permis d’établir les fondements de nouvelles disciplines scientifiques : l’écologie des paysages sonores et l’écoacoustique. Titulaire d’un doctorat en arts (sonores) créatifs avec une spécialisation en bioacoustique, Bernie Krause a grandement contribué à faire des paysages sonores naturels un outil pour le service américain des parcs nationaux. Il a produit plus de 55 CD de paysages sonores naturels et conçu des sculptures sonores environnementales interactives et non répétitives pour des espaces publics du monde entier. Sa collection de paysages sonores comporte plus de 5 000 heures d’enregistrement de plus de 15 000 espèces, maritimes et terrestres. Bernie Krause est par ailleurs l’auteur de trois ouvrages dédiés à son travail : Le Grand Orchestre animal (Flammarion, Paris, 2013), Chansons animales et cacophonie humaine (Actes Sud, Arles, 2016) et Wild Soundscapes. Discovering the Voice of the Natural World (Yale University Press, New Haven, 2016). En collaboration avec son ami et collègue Richard Blackford, il a également composé une symphonie pour le BBC National Orchestra of Wales dans le cadre du Cheltenham Music Festival au Royaume-Uni, intitulée The Great Animal Orchestra. Symphony for Orchestra and Wild Soundscapes (2014), ainsi que le ballet Biophony (2015), pour le corps international d’Alonzo King LINES Ballet de San Francisco.

JP MIKA Né en 1980 à Kinshasa, en République démocratique du Congo, Jean-Paul Nsimba Mika, dit JP Mika, s’intéresse au dessin dès l’âge de 13 ans. Il commence sa carrière de peintre en réalisant des panneaux publicitaires puis crée son propre atelier, qu’il nomme « Événement Beaux-Arts » (EBA), en 2004. L’année suivante, il intègre la section « peinture » de l’Académie des beauxarts de Kinshasa et obtient son diplôme en 2007. JP Mika achève de se former à la peinture dans l’atelier de Chéri Chérin et adhère à l’Association des peintres populaires (APPO). Ses premières 14

œuvres s’inscrivent dans la tradition de la peinture populaire et reflètent l’influence d’artistes comme Chéri Chérin et Chéri Samba. S’inspirant d’événements de la vie politique ou de phénomènes sociaux, il réalise des portraits en hommage à Barack Obama ou à Nelson Mandela, ou représente l’univers de la SAPE dans des œuvres mettant en scène des animaux humanisés. JP Mika simplifie peu à peu ses compositions en en réduisant le nombre de sujets et montre une prédilection pour les portraits peints, apportant une attention particulière au graphisme du trait. À partir de 2013, JP Mika peint ses personnages sur des fonds composés de tissus à motifs, à la manière des portraits photographiques réalisés dans les années 1960 dans les studios de Kinshasa ou de Bamako. JP Mika réalise ses premières expositions à l’étranger et présente ses œuvres en 2008 dans ¿Cómo está Africa ? à la Fundación Bilbao Bizkaia Kutxa à Bilbao. En 2009, il participe à la troisième édition du Festival socio-culturel de la Tshangu à Kinshasa et expose à l’Espace Pierre-Cardin et à la galerie Artitude à Paris. En 2010, dans le cadre des festivités du cinquantenaire de l’indépendance du Congo, il expose à la galerie Symphonie des Arts à Kinshasa. En 2015, il participe à l’exposition Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris, et réalise sa première exposition individuelle à l’espace culturel et éducatif Texaf-Bilembo à Kinshasa.

MANABU MIYAZAKI Né en 1949 dans la préfecture de Nagano au Japon, Manabu Miyazaki démarre sa carrière en travaillant pour un fabriquant d’instruments de précision avant de se lancer dans la photographie du monde animal. Épuisé par les longues périodes d’observation dans des conditions climatiques souvent extrêmes, il conçoit à partir du début des années 1970 des appareils photographiques automatiques équipés de capteurs infrarouges qu’il installe dans différents environnements naturels à travers le Japon pour capter des scènes de la vie animale sauvage. Tout comme les paysages sonores de Bernie Krause, son œuvre est le fruit d’une observation patiente et minutieuse de la vie sauvage et d’une présence solitaire, presque animale, au cœur de ces espaces. L’artiste a réalisé plusieurs séries dont Animal Trails (1979), Ural Owls (1989), Death in Nature (1994), Animal Apocalypse (1995) et Persimmon Tree (2006). En 2013, Manabu Miyazaki a fait l’objet d’une rétrospective majeure retraçant ses quarante années de carrière, intitulée The Pencil of Nature, à l’Izu Photo Museum de Shizuoka. Il a par ailleurs reçu le prix Japan Picture Book pour Ural Owls en 1978, le prix Jeune Talent de la Photographic Society of Japan pour Eagles and Hawks en 1982, le prix Domon Ken pour sa série Ural Owls en 1990 et le Prix de la culture des éditions Kodansha pour Animal Apocalypse et Death in Nature en 1995.

MOKE Né en 1950 à Ibe en République démocratique du Congo, Moke arrive à Kinshasa à l’âge de 10 ans. Il vit sur les marchés et survit grâce à la vente de peintures de paysages qu’il réalise avec ses doigts sur du carton et pour lesquelles il s’inspire des œuvres des peintres populaires qu’il voit dans la rue. En 1965, il réalise un tableau représentant le général Mobutu en train de saluer la foule, qui lui vaut de recevoir une bourse du président de la République. Grâce à elle, il crée son atelier en plein cœur de Kinshasa. Souvent décrit comme le « peintre reporter de l’urbanité », Moke observe la vie quotidienne kinoise et en représente les scènes de rue ou de bars, les fêtes nocturnes ou encore les


BIOGRAPHIES

personnalités comme les sapeurs, dans des toiles hautes en couleur. Il n’en oublie pas pour autant l’atmosphère du village dans lequel il a grandi, entouré d’animaux qu’il peint de façon allégorique dans des postures anthropomorphes. Sa rencontre en 1972 avec Pierre Haffner, animateur du centre culturel français qui devient vite son mécène, lance définitivement sa carrière de peintre au Congo mais aussi dans le reste du monde. Il participe ainsi à de nombreuses expositions collectives dont Art partout à l’Académie des beaux-arts – CIAF de Kinshasa en 1978, Horizonte 79 à Berlin en 1979, Africa Hoy, Africa Now au Centro Atlántico de Arte Moderno de Las Palmas de Gran Canaria en Espagne en 1991, au Groningen Museum aux Pays-Bas et au Centro Cultural Arte Contemporáneo de Mexico en 19911992, et Un art populaire à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris en 2001. Après son décès en 2001 à Kinshasa, son œuvre est présentée dans des expositions comme « Popular Painting » from Kinshasa à la Tate Modern de Londres en 2007 et Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 2015.

RYUICHI SAKAMOTO Né en 1952 à Kyoto, Ryuichi Sakamoto est un musicien et compositeur connu pour ses œuvres sonores innovantes et son approche pluridisciplinaire de la musique. Il commence sa carrière en 1978 avec l’album Thousand Knives et fonde cette même année le groupe de musique pop Yellow Magic Orchestra. Fervent défenseur des causes environnementales et sociales depuis la fin des années 1990, il lance le projet de reforestation « More Trees » en 2007 et crée les organisations caritatives LIFE311, School Music Revival et Tohoku Youth Orchestra pour venir en aide aux victimes du tsunami de Tohoku de 2011. En 2014, il est le directeur invité du Sapporo International Art Festival. Ryuichi Sakamoto est l’auteur de nombreuses bandes originales de films, notamment celle de Furyo (1983) de Nagisa Oshima (film dans lequel il figure également en tant qu’acteur au côté de David Bowie) qui fut récompensée par le BAFTA Award de la meilleure musique de film ; celle du Dernier Empereur (1987) de Bernardo Bertolucci qui fut récompensée par un Academy Award ; Talons aiguilles (1991) de Pedro Almodóvar ; Snake Eyes (1998) et Femme fatale (2002) de Brian De Palma ; ainsi que The Revenant (2015) d’Alejandro González Iñárritu. Parmi ses albums personnels majeurs figurent B-2 Unit (1980), Beauty (1989), Life (1999) et Three (2012).

CHRISTIAN SARDET Christian Sardet obtient son doctorat de biologie à l’Université de Californie, Berkeley, en 1972, avant de créer et de diriger une unité de recherche CNRS / Université Pierre-et-Marie-Curie en biologie cellulaire à l’observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer (OOV) dans les années 1980. Depuis 2012, il est directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à l’université Pierre-et-MarieCurie à Paris. Christian Sardet est l’auteur de plus d’une centaine de publications scientifiques et a réalisé des films documentaires et des films d’animation, conçu des expositions et des sites Internet consacrés aux cellules, aux embryons et au plancton, à destination des étudiants et du grand public. Ces travaux lui ont valu de recevoir le Prix européen pour la communication en sciences de la vie, décerné par l’Organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO), et le Grand Prix des sciences de la mer (Académie des sciences). En tant que co-fondateur et coordinateur de l’expédition Tara Océans, Christian Sardet a

navigué sur tous les océans entre 2009 et 2014 et créé le projet « Chroniques du plancton » destiné à partager la beauté et la diversité du plancton avec un large public (www.planktonchronicles.org). Mené en collaboration avec le CNRS et Les Macronautes (Noé Sardet et Sharif Mirshak / Parafilms, Montréal), ce projet associe arts et sciences à travers films, photographies et textes. Les photographies de plancton de Christian Sardet ont été publiées dans le livre Plancton, Aux origines du vivant (Ulmer, Paris, 2013), ouvrage qui a été ensuite traduit en anglais (Plankton : Wonders of the Drifting World, University of Chicago Press, Chicago, 2015) et en japonais (Kawade Shobo, Tokyo, 2014).

HIROSHI SUGIMOTO Né à Tokyo en 1948, Hiroshi Sugimoto quitte le Japon en 1970 pour étudier l’art à Los Angeles, à une époque où le monde artistique se passionne pour l’art minimal et l’art conceptuel. Ces deux mouvements l’amènent à définir une pratique originale de la photographie, fondée sur un attachement profond à la sérialité nourri d’une analyse pénétrante de la réalité empirique et d’une exigence de dépassement métaphysique. Hiroshi Sugimoto construit son œuvre sous forme de séries ; un concept, choisi après mûre réflexion, sert de point de départ à la création d’un corpus d’œuvres dédié à un thème spécifique. Cinq séries photographiques importantes ont marqué la carrière de l’artiste à ce jour : Dioramas (à laquelle il travaille depuis 1976), Theaters (depuis 1978), Seascapes (depuis 1980), Sea of Buddhas, Hall of Thirty-Three Bays (depuis 1995) et Architecture (depuis 1997). Hiroshi Sugimoto a exposé dans des institutions du monde entier, dont le National Museum of Osaka en 1989, le Museum of Contemporary Art de Los Angeles en 1994, le San Francisco Museum of Art en 2000 et la Neue Nationalgalerie de Berlin en 2008. Il présente l’exposition Étant donné : Le Grand Verre en 2004 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris et participe en 2011 à l’exposition Mathématiques, un dépaysement soudain.

SHIRO TAKATANI Né en 1963 à Nara au Japon, Shiro Takatani étudie le design environnemental à l’université municipale des arts de Kyoto. À la fois artiste plasticien et metteur en scène, il mêle dans son travail la photographie, la vidéo, la lumière, le graphisme et la scénographie, et privilégie le recours à des procédés technologiques. En 1984, il fonde le collectif Dumb Type réunissant des artistes issus de différentes disciplines comme les arts visuels, le théâtre, la danse, l’architecture, la composition musicale et la programmation informatique. En 1998, Shiro Takatani entame en parallèle une carrière solo et crée des œuvres incluant des prismes et des lentilles optiques, ainsi que des installations vidéo et des performances faisant appel à des technologies de pointe. Ses œuvres reposent sur une observation attentive du monde naturel et des relations entre l’espace et le temps, avec une préoccupation constante pour les phénomènes optiques. Parmi ses œuvres majeures figurent optical flat / fiber optic type (2000), La chambre claire (2008), CHROMA (2012), Topograph (2013), Toposcan (2013) et ST / LL (2015). En 2007, Shiro Takatani a participé à une expédition en Arctique dans le cadre du projet britanique « Cape Farewell ». L’exposition relative à cette expédition a été présentée en 2008 au National Museum of Emerging Science and Innovation à Tokyo. La première rétrospective de son travail, Camera Lucida, s’est tenue en 2013 au Tokyo Metropolitan Museum of Photography. Shiro Takatani a également exposé, entre autres, à la Biennale de Sharjah aux Émirats arabes unis (2011), à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris (2014), au Volcan 15


LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

– scène nationale du Havre (2015) et au ZKM à Karlsruhe (2016). Shiro Takatani a par ailleurs collaboré avec d’autres artistes, notamment avec Fujiko Nakaya pour la création de l’installation IRIS pour la Biennale de Valence en 2001 ; avec Ryuichi Sakamoto pour l’installation LIFE – fluid, invisible, inaudible… présentée au Yamaguchi Center for Arts and Media en 2007 ; avec Fujiko Nakaya pour l’installation Cloud Forest présentée au Yamaguchi Center for Arts and Media en 2010 ; et avec Xavier Barral pour l’installation vidéo 4K MARS à l’occasion du festival Kyotographie en 2014.

TALLER MAURICIO ROCHA + GABRIELA CARRILLO Né en 1965 à Mexico, Mauricio Rocha Iturbide est le fils de la photographe mexicaine Graciela Iturbide et de l’architecte mexicain Manuel Rocha Díaz. Il étudie l’architecture à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), avant d’y enseigner pendant plusieurs années. Il mène par ailleurs ses propres projets artistiques en intervenant sur différents bâtiments et en exposant dans des lieux prestigieux, notamment l’Artists Space à New York en 1998. En 1991, il fonde son propre studio alors qu’il se lance dans la conception de la maison de sa mère. En 2012, après dix ans de collaboration, Mauricio Rocha s’associe à l’architecte mexicaine Gabriela Carrillo (née en 1978) pour créer l’atelier TALLER Mauricio Rocha + Gabriela Carrillo. Mauricio Rocha et Gabriela Carrillo travaillent sur des commandes privées et publiques, réalisent des projets de scénographies, des constructions éphémères et des interventions artistiques. Ils créent ensemble une architecture contemporaine sensible au contexte et aux problématiques environnementales actuelles en combinant matériaux locaux et technologies de pointe. Profondément attachés à l’enseignement, ils continuent à donner des conférences et à diriger des ateliers pour de jeunes étudiants ainsi que des séminaires spécialisés, au Mexique et à l’étranger. Leur travail a été présenté lors de diverses biennales nationales et internationales et publié dans de nombreux livres et revues d’architecture. Le studio TALLER Mauricio Rocha + Gabriela Carrillo a été récompensé par des prix prestigieux et a notamment reçu à deux reprises la médaille d’or de la Biennale d’architecture mexicaine, en 2004 pour la réalisation du marché de San Pablo Oztotepec (arrondissement de Milpa Alta, Mexico) et en 2010 pour la conception de l’école d’arts plastiques de l’université autonome Benito-Juárez à Oaxaca. En 2013, l’UNAM leur attribue la chaire universitaire extraordinaire Federico-Mariscal et, en 2014, ils font partie des « Emerging Voices » récompensés par l’Architectural League of New York.

TARA OCÉANS Créée en 2003 à l’initiative d’agnès b. et Étienne Bourgois, la Fondation Tara Expéditions est un projet à but non lucratif destiné à l’exploration et à la protection de l’environnement. Depuis treize ans, la Fondation Tara Expéditions parcourt le monde à bord de la goélette Tara afin d’étudier et de comprendre l’impact des changements climatiques et de la crise écologique sur l’océan. Tara a réalisé dix expéditions depuis 2003. L’expédition Tara Océans (2009-2013) avait pour objectif l’étude des écosystèmes planctoniques et coralliens afin de comprendre le fonctionnement et la diversité de la vie marine, et de prévoir la réponse des écosystèmes marins aux changements climatiques. Au cours des 115 000 kilomètres qu’elle a parcourus sur tous les océans de la planète, l’expédition a permis de révéler l’incroyable biodiversité de ces écosystèmes méconnus et pourtant indispensables à la production par les océans de la moitié de l’oxygène 16

que nous respirons. L’ensemble des échantillons prélevés dans plus de 130 stations a été analysé en laboratoire par des scientifiques spécialisés en océanographie physique et chimique, en biologie du plancton, en génomique, en microbiologie, en modélisation, en écologie et en bio-informatique.

CYPRIEN TOKOUDAGBA Cyprien Tokoudagba est né en 1939 à Abomey au Bénin. Tout au long de sa carrière, l’artiste s’est adonné à la réalisation de peintures murales, de toiles, de fresques et de sculptures, tout en travaillant comme restaurateur au palais du roi Glélé et au musée national d’Abomey, et comme décorateur d’édifices vaudou, de temples privés ou institutionnels. S’inspirant de la culture et des traditions béninoises, l’artiste réalise des sculptures anthropomorphiques monumentales, des fresques représentant les effigies symboliques de puissances politiques et religieuses, des peintures de figures géométriques traditionnelles sur les parois de lieux de culte ou encore des toiles représentant des divinités vaudou sous l’apparence d’animaux. À partir de 1989, il peint de grandes toiles dans lesquelles il associe avec une grande liberté les emblèmes des rois d’Abomey, les symboles des divinités (terre, feu, eau, air) et les objets liés à sa culture, créant ainsi de curieux rébus. L’artiste est décédé en 2012 à Abomey. Cyprien Tokoudagba a fait l’objet d’expositions individuelles au centre culturel français de Cotonou au Bénin en 1991, aux galeries Ifa de Bonn et Stuttgart et au musée du Cloître de Tulle en France en 1995. Il a par ailleurs participé à plusieurs expositions collectives, dont Magiciens de la Terre au Centre Georges-Pompidou et à la Grande Halle de la Villette à Paris en 1989 ; Africa Africa. Vibrant New Art from a Dynamic Continent au musée Tobu de Tokyo en 1998 ; Africa Remix. L’art contemporain d’un continent présenté entre 2004 et 2007 au Museum Kunst Palast de Düsseldorf, à la Hayward Gallery de Londres, au Centre Georges-Pompidou à Paris, au Mori Art Museum de Tokyo et à la Johannesburg Art Gallery ; et African Art Now au Museum of Fine Arts de Houston en 2005.

UNITED VISUAL ARTISTS United Visual Artists est un studio de création londonien fondé en 2003 par Chris Bird, Matthew Clark et Ash Nehru. Les projets des UVA vont de la création d’installations monumentales temporaires ou permanentes à la conception d’œuvres de dimensions plus réduites ainsi qu’à des performances live. Les UVA s’intéressent par ailleurs à la tension entre expérience réelle et expérience artificielle, au questionnement de notre relation à la technologie et à notre perception de certains phénomènes naturels comme l’espace et le temps. Les UVA ont effectué des travaux de commande pour de nombreuses institutions dont la Royal Academy of Arts, le Barbican Centre et la Serpentine Gallery de Londres, le Manchester Film Festival et le Yamaguchi Center for Arts and Media au Japon. Leur travail a été présenté à Londres dans les galeries Blain Southern et Riflemaker ainsi qu’à la Wellcome Collection et à la British Library. Le studio est ouvert aux projets de collaboration, ce qui a conduit les UVA à travailler sur des projets variés, que ce soit avec le chorégraphe Benjamin Millepied pour le Ballet de l’Opéra national de Paris, le réalisateur Adam Curtis, les groupes Massive Attack et Battles ou encore le musicien James Blake.


BIOGRAPHIES

AGNÈS VARDA Née en 1928 d’un père grec et d’une mère française, Agnès Varda passe son enfance à Bruxelles. Elle quitte la Belgique bombardée en 1940 pour rejoindre Sète, avant de s’installer à Paris où elle étudie à la Sorbonne et à l’École du Louvre. Elle rejoint le Festival d’Avignon de Jean Vilar en 1949 puis le Théâtre national populaire, en tant que photographe. Agnès Varda écrit et réalise son premier film, La Pointe courte, en 1954, qui bouleverse tous les codes établis du cinéma traditionnel et annonce par ses audaces formelles la révolution de la Nouvelle Vague. Tout au long de sa carrière, l’artiste alterne courts et longs-métrages, fictions et documentaires. Ses films les plus connus sont Cléo de 5 à 7 (1962), Le Bonheur (1964), Sans toit ni loi (1985), Jacquot de Nantes (1991), Les Glaneurs et la Glaneuse (1999) et Les Plages d’Agnès (2008). En 2003, Agnès Varda commence sa carrière de visual artist en exposant sa première installation vidéo, Patatutopia, à la Biennale de Venise. D’autres œuvres – installations, vidéos et photographies – verront le jour par la suite, parmi lesquelles Les Veuves de Noirmoutier (2004-2005), Ping-Pong, Tong et Camping (2005-2006), Le Tombeau de Zgougou (2006), La Cabane de l’échec (2006), Paroles de squatteurs (2012), Le Puzzle des cinq bacheliers (2013). Avec L’Île et Elle présentée en 2006 à Paris à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Agnès Varda entame une longue série d’expositions individuelles : Portraits brisés à la Galerie Nathalie-Obadia de Bruxelles en 2010, The Beaches of Agnès Varda in China au CAFA de Beijing en 2012, Agnès Varda in Californialand au LACMA de Los Angeles en 2013, Triptyques atypiques à la Galerie Nathalie-Obadia de Paris en 2014, Photographs Get Moving (potatoes and shells, too) au Logan Center for the Arts de l’université de Chicago en 2015, Varda / Cuba au Centre Georges-Pompidou à Paris en 2015 et Patates & compagnie au musée d’Ixelles en 2016. Son travail figure parmi les collections de nombreux musées, dont la Fondation Cartier pour l’art contemporain, le MoMA de New York, le musée Paul-Valéry de Sète, l’Institut culturel Bernard-Magrez à Bordeaux, le FRAC de Lorraine, le CAFA de Beijing, le musée provincial du Hubei à Wuhan et le LACMA de Los Angeles. Aujourd’hui, le travail d’Agnès Varda combine, alterne et met en abyme sa vision et sa pratique de la photographie, du cinéma, de la vidéo et de l’espace.

sentée lors des xxiie et xxive Biennales de São Paulo en 1994 et 1998 ; des ire, v e et xe Biennales du Mercosul à Porto Alegre en 1997, 2005 et 2015 ; des ire et iv e Biennales de Liverpool en 1999 et 2006 ; de la xii e Biennale de Sydney en 2000, et de la xii e Biennale d’Istanbul en 2011. Adriana Varejão a également participé à l’exposition Yanomami, l’esprit de la forêt, présentée en 2003 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

ADRIANA VAREJÃO Née en 1964 à Rio de Janeiro, Adriana Varejão est une artiste pluridisciplinaire qui pratique la peinture, la sculpture, le dessin, l’installation et la photographie. Ses œuvres abordent des thèmes comme le colonialisme, le métissage et l’anthropologie au Brésil, l’un des pays au monde présentant la plus forte diversité ethnique. Riche de sens, son travail contient des références à son histoire personnelle, mais également à celle de son pays. Ses sources d’inspiration, nombreuses et variées, vont de l’histoire de l’art à l’histoire des religions, de l’art érotique à l’art décoratif, du carrelage mural aux céramiques, de l’iconographie coloniale aux images réalisées par des voyageurs européens, et des sciences naturelles à la cartographie. Elle explore ces références disparates et assemble des éléments éclectiques – des plus traditionnels aux plus marginaux – afin d’évoquer des histoires aujourd’hui oubliées. Adriana Varejão a fait l’objet de plusieurs expositions individuelles, notamment à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris et au Centro Cultural de Belém à Lisbonne en 2005, au musée d’art contemporain Hara de Tokyo en 2007, au Museu de Arte Moderna de São Paulo en 2012, au Museu de Arte Moderna de Rio de Janeiro en 2013 et à l’Institute of Contemporary Art de Boston en 2014. Son œuvre a également été pré17


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VISUELS DISPONIBLES

1. Bernie Krause, Île de Saint Vincent, Floride, 2001. Photo © Tim Chapman.

2. Simulation 3D pour la scénographie de l'exposition Le Grand Orchestre des Animaux. © Pedro Lechuga / Cuervo Loco / TALLER Mauricio Rocha + Gabriela Carrillo

3. Cai Guo-Qiang, White Tone, 2016. Poudre à canon sur papier, 4 × 18 m. Collection de l’artiste. © Cai Guo-Qiang. Photo © Wen-You Cai. Courtesy Cai Studio.

4. Cai Guo-Qiang, White Tone, 2016 (détail). Poudre à canon sur papier, 4 × 18 m. Collection de l’artiste. © Cai Guo-Qiang. Photo © Wen-You Cai. Courtesy Cai Studio.

6. Manabu Miyazaki, Animal Trail, Nagano (Japan), 2005-2008. Photographie couleur. Collection de l’artiste. © Manabu Miyazaki. 18

7. Manabu Miyazaki, Jay, Nagano (Japan), 2014 - 2016. Photographie couleur. Collection de l’artiste. © Manabu Miyazaki.

5. Manabu Miyazaki, A Black Bear Plays with a Camera, 2006. Photographie couleur. Collection de l’artiste. © Manabu Miyazaki.

8. Manabu Miyazaki, Jay, Nagano (Japan), 2014 - 2016. Photographie couleur. Collection de l’artiste. © Manabu Miyazaki.


VISUELS DISPONIBLES

10. Moke, L’Orchestre dans la forêt, 1999. 141 × 264 cm CAAC – The Pigozzi Collection, Genève. © Moke. Photo © Maurice Aeschimann.

9. JP Mika, Les Bruits de la nature, 2012. Acrylique sur toile, 152 × 126 cm. Collection privée. © JP Mika. Photo © André Morin.

11. Adriana Varejão, Passarinhos, 2012. Carreaux de céramique peints à la main par Beatriz Sauer. Collection de l’artiste. © Adriana Varejão. Photo © Jaime Acioli.

12. Simulation 3D de l'installation Le Grand Orchestre des Animaux. Courtesy of United Visual Artists.

14. Christian Sardet, Siphonophore Hippopodius hippopus, Baie de Villefranche-sur-Mer, France, 2011. © Christian Sardet et Les Macronautes / Chroniques du Plancton.

15. Christian Sardet, Méduse Oceania armata, Baie de Villefranche-sur-Mer, France, 2012. © Christian Sardet et Les Macronautes / Chroniques du Plancton.

13. Hiroshi Sugimoto, Alaskan Wolves, 1994. Tirage gélatino-argentique, 120 × 210 cm. Collection de l’artiste. © Hiroshi Sugimoto.

16. Christian Sardet, Annélide polychète Vanadis, Baie de Villefranche-sur-Mer, France, 2009. © Christian Sardet et Les Macronautes / Chroniques du Plancton.

17. Christian Sardet, Foraminifère Globigerinoides, Baie de Villefranchesur-Mer, France, 2016. © Christian Sardet et Les Macronautes / Chroniques du Plancton. 19


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EXTRAITS DU CATALOGUE LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX : LES VOIX DU MONDE SAUVAGE

PAR BERNIE KRAUSE

L’idée de cette exposition m’est venue à l’esprit pour la première fois pendant mon enfance dans le Midwest américain, en lisant cette phrase du Petit Prince : « L’essentiel est invisible pour les yeux1. » Quelques décennies après la lecture de la maxime du renard, cette idée a resurgi en découvrant la pièce Sounds Unseen / Je n’ai jamais vu un son 2 du compositeur et naturaliste canadien Raymond Murray Schafer, pour qui voir et entendre sont deux actions distinctes : « Voir est analytique et réflectif. Entendre est actif et génératif. On pourrait dire que tout dans l’univers a été créé par le son et analysé par la vue. […] Si je souhaite changer le monde, il me faut être visionnaire. Mais si je souhaite que le monde me change, il me faut apprendre à écouter3. » Très bien, pensai-je, mais comment peut-on, dans une culture aussi visuelle et tactile que la nôtre, apprendre à conserver précieusement quelque chose qu’on ne peut voir ? […] Contexte Mon domaine, l’écoacoustique, comprend l’étude et l’interprétation des sons de la nature. Durant plusieurs décennies, avec le concours de mon collègue Stuart Gage, professeur émérite à l’université du Michigan, j’ai établi le concept selon lequel tous les signaux acoustiques proviennent de trois sources fondamentales, constituant la palette principale et la structure des paysages sonores dont nous tirons information et inspiration. La première source est la géophonie, qui comprend tous les sons naturels non biologiques qui surgissent dans l’espace naturel, tels que le bruit d’une tempête, l’effet du vent dans les arbres et dans l’herbe, le son de la pluie ou de la neige qui tombe, celui de l’eau qui coule dans un ruisseau ou des vagues qui déferlent sur la côte, et même celui des mouvements géologiques. Après réflexion, j’ai réalisé que les géophonies étaient les premiers sons produits par la Terre au cours de sa longue formation. Toutefois, à ce stade initial du développement terrestre, il n’y avait aucun organisme pour les entendre. Ces organismes sont arrivés plus tard, lorsque la deuxième source de son, la biophonie, s’est développée. Les biophonies correspondent aux signatures collectives de tous les organismes générant du son au sein d’un habitat à un moment donné. La troisième catégorie, l’anthropophonie, comprend l’ensemble des sons produits par l’être humain. Pour des questions de simplicité, j’ai divisé l’anthropophonie en deux sous-catégories distinguant les sons qui contiennent de l’information importante de ceux qui nous dérangent ou qui n’ont pas de lien particulier avec notre bien-être. Les signaux compris dans cette dernière sous-catégorie, issus pour la plupart des technologies électromécaniques et que le professeur Stuart Gage qualifie de technophonie, peuvent être perturbants et stressants, et sont considérés comme du bruit. Néanmoins, comme l’ont exprimé Raymond Murray Schafer et le défunt compositeur John Cage, dans la mesure où nous parvenons à comprendre intuitivement toutes ces origines sonores, il nous suffit d’ignorer la source de ces sons et de nous laisser emporter par nos sens pour que le monde devienne musique. […] 20

Par un froid matin d’octobre, alors que je travaillais dans la réserve de la tribu amérindienne des Nez-Percés dans l’État de l’Idaho, Angus Wilson, un des anciens les plus respectés de la tribu, m’a emmené dans un lieu sacré dans le Nord-Est de l’Oregon. Une fois sur place, il m’a invité à m’asseoir au bord d’un ruisseau et à réfléchir à la manière dont la musique avait été découverte par ses ancêtres. Je suis resté immobile un long moment et je n’ai rien entendu. Puis, lorsque le vent du matin s’est levé et a commencé à souffler dans le canyon, j’ai entendu ce qui ressemblait à un grand orgue, mais sans pouvoir en identifier l’origine. Lorsque Angus m’a expliqué que la force du vent avait brisé certains roseaux à différentes hauteurs et que cela provoquait des sifflements de tonalités diverses, j’ai compris aussitôt comment ses ancêtres avaient été amenés à créer des instruments comme la flûte de roseau et à jouer une musique inspirée par le souffle de la forêt. Vers la fin des années 1980, avec quelques collègues qui enregistraient la nature, nous avons commencé à saisir l’importance du lien entre les paysages sonores du monde naturel et l’évolution de la culture humaine, l’étude de la santé de l’environnement et notre relation unique avec la nature. Indépendamment, mais en parallèle, nous nous sommes tous concentrés sur l’enregistrement des biophonies qui existaient encore dans le monde. Depuis, ces enregistrements nous ont permis de nous familiariser avec la vaste collection d’informations générées par les voix des organismes non humains d’une manière esthétique et respectueuse de la nature et, dans bien des cas, ils ont changé notre façon de communiquer avec le monde qui nous entoure. […] Sur le terrain J’aime travailler seul sur le terrain. Je ne tiens pas à être accompagné par des amis ou des proches, ni par des journalistes, des photographes ou encore des réalisateurs. En fait, si je suis en train de réaliser un enregistrement, la présence d’autres personnes a tendance à me distraire et engendre trop de bruit. Le processus dans lequel je suis engagé n’a, dès le départ, pas été conçu comme une activité sociale ou d’équipe. De plus, lorsque j’enregistre, je ne veux pas avoir à me demander si les personnes qui m’accompagnent se comportent de façon responsable ou si elles se mettent en danger. Comme je préfère travailler seul, il existe très peu de photographies de moi sur le terrain. Contrairement à certains collègues qui ont mis au point différentes techniques pour enregistrer des paysages sonores à distance, j’ai choisi de n’enregistrer que lorsque je peux être présent sur le terrain, afin de profiter de tous les signes de vie qui se manifestent autour de moi. Je préfère l’intimité que procure l’isolement. De plus, j’aime enregistrer la totalité du champ sonore propre à un habitat. En procédant autrement, on obtient un modèle d’abstraction incomplet, une idée restreinte du monde naturel qui fragmente ce dernier en ses différents éléments et décompose son contexte et son contenu oiseau par oiseau, grenouille par grenouille, mammifère par mammifère. Je m’assure toujours que mes activités ont un impact limité sur la nature ; j’installe mon équipement, qui est assez discret, puis je m’écarte de l’enregistreur et des microphones afin de laisser le milieu naturel retrouver son équilibre et se manifester à nouveau. Si je suis suffisamment conscient et respectueux de l’environnement qui m’entoure, cet équilibre se rétablit généralement très vite. Les paysages sonores constituent un puissant outil pour montrer les différents aspects de l’incroyable biodiversité du monde dans un espace relativement restreint et sur une


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courte durée. Jusqu’à récemment, ce n’était pas cette approche qui était privilégiée. On favorisait plutôt l’évaluation et la collecte d’espèces considérées individuellement. Les résultats de ces premières études sont conservés dans les archives de la bibliothèque Macaulay au laboratoire d’ornithologie de l’université Cornell aux États-Unis et à la British Library of Wildlife Sounds à Londres, par exemple. Au cours des années 1990 et au début des années 2000, de plus en plus d’écologues et de biologistes ont reconnu la légitimité de l’approche plus holistique que je prônais, et se sont ralliés à ses principes de base. L’exposition Le Grand Orchestre des Animaux réunit les sons de centaines d’espèces d’insectes, de dizaines de grenouilles et d’oiseaux, et de nombreux mammifères. Parmi les créatures les plus symboliques se trouvent un jaguar, des singes hurleurs et des grenouilles rythmiques d’Amazonie ; des éléphants et des damans des arbres d’Afrique ; des baleines à bosse, des orques et des cachalots ainsi que des poissons ; des loups et le son singulier d’un corbeau du parc Algonquin au Canada. À ceci s’ajoutent la confluence de dizaines d’oiseaux aquatiques et terrestres et d’un renard polaire du delta du Yukon, en Alaska ; des babouins en train de faire des vocalises en utilisant la réverbération dans une forêt autrement sèche et anéchogène du Zimbabwe ; et enfin, des grands pics d’une forêt de conifères nord-américaine en train de marteler des souches de différentes tailles, générant ainsi des tonalités semblables à celles que produirait un musicien en battant les différentes lamelles de bois d’un xylophone. […]

apaisement pourra commencer de se faire sentir. Avec un peu de chance, il n’est pas trop tard pour prendre conscience que là est le message divin qu’il nous faut tous entendre. En fin de compte, avant que l’écho de la forêt et du monde marin ne disparaisse, nous ferions mieux d’écouter attentivement ces biophonies, éléments essentiels que nous ne pouvons ni voir ni toucher. Elles nous apprendront que nous ne sommes pas à part, mais une partie vitale d’un environnement biologique fragile. Combien d’entre nous saisiront ce message à temps ? Chaque bruissement de feuille, chaque cri d’animal nous implorent d’aimer les sources naturelles de la vie qui, en effet, peuvent renfermer les secrets de l’amour de toute chose, en particulier de notre propre humanité. Nous en sommes arrivés à un point où cette musique divine s’affaiblit chaque jour un peu plus ; l’heure approche où nous serons peut-être les témoins du retour des esprits des créatures pour leur ultime chasse.

GLEN ELLEN, Californie, janvier 2016 Traduit par Dominique Teixido-Hervé

Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Reynal & Hitchcock, New York, 1943. Raymond Murray Shafer, Raymond Murray Shafer, disque et livret de 6 pages mis au point pour l’exposition de l’artiste 1

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à la galerie Stratford (Stratford, Ontario, Canada) en 1982. Raymond Murray Schafer, Le Paysage sonore, Lattès Paris, 1979.

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Les paysages sonores sont essentiels à nos vies culturelle et spirituelle. C’est pourquoi nous devons leur accorder une place particulière dans notre hiérarchie des grandes vertus et valeurs. Les biophonies ont inspiré les plus anciennes mélodies de notre répertoire humain. Les rythmes du monde animal non humain nous ont fait irrésistiblement battre le tambour et remuer notre corps. Ses sons invisibles ont fait apparaître des visions d’esprits tapis dans les ténèbres de la forêt. Bien que la puissance de cette voix diminue de jour en jour, une sorte d’appel atavique me pousse à tenter de capter chacune de ses paroles et à les chérir, comme si j’avais le pouvoir miraculeux de les ramener à la vie ou de les protéger. Nous avons trop souvent un sentiment de supériorité et nous sommes bien incapables de reconnaître les liens vitaux qui nous unissent à nos racines anciennes. Ce sont des leçons difficiles à apprendre, en particulier parce que nous avons culturellement beaucoup investi dans notre suprématie. Les voix du monde sauvage livrent de notre relation actuelle à la vie sur Terre une évaluation bien plus substantielle et immédiate que n’importe quel autre élément. Elles nous disent que, malgré toutes nos prétentions à dominer, nous sommes, dans le meilleur des cas, sur un pied d’égalité. Pour comprendre toute l’élégance du chant de l’oiseau, nous devons apprendre à connaître les voix des insectes, grenouilles et mammifères voisins qui vocalisent en même temps que lui. Nous devons démêler les relations complexes qui les relient. Cette observation ne peut pas se faire par la séparation et la fragmentation. Nous devons adopter une approche holistique dans laquelle l’être humain ne constitue qu’un des éléments du monde naturel. Les paysages sonores, et en particulier les biophonies, sont la clef. Lorsque nous aurons appris à nous reconnecter à ces voix de la vie, que nous aurons appris à rester silencieux pour que la biophonie elle-même puisse remplir les vides que nous aurons créés, un grand 21


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L’HOMME DANS LA BIODIVERSITÉ

PAR GILLES BOEUF […]

Qu’est-ce que la biodiversité ? Contraction de « diversité biologique », le terme « biodi­ versité » (biodiversity, à l’origine) a été créé en 1985 par le biologiste américain Walter G. Rosen. Il est souvent assimilé à la diversité spécifique, c’est-à-dire l’ensemble des espèces vivantes d’un milieu, réparties en cinq grands groupes : les procaryotes (bactéries et archées), les protistes (eucaryotes unicellulaires), les champi­gnons, les végétaux et les animaux. Mais la biodiversité est bien plus que la seule diversité spécifique ; elle inclut à la fois les espèces et leur abondance relative, et ne peut en aucun cas être assimilée à de seuls inventaires ou cata­logues d’espèces. La biodiversité a longtemps été définie comme étant « toute l’information génétique comprise dans un individu, une espèce, une population, un écosystème », mais l’on s’attache actuellement à la caractériser comme étant tout l’ensemble des relations établies par les êtres vivants, entre eux et avec leur environnement. Il s’agit en fait de la fraction vivante de la nature. Depuis ses origines, la vie a été capable de créer une infinité d’orga­nismes qui se sont « associés », dans tous les sens du terme, pour construire des écosystèmes en relation étroite avec leur environnement. On peut ima­giner que, entre cette époque et aujourd’hui, le vivant a été capable d’élabo­rer largement plus d’un milliard d’espèces aux formes, tailles, couleurs, sons, odeurs, mœurs, spécificités, traits d’histoire de vie, adaptations et caracté­ristiques très divers, apparues puis disparues pour la plupart d’entre elles. Durant des milliards d’années, tout cela a évolué sous la pression de facteurs tels que la température et la composition de l’eau et de l’air, la salinité de l’océan, la lumière, la longueur du jour, la rythmicité des saisons (facteurs abiotiques) ; la composition et la disponibilité de la nourriture, la compétition et les relations interespèces du milieu (facteurs biotiques) ; ainsi que la dispo­nibilité en oxygène. Mais il s’avère que depuis une époque récente, la plus grande force évolutive sur cette planète apparaît comme étant la présence de l’humain et l’ensemble de ses activités1. Notre impact sur la Terre entière est si important que, pour certains scientifiques, nous sommes entrés depuis la fin du xviiie siècle dans une nouvelle ère géologique, l’« Anthropocène2 ». […] Vit-on une « sixième extinction » ? En 2015, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) fait état de 815 espèces disparues sur les continents et de 19 dans les océans au cours des cinq derniers siècles (il est beaucoup plus difficile d’affirmer une extinction en mer !). Il est clair que ces chiffres sont fortement biaisés par la faiblesse de nos connaissances sur beaucoup de groupes et par la qua­lité des données engrangées. D’autres travaux estiment que les taux de dis­parition (selon les groupes) sont entre 50 et 300 fois plus rapides que les taux d’« extinction naturelle » attendus et calculés par les paléontologues sur les derniers 600 millions d’années. À ce rythme, et si nous ne changeons rien, la moitié de toutes les espèces de la Terre aura disparu avant la fin du xxie siècle. L’UICN estime que 11 148 espèces de végétaux supérieurs et 7 781 espèces de vertébrés, dont 15 % de mammifères, sont menacées dans le monde aujourd’hui. En mars 2011, Anthony D. Barnosky 22

et ses collaborateurs posaient une question cruciale : « La sixième crise majeure d’extinction a-t-elle déjà démarré3 ? » Soixante grandes crises d’extinction, dont cinq considérées comme majeures, sont archivées depuis 700 millions d’années dans les strates géologiques. La planète n’a perdu ses espèces à un rythme aussi effréné que lors de la dernière extinction de masse, il y a 66 millions d’années, celle des dinosaures. À ce sujet, les travaux récents sont bien informateurs, mais il convient de distinguer les vraies extinctions, moins évidentes sur le court terme humain actuel (quelques dizaines d’années), des effondrements de populations en nombre d’individus, en accélération inquiétante depuis les cinquante dernières années (espèces tropicales et marines, par exemple)4. À terme, ces fortes diminutions des stocks pourraient bien mener à de réelles extinctions d’espèces. L’érosion de la biodiversité s’est considérablement aggravée5 à cause de deux facteurs : d’une part la démographie humaine et d’autre part l’en­semble des activités anthropiques associées, le tout en lien avec les progrès technologiques. Au moment des balbutiements de l’agriculture, il y a entre 10 000 et 12 000 ans, la Terre comptait environ 5 millions d’humains, et toute la biomasse des humains et de leurs mammifères domestiques ne représentait pas plus d’1 % du total de la masse de tous les mammifères (5 000 espèces connues). Aujourd’hui, elle en représente plus de 90 % ! La population humaine totale est estimée à moins de 800 millions en 1750, à 3 milliards en 1960, à 7 milliards en 2012 et à 9 milliards en 2040 : l’évolution de la courbe de la population humaine pour les époques récentes (qui a triplé depuis 1945) est édifiante. Cette explosion démographique coïncide avec l’augmentation des activités humaines, qui connaissent une croissance très rapide dès la fin du xviii e siècle – c’est la fameuse « grande accélération ». À partir de la révolution industrielle et des progrès agronomiques et médicaux associés, l’humain se croit de plus en plus capable de s’affranchir de la nature. Il pense surtout à l’assujettir et à la « dominer », à se l’approprier, et s’autorise donc à éliminer et détruire systématiquement tout ce qui le concurrence ou le gêne dans ses activités et son développement (citons pour exemple la destruction quasi sys­tématique de tous les grands prédateurs). Cette mentalité dangereuse, ampli­fiée par le sentiment que l’Homme a été « créé » légitimement pour cela, nous a menés à la situation actuelle, très préoccupante. Les activités anthropiques n’ont jamais été aussi désastreuses et destructrices pour la biodiversité. C’est pour cette raison que, depuis le début des années 1970, science écologique et écologisme politique évoluent parallèlement. Pourquoi le déclin des populations vivantes ? Les causes majeures de l’effondrement actuel de la biodiver­ sité sont au nombre de quatre6 et la première, la destruction et la pollution des habitats, en explique à elle seule les deux tiers. Les autres sont la surexploitation des ressources naturelles7, car même si les ressources vivantes sont naturellement « renouvelables », l’humain interdit leur « renouvelabilité » en dépassant largement les seuils d’exploitation « harmonieuse » ; la dissémination anarchique d’espèces partout sur la planète, surnommée « roulette écologique8 », car elles deviennent pour certaines des « espèces invasives » ; et enfin le changement climatique9, dans lequel l’humain a largement sa part de responsabilité. Un des écosystèmes marins les plus menacés est le corail, et cette menace est directement liée aux modifications ré-


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centes que son habitat a subies. Alors que l’ensemble des récifs coralliens du monde entier ne repré­sente que 0,1 % de la surface totale des océans, ces récifs abritent un tiers de la diversité des espèces des mers. Malheureusement, les récifs coralliens ont été très touchés par les activités humaines directes comme la destruc­tion ou encore la pêche à la dynamite ou au cyanure, qui ont entraîné leur disparition massive – la moitié de la Grande Barrière de corail, au large du Queensland en Australie, a été détruite en trente ans. Le changement clima­tique et l’augmentation de la pollution des océans liée aux activités humaines indirectes ont également leur part de responsabilité dans ce dépérissement, qui se traduit par le blanchiment des coraux. Les récifs doivent effectivement faire face au réchauffement ou au refroidissement des eaux de surface, et à la montée générale du niveau des mers engendrée par la fonte des glaces. Nous savons que les coraux ne survivront pas si l’augmentation de deux degrés de la température, prévue pour la fin du siècle, survient. […] La biodiversité terrestre a, quant à elle, été particulièrement touchée par la déforestation. Selon le World Resources Institute, 80 % de la couver­ture forestière mondiale originelle a été abattue ou dégradée, essentiellement au cours des trente dernières années. Et l’ensemble des forêts tropicales de la planète (Brésil, Haïti, Venezuela, Zambie, Madagascar, Nigeria, Côte d’Ivoire, Cameroun, Indonésie, Malaisie, Chine, Inde…) perdent chaque année en surface l’équivalent du quart de la superficie de la France. À ce rythme, elles auront totalement disparu d’ici la fin du e xxi  siècle. 23 millions d’hectares de forêt ont été détruits en Indonésie entre 2009 et 2013, en grande partie pour le développement de la culture du palmier à huile. Le déclin dramatique des grandes forêts tropicales est extrêmement préoccupant. D’une part, il nuit à la biodiversité – il faut savoir que le bassin du Congo, l’Amazonie et les deux grandes îles de l’Asie du Sud-Est que sont Bornéo et la Nouvelle-Guinée constituent les trois plus grands gisements de diversité spécifique au monde et regroupent plus de la moitié des espèces décrites. D’autre part, il voue à la misère les populations autochtones. Il est bien connu que les arbres « savent faire pleuvoir », qu’ils rendent le climat plus humide (phénomène d’évapo­transpiration) et que, sans forêt, il ne pleut plus, ce qui rend l’agriculture impossible. Beaucoup de populations décident de quitter leur habitat et s’installent en périphérie des grandes villes dans des conditions inhumaines, créant de redoutables situations de déstabilisation géopolitique, comme c’est le cas bien souvent en Afrique, mais aussi en Asie et en Amérique. […]

1 à 100 entre la « stratégie écologique » et celle d’« exploitation intensive ». Des milliards de dollars sont dépensés chaque année pour « remettre en état » des cours d’eau pollués, revégétaliser des espaces détruits ou reconstruire les haies disparues, mais combien d’interventions seraient nécessaires et quel serait leur coût ? La seule perte des pollinisateurs nous coûterait près de 200 milliards de dollars par an ! Bien évidemment, ces considérations n’ont de sens que pour ceux qui n’ont pas à se préoccuper quotidiennement de ce qu’ils vont donner à manger à leurs enfants, ou qui ne sont pas obsédés par leurs seules conditions de survie immédiate ! Or cette dernière catégorie de population augmente et conti­nuera à augmenter si nous persistons à ne pas mieux résoudre les questions de distribution et de partage des ressources sur cette planète. […]

Paris, février 2016 Gilles Boeuf est professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie et conseiller scientifique au ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer.

Voir Patrick de Wever et Bruno David, La Biodiversité de crise en crise, Albin Michel, Paris, 2015 ; Stephen R. Palumbi, « Humans as the World’s Greatest Evolutionary Force », in Science, vol. 293, n° 5536, 7 septembre 2001, p. 1786-1790 ; Gilles Boeuf, La Biodiversité, de l’océan à la cité, Fayard / Collège de France, Paris, 2014 ; Edward O. Wilson, Sauvons la biodiversité !, Dunod, Paris, 2007 ; Peter M. Vitousek et al., « Human Domination of Earth’s Ecosystems », in Science, vol. 277, n° 5325, 25 juillet 1997, p. 494-499. 2 Voir Paul J. Crutzen et Eugene F. Stoermer, « The “Anthropocene” », in Global Change Newsletter, n° 41, mai 2000, p. 12-13. 3 Anthony D. Barnosky et al., « Has the Earth’s Sixth Mass Extinction Already Arrived ? », in Nature, vol. 471, 3 mars 2011, p. 51-57. 4 Voir Rapport Planète Vivante, WWF, 2014 et 2015. 5 Voir Paul Ehrlich et Anne H. Ehrlich, « Can a Collapse of Global Civilization Be Avoided ? », in Proceedings of the Royal Society B, vol. 280, n° 1754, mars 2013, p. 1-9 ; Jean-François Toussaint, Bernard Swynghedauw et Gilles Boeuf, L’Homme 1

peut-il s’adapter à lui-même ?, Quæ, Versailles, 2012 ; Stuart H. M. Butchart et al., « Global Biodiversity. Indicators of Recent Declines », in Science, vol. 328, n° 5982, 28 mai 2010, p. 1164-1168. 6 Voir Gilles Boeuf, ibid. ; Christian Lévêque et Jean-Claude Mounolou, ibid. 7 Voir Gilles Boeuf, op. cit. 8 Voir Jean-Claude Lefeuvre, Les Invasions biologiques. Un danger pour la biodiversité, Buchet / Chastel, Paris, 2013 ; Gian-Reto Walther et al., « Alien Species in a Warmer World. Risks and Opportunities », in Trends in Ecology & Evolution, vol. 24, n° 12, décembre 2009, p. 686-693. 9 Voir Chris D. Thomas et al., « Extinction Risk from Climate Change », in Nature, vol. 427, 8 janvier 2004. 10 Elle mesure (en hectares) les surfaces terrestres nécessaires par habitant pour produire les ressources qu’il consomme et éliminer ses déchets. 11 Voir Robert Costanza et al, « The Value of the World’s Ecosystem Services and Natural Capital », in Nature, vol. 387, 15 mai 1997, p. 253-260. 12 Voir La Biodiversité à travers des exemples, op. cit.

Plusieurs outils ont été proposés pour évaluer l’ampleur des impacts liés aux pratiques actuelles, comme « l’empreinte écologique10 » qui mesure le « fardeau » imposé à la nature par un individu ou une population (selon cet indicateur, il faudrait trois Terres pour que tous les humains disposent du « niveau de vie » d’un Américain ou d’un Européen !). L’écologie a été revisitée à travers des modèles économiques : les « services rendus » chaque année à l’humanité par divers écosystèmes ont été évalués à 33 000 mil­liards de dollars, soit près de deux fois les PIB de toutes les nations réunies11. La conservation, couplée à des pratiques d’utilisation durable12, apparaît économiquement préférable à l’exploitation intensive ; les rapports con­sentis coût / bénéfice passent de 23


LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

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E X T R A I T S D U C ATA LO G U E

MAIS OÙ EST DONC LE CHEF D’ORCHESTRE ?

PAR FRANÇOIS-BERNARD MÂCHE Depuis toujours, les musiciens ont ouvert leurs oreilles aux bruits les environnant. Ils l’ont fait d’une manière à la fois plus précise que la majorité des autres, et souvent plus attentivement intéressée. Que ce soit pour s’inspirer de ces bruits dans leur art ou au contraire pour continuer à les déconsidérer, mais cette fois en connaissance de cause, ils n’ont pu s’empêcher d’en être profondément marqués. Leurs instruments sont souvent adaptés aux acoustiques où ils doivent résonner. Pensez par exemple au cor des Alpes ou aux hautbois sahariens, et au fait que les fanfares militaires n’ont leur place qu’en plein air. Parmi ces bruits, des millénaires de survie grâce à la chasse ont enseigné à l’humanité la première importance des sons animaux. Les peintres des grottes préhistoriques ont sûrement été contemporains de musiciens inconnus, attentifs eux aussi au monde sonore des êtres dont ils pouvaient être les prédateurs ou les proies. Au cœur de ces grottes, on a détecté sur des stalactites la marque de percussions qui laissent penser qu’elles ont résonné dans des cérémonies. En intitulant cette exposition Le Grand Orchestre des Animaux, la Fondation Cartier pour l’art contemporain invite à renouveler cette expérience millénaire, même si la chasse n’est souvent plus qu’un divertissement en butte à des critiques, et que l’écoute des animaux n’a plus jamais le rôle qu’elle a eu pour la survie de l’humanité. Mais par-delà ces usages obsolètes, l’écoute des « symphonies » animales peut bénéficier, même pour des auditeurs passifs et non professionnels, d’une richesse émotionnelle encore très forte. Un peu comme le regard sur les espaces naturels peut s’affranchir des soucis agricoles, militaires, sportifs ou autres pour les constituer en paysages plus ou moins magnifiques, l’oreille peut poser sur ce qu’elle entend une écoute esthétique ou parfois quasi mystique qui, portée par la sensibilité ou l’imagination, lui promet les joies de la découverte, voire de la révélation. […] Ce sont des biologistes qui ont fait des découvertes assez extraordinaires sur les polyphonies animales, en particulier depuis l’apparition des enregistreurs portables et des sonagraphes. Il semble que bien souvent, ce qui est d’abord anarchique pour l’oreille humaine peut se révéler soumis à des lois d’organisation identifiables. Les chœurs d’amphibiens, de loups, de gibbons, de baleines, commencent à être en partie décodés. Les meilleurs musiciens animaux, les oiseaux, ne sont bien entendu pas en reste. Dans un milieu bruyant, chaque individu utilise deux techniques pour être audible : chanter plus fort, ou se glisser dans le moindre silence disponible. Tout comme on constate des trêves autour des points d’eau africains, où se rassemblent proies et prédateurs, on observe parfois une sorte d’accord tacite entre les espèces partageant un même terrain, soit par l’usage de registres différents (par exemple les insectes allant jusqu’aux ultrasons, les oiseaux occupant le médium et certains mammifères les graves), soit en rythmant leurs émissions de façon qu’elles alternent au moins partiellement. Les deux tiers des familles d’oiseaux sont des espèces tropicales, et plus de 40 % d’entre elles pratiquent des duos. C’est la première cellule de ce qui pourrait devenir un ensemble « orchestral ». Le duo correspond en général à un couple, où c’est le plus souvent le mâle qui entonne le répertoire person-

nel de ce couple. Isolé, un des deux partenaires peut émettre un duo complet dont il a évidemment mémorisé les deux voix. La femelle en est aussi capable que le mâle, et on a entendu des femelles abandonnées se mettre à appeler leur mâle disparu en chantant pour la première fois tout son répertoire. […] Une composante importante de l’idée de paysage sonore – ou d’orchestre – est l’expression, plus ou moins teintée de mysticisme, de l’esprit d’un lieu. Les ethnomusicologues familiers des pygmées aka nous apprennent que ceux-ci considèrent les sons de la forêt comme des paroles multiples où chaque espèce nous renseigne sur elle-même et sur ses voisins. En pratiquant leurs magnifiques polyphonies yodlées, ils participent à cette polyphonie environnementale, et la symbolisent pour mieux la comprendre. Si les témoignages ethnographiques sont justes, voilà un des derniers peuples chasseurs qui semble nous dire qu’on aurait tort d’opposer prédation et plaisir artistique. Nos sonneurs de trompe de chasse le savent encore. Mais la culture européenne a fait l’erreur de dissocier la science et la poésie ou la musique, et de vouloir oublier que l’homme aussi fait partie de la nature. Les oiseaux, reconnus depuis toujours comme une des sources des musiques humaines, sont tout aussi conscients de leur environnement sonore que les pygmées aka. Une composante essentielle des « orchestres » animaux est l’imitation. Les musiques humaines connaissent universellement des procédés comme le chant en canon, les répliques en écho ou les mélodies parallèles. J’entends par « mélodies parallèles » deux voix synchrones mais à un intervalle fixe de hauteur entre l’une et l’autre. Dans nos traditions, ce sera souvent la tierce, mais si curieux que cela nous paraisse, on chante aussi en secondes parallèles en Serbie, en Lituanie, chez les Guéré de Côte d’Ivoire ; en quartes parallèles chez les Dan également en Côte d’Ivoire, chez les Rashaïda éthiopiens ou les Banda de Centrafrique. […] Mais en somme, les paysages sonores sont une façon d’entendre d’autant plus enrichissante que par leurs contenus, par leurs organisations, par leurs acteurs, tout semble favoriser la recherche d’un nouveau rapport avec la nature. Plusieurs sociologues, philosophes, préhistoriens, écologues plaident aujourd’hui pour constater que l’homme est bien obligé de descendre de son piédestal, décidément trop secoué dans divers sens. Il s’agit de constater que la culture ne s’oppose pas radicalement à la nature au seul profit de notre espèce, et qu’elle s’esquisse dans le monde du vivant. J’ai jeté il y a une trentaine d’années les bases d’une zoomusicologie, qui s’intègre désormais dans une biomusicologie enfin prise au sérieux. C’est que, jeune campeur puis compositeur, j’avais depuis longtemps, comme Bernie Krause mais à une moindre échelle, ouvert mes oreilles au grand concert de l’orchestre animal, pour tenter de transcrire certaines de mes écoutes. Au fait, un grand orchestre a besoin d’un chef. Mais où estil donc ? Chut… Réponse plus tard ?

Paris, février 2016 François-Bernard Mâche est compositeur.

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D’UN SILENCE À L’AUTRE

PAR ÉLISABETH DE FONTENAY

[…] 2 N’est-ce pas s’abandonner à un honteux bavardage que de prétendre parler du silence ? Ne faudrait-il pas d’abord se taire ? Et pourtant, il y a deux sortes de silence qui requièrent impérativement notre attention d’êtres humains. Celui des bêtes, auxquelles l’évolution a refusé la parole articulée et auxquelles on a, par ail­leurs, refusé d’âge en âge toute réelle capacité de communiquer. Et il y a le grand silence, auquel l’activité humaine a réduit les animaux en faisant taire les sons de la nature. La consonance et l’eurythmie que faisaient entendre les hôtes de chaque biotope s’assourdissent peu à peu et bientôt le mot de Pascal, « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie1 », ne se référera plus au monde illimité découvert par Copernic et Galilée : il prévaudra pour notre planète finie, pour ses mers, pour ses airs, pour sa terre et pour leurs hôtes rendus mutiques, anéantis par les effets de l’humaine logorrhée techniciste. […] 3 Bernie Krause nous fait entendre le désert qui croît, le désastre qui frappe massivement et quotidiennement des êtres que nous croyions extérieurs à nous et que, désormais, nous découvrons liés à nous-mêmes par une communauté de destin. Il ne s’agit plus seulement, comme jadis, dans le cas de grandes épidémies et de formidables tremblements de terre, d’une causalité inéluctable et incompréhensible, mais de la « sixième extinction », ce que de plus en plus de géologues nomment désormais l’Anthropocène, époque de l’histoire de la Terre qui aurait débuté depuis que les activités humaines ont eu un impact global et ininterrompu sur l’écosystème. Ce néologisme désignerait une nouvelle datation géologique, la période durant laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu’elle est devenue une « force géologique » majeure, une puissance à la fois constructrice et destructrice. Le progrès, l’innovation, le développement, et pas seulement par soumission aux diktats du capital financier, dévastent irrémédiablement la vie et les vivants. L’homme est la maladie de l’écorce terrestre, disait déjà Nietzsche et, quasiment à la même époque, Jules Michelet réclamait que les hommes concluent une trêve dans la guerre qu’ils faisaient aux animaux de la mer2. […] 4 Deux façons contradictoires d’expliquer le sens de la pré­sence humaine sur cette terre ont toujours existé. Il y a la manière prométhéenne, qui bénit le dieu grec pour le don qu’il a fait aux hommes, celui du feu qu’il a dérobé aux autres dieux, vol que ceux-ci lui font expier si cher. Notre époque soucieuse d’écologie, épouvantée par la fission de l’atome et la dévastation ordinaire de la Terre, ne veut plus entendre exalter cet humanisme techniciste et destructeur du donné. « Donné », le mot est important, même et surtout si l’on ne croit pas à ce dieu de la révélation qui aurait fait don de la création à l’homme. Il faut bien admettre, en effet, et tout en restant indemne d’un culte idolâtre de la nature, qu’il y a du donné, quelque chose que, de génération en génération, les hommes trouvent en naissant, qui les précède et leur survit, encore que ce donné leur advienne de plus en plus transformé et même rendu méconnais­sable. […] Par ailleurs, il y a une autre ma26

nière d’évoquer la vocation humaine, un point de vue qui dévoile la destination d’un être se situant exactement à l’opposé du « maître et possesseur de la nature3 ». Elle dit que l’homme habite en poète, comme l’a écrit Friedrich Hölderlin4, pensée que développera Walter Benjamin en disant que ce sont les hommes et non pas seulement les poètes qui sont appelés à se mettre à l’écoute de la nature afin d’entendre et de traduire son langage. Walter Benjamin fut sans doute le penseur le plus sensible à ce thème – motif musical, certes, mais pas seulement – des voix de la nature, et Bernie Krause, à sa façon, me semble persévérer dans cette trace. Il est vrai, dit Walter Benjamin, que nous ne connaissons, en dehors du langage humain, aucun langage qui nomme. Mais, en même temps, nous ne saurions nous représenter une totale absence de lan­gage. Ni dans la nature animée ni dans la nature inanimée, il n’existe d’évé­nement ou de chose qui n’ait en quelque sorte part au langage. Mais puisque les choses ne peuvent se communiquer les unes aux autres que par une com­munauté matérielle, immédiate et infinie, dans une muette magie, c’est dans l’homme que la nature s’exprime en dernier ressort : la tâche incombe à celui-ci de traduire son langage. En concevant en lui ce langage muet et anonyme des choses et des bêtes, il élabore une traduction qui parcourt et traverse des continus de métamorphoses. C’est une vérité métaphysique que toute la nature commencerait à se plaindre si on lui prêtait le langage, car être privée de langage, telle est sa grande souffrance.

[…] Si les Occidentaux se mettaient à l’écoute des peuples premiers, et particulièrement des esprits amérindiens, s’ils lisaient Claude Lévi-Strauss mais aussi La Chute du ciel de Davi Kopenawa et Bruce Albert5, ces paroles d’un cha­man yanomami, ils entendraient ce cri de désespoir qui évoque, d’une même voix, la séparation d’avec les ancêtres animaux et l’assassinat de la forêt ama­zonienne. Il reste qu’un grand mystère athée réside dans l’histoire naturelle ou, si l’on préfère, dans l’évolution, laquelle nous joue un tour et se moque de notre détresse en repeuplant Tchernobyl. Elle agit à travers nous, faisant de nous ses instruments, alors même que nous croyons la retarder et la contrarier. Elle développe ses processus, faits de continuités et de ruptures, d’émergences imprévisibles et de nécessités ; elle est aveugle ; elle ne va nulle part ; elle nous met inutilement au pied du mur en nous demandant l’impossible, à savoir choisir entre le bien-être des hommes et la sauvegarde de tous les autres vivants. Paris, septembre 2015 Philosophe et essayiste, Élisabeth de Fontenay est maître de conférences émérite à l’université Panthéon-Sorbonne de Paris.

Pascal, Pensées, Gallimard, Paris, 2004, p. 161. 2 Voir Jules Michelet, La Mer, Hachette, Paris, 1861. 3 René Descartes, Œuvres, t. I : Discours de la méthode, F.-G. Levrault, Paris, 1824, 6e partie. 1

Voir Friedrich Hölderlin, « En bleu adorable », in Œuvres, Gallimard, Paris, 1967, p. 939. 5 Davi Kopenawa et Bruce Albert, La Chute du ciel. Paroles d’un chaman yanomami, Plon, Paris, 2010. 4


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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

PUBLICATIONS

LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION

LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX Avec des textes de : Hervé Chandès, Écouter, voir, Le Grand Orchestre des Animaux Gilles Boeuf, Bernie Krause, le musicien de la nature Bernie Krause, Le grand orchestre des animaux : les voix du monde sauvage Élisabeth de Fontenay, D’un silence à l’autre Vinciane Despret, Figures de la re-composition Bruce Albert, La forêt polyglotte Paul Shepard, Le don de la musique François-Bernard Mâche, Mais où est donc le chef d’orchestre ? Gilles Boeuf, L’Homme dans la biodiversité

LE NOUVEAU LIVRE DE BERNIE KRAUSE

CHANSONS ANIMALES ET CACOPHONIE HUMAINE Manifeste pour la sauvegarde des paysages sonores naturels Après Le Grand Orchestre animal, le nouveau livre de Bernie Krause traduit pour la première fois en France. Coédition Actes Sud, Arles / Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Version française. Broché, 13 x 24 cm, 112 pages. 16 €

Édition Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Version bilingue français / anglais. Relié, 30 x 24 cm, 368 pages Inclus : un CD inédit des paysages sonores de Bernie Krause. 45 €

LE CAHIER DE COLORIAGE

L’ALBUM DE L’EXPOSITION

COLORIAGES AVEC ADRIANA VAREJÃO

LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

Un cahier de dessins spécialement réalisés par Adriana Varejão à l’occasion de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux.

Un album de 48 pages publié à l’occasion de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux.

Édition Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Version française. Broché, 24 x 34 cm, 28 pages. 9 €

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Édition Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Version bilingue français / anglais. Broché, 21 x 27 cm, 48 pages. 10 €


LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

SUR INTERNET

www.legrandorchestredesanimaux.com Dans le prolongement de l’exposition présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, le site Internet www.legrandorchestredesanimaux.com vous invite à devenir à votre tour le chef d’orchestre du vaste ensemble musical de la nature. Guidé par les voix de Bernie Krause en anglais et de l’artiste Camille en français, ce site lève le voile sur les mystères de l’harmonie acoustique du règne animal et propose une expérience interactive sans précédent pour découvrir l’écologie du paysage sonore et ses ressorts. UNE EXPÉRIENCE FAMILIALE Savez-vous ce qu’est la biophonie ? Êtes-vous familier du fonctionnement des niches sonores habitées par les animaux ? Avez-vous déjà entendu parler de la dégradation acoustique ? Pour plonger dans ces sujets, www.legrandorchestredesanimaux.com propose aux internautes de tous âges cinq scénarios interactifs qui permettent de s’approprier les grands concepts associés au travail de Bernie Krause :

1. LES NICHES SONORES Dans le paysage sonore du Mungwezi Ranch, Gonarezhou National Park, Zimbabwe. 2. APPRENDRE À ÉCOUTER Dans le paysage sonore du Algonquin Provincial Park, Ontario, Canada. 3. LA DÉGRADATION SONORE Dans le paysage sonore de Crescent Meadow, Sequoia and Kings Canyon National Parks, Californie, États-Unis. 4. L’ORCHESTRATION DU MONDE Dans le paysage sonore du Camp KM41, Amazonas, Brésil. 5. OCÉANS Dans le paysage sonore de l’océan Pacifique (Maui, Hawaï / Île de Vancouver / Nouvelle-Zélande), mer des Caraïbes, Big Sur (Californie).

L’expérience de l’utilisateur est très libre : chaque scénario peut durer 5 minutes ou toute la journée pour écouter et réentendre les paysages sonores. À travers une interface singulière, vibrante et sensible, la Fondation Cartier s’appuie sur des technologies web inédites au service de la narration développées par la société de production interactive Upian. L’innovation est également visuelle, grâce à une représentation des sons aux variations fines, attentives à la notion d’harmonie et faisant honneur à la diversité des volumes sonores et à la richesse des paysages enregistrés par Bernie Krause et présentés dans l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017.

Pour plonger dans Le Grand Orchestre des Animaux et prendre part à cette révolution de notre regard sur le monde qui nous entoure, rendez-vous sur : www.legrandorchestredesanimaux.com

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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

LES SOIRÉES NOMADES LES NUITS DE L’INCERTITUDE JEUNE PUBLIC ET FAMILLE Les Soirées Nomades Les Soirées Nomades invitent des artistes de la scène à investir le temps d’une soirée les espaces d’exposition et le jardin de la Fondation Cartier.

Lundi 4 juillet à 20h Éliane Radigue, OCCAM OCEAN En présence d’Éliane Radigue Avec Julia Eckhardt, Louis-Michel Marion, Carol Robinson, Silvia Tarozzi, Dafne Vicente-Sandoval, Nate Wooley, et l’orchestre ONCEIM Concerts dans le jardin, dont deux créations et une première en France — Mardi 12 juillet à 22h30 La Forêt des gestes Un projet d’Ariane Michel Direction musicale : Dominique Mahut Avec Thomas Salvador, Jacques Tellitocci, et des objets collectés et assemblés par Charles Roussel Séance d’écoute en immersion dans le jardin — Lundi 5 septembre à 20h Cemetery Voyages imaginaires au cimetière des éléphants Un projet de Carlos Casas avec Chris Watson & guests Déambulation dans les espaces d’exposition et le jardin (projection, installation, conférence, concert) — Lundi 12 septembre à 20h Imagining American Music With Rhona Bitner, Greil Marcus & guests A crossroads of image / word / live music Soirée en anglais

Jeune Public et Famille DEUX JOURS AVEC TRISHA BROWN Dimanche 18 septembre à 15h, 16h30 et 18h Man Walking Down the Side of a Building Avec Rachael Lincoln, BANDALOOP Performance dans le jardin, première en France Lundi 19 septembre à 20h Trisha Brown: In Plain Site – Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, France Avec la Trisha Brown Dance Company Danse — Lundi 3 octobre à 20h Autour de Robert Ashley Avec Reinier van Houdt (pour la pièce Maneuvers for Small Hands) & guests Performance, projections, salles d’écoute et salon de lecture — Lundi 21 novembre à 20h INCOMPLT Où une multitude de papillons et de sculptures en glace co-existent dans une forêt de montagnes Un film d’Étienne Chambaud avec une musique de Kit Vaughan Soden Projection +

Tout au long de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux la Fondation Cartier propose des parcours en famille ainsi que des ateliers créatifs et scientifiques autour du monde animal et de la biodiversité pour les enfants de 4 à 13 ans.

Les samedi ou dimanche à 11h Parcours en famille Lors de ces parcours en famille, les enfants et leurs parents participent à une visite ludique des expositions en compagnie d’un médiateur culturel. Après avoir pris le temps de découvrir en détail le parcours de l’exposition, les familles peuvent prolonger la visite à leur rythme. — Les mercredi, samedi et dimanche à 15h Ateliers pour les enfants Après une introduction à l’exposition par un médiateur culturel, les enfants participent à un atelier original animé par un intervenant artistique ou scientifique.

The Great Animal Orchestra Redux Avec Cosmo Sheldrake Concert — Mardi 13 décembre à 20h François-Bernard Mâche, À l’écoute du vivant En présence de François-Bernard Mâche Avec Maki Belkin, Mathieu Dupouy, Raphaëlle Truchot-Barraya et l’Ensemble Accroche Note Voix, vents, cordes et claviers dans la Grande Galerie de l’Évolution du Muséum national d’Histoire naturelle Concert monographique, dont une création

Les Nuits de L’Incertitude Les Nuits de l’Incertitude réunissent des artistes, des scientifiques, des intellectuels, qui s’entretiennent en public. Si l’incertitude est l’espace de rencontres et d’échanges, les Nuits de l’Incertitude entrent en résonance avec l’exposition en cours, ses protagonistes et les questions qu’elle suscite.

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Jeudi 20 octobre, de 18h30 à 22h30 L’Entretien infini Sur une proposition de Hans Ulrich Obrist Conversations avec des penseurs, artistes et chercheurs, en écho à l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux.


LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

INFORMATIONS PRATIQUES

Exposition

Activités Jeune Public

Le Laissez-Passer

L’exposition Le Grand Orchestre des Animaux est présentée du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris. L’exposition est ouverte tous les jours sauf le lundi, de 11h à 20h. Nocturne le mardi jusqu’à 22h.

Tarif unique : 12 €

Adhésion annuelle : 30 €

Informations Tél. 01 42 18 56 67 du lundi au vendredi de 10h à 18h

Offre Duo : 50 €

Retrouvez toute la programmation des activités Jeune Public sur fondation.cartier.com/enfants

Étudiants, carte Senior, carte Famille nombreuse, demandeurs d’emploi, Maison des Artistes

Plein tarif : 10,50 € (12 € en ligne) Tarif réduit : 7 € (8,50 € en ligne)

Étudiants, moins de 25 ans, seniors (plus de 65 ans), demandeurs d’emploi et bénéficiaires des minima sociaux, Maison des Artistes, institutions partenaires, ministère de la Culture, Amis des Musées.

Gratuit

Enfants de moins de 13 ans, moins de 18 ans uniquement le mercredi, Laissez-passer, carte Icom, carte de presse, carte d’invalidité.

Visites de Groupes Du mardi au vendredi, de 11h à 18h (minimum 10 personnes) Visite libre Tarif adultes : 9 € / pers. Scolaires : 4 € / pers. (gratuit pour les accompagnateurs) Seniors : 5 € / pers. Visite guidée avec médiateur Tarif adultes : 12 € / pers. Scolaires : 5 € / pers. (gratuit pour les accompagnateurs) Seniors : 8 € / pers.

Vous et l’invité de votre choix

Tarif réduit : 25 €

Tarif jeune : 18 € (moins de 25 ans) Tarif CE (nous consulter)

Soirées Nomades Plein tarif : 13 € (12 € en ligne) Tarif réduit : 9 € (8 € en ligne)

Étudiants, moins de 25 ans, seniors (plus de 65 ans), demandeurs d’emploi et bénéficiaires des minima sociaux, Maison des Artistes, institutions partenaires, ministère de la Culture, Amis des Musées

Informations Tél. 01 42 18 56 72 tous les jours de 11h à 20h Retrouvez toute la programmation des Soirées Nomades sur fondation.cartier.com/soireesnomades

Renseignements et adhésion Tél. 01 42 18 56 67, du lundi au vendredi de 10h à 18h info.reservation@fondation.cartier.com ou sur eshop.fondation.cartier.com

Accès 261, boulevard Raspail 75014 Paris Métro Raspail ou Denfert-Rochereau (lignes 4 et 6) RER Denfert-Rochereau (ligne B) Bus 38, 68, 88, 91 Station Vélib’ et stationnement réservé aux visiteurs handicapés devant le 2, rue Victor Schoelcher

Visites architecturales du bâtiment Un samedi par mois, à 11h et 17h (de 10 à 20 personnes) Voir calendrier sur fondation.cartier.com Durée de la visite : 1 heure Plein tarif : 12 € / pers. Scolaires : 5 € / pers. Seniors : 8 € / pers. Billet couplé Visite guidée avec médiateur + visite architecturale Plein tarif : 20 € Scolaires : 7 € / pers. Seniors : 12 € / pers. Réservation indispensable auprès du Service des publics : Tél. 01 42 18 56 67 info.reservation@fondation.cartier.com Visite guidée des expositions tous les jours à 18h (sauf le weekend) sur présentation du billet d’entrée, et dans la limite des places disponibles.

Retrouvez toute la programmation des Soirées Nomades, des Nuits de l’Incertitude et des activités Jeune Public sur : fondation.cartier.com

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LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX

PARTENAIRES

France Inter, qui invite régulièrement les auditeurs à découvrir des artistes, des expositions ou des créations artistiques sur son antenne, a choisi d’accompagner l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017. Une exposition à vivre et à suivre sur France Inter. En savoir plus : franceinter.fr

Fondé en 1972, Le Point est un magazine français d’information générale. Il est diffusé chaque semaine à 400 000 exemplaires. Il occupe la première place des magazines d’actualité en ventes kiosque. Construit sur les valeurs affirmées du journalisme (rigueur, indépendance, proximité), Le Point s’adresse à un lectorat influent (cadres dirigeants, leaders d’opinion, CSP+) et attire près de 2 millions de lecteurs chaque semaine. Le Point se décline sur tous les supports, web, tablette et smartphone. Lepoint.fr est un site d’information en temps réel qui compte 5 millions de visiteurs uniques mensuels sur le web, dont la moitié en mobilité. Lepoint.fr est l’un des dix premiers sites d’information générale en France, l’un des cinq premiers en mobilité. LePoint.fr est très heureux de s’associer à l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux.

Les surprises du monde et la beauté du monde, voilà les deux passions qui animent Geo. Ce sont ces valeurs là que nous avons rencontrées lorsque nous avons découvert le sujet sur l’écoacoustique présenté dans l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux. Et voilà pourquoi nous avons voulu nous faire le relais auprès de nos lecteurs de cette discipline, qui est, finalement, une nouvelle et passionnante manière d’appréhender le monde, pour mieux le comprendre et mieux l’aimer.  En savoir plus : geo.fr

Quotidien né en 1944, Le Monde est devenu une entreprise de presse qui édite également des suppléments thématiques et son magazine M, dans un souci d’indépendance, de rigueur et d’exigence éditoriale. C’est chaque mois 15,1 millions de lecteurs, internautes et mobinautes. C’est une couverture quotidienne et en continu de l’actualité internationale, française, économique et culturelle. Ce sont, chaque jour, quatre pages consacrées à la culture avec des contenus enrichis, des portfolios, des vidéos, sur son site et ses applications. C’est pourquoi Le Monde est ravi de s’associer à la Fondation Cartier à l’occasion de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux, et de partager avec son audience son engouement pour cet événement. En savoir plus : lemonde.fr

En savoir plus : lepoint.fr

Mieux se connaître, être plus heureux, savoir vivre ensemble : les valeurs portées par Psychologies sont plus essentielles que jamais. Média engagé, Psychologies invite ses lecteurs et ses internautes à vivre des expériences fortes et inédites. Nous avons choisi d’accompagner la Fondation Cartier pour l’art contemporain et son exposition Le Grand Orchestre des Animaux pour partager un moment d’émotion esthétique unique et renouer le dialogue entre les humains, les animaux et la nature. En savoir plus : psychologies.com

Le 1 est heureux de s’associer à l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Fondé par Éric Fottorino, Laurent Greilsamer, Henry Hermand et Natalie Thiriez, le 1 est un hebdomadaire innovant et atypique, sans publicité. Journal d’idées, plus que d’opinion, il traite chaque semaine d’un seul sujet.  Le 1 se donne pour mission de décrypter l’actualité et de donner à ses lecteurs des outils pour comprendre un monde complexe. Avec 45g de papier et les signatures d’écrivains, de chercheurs et d’artistes, le 1 s’engage à rendre le savoir accessible. En savoir plus : le1hebdo.fr

Télérama aime partager ses curiosités, ses choix, ses enthousiasmes pour les artistes et leurs créations. Par ses critiques et ses articles, chaque semaine et à chaque instant, dans le magazine et sur son site. Par l’organisation de grandes manifestions susceptibles de mobiliser et de passionner ses lecteurs. Par ses partenariats avec les meilleurs défenseurs de la vie artistique. Voir, découvrir, voyager, avec le regard à travers le temps et les âmes toujours singulières des créateurs, reste en effet pour nous le plus sûr moyen de garder ses repères en temps de crise, de mettre à distance ses inquiétudes, de se forger un œil neuf pour demain. Télérama est ainsi très heureux d’accompagner l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. En savoir plus : telerama.fr

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Deezer et la Fondation Cartier pour l’art contemporain sont heureux d’annoncer le lancement de la chaîne musicale de la Fondation Cartier. Les amoureux de l’art pourront revivre les expositions en musique exclusivement sur Deezer, depuis leur mobile, leur tablette et sur le web. Rendez-vous sur la page officielle Deezer de la Fondation Cartier pour découvrir toutes les playlists exclusives. Et pour toujours plus de musique, partout, tout le temps, Deezer est accessible en illimité et même sans connexion avec l’offre « Deezer Premium+ ». En savoir plus : fondation.cartier.com/deezer



PIERRE BODO / CAI GUO-QIANG CORNELL LAB OF ORNITHOLOGY RAYMOND DEPARDON / BERNIE KRAUSE JP MIKA / MANABU MIYAZAKI MOKE / CLAUDINE NOUGARET RYUICHI SAKAMOTO / CHRISTIAN SARDET HIROSHI SUGIMOTO TALLER MAURICIO ROCHA + GABRIELA CARRILLO  SHIRO TAKATANI / TARA OCÉANS  CYPRIEN TOKOUDAGBA UNITED VISUAL ARTISTS AGNÈS VARDA / ADRIANA VAREJÃO



COMMUNIQUÉ

LA FONDATION

ACTUALITÉS

Le 20 octobre 1984, Cartier inaugure la Fondation Cartier pour l’art contemporain. En pionnier, avec une vision claire et déterminée du mécénat, elle invente une manière unique de croiser tous les domaines de la création, d’ouvrir tous les champs de la curiosité. En 1994, la Fondation Cartier s’installe à Paris, dans un bâtiment de verre et d’acier dessiné par Jean Nouvel. Revendiqué par l’architecte comme son « monument pour Paris », le bâtiment du boulevard Raspail répond à un parti pris audacieux, celui de concevoir un espace muséal ouvert et transparent qui remplace les murs par la possibilité infinie de toujours réinventer le lieu d’exposition. Ce geste radical a souvent inspiré les artistes qui ont répondu de façon d’autant plus puissante à l’esprit des lieux. Depuis plus de trente ans, la Fondation Cartier invite le public à partager une expérience de l’art et de la pensée d’aujourd’hui, à travers des expositions à la fois exigeantes et populaires, ouvrant les portes de l’art contemporain à une large audience. De commandes en expositions, la Fondation Cartier accompagne les artistes sur la durée, de Raymond Depardon à William Eggleston, de Raymond Hains à Pierrick Sorin. Du chamanisme aux mathématiques ou au vaudou, la Fondation Cartier élargit constamment le champ de la curiosité, entraîne le visiteur vers des territoires inattendus, provoque des conversations ininterrompues entre des artistes, des scientifiques ou des Indiens d’Amazonie, et fait dialoguer l’art contemporain avec l’art populaire. Lieu du dépaysement constant, elle montre les créateurs les plus connus sous un jour inédit, surprenant ou décalé, comme avec la boulangerie imaginée par Jean Paul Gaultier. Elle renouvelle la manière d’exposer des cinéastes avec David Lynch, Takeshi Kitano ou Agnès Varda. Elle s’intéresse aux expressions de la culture populaire comme le graffiti ou le rock’n’roll. Régulièrement, elle expose la pensée avec la complicité de philosophes. Internationale dans sa programmation et ses acquisitions, la Fondation Cartier pour l’art contemporain l’est aussi à travers les itinérances qui entraînent ses expositions de Tokyo à Buenos Aires, Copenhague ou Rio de Janeiro. Ce rayonnement repose sur les liens privilégiés tissés au fil des années avec les plus grandes institutions culturelles. Mais que ce soit en France ou à travers le monde, l’esprit de la Fondation Cartier reste le même : porter toujours plus d’attention aux artistes et privilégier curiosité et dépaysement, ouverture et liberté, singularité et pluralité.

PROCHA I NE E XPOSI TI ON

Automobile et photographie Avril › Septembre 2017 La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente, à partir du mois d’avril 2017, une exposition consacrée à la relation entre la photographie et l’automobile. Depuis sa création, l’automobile façonne le paysage, permet l’exploration de nouveaux horizons et bouleverse notre conception du temps et de l’espace, offrant un nouveau sujet, un outil et un paradigme pour la photographie. L’exposition réunit près de 400 œuvres de photographes historiques et contemporains qui ont

fait de l’automobile leur sujet de prédilection à l’image de Jacques-Henri Lartigue, Ed Ruscha, Lee Friedlander ou encore Jacqueline Hassink ainsi qu’un film regroupant des extraits mythiques de l’histoire du cinéma. À travers cet ensemble d’œuvres, l’exposition s’intéresse à la façon dont l’automobile a modifié durablement notre environnement et notre vie quotidienne, tout en influençant les pratiques et les recherches esthétiques des photographes.

I TI NÉ RA NCES Après Paris, l’exposition Fernell Franco, Cali clair-obscur est présentée au Centro de la Imagen, à Mexico, du 27 juillet au 2 novembre 2016.

SUR I NTE RNE T L ES R ÉS E AU X S OC IAU X Retrouvez toute l’actualité de la Fondation Cartier sur le site fondation.cartier.com. Découvrez les coulisses des projets, des contenus dédiés et les coups de cœur de la Fondation Cartier sur Facebook, Twitter et Instagram. Visionnez des films inédits, des entretiens avec les artistes, et toutes les Soirées Nomades sur les comptes Youtube et Dailymotion de la Fondation Cartier. Approfondissez votre intérêt pour une exposition sur les pages Fondation Cartier de iTunesU et France Culture Plus.

C O NTACTS P RES S E

Responsable des relations presse – Matthieu Simonnet matthieu.simonnet@fondation.cartier.com – Tél. 01 42 18 56 77 Attachée de presse – Maïté Perrocheau maite.perrocheau@fondation.cartier.com – Tél. 01 42 18 56 65 presse.fondation.cartier.com


COMMUNIQUÉ

LE JARDIN

ACTUALITÉS

D’autres arbres, d’autres buissons viendront. Ce sera finalement une question de patience et de passion que d’observer la transformation d’une idée en un espace vivant.

L’œuvre d’Agnès Varda, Le Tombeau de Zgougou, émouvante double projection à caractère autobiographique et sentimental, est installée depuis mai 2016 dans le jardin de la Fondation Cartier.

Lothar Baumgarten

T HE AT R U M B OTAN I C U M Le jardin de la Fondation Cartier pour l’art contemporain n’est ni un parc à l’anglaise, ni un jardin à la française, ni même un parc de sculptures mais une œuvre commandée à l’artiste Lothar Baumgarten. Il emprunte son nom, Theatrum Botanicum, aux livres dans lesquels les moines inventoriaient les plantes médicinales et aromatiques au Moyen Âge. Le jardin a été imaginé autour d’une structure en cinq modules géométriques dictés par les contours mêmes du lieu (carré, rectangle, triangle, cercle, ellipse). En dessinant ce jardin, Lothar Baumgarten a créé une harmonie de mesures et de proportions entre le bâtiment de Jean Nouvel (1994) et l’ancien mur qui enclot le parc et garde l’écho des promenades de Chateaubriand qui vécut sur ces lieux. Le jardin de la Fondation Cartier est une œuvre en devenir permanent, fondée autour de l’idée d’offrir au visiteur le spectacle d’une nature à la fois calculée et sauvage.

LE B ILA N ÉC O LO G I Q U E Un bilan écologique, dressé en août 2012 par le Muséum national d’Histoire naturelle, est à l’origine d’une réflexion plus large sur le jardin de la Fondation Cartier. Lieu privilégié pour la conservation de la nature, le jardin accueille un nombre important d’espèces animales et végétales dont les populations sont en régression au niveau régional et national. On trouve dans le jardin plus de 200 espèces végétales, de nombreuses espèces de papillons, abeilles ou bourdons, ainsi que certaines espèces d’oiseaux ordinairement sensibles à l’urbanisation. Une forte activité de chauves-souris a également été observée, allant jusqu’à 1 000 passages par nuit, lorsque le nombre de passages enregistrés dans la capitale se situe plutôt autour de la centaine.

L ES Œ UV RES DA NS L E JA RDIN Ian Hamilton Finlay, L’Ordre du présent est le désordre du futur (Saint-Just), 1987 9 pierres gravées 900 × 350 cm Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Giuseppe Penone, Biforcazione, 1987-1992 Bronze, verre et sable 312 × 145 × 70 cm Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Patrick Blanc, Mur végétal, 1998 Réalisé pour l’exposition Être nature, ce mur végétal intègre le bâtiment et le jardin en créant une continuité végétale entre les deux. Raymond Hains, Les Six Ifs, 2014 Plantés pour l’exposition Mémoires Vives (2014), ces six ifs sont un hommage au geste

artistique effectué par Raymond Hains lors de sa première exposition à Jouy-en-Josas. L’artiste avait alors planté six ifs en mémoire du marquis de Bièvre – auteur de l’article « Calembour » de L’Encyclopédie de Diderot – qui avait coutume de se promener dans son jardin en charmante compagnie et de déclarer, en arrivant à proximité d’une rangée de conifères : « Madame, entendezle comme vous voudrez, mais voici l’endroit des six ifs. » Agnès Varda, Le Tombeau de Zgougou, 2006 Installation vidéo 3 min 40 (en boucle) Musique : Steve Reich, For Strings (with Winds and Brass) Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris

SUR I NTE RNE T JA R DIN .FON DAT ION CA RT IE R .COM Aujourd’hui, ce site Internet entièrement dédié au jardin donne accès à la richesse des contenus documentaires et scientifiques, photographiques et audiovisuels produits depuis plus de trois ans. Le visiteur peut y découvrir la faune et la flore du jardin de la Fondation Cartier, qui est un exemple atypique et passionnant de biodiversité urbaine. Ce site est également le relais des préoccupations environnementales de la Fondation Cartier, à travers la rediffusion des Nuits de l’Incertitude (Bat Night, Nuit du Miel ) et la (re)découverte des expositions qui explorent des thèmes voisins. Projet réalisé en collaboration avec : François-Michel Le Tourneau, Nathalie Machon, Hortense Serret et Minh-Xuan Truong du Muséum national d’Histoire naturelle.

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Responsable des relations presse – Matthieu Simonnet matthieu.simonnet@fondation.cartier.com – Tél. 01 42 18 56 77 Attachée de presse – Maïté Perrocheau maite.perrocheau@fondation.cartier.com – Tél. 01 42 18 56 65 presse.fondation.cartier.com


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LA COLLECTION Depuis plus de 32 ans, la collection de la Fondation Cartier pour l’art contemporain est l’expression la plus directe du mécénat de la Maison Cartier. La volonté forte de collectionner des œuvres contemporaines, et d’en être à l’origine, constitue l’une des grandes originalités de la Fondation Cartier et concrétise son engagement fidèle envers les artistes. Depuis sa création, la Fondation Cartier pour l’art contemporain accompagne la programmation des expositions par des commandes d’œuvres présentées dans les espaces d’expositions. Lorsqu’elles rejoignent la collection, ces œuvres uniques produites à l’occasion des expositions se font la mémoire de la Fondation Cartier, et le témoignage de rêves d’artistes devenus réalité. Aujourd’hui constituée de près de 1 400 œuvres de plus de 350 artistes, de près de 50 nationalités différentes, la collection constitue un ensemble à l’image de la diversité de l’art d’aujourd’hui, et témoigne des relations tissées avec des artistes du monde entier. Chaque nouvelle œuvre apporte un point de vue singulier sur le monde ; ensemble, elles représentent la création de notre temps avec clarté, beauté et poésie. Les œuvres de la collection font l’objet de nombreuses expositions dans des institutions en France et dans le monde lors de prêts pour des expositions personnelles ou thématiques. La collection est également présentée dans des expositions qui lui sont consacrées.

ACTUALITÉS PROCHA I NES E XPOSI TI ONS Exposition d’une sélection d’œuvres de la collection au Musée des Augustins, Toulouse, dans le cadre de la Biennale du Printemps de septembre 23 septembre › 23 octobre 2016 Exposition de la collection au SeMA, Seoul Museum of Art 2 juin › 20 août 2017

L ES Œ UV RES D E L A C OLL ECTI ON ACTUE LL E M E NT E N PRÊ TS  Vija Celmins, To Fix the Image in Memory XIII Exposition L’image volée Fondazione Prada, Milan 18 mars › 28 août 2016

Artavazd Pelechian, Les Habitants Exposition Il y a de l’autre Rencontres d’Arles 4 juillet › 25 septembre 2016

Seydou Keïta, Photographies de la série Bamako Exposition Seydou Keïta Grand Palais, Paris 31 mars › 11 juillet 2016

Erina Matsui, Ebichiri et Universe Exposition Erina Matsui Kirishima Open-Air Museum, Yusui (Japon) 15 juillet › 26 septembre 2016

SUR I NTE RNE T 30 A N S.FON DAT ION CA RT IE R .C OM La Fondation Cartier pour l’art contemporain a développé une plateforme digitale ad hoc qui fait découvrir et diffuse à l’international 30 ans d’art contemporain à travers des documents d’archive (vidéos, textes, notes préparatoires d’expositions, diaporamas, etc.) et des témoignages actuels des acteurs de cette histoire (artistes, architectes, penseurs et écrivains). Retrouvez notamment les histoires liées à la photographie qui occupe une place majeure dans l’histoire et la collection de la Fondation Cartier.

C O NTACTS P RES S E

Ron Mueck, In Bed, 2005. Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris (acq. 2006).

Seydou Keïta, Sans titre, série Bamako, 1949-1964, photographie noir et blanc, 73,6 x 57,6 cm. Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris (acq. 1995).

Responsable des relations presse – Matthieu Simonnet matthieu.simonnet@fondation.cartier.com – Tél. 01 42 18 56 77 Attachée de presse – Maïté Perrocheau maite.perrocheau@fondation.cartier.com – Tél. 01 42 18 56 65 presse.fondation.cartier.com


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LES ÉDITIONS

ACTUALITÉS

LES CATA LO G U ES

PROCHA I NE PUBL I CATI ON

Éditeur depuis sa création, la Fondation Cartier a publié plus de 150 catalogues d’exposition diffusés en France et à l’étranger. Son fonds compte aussi bien des ouvrages thématiques sur le rock’n’roll, le graffiti ou les mathématiques que des monographies d’artistes tels que Patti Smith, Raymond Depardon, David Lynch, Takeshi Kitano ou Mœbius. Conçus en étroite collaboration avec les artistes, ces ouvrages se veulent l’écho des projets présentés, privilégiant les entretiens avec les créateurs et s’accompagnant des contributions de philosophes, d’écrivains ou d’anthropologues comme Paul Virilio, Alberto Manguel ou Peter Sloterdijk.

Nobuyoshi Araki Hi-Nikki (Non-Diary Diary)

L ES É D I T I O N S L I M I T ÉES La Fondation Cartier réalise également des éditions limitées avec les artistes : vases-animaux de Takeshi Kitano, lithographies de David Lynch, livre-objet d’Andrea Branzi, édition limitée du catalogue Patti Smith, ou encore lithographies de Daido Moriyama. Les éditions limitées sont à découvrir à la librairie de la Fondation Cartier.

LA CO LLECT IO N D ES CA H I ER S D E C O LO R I AG E Cette collection de cahiers de coloriage permet aux enfants de découvrir l’univers graphique d’artistes qui ont tous exposé à la Fondation Cartier. Ils sont sculpteurs, cinéastes, peintres, designers ou dessinateurs, et se sont prêtés au jeu avec beaucoup d’amusement. Constitué de 24 pages, chaque cahier est l’occasion pour les artistes de présenter leurs œuvres sous la forme de dessins à colorier.

À l’occasion de son 30e anniversaire en 2014, la Fondation Cartier pour l’art contemporain a demandé au photographe japonais Nobuyoshi Araki de prendre une photographie par jour, commande destinée à être publiée chaque semaine sur le site Internet de la Fondation Cartier sous forme de diaporama. Araki se prend alors au jeu et réalise entre mai 2014 et mars 2015 un total de 1 250 photographies couleur inédites. Il nous invite à le suivre à travers un Tokyo intime et sensible mêlant

portraits de jeunes femmes, natures mortes sensuelles et lieux emblématiques de la vie personnelle de l’artiste. La Fondation Cartier dévoile aujourd’hui toute la richesse de ce sublime kaléidoscope au sein de l’ouvrage Hi-Nikki (Non-Diary Diary) qui réunit l’ensemble des photographies réalisées pour ce projet. Nobuyoshi Araki, Hi-Nikki (Non-Diary Diary) Édition Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Version bilingue français / anglais Relié, 1 250 photographies environ Publication en novembre 2016

SUR I NTE RNE T ES HOP.FON DAT ION CA RT IE R .COM Sur son e-shop, la Fondation Cartier pour l’art contemporain met en vente l’ensemble de ses publications  : catalogues d’exposition, cahiers de coloriage, essais et éditions limitées d’artistes. Le e-shop permet aussi de commander en ligne le Laissez-passer de la Fondation Cartier.

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INTERNET Sur Internet, la Fondation Cartier pour l’art contemporain prolonge sa vocation à promouvoir la création contemporaine et à être un lieu de rencontres entre l’art et le grand public.

FO N DAT ION .CART I ER .C O M Le site Internet de la Fondation Cartier offre un prolongement éditorial à chaque exposition et à toute la programmation associée. Il offre également une exploration richement illustrée et commentée des archives de toutes les expositions et publications depuis 1984.

S U R LES R ÉS EAU X S O C I AU X Institution culturelle pionnière et leader sur les réseaux sociaux, la Fondation Cartier est en contact quotidien avec plus de 500 000 abonnés. Aujourd’hui, de nombreux réseaux font l’objet d’une prise de parole régulière et renouvelée : La Fondation Cartier diffuse de nombreux contenus et actualités sur Facebook, Twitter, LinkedIn et Google+ pour rester en contact avec les communautés et offre également aux artistes un espace d’expression sur Instagram pour la création de projets en ligne inédits. Sur iTunesU et France Culture Plus, la Fondation Cartier met à disposition du plus grand nombre un ensemble de contenus pédagogiques et de podcasts.

L ES F I L M S Les plateformes Youtube et Dailymotion diffusent un ensemble exceptionnel de vidéos : visites commentées, entretiens avec les artistes, scientifiques et contributeurs des expositions, reportages au cœur des Soirées Nomades et des Nuits de l’Incertitude : ce sont près de 80 films par an qui sont produits spécialement pour Internet. Cette production, soutenue par une diffusion importante, positionne l’institution comme un média de référence sur la création contemporaine sous toutes ses formes.

ACTUALITÉS L A FONDATI ON CA RTI E R E N M US IQUE En 2016, la Fondation Cartier lance sa chaîne musicale sur Deezer : 32 ans d’expositions et 22 ans de Soirées Nomades attestent de la relation privilégiée que la Fondation Cartier et les artistes entretiennent avec la musique. Les artistes, scientifiques et personnalités proches de la Fondation Cartier sont au cœur de cette proposition, en proposant des playslists spécialement pour cette chaîne. Dès le lancement, nous pouvons découvrir notamment les sélections

musicales de Beatriz Milhazes, David Lynch, Cédric Villani, Bernie Krause, Guillermo Kuitca, Pierre Kwenders, et bien d’autres… De nouvelles sélections viendront régulièrement enrichir l’écoute. Forte de ces invités exceptionnels, la Fondation Cartier devient la première institution culturelle à proposer des playlists variées, liées à son histoire ou aux expositions à l’affiche. Exigeantes et accessibles, ces heures d’écoute musicale prolongent ainsi de façon inédite l’offre de la Fondation Cartier vers son public.

L ES PROJ E TS E N L I G NE Des sites Internet conçus et développés autour des expositions et des commandes de projets dédiés au digital offrent au public une perspective inédite. Parmi eux, les photographes japonais Nobuyoshi Araki et Daido Moriyama ont ainsi proposé aux visiteurs en ligne des séries exceptionnelles de photographies. Nobuyoshi Araki, Hi-Nikki Non-Diary Diary 1250 photographies inédites, projet en ligne, 2014

Daido Moriyama, #DaidoParis 160 photographies inédites en France, projet en ligne, 2016

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