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OLIVIer ISSAUrAt Enseignant

OLIVIER ISSAURAT -----Le grAND ChAMbArDeMeNt

Voyez-vous dans le lointain Marcher à grands pas ce géant Dressé entre la plaine et la rive du fleuve Il agite de gigantesques bras Il enjambe à chaque pas rivières et labours Et les feuilles et les branches s’agitent Ne cherchez pas à le retenir de force Entre les doigts, il s’écoule comme du sable Ses longs hurlements lugubres glacent le sang Par le feuillage jauni les peupliers s’inclinent Dans le gouffre qui lui sert de bouche Se prépare une expiration qui arrache les chapeaux Détricote les chignons et entremêle les cheveux Et les feuilles d’automne et les branches

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Et la foule court se réfugier là où se peut trouver l’accalmie Les gens se pressent sous les alcôves des porches ventés Ceux-là préfèrent braver la tempête exacerbée Ils sont fiers et bombent le torse

Suffisamment longtemps pour se croire infaillibles Et la feuille haut perchée et les nuages qui s’amoncellent Et les chevaux fous lancés au galop traversant la lande

UNe pAge bLANChe

Pour vous dire ma belle Que notre saule balaie encore le bout du jardin Qui borde le ruisseau en contrebas Qu’ici tous se rappellent ces fêtes que nous donnions Sachez que notre château est resplendissant Au large du golfe, l’île d’Ouessant défie toujours la mer L’île où nous échouâmes notre barque Votre prénom y résonne encore quand les déferlantes Se jettent sur le récif où vous entonnâtes si belle chanson En ville, le marchand de glace a souvenir de vous De vos cheveux soyeux et longs De votre doux visage agréable à regarder Et du mouvement harmonieux de votre corps Le vent lui-même n’a pas oublié Ce châle aux parfums enivrants Qu’il vous faisait glisser de l’épaule Dans le souffle endiablé d’une brise légère Une page blanche pour vous dire Mais est-il nécessaire D’en écrire d’avantage Pour masquer la détresse Et révéler les larmes salées Que nous avions oubliées tous les deux

OLIVIER ISSAURAT -----LA pAge

Avez-vous remarqué qu’à une lettre près ça fait la plage. Amusant non ? Et si on remplace le p par un r ça fait la rage ! Rigolo, is’nt it ? Comme disent les Anglais. Mieux, si on ajoute un deuxième p pour remplacer le g on a pape. J’en profite pour jeter le premier p de pape histoire d’y mettre un r Et hop ! Oh surprise, si l’on agrémente le a d’un petit chapeau chinois, on obtient râpe.

LA pAge De SUIte

On avait donc un pape éperdu d’amour pour la plage. C’est suffisamment rare pour le souligner. Il demanda donc à ses sbires suisses de lui fournir une gondole pour remonter l’un des étiers qui traversait la ville de Venise. Quand il vit l’envoyé de Dieu enrobé dans sa toge, l’homme à la manœuvre gondola tout ce qu’il put. Mais le pauvre homme n’avait pas hérité du sens de l’orientation et il se perdit, ainsi que son précieux chargement dans un bras oublié ne menant qu’à un cul-de-sac.

L’affaire est déjà suffisamment étonnante pour qu’on la rapporte. Mais patientez, ce n’est qu’un début. Le pape, de rage, attrapa le jeune navigateur incompétent par son boléro et le passa par-dessus bord. Il ne se noya pas, rassurez-vous, car il était champion de natation à Naples. Le pape hurlait tout ce qu’il savait à qui voulait bien l’entendre. Quelques mégères occupées à la lessive pointèrent le bout du nez. « Qu’est-ce qu’il a celui-ci à nous râper les noix ! ». Un passant qui venait à passer, il n’avait rien d’autre à faire, ça arrive, et même si c’est regrettable, on n’y peut pas grand-chose, proposa l’avis suivant à son épouse « Qu’un pape nous les râpe pour une plage, c’est quand même rageant ». Et voici toute l’histoire. Je la sais d’un gondolier à la retraite maintenant très âgé et très sage. Il vit à Istanbul et s’est fait musulman à cause d’un pape rétif au gondolage !

Olivier Issaurat

ALAIN DIOT -----QUOI, N’IMpOrte QUOI ?!

Et si, pour une fois, on parlait de n’importe quoi, comme çà, juste pour délirer pour ne pas pleurer, juste pour sourire pour ne pas céder au pire, juste pour un moment d’égarement de garnement dans le firmament, un instant de désir et de plaisir dans le zéphyr du Cachemire, ou bien encore, çà c’est plus fort, juste pour le vol d’une hirondelle si belle en dessous de dentelle, même sans bretelles, d’un oisillon si mignon en caleçon, même sans pantalon, d’une libellule qui circule au crépuscule, même sans matricule, à moins que ce ne soit pour le vol d’un vieil airbus omnibus coincé dans les cumulus quand sonne l’Angélus ou d’un fer à repasser égaré au fond de la mer Égée parce qu’il ne sait pas nager. Et si c’était juste pour le songe d’une nuit d’été, pour le rire d’un petit bébé, celui d’une personne âgée qui a perdu son dentier, pour le dernier arrivé qui doit payer l’apéro, pour le premier né qui a tiré le bon numéro, pour le curé qui se fait récurer le bénitier par les grenouilles du quartier, pour l’évêque qui cloue le bec aussi sec à l’archevêque qui le débecte, pour le CRS plein de tendresse qui réclame des nuits d’ivresse et de caresses à la jeunesse qui l’agresse, pour le gendarme en larmes qui s’alarme parce qu’il a perdu son arme dans le vacarme d’une manif sans charme, pour le plombier mal à l’aise qui s’est fait dessoudé à la clé anglaise sous l’évier ensablé de la portugaise du premier, ou, pas de veine, juste derrière la persienne, pour l’électricienne qui stresse, qui s’est pris, la bougresse, les doigts dans la prise traitresse, pour la maîtresse d’école qui, parce qu’elle picole comme une folle, est tombé dans le pot de colle en dansant la carmagnole, pour le joueur de biniou qui s’est pris un coup de mou en-dessous du genou, le joueur de trompette qui se l’est pris, mazette, direct dans les coucougnettes, celui de tuba qui se l’est pris, quel tracas, bien plus bas, celui de piano, c’est ballot, bien plus haut, celui de contrebasse, hélas, juste dans la calebasse. Et tous les autres musiciens qui, même s’ils n’en savaient rien, se sont mis à aboyer comme des chiens pour faire ceux qui soutiennent les copains avec le chef d’orchestre qui rouspète pour ne pas être en reste, même s’il doit retourner sa veste et remettre sa baguette dans sa braguette. Bien sûr, vu comme çà c’est trop facile, mais qu’en serait-il s’il fallait n’être pas si débile et trouver des bonnes raisons pour écrire justement sans raison ce qui serait bel et bon pour l’édification de toute la Nation, à moins

que ce ne soit juste pour ceux qui vivent matois, à tu et à toi, sous son toit ? Et bien, çà n’empêche pas, quoi qu’il en soit, de se livrer en toute liberté à n’importe quelles billevesées, de celles qu’on aime inventer justement parce qu’elles n’existent pas, ou en tous cas pas comme on le croit, mais qu’il est fort plaisant d’imaginer rien que pour se marrer devant tant de subtilités ! Alors, pourquoi ne pas se rappeler ces moments chéris où l’on a vu danser en bikini des ouistitis en bigoudis au sortir de leurs lits, la reine d’Angleterre, décalquée à la bière, nous montrant son derrière dans l’Abbaye de Westminster, Macron et Mélenchon, en pyjama de coton, se crêpant le chignon à coup de polochon pendant que Marion, bancale sans Maréchal, se polit le cruchon national et que le président de la Banque de France dance en cadence sur les plateaux de la balance pour voir si son poids en or peut enrichir le trésor de la Finance un peu rance sur les bords. Et si n’importe quoi ce n’était pas ce que l’on croit et surtout pas n’importe quoi parce que si c’était n’importe quoi, ce serait vraiment n’importe quoi ?! Quoi ?! Mais çà va pas la tête ? Il fait trop chaud sous la casquette ? Y’a les fusibles

AZerty

Florian Klauer - unsplash.com

qui ont sauté ? Les pneus qui ont déjanté ? Le cerveau lent qui s’est pris les neurones dans les filets dérivants ? Mais non ! Ne croyez pas qu’il y a de la tension au fond du carafon où ainsi font font font les petits neurones tout nets ! Croyez moi, quand c’est n’importe quoi, y’a d’la joie par-dessus le toit !

Alain (tenable) DIOT. Janvier 2021.

J’attendslenuméro61

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