Chamard-Bois

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Émile Chamard-Bois dans les annÊes 1910

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Préface ares sont les artistes qui possèdent à la fois les dons et le talent de la Musique et de la Peinture et parmi eux sont souvent cités Dominique Ingres et Eugène Delaccroix, mais plus rares encore

sont ceux qui s’étant accomplis dans le Chant se sont tournés avec succès vers les Arts Plastiques. Emile Chamard-Bois fait partie de ce petit groupe, car avant de se consacrer à la Peinture de Paysage il s’était distingué à Paris au

terme d’Etudes Supérieures dans le registre si convoité de Ténor et avait été sollicité par l’Opéra de Monte-Carlo. C’est alors que, peu de temps après la fin de la Grande Guerre 1914-1918, à laquelle il avait participé, et vivement encouragé par sa jeune épouse Léontine qui, elle, avait étudié le dessin et la peinture et avait décelé les dons de son époux pour les arts plastiques, il décida d’abandonner sa carrière musicale et fit ses débuts dans l’art pictural. L’expérience de Léontine lui fut précieuse et alors que cette dernière avait choisi de s’exprimer par le Portrait, Emile Chamard-Bois opta pour le Paysage et devait par la suite s’y consacrer presque exclusivement au moyen de l’aquarelle et surtout de la peinture à l’huile en utilisant le plus souvent des dessins préparatoires plus ou moins poussés mais très instructifs. Artiste-né, Emile Chamard-Bois avait conservé de son passé musical, et plus particulièrement de la Musique romantique, un goût pour l’écriture mélodique à la fois chaleureuse et inventive et en peignant devant le motif il retrouvait, naturellement, la même passion créative qu’il avait ressentie sur la scène de l’Opéra. Ce peintre fertois qui a réalisé de nombreux paysages de la Brie, de la Marne et du Petit-Morin et également des sites de la Franche-Comté, de la Sarthe, du Béarn et des Marines d’Honfleur et de la Côte Méditerranéenne, n’a cessé d’évoluer de ses débuts en 1920 jusqu’à la fin de sa carrière (1945-47).

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Le Docteur Piequet avec Gérard Egnell

J’exprime mon amicale considération à Gérard Egnell, le biographe émérite et l’ami d’Emile Chamard-Bois, qui n’a cessé durant près de cinquante ans de se consacrer à la mémoire du peintre fertois en réalisant patiemment une grande collecte documentaire et une classification chronologique de ses œuvres, en recherchant, en dehors de sa belle collection personnelle, celles qui appartenaient à d’autres amateurs d’art afin d’organiser la grande exposition Chamard-Bois qui a eu lieu du 8 mai au 16 août 2009 dans l’ancienne salle basse du Musée Bossuet de Meaux et qui a permis à un nombreux public de connaître et d’admirer la beauté et l’authenticité de l’œuvre de l’excellent paysagiste que fut Emile Chamard-Bois.

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Prélude Mes grands-parents Angoulvent avaient une propriété en Seine-et-Marne, au lieu-dit la Charbonnière, près de La Ferté-sous-Jouarre. Elle était située dans les bois à mi-hauteur d’une colline dominant la Marne. Mon arrière-grand-père Gallet, qui l’avait achetée peu après la première guerre, l’avait baptisée Salency, du nom d’une demeure familiale à l’Ile Maurice.

Salency La maison était modeste et de construction récente, mais le parc était superbe : en haut de la colline, dans les bois, un étang couvert de nénuphars roses et blancs entre lesquels glissaient tanches et gardons au dos violacé ou gris : venant de cet étang, cinquante mètres plus bas, l’eau se déversait en cascade dans un petit lac sur lequel évoluaient deux cygnes : Jupiter et Leda.

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Léontine Chamard-Bois avec Madame Bernaer, devant la maison rue de Condé

Un soir, nous avons rangé, Madame Chamard-Bois et moi, le contenu d’un grand coffre qui n’avait pas été inventorié depuis des années. Il contenait en fait quelque trois à quatre cents dessins d’atelier de Léontine. A sa demande expresse nous avons presque tout brûlé. J’ai pu quand même sauver quelques esquisses dont le portrait d’Emile. Il est certain que sans l’apport culturel de sa femme, les dons artistiques d’Emile n’auraient pu s’épanouir. Un autre soir, ce devait être en 1959, nous étions allés passer une journée de dimanche dans l’atelier et nous nous apprêtions à partir. Il devait être sept heures et je n’avais pas voulu emmener de tableau, car même si je n’étais pas à proprement parler un étranger, je dépouillais souvent Léontine d’un ou deux tableaux que, certes, je payais toujours… mais si peu ! Ce jour-là donc, au moment de partir, en parlant de l’œuvre de son mari, je lui demandais s’il n’existait pas de cahiers d’esquisses ou même d’œuvres inachevées qui permettraient de mieux reconstituer sa façon de créer un tableau. Elle me répondit que d’ordinaire il faisait l’esquisse

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directement sur la toile qu’il peignait ensuite, et qu’il existait extrêmement peu d’esquisses, celles-ci étant toujours soit utilisées, soit effacées. Et puis, elle se souvint brusquement qu’il existait un petit réduit aménagé dans une soupente et dont l’ouverture était cachée derrière le grand tableau de Meaux. Nul n’était entré dans ce cagibi depuis la guerre. Je proposais alors d’y aller. Nous remontâmes dans l’atelier avec une échelle. Après quelques minutes pendant lesquelles nous avons déplacé tout ce qui obstruait l’entrée de ce cagibi, j’ai pu y pénétrer en rampant par une étroite ouverture et, à ma stupéfaction, j’ai découvert à la lumière d’une lampe de poche quelque vingt ou trente tableaux, la plupart parmi les derniers qu’il avait peints. Certains n’étaient que des esquisses, mais d’autres étaient magnifiques. Je revois encore la joie de Madame Chamard-Bois redécouvrant des œuvres dont elle avait, bien entendu, oublié l’existence. Ce fut vraiment un moment d’une intensité et d’une qualité assez extraordinaires. Après avoir beaucoup regardé les tableaux de Chamard-Bois, nous voyions, ma femme et moi, les paysages de façon nouvelle. Ah ! les ciels de Chamard-Bois ! ... Ah ! ces bords de Marne où les nuages et l’eau se confondent, comme le ciel bas et la boue sur certaines fermes de la Sarthe... Un peu comme avec Bonnard, les rares personnages représentés disparaissant dans la nature... mais dans un style évidemment très différent et... avec les ciels en plus ! Nous avons vécu et vivons encore une expérience amoureuse au sens fort du mot avec le monde de Chamard-Bois. Nos visites à Léontine ChamardBois se sont poursuivies régulièrement jusqu’à son décès en mars 1968. En 1981, grâce à ses conseils donnés lors de nos rencontres ou à travers quelque cinquante lettres et cartes postales reçues d’elle, j’ai regroupé dans un catalogue raisonné toutes les informations que j’avais pu recueillir : plus de 700 œuvres recensées et décrites. J’ai rendu visite à 46 collectionneurs et photographié leurs tableaux. Mais surtout j’ai rencontré à plu sieurs reprises Madame Bourdon, directrice de la galerie du Les ciels et la boue...

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Inauguration de l’exposition le 16 mai 2009 par Jean-François Copé, maire de Meaux.

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Meylan 1905 : la tireuse de cartes : Adèle Chamard-Bois, à sa gauche au premier plan : Henriette Chamard-Bois, mère d’Emile, derrière Adèle riant, Emile Chamard-Bois. Léon, son frère est absent. C’est lui qui a quitté la chaise vide pour prendre la photo.

Le Fontanil 1908, résidence secondaire de Léon et Eugénie Chamard-Bois. On reconnaît, 2ème à droite : Emile ; 4ème à droite : Léon son frère, 2ème à gauche : Henriette leur mère.

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Biographie Emile Chamard-Bois et sa femme Léontine, née Hotz, n’ont pas eu de descendant. Le seul frère d’Emile, Léon, était mort en 1911 ; quant à Léontine, elle avait aussi un frère, Oswald, qui lui survécut mais avec qui elle n’entretenait pas de relations intimes. Les seules informations dont je disposais pour proposer une biographie d’Emile ChamardBois provenaient donc de son épouse. Au cours des longues journées passées avec elles dans l’atelier du peintre, de 1953 à 1961, ainsi qu’à travers une cinquantaine de lettres ou de cartes postales reçues d’elle, il a été possible de se représenter ce que pouvait avoir été la vie d’Emile Chamard-Bois depuis leur mariage en 1918 jusqu’à la mort d’Emile en 1947. Léontine, qui avait conservé toute sa tête jusqu’en 1964 date de son départ dans une maison de retraite, peut être considérée comme un témoin fiable. Sa mémoire était excellente et elle avait un franc-parler qui n’éludait pas les difficultés ou les problèmes. Ayant vécu pendant près de 30 ans en communion étroite avec son mari, elle a accompagné celui-ci dans toutes ses pérégrinations. Elle connaissait et pouvait décrire les paysages qu’il avait peints et qu’elle avait souvent ellemême esquissés. Je ne l’ai jamais prise en erreur concernant l’identité des paysages peints. Par contre, en ce qui concernait les dates, elle pouvait se tromper sauf lorsqu’une anecdote permettait de préciser les situations : « Le tableau représentant les Grands Moulins de Corbeil a été peint lorsque Emile et moi sommes allés rendre visite à tante Evangelista, religieuse qui était sœur de mon père » ou bien « Le Pont de Viroflay a été peint pendant que j’interprétais la Chapelle du Château de Versailles » etc…. En ce qui concerne la vie d’Emile avant leur mariage, Léontine n’en connaissait que les grandes lignes et peu de chose sur sa famille à lui. La « Bouteille à la Mer » que j’ai lancée par voie d’annonce dans la presse avant l’Exposition de Meaux pour retrouver toute information concernant le peintre et son œuvre a miraculeusement été repêchée par un parent éloigné d’Emile. Il se trouve, en effet, que parmi les rares réponses reçues l’une était inattendue. Bernard Leseuil m’a écrit tout d’abord : « Je me demande si ma grand-mère, née Chamard-Bois, n’était pas la cousine germaine d’Emile… » . Puis, dans une seconde lettre, il m’adressa le tableau généalogique de la famille Chamard-Bois où figuraient à la fois la dite grand-mère et Emile. Enfin, informations précieuses entre toutes, il m’envoya plusieurs photos de famille, datées de 1905 et 1908, où figure Emile et notamment l’une d’entre elles dans laquelle il est à son chevalet. Il ajoutait dans son envoi un extrait du journal « Je sais tout » du 15 avril 1908 qui représente la photo d’ Emile Chamard-Bois.

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Deux pastels de Léontine Chamard-Bois

bicyclette et pendant trois ans le couple circula ainsi, ou en train bien sûr. D’après Léontine le premier voyage en bicyclette, quelques jours après la fin de la guerre, les conduisit en Belgique via Bouillon, Waterloo, Bruxelles puis retour à Sedan où le Général Hotz était en garnison. Grâce aux carnets d’esquisses retrouvés dans l’atelier d’Emile et chez Oswald, on sait que le couple se rendit ensuite à Grenoble et à Glion Caux en septembre 1919, et en septembre et octobre 1920 à Pau, à l’Hôtel Gassion, où furent peintes quelques aquarelles de qualité puis à Donzenac et à Chinon. En 1920, Emile et Léontine quittèrent la région parisienne et s’installèrent d’abord à Luzancy, près de La Ferté-sous-Jouarre, chez une tante d’Emile, Madame Leroy. C’est à Luzancy que furent peintes les premières œuvres un peu importantes d’Emile. Sa première exposition eut lieu au Salon de l’Ecole Française, en janvier 1921 : trois tableaux de lui étaient exposés. Puis sur les conseils des frères Hardelet, industriels à La Ferté-sous-Jouarre, le Général Hotz acheta en 1922 une propriété située 30, rue de Condé à La Ferté et qui comprenait une belle maison XIIIe siècle où s’installèrent en 1923 le Général Hotz et sa femme, Madame Chamard-Bois mère, Emile et Léontine, et au bout d’un petit jardin, un bâtiment annexe qui fut transformé en atelier pour Emile. Léontine, avec son tact personnel, sut faire cohabiter pendant quelques années ses parents et sa belle-mère. Les voisins disaient : « Ah ! cette maison sera bientôt à nouveau en vente… !!! » Sa belle-mère décéda en 1927 et son père, le Général, en 1933.

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Alors commença une période qui dura d’abord 24 ans, du printemps 1923 jusqu’à la mort d’Emile au printemps 1947, puis de nouveau 17 ans jusqu’au départ de Léontine en maison de retraite en 1964. Émile s’était mis à peindre sérieusement. Léontine raconte une anecdote typique des débuts. Téléphone à sa mère : « Nous sommes à Meaux et nous ne rentrerons pas ce soir. Il y a une belle lumière sur le Canal… Nous coucherons dans une auberge et reviendrons demain matin… ». Meaux se trouve à vingt kilomètres de La Ferté-sous-Jouarre, une heure à bicyclette avec la côte de Saint-Jean. Elle raconte encore : « On traînait sur les routes. On n’avait ni jour, ni heure… Quelquefois Emile s’arrêtait brusquement à un détour de route et disait « C’est bien, restons là » sans même connaître le nom de l’endroit, et faisait un croquis. On vivait sous l’émotion du paysage ». Le seul problème de forme pour Emile était de supprimer un arbre par ci, d’en rajouter un par là. Au fond il n’a jamais été abîmé par l’école. Son école, c’était son instinct à lui et son goût à elle.

Léontine a exécuté de très nombreuses esquisses des paysages que peindra plus tard Emile. A gauche : Le Mans octobre 1935 ; Emile a peut-être participé à cette esquisse. A droite : Ambrières 1937.

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Les peintures « bleu et rose » suivant l’appellation de Léontine Chamard-Bois ; les nombreuses peintures de paysages de la Brie mais aussi de la Sarthe et d’autres régions. La plupart de ces peintures dont un certain nombre ont été exposées sont des œuvres sensibles qui ont fait commenter par un critique du journal Le Temps sur le Salon des Artistes Français en mai 1934 : « Une vallée de la Marne dont la changeante atmosphère et la grâce pittoresque et molle ont été interprétées avec une subtile fermeté par Chamard-Bois ». Les peintures des « années Bourdon » (19351940) qui, tout en restant sensibles aux paysages représentés, sont plus libres et plus fermes. Un grand nombre des tableaux vendus n’ont malheureusement pas été retrouvés mais l’on peut penser, en examinant ceux qui sont connus, que les œuvres de cette période sont probablement les plus importantes du peintre. Les œuvres du temps de guerre. À l’exception d’un voyage dans la Sarthe en 1942, Emile Chamard-Bois reste confiné dans son atelier. Il retouche des œuvres anciennes et peint sur des supports de fortune : ardoise, fibro-ciment, contre-plaqué, carton, des tableaux reprenant des motifs déjà traités. Léontine disait : « Faute de moyens, il aurait même peint avec de la confiture ». L’exécution des œuvres est le plus souvent sombre, parfois à dominante brunâtre, certaines presque monochromes, d’autres quasiment abstraites. Certaines sont d’ailleurs tout à fait intéressantes.

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D’une façon générale, il traçait une esquisse du motif qu’il voulait peindre en annotant parfois les couleurs à utiliser. Léontine exécutait souvent de son côté une autre esquisse du même sujet puis Emile rentrait à l’atelier et se mettait à peindre. Dans trois des cahiers qui ont été retrouvés, une soixantaine d’esquisses (aquarelles ou dessins) sont d’une qualité assez remarquable, ce sont parfois même de petits chefs-d’œuvre. En fait, la clef d’interprétation de sa peinture tout au long de son œuvre est que coexistaient en lui, à toutes les périodes de sa vie, deux éléments contraires et complémentaires que le déchiffrage de ses carnets d’esquisse permet d’apercevoir. D’un côté, Chamard-Bois était passif et contemplatif, sensible aux impressions que dégageaient les motifs qu’il traitait : les rivières, les arbres, les plaines, les villages au loin, mais aussi les nuages, les espaces ensoleillés, les lumières du soir ou même la pluie. Il savait « voir » la nature et la faire voir. D’un autre côté sa peinture pouvait être volontaire et ferme. Les contours des sujets, toujours bien mis en page, étaient alors cernés de façon nette dans beaucoup de toiles. C’est bien ce jeu entre sensibilité et force qui constitue le fil conducteur de la peinture de Chamard-Bois. Dans presque toutes les toiles prédomine l’importance accordée aux ciels traités comme des motifs concrets.

Dans ses aquarelles aussi, les ciels de Chamard-Bois sont la tonique de ses œuvres.

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Les premières œuvres Emile Chamard-Bois et Léontine Hotz se sont mariés le 22 juillet 1918. A partir de cette date et dès qu’Emile a été démobilisé, le couple qui n’avait pas d’enfant, ils avaient l’un et l’autre quarante ans, ne vécut plus que par la peinture et pour la peinture. Emile avait certes quelque peu peint avant la guerre – une photo de famille de 1908 le montre devant son chevalet – mais les œuvres de cette époque, sans doute peu nombreuses et probablement élémentaires n’ont pas été retrouvées, à l’exception de deux petites toiles signées « E. Bois » retrouvées dans le fond d’atelier Bourdon et qui pourraient avoir été peintes avant 1914. Léontine, quant à elle, avait reçu en atelier une véritable formation d’aquarelliste et de peintre. Oswald Hotz de Baar, son neveu, a récupéré un certain nombre de ses tableaux et un grand nombre d’esquisses et d’aquarelles diverses. Léontine décida que si elle avait du métier c’est bien Emile qui avait un véritable tempérament d’artiste et que c’est lui qui devait entreprendre une activité de peinture de paysage, elle-même ne faisant que l’assister de ses conseils et de ses ébauches. Emile se met donc à l’œuvre à partir de 1919–1920. Le couple s’installe d’abord à Luzancy puis à La Ferté-sous-Jouarre, situées sur la Marne à une dizaine de kilomètres l’une de l’autre. Ce sont les paysages de la Brie qu’Emile peint tout d’abord. Les motifs traités sont la campagne, parfois les villages, le plus souvent bien campés sur la toile. La peinture reste très classique et modeste. Toutefois les tableaux comme H 341, Paysage aux environs de la Ferté-sous-Jouarre présentés à l’Exposition de Meaux sont très travaillés sans autre objectif pictural que de décrire. Les ciels qui sont si souvent travaillés dans les œuvres ultérieures ne sont pas spécialement mis en valeur. La plupart des tableaux de cette période sont classiques avec, pour les meilleurs d’entre eux, H 36 Les grands moulins de Corbeil, un travail de juxtaposition subtile de couleurs de valeurs proches. Dans plusieurs toiles, on retrouve la structure chère à Chamard-Bois : un chemin, un arbre, une maison sous un ciel resté classique. Beaucoup de tableaux peints pendant cette période n’ont pas été retrouvés, qu’ils aient été donnés par le peintre, par exemple à l’occasion d’un mariage, ou vendus. Plusieurs ont été exposés.

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H 15 - Bords de Marne Ă Luzancy 1920 (12 P)

H 18 - Ussy 1920 (10 P) 54


H 22 - Route dans la Campagne (carton) 1920 (2 F)

H 28 - Meules près de Luzancy 1923 (2 F) 55


La période « Bleu et Rose » La seconde période de Chamard-Bois que Léontine a qualifié de « bleu et rose » débute à la fin des années 1920 sans que l’on puisse établir une ligne de partage avec la période précédente. Elle se poursuit jusqu’au milieu des années 1930 au moment où Chamard-Bois est pris sous contrat par la Galerie Bourdon.

Pendant cette période le peintre privilégie effectivement les couleurs « douces » pour représenter les paysages. L’archétype de cette manière étant H 93 Maisons dans la Brie ou seul un très petit nombre de couleurs est utilisé sur un panneau vernis rendant merveilleusement un paysage très simple et des ciels tourmentés. Pendant cette période, Chamard-Bois expose beaucoup, souvent dans des petites expositions locales, à Lagny par exemple mais aussi au Salon des Artistes Français, au Salon des Indépendants et au Cercle Volney. En 1929 une exposition personnelle se tient à la Galerie Pleyel à Paris. En 1933, Emile reçoit la Médaille d’Argent de la Ville de Paris attribuée par la Société Arts, Sciences et Lettres.

Chamard-Bois propose toujours les paysages de la Brie mais il traite également les motifs de la Sarthe, de Bretagne et de Normandie. En 1933, Emile est frappé d’une embolie à la jambe qui le tient alité plusieurs semaines. Convalescent, Emile entre dans ce que Léontine appelle sa « période noire » . Certaines toiles sont effectivement très sombres notamment celles qui traitent de paysages bretons ou sarthois. On peut considérer que cette période s’achève par une petite toile tout à fait remarquable, H 176 Vue sur la Seine, de 1934 que Chamard-Bois donne au médecin qui l’a soigné, le Docteur Michon, en lui disant « je vous donne ce tableau ; c’est ce que j’ai fait de mieux jusqu’ici ». Sur cette toile marquée par de grandes griffes en noir et par une plaque ocre appliquée au couteau la liberté d’expression prime sur l’attention au motif. Il est remarquable que Chamard-Bois ait attribué une telle importance à cette œuvre. Elle préfigure les œuvres ultérieures.

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H 74 - « L’œuf dur » à Saint Cyr 1929 (10P)

H 88 - Chamigny 8/1930 (6P) 80


H 66 - Mourette-sur-Morin 1929 (30F)

H 68 - Le canal Ă Claye (tachĂŠ) 1929 (30F) 81


H 135 - Le port de Honfleur 8/1932 (25F)

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H 137 - L’embarquement de La Bouille 8/1932 (30F)

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Les années Bourdon 1935-1940 Pendant les 5 ou 6 années à partir de 1935 où il travaille sous contrat avec la Galerie Bourdon, Chamard-Bois exécute les toiles sans doute les plus achevées de sa production. Pourtant, pendant cette période, la remarque du visiteur de l’Exposition 2009, au Musée Bossuet à Meaux, reste exacte : « …Tant son style est varié en fonction de ses humeurs ». Certaines toiles sont brossées à la hâte, les motifs sont campés de façon précise, soulignés de traits noirs. Plusieurs tableaux de fermes près de La Ferté-Bernard sont de ce genre. A d’autres moments, Chamard-Bois utilise les couleurs de façon transparente. Un critique du Salon des Indépendants de 1938 écrit : « Chamard-Bois, peintre résolument clair, peint à l’huile pour obtenir des effets transparents d’aquarelle ». (H 210 Gandelu ou les toiles peintes à Chancelade). A d’autres moments, Chamard-Bois retravaille les toiles de façon à obtenir des dégradés subtils : H 239 Ambrières ou H 265 La Lieutenance à Honfleur, toile sur laquelle Chamard-Bois a rarement autant travaillé les ciels. D’autres toiles enfin sont plus classiques et renouent avec le style des deux premières périodes telle H 216 Mareuil-sur-Ourcq. Deux toiles de 1939 traitant du même sujet : Le vieux bassin à Honfleur sont tellement dissemblables qu’on pourrait les croire de deux peintres différents. H 294 traitée comme une esquisse et H 295 peinte à grands traits fermes et bien campés. Deux toiles représentant Montigny-l’Allier dont les ciels sont traités comme des motifs sont très remarquables (H 218 et H 219) de même que certaines exécutions de la Marne près de La Ferté (H 147). Comment ne pas citer également les trois exécutions du Mans (H 190, H191 et H 192) traitant du même motif avec des couleurs très différentes. Un dénominateur commun à toutes ces « humeurs » du peintre : la qualité des ciels de presque toutes les toiles.

Une partie importante de la production de Chamard-Bois pendant toute cette période – les tableaux vendus par la Galerie Bourdon – reste malheureusement inconnue. Leur découverte serait particulièrement intéressante. Même si, pendant les périodes précédentes, ChamardBois a peint des œuvres remarquables (H 151 Crouttes ou H 148 Au-dessus de la Gambière) même si pendant la période suivante Chamard-Bois a réalisé aussi quelques chefs-d'œuvre, on peut penser que c’est pendant la période Bourdon, sans doute stimulée par la Galerie, que la production artistique de Chamard-Bois a été la plus constante.

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A 104 Le café de la gare à Bagnole de l’Orne Esquisse pour H181

H 182 - La lieutenance et le vieux bassin à Honfleur 9/1934 (15 F) 108


H 266 - La Lieutenance à Honfleur (carton) 7/1938 (3F)

H 268 - La Lieutenance à Honfleur (2ème version) 7/1938 (12F) 109


H 310 B창timent de ferme dans la Sarthe 1942 (12F)

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H 302 - Maisons à La Ferté-sous-Jouarre (2ème version) (8 F)

H 336 - La Marne derrière le pâtis de Condé à la Ferté 7/1945 (12 F) 136


H 330 - Maisons et arbre Ă La FertĂŠ 1943 (8 F)

H 324 - Etude sur des maisons le long de la Marne 1943 (3 F) 137


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Pastel de Léontine non retrouvé

H 264 - Bellefontaine 1938 (12 F)

H 16 - La maison de pêche et la Marne à Luzancy 1920 (8 F) Actuellement en Grande-Bretagne

H 267 La Lieutenance à Honfleur, tableau non retrouvé

H 77 Le Petit Morin à Vanry 1929 (15 F), tableau volé H 83 Bords de Marne sous la pluie 1930 (10 F)

Le tableau original était plus grand, il a été recadré

Tableau de Léontine Chamard-Bois

H 246 En promenade à Chancelade 1937 (15 F)

Non identifié

H 141 Gien 1932 (4 F) non retrouvé

H 140 Gien 1932 (4 F)


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H 156 - La Marne à La Ferté-sous-Jouarre fin 1932 (8 F)

H 69 non retrouvé

Tableau de Léontine Chamard-Bois «La dentellière» non retrouvé

H 66 - Mourette-sur-Morin 1929 (30 F), actuellement en Grande-Bretagne

L’atelier retrouvé

Pastel de Léontine, l’original à été redécoupé actuellement en Grande-Bretagne

Copie du tableau de Gentileschi, l’original est au Louvre

H 90 - Meaux (inachevé) 1930 (25 P) non retrouvé


Le prix de souscription est de 30 euros (en franco de port)

Merci de nous adresser votre commande en cliquant sur ce lien : claude.egnell@gmail.com

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