Exposition Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE

MusÉe d’art moderne - dÉPartement des Aigles

Marcel Broodthaers /////////////

/// 16/04/2015 MONNAIE DE PARIS 11, Quai de Conti 75006 Paris

18 avril - 5 juillet 2015

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Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la vie. Cela fait un moment déjà que je ne suis bon à rien. Je suis âgé de quarante ans… L’idée enfin d’inventer quelque chose d’insincère me traversa l’esprit et je me mis aussitôt au travail. Marcel Broodthaers, Bruxelles, 1964

Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris

Directeur de la communication Guillaume Robic tel : + 33 (0)1 40 46 58 18 guillaume.robic@monnaiedeparis.fr

La Monnaie de Paris présente du 18 avril au 5 juillet 2015, le Musée d’Art Moderne – Département des Aigles, certainement l’œuvre la plus iconique de Marcel Broodthaers, sous le commissariat de Chiara Parisi en collaboration avec Maria Gilissen Broodthaers.

Claudine Colin Communication Avril Boisneault tel : + 33 (0)1 42 72 60 01 avril@claudinecolin.com www.claudinecolin.com

Après avoir présenté Quatuor à cordes pour Hélicoptères de Stockhausen lors de la Nuit Blanche 2013 puis, à l’occasion de sa réouverture partielle en octobre dernier, la Chocolate Factory de Paul McCarthy, la Monnaie de Paris permet, une nouvelle fois, au public de découvrir un projet artistique réputé « impossible ». Cette exposition offre aux visiteurs l’occasion de revivre une expérience artistique unique, avec une œuvre considérée comme fondatrice dans l’Histoire de l’art du XXème siècle.

INFORMATIONS PRATIQUES Horaires d’ouverture Tous les jours, 11h – 19h Jeudi jusqu’à 22h 11, Quai de Conti 75006 Paris Librairie Flammarion Monnaie de Paris 11, Quai de Conti 75006 Paris Tous les jours, 11h – 19h Jeudi jusqu’à 22h Boutique Monnaie de Paris 2, rue Guénégaud 75006 Paris Du lundi au samedi 11h – 19h PUBLICS La Monnaie de Paris propose tous les jours un large choix de visites et d’ateliers pour tous les publics ainsi qu’un programme de conférences durant toute la durée de l’exposition. publics@monnaiedeparis.fr RETROUVEZ NOUS SUR monnaiedeparis.fr facebook.com/monnaiedeparis twitter.com/monnaiedeparis youtube.com/monnaiedeparis instagram.com/monnaiedeparis

Dès le début de sa carrière d’artiste, Marcel Broodthaers établit un rapport très clair entre l’œuvre d’art en tant que telle et sa valeur financière. Selon lui, l’art est devenu un acteur de l’économie. La réflexion de cet artiste, qui avait posé ces questionnements dans les années 1960, résonne tout particulièrement à la Monnaie de Paris qui depuis douze siècles « fabrique » l’argent des Français et d’autres pays. Dans ce lieu où se rassemblent la monnaie courante, la monnaie de collection et les expositions d’art contemporain, la présence de l’œuvre de Marcel Broodthaers permet de s’interroger sur le rôle fondateur de l’art dans la société contemporaine. Historique, cette exposition construite autour du projet majeur de Broodthaers, le Musée d’art Moderne - Département des Aigles (1968-1972) est le fruit d’un travail de recherche de plusieurs années mené par la Monnaie de Paris en lien étroit avec Maria Gilissen Broodthaers et Marie Puck Broodthaers. Ces recherches ont mobilisé de très nombreuses collections publiques et privées pour reconstituer, à la Monnaie de Paris, le Musée d’art Moderne Département des Aigles, non pas dans son intégralité (cela trahirait le projet original de l’artiste), mais dans sa forme la plus accomplie, la plus aboutie qui n’est jamais été présentée à ce jour.

Musée d’Art Moderne Département des Aigles Marcel Broodthaers témoigne des changements profonds de l’art au XXème siècle : l’œuvre qui naît d’un double renoncement au matériau initial, la peinture, et au mythe d’une identité toute faite, celle de l’authenticité artistique. C’est dans ce contexte qu’est né le « Musée d’Art Moderne », dans une discussion autour du « musée comme institution imaginaire, idée fixe, principe d’ordre ou temple d’artistes ». Les années 1970-1971 marquent un tournant dans l’histoire du Musée qui est déclaré « à vendre pour cause de faillite », Marcel Broodthaers poursuit ainsi sa réflexion entre l’art, l’institution du musée et le marché de l’art en créant la Section Financière (1971). Elle est composée d’un lingot d’un kilo d’or poinçonné d’un aigle, vendu pour collecter des fonds au profit du Musée, à un prix calculé au double de la valeur du marché de l’or, l’augmentation représentant la valeur du lingot en tant qu’objet d’art. C’est dans cette vision d’anticipation de notre contemporanéité que le lingot d’or présenté ici est celui appartenant à l’artiste Danh Vo (né en 1975 à Bà Rja). La figure de l’aigle, présente dès la naissance du Musée dans son nom, prend toute sa dimension avec la Section des Figures. L’Aigle de l’oligocène à nos jours, conçue pour la Staatliche Kunsthalle de Düsseldorf en 1972. Les détails de cette section sont reconstitués pour la toute première fois à la Monnaie de Paris, grâce aux prêts des mêmes institutions, collectionneurs, antiquaires qui avaient été contactés à l’époque par l’artiste dont le Louvre, le Musée Ingres, le Victoria & Albert Museum, le Musée des Arts Décoratifs de Berlin,…

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Dans le Salon d’Honneur de la Monnaie de Paris, la Salle Blanche (1975), est la reconstitution d’une pièce de la maison rue de la Pépinière où Marcel Broodthaers avait inauguré son Musée dans lequel flottaient les mots qui ont traversé son travail, ses expériences et sa vie passée entre Bruxelles, Paris et Düsseldorf. Cette exposition présente, sous le Péristyle, le Balancier d’Austerlitz (1810) que Marcel Broodthaers souhaitait emprunter à la Monnaie de Paris pour sa Section des Figures. Son poids, 2,1 tonnes, l’obligea à se contenter de photographies qui ont également été inclues dans la Section Publicité (1972). L’exposition est complétée par un happening. Le jour de l’inauguration, face à l’île de la Cité, une péniche remonte la Seine, de la même manière qu’en 1971 Marcel Broodthaers avait pensé lui faire remonter le Rhin avec du matériel et des œuvres d’art pour être déchargés et trouver une place dans l’exposition. Le Musée d’Art Moderne – Département des Aigles à la Monnaie de Paris est accompagné de la publication du recueil de dessins (1971) de l’artiste, Le Catalogue des Monnaies en édition limitée et numérotée, ainsi que du Hors-série Beaux Arts magazine consacré à l’exposition avec notamment la participation de Bernard Blistène, Nicolas Bourriaud et Alfred Pacquement, ainsi qu’une conversation entre Maria Gilissen Broodthaers et Chiara Parisi. A cette occasion, une médaille et une mini-médaille sont également frappées dans les Ateliers de la Monnaie de Paris, inspirées d’œuvres de Marcel Broodthaers.

Marcel Broodthaers Marcel Broodthaers (né à Bruxelles le 28 janvier 1924 et décédé à Cologne le 28 janvier 1976) a donné vie à une production plastique considérable sur une période de seulement huit années. Abandonnant ses études de chimie, il a mené une vie d’homme de lettres dans une communauté littéraire, artistique et politique sous l’Occupation. C’est en 1964 qu’il figea dans du plâtre, 50 exemplaires invendus de son dernier recueil de poésie intitulé Pense-Bête. Cet acte fondateur marque les « débuts » officiels de Marcel Broodthaers en tant qu’artiste. Il commença à créer des œuvres d’art à partir de plusieurs objets communs (moules, briques ect..) qu’il assemblait ou qu’il accumulait entre eux pour ne former qu’un seul et unique objet mêlant humour et absurdité. Plus tard, en 1968, il s’autoproclama « conservateur du Musée d’Art Moderne Département des aigles » qu’il avait lui-même créé, dans sa maison. Admirateur de Magritte et Mallarmé, il s’interroge sur les rapports entre l’image et sa représentation, entre l’original et la copie, entre la fiction et le réel. Marcel Broodthaers a influencé le travail de grands artistes de son époque comme Joseph Beuys, Hans Haacke, James Lee Byars et aujourd’hui des artistes comme Daniel Buren, Dan Graham, Mike Kelley, ou encore Danh Vo, Tacita Dean, Ceryth Wyn Evans. L’humour et la mélancolie de l’œuvre de Marcel Broodthaers en font une figure de référence, aujourd’hui en pleine redécouverte, à l’instar de Marcel Duchamp, comme en témoigne sa présence à la 56ème Biennale de Venise en 2015. C’est grâce à son vaste champs d’actions et à sa capacité de transformer ses expositions en véritables œuvres d’art ayant pour thème la critique du voir et du montrer, du sens et du contexte, de la mise en scène de l’exposition, du décor et surtout du musée.

La Monnaie de Paris, nouvel acteur culturel Depuis 2008, la Monnaie de Paris organise des expositions d’art contemporain (Daniel Buren, Tadashi Kawamata, Jean Prouvé, David Lachapelle…). Elle encourage également le dialogue de ses métiers d’art avec de grands créateurs qui signent de nouvelles collections (Philippe Starck, Karl Lagerfeld, Sempé), avec son conseiller artistique pour les médailles, Christian Lacroix ou encore avec de grandes maisons de luxe (Chanel, Cartier, Baccarat, Goyard, Hermès…).

La Monnaie de Paris remercie ses partenaires : Europe 1, Les Inrockuptibles, A Nous Paris, L’Officiel Art, Le Journal des Arts, Time Out Paris, BlouinArtinfo.com, Beaux Arts Magazine, UGC

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Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris Chiara Parisi

Directeur des Programmes culturels et commissaire de l’exposition

L

’œuvre de Marcel Broodthaers a marqué des générations d’artistes après lui. Son unique travail est porté par sa réflexion sur la valeur de l’œuvre d’art dans son lien avec l’institution muséale et l’économie qui la soustend. Dans le cadre du projet de la réouverture de la Monnaie de Paris, la réflexion de cet artiste qui avait anticipé ces questionnements résonne particulièrement dans cette institution qui s’interroge elle-même sur le devenir de ses collections et sur le parcours muséographique qui va ouvrir en 2016. Cette exposition historique, construite autour de son projet majeur, le Musée d’art Moderne – Département des Aigles, 1968-1972 est le fruit d’un travail de recherche et de reconstitution de trois ans par les équipes de la Monnaie de Paris en collaboration avec Maria Gilissen Broodthaers et Marie Puck Broodthaers, sur les traces des œuvres de cet artiste auprès de collectionneurs et de commissaires avec qui il a collaboré, mais aussi de très nombreuses collections et institutions internationales. Pour la première fois, la Monnaie de Paris réunit plusieurs sections de ce musée auxquelles répondent d’autres œuvres antérieures, de son premier film, La clef de l’horloge de 1957, jusqu’à l’une de ses dernières œuvres, La conquête de l’espace. Atlas à l’usage des artistes et des militaires (1975) qui est la déclaration ultime des notions de fiction et de décor qu’il a développé dans toutes ses œuvres.

Le Musée d’Art Moderne – Département des Aigles participe au mythe que représente cet artiste. La naissance de ce projet s’inscrit dans un cadre particulier, en 1968 à Bruxelles, qui est profondément marqué par la réflexion de l’époque sur les changements de la société, de l’art et des institutions. Malgré lui, Marcel Broodthaers est devenu un des acteurs majeurs en participant notamment à l’occupation de la Salle de Marbre du Palais des Beaux Arts de Bruxelles. C’est dans ce contexte qu’il a commencé à rédiger des Lettres ouvertes, présentées en partie dans l’exposition, dont une lettre sous l’en-tête du « Cabinet des Ministres de la Culture », annonçant l’ouverture du Musée d’Art Moderne - Département des Aigles et s’autoproclamant « directeur » et

« conservateur » de ce musée fictif, qu’il ouvre dans sa maison à Bruxelles, cinq ans avant le musée des Obsessions de Harald Szeeman. Composée de cartes postales, de projections de diapositives, de caisses de bois vides pour le transport des œuvres, la première section de ce musée, La Section XIXème siècle, sera suivie par d’autres sections, composées d’œuvres d’art et d’objets du quotidien. Dernière trace de l’inauguration du Musée, la Projection sur caisse accueille le visiteur dans l’enfilade de salons de la Monnaie de Paris. Ce Musée d’Art Moderne –Département des Aigles fonctionne comme une véritable institution. Le musée présente la Section Littéraire ou le voyage de ville en ville, la Section XVIIème Siècle inaugurée en septembre 1969 à Anvers avec le discours de Piet van Daalen, conservateur du Zeeuws Museum à Middelburg, la Section Documentaire en août 1969 qui est composée du plan du musée creusé dans le sable sur une plage belge Le Coq par Marcel Broodthaers portant une casquette «Museum». Mais aussi la Section Folklorique en 1970 au Zeeus Museum à Middleburg, la Section XIXème Siècle (bis) inaugurée en février 1970 à la Staatliche Kunsthalle de Düsseldorf avec le discours de Jürgen Harten, directeur adjoint de la Kunsthalle puis la Section Cinéma, entre 1971 et 1972 dans le sous-sol d’une maison à Düsseldorf, qui s’inspire de l’œuvre Cinéma Modèle présentée dans l’exposition et qui donne à voir la pratique profondément poétique du cinéma de Marcel Broodthaers. Cinéma Modèle est un programme de films qui se décline autour des figures de références de son œuvre : de Kurt Schwitters dans son premier film en 1957, La Clef de l’Horloge (Un Poème cinématographique en l’honneur de Kurt Schwitters), à Magritte avec La Pipe, 1969, Baudelaire avec Un film de Charles Baudelaire (Carte Politique du monde), 1970, La Fontaine avec Le Corbeau et le Renard, 1967 et Mallarmé avec le film La Pluie, 1969, où dans le jardin du Musée d’art Moderne - Département des Aigles, Broodthaers écrit un texte tandis qu’une averse éclate et que l’eau inexorablement efface chaque mot, chaque trace d’écriture.

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délogée du ciel imaginaire où il loge depuis des siècles et nous menace de sa foudre

Les années 1970-1971 marquent un tournant dans l’histoire du musée qui est déclaré « à vendre pour cause de faillite ». La vente a été annoncée sur la couverture du catalogue de la Foire de Cologne en 1971, sans trouver d’acheteur. Marcel Broodthaers a ensuite présenté la Section Financière, pour laquelle il a produit une édition de lingots d’un kilo d’or frappés de l’emblème du musée : l’aigle. Les lingots devaient être vendus à un prix calculé en doublant la valeur de marché de l’or, la surtaxe représentant la valeur de l’art. Il est associé à un contrat de vente d’un kilo d’or en lingot et à une lettre manuscrite du conservateur pour éviter la fabrication de faux, un exemplaire était déposé dans le coffre d’une banque au nom du Musée d’Art Moderne Département des Aigles. L’acheteur du lingot est libre de le conserver avec le contrat ou bien de le faire fondre pour utiliser la valeur de la matière. Il réduit l’œuvre d’art à un bien de consommation avec les mêmes règles régies par le marché. Marcel Broodthaers a déclaré dans la première lettre ouverte du 27 juin 1968 annonçant l’ouverture du Musée d’Art Moderne. Département des Aigles :

“ Il ne faut pas se sentir vendu avant d’avoir été acheté “ Marcel Broodthaers. Première Lettre ouverte du 27 juin 1968 annonçant l’ouverture du Musée d’Art Moderne - Département des Aigles

Le lingot présenté ici est une nouvelle mise en abîme puisqu’il s’agit du lingot de Marcel Broodthaers, acheté par l’artiste Danh Vo et frappé de l’aigle dans les Ateliers de la Monnaie de Paris. Comme Marcel Broodthaers qui est à la fois artiste et conservateur, Danh Vo est à la fois artiste et collectionneur qui prête son œuvre pour l’exposition. Danh Vo fait partie de cette génération d’artistes fascinés par le travail de Marcel Broodthaers, par l’utilisation qu’il fait de l’or à travers

ses œuvres ou encore par la création « d’environnements » inspirés des « décors » que Marcel Broodthaers développera à la fin de sa vie. La figure de l’aigle, présente dès la naissance du musée dans son nom, prend toute sa dimension et son sens avec la Section des Figures. L’Aigle de l’Oligocène à nos jours, présentée en 1972 à la Staatliche Kunsthalle de Düsseldorf. Allégorie du pouvoir, de l’esprit de conquête et de l’impérialisme, la figure de l’aigle est « délogée du ciel imaginaire où il loge depuis des siècles et nous menace de sa foudre ». Cette section est composée de plus de trois cent objets, peintures, sculptures, ayant tous pour point commun de représenter un aigle, et d’être accompagnés de la plaquette « Ceci n’est pas une œuvre d’art. N°...» en référence à la fois à Magritte et à Duchamp. Les détails de cette section sont reconstitués pour la première fois à la Monnaie de Paris, grâce aux prêts des mêmes institutions qui avaient été contactées à l’époque par l’artiste telles que le Louvre, le Musée Ingres, le Musée Ludwig à Cologne, le Macba à Barcelone, le Victoria & Albert Museum à Londres, les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles… La Monnaie de Paris présente également sous le Péristyle le Balancier d’Austerlitz, 1810, qui n’avait pu être transporté à l’époque au vu de son poids, Marcel Broodthaers avait alors choisi de présenter sous forme photographique. Dans la salle suivante, la Section Publicité conçue à Kassel à l’occasion de la Documenta V en 1972 sous l’invitation de Harald Szeeman reflète la déclaration de Marcel Broodthaers : « Dans la publicité, l’art est utilisé et reçoit un énorme succès », et met l’accent sur la reproductibilité des œuvres et pose la question du spectateur consommateur. Opérant une comparaison entre l’aigle dans l’histoire de l’art et l’aigle dans la publicité, il reproduit ici sous forme de photographies tous les objets qu’il avait exposés en 1972 à Düsseldorf dans sa Section des Figures.

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La culture est-elle encore importante ? A mon avis, oui, d’autant plus si elle incorpore la pensée dans un cadre de référence qui peut vous aider à vous défendre contre les images et les textes véhiculés par les médias et par la publicité qui déterminent nos règles de comportement et notre idéologie. Ce musée fictif prend pour point de départ l’identité de l’art et de l’Aigle..., il allait de soi d’estampiller l’Urinoir de Duchamp (1917) du signe de l’Aigle, plus exactement, la photo de l’objet sanctifié par l’hsitoire de l’art, montrée ici avec beaucoup d’autres documents. Publicité pour l’art et l’art de la publicité. Mais qui remarque l’action magique exercée par des artistes anonymes (grâce au symbole de l’autorité), au service de la diffusion des produits de l’industrie ? Ceux qui vivent dans le contexte de l’art et considèrent ainsi l’art en tant qu’art. Et seuls ceux à qui importe le contexte social de ces productions. Mais que voit le public, le grand public et tous ceux qui regardent des matchs de football. Marcel Broodthaers « Museum für moderne Kunst – Abteilung die Adler », Heute Kunst, Milan N°1, avril 1973, pp. 20-23

Marcel Broodthaers termine son Musée en 1972 avec le Musée d’art Ancien dans lequel il présente une galerie pour l’art du XXe siècle composée d’une pièce vide avec les inscriptions d’une série de verbes d’actions « Ecrire, peindre, copier, figurer, parler, former, rêver, échanger, faire, informer, pouvoir». L’artiste reprend ce procédé dans son œuvre Salle Blanche, 1975, exposée dans le Salon d’honneur de la Monnaie de Paris comme un nouvel hommage à l’exposition L’Angélus de Daumier présentée par Pontus Hultén en 1975 au Centre National d’Art Contemporain (Hôtel Rothschild) qui préfigurait le Centre Georges Pompidou. Cette œuvre est la reproduction d’une pièce de sa maison où il a inauguré son Musée. Sur les murs, il a apposé les mots et concepts qui ont traversé son travail pendant toute sa carrière, nourris par ses expériences et sa vie passée entre Bruxelles, Paris et Düsseldorf, spatialisation du texte comme hommage à Mallarmé. L’aventure du Musée d’Art Moderne – Département des Aigles est également présentée dans l’exposition grâce aux Plaques (Poèmes industriels), 1968-1972, qui en retracent toute l’histoire et démontrent l’ironie de leur auteur ainsi que leurs multiples références, notamment à Magritte dont il était l’ami et le fervent admirateur. Ces plaques représentent l’un des aboutissements de son utilisation du langage comme outil visuel, de l’appropriation d’images et d’œuvres de la littérature qui ont constitué l’ordinaire d’un travail à la fois littéraire et plastique.

Les objets fonctionnent-ils, chez vous, comme des mots ? J’utilise l’objet comme mot zéro. Ce n’étaient pas d’abord des objets littéraires ? On pourrait les nommer comme cela, alors que les objets plus récents échappent à cette dénomination qui a réputation péjorative (je me demande bien pourquoi ?). Ces objets récents portent, à la manière sensationnelle, les marques d’un langage. Mots, numérotations, signes inscrits sur l’objet lui-même. Au début de votre activité vous avez suivi une direction aussi précise ? J’étais hanté par une certaine peinture de Magritte, celle-là où figurent des mots. Chez Magritte, il y a contradiction entre le mot peint et l’objet peint, subversion du signe du langage et de la peinture au bénéfice d’un resserrement de la notion de sujet. [...] Et le langage de ces plaques ? Disons des rébus. Et le sujet, une spéculation sur une difficulté de lecture entraînée par l’emploi de ce matériau. Sachez que l’on fabrique ces plaques comme des gaufres.

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Ces plaques sont-elles si malaisées à déchiffrer ? La lecture est contrariée par l’aspect image du texte et l’inverse. Le caractère stéréotypé du texte et de l’image est défini par la technique du plastique. Et la lecture proposée dépend d’un double niveau – appartenant chacun à une attitude négative qui me paraît être le propre de l’attitude artistique. Ne pas situer le message entièrement d’un côté, image ou texte. C’est-à-dire refuser la délivrance d’un message clair comme si ce rôle ne pouvait incomber à l’artiste et par extension à tout producteur économiquement intéressé. Il y aurait ouverture, ici, d’une polémique. A mon sens, il ne peut y avoir de rapport direct entre l’art et le message et encore moins si ce message est politique sous peine de se brûler à l’artifice. De sombrer. Je préfère signer des attrape-nigauds sans me servir de cette caution. Quel genre de nigauds attrapez-vous avec vos plaques ? Eh bien ! ceux qui prennent ces plaques pour des tableaux et les accrochent aux murs. Rien ne dit d’ailleurs que le nigaud ne soit leur auteur qui a cru être linguiste en sautant la barre de la formule Signifiant/Signifié et qui, en fait, n’aurait que joué au professeur. Marcel Broodthaers, « Dix mille francs de récompense » d’après une interview d’Irmeline Lebeer, Catalogue-Catalogus, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 27 septembre-3 novembre 1974 reproduit dans catalogue du Jeu de Paume, 1992

En seulement dix années de production, Marcel Broodthaers a profondément influencé les artistes des générations suivantes. Il a créé des œuvres qui oscillent et flirtent avec tous les courants artistiques majeurs de l’époque, de l’art conceptuel à Fluxus en passant par le Pop Art et le lettrisme. Sa fulgurante carrière et l’écho particulier de son travail auprès d’artistes avec lesquels il a collaboré tels que Joseph Beuys, Hans Haacke, James Lee Byars contribuent à la création de la figure mythique qu’il représente aujourd’hui pour des artistes contemporains comme Dan Graham, Daniel Buren, Mike Kelley ou encore Danh Vo. Cette exposition est l’occasion d’un hommage à cet immense artiste et à son histoire à travers la participation dans un numéro hors série de Beaux Arts Magazine de Bernard Blistène, Nicolas Bourriaud et Alfred Pacquement. Les jeunes artistes Ivan Argote, Hicham Berrada, Davide Bertocchi, Nico Dockx, Mark Geffriaud et Virginie Yassef, profondément touchés par son travail, participent à l’happening qui a lieu le jour de l’inauguration, le 16 avril à 19h, face à l’île de la Cité, en écho à l’Ile du Musée et en référence au Bateau sur le Rhin, deux projets non réalisés de Marcel Broodthaers. Une péniche remonte la Seine jusqu’à accoster à l’amont du Pont Neuf, de la même manière qu’en 1971 Marcel Broodthaers avait pensé lui faire remonter le Rhin. A son bord, œuvres et objets arrivent pour être déchargés et trouver une place dans l’exposition. La Monnaie de Paris s’est confrontée à la même question que les autres institutions qui ont présenté le travail de Marcel Broodthaers depuis sa disparition : comment exposer l’œuvre d’un artiste qui rend une exposition en un moyen d’expression artistique ? Marcel Broodthaers montre que l’œuvre est l’exposition en elle-même. Le Musée d’Art Moderne - Département des Aigles est tout simplement un mensonge et une tromperie… Le musée fictif essaie de piller le musée authentique, officiel, pour donner davantage de puissance et de vraisemblance à son mensonge. Il est également important de découvrir si le musée fictif jette un jour nouveau sur les mécanismes de l’art, du monde et de la vie de l’art. Avec mon musée, je pose la question. C’est pourquoi je n’ai pas besoin de donner la réponse. Marcel Broodthaers, 1972

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SALLE 1. Balancier Gengembre-Saulnier (dit Balancier d’Austerlitz), 1810 Bronze, fonte de fer, fer forgé Collection Monnaie de Paris

SALLE 2. Malle en osier, 1975 Estate Marcel Broodthaers

SALLE 3. Un Jardin d’hiver II, 1974 Une vingtaine de palmiers, 6 agrandissements photographiques de gravures du XIXème siècle encadrés, 16 chaises pliantes, projection sur écran du film Un jardin d’Hiver (A.B.C), 1974, couleur, son, 7’ Estate Marcel Broodthaers

SALLE 4. Salle Blanche, 1975 Encre de chine sur bois, photographies, ampoule, 2 appliques en plâtre Collection Maria Gilissen/Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris

SALLE 5. Projection sur caisse, 1968 50 diapositives de reproductions de peintures du XIXème siècle, 21 cartes postales, caisse de transport Département des Aigles Musée, Museum, 1972 Deux impressions en noir avec différentes cartes postales collées MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone

SALLE 6. Plaques (Poèmes industriels), 1968-1972 16 plaques en plastique embouti et peint Estate Marcel Broodthaers. Prêt de longue durée S.MA.K., Gand

SALLE 7. Section des Figures. Der Adler vom Oligozän bis heute (L’Aigle de l’oligocène à nos jours), 1972 (détails)

SALLE 8. Section Publicité, 1972 Photomontages, vitrines, cadres, objets divers et projections diapositives. Collection K21, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf

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SALLE 9. Monsieur Teste, 1975 Mannequin automate assis sur une chaise en osier, journal, photo de plage et palmiers Estate Marcel Broodthaers Sélection d’éditions Cahiers – Service financier, 1972 Cahier d’écolier écrit à la main, billet de 100 DM, aiglé découpé Collection Marie Puck Broodthaers Cahiers (projet pour un traité de toutes les figures en trois parties), 1971 Cahier d’écolier écrit à la main, billet de 100 DM, aigle découpé Collection Jürgen Harten 5 ardoises magiques ou la signature de l’artiste, 1973 Estate Marcel Broodthaers En lisant la Loreleil. Wie ich die Loreilei Gelesen habe, 1975 Typographie, 17 illustrations dont 6 couleurs 32 x 24,5 cm MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone Avis. Six lettres ouvertes. 1972 Six feuilles illustrées sur papier à en-tête du Musée d’art Moderne, Département des Aigles MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone Gedicht - Poem - Poème / Change - Exchange - Wechsel, 1973 Deux feuilles sérigraphiées rouge et noir sur carton Collection Frac Nord-Pas-de-Calais, Dunkerque La Conquête de l’espace. Atlas à l’usage des artistes et des militaires, 1975 Livre miniature de 38 pages et son emboitement. MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone Paysage d’automne (ABC, hausse du prix de l’art), 1973 Typographie couleur sur carton blanc Estate Marcel Broodthaers Les Animaux de la ferme, 1974 Deux feuilles, impression couleur 81,5 x 59,7 cm MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone Papier à lettre de la Section Littéraire, 1968 Estate Marcel Broodthaers Grandville & M.B., 1966 Projection de 75 diapositives de dessins de Granville et Early Works de Marcel Broodthaers Estate Marcel Broodthaers Jacquette du Musée d’Art Moderne à vendre pour cause de faillite, 1971 Impression typographique sur papier blanc Galerie Michael Werner, Cologne et New York Couverture de Musée d’Art Moderne à vendre pour cause de faillite, 1971 Encre imprimée en offset sur papier Collection S.M.A.K. Stedelijk Museum voor actuele kunst, Gand

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Musée d’Art Moderne – Département des Aigles, Section XIXème siècle, (détails), 1968-69 © Maria Gilissen

SALLE 9. (suite) 20 Lettres ouvertes, 1968-74

« A mes amis », Bruxelles, avril 1968, Lettre ouverte adressée à l’éditeur de la revue « Art International » et aux directeurs de la 1ère Biennale de Lignano « A mes amis », Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 7 juin 1968 « A mes amis », Kassel, 27 juin 1968 « A mes amis », Bruxelles, 14 juillet 1968 « Ouverture », Ostende, 7 septembre 1968, Lettre ouverte au Cabinet des Ministres de la Culture « A mes amis, Museum », Département des Aigles, Düsseldorf, 19 septembre 1968 « A mes amis », Paris, octobre 1968, Invitation à la Librairie Saint Germain des Prés « Lettre ouverte », Anvers , 11 octobre 1968 « Chers amis », Département des Aigles, Paris, 29 novembre 1968 « Mon cher Kasper », Département des Aigles, Bruxelles, 9 mai 1969 « Chers amis », Département des Aigles, Anvers, 10 mai 1969 « Mon cher Jacques », Département des Aigles, Bruxelles, 21 juillet 1969 « Cher Monsieur », Musée d’Art Moderne, Section XIXe siècle, Département des Aigles, Bruxelles, 25 août 1969 « Mon cher Immendorf », Département des Aigles, Anvers, 29 septembre 1969 « Mon cher Lamelas », Musée d’Art Moderne, Section littéraire, Département des Aigles, Bruxelles, 31 octobre 1969 « Mon cher Lamelas », Musée d’Art Moderne, Section littéraire, Département des Aigles, Bruxelles, 23 novembre 1969 « Chers amis », Anvers, 2 décembre 1969 « Mon cher Beuys », Düsseldorf, 29 septembre 1972 « Monsieur le Directeur », Berlin, 30 juillet 1974 « Lettre ouverte à Messieurs les sénateurs de la ville de Berlin », Berlin, automne 1974 Estate Marcel Broodthaers

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SALLE 10. Section Financière, 1971 Lingot d’un kilo d’or Département des Aigles Collection Danh Vo

SALLE 11. Cinéma Modèle (Programme La Fontaine), 1970 Projections de 5 films - Le Corbeau et le Renard, 1970 Film en couleur, 7 mn, écran de projection en bois, écran de projection en toile photographique, portfolio en carton contenant deux typographies sur carton et trois toiles photographiques - La Clef de l’Horloge (un poème cinématographique de Kurt Schwitters), 1957 Film en noir & blanc, son, 7 minutes - La Pipe (René Magritte), 1969 Film en noir & blanc, 2,5 minutes - La Pluie (projet pour un texte), 1969 Film en noir & blanc, 2 minutes - Un film de Charles Baudelaire (Carte politique du monde), 1970 Film en couleur, son, 6,30 minutes Cinéma Modèle, 1970 Plaques en plastique embouti et peint Estate Marcel Broodthaers

SALLE 12. (Flammarion Monnaie de Paris) Un Voyage à Waterloo (Napoléon 1769-1969), 1969 Film en noir & blanc, 13 minutes

Marcel Broodthaers - Projection sur caisse, 1968 © Estate Marcel Broodthaers

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Marcel Broodthaers Biographie MARCEL BROODTHAERS 28 janvier 1924, Bruxelles 28 janvier 1976, Cologne

On jette une pierre dans l’eau, cela fait des cercles, on les fige, on en tire une théorie, on rejette une autre pierre plus loin, on travaille volontairement dans une obscurité. Marcel Broodthaers, 1972

Marcel Broodthaers est né dans la commune de Saint-Gilles, à Bruxelles, le 28 janvier 1924. Son père, un maître d’hôtel, aurait voulu qu’il travaille dans une banque. Le jeune Marcel, bien qu’attiré par la poésie, se renseigna sur ses possibilités de carrière, opta pour la chimie, et entra à l’université en 1942. Il abandonna pourtant rapidement ses études pour devenir lui-même poète et s’intégrer à la communauté littéraire, artistique et politique qu’il vécut plus ou moins clandestinement pendant l’Occupation avant de connaître un bref triomphe après la Libération. Ses héros étaient alors Mallarmé et Magritte.

Autoportrait de Marcel Broodthaers, 1974 © Estate Marcel Broodthaers

Il avait une telle passion pour les beaux livres qu’il monta lui-même un petit commerce de librairie à la fin des années 40. Il vivait comme un poète et dans une extrême pauvreté. Vers la fin des années 50, il entreprit d’élargir son champ d’actions et publia le premier de quatre petits volumes de poèmes très condensés (1957), devint reporter-photographe, guide d’expositions (1958), et réalisa un film sur l’artiste Kurt Schwitters (1957). Il organisa la présentation d’un ensemble de films regroupés sous le titre Poésie Cinéma, qu’il décrivait comme une « peinture » et au cours de laquelle il fit lui-même une performance (1959). Il rencontra sa future femme Maria Gilissen en 1961. C’est vers cette époque que débuta l’une de ces courtes périodes pendant lesquelles on a

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pu voir les arts plastiques prendre le pas sur les autres formes d’art et tenter de structures avec une grande netteté les perceptions changeantes de la culture occidentale. Broodthaers écrivit alors des critiques artistiques qui identifiaient le Pop Art américain à l’expression du système économique. En 1962, Piero Manzoni attesta qu’il était une œuvre d’art. A la fin de 1963, Broodthaers ancra dans du plâtre 50 exemplaires de son dernier recueil de poèmes, Pense-Bête, et les exposa comme sculpture. Par rapport à son œuvre poétique, il découvrit que les gens pouvaient réagir à cette pièce sur un autre mode et l’intégrer à leur propre système de pensée. Il vit là une occasion de se faire entendre: il réaliserait des objets pouvant être exposés et vendus. Composés à partir d’éléments naturels et usuels, ce sont aussi des poèmes qu’il faut lire dans une langue et une orthographe qu’ils nous enseignent eux-mêmes, mais dont on ne peut en fin de compte jamais en décoder le sens. C’est ainsi qu’il parvint à troubler notre compréhension de l’art et, à travers l’art, du monde. Eu 1968, il se retrouva confronté à de nouvelles formes d’art, le minimal et le conceptuel, qu’il détourna à son propre usage. Les événements de 1968 permirent aux artistes de jouer un rôle plus actif; ce que Broodthaers ne pouvait refuser même si ce n’était pas dans ses manières habituelles. Il participa à l’occupation du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles où il avait fait des performances et des expositions, mais ne tarda pas à s’en désintéresser pour créer, dans sa maison de la rue de la Pépinière, la première manifestation du musée itinérant qui devait durer quatre ans, le Musée d’Art Moderne – Département des Aigles : il y mettait en scène un débat sur la condition de l’art au milieu d’une installation de caisses d’emballages vides, de cartes postales de maîtres anciens et d’un camion de transport d’œuvres d’art. C’est à la même époque qu’il entreprit une série de reliefs en plastiques façonnés sous vide. Il utilisait dans toutes ces pièces des diagrammes

composés de mots, des représentations et autres signes d’une telle façon que les rapports de signification en matière d’art éclairaient ceux du domaine social et vice-versa. La renommée internationale de Broodthaers commença à se développer, il s’installa à Düsseldorf et exposa les dernières sections de son musée à la documenta 5 de Kassel. Il élargit à nouveau son champ d’actions, en réalisant davantage de gravures, livres, films, montages de diapositives et, surtout, en transformant ses expositions elles-mêmes en œuvres d’art. Il partit s’installer à Londres en 1973. Au cours des dernières années de sa vie, il réalisa Décor et son dernier film La Bataille de Waterloo. Broodthaers se sentait de plus en plus souffrant; néanmoins, mis à part Le Musée d’Art Moderne – Département des Aigles, c’est dans une série de cinq expositions qui débuta à Bruxelles en 1974 pour se terminer à Paris en 1975, que ses réalisations furent les plus significatives. On pouvait y voir une nouvelle combinaison de ses propres œuvres, récentes et anciennes, donnant lieu à de nouvelles créations dans les salles des musées. Avec la dernière exposition, L’Angélus de Daumier, il eu le sentiment d’avoir dit ce qu’il voulait dire à ce stade de son art et de sa vie ; il était fatigué et se mit au repos. Il mourut le jour de son 52e anniversaire le 28 janvier 1976 à Cologne. On a pris conscience que Broodthaers avait été, pendant une période de huit ans, l’un des artistes les plus importants de son époque. Rien qu’au cours des deux dernières années de sa vie, il avait créé des œuvres qui, tout en se manifestant de manière éphémère, se sont révélées exceptionnelles et se sont imposées dans au fil du temps. Aussi, son influence n’a cessé de croître et son art de s’affirmer comme une véritable interpellation du sens même de l’art dans sa manifestation visible. *Extrait du texte de Michael Campto dans « Marcel Broodthaers. Livre d’images », Flammarion, Paris, 2013

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Marcel Broodthaers La Salle Blanche, 1975 bois, photographies, ampoule, inscriptions peintes, corde 390 x 336 x 658 cm © Estate Marcel Broodthaers

Musée d’art Moderne Département des Aigles

En 68, peu de temps d’ailleurs après cette vague de contestation que nous avons connue, quelques amis et moi, des amis où on retrouvait des gens de galeries, des collectionneurs et des artistes, nous nous sommes réunis pour tenter d’analyser ce qui n’allait pas au point de vue artistique en Belgique, c’est-à-dire pour analyser les rapports Art/Société, et nous avons bavardé puis finalement convenu d’une réunion chez moi dans mon atelier pour développer cette analyse.

Alors j’ai ajouté à ce décor des cartes postales reproduisant des œuvres du XIXème siècle, un peu par provocation, pour marquer ma distance avec les matériaux en plastique que j’utilisais déjà.

On en a parlé pas mal autour de nous et finalement j’attendais 60, 70 personnes. Cet atelier est assez vide, il n’y a que deux, trois chaises. Je me suis dit : “Comment les asseoir?” J’ai eu l’idée de téléphoner à une firme de transport assez connue ici (Menkès) pour leur demander des caisses à prêter afin que ces gens puissent s’asseoir dessus. Je trouvais naturel de les asseoir sur des caisses qui servent à emballer des tableaux, des sculptures. Ces caisses sont arrivées, je les ai disposées ici d’une manière finalement assez particulière, comme on disposerait, justement, une œuvre d’art. Et je me suis dit : “Mais au fond, le musée, c’est ceci.” Ceci regarde la notion de musée.

Le Musée était né, non pas à travers un concept, mais justement d’une circonstance. Le concept est venu après.

Alors j’ai écrit le mot MUSEE sur mes fenêtres, le mot DEPARTEMENT DES AIGLES sur le mur du fond dans le jardin, et sur la porte d’entrée de ce jardin SECTION XIXème SIECLE.

Et comme Marcel Duchamp disait : “Ceci est un objet d’art”, au fond, j’ai dit : “Ceci est un musée.” Avec toutefois cette grande différence, c’est qu’au bout d’un an, j’ai remballé tout ce matériel à la maison de transport d’où [...] il venait.

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Marcel Broodthaers en entretien avec Freddy de Vree Bruxelles & Düsseldorf 1969, 1971, 1974


Marcel Broodthaers Museum-Museum, 1972 Sérigraphie sur carton (diptyque) Tirage à 100 exemplaires numérotés et signés 84 x 59,5 cm © Estate Marcel Broodthaers


La Section des Figures

Marcel Broodthaers - Catalogue d’exposition Section des Figures Städtische Kunsthalle, Düsseldorf, 1971 et 1972 © Estate Marcel Broodthaers

La Section des Figures était à son origine constituée de près de cinq-cents tableaux, sculptures, objets, livres, photos, pièces de monnaies, etc. (dont deux cent soixante-dix référencés dans le catalogue de l’exposition) marqués du symbole de l’Aigle avec une plaquette incluant l’inscription « Ceci n’est pas un objet d’art » (en français, allemand, ou anglais) et de l’abréviation « Fig. » suivie d’un numéro arbitrairement affecté par Marcel Broodthaers à chaque objet. Pour reconstituer cette œuvre emblématique, les recherches se sont d’abord basées sur le catalogue historique de l’exposition dont il a fallu identifier et retrouver les préteurs. Ce travail d’investigation a été possible grâce à Maria Gilissen Broodthaers dont les archives ont permis l’identification des plusieurs objets ainsi que de Jürgen Harten, qui en 1972 était Conservateur adjoint de la Kunsthalle Düsseldorf. Une grande partie de la recherche des objets a également été rendue possible grâce à l’existence de la Section Publicité, qui désormais, inventoriée dans les collections du K21 / Kunstsammlung Nordrhhein Westfalen à Düsseldorf, constitue une source documentaire très riche. En effet, opérant une comparaison entre l’aigle dans l’histoire de l’art et l’aigle dans la publicité, Marcel Broodthaers reproduit dans la Section Publicité sous forme de photographies tous les objets qu’il avait

exposés en 1972 à Düsseldorf dans sa Section des Figures. Si certains objets ont aujourd’hui disparu car ils avaient été empruntés auprès de collectionneurs privés ou d’antiquaires qui les ont par la suite vendus, les détails de la Section des Figures constitue une exposition pars pro toto de l’ensemble constitué en 1972. Pour cette réalisation, la Monnaie de Paris a supporté la restauration de quelques œuvres dans des institutions prêteurs. Ce qui a permis notamment la remise à niveau de pièces prestigieuses des collections françaises avec entre autres la restauration d’une œuvre de Ingres de 1811, d’un pupitre en bois du XVIIIème siècle de la sacristie de l’église franciscaine de Nancy ou la dorure d’un Aigle Empire du Musée des Arts décoratifs de Paris. Depuis leur première présentation, certains objets n’ont plus jamais été présentés au public et d’autres devenus très sensibles ne purent plus quitter leur lieu d’exposition comme c’est le cas pour La Liberté, 1891 de Arnold Böcklin, œuvre de la collection de la Nationalgalerie à Berlin, identifiée Figure n°22 par Marcel Broodthaers ou la Fontaine de Jouvence, 1957 de René Magritte, Figure n°181, présentée de façon définitive au Ludwig Museum à Cologne.

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Monsieur Teste © Marc Dommage

Les Détails de la Section des Figures est présentée grâce à la complicité et aux prêts extraordinaires de la Collection du Département des Aigles, Bruxelles et de la Collection Maria Gilissen, Bruxelles, ainsi que du : /// Musée du Louvre, Département des Antiquités Orientales, Paris /// Musée des Arts Décoratifs, Paris /// Musée de l’Armée, Paris /// BNF, Paris /// Musée Ingres, Montauban /// Mucem, Marseille /// Palais des Ducs de Lorraine, Nancy /// BMN, Bibliothèque Stanislas, Nancy /// Musée des Beaux Arts, Rennes /// Staatliche Museen, Berlin /// Kunstbibliothek, Skulpturensammlung und Museum für Byzantinische Kunst, Berlin /// National Gallery, Berlin /// Collection Jürgen Harten, Berlin /// Akademisches Kunstmuseum – Antikensammlung der Universität, Bonn /// Musée Royal de l’Armée et de l’Histoire Militaire, Bruxelles /// Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Collections Céramique, Porte de Hal & Collection Ethnologie européenne, Bruxelles /// Hetjens-Museum -German Ceramics Museum, Düsseldorf /// Stiftung Museum Kunstpalast, Düsseldorf /// Aquazoo Löbbecke Museum, Düsseldorf /// Museum für Kommunikation, Frankfort /// Kommunikation Berlin, Abteilung Sammlungen, Berlin /// Mittelrhein Museum, Coblenz /// Kölnisches Stadtmuseum, Cologne /// Römisch-Germanisches Museum, Cologne /// Schnütgen Museum, Cologne /// Kaiser Wilhelm Museum, Plakatsammlung, Krefeld /// Victoria & Albert Museum, Londres /// Museo del Prado, Madrid /// Münchener Stadtmuseum, Graphic Art, Poster, Painting Collection, Munich /// Heeresgeschichtliches Museum/Militärhistorisches Institut, Vienne /// Kunsthistorisches Museum, Waffensammlung, Vienne /// Österreichische Nationalbibliothek für angewandte Kunst, Vienne /// Zentralbibliothek, Zürich

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Entretien de

Maria Gilissen Broodthaers et Chiara Parisi A paraître dans le numéro Hors-série de Beaux-Arts Magazine Marcel Broodthaers. Musée d’Art Moderne – Département des Aigles

Dans sa correspondance, Marcel Broodthaers évoque souvent Paris. Dans une lettre du 13 mai 1973 à Karl Ruhrberg, il déclare : « Paris est devenue une ville dans laquelle vivre est devenu progressivement intolérable » mais aussi M.B. écrit sur « l’étonnement que donne Paris à un étranger ». Comment vous souvenez-vous du temps où vous avez vécu à Paris ? Marcel et moi avions habité Porte des Lilas durant le mois d’août 1961 en occupant l’appartement du peintre espagnol Fernando Lerin, du mouvement des Nuagistes. Nous sommes revenus à la fin de l’année 1961, et cette fois, nous logions à l’Hôtel du Nord, rue Mazarine, précisément dans le magnifique quartier de la Monnaie de Paris. Nous pouvions apercevoir de la fenêtre de l’hôtel, la coupole de l’Institut de France se détacher de la ville lumière. A cette période, Marcel tentait de faire publier ses poèmes du Bestiaire aux éditions du Seuil par l’intermédiaire de Jean Cayrol. Ce dernier n’a cependant pas été en mesure d’atteindre cet objectif malgré la persévérance et les attentes de Marcel. Il était de manière générale peu aisé de publier la poésie en ce temps là, comme aujourd’hui. Effectivement, à Paris, mon mari s’étonnait déjà des signes avant coureurs annonçant l’ère du consumérisme et l’avènement sur le marché français de nouveaux produits étrangers : les softs drinks, les saucissons provenant de la Hollande, etc. Marcel était certainement amateur de produits du terroir, admirateur du goût, de la tradition française reflétant cette grandeur culturelle de la France. Sans doute cela lui provenait-il du temps où il travaillait chez des vignerons dans le sud de la France durant la seconde guerre mondiale. A partir de 1968, la notion de « Décor » revient très souvent dans ses propos au sujet de la Section XIXème siècle : « This Museum consisted mainly of a decor recalling the technical areas in a museum and the objects related to the artwork ».

La notion de « Décor » de Broodthaers demeure un vaste sujet, un catalyseur dans son travail, et peu aisé à appréhender en quelques mots. Certes, les objets de la vie quotidienne ont aussi composé nombre de ses « Décors ». Vous présentez à la Monnaie Le Jardin d’Hiver II de 1974 avec des palmiers, des agrandissements photographiques de gravures représentant des animaux, des chaises de jardin. Et de même, le film Un Jardin d’Hiver réalisé dans le Jardin d’Hiver initial en 1972 est projeté dans ce magnifique Décor, rempli de sens Broodthaersien. Au sujet du film Monsieur Teste, 1972-1973, il écrira: « Ce n’est pas la mer. C’est un décor exotique » Dans son travail filmique, aussi la notion de Décor, de lieu, d’environnement où se passe l’action, reste centrale, prégnante. En tout état de cause, soulignons que La Pyramide est son dernier « Décor ». Sa forme, sa masse, sa symbolique, ses secrets a interpellé nombre d’êtres en quête de connaissance. Dans cette exposition, nous sommes entourés de palmiers qu’ils soient réels, dessinés, photographiés. J’aimerais que vous nous parliez de cette importance du palmier dans les dispositifs et l’œuvre de Marcel Broodthaers ? Le Jardin d’Hiver. Son oasis dans le désert. Le propre de l’art broodthaersien reste de savoir l’interpréter. Marcel Broodthaers est de ces esprits qu’on ne pourrait entièrement percer. Des mystères demeurent. Il a écrit par ailleurs à propos de la malle - placée à l’entrée de l’exposition L’Angélus de Daumier - que vous exposez aussi à la Monnaie: « Cette malle contient des messages confiés à moi d’une autre hémisphère ».

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/// A propos des citations de M.B. j’ai été très amusée de lire dans une interview avec Michael Oppitz et Benjamin Buchloh de 1973, Broodthaers répondre à la question : « Do you collect gold like you collect paintings? », « I collect gold coins with eagles. I have some Mexican coins, American dollars – 20 dollars, 10 dollars and 5 dollars – and also some British coins and some marks in gold… ». Marcel avait beaucoup d’humour, il pouvait même être moqueur voire ironique. En filigrane, son objectif était bien évidemment d’attirer l’attention sur l’Or – voir les lingots - et la Peinture – voir le Tableau. Ces thématiques, ces recherches suscitaient peu d’engouement à l’époque du puritanisme artistique (conceptuel - minimal art). Je me souviens d’une soirée chez Fritz Heubach à Cologne à laquelle Benjamin Buchloh nous avait invités alors que nous arrivions de Düsseldorf. Les joutes oratoires durant cette soirée furent si animées, les fulgurances des uns se confrontant à ceux des autres, qu’aucun de nous ne s’aperçut que les aiguilles de l’horloge s’étaient précipitées. Et c’est ainsi que nous manquions l’heure de notre correspondance afin de rentrer par le dernier train à Bruxelles. Avec beaucoup de réticence, même à contrecœur, Fritz Heubach s’est senti contraint à nous inviter à passer la nuit chez lui. Au petit matin, alors que notre hôte était déjà sorti, je revois Marcel, habillé de son long manteau foncé, sortir délicatement de sa poche une petite pièce d’or. Elle était destinée à être exposée dans la Section des Figures du Musée. Il a posé la pièce sur une feuille blanche de papier sur le bureau de Fritz et a tracé le contour de la pièce en écrivant en dessous : « A ne pas bouger de place, Marcel Broodthaers ». /// De 1962 à 1963 où Broodthaers pratique selon ses dires « un journalisme très élémentaire » pour des magazines locaux ; dans une interview par Ludo Bekkers, il mentionne « J’étais libre de choisir mes sujets et le plus souvent je prenais des sujets artistiques ». Vous souvenez-vous de cette période ? Très bien, oui. En 1961, après l’avoir rencontré à Bruxelles, j’étais partie pour Londres. Marcel y avait alors entrepris une série de voyages dans le but de me faire la cour. Et c’est ainsi, pour être

en mesure de payer les frais de son trajet, qu’il a écrit une série d’articles intitulée « Un poète en voyage à Londres » pour le ‘Journal des Beaux Arts de Bruxelles’. Il illustra ses textes, « ses impressions poétiques » de ses propres photos. De même, à Paris, pour une agence de presse, il écrit également une série dans les colonnes du ‘Magazine du Temps Présent’ dont cet article sur la Tour Saint-Jacques que vous publiez dans ce présent magazine. Les photographies et les articles qu’il publie sont à la fois poétiques et critiques, à l’image du travail plastique qu’il produira quelques années plus tard. /// Diriez-vous que c’est à ce moment-là, lorsque Marcel Broodthaers écrivait des articles accompagnés de ses propres photographies, qu’il a établi cette relation du mot à l’image – au-delà de la réflexion qu’il a nourrie au contact de l’œuvre de Magritte ? Magritte oui, mais n’oublions pas les Scènes de la vie privée et publique des animaux de Grandville et Le Voyage en Zigzag de Töpfer : les deux seuls livres qui étaient en sa possession lorsque je l’ai rencontré en 1961. Broodthaers a détourné le mot, l’image pour mieux les réarticuler selon un espace, une grammaire, un langage qui lui est propre. Cet intérêt pour le mot et l’image existe depuis toujours en lui. /// On retrouve dans les Plaques (poèmes industriels) de 1968-1972, ce travail sur le positif/négatif qu’il a peut-être acquis durant toutes ces années sur la photographie ? Depuis 1957, Marcel commence effectivement à s’adonner à l’art photographique. Il avait un sens à part du cadrage de l’objet photographié. La thématique du positif/négatif se dégage dans son premier film, Un Poème Cinématographique en l’Honneur de Kurt Schwitters. Celui-ci est entièrement réalisé en positif/négatif, également en 1957. Une année charnière où il conçoit aussi un petit livre sur les statues de Bruxelles, basé sur ce même procédé, le même thème du positif/négatif. Mais à partir de 1972, Marcel travaillera sur le UN et l’unité, à mon sens, il réunissait alors le positif et le négatif.

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(suite) Entretien Maria Gilissen Broodthaers et Chiara Parisi /// Est-ce que vous pouvez nous parler du reportage sur le Club Antonin Artaud de 1961 ? Marcel a fait parti des personnes qui ont initié le mouvement de création de ce club. Il les fréquentait au départ sans cependant partager l’entièreté de leur vision, de leurs objectifs. Il se tenait à l’écart et ils le tenaient à l’écart. Dans cet esprit, il a écrit un article à ce sujet. /// Les poèmes La Bête Noire et Le PenseBête semblent s’inscrire dans la tradition du bestiaire développée par La Fontaine. Ils pourraient apparaître comme une sorte de préfiguration à l’œuvre plastique de Broodthaers avec ses réflexions sur l’aigle mais aussi l’introduction plus large de la thématique des animaux dans son travail (singe, tortue, perroquet, chameau, etc.). Diriez-vous qu’il y a cette idée de bestiaire dans l’œuvre de Broodthaers ? Effectivement, le seul bestiaire qui lui était cher et qui l’a profondément inspiré était celui de La Fontaine. Broodthaers a écrit un bestiaire qui malheureusement n’a pas encore été publié dans son entièreté. Les poèmes La Bête Noire comme Le Pense-Bête sont deux petits livres extraits de ce bestiaire non publié. Marcel a ensuite transformé Le Pense-Bête: il a couvert certains textes avec des papiers de couleurs en faisant déjà un tout de la poésie et des arts plastiques. Peu après, il a planté d’un geste dans le plâtre un paquet de 50 exemplaires du même Pense-Bête. Ces livres reflètent, préfigurent certainement l’œuvre plastique de Broodthaers, avec plus tard ses réflexions sur l’oiseau majestueux, l’Aigle, dont Broodthaers a fait lui-même référence comme le symbole particulier de l’évangéliste Jean. Dans l’exposition à la Monnaie de Paris, vous présentez par exemple, Cinéma Modèle, Programme La Fontaine, qui comprend cinq films dont l’ensemble livre-film Le Corbeau et Le Renard (1967-1968). Au-delà de la figure symbolique même des animaux, Broodthaers étire la réflexion sur leur valeur iconographique. /// J’aimerais, si vous êtes d’accord, qu’on parle de la Section des Figures qui a constitué une part fondamentale de notre travail ensemble au cours de ces trois dernières années et qui est au cœur de l’exposition consacrée à Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris ?

Oui, c’est grâce à votre enthousiasme, à votre persévérance ainsi que de celle de votre équipe que des détails de la Section des Figures seront exposés à la Monnaie de Paris. Et, j’ai été véritablement touchée par votre organisation et la qualité de votre travail de recherche. C’est en raison de ce contexte favorable que nous montrons pour la première fois aujourd’hui, après 43 ans, des détails de cette Section des Figures du Musée d’art Moderne Département des Aigles. La Section des Figures comprenait plus ou moins de 500 objets à l’effigie de l’Aigle provenant de différentes contrées et époques. Environ 266 de ces objets avaient été repris dans le catalogue. Je revois encore à l’époque Broodthaers s’alarmer, s’insurger en s’apercevant que des descriptifs tendancieux, erronés -non rédigés par lui- s’étaient glissés dans les entrées des numérotations du catalogue d’exposition pour quelques objets. /// Au sujet de l’exposition L’Angélus de Daumier à Paris, Broodthaers écrivait : « Si son intention l’emporte, cette exposition ne sera pas une rétrospective mais une succession de ‘décors» qui mènera à la Salle Noire où un programme de films sera projeté ». Que vous inspirent ces mots au regard de l’exposition que nous avons pensé ensemble à la Monnaie de Paris ? En 1975, cette exposition a été initiée par Pontus Hulten, assisté de Jacques Caumont, puis repris par Alfred Pacquement et Véronique Legrand pour le Centre Georges Pompidou. Vu que les bâtiments n’étaient pas prêts afin d’accueillir Broodthaers, l’exposition a finalement eu lieu au Centre National d’Art Contemporain (C.N.A.C). L’Angélus de Daumier était en effet déclinée en différentes salles : la Salle Rouge sur la thématique de la peinture, la Salle Verte avec le Jardin d’hiver, la Salle Rose, salon de la baronne Rothschild (Broodthaers a fait ouvrir les portes ses salons privatifs puisque le C.N.A.C était situé dans les bâtiments de leur hôtel particulier), la Salle Blanche en relation avec la Section XIXe siècle, la Salle Outremer notamment sur le sujet des voyages, des espaces lointains. Broodthaers était féru de grands voyages, d’où l’idée prégnante d’un autre monde : cartes, atlas, boussole, Manuscrit trouvé dans une bouteille (en référence à Edgar Allan Poe) présents dans son travail. Votre exposition, de par ses aspects pluridisciplinaires, oui, est sans doute un aperçu de sa notion de Décor, qui n’était pas une fin en soi.

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/// Le Musée d’Art Moderne - Département des Aigles est né dans votre maison au 30, rue de la Pépinière à Bruxelles. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce moment où tout a pris forme dans son esprit ? Le Musée d’Art Moderne - Département des Aigles est né après l’effervescence des événements politiques de mai 1968, qui ont eu un impact considérable sur le plan culturel. Mais il s’en était distancié pour reprendre une certaine forme d’individualité. L’inauguration de son Musée a eu lieu le 27 septembre 1968 à notre domicile avec l’ouverture de la Section XIXe siècle en présence de directeurs de musée, de critiques d’art, d’artistes, des collectionneurs, de diverses personnalités du monde de l’art. Je me souviens qu’afin d’inaugurer cette soirée, Broodthaers et Cladders, le directeur du Musée de Mönchengladbach ont prononcé chacun un discours solennel. Marcel en a par ailleurs réalisé un petit film La discussion inaugurale. Le Musée d’Art Moderne - Département des Aigles, avec ses douze sections, a par la suite véritablement fonctionné comme une institution muséale, avec un ancrage matériel. Ce Musée me tient véritablement à coeur dans la mesure où Marcel me l’a dédicacé et légué. /// Cette publication est aussi l’occasion pour nous de revoir (au travers de lettres et d’images retrouvées…) les liens et les échanges que Marcel Broodthaers a eu tout au long de sa vie avec les artistes, qu’il s’agisse de Magritte mais aussi d’autres. Magritte lui avait offert en 1945 son exemplaire d’Un coup de dés jamais n’abolira le hasard de Stéphane Mallarmé qui, comme vous le savez, a détenu une place prépondérante dans son travail. Broodthaers s’était par ailleurs beaucoup amusé avec Manzoni, qui l’a déclaré « œuvre d’art authentique et véritable » en 1962. De Palermo, Marcel me disait «Regarde il est comme Schiller». Marcel appréciait aussi le travail de Richard Long. Et Toroni, James Lee Byars, et Richard Hamilton étaient considérés comme des proches de notre famille. /// On retrouve aussi beaucoup cette affirmation chez Marcel Broodthaers d’être, de devenir un artiste, dans le carton d’invitation en 1964

pour sa première exposition à la Galerie SaintLaurent à Bruxelles, puis en 1972 avec cette déclaration : « Je suis né en 1924. Je deviens artiste en 1963. Je fonde un musée (Musée d’Art Moderne Département des Aigles) en 1968. J’enterre ce musée en 1972 à Documenta à Kassel. Je redeviens artiste la même année. » Oui, Marcel a fermé le Musée d’Art Moderne en 1972 et ne se considérait dès lors plus comme un directeur de musée. Bien que sa carrière artistique fût très courte, l’héritage qu’il lègue à l’histoire de l’Art reste aujourd’hui incommensurable. Je me souviens qu’il avait le projet d’un petit livre auquel il avait donné pour titre le proverbe du poète et avocat Nicolas Boileau : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ». Ces mots me ramènent au travail inlassable qu’avait entrepris Broodthaers, doté de sa volonté inaltérable, tant dans l’écriture que dans les arts plastiques. De ce proverbe, il avait fait un précepte, une philosophie, un moteur. Le petit livre précité faisait aussi référence à l’ingestion de la ciguë par Socrate et à cette obligation de la « boire jusqu’à la dernière goutte »... Le travail tiré ? /// En travaillant à cette exposition, vous nous avez fait partager vos souvenirs, votre mémoire, vos archives. Et un aspect qui m’intéresse beaucoup, c’est votre présence dans l’œuvre de Broodthaers, derrière l’objectif. Je pense notamment à toutes ces photos de Broodthaers, celles prises, par exemple en 1969 pendant le tournage d’Un Voyage à Waterloo. Si Magritte a été le premier à m’avoir mis une petite caméra entre les mains, c’est Broodthaers qui a fait de moi une photographe. J’ai commencé à faire à des reportages photographiques, dont celui d’Un voyage à Waterloo, et après le départ de Broodthaers, j’ai continué mais avec des portraits. Effectivement, j’ai accompagné, aidé, assisté mon mari de son vivant afin qu’il puisse réaliser son travail. J’ai toujours eu foi en lui, c’était un être exceptionnel. Mais j’étais aussi sa première critique (Rires). Et, depuis 1976, il n’y a pas un seul jour où je ne me suis pas investie en faveur du rayonnement de son travail.

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Action culturelle à la Monnaie de Paris Programme public et artistique

HAPPENINGS Un happening inspiré de L’île du Musée et Bateau sur le Rhin de Marcel Broodthaers a lieu le jour de l’inauguration, le 16 avril à 19h. Une péniche remonte la Seine, de la même manière qu’en 1971 Marcel Broodthaers avait pensé lui faire remonter le Rhin avec du matériel et des œuvres d’art. C’est ainsi qu’œuvres et objets arrivent à bord d’une péniche qui accoste face au Pont Neuf, pour être déchargés et trouver une place dans l’exposition.  Dans le cadre de l’exposition à la Monnaie de Paris, l’happening la Tekenacademie van Marcel Broodthaers, L’Académie de dessin de Marcel Broodthaers, est présenté en collaboration avec l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris, fin juin 2015. Le public est invité à venir participer à cet happening en venant dessiner d’après un modèle à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris où Ingres auquel Marcel Broodthaers fait souvent référence dans ses œuvres était professeur. L’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts prévoit des chaises, quelques tables et quelques chevalets. Vous devez apporter votre propre matériel de dessin. Inscription: anna.milone@monnaiedeparis.fr /// Programme public Un programme de concerts dans les salles d’exposition est proposé au public. /// Pédagogie La Monnaie de Paris privilégie le principe de visite active qui place le visiteur au centre de la discussion en sortant du schéma vertical d’un conférencier qui parle et d’un groupe qui écoute.

L’Équipe pédagogique : Monnaie d’Échange Un programme d’internship rassemble des étudiants issus de formations variées. Chacun est en charge d’un projet individuel qu’il doit mener dans son intégralité, de sa conception avant l’ouverture de l’exposition jusqu’à sa finalisation. Ce projet est conçu comme un laboratoire aidant à réfléchir aux nouvelles formes de médiation, aux nouveaux formats de visites et d’ateliers, grâce à une approche fondée sur la découverte personnelle du visiteur lors de discussions et de dialogues avec la personne qui l’accompagne. En partenariat avec l’Ecole du Louvre, l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts et le Master « Médiation Culturelle, Patrimoine et Numérique » des universités de Paris 8 et Paris 10.

MEDIATION CULTURELLE L’équipe de Monnaie d’échange est présente lors de la visite libre des visiteurs individuels. Médiateurs culturels, ils assurent des interventions ponctuelles auprès des visiteurs pour leur proposer un complément d’information ou pour échanger avec eux. Le visiteur reste libre d’en profiter ou non. Un médiateur est présent dans les espaces d’exposition durant l’ensemble des horaires d’ouverture.

VISITES TOUT PUBLIC Après la découverte en autonomie de l’exposition, les visiteurs, par groupes de dix personnes maximum, échangent avec un médiateur de l’équipe Monnaie d’échange. Chaque visite prend une forme et un contenu différents puisqu’elle dépend des visiteurs qui la suivent. Toutes ces visites sont déclinées en anglais et en langue des signes.

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/// Focus Monnaie

/// Clan Monnaie

Qui n’a jamais souffert d’être pressé par le temps pendant la visite d’une exposition ? Les médiateurs culturels sont là pour vous proposer une introduction ciblée et vous permettre d’approcher les œuvres d’art d’une manière, originale, axée sur un thème de l’exposition.

Les samedis après-midi sont l’occasion pour les enfants de 3 à 5 ans et de 6 à 12 ans et leurs parents de venir dialoguer autour des œuvres exposées. Les médiateurs de Monnaie d’échange ne manquent pas d’idées pour enrichir les découvertes réservées aux petits et aux grands, entre récits, mises en situation et expériences à plusieurs mains pour un résultat original.

Visite de 20 minutes tous les mardis à 16h / les jeudis à 19h / les samedis à 17h. /// expo Monnaie C’est le visiteur qui, par ses observations, oriente la visite proposée par les médiateurs. En rapport avec l’histoire de la Monnaie de Paris, son architecture et sa mission, l’approche des expositions d’art contemporain devient singulière et sur-mesure. Visite d’1 heure tous les mardis à 17h / les jeudis à 20h / les samedis à 16h. /// Rencontre avec Monnaie d’Echange Cette visite est l’occasion pour les étudiants d’aborder l’exposition en proposant un éclairage sur un des corps de métiers qui a participé à l’exposition. Ces rencontres, proches d’une discussion informelle, permettent aux visiteurs de poser des questions aux médiateurs, jeunes professionnels de la culture, concernant leurs parcours de formation.

Visite atelier de 45 minutes à 1 heure pour les enfants accompagnés d’adultes. /// Mini-Monnaie Le mardi 19 mai à 10h, les espaces d’exposition sont réservés aux parents accompagnés de leur enfant de 0 à 18 mois pour leur permettre de venir découvrir le Musée d’Art Moderne – Département des Aigles de Marcel Broodthaers en toute liberté. La visite est ponctuée de temps de manipulation des résines des pièces de la collection de la Monnaie de Paris présentées dans l’exposition pour développer le toucher alors que d’autres œuvres stimulent la vue des enfants mais aussi leur ouïe. La visite devient un moment d’échange entre les parents et leurs enfants qui s’éveillent par les sens à l’art contemporain et aux objets monétaires.

POUR LES ADULTES // Le Grand Monnayage - Atelier en série

Rencontre d’1 heure.

WORKSHOPS POUR LE JEUNE PUBLIC ET LES FAMILLES C’est l’occasion pour l’équipe Monnaie d’échange, les médiateurs de la Monnaie de Paris, de proposer des Ateliers originaux autour de l’exposition. A chaque nouveau rendez-vous, un atelier différent est proposé en échos aux œuvres de Marcel Broodthaers. Les Ateliers Pile ou Face et Clan Monnaie sont aussi proposés en anglais et en langue des signes français. /// Atelier Pile ou Face Les mercredis après midi, grâce aux outils de création en échos à la production de Marcel Broodthaers, entre appareil photo, carnet de croquis, microphone ou encore ardoises magiques, les enfants de 6 à 9 ans et de 10 à 12 ans peuvent éveiller et développer le regard qu’ils portent sur les œuvres, guidés par les médiateurs de Monnaie d’échange.

En écho à la production industrielle en série des monnaies et celle artisanale des médailles de la Monnaie de Paris, un workshop de création vidéo est proposé par une jeune artiste. C’est bien le processus de création qui est étudié au travers de la construction d’une œuvre filmée. Les participants à l’atelier deviennent les coréalisateurs d’un épisode de cet Atelier en série qui se développe sur six séances. Différentes étapes sont franchies en plaçant le public au cœur du processus créatif : de la création de l’œuvre vidéo à la conception du storyboard, en passant par la production, au tournage jusqu’au montage. 6 séances de 2h. Détail des dates sur le site Internet. Sur inscription.

Visite atelier d’1 heure, réservé aux enfants.

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Les éditions de l’exposition

Médaille d’artiste « Marcel Broodthaers » 200 exemplaires numérotés, avec certificat 100 mm de diamètre, bronze monétaire Cette médaille biface, fabriquée dans les Ateliers de la Monnaie de Paris, s’inspire de deux toiles photographiques de 1967 de l’artiste : Marcel Broodthaers écrivant Le Corbeau et le Renard (installation présentée dans l’exposition en Cinéma Modèle) et Maria Gilissen, son épouse, prenant une photographie. Toujours à ses côtés, Maria Gilissen n’a cessé de le photographier, elle est l’auteur des portraits les plus connus de l’artiste. Cette médaille représente la fascinante histoire de cette personnalité qui a marqué le milieu de l’art des années 1960 et des générations d’artistes de Daniel Buren à Mike Kelley.

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Les éditions de l’exposition

mini-Médaille d’artiste « Marcel Broodthaers » 4800 exemplaires 34 mm de diamètre en nordic gold Cette mini-médaille est inspirée d’une œuvre de Marcel Broodthaers Le Langage des Fleurs, 1965 dont la spécificité est d’être, pour la première fois pour ce type de production, travaillée à la fois sur l’avers et le revers. Elle représente les préoccupations de l’artiste liées à l’écriture et à la peinture, les lettres sur la palette devenant la matière des mots.

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Les éditions de l’exposition

MUSÉE - MUSEUM

MARCEL BROODTHAERS

Catalogue des Monnaies (collection privée) Service financier du Musée d’Art Moderne Département des Aigles

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Marcel Broodthaers, Le Catalogue des Monnaies Edition de 500 exemplaires numérotés 32 pages / couverture : Suedel bleu royal Le Catalogue des Monnaies, publié à l’occasion de l’exposition de Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris, reproduit huit dessins originaux de l’artiste datant de 1970, sous la forme de frottages de pièces de monnaies.

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Les éditions de l’exposition

Beaux Arts Magazine Hors Série Marcel Broodthaers Incluant exceptionnellement le livre d’artiste de Marcel Broodthaers Musée d’Art Moderne Section Financière Département des Aigles 4000 exemplaires 64 pages Ce Hors-série de Beaux Arts magazine consacré à l’exposition de Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris comprend les participations de Bernard Blistène, Nicolas Bourriaud et Alfred Pacquement ainsi qu’une conversation entre Maria Gilissen Broodthaers et Chiara Parisi, commissaires de l’exposition. Cette publication inclut le Contrat de vente d’un kilo d’or fin en lingot, estampillé d’un poinçon représentant un aigle, que l’artiste remettait aux acheteurs de cette œuvre.

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Les éditions de l’exposition

Sac en coton « Marcel Broodthaers » 250 exemplaires Coton biologique Ce sac en coton s’inspire de l’œuvre Jardin d’Hiver II, présentée à l’entrée de l’exposition. Ce sont les palmiers qui accueillent les visiteurs et qui rythment leur découverte de l’exposition. D’un côté, l’œuvre abc, 1974 ; de l’autre, un texte de l’artiste intitulé ‘Jardin d’Hiver’ questionnant l’abécédaire comme une matière à part entière : Ce serait un A.B.C.D.E.F…. du divertissement, un art du divertissement. …G.H.I.J.K.L.M.N.O.P.Q.R.S.T.U.V.W.X.Y.Z…. Pour oublier. Pour dormir, serein, bien pensant. De nouveaux horizons se dessinent. Je vois venir à moi de nouveaux horizons et l’espoir d’un autre alphabet (voir catalogue). Ecrit à Bruxelles, le 7-I-74 à l’occasion d’une exposition collective au Palais des Beaux-Arts à laquelle je participe avec ce jardin.

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Les éditions de l’exposition

Carnet « Marcel Broodthaers » 500 exemplaires Inspiré du diptyque Baudelaire peint - René Magritte écrit, 1972, personnalités tutélaires et références absolues de Marcel Broodthaers, un carnet est conçu spécialement pour l’exposition en référence à ceux que Marcel Broodthaers tenait (dont deux exemplaires sont présentés dans la Salle des Editions à la Monnaie de Paris).

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Informations pratiques Monnaie de Paris

Monnaie de Paris

Librairie Flammarion Monnaie de Paris

11, Quai de Conti 75006 Paris

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Exposition Musée d’Art Moderne Département des Aigles de Marcel Broodthaers Ouvert au public du 18 avril au 5 juillet 2015 Ouvert tous les jours, 11h – 19h Jeudi jusqu’à 22h

/// Tarifs Plein tarif : 12 € Tarif réduit : 8 € Jeunes de moins de 18 ans, Etudiants, Enseignants, Professionnels du tourisme, Salariés de la Monnaie de Paris et accompagnants, Partenaires : Porteurs de la Carte UGC Gratuité : Jeunes de moins de 13 ans, Artistes affiliés à la Maison des Artistes, Demandeurs d’emploi et bénéficiaires des minima sociaux, Familles nombreuses, Personne en situation de handicap avec 1 accompagnant, Journalistes, Membres de l’ICOM, Partenaires : Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts (étudiants et staff), Ecole du Louvre (étudiants et staff), Etudiants du Master « Médiation culturelle, Patrimoine et Numérique » de Paris 8 et Paris 10, Professionnels des institutions membres du réseau TRAM, Etudiants bénévoles du dispositif « Souffleurs d’images »

Tous les jours, de 11h à 19h Jeudi jusqu’à 22h

Boutique Monnaie de Paris 2, rue Guénégaud - 75006 Paris Du lundi au samedi de 11h à 19h

Action culturelle / Programme public La Monnaie de Paris propose tous les jours un large choix de visites et d’ateliers pour tous les publics. L’exposition de Paul McCarthy peut heurter la sensibilité des plus jeunes. Accueil visiteurs et réservations du lundi au vendredi de 10h à 18h : 01 40 46 56 66 Pour toute demande : publics@monnaiedeparis.fr Programme public : events@monnaiedeparis.fr

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/// Nocturnes étudiantes Entrée gratuite pour tous les étudiants les jeudis 23 avril, 21 mai, 11 juin et 2 juillet à partir de 19h.

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La Monnaie de Paris remercie ses partenaires : Europe 1, Les Inrockuptibles, A Nous Paris, L’Officiel Art, Le Journal des Arts, Time Out Paris, BlouinArtinfo.com, Beaux Arts Magazine, UGC Monnaie de Paris 11, quai de Conti - 75006 Paris www.monnaiedeparis.fr


Š Estate Marcel Broodthaers

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AUTRES

Marcel Broodthaers Un Jardin d’Hiver, 1974 Détail du jardin d’hiver, six agrandissements photographiques de gravures anciennes anglaises du XIXe siècle 81 x 124,5 cm (chaque) © Estate Marcel Broodthaers

Marcel Broodthaers Département des Aigles (David - Ingres - Wiertz - Courbet), 1968 Plaque en plastique embouti 85,5 x 120 cm © Estate Marcel Broodthaers

Le Balancier d’Austerlitz Vue d’ensemble des trois tirages et détail © Estate Marcel Broodthaers

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Photogrammes du film Le Corbeau et le Renard, 1967 projeté sur l’écran avec cadre noir sur lequel sont imprimés des extraits du poème. 61 x 80 x 4 cm ©Estate Marcel Broodthaers

Marcel Broodthaers Musée d’Art Moderne Département des Aigles, Service Publicité, 1971 Plaque en plastique embouti 85 x 121 cm © Estate Marcel Broodthaers

Marcel Broodthaers Catalogue d’exposition Section des Figures Städtische Kunsthalle, Düsseldorf, 1971 et 1972 © Estate Marcel Broodthaers

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Marcel Broodthaers Cinéma modèle (en négatif), 1970 Plaque en plastique embouti 85 x 120 cm © Estate Marcel Broodthaers

Marcel Broodthaers Cinéma modèle (en positif), 1970 Plaque en plastique embouti 85 x 120 cm © Estate Marcel Broodthaers

Marcel Broodthaers Les Portes du Musée d’Art Moderne, Les Aigles, Section XIXe siècle, 1969 Plaque en plastique embouti 220 x 180 cm © Estate Marcel Broodthaers

Marcel Broodthaers- Musée d’Art Moderne Département des Aigles - S. Littéraire Fig. 1 et 2, 1971 Plaque en plastique embouti 87 x 121 cm © Estate Marcel Broodthaers

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