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10 - 17 février 2016
ACCORD DU 6 FÉVRIER POUR TROUVER UNE SOLUTION À LA CRISE
Haïti sous la menace d’un coup d’État parlementaire La Cour de cassation écartée… Une épée de Damoclès judiciaire sur sa tête, Privert se bat pour la présidence provisoire…
L'ex-président haiẗ ien René Préval (à gauche), le bienfaiteur de Jocelerme Privert, Cholzer Chancy, président de la Chambre des députés (au centre) et Jocelerme Privert, son successeur constitutionnelle- la veille de quitter définitivement Par Léo Joseph ment élu, Michel Martelly laisse la le Palais national, avec les deux nation à la dérive. Car loin de trou- présidents du Parlement, à toutes Ayant été acculé à laisser le pou- ver la formule idéale pour assurer les chances de déclencher un tsuvoir, le 7 février, sans passer la bonne gouvernance et la stabili- nami politique. Car, non seulel’écharpe présidentielle autour de té politique, l’accord qu’il a signé, ment les forces de la rue sont écar-
DANS LE CADRE DE L’AFFAIRE DU BATEAU D’ACRA
Le dossier Marc Antoine Acra remis à un juge d’instruction
D’autres personnes prévenues subissent des interrogatoires Par Léo Joseph
L’affaire désormais identifiée sous le vocable « le bateau d’Acra » impliquant le vaisseau battant pavillon panaméen ayant débarqué des dizaines des centaines de tonnes de cocaïne au Terminal Varreux, se trouve en phase d’instruction. Au moins deux des individus, dont les noms ont été liés à cette importante cargaison de drogue, ont des séances d’interrogation pour leur rôle présumé dans cette opération, qui allait rapporter des centaines de millions de dollars de profits. L’instruction se poursuit et il faut reconnaître que, plusieurs mois après l’arrivée du Manzanares au port, la justice haïtienne a mobilisé ses ressources pour déterminer les responsabilités des hommes d’affaires à l’origine de l’importation d’une si grande quantité de ces marchandes interdites, et dont l’ultime destination était les États-Unis et le Canada. Haïti-Observateur a appris,
d’une source proche du système judiciaire haïtien, que le juge Berge O. Surpris a été désigné
Marc Antoine Acra. pour assurer l’instruction du cas de Marc Antoine Acra, celui qui avait été identifié comme l’importateur des 660 tonnes de sucre que
transportait le Mansanares. Ces informateurs ont précisé que le prévenu aurait eu déjà plusieurs séances d’interrogatoire, après qu’il eut tenté, par personnes interposées, d’éloigner le magistrat instructeur des responsabilités qui lui ont été confiées dans ce dossier. Selon des témoignages émanés de sources crédibles, des «offres indécentes » auraient été faites au juge dont on n’a pu évaluer la capacité de résistance. On laisse croire que des rappels à l’ordre auraient été dirigés en direction du magistrat qui se serait trouvé très mal pris face aux pressions dont il était l’objet. On pense que les hésitations qu’auraient affichées Me Surpris, dans le cadre des dossiers d’hommes d’affaires impliqués dans l’affaire du bateau d’Acra, ont été dissipées, non seulement par des supérieurs dans la hiérarchie du système judiciaire, mais aussi par des Suite en page 2
tées du processus d’élection du chef de l’exécutif et de l’infrastructure administrative du pays, Jocelerme Privert, appuyé par de gros intérêts financiers, se bat du bec et des ongles pour se faire installer au Palais national. Surtout qu’après avoir tenté de se faire «consacrer » président d’Haïti par le président sortant, il redouble d’effort pour que se concrétisent ses ambitions.
Privert voulait se faire donner l’investiture présidentielle par Martelly En effet, dans l’optique des signataires de l’accord du 6 février, il
s’agit d’un blanc seing donné aux leaders du Parlement, dont la légitimité n’est toujours pas décidée, afin de se partager les attributions du pouvoir exécutif, en commençant par la présidence. Puisque dès les premiers moments des négociations qui devaient aboutir à cette entente, Jocelerme président, récemment élu président du Sénat, voulait se faire passer autour l’écharpe présidentiel par le président sortant. Dans sa jugeote, un tel geste l’aurait mis en position de revendiquer la présidence; ou bien de mener un combat à cette fin qui Suite en page 3
GRAND BANDITISME ET INSÉCURITÉ EN HAÏTI Un chef de gang proche d’Aristide, Amaral Duclona, rejugé en France
L'ex-président haiẗ ien Jean-Bertrand Aristide et Amaral Duclona au tribunal, en République dominicaine, en 2013. Un chef de gang de Cité Soleil du chef d’entreprise Claude Berproche de l’ex-président Jean- nard Lauture, en 2004, à Port-auBertrand Aristide, qui avait été Prince, après que la victime eut jugé et condamnée à 25 ans de été enlevée, puis séquestrée contre réclusion, pour enlèvement, sé- rançon. M. Lauture était assassiné questration et meurtre d’un entre- avant que la rançon demandée, preneur français d’origine haïtien- soit USD 100 mille $, ait été verne, est rejugé en appel, à partir de sée. Suite à son procès, en mai lundi (8 février). Son second pro2014, Duclona, que l’avocat gécès doit durer une semaine. Amaral Duclona, alias Ber- néral avait qualifié de « chef de thone Jolicœur, a été jugé l’année Suite en page 15 dernière, à Paris, pour le meurtre
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DANS LE CADRE DE L’AFFAIRE DU BATEAU D’ACRA Le dossier Marc Antoine Acra remis à un juge d’instruction D’autres personnes prévenues subissent des interrogatoires
Suite de la page 1 représentants de pays étrangers directement concernés par cette forte cargaison de drogue. Rappelons que le Mansanares transportait une cargaison de 660 tonnes de sucre, en provenance de Colombie; le nom de Marc Antoine Acra figurait sur le manifeste. Une enquête menée par Haïti-Observateur auprès des autorités policières et des agents fédéraux de la Drug Enforcement Administration (DEA), la brigade fédérale antidrogue, au début de l’année dernière, avait établi que la commande de sucre avait été lancé par M. Acra pour le compte de la société NABATCO, compagnie qui appartient à la maison Acra. Entre-temps, des membres de la DCPJ arrivés au Terminal Varreux, où avait mouillé le bateau panaméen, accompagnées d’agents fédéraux, avaient pu découvrir que des sachets de cocaïne, d’héroïne et de marijuana étaient dissimulés parmi les sacs de sucre. Autrement dit, le Mansanares avait à son bord une « cargaison mixte » de sucre et de stupéfiants. Des informations précises rapportées par des membres des brigades déployées au Terminal Varreux, aux fins de perquisitionner le bateau, ont permis de savoir que des hommes d’affaires, qui étaient parties pre-
nantes de cette commande, notamment Reynold Deeb, avait eu le temps d’enlever une partie des stupéfiants qui auraient été transportée ailleurs et placée probablement dans des dépôts appartenant à Deeb. Ces révélations, qui ont été faites par un débardeur du Terminal Varreux arrêté par les policiers haïtiens, étaient corroborées par des visites in loco effectuées par les forces de l’ordre à des installations appartenant aux hommes d’affaires participant à l’importation de la cargaison de drogue. On affirme également que le débardeur appréhendé avait déclaré que son « patron », en l’occurrence Bernard Mevs, était au courant que des habitués du port avaient pu emporter des sachets de cocaïne extraits du Mansanares.
Des interrogatoires en cascade On rapporte, dans les milieux proches des agents fédéraux déployés en Haïti, et qui travaillent de concert avec la Police haïtienne, mais surtout avec la Direction générale de la police judiciaire (DCPJ), que les autorités judiciaires haïtiennes ont été confrontées à des homologues américains qui critiquaient les lenteurs de la justice haïtienne eu égard aux dossiers des trafiquants
de drogue. Car, faisant traîner en longueur les cas qui ont été remis à des juges d’instruction, les personnes accusées dans le cadre de l’affaire du bateau d’Acra réussissent à s’esquiver, voire même à tourner en ridicule les officiels chargés de l’application des lois. Mais, il semble que les choses aient changé récemment. C’est pourquoi, affirme-t-on dans les milieux proches du Tribunal de première instance de Port-au-Prince, que le juge Surpris a eu jusqu’ici plusieurs séances d’audition de Marc Antoine Acra. L’intéressé s’est entendu interroger de long en large sur son rôle dans l’affaire du Mansanares, allant, dit-on, jusqu’à évoquer le degré de participation d’autres hommes d’affaires mentionnés comme ayant collaboré à l’importation de la marchandise interdite. On affirme, par ailleurs, que Bernard Mevs a été soumis à deux séances d’interrogatoire musclé par Me Surpris, qui a réussi à le «désorienter », au point, apprend-on, qu’il en était sorti «livide ». Bien que les autorités judiciaires haïtiennes soient avares d’informations relatives au bateau d’Acra, l’interroga-
toire de ces deux hommes impliqués dans l’affaire du Mansanares autorise à croire que le juge Berge Surpris est chargé de l’instruction de tout le dossier du bateau d’Acra. Autant donc dire, d’autres intéressés, en sus de Marc Antoine Acra et de Bernard Mevs, dont il a la responsabilité d’instruire le dossier. On présume, suite aux informations fournis par des agents fédéraux que, plus d’une dizaine d’hommes d’affaires proches de l’ex-président Martelly seraient associés à l’affaire du bateau panaméen. On laisse croire qu’après
cette longue période d’accalmie, le cheminement du dossier du bateau d’Acra fait l’objet d’une attention spéciale de la part des responsables de la justice américaine, qui sont directement concernés dans cette affaire. Qu’il soit dit, en passant que, pour avoir mené, en tandem avec les agents de la DCPJ, l’opération de fouille du Mansanares, qui a duré plus de trois semaines, les responsables fédéraux dans la lutte contre la drogue surveillent de près toutes les activités relatives à l’affaire du bateau d’Acra.
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ACCORD DU 6 FÉVRIER POUR TROUVER UNE SOLUTION À LA CRISE
Haïti sous la menace d’un coup d’État parlementaire
La Cour de cassation écartée… Une épée de Damoclès judiciaire sur sa tête, Privert se bat pour la présidence provisoire… Suite de la page 1
serait grassement financé par des hommes d’affaires, comme le Dr. Réginald Boulos, qui pensent pouvoir tirer leurs marrons du feu. Des sources proches des négociations pré-7 févriers entre Martellyet les chefs de fil du Parlement ont révélé que Privert avait fait la proposition à Martelly de lui donner l’ « investiture présidentielle » après avoir prononcé son discours d’adieu à la nation devant l’Assemblée nationale. Ces mêmes informateurs ont indiqué que la proposition du président du Sénat a été repoussée grâce à l’intervention de la première dame sortante, Sophia Saint-Rémy Martelly. D’aucuns pensent que
Michel Martelly n’aura aucun effet positif sur le problème, sinon qu’à prolonger la crise. Les 23 sénateurs et 86 députés présents à l’Assemblée nationale convoquée pour la signature du document, fait l’objet d’intenses démarches par Privert et ses alliés. Mais celui n’a cure des secteurs, notamment le G8 et ses alliés, qui considèrent cet accord un « coup d’État parlementaire ». Sur ces entrefaites, les candidats de l’opposition G8 et les autres groupes de l’opposition engagés dans la lutte contre les élections frauduleuses de 2015, ont émis un communiqué en date du 8 février dans lequel ils réitèrent sa propre proposition de sortie de crise qui doit passer « la Cour de cassation » tout en dénonçant « la campagne injuste et injustifiée
lement qu’en cas de réussite du coup d’État parlementaire, on laisse croire que le député Jerry Tardieu est proposé comme Premier ministre. Ceux qui ont conduit cet accord tripartite sur les fonds baptismaux n’ont perdu une seule minute à l’accréditer officiellement. Après avoir été salué par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), c’est le tour de Michaëlle Jean, secrétaire générale de la francophonie, de féliciter le document. Entre-temps, les membres du comité bicaméral destiné à examiner les documents des candidats à la présidence provisoire ont été choisis et installés à la cloche de bois. Il s’agit de : sont les Carl Murat Cantave, Nenel Cassy, Ricard Pierre, Jean-Marie Salomon jr, et Jean-Baptiste Bien-Aimé, pour le Sénat; aussi Hermano Exinor, Peter Castin Constantin, Patrick Norzéus, Vickerson Garnier, Annouce Jean-Bernard, Caleb Desrameaux, Price Cyprien, Enel Apolon et Wilaire Jean, pour la Chambre des députés. On laisse croire que les commissaires sont déjà à pied d’œuvre, histoire de déterminer les procédés d’inscriptions.
Jocelerme Privert en campagne pour la présidence provisoire Dr. Rony Gilot, secrétaire général du Sénat. Jocelerme Privert estimait une telle proposition opportune, car offrant à Sweeet Mickey une bonne occasion pour se défaire d’Evans Paul (K-Plim) dont il voulait avoir la satisfaction de se défaire avant de rendre son tablier, le 7 février. On prétend que Martelly était très remonté contre son Premier ministre de facto l’accusant d’avoir œuvré pour faire échec à son projet d’élire Jovenel Moïse comme président pour le remplacer.
Privert mène une campagne tous azimuts au Parlement
Après sa proposition initiale à Martels pour lui passer l’écharpe présidentielle, le sénateur des Nippes n’y va pas de main morte dans la promotion de sa propre candidature à la présidence provisoire du pays. Avec l’appui de ses puissants alliés dans le monde des affaires ajouté à l’influence de ses contacts politiques à l’intérieur et en dehors des institutions étatiques, Jocelerme Privert se lance en pleine campagne pour accéder au Palais nationale. On sait que l’accord du 6 février, mis en place en vue de trouver une solution à la crise politique délibérément provoquée par
menée contre le pouvoir judiciaire par les partisans du coup d’État parlementaire et les serviteurs de l’international ».
Un tête-à-tête entre l’Exécutif et le Législatif
Dans le cadre des négociations qui se sont déroulées entre Michel Martelly et le leadership du Parlement, en l’occurrence le sénateur Jocelerme Privert et le député Cholzer Chancy le pouvoir judiciaire est laissé de côté. L’accord du 6 février constitue une entorse flagrante de la Constitution, qui reconnaît l’existence des trois pouvoirs, est le résultat d’un têteà-tête entre l’Exécutif et le Législatif. Selon une note de presse datée du 8 février signée du Dr Rony Gilot, secrétaire général du Sénat de la République, et Jelaime Pierre, secrétaire général de la Chambre des députés, la Commission chargée d’examiner les pièces des candidats à la présidence provisoire est déjà formée. Une personnalité proche de deux parlementaires a révélé que les deux Chambres se préparent à rafler les ministères, les postes de directeurs généraux ainsi que ceux de directeurs des entreprises autonomes de l’État. On prétend éga-
Le sénateur Jocelerme Privert ne laisse rien au hasard. Voulant à tout prix accéder à la présidence provisoire, il met toutes les chances de son côté. Aussi déploie-t-il les grands moyens pour parvenir à ses fins. Des sources proches du Parlement ont fait savoir qu’il a déjà fait des promesses de sommes d’argent mirobolantes à 19 sénateurs et 56 députés pour avoir leurs votes. On apprend que les fonds destinés à récompenser ces parlementaires pour leurs votes proviennent d’un montant de 200 millions de gourdes destinées à la construction de la route Thomassique-Hinche. Ces travaux n’ayant été effectués, une partie a été accaparée par le trio Ann-Valérie Milfort, Gregory Mayard-Paul et le sénateur Roumer. Ce détournement de fonds publics a été dénoncé par l’avocat Reynold Georges, lors d’une émission sur la radio ScoopFM. Les ambitions de Privert déclenchent un débat constitutionnel Propulsé dans ce débat politique intense autour de l’élection du président provisoire pour assurer la gestion des affaires courantes jusqu’à l’élection du successeur de Michel Martelly, le sénateur Jocelerme Privert lance un débat
constitutionnel. Il risque aussi de raviver une affaire grave qui le hantait et qui restait en veilleuse pendant qu’il jouissait d’immunité parlementaire en tant que sénateur de la République. Il s’agit du mas-
Dr. Réginald Boulos réputé faiseur de roi. sacre de La Scierie, aux Gonaïves, dont il avait été imputée la responsabilité en tant que dernier ministre de l’Intérieur de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, en janvier 2004. En effet, d’abord, le fait d’écarter le président de la Cour de cassation du processus d’élection du président provisoire soulève une question constitutionnelle d’envergure. Pour plusieurs rai-
dent pour un nouveau mandat de cinq (5) ans a lieu quarante-cinq (45) jours au moins et quatrevingt-dix (90) jours au plus après l’ouverture de la vacance, conformément à la Constitution et à la Loi électorale ». Ensuite, il faut se rappeler que la Constitution amendée présentée par le président Préval, le 13 mai 2011, ne peut servir de référence, car elle est frauduleuse et n’a jamais été écrite en créole, comme l’exige la Constitution. Quasiment tous les juristes, notamment les constitutionnalistes sont unanimes à conclure que seule la Constitution de 1987 doit servir de référence. Du même coup, les spécialistes en droit constitutionnel arguent que c’est le président de la Cour de cassation qui doit diriger l’État, en cas de vacance présidentielle.
L’impasse constitutionnelle créée délibérément par Martelly
Tout comme Michel Martelly a tout fait pour repousser la date de la tenue des élections au point qu’on est arrivé à cette crise, en dépit des mille et avertissements
Me Jules Cantave, président de la Cour de cassation. sons. À noter que, selon l’article 149 de la Constitution de 1987, qui doit être prise comme modèle, c’est le président de la Cour de cassation qui doit assumer le pouvoir, en cas de vacance présidentielle. L’article 149 stipule que : « En cas de vacance de la présidence de la République pour quelque cause que ce soit, le président de la Cour de cassation de la République ou, à son défaut, le vice-président de cette Cour ou à défaut de celui-ci, le juge le plus ancien et ainsi de suite, par ordre d’ancienneté, est investi provisoirement de la fonction de président de la République par l’Assemblée nationale dûment convoquée par le Premier ministre. Le scrutin pour l’élection du nouveau prési-
qui ont été lancés, il n’a ménagé aucun effort pour rendre la Cour de cassation inopérante. Aussi a-til refusé de combler les vacances constatées dans cette institution durant son mandat. Dans ce cas qui concerne la nation, aujourd’hui, c’est le juge Jules Cantave qui doit remplir la fonction de président provisoire. Élu pour dix ans, en 2005, il a été nommé président de la Cour de cassation pour une période de trois ans, le 9 mars 2015. M. Cantave, qui est également président du Conseil supérieur du pouvoir judicaire (CSPJ), était le vice-président de la Cour de cassation et a remplacé Anel Alexis Joseph, qui avait démissionné en janvier Suite en page 15
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DÉVELOPPEMENT PERSONNEL
Qui n’a pas besoin d’amour ? Par Rosie Bourget « La vie et l’amour sont deux loisirs que nous possédons, mais que nous ne savons pas exploiter», dit Jérôme Humbert. Personne ne peut vivre sans amour, à moins que cela soit un choix. Voici un extrait de la bible : L’apôtre Paul a écrit : « Je pourrais distribuer tous mes biens aux affamés et même livrer mon
Rosie Bourget. corps aux flammes, si je n’ai pas d’amour, cela ne me sert à rien ». Le sens de la vie de l’homme sur terre est celui qui le porte vers autrui, vers les autres humains, espèce unique à laquelle il appartient et avec laquelle il doit collaborer pour un progrès, une amélioration des conditions de vie, un souci du bien-être de ceux qui font partie de sa sphère relationnelle. Il est solidaire de ses proches dont il est le gardien, le responsable devant Dieu, et est invité à mettre à leur disposition toutes ses richesses, capacités, compétences et qualités pour entretenir la terre sur laquelle il habite et pour produire la paix et le bonheur. Le capital d’amour qu’il a reçu au cours de sa vie humaine et dans sa vie spirituelle doit être partagé avec tous ceux que Dieu place sur sa route, quels qu’ils soient. Par ailleurs, parmi la hiérarchie des besoins de Maslow se trouve les besoins d’appartenance et d’amour. Que ce soit l’amour de ses parents, son/sa copain/copine ou encore celui qu’on se porte à soimême, ce sentiment est une composante essentielle de la vie. La première histoire d’amour que connaît chaque être humain est celle qu’il vit avec ses parents, particulièrement sa mère, ce qu’on appelle en anglais « bonding » (formation de liens maternels), puis les personnes de son entourage. L’attachement des parents à leur enfant, et réciproquement celui de l’enfant à ses parents est ce qui va permettre à chacun de grandir et de construire les bases de sa vie d’adulte. Celles-ci peuvent être plus ou moins solides, en fonction de la qualité des premières relations parents/enfants; mais ce qui est certain, c’est que tout au long de la vie, on va chercher à retrouver, dans ses relations amoureuses, mais aussi amicales, ces premiers ressentis d’amour. A cela se pose une question importante. Pourquoi l’amour prend autant de place dans notre vie ? C’est clair, parce qu’il est source de vie et de plaisir. L’amour est un partage, on se saurait donner ce que l’on n’a pas. La pyramide de Maslow est l’un des modèles de la motivation les plus enseignés, notamment en formation au management. Cette hiérarchisation peut varier d’un individu à l’autre, en
fonction de son mode de vie, de sa culture et de ses motivations. En intégrant la notion de « Soft factors » (culture d’entreprise, éthique...) on modifie la hiérarchie des besoins par une meilleure prise en compte individuelle limitant la résistance aux changements et favorisant la motivation. D’autres auteurs se sont penchés sur les besoins humains, notamment Frederick Herzberg, qui a défini les besoins d’Adam et d’Abraham. L’étude des enfants sauvages a aussi permis d’avancer dans les constatations qui caractérisent les besoins des êtres vivants, notamment les animaux sociaux et l’homo sapiens. À la lumière de ces constatations et de ces réflexions, on s’aperçoit que, loin de décrédibiliser la théorie de Maslow, elles la confirment : qui pourrait affirmer que les besoins vitaux ne sont pas hiérarchisés ? La plus élémentaire des observations expérimentales montre que le besoin de respirer est prioritaire par rapport au besoin de boire, puis de manger; quelques minutes d’arrêt respiratoire suffisent à tuer un être vivant (du moins un humain), alors qu’il peut vivre plusieurs jours sans boire et plusieurs semaines sans manger. Le monde dans lequel nous vivons entretient l’illusion que nous avons besoin de toutes sortes de biens pour être heureux et qu’il suffit de « briller » pour se faire bien voir et aimer des autres : tout est fondé sur l’apparence, sur l’image sociale. Malheureusement, cette course à la performance, à rentabilité, à la richesse aboutit au « chacun pour soi », à l’individualisme et à l’égocentrisme, en fait à « faire mieux », « avoir plus », à « être au top ». Même l’amour est subordonné à ces paramètres, ce qui fait qu’autrui n’est plus un vis-à-vis, un égal, une pair, mais un objet de consommation, servant à satisfaire une exigence d’amour et pouvant « être jeté » dès qu’il cesse de plaire. L’amour reçu et transmis ou donné, authentique et désintéressé, est gratuit et inconditionnel. Il ne dépend pas de ce que fait ou ne fait pas l’être humain, de ce qu’il produit ou pas ou de ses ressources, l’amour existe avec la personne humaine qui en est le canal. C’est le potentiel de tout être humain qui ne demande qu’à se développer, à s’épanouir au contact des autres qu’il recherche
à cette fin. Donner de l’amour n’est-ce pas la mission de chaque croyant; aimer son prochain comme soi-même n’est-ce pas la vocation de tous ceux qui ont reçu la grâce de Dieu pour euxmêmes ? L’amour véritable implique une dynamique qui exige des efforts, des sacrifices, mais dont les fruits sont inestimables. En allant vers autrui, on se décentre de soi; peu à peu s’estompent les limites de l’égoïsme, s’ouvre la cage de la suffisance, s’abolit l’orgueil de croire qu’on peut se passer des autres ou qu’on peut les utiliser comme des copies conformes de soi, servant à mettre en valeur sa propre image. L’élan vers l’autre a toujours une récompense, car l’autre ne reste jamais indifférent au don d’amour; il y répond généralement, même si ce n’est pas là où on l’attend, ni de la manière qu’on espère, ni forcément en quantité débordante à la mesure de ce qui a pu être donné. Donc donner son amour de façon désintéressée, ou plutôt partager l’amour reçu sans attendre un retour immédiat ni de là où il a été donné est la seule manière de sortir de la solitude et de s’attacher à autrui. De la sorte, il sera possible d’établir avec lui (ou elle) une relation durable, riche de tous les échanges et porteuse d’espérances pour le plus grand bénéfice moral (expérience sensible), affectif (épreuve intérieure), mental (satisfaction intellectuelle) et même physique (une bonne santé) de ceux qui le génèrent. Cessez de jouer avec les sentiments des autres. L’amour est don de soi; et désirer être en relation implique la disposition à donner de sa personne, d’abord, puis de recevoir ce que l’autre veut et peut donner de lui-même, en toute liberté. Il est vital pour l’être humain de se sentir aimé, mais aussi de pouvoir utiliser sa capacité d’aimer qui le désigne comme faisant partie de l’humanité créée à l’image de Dieu, source de tout amour. Chacun de nous recherche la même chose : amour, respect et plaisir. Seulement, la route n’est pas la même pour tous. Mais nonobstant notre bonne volonté, les maladresses sont trop souvent au rendezvous. r_bourget@yahoo.com MTS (Maîtrise en Travail social)
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Quand la farce et la mascarade bafouent la souveraineté nationale d’Haïti Par Yves Saint-Gérard Le 7 février 2016 le mandat du « président » Martelly s’achève de manière invraisemblable, comme son élection, en 2011, qui a été une farce cyniquement orchestrée par les cinquièmes colonnes haïtiennes sous supervisions des puissances tutrices. Michel Martelly aurait, selon son entourage, fait un choix simple entre quatre éventualités : soit « la table rase impliquant une longue transition allant jusqu’à la révision de la Constitution » ; soit « le maintien du gouvernement en fonction en vue d’assumer l’exécutif et de compléter le CEP pour poursuivre le processus électoral » ; soit « la transmission du pouvoir au président de l’Assemblée nationale » ; soit « le recours à la tradition en confiant la présidence provisoire au président de la Cour de cassation ». Néanmoins, enfermé dans sa paralogique, il n’avait pas vraiment le choix, puisqu’il devait se soumettre à la solution des puissances tutrices comme lorsqu’il avait dictatorialement fixé le second tour des élections présidentielles, ou se laisser renverser par la rue qui l’avait mis en échec le 22 janvier dernier, aux élections du 24 janvier. Le président sortant s’est expliqué à quelques heures de la fin de son mandat. D’abord, il prétend que « cela n’a pas été facile mais, comme il l’avait dit, il n’aurait pas laissé ce pays au 7 février aller vers l’incertitude, donc on a travaillé sans relâche, ces trois dernières semaines ». En réalité, il tente plutôt de maquiller sa cuisante défaite. En effet, il n’avait aucune possibilité de rester plus longtemps au pouvoir, comme il l’avait promis avec arrogance. Son départ laisserait dans l’incertitude complète seulement si l’opposition politique et la société civile sont incapables de proposer une solution cohérente. De toute façon, Michel Martelly a du toupet quand il prétend avoir créé les conditions d’une sortie du flou alors, qu’il est le principal artisan de cette situation chaotique. Manifestement, on se rendra compte que tous ceux qui ont tout intérêt au maintien du statu quo ante ont une même approche que la secrétaire générale de la francophonie puisque Michaëlle Jean
exhorte « tous les acteurs haïtiens à maintenir cette dynamique de dialogue et de consensus ». Paradoxalement, ces prétendus acteurs haïtiens ne sont qu’un trio composé de Michel Martelly et des présidents des deux chambres du Parlement qui ont osé trouver cette mascarade d’accord qui, selon les propos de Michel Martelly, serait un consensus « dans une ambiance de frères ». Il s’agit d’un accord apparent qui n’a rien solutionné, puisque le président du Sénat a lui-même déclaré qu’il allait tenir « dimanche matin une séance en Assemblée nationale pour prendre acte de la fin du mandat du président Martelly et demander au Premier ministre et au gouvernement de rester en poste pour liquider les affaires courantes ». On peut remarquer que, comme par hasard, « l’élection du président intérimaire n’aurait lieu que plus tard », donc pas le 7 février 2016. C’est un véritable jeu de dupe qui prouve qu’il n’y a eu aucun consensus national et qu’il s’agissait plutôt d’un accord virtuel. D’ailleurs, les mots utilisés n’ont pas toujours la même signification dans le discours des uns et des autres, puisque le président du Sénat préfère parler de proposition de calendrier en disant qu’il « appartient au Conseil électoral d’établir un calendrier électoral » dans un contexte particulier. De toute évidence, il faut être d’une naïveté déconcertante pour faire confiance à cet accord virtuel, puisque Ronald Sanders, chef de la mission spéciale de l’Organisation des États américains (OEA), a dit qu’il était heureux « que l’ensemble des acteurs se soient engagés en faveur de la démocratie, la paix et la stabilité dans ce contexte de vide constitutionnel créé par l’absence d’un président élu pour remplacer M. Martelly ». Tous ces comédiens, haïtiens ou étrangers, parlent et agissent pour Haïti sans scrupule, car nous ne voyons aucune démarche légitime de ces trois individus sans mandat de l’opposition et de la société civile quand on fait allusion à cet ensemble des acteurs... Sans nul doute, ils ont pris l’ensemble des Haïtiens pour des zombis, parce que « la situation en Haïti est exceptionnelle et elle requérait une solution exceptionnelle », qui serait plutôt un état de
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fait dans une ambiance magique purement rocambolesque. L’ex-président Martelly cache mal sa déception quand il affirme que « malgré cet accord il faudra rester vigilant parce qu’il faudra prendre en compte le fait que certains ne se retrouveront pas dans cet accord. Pour ça, il demande aux responsables de faire tous leurs efforts pour tenir Haïti dans la stabilité ». Toutefois, nous n’allons pas perdre notre temps à scruter toutes les idioties et les contradictions de cet homme qui pense que « certains » représentent les principaux acteurs qu’il a sciemment négligés pendant toutes ses forfaitures. Le président intérimaire serait « élu » par le Parlement qui n’a pourtant aucune légitimité dans cette « situation exceptionnelle ». Étonnamment, Michel Martelly « demande aux différents protagonistes, ceux qui utilisent la violence particulièrement, de comprendre qu’à chaque fois qu’il y a de la violence, Haïti fait un pas en arrière », alors qu’il a lui-même alimenté la violence, soit directement avec ses partisans en action, soit indirectement en soutenant des élections frauduleuses au profit de ses seuls amis. Globalement, Michel Martelly et les puissances tutrices n’ont rien géré, puisque le groupe des huit (G8) n’a pas approuvé cet accord et il existe aussi un accord pour la recherche d’une solution haïtienne de sortie de crise sous l’auspice de l’archevêque de Port-auPrince, Mgr Guirre Foulard. Il s’agit de la tentative la plus adéquate, dans la mesure où cette recherche de solution est signée par des représentants des diverses associations, institutions, organisations, partis politiques, groupements de partis politiques et candidats aux différents postes électifs, à travers tout le pays. Si l’on compare les principales propositions de cette opposition qui plaide en faveur d’un gouvernement de transition, on retiendra surtout les points suivants : la recherche d’une solution négociée à la crise politique avec les secteurs de la vie nationale ; la désignation d’un président issu de la Cour de cassation, lequel choisira un Premier ministre de consensus tiré de l’opposition politique en concertation avec les secteurs de la vie nationale ; la formation du gouvernement de transition en concertation avec les secteurs politiques et de la société civile avec la préoccupation d’égalité entre les femmes et les hommes et mise en place d’un Conseil devant jouer le rôle de vigile pour la population. L’opposition, toutes tendances confondues, devrait pouvoir donner du sens à cette sortie de crise, puisque ses propositions prévoient une « Commission d’enquête et de vérification électorale indépendante (CEVEI) en vue d’évaluer le processus électoral dans son intégralité et la sincérité du scrutin du 9 août et du 25 octobre 2015, identifier les coupables et faire engager les poursuites légales ». Contrairement au prétendu accord de facto de Martelly and co, qui veut donner l’impression que rien ne s’était passé, la démarche de l’opposition commence par le commencement, c’est-à-dire,
poursuivre une évaluation électorale pour mettre en évidence les soubassements d’une situation explosive. Dans un second temps, l’opposition voit la nécessité « d’instituer un nouveau système électoral souverain, fiable et transparent qui permettra de rapatrier les élections en tant que acte souverain de la nation ». Selon nous, cette démarche rejoint nos réflexions en faveur de la démocratie en Haïti, car il faudrait créer à tout prix un État de droit pour des Haïtiens privés de tout, y compris de leur citoyenneté et de leur droit à l’auto-détermination. Tout cela suppose des acteurs lucides et honnêtes capables de respecter leur parole donnée. De toute manière, la transition terminée, il faudrait que les prochains gouvernements haïtiens assument aussi bien le financement que l’organisation des élections à venir. Il leur faut aussi proposer un mode électoral véritablement fonctionnel et adapté d’abord aux réalités socioculturelles des Haïtiens. Sur ce point, nous pensons qu’une réflexion approfondie sur les élections à la proportionnelle serait, sans nul doute, nécessaire et, si un consensus se dégageait, il faudrait tenter le scrutin proportionnel qui est le mode électoral le plus représentatif. Finalement, nous ne sommes pas de ceux qui veulent le maintien d’un CEP qui rend le processus électoral très onéreux pour un résultat négligeable, voire catastrophique. À ce sujet, le ministère de l’Intérieur et les diverses mairies du pays pourraient aisément se charger de la tenue des diverses élections en ayant recours à des délégués électoraux assermentés et assistés des représentants des candidats en compétition dans chaque bureau de vote. Néanmoins, on aurait tort de penser que les élections sont la problématique essentielle dans l’un des pays les plus pauvres du globe, car ce gouvernement de transition devrait pouvoir donner priorité aux urgences nationales, comme celles antérieurement inventoriées par le secteur démocratique, en février 1986, sans avoir pu concrétiser le changement tant souhaité. En « prenant toutes les mesures nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents de la population », le gouvernement de transition n’aurait de sens seulement si sa survie était d’une durée suffisante et si chacun des acteurs s’engageait courageusement et honnêtement pour enfin relever ensemble le défi haïtien. Dans ce contexte, un changement de mentalité s’impose, mais il ne se fera pas de manière spontanée. Étape par étape, les nouveaux dirigeants doivent tout faire pour créer cet homme nouveau, parce que changer les Haïtiens par eux et pour eux-
mêmes est une nécessité possible si les principaux acteurs « œuvrent pour la mise sur pied d’une commission chargée de réaliser un audit actuariel des institutions étatiques » en vue « de garantir le bon fonctionnement des institutions et des structures étatiques ». Il ne s’agit pas de gérer la précarité et la pauvreté sans assumer ses responsabilités, car nous souhaitons que les entités signataires de ce document « encouragent la poursuite de la mobilisation populaire et s’engagent à maintenir leur concertation pour évaluer ensemble l’évolution de la situation politique et converger leurs actions dans le sens des intérêts du pays et de la population en général ». Il est grand temps que les Haïtiens fassent cohabiter « leurs égoïsmes instinctuels individuels » avec « les égoïsmes instinctuels collectifs » de leur nation. Sans nul doute, une autocritique des hommes politiques (sans flagellation) permettrait à chacun d’assumer ses erreurs et de prendre une bonne résolution en vue du respect de la parole donnée et des institutions. Les signataires de cet accord doivent tout faire pour assainir le contexte sociopolitique et socioculturel en œuvrant pour un véritable État de droit qui jugerait tous ceux qui ont été à l’origine des dérives qui ont donné lieu à cette impasse électorale. Il faudrait sans nul doute organiser un grand débat politique pour juger le duvaliérisme et permettre aux Haïtiens de prendre conscience des dérives politiques et humaines qu’entraîne cet arbitraire socioculturel institutionnalisé, de Papa Doc à nos jours. Quant à la révision de la constitution, elle s’impose et c’est uniquement un gouvernement de transition qui peut la faire avec une certaine objectivité consensuelle. Comme on le voit, l’accord virtuel de quatre pages du trio, composé de l’ex-président Martelly et des présidents des deux chambres, n’a aucun sens. C’est simplement une mise en scène pour la sortie de l’artiste dévoyé sous la supervision des puissances tutrices. Pour parodier les proverbes du terroir, disons que Michel Martelly a fouetté l’eau pour en faire sortir du beurre, parce qu’il pensait que les Haïtiens prenaient les crottes de poules pour des œufs !!! La pensée rétrograde haïtienne constitue l’obstacle le plus redoutable à l’émancipation du pays et les prochains dirigeants ne peuvent pas faire l’économie d’une révolution culturelle en profondeur pour que chaque Haïtien mette un terme à sa lutte du chacun contre tous (sauf l’étranger!!!). Le commencement d’un changement suppose une prise de conscience en vue d’une libération individuelle des hommes et femmes du pays.
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Haïti-observateur
Kreyòl
VERITE SOU TANBOU :
Pèp ayisyen konnen, li wè, li pale verite
Ayiti avan tout bagay POTOPRENS, Ayiti – Semenn sa a, nou te fè yon ti kout pye nan peyi Dayiti pou n te vin fe sansasyon. Malerezman, nou pa t gen chans pou n te pran opinyon paske atmosfè a te chofe. Nou te eseye pran kèk opinyon ajoute ak kèk pwezi sou peyi nou pou n fè viv ekri kèk konpatriyòt e opinyon lòt yo tou. Men kòm nou gen anpil konpatriyòt k ap preche respè, nou jije li nesesè pour n reprann pwezi a sitou pou yon sè ki rele Sonya k ap fè yon pelerinaj avèk li. N ap pati konsa : Sonya te fè nou konnen ke « Politik se yon vèmin ki vle neye tout moun ki ladann, paske lè ti bèt sa a pike politisyen an, li pèdi tèt li nan fè sa l pa t sipoze fè. Pa gen anyen serye nan touye yon pwochen pou nenpòt kòz, alevwa pou kòz politik ki se yon mouvman tanporè. Lidè politik yo mechan pou y ap voye touye lòt. Non, se pa posib pou vagabon yo ap aji konsa, kòm si lòt yo k ap viv la pa gen dwa pa yo tou. Mwen kwè fòk tout moun ta konnen kote dwa pa yo fini, pou dwa pa lòt la kòmanse san remò e san plon gaye. Lavi a se yon repetisyon e nou tout dwe respekte tèt epi respekte lòt yo tou. Kòm mwen te di nou deja ke se yon pelerinaj m ap fè ak pwezi sa a ki byen plase pou moman sa a, m ap kontinye mande : « Respè Se Ayisyen ou ye, frè mwen Ou dwe renmen peyi w Sispann pale peyi w mal, sè mwen Pa mete tèt ou ansanm avèk lòt yo pou kraze l Respè se yon dwa sakre… Pinga janm tounen yon Neron egri pou frè w Tankou anpil vagabon, foli pouvwa, Ki pa janm travay pou yo fè yon fondasyon solid, Pou soulaje soufrans ak doulè pèp la, E menm pou yo ta ede peyi n ki nan touman Nan yon tèt chaje ki reyèlman pa gen parèy
Pinga fè tankou yo pou twouble lapè piblik Fè tout sa w konnen pou pa trayi konpatriyòt ou... Pa renmen lòt peyi plis ke pa w la. Ayiti, pa lòt bagay, peyi w e peyi zansèt yo Evite denigre peyi w nan nenpòt sikonstans Pinga jamè dezonore peyi w, pitit gason mwen Ou menm, pitit fi mwen, respekte konpatriyòt ou Pa janm avili yo avèk vye mo ki p ap itil ou anyen Gade nan glas, wa rive wè yo tout se pòtre w
Pinga janm kite remò pran ou pou di tenten Peyi w, bèl ou lèd, nan tout sans dwe toujou bèl Se verite sou tanbou ki dwe rete nan ou menm. Pa janm avili yo avèk vye mo ki p ap itil ou anyen Gade nan glas, wa rive wè yo tout se pòtrè w Pinga janm kite remò pran ou pou di tenten Peyi w, bèl ou lèd, nan tout sans dwe toujou bèl Se verite sou tanbou ki dwe rete nan ou menm.. Pa janm bliye lòt yo ki se frè ak sè w nan ekzitans ou Ou dwe renmen yo tout tankou ou renmen tèt ou Pa janm kite etranje ensilte peyi w nan tout sans
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Ou p ap janm grandi e rive pi lwen si w ap kraze lòt yo Gen yon pakèt ki fini tankou yon kreyon nan egoyis yo Yo tout pa sensè nan demach yo kòm panzouyis fini Atansyon, pitit mwen yo, pran anpil prekosyon Pou nou pa ateri ak tout boulin nan kalfou tenten… » Tandiske Idalya ajoute nan ti pawoli a : Nou dwe fè travay la pou n sa ede manman nou ki nan touman. Jodi a nou dwe fè yon sèl nan yon kolaborasyon imedyat, sètadi nan yon ijans detèmine pou nou tout kapab di nan yon sèl vwa : Ayiti pa gen dwa peri Ayiti cheri nou, Fanm sa a ki renmen lanmou Tout bèl bagay nan vi a Twouve l nan anbara. Yo vire l e yo tounen li Kòm si l se yon toupi Yo maltrete l nan tout sans Jiskaske l pèdi konnesans Tèlman li te toudi, Yo te menm panse l mouri Yo te mete l nan asyèt fayans Pou l te sa gen degoutans Yo te voye l anlè pou l kraze Men li tonbe avèk asyèt la sou 2 pye l. Madanm sa a pa gen chans
Malgre l nan yon gwo soufrans. Zansèt yo te delivre li Pou tribilasyon l te fini. Men grimas yo te dechèpiye l nèt Tèlman yo se yon bann malonnèt. Yon bann enkonsyan san fwa, ni lwa Ki gen bon jan foli pouvwa Yo tout pa konnen sa k rele jesyon Alevwa pou yo ta jwenn solisyon. Yo pito bay tout vye manti Nan pale fò pou fè gwo bri. Yo tout pa renmen wè bèl bagay Piske yo tout se patizan piyay. Pou yo se wete kò w, pou m mete pa m Yo pi fò nan fè dezòd ak vakam. Ayiti toujou gen bon pitit ki renmen li E ki reyèlman p ap kite l peri. Nou te fè ti rechèch pa nou nan maniskri nou gen sou plas pou n te kapab pote kèk pwezi ki reyèlman fè anpil sans : Peyi nou pèdi tout fyète li e nou menm pèp, ki te fè listwa, pa rive konprann mèvèy sa a. Nou konnen gen anpil san konsyans nan sen nou k ap travay pou enterè pèsonèl yo e pou ede fanmi ak zanmi yo ranmase gwo mago nan tout move tranzaksyon. Yo tout se malonnèt ak kale tèt ki pa janm vle wè bèl bagay. Li nòmal pou y ap viv jan yo vle, sètadi nan liks kote y ap byen mennen e lòt yo ap trennen san oken espwa pou yon soulajman. Pèp ayisyen gen memwa kout e li pa janm sonje moun ki te pase yo nan betiz. Se yon pèp nayif ki lese fè oubyen lese ale twòp ki lakòz yo rive kounye a nan kafou tenten. Nou pa fouti kontinye ap viv nan tenten sa a, paske nou se yon pèp ki gen ideal e ki kapab kontinye ap fè mèvèy si nou te pran tout zèv zansèt nou yo oserye pou nou te aplike yo yon fason pou nou te nan ran pisans ki ekziste jodi a yo. Nou prefere ap viv nan zizani, nan tout tenten, nan chen manje chen, nan kritike, nan rayisman, nan jalouzi, nan ipokrizi, nan enjistis, nan rayisman, nan tout sa k pa bon pou desann peyi nou nan yon pozisyon kritik. Se yon sèl bagay peyi a bezwen nan men tout pitit li pou li reprann kap li. Nou pa bezwen etranje fè pou nou ni ap pase
kwi nou pasi-pala pou yo lonje ban nou e pou yo refize nou tou. Ayiti se yon peyi tankou tout lòt peyi ki dwe devlope tankou anpil lòt yo ki fè pwogrè, paske pitit li yo konsyan e yo konn valè yo kòm pèp. Fòk nou pa bliye ke peyi Etazini te pran lendepandans li nan lane 1776 e ke peyi Dayi li menm te rive fè kou pa li nan lane 1804. Sa vle di Ayiti vin yon peyi chè met chè mètrès 28 lane aprè Etazini. Kòm se fè ke peyi Etazini fè yon efò ekstraòdinè e ke peyi Dayiti desann pi fon nan yon twou kowonpi k ap dekonpoze tout moun. Nou gen anpil moun ki kapab travay pou mete peyi a sou 2 pye li. Men anpil vagabon abiye mete bwa nan wou li pou n pa reyalize anyen. Sepandan, nou kwè si te gen konsyans nasyonal pou fè bagay yo chanje, nou te kapab fè anpil bèl bagay. Peyi Dayiti, ki toujou rich natirèlman nan sa li posede, men dirijan nou yo depi byen lontan pa janm pran konsyans pou yo fè kichòy pou ede peyi a. Se pou pèp ayisyen pran konsyans tou pou li sispann viv nan fanatik ki pa janm rapòte li anyen. Si yo te fanatik nan fè tout sa ki bon pou Ayiti, nou panse li t ap yon bon bagay olye fanatik yon dirijan tèt chat ki pa prepare pou pran responsabilite destine peyi a avèk lòt yo. Se poutèt rezon sa a nou kwè ke pwezi sa a byen tonbe : « konsyans » : « Konsyans, konsyans ! Ki kote nou prale, Ki kote n’ap rive, Ki kote yo vle nou ale. Gen maladi, Pa gen remèt, Ka nou nan ti gòdèt. Dirijan nou yo Pa janm pran konsyans Pou yo travay pou pèp la. Men pou enterè pèsonèl yo. Pèp la ap pase mizè San manje, pye atè Lòt yo ap pran plezi San yo pa travay di Y ap pran woulib Piske se yo sèl ki lib. Peyi Dayiti nan agoni Men li pa gen dwa peri. An nou pran konsyans ». Selya : Sa fè m plezi anpil pou m wè detèminasyon nou nan moman krisyal kote dirijan peyi lakay se yon bann koken.Mwen mande pou nou tout mete zòrèy nou an twonpèt, tankou lang lakay la di a, pou nou kapab tande tout sa m pral di la a : « Nou pa dwe rete ap dòmi Peyi Dayiti angaje Li nan wout pou l trepase Mwen ta mechan si m ta mande Ki jan nou te pran libète Kòm si dire zansèt nou yo Pat fè anyen pou monte yo wo Yo te kase chenn nan pye n Se kòm si m wè sa anbete n Yo te mande n pou n fè linyon Nou menm nou vle met dezinyon Yo te di :Linyon fè lafòs” Pou sa ta fèt, fò ou se bòs. Kouman ou vle pou kòmande Lè w pa konnen menm jèbèdè Zafèk gade w si w gen lajan Mwen pa kwè nan foure men pran Mwen pa janm wè w nan Bisantnè Mwen pa fouti di w se volè Eskize m si dlo frèt la mouye w Pou pa di m se bon souflantchou Mwen ta renmen ede w wè klè Pou biskèt ou pa fè zègrè. Gen sa ki vle fè lapè reye Gen sa ki vle late tranble Anyen pa p janm kapab anrèg Depi nan Ginen, Nèg kont Nèg Si nou tout keyi yon gren lanmou Mete l tranpe pou jis li jou Tout mount a kontan bwè ti gout Lè yo pare pou pran lawout Lanmou ta jèmen nan kè yo Yo ta va renmen pwochen yo Si nou panse ak sa dabò Nou kapab vin fè bon akò Pa bezwen janbe lantouray Pou n tonbe fè kont deblozay
Pou nou rezoud pwoblèm lakay Pandan mas pèp la ap pase tray Pi gran pwoblèm ki ka genyen Youn ki pa pran lòt pou anyen Paske mwen fèt nan Pòtoprens Mwen pa vle wè ti Nèg pwovens Divizyon sa a, se nou k kreye l Mwen di : “ Li lè pou nou jete l” Tout moun se moun, tout moun pa menm Devan Bondye kòz nou se menm Se pa 10 an, se pa 20 tan Se pa batiman blan mannan 208 tan ke nou tou pral genyen Depi n ap viv kon zarenyen Nou pa monte, nou pa desann N ap plede pise nan kabann Se pa mete nat nan solèy Pou pinèz kapab fè mèvèy Leve dèyè n, ba l 2 tap Pou vye tab nou ka jwenn yon nap Gade ! Tout moun egal ego Nou tout kouvri ak menm drapo ». Ayiti se peyi nou tout Nou gen yon pakèt porèt ki pote yon pakèt mesaj pou nou ke nou te dwe pran an konsiderasyon. Men nou neglije pwòp kilti nou ki te kapab fè nou reyisi nan demach nou. « Ayiti cheri Mwen te fèt nan youn bèl peyi Ke nou tout rele Ayiti Ki te ba lòt yo direksyon Pou yo te jwenn bon solisyon. Peyi ke mwen renmen anpil Ki gen youn klima trè trankil. Ayiti se peyi pa nou, Peyi kote ki gen bon lanmou, Kèlkeswa ki kote w soti Fòk ou tonbe damou pou li. Se kote tout moun fè yon sèl Yo pa tolere etensèl, Politik gate peyi nou. Kriz, divizyon kale chak jou Pou lòt nasyon ka lonje dwèt Kòm si nou se youn bann vye jwèt Ki pa kapab itil anyen Pou yo pase nou nan tenten. Peyi a gen pou l demare Pou tout mantalite chanje Pou devlopman an bay rannman Nan youn kokenn rasanbleman Ayiti ap reprann figi l Nan tout pwovens ak nan lavil ». Ki kote nou prale e n vle ale nan chire pit sa a ki tounen yon maleng e k ap travay pou l vin yon java. Chak minit, yon lidè politik ap pale de pèp lè yo devan yon gwoup byen detèmine. Anpil konpatriyòt di yo bezwen peyi yo ki gen yon bon klima. Ban mwen Ayiti cheri m « Jodi a si nou tout vivan Sè ke nou tout gen yon manman. Fanm gen kouraj pase mizè Ki pa gen chans pou l viv anpè. Yo eksplwate l, yo imilye l Yo drive l, yo dechèpiye l Eseye mete l toutouni Yon bèl fason pou l avili ! Sou do l yo mare gwo konplo Pou li sa tonbe vip sou do. Men, tout sa lòm di pou rive Se pa sa Bondye li menm vle. Yo mèt sote, yo mèt ponpe Ayiti te mèt fin pliye Li pa gen dwa jamè kase. Li se yon wozo byen sele An nou leve kanpe tout bon Pou n rive chase tout denmon. Peyi nou bon jan okipe Ann fè jefò pou n rasanble ! Nou pa p rete tankou zonbi Lè a rive pou nou redi Nou pa pitimi san gadò Se mèt kò ki dwe veye kò ». Nou pa fouti konprann demagoji k ap fèt nan peyi a pou nou ka p fè noub pèdi prestij nou kòm yon nasyon. Lide pou nou mete tèt nou ansanm pou n fè linyon pa vle jenmen nan sen nou pou n rive fè yon diferans.
Nou tout koupab Pa gen nou youn ki kapab di Ke nou pa santi nou koupab !
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LE COIN DE L’HISTOIRE Il y a trente ans, tombait le régime duvaliériste… Par Charles Dupuy Le 28 novembre 1985, alors qu’une foule de Gonaïviens protestait contre la vie chère et la rareté de l’essence, trois élèves de l’école Immaculée Conception, Jean-Robert Cius, Daniel Ismaël et Michel Mackenson étaient abattus de sang-froid par des policiers. Cet incident allait provoquer des agitations de masse que l’on peut considérer comme le début de la fin du régime duvaliériste. Durant des semaines, la ville des Gonaïves vivra dans le chaos des tumultes séditieux et de la contestation populaire. Malgré la gravité de ces événements, ils se déroulaient bien trop loin de la capitale et, comme bien on pense, ne pouvaient suffire à renverser le gouvernement. Comme Radio-Soleil insistait un peu trop sur le mouvement de contestation qui prévalait dans le Nord, le ministre de l’Intérieur, Jean-Marie Chanoine, ordonna sa fermeture le 5 décembre 1985. Le clergé désapprouve cet acte arbitraire et fait circuler des tracts réclamant le soutien de la population aux émeutiers des Gonaïves. Le 24 décembre 1985, l’archevêque de Port-au-Prince, Mgr Ligondé, cousin germain d’Aurore Ligondé, la mère de Michèle Bennett, la première dame de la République, prononce un sermon dans lequel il fait un plaidoyer pour la liberté et la justice tout en dénonçant les mensonges et la servitude. C’est presque une déclaration de guerre au pouvoir en place. Le 30 décembre, dans une atmo-
sphère de fin de règne, Jean-Claude expédiait ses quatre super-ministres à des postes d’ambassadeur et composait un nouveau cabinet où l’on retrouvait Alix Cinéas aux Travaux publics, Frantz Flambert aux Finances, Georges Salomon aux Affaires étrangères et l’ancien général Pierre Merceron au ministère de l’Intérieur. Au cours de la même semaine, dans la cathédrale du Cap-Haïtien, des fidèles isolés poussaient des cris séditieux pendant la messe et, tôt dans la soirée, des émeutiers iront s’attaquer avec des bidons d’essence à un poste de radio de tendance pro-gouvernementale. Ces actes devaient marquer le début des agitations dans la deuxième agglomération en importance au pays où les désordres civils prennent une telle ampleur qu’ils attirent maintenant l’attention des équipes de reporters français, canadiens et américains qui s’abattent sur la ville pour couvrir les événements, diffuser à travers le monde les images de ces grandes foules de manifestants qui envahissent les rues pour crier leur haine de la dictature duvaliériste. Un palier supplémentaire venait d’être franchi dans la contestation contre le régime. Il ne s’agissait plus d’émeutes isolées et sporadiques, mais d’une population révoltée, en dissidence ouverte contre le régime. Ces manifestations hostiles au régime dureront cinq jours entiers, feront trois morts et une trentaine de blessés. Entre-temps, la Radio-Télévision nationale, qui avait interrompu ses émissions en attendant une importante déclaration officielle,
annonçait à la population que, réunis en session extraordinaire, les députés venaient de proclamer l’état de siège et suspendre les garanties constitutionnelles. Le peuple, qui s’attendait plutôt à un communiqué fixant la date du départ de Jean-Claude, en est déconcerté, d’autant plus que ces nouvelles mesures d’intimidation ralentissent pendant un moment la mobilisation populaire. Patrouillées par les léopards, les rues du Cap sont désertes, le commerce de Port-au-Prince n’ouvre déjà plus qu’à moitié lorsqu’une rumeur s’étend voulant que Jean-Claude avait quitté le pays. Des centaines de manifestants s’élancent aussitôt dans les rues de la capitale pour fracasser les devantures des magasins et chanter leur allégresse. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Larry Speakes, venait de confirmer, en effet, que le gouvernement haïtien était bel et bien tombéé que les Duvalier avaient fui le pays et qu’un nouveau gouvernement civilo-militaire assumait désormais le pouvoir. Alors que la contagion révolutionnaire atteignait Port-au-Prince, Jean-Claude allait délivrer une allocution radiotélévisée dans laquelle il dément toutes les fausses rumeurs annonçant son départ, soutient qu’il n’a aucunement l’intention de quitter le pays, qu’il est à la tête d’un gouvernement décidé de résister à la tourmente, d’un gouvernement fermement accroché au pouvoir et, comme l‘indique l’expression populaire, aussi raide que « la queue du macaque ». Avant de retourner au Palais, il échange quelques bonnes poi-
DIPLOMATIE INTERNATIONALE ET SOCIÉTÉ
Berne Reluque sur des traités internationaux financiers Par Dan Albertini
Entre (). Quand je disais que presbyte, l’Économie du droit, n’aurait us en Haïti avec des conditions d’aliénation. En sus, un Parlement affairiste, sans racine. Le droit haïtien n’a préséance en médiation, en négociation. L’exécutif répond d’ailleurs à Lavalas par la même voie : OEA médiatrice. Où est la série des Grands Procès de l’Histoire ? Fin de (). Berne reluque, en effet, la Bundesbank depuis des lunes et
ce, pour plus d’une raison. Il faudrait remonter vers Genève 2006 quand P. Mirabaud, président de l’ABS, réunissait la presse internationale sur l’e-banking. Une faille colossale allait par la suite poindre, la crise UBS. Depuis, les lettres de créances en diplomatie financière helvétique étaient inondées. Nous avions évoqué, la semaine dernière, l’article de Favre-Le Temps : « 2016, année de la normalisation pour la diplomatie financière helvétique ». « Les banques suisses peuvent désormais pro-
A Vendre 2 Proprietés/Terrains Terrain a vendre dans la region de Turgeau a Port-AuPrince, Haiti. Valeur a 60-70 mille de dollars. Negotiabe. 2eme Terrain dans la region de Avenue Christophe, PortAu-Prince. Valeur a 50-60 mille dollars. Si vous etre serieusement interesse, veuillez appeler le numero (718)850-6019. For Sale 2 pieces of Land/Property One piece of land is located in “Turgeau”, Port-Au-Prince, Haiti. Valued at $60-70 thousand dollars. Price is negotiable. Second piece of land located at Avenue Christophe, Valued at $50-60 thousand dollars. If you are seriously interested, please call (718)850-6019. Leave a message when answering message is on.
poser des services financiers en Allemagne et le dialogue est ouvert en ce sens avec la France, l’Italie ou les Pays-Bas ». Pourquoi l’Allemagne ? Elle peut mieux alimenter la Suisse plutôt que le contraire, quand on convoite la gestion de fortune. La Deutsche Bank est clairement un client porte-folio, elle fait gonfler en crédits ce portefeuille international. La Zurich marchand est glouton depuis bien avant le client nazi jusqu’à Duvalier (Haïti). Si Berne lorgne la Bundesbank, pourquoi hésiterait-elle en Haïti, quand Duvalier était dans l’ère de glace soviétique, client privilégié chez la BCG, chez UBS, etc ? Les scandales financiers de la famille Martelly ressemblent, mais au pire, à ceux de Duvalier & consorts. Qui serait donc le représentant sur place ou le dépisteur de fortune de la Suisse, en Haïti ? C’est à la BRH que l’on retrouvera les premiers indices qui feront dans la manipulation de la BNC, au nez même de la Commission sénatoriale sur les affaires économiques. Verra-t-on pleuvoir de petites banques symboliques avec spécialistes suisses en conseil d’opération ? Céant chantera-t-il
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gnées de main à droite et à gauche avec ses amis négociants et aussi avec quelques passants absolument pétrifiés de stupéfaction. Jean-Claude ne s’en tint pas là. Le même jour, en début d’après-midi, il va prononcer un autre discours qui se voulait mieux structuré, plus réfléchi et dans lequel il s’employa à démontrer que les seuls problèmes du pays étaient des problèmes économiques. Reconnaissant qu’Haïti se démarquait par une des plus inéquitables répartitions des richesses qui soit au monde, il prend l’engagement d’arracher le peuple haïtien des griffes de la misère et du sousdéveloppement, promet un plan de restructuration politique d’envergure afin de promouvoir la démocratie citoyenne, les droits humains et la justice sociale. Mais le gouvernement est loin d’avoir partie gagnée. Le 28 janvier 1986, les émeutes reprennent de plus belle au Cap-Haïtien où la foule pille un dépôt d’aliments du CARE et où l’on doit encore déplorer quelques morts par balles. Alors que Jean-Claude dépêchait une délégation de militaires chargée d’évaluer la situation dans cette ville constamment troublée par l’agitation des rues, le député du Cap, le Drr Josué Romain, dénonçait les actes de brutalités irresponsables et la répression sanglante dont ses mandants faisaient l’objet depuis le début du tumulte politique. Le 30 janvier, l’ambassadeur américain, M. Clayton McManaway jr., se rendait au Palais pour discuter des conditions de son départ avec Jean-Claude Duvalier. Les Dominicains ont déjà fermé leur frontière avec Haïti, le Premier ministre de la Jamaïque, M. Edward Seaga, propose ses bons offices pour ménager une sortie honorable au président haïtien.
Maintenant il ne fait plus aucun doute, la chute du gouvernement est imminente. En effet, tandis qu’il prenait l’engagement solennel de ne jamais abandonner le pouvoir, JeanClaude demandait discrètement l’asile politique au Brésil, à la France, à la Grèce, à la Suisse, à l’Espagne, à la Côte-d’Ivoire, au Gabon, au Liberia, au Maroc, ainsi qu’aux Seychelles et aux Comores. Il se trouvait dans une situation absolument intenable et n’avait d’autre choix que l’exil. Arrivé aux affaires adolescent et sans grandes qualifications politiques, Jean-Claude parvenait au terme d’une présidence qui aura la singulière particularité d’avoir été la plus longue du XXe siècle. Le 7 février 1986, vers les deux heures du matin, un avion C141 de la U.S. Air Force atterrissait à l’aéroport de Port-au-Prince qui venait prendre à son bord le président Jean-Claude Duvalier, sa femme, les quatre enfants du couple, ainsi que dix-neuf membres de leur entourage. Au même moment, alors que les tontonsmacoutes accourus au Palais pour défendre le régime dormaient à poings fermés, Jean-Claude enregistrait calmement son discours d’adieu. Aussitôt après, poursuivi par une meute de journalistes et de photographes, il prenait le volant de sa BMW pour se rendre à l’aéroport avec Michèle installée à ses côtés. Deux heures plus tard, lorsque le gros transporteur de l‘Armée de l’air américaine commença à rouler sur la piste pour décoller en rugissant à destination de la France, la longue dictature duvaliériste était enfin terminée. C.D. coindelhistoire@hotmail.com Achetez votre livre Le Coin de l’Histoire en appelant au (514) 862-7185 ou au (450) 444-7185.
pour une Omega, l’actuariat de la BRH est-il résolument outillé ou, silence média? Quel est le modèle de gouvernance de Dubois à la tête de la BRH, quand Berne révise la diplomatie financière helvétique pour calquer de nouveaux produits internationaux ? Entendons-nous, pour gagner de l’argent. Pour rafler clients avares et aveugles. Mais en réalité, qui est Dubois à la tâche de grand trésorier de la République ? Quelles sont ses ambitions, venant de tel horizon ? Si Dubois est invité à Genève par le milieu de la haute finance internationale qui calcule les fluctuations à venir. Relativité : les produits à venir de TIC, qui vont influencer l’e-banking en matière de transition de nouvelles technologies, d’informations privilégiées sur le
milieu des énergies, tenanciers de maisons de cambistes professionnels, de rétention per capita. Quel est son simulateur ? Quand Poutine décidera de changer ou pas, la donne, soit en Ukraine ou ailleurs. Ou encore, sur les tractations Turque-Allemagne-Grèce, face au Brexit. Qui l’en informera au préalable, qui est son aviseur ? Qui voudra déposer ses devises refuges en Haïti pour la garantie-Dubois ? Ce sont là des questions incontournables sur JBD tandis que Castel n’a rien su arranger en quittant. Le portrait serait, entre autres domaines, la situation du CEP, celle de la justice ou de la politique, ou, celle de la diplomatie. Berne bernerat-elle, sans chinoiserie ? dan@danalbertini.info
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SUR LA ROUTE DU CINÉMA
El Cardenal
Par Dan Albertini
Le détour sous la tunique des arts de la scène pour dire en vérité Non-non, je ne suis en confiteor, encore moins en pénitence. Vous ne pourriez donc l’être à plus forte raison. Protestez c’est l’usage, d’autant plus que nous sommes protestants. Protestant catholique, vous n’êtes dans une cathédrale des lumières ou dans l’abbaye des ténèbres. Ni même à Hollywood sur une série TV américaine.
Dan Albertini Nous parlerons néanmoins d’El Cardinal. Un cardinal qui l’est, mais ne l’est pas, a contrario. Cette image est de CaricomTv, c’est la loi du milieu, l’immigration nous traite souvent de « you from the Caribbean », pardonnez l’assimilation du terroir, c’est notre appellation. L’action se
passe en courant insulaire, Mer des Caraïbes. Le cardinal est touché par le syndrome de l’insulaire doublé de celui de l’éloignement. Il se croit don Mauricio des croisades, l’histoire se déroule à Santo Domingo, sans doña Bérangère ni Aliénor d’aquitaine. Quand vous êtes Cardinal, vous possédez un pouvoir hybride dont la saveur politique a été atrophiée par le courant de l’histoire d’Henry VIII. Rome perdait de son poids en faveur de César. L’Église ne s’en est jamais remise au point de subdivisions étalées au nouveau protestantisme. C’est-àdire des nouvelles vocations, en sus de la droiture. Le Cardinal Rodrigues s’en porte mal depuis. Récupérant la douleur de cette rupture qui a vu la naissance des anglicans. Il a décidé de foncer dans la politique insulaire, puisqu’il vit sur une île. Cependant, l’île est bicéphale dont une partie aride du sol et de la pensée parasitaire. Sa fortune, un aspect de l’épiderme qu’il vend au risque de sanctions pénales dans une époque où le Vatican subit de vatileaks en vatileak, des secousses sismiques violentes pour affaires de cardinaux pédophiles. Sa peur change de forme de façon abrupte, on remplace un pape vivant, pap-pape, disait le défunt père Abraham de la ligue protestante lors de son homélie dans une église dominicaine du même ordre, à Mérida. Le message passa et parvint au Cardinal, qui jura de partir en guerre contre les frontaliers. La foi en Dieu est mise à rude épreuve un peu partout. Les pré-
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lats ont abusé de jeunes garçons un ingénieur accrédité. SiMAISON À VENDRE de façon grossière. Ils sont forcés tuée dans une zone trande se croire de cette nature. Le problème a débordé les premiè- Grande maison double à quille, maison basse, spares lignes de dénonciations du cieuse et attrayante répartie froid Canada pour se changer en Santo 19, bâtie sur une pro- sur deux ailes attenantes, vatileak par la faute d’un homme idéale pour deux familles. enfermé dans une ambassade sur Comprend 5 chambres à la ligne de l’Équateur. Ce qui s’est passé à Santo Domingo est devecoucher, 2 salles de bain, 2 nu un risque énorme pour un salles à manger, 2 cuisines, scandale siamois qui ferait un 2 salons et 2 galeries. cardileaks. Le pape décide donc Grande cour avec jarde traduire en procès l’ancien dins, arbres fruitiers, puits, nonce de Santo Domingo. Le procès est déjà une boîte de Pandore, priété clôturée de 25/100, dépendances. Pour infos : car le Cardinal Rodrigues de 509-3430-5909 ou 509Santo Domingo ne pouvait igno- soit _ de carreau. Évaluation formelle par 3264-6957 ou 347-809rer un tel scandale, là sous ses 4502. yeux de représentant de Dieu qui sait tout. Il se cherche désormais une immunité politique d’élu terrestre, pour défier la curiosité des journalistes qui débarquent sur l’île en quête d’éléments croustillants pour un consommateur international. Sa marchandise politique est le terroir au Domingois, ses voies et moyens, la discrimination raciale sur une base de la couleur de l’épiderme, dans la société. Cependant, il commence à ressentir le syndrome de l’insulaire. Il craint désormais pour ses déplacements outremer. Comment résister à la tentation quand on se déclare homme dans son humanité. Genou. Cheviy.Zepol La bataille va prendre une Kou. Epol. Ren. Koud. Bra autre dimension que celle de Wesolowsky, car les complices du Pranye. Janb. kwuis. Hanch... silence peuvent être du même acabit. C’est ainsi que l’on assiste Pou Plase Komand ou depuis à une interférence cardinale dans les affaires de la république insulaire bicéphale. Rodrigues est à découvert, son homonew York ou Montréal (347) logue aussi. Le film n’est plus celui de l’Omerta. Merci d’y croire ! dan@danalbertini.info
Solisyon, 1, 2 ,3
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ACCORD DU 6 FÉVRIER POUR TROUVER UNE SOLUTION À LA CRISE
Haïti sous la menace d’un coup d’État parlementaire
La Cour de cassation écartée… Une épée de Damoclès judiciaire sur sa tête, Privert se bat pour la présidence provisoire… Suite de la page 1
serait grassement financé par des hommes d’affaires, comme le Dr. Réginald Boulos, qui pensent pouvoir tirer leurs marrons du feu. Des sources proches des négociations pré-7 févriers entre Martellyet les chefs de fil du Parlement ont révélé que Privert avait fait la proposition à Martelly de lui donner l’ « investiture présidentielle » après avoir prononcé son discours d’adieu à la nation devant l’Assemblée nationale. Ces mêmes informateurs ont indiqué que la proposition du président du Sénat a été repoussée grâce à l’intervention de la première dame sortante, Sophia Saint-Rémy Martelly. D’aucuns pensent que
Michel Martelly n’aura aucun effet positif sur le problème, sinon qu’à prolonger la crise. Les 23 sénateurs et 86 députés présents à l’Assemblée nationale convoquée pour la signature du document, fait l’objet d’intenses démarches par Privert et ses alliés. Mais celui n’a cure des secteurs, notamment le G8 et ses alliés, qui considèrent cet accord un « coup d’État parlementaire ». Sur ces entrefaites, les candidats de l’opposition G8 et les autres groupes de l’opposition engagés dans la lutte contre les élections frauduleuses de 2015, ont émis un communiqué en date du 8 février dans lequel ils réitèrent sa propre proposition de sortie de crise qui doit passer « la Cour de cassation » tout en dénonçant « la campagne injuste et injustifiée
lement qu’en cas de réussite du coup d’État parlementaire, on laisse croire que le député Jerry Tardieu est proposé comme Premier ministre. Ceux qui ont conduit cet accord tripartite sur les fonds baptismaux n’ont perdu une seule minute à l’accréditer officiellement. Après avoir été salué par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), c’est le tour de Michaëlle Jean, secrétaire générale de la francophonie, de féliciter le document. Entre-temps, les membres du comité bicaméral destiné à examiner les documents des candidats à la présidence provisoire ont été choisis et installés à la cloche de bois. Il s’agit de : sont les Carl Murat Cantave, Nenel Cassy, Ricard Pierre, Jean-Marie Salomon jr, et Jean-Baptiste Bien-Aimé, pour le Sénat; aussi Hermano Exinor, Peter Castin Constantin, Patrick Norzéus, Vickerson Garnier, Annouce Jean-Bernard, Caleb Desrameaux, Price Cyprien, Enel Apolon et Wilaire Jean, pour la Chambre des députés. On laisse croire que les commissaires sont déjà à pied d’œuvre, histoire de déterminer les procédés d’inscriptions.
Jocelerme Privert en campagne pour la présidence provisoire Dr Rony Gilot, secrétaire général du Sénat. Jocelerme Privert estimait une telle proposition opportune, car offrant à Sweeet Mickey une bonne occasion pour se défaire d’Evans Paul (K-Plim) dont il voulait avoir la satisfaction de se défaire avant de rendre son tablier, le 7 février. On prétend que Martelly était très remonté contre son Premier ministre de facto l’accusant d’avoir œuvré pour faire échec à son projet d’élire Jovenel Moïse comme président pour le remplacer.
Privert mène une campagne tous azimuts au Parlement
Après sa proposition initiale à Martels pour lui passer l’écharpe présidentielle, le sénateur des Nippes n’y va pas de main morte dans la promotion de sa propre candidature à la présidence provisoire du pays. Avec l’appui de ses puissants alliés dans le monde des affaires ajouté à l’influence de ses contacts politiques à l’intérieur et en dehors des institutions étatiques, Jocelerme Privert se lance en pleine campagne pour accéder au Palais nationale. On sait que l’accord du 6 février, mis en place en vue de trouver une solution à la crise politique délibérément provoquée par
menée contre le pouvoir judiciaire par les partisans du coup d’État parlementaire et les serviteurs de l’international ».
Un tête-à-tête entre l’Exécutif et le Législatif
Dans le cadre des négociations qui se sont déroulées entre Michel Martelly et le leadership du Parlement, en l’occurrence le sénateur Jocelerme Privert et le député Cholzer Chancy le pouvoir judiciaire est laissé de côté. L’accord du 6 février constitue une entorse flagrante de la Constitution, qui reconnaît l’existence des trois pouvoirs, est le résultat d’un têteà-tête entre l’Exécutif et le Législatif. Selon une note de presse datée du 8 février signée du Dr Rony Gilot, secrétaire général du Sénat de la République, et Jelaime Pierre, secrétaire général de la Chambre des députés, la Commission chargée d’examiner les pièces des candidats à la présidence provisoire est déjà formée. Une personnalité proche de deux parlementaires a révélé que les deux Chambres se préparent à rafler les ministères, les postes de directeurs généraux ainsi que ceux de directeurs des entreprises autonomes de l’État. On prétend éga-
Le sénateur Jocelerme Privert ne laisse rien au hasard. Voulant à tout prix accéder à la présidence provisoire, il met toutes les chances de son côté. Aussi déploie-t-il les grands moyens pour parvenir à ses fins. Des sources proches du Parlement ont fait savoir qu’il a déjà fait des promesses de sommes d’argent mirobolantes à 19 sénateurs et 56 députés pour avoir leurs votes. On apprend que les fonds destinés à récompenser ces parlementaires pour leurs votes proviennent d’un montant de 200 millions de gourdes destinées à la construction de la route Thomassique-Hinche. Ces travaux n’ayant été effectués, une partie a été accaparée par le trio Ann-Valérie Milfort, Gregory Mayard-Paul et le sénateur Roumer. Ce détournement de fonds publics a été dénoncé par l’avocat Reynold Georges, lors d’une émission sur la radio ScoopFM. Les ambitions de Privert déclenchent un débat constitutionnel Propulsé dans ce débat politique intense autour de l’élection du président provisoire pour assurer la gestion des affaires courantes jusqu’à l’élection du successeur de Michel Martelly, le sénateur Jocelerme Privert lance un débat
constitutionnel. Il risque aussi de raviver une affaire grave qui le hantait et qui restait en veilleuse pendant qu’il jouissait d’immunité parlementaire en tant que sénateur de la République. Il s’agit du mas-
Dr. Réginald Boulos réputé faiseur de roi. sacre de La Scierie, aux Gonaïves, dont il avait été imputée la responsabilité en tant que dernier ministre de l’Intérieur de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, en janvier 2004. En effet, d’abord, le fait d’écarter le président de la Cour de cassation du processus d’élection du président provisoire soulève une question constitutionnelle d’envergure. Pour plusieurs rai-
dent pour un nouveau mandat de cinq (5) ans a lieu quarante-cinq (45) jours au moins et quatrevingt-dix (90) jours au plus après l’ouverture de la vacance, conformément à la Constitution et à la Loi électorale ». Ensuite, il faut se rappeler que la Constitution amendée présentée par le président Préval, le 13 mai 2011, ne peut servir de référence, car elle est frauduleuse et n’a jamais été écrite en créole, comme l’exige la Constitution. Quasiment tous les juristes, notamment les constitutionnalistes sont unanimes à conclure que seule la Constitution de 1987 doit servir de référence. Du même coup, les spécialistes en droit constitutionnel arguent que c’est le président de la Cour de cassation qui doit diriger l’État, en cas de vacance présidentielle.
L’impasse constitutionnelle créée délibérément par Martelly
Tout comme Michel Martelly a tout fait pour repousser la date de la tenue des élections au point qu’on est arrivé à cette crise, en dépit des mille et avertissements
Me Jules Cantave, président de la Cour de cassation. sons. À noter que, selon l’article 149 de la Constitution de 1987, qui doit être prise comme modèle, c’est le président de la Cour de cassation qui doit assumer le pouvoir, en cas de vacance présidentielle. L’article 149 stipule que : « En cas de vacance de la présidence de la République pour quelque cause que ce soit, le président de la Cour de cassation de la République ou, à son défaut, le vice-président de cette Cour ou à défaut de celui-ci, le juge le plus ancien et ainsi de suite, par ordre d’ancienneté, est investi provisoirement de la fonction de président de la République par l’Assemblée nationale dûment convoquée par le Premier ministre. Le scrutin pour l’élection du nouveau prési-
qui ont été lancés, il n’a ménagé aucun effort pour rendre la Cour de cassation inopérante. Aussi a-til refusé de combler les vacances constatées dans cette institution durant son mandat. Dans ce cas qui concerne la nation, aujourd’hui, c’est le juge Jules Cantave qui doit remplir la fonction de président provisoire. Élu pour dix ans, en 2005, il a été nommé président de la Cour de cassation pour une période de trois ans, le 9 mars 2015. M. Cantave, qui est également président du Conseil supérieur du pouvoir judicaire (CSPJ), était le vice-président de la Cour de cassation et a remplacé Anel Alexis Joseph, qui avait démissionné en janvier Suite en page 15
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ÉDITORIAL Martelly parti, la crise risque de s’aggraver davantage si les acteurs ne font pas preuve de sagesse
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ontrairement à l’idée accréditée par les mêmes secteurs ayant contribué à plonger le pays dans cette crise selon laquelle Michel Martelly a fini son mandat en beauté, ouvrant la voie à une solution de sortie de crise, Haïti n’est pas encore sorti de l’auberge. À moins que les acteurs restés en place fassent preuve de sagesse, il faut craindre que la situation n’empire et que l’anarchie totale ne se mette de la partie. Car l’accord que Michel Martelly a conclu avec les présidents des deux chambres législatives a l’effet d’un cigare allumé à ses deux extrémités. Loin de rassurer la nation quant à son intention de trouver une issue favorable à la bonne gouvernance du pays, en attendant l’entrée en fonction d’un chef d‘État constitutionnellement élu, l’ex-président Martelly s’est appliqué à multiplier les déclarations et décisions provocatrices visant délibérément à exacerber la crise. Son projet d’imposer à tout prix son poulain Jovenel Moïse pour lui succéder au Palais national l’a acculé à la déraison. Aussi, au fil des jours ayant précédé la date du 7 février, l’échéance de son mandat présidentiel, a-t-il énoncé des prises de position qui portaient plus d’un à croire qu’il avait pété les plombs. En effet, tantôt, Michel Martelly déclarait qu’il devait rester au-delà du 7 février pour assurer la gestion des affaires courantes, aussi pour passer le pouvoir à son successeur. Autre fois il se donnait des arguments juridiques pour soutenir son désir de renvoyer à plus tard la fin de son quinquennat. Mais une chiquenaude de ses supporteurs internationaux donnée secrètement l’a porté à changer d’avis et à donner l’assurance qu’il s’en irait à la date indiquée par la Constitution. Toutefois, dans les 24 heures qui précédaient la date de son départ constitutionnel, Martelly a annoncé la conclusion d’un accord avec les présidents des deux Chambres. Pourtant, les forces qui ont obligé le dernier président haïtien à capituler et à remettre les clés du Palais national sont tenues en dehors des négociations ayant accouché de ce protocole. Car, ni le G8, ni les partis politiques et les instances qui se sont mobilisées en vue de faire échec aux ambitions de M. Martelly n’a pas été partie prenante de la solution de sortie de crise soit disant trouvée. Pourtant, cette même communauté internationale, qui a cautionné les élections frauduleuses de 2015, s’est retrouvée au rendezvous pour applaudir l’accord signé entre Michel Martelly, pour la présidence, et Jocelerme Privert avec Cholzer Chancy, pour le Parlement, écartant le président de la Cour de cassation. On n’a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que l’international a, comme d’habitude, joué un rôle clé dans l’échafaudage de
l’accord Martelly-Privert-Chancy. Car à peine le document signé entre les acteurs, des organisations et personnalités liées à la communauté internationale lui ont décerné un satisfecit. En effet, les États-Unis, par le truchement John Kirby, porte-parole du Département d’État, a émis un communiqué daté du 7 février dans lequel il qualifie l’accord en question de « voie à suivre pour la gouvernance et la tenue des élections en Haïti ». Dans le texte diffusé à cet effet, on peut lire : « Les ÉtatsUnis saluent l’accord signé entre les autorités de l’Exécutif et du Législatif en Haïti pour garantir la continuité de la gouvernance et l’achèvement du processus électoral en cours ». Le porte-parole du Département d’État profite de l’occasion pour féliciter d’autres supporters de l’accord. Au sujet du CORE Group, il écrit : « Soutenant la déclaration publiée par le Core Group le 6 février dernier, nous sommes confiants que “tous les acteurs placeront les intérêts majeurs d’Haïti et de son peuple au-dessus de toutes autres préoccupations ” ». Par la même occasion, il applaudit l’Organisation des États américains, dont la délégation d’observation en Haïti prétendait être venue uniquement pour « écouter » les différents secteurs politiques haïtiens. Le communiqué de Kirby ajoute : « Nous saluons également le rôle constructif qu’a joué la Mission spéciale de l’Organisation des États-américains (OEA), pour encourager un esprit de consensus parmi les parties prenantes haïtiennes ». Une autre organisation internationale reprend le refrain des promoteurs des élections frauduleuses en Haïti. Emboîtant le pas au CORE Group et Co, Michaëlle Jean, secrétaire générale de la francophonie, dans un communiqué diffusé immédiatement après la signature du document, déclare : «Je salue la signature par l’exécutif et le législatif de l’Accord politique en vue de la continuité institutionnelle et la poursuite du processus électoral en Haïti ». Mme Jean, glorifie la signature par l’Exécutif et le Législatif de l’accord politique en vue de la continuité institutionnelle et la poursuite du processus électoral en Haïti. Plus loin dans le même communiqué, elle écrit : « Je salue l’aboutissement du dialogue mené avec volonté qui permet de croire qu’Haïti sortira d’une situation aux conséquences désastreuses pour la population, pour le pays, sa croissance et son développement ». La teneur des différentes interventions faites autour de cet accord sont similaires, laissant l’impression qu’elles émanent d’une décision centrale. Elles ont toutes l’unique caractéristique d’écarter définitivement les entités qui ont mené la lutte contre les dérives électorales de Michel Martelly et du CEP de
Pierre-Louis Opont. En clair donc, la communauté internationale n’a pas tiré les leçons qui s’imposent de cette aventure criminelle, réitérant sa volonté de défendre coûte que coûte l’indéfendable. Sweet Micky parti, les pays dits amis d’Haïti s’embarquent maintenant dans le train du coup d’État parlementaire. Mais le peuple haïtien, uni comme un seul homme derrière le G8, les partis politiques lésés, les organisations de défense des droits hu-
mains et les secteurs démocratiques, a gagné la première manche de la lutte démocratique. Uni il saura vaincre les forces qui se sont liguées pour détourner le vote populaire. Entre-temps, ceux qui se coalisent pour appuyer les forfaitures de Martelly ne font qu’enfoncer Haïti dans une crise encore plus grave. Il reste à souhaiter qu’ils entendent la voix de la raison afin d’arriver aux sages décisions nécessaires dans cette conjoncture. HaïtiObservateur P.O. Box 356237 Briarwood, NY 11435-6235 Tél. (718) 812-
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EDITORIAL
Martelly out, the crisis may worsen if the actors fail to act wisely
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ontrary to the idea that Michel Martelly ended his term nicely, paving the way for a solution to end the crisis, as the international community affirms, Haiti is not yet out of the woods. Unless the players who help derail the original plan act wisely, it is feared that the situation may worsen, even leading to total anarchy. Because the agreement that Michel Martelly reached with the presidents of both legislative chambers is akin to a cigarette lit at both ends. Far from reassuring the nation about his intentions to find a favorable outcome for good governance of the country, pending the inauguration of a constitutionally elected Head of State, former President Martelly was making provocative statements and threatened to take decisions to deliberately exacerbate the crisis. His plan to impose at all costs his protégé Jovenel Moïse to succeed him at the National Palace drove him near to insanity. Also, in the days leading to February 7, the constitutional end of his presidential term, he made proposals that caused many to think he had lost it. Indeed, at times, Michel Martelly threatened to stay in office beyond February 7 to manage, he said, current affairs, and to hand power over to his successor. He even provided legal arguments to support his desire to postpone the end of his term. But secretly, an unknown diplomat among his international supporters nudged him to change his mind and to give assurance that he would respect the date specified by the Constitution. Only 24 hours before his mandated departure did Martelly announce that an agreement had been reached with the presidents of both chambers of Parliament. Those that forced him to capitulate and hand over the keys of the National Palace were kept out of the negotiations which gave birth to the protocol. The G8, the political parties and civil bodies that were mobilized to thwart Martelly’s ambitions were not part of the solution supposedly found to exit the crisis. Yet the same international community that endorsed the fraudulent elections of 2015 rushed to applaud the agreement between President Martelly and the two presidents of Parliament: Jocelerme Privert for the Senate, and Cholzer Chancy for the Lower House. In the process, they shut out the president of the Supreme Court, who customarily becomes caretaker president. One needs not be a genius to understand that the bigwigs of the international community have, as usual, played a key role in staging the Martelly-Privert-Chancy agreement. Witness, the document was barely signed by the actors that organizations and personalities linked to the international community gave it a clean bill of health.
Indeed, the United States, through John Kirby, spokesman for the State Department, issued a press release dated February 7 in which he describes the Saturday night agreement as a ‘‘way forward for governance and elections in Haiti.” Furthermore, the text states: “The United States welcomed the agreement signed between the authorities of the Executive and the Legislative in Haiti to ensure continuity of governance and the completion of the electoral process.“ The spokesman of the State Department took the opportunity to congratulate other supporters of the agreement. About the CORE Group, he writes: “Supporting the statement issued by the CORE Group on February 6, we are confident that ‘all actors will put the major interests of Haiti and its people above all other concerns.’“ Meanwhile, he applauds the Organization of American States whose observer delegation to Haiti claimed to have come only to “listen” to various Haitian political sectors. Spokesman Kirby added: “We also welcome the constructive role played by the Special Mission of the Organization of American states (OAS,) to encourage a spirit of consensus among Haitian stakeholders.“ Another organization picked up the refrain of the promoters of the fraudulent elections in Haiti. Following in the footsteps of the CORE Group and Co, Michaëlle Jean, Secretary General of the Francophonie, (countries making up the French speaking group of nations) released a statement immediately after the signing of the document to say, “I welcome the signing of the executive and legislative branches of the Political Agreement for institutional continuity and the continuance of the electoral process in Haiti.” Ms. Jean glorifies the accord reached by the executive and legislative branches for institutional continuity and the continuation of the electoral process in Haiti! She also writes: “I welcome the outcome of the dialogue with willingness to believe that Haiti will come out of a situation with disastrous consequences for the population, for the country’s growth and development.“ The content of the various statements concerning the agreement are similar, leaving the impression that they emanate from a central source. They all have the unique feature of permanently excluding entities that led the fight against Martelly’s electoral abuses and those of PierreLouis Opont’s Provisional Electoral Council (French acronym CEP). Obviously, the international community hasn’t drawn the lessons from this criminal adventure. Otherwise it wouldn’t be reiterating its determination to defend the indefensible. With Sweet Micky gone, the so-called Friends of Haiti countries are now embarked on the train of the parliamentary coup.
United as one, the Haitian people, following behind the G8, the aggrieved political parties, the human rights organizations and the democratic sector in general, had won the first round of the democratic struggle. Unified again, the people will defeat the forces that have con-
spired to divert the popular vote. In no uncertain way, those who coalesced around Martelly‘s malfeasance are pushing Haiti toward an even more serious crisis. Let us hope that they will hear the voice of reason and make the necessarily wise decisions at this juncture. HaïtiObservateur P.O. Box 356237 Briarwood, NY 11435-6235 Tél. (718) 8122820
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10 - 17 février 2016
DANS LA CAMPAGNE CONTRE LES ÉLECTIONS FRAUDULEUSES ET L’ACCORD TRIPARTITE
Il y a le camp des pour et celui des contre Dans la lutte contre les élections frauduleuses, d’abord, puis dans la campagne contre l’accord tripartite signé entre Michel Martelly et les présidents des deux Chambres législatives, on retrouve deux camps. D’un côté, se rangent ceux qui appuient cette aventure criminelle; de l’autre, se regroupent les patriotes et amants de la démocratie qui refusent de donner dans le panneau par rapport aux pressions exercées pour porter le G8 et le secteur démocratique à accepter l’inacceptable. Nous publions, pour l’édification des lecteurs, les communiqués et prises de position des uns et des autres, afin que tout un chacun puisse distinguer les vrais patriotes des imposteurs. Tout d’abord, voici une lettre ouverte adressée aux pays réunis au sein du CORE Group et dont les citoyens prennent leurs distances par rapport à leur politique haïtienne. Des ressortissants étrangers vivant en Haïti écrivent au CORE Group Lettre ouverte aux ambassades des pays membres du « Core Group » et à l’Union européenne Mercredi 27 janvier 2016 Parce que nous ne voulons pas rester dans un silence complice Le vendredi 22 janvier, le Conseil électoral provisoire (CEP) a annulé pour la troisième fois le second tour de l’élection présidentielle en Haïti. Quelques heures plus tôt le même CEP renouvelait sa confiance dans la réalisation des joutes. Le président Martelly avait également confirmé la tenue du scrutin du 24 janvier dans une adresse à la nation le jeudi 21 dans la soirée. Les retournements de situation des derniers jours ont achevé de décrédibiliser un processus électoral démarré il y a près de 6 mois, et décrié chaque jour un peu plus fort au sein de la société haïtienne, depuis le premier tour du scrutin législatif, le 9 août. La communauté internationale – à quelques exceptions près –continue pourtant à soutenir ledit processus. Dans son dernier communiqué du dimanche 24, la Mission d’observation électorale de l’UE (MOE-UE) « réitère son soutien au processus électoral haïtien et elle maintient la nécessité de respecter les résultats électoraux du scrutin du 25 octobre 2015 qui a placé les candidats Jovenel Moïse et Jude Célestin au second tour de l’élection présidentielle. » Et pourtant... Le rapport de la Commission d’évaluation électorale indépendante (CEEI) des élections du 25 octobre 2015 révèle que « certains résultats obtenus indiquent que le niveau de certaines irrégularités graves est très élevé » et recommande un « examen plus approfondi au plan technique de la responsabilité de la machine électorale dans les irrégularités souvent assimilées à de la fraude massive » (i)Le même rapport recommande vivement « un dialogue politique entre les différents acteurs du pays pour poursuivre le processus et espérer une participation appréciable aux élections et la paix sociale. » Dans son rapport (ii) la MOE-UE, quant à elle, semble ne pas avoir vu d’irrégularités suffisamment graves pour remettre en doute le processus. Ce rapport conforte les rares partisans d’une poursuite du processus. De son côté, l’UE salue le rapport de la CEEI mais préfère défendre l’application des « recommandations et analyses » de « sa » mission d’observation (iii) . Ainsi, alors que les deux principales recommandations formulées dans les conclusions du rapport de la CEEI n’ont pas été suivies d’effets, l’UE est restée «déterminée à poursuivre son appui au processus électoral et à continuer à l’accompagner dans les différentes phases ». Les observateurs internationaux n’auraient donc pas « vu » d’irrégularités pouvant laisser présager des fraudes massives, mais les représentants des « pays amis » ont-ils fait le décompte des secteurs de la société civile haïtienne qui soutiennent encore le processus électoral ? Ces derniers jours, le forum économique, les Eglises catholique et protestante, les principales organisations de la société civile haïtienne - les mêmes que l’UE soutient de longue date à travers ses pro-
grammes de renforcement de la société civile - se sont tour à tour prononcés contre la poursuite de cette course électorale. Les représentants des pays amis n’ont-ils pas vu, ces derniers mois et ces derniers jours, se multiplier les actes de répression? N’ont-ils pas entendu les alertes lancées par de nombreuses personnalités du secteur des droits humains ? Ignorent-ils que des affrontements liés au processus électoral bloquent des villes entières ? Au cours du week-end écoulé, les signes inquiétants de polarisation de la situation se sont faits de plus en plus clairs, et il en faudrait peu pour que tout cela ne dégénère très sérieusement, ajoutant aux difficultés de la population haïtienne. Dans un contexte aussi explosif, et après des mois de jusqu’auboutisme, les acteurs de la diplomatie, souvent taxés d’ingérence dans le pays, devraient, selon nous, s’en tenir à une neutralité claire et s’abstenir de toute ambiguïté. La résolution de la crise actuelle revient aux acteurs haïtiens. Nous regrettons l’amalgame – certes compréhensible - entre les étrangers, les ONG ou entreprises étrangères et les ambassades, alors même que beaucoup d’entre nous ne partagent pas la position desdites ambassades. Nous, citoyens de pays membres du « Core Group », nous sentons très inconfortables dans la prise de position de nos représentants, nous ne la comprenons pas et voulons le faire savoir. Signataires : La présente est signée d’un collectif de ressortissants étrangers vivant en Haïti, composé entre autres de : 1. Françoise Ponticq Dokdan (France), 2. Cécile Mazaleyrat (France), 3. David Millet (France), 4. Julie Tipret (France), 5. Cécile Bérut (France), 6. Joris Willems (Belgique), 7. Louise Perrichon (France), 8.Younes Karroum (France), 9. Damien Berrendorf (Belgique), 10. Andrée Gilbert (Canada), 11.Josée Gauthier (Canada), 12. Silvio Distilo (Italie), 13. Alfredo Lo Cicero (Italie), 14. Emily Bauman(Canada), 15. Emily Prior (Agleterre), 16. Zoe Vangelder(France-Etats-Unis, 17. Egido Sanz (Espagne), 18. Ilse Roels (Belgique), 19. Hélène Mauduit (France), 20. Elizabeth Sipple (Etats-Unis), 21.Alexandra Marty-Chevreuil(France), 22.Jef Swerts (Belgique), 23.Martine Haentiens (Belgique), 24. Dirk Wils (Belgique), 25. Pieter Thys (Belgique), 26.Alfons Klomberg (Pays-Bas) 27.Jessica Hsu (Etats-Unis), 28.Ted Oswald (Etats-Unis), 29. Katherine Oswald (Etats-Unis) 30. Vincent Trabaud (France), 31.Carolyn Garcia, (France), 32.Dirk Vermeyen (Belgique), 33. Carine Laroche (Belgique), 34.Laurent CollinetBrdys (France), 35.Yamina Issad (France), 36.Damien Delalaye (France), 37. Marie Meudec (France) 38.Marine Desmousseaux (France), 39. Genevieve Fucks (Belgique), 40. Philippe Becoulet (France), 41. Laure Perichon (France), 42. Steven Picard (France), 43. Catherine Barriere (France), 44. Sophie Pierre (France), 45. Linda Tremblay (Canada), 46. Margot Petit-Pierre (France), 47. Carine Schermann (France), 48. Janet Brubacher (Canada), 49. Clémentine Blondon (France) 50. Emma Bourcier (France) 51.Ellie Happel (EtatsUnis) 52.Kurt Hildebrand (Etats-Unis), 53. Florian Delerue (France), Unis), Et de 7 autres ressortissants étrangers, qui soutiennent cette lettre ouverte, mais préfèrent rester anonymes. Déclaration de presse John Kirby, porte-parole du Département d’État Assistant secrétaire et porte-parole du Département d’Etat, Bureau des Affaires publiques Washington, DC 7 février 2016 Accord sur une voie à suivre pour la gouvernance et la tenue des élections en Haïti
Les États-Unis saluent l’accord signé entre les autorités de l’Exécutif et du Législatif en Haïti pour garantir la continuité de la gouvernance et l’achèvement du processus électoral en cours. Soutenant la déclaration publiée par le Core Group le 6 février dernier, nous sommes confiants que “tous les acteurs placeront les intérêts majeurs d’Haïti et de son peuple au-dessus de toutes autres préoccupations.” Nous saluons également le rôle constructif qu’a joué la Mission Spéciale de l’Organisation des Etats-Américains (OEA), pour encourager un esprit de consensus parmi les parties prenantes haïtiennes. Les Etats-Unis espèrent continuer à travailler avec Haïti et ses partenaires internationaux pour supporter le renforcement de la démocratie en Haïti. (Fin de texte) Déclaration de Michaëlle Jean, secrétaire générale de la francophonie La secrétaire générale de la francophonie, Madame Michaëlle Jean, salue la signature par l’exécutif et le législatif de l’Accord politique en vue de la continuité institutionnelle et la poursuite du processus électoral en Haïti. « Je salue l’aboutissement du dialogue mené avec volonté qui permet de croire qu’Haïti sortira d’une situation aux conséquences désastreuses pour la population, pour le pays, sa croissance et son développement », a-t-elle déclaré. La secrétaire générale salue également l’esprit républicain qui a marqué les négociations de cet accord et qui s’est traduit par la prise en compte du respect des dispositions constitutionnelles applicables dans les circonstances actuelles. Elle note que cette solution politique consensuelle permettra de parachever dans la confiance, de manière inclusive et dans un climat apaisé, le processus électoral en cours. « J’exhorte tous les acteurs haïtiens à maintenir cette dynamique de dialogue et de consensus dans la mise en œuvre de cet accord », a-t-elle souligné. Michaëlle Jean encourage tous les partenaires internationaux à intensifier leur accompagnement du processus électoral pour aider au rétablissement d’une vie démocratique et institutionnelle pleine, ainsi qu’au renforcement de la cohésion sociale. « Haïti a besoin du soutien de tous ses partenaires pour mettre en place des institutions dotées de capacités nécessaires face aux défis considérables de consolidation démocratique et de développement économique et social auxquels ce pays est confronté », a-t-elle ajouté. La Secrétaire générale réitère la disponibilité de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à apporter son appui au processus en cours ainsi qu’aux institutions et acteurs haïtiens, notamment par la mobilisation de son expertise technique et électorale. L’OIF compte 57 États et gouvernements membres, et 23 pays observateurs. Contacts presse : Louis Hamann, Porte-parole et conseiller communication louis.hamann@francophonie.org ; Tél. +33 (0)1 44 11 12 65; Julie Tilman, chargée de mission auprès de la Secrétaire générale julie. til man @francophonie.org ; Tél. + 33 (0)1 44 11 12 68 Le G-8 « ne supportera aucun coup d’état parlementaire » 8 février 2016 Communiqué du groupe des candidats à la présidence engagés dans le processus électoral communément appelé Groupe des 8 (G-8) Le groupe des candidats à la Présidence engagés dans le processus électoral communément appelé Groupe des 8 (G-8), prend acte du départ du pouvoir du président Michel Joseph Martelly à la fin de son mandat et du vide institutionnel ainsi créé au niveau de la Présidence. Le G-8 condamne les déclarations irresponsables et irréfléchies faites au
cours d’une “assemblée nationale” tenue en violation de la Constitution par des parlementaires mal élus qui ont pris d’assaut le parlement haïtien sans attendre la fin du processus électoral tel qu’exigée par la Constitution en ses articles 92.3 et 95, paragraphe 2. Le G-8 ne supportera aucun coup d’état parlementaire. Avec le départ de l’ancien président Michel Joseph Martelly, le prétendu accord signé en marge de la Constitution entre l’exécutif et le «législatif » est épuisé. Le G-8 a entendu la demande de trêve formulée par le président de l’assemblée nationale contestée qui a tenté vainement de valider l’intégralité des élections de 2015 après avoir lui-même reconnu en sa qualité de président de la commission sénatoriale de vérification et de validation des pouvoirs que certains sénateurs étaient mal élus. Le G-8 estime que la trêve sollicitée passe préalablement par la reconnaissance formelle par les deux “assemblées parlementaires” de l’existence d’une crise électorale en Haïti et de la nécessité de mettre en place une Commission d’Enquête et de Vérification Electorale chargée de restituer la sincérité du scrutin. Le G-8 note également la position moins tapageuse exprimée par le Premier Ministre Evans Paul invitant au dialogue. Le G-8 juge cette position plus raisonnable. Le G-8 réitère sa proposition de sortie de crise passant par la Cour de Cassation et dénonce la campagne injuste et injustifiée menée contre le Pouvoir Judiciaire par les partisans du coup d’état parlementaire et les serviteurs de l’international. Le G-8 appuie la poursuite des manifestations populaires pacifiques organisées un peu partout à travers le pays en vue de forcer les responsables de l’Etat à respecter le verdict des urnes. Plus que jamais Uni et Solidaire, le G-8 renouvelle sa volonté de tout entreprendre, dans le cadre de la loi, pour faire respecter la volonté populaire. Fait à Port-au-Prince, le 8 février 2016 Pour le G-8 : Samuel MADISTIN Pétition en faveur du choix de Me. Jules Cantave, président de la Cour de cassation comme président provisoire 7 février 2016 Nous sommes au carrefour d’un tournant exceptionnel de notre destin de peuple. De cette situation exceptionnelle devrait aussi sortir des propositions exceptionnelles. Cependant pourquoi ne pas appliquer les règles connues de tous, c’est-adire une solution qui a permis jadis de réhabiliter les règles constitutionnelles pour arriver à une solution durable ? Me. Jules CANTAVE n’est pas avide de pouvoir. Il a toujours servi son pays d’abord en tant qu’homme de droit, de médecin chirurgien dentiste et de comptable. A la fois militant en droit aux cotés des paysans de Saint-Marc pour défendre les droits de ces concitoyens, c’est toujours en professionnel militant qu’il a servi comme médecin à l’hôpital de Saint-Nicolas de Saint-Marc. Avant de briguer le poste de Président de la Cour d’Appel de Port-auPrince, il est nommé en 1982 Juge d’Instruction au tribunal de Saint-Marc, puis en 2012, il est arrivé comme Viceprésident à la Cour de Cassation. En fin, au cours de l’année 2015, les rênes de Président à la Cour de Cassation et du Conseil Supérieur lui sont confiées pour 10 ans. C’est en homme responsable et doté d’un sens unique de professionnalisme qu’il commence les réformes judiciaires pour doter le système judiciaire haïtien des normes pour son fonctionnement afin que la justice puisse être autonome et conduire des actions impartiales en vue d’un contrôle stricte du système. Pourquoi opter pour des formules nouvelles si nous avons une disposition qui peut marcher et qui peut mener le pays vers l’installation d’un état démocratique après le départ de Michel Joseph MARTELLY au pouvoir ? Nous demandons aux membres du
Senat et aux Présidents des deux chambres de s’appuyer sur une formule qui a démontré que lorsque le Président de la Cour de Cassation est choisi pour servir son pays dans de telles circonstances, celui-ci a d’excellents atouts et de raisons de mener le pays vers la réalisation d’élections qui donneraient au pays un Président élu démocratiquement. Les meilleures élections de notre histoire ont été organisées par des Présidents provisoires. Par-là, nous demandons à ce que Me Jules CANTAVE soit choisi pour gérer la période de transition. Nous avons la ferme conviction qu’en dehors des formules que l’on cherche à fabriquer à la toute dernière minute, aucune ne garderait de légitimité si elles ne s’appuient pas sur un minimum de bons sens constitutionnel et traditionnel. La constitution est aussi l’affaire des hommes et, en période exceptionnelle, nous n’avons que le bon sens et le jugement pour faire des choix raisonnables en évitant que nos intérêts privés soient confondus dans un choix national, patriotique et de citoyen. C’est en ce sens que cette pétition entend récolter le maximum de voix pour supporter le choix de Me. Jules CANTAVE comme le prochain Président Provisoire, qui en collaboration avec le Premier Ministre, aura pour mandat de réaliser les élections dans un délai relativement court. Pour un choix loyal et sans partisannerie, nous soutenons le choix de Me. Jules CANTAVE, Président de la Cour de Cassation, comme le prochain Président Provisoire. Paméla Célestin, Marcel Duret, Paulson Pierre Philippe, Evenie Denizard, Marc Antoine Noël. Port-au-Prince, le 7 février 2016 Honorable sénateur Mr. Jocelerme PRIVERT Président du Sénat de la République d’Haïti, En ses bureaux. Monsieur le président du Sénat de la République, Nous avons le plaisir et l’honneur de vous écrire pour vous demander de bien vouloir vous pencher sur le choix de Me. Jules CANTAVE comme le prochain Président Provisoire qui aura pour mandat d’assurer la transition et de mener le pays vers l’installation d’un président élu démocratiquement. Nous sommes conscients qu’aucune formule que l’on chercherait à fabriquer rapidement dans les circonstances actuelles n’aura de disposition et de validité constitutionnelles sinon que de mener le pays vers l’instabilité et l’inconfort. Ainsi face à une situation exceptionnelle, nous devons trouver une option exceptionnelle basée sur le bon sens et le jugement et surtout sur un modèle qui a déjà fonctionné dans notre passé politique de peuple. C’est pourquoi nous avons la certitude que Me. Jules CANTAVE remplit toutes les conditions pour devenir le prochain Président Provisoire en vue de gérer la période de transition. Ensemble avec votre appui et votre mandant, Me. Jules CANTAVE peut mener le pays vers la conduite d’élections démocratiques avec pour but : l’installation d’un président élu démocratiquement. Au nom de la Nation haïtienne, au nom de la jeunesse d’Haïti et au nom de la stabilité politique du pays, nous vous soumettons formellement la candidature de Me. Jules Cantave et nous vous exhortons à vous appuyer sur une disposition qui dans le passé avait permis au pays de se stabiliser en évitant une crise politique qui aurait débouché sur une situation ingérable et incontrôlable. Nous espérons que notre appel et demande rencontreront votre approbation et qu’ils aboutiront à un choix qui révèle un sens patriotique et de citoyen. Recevez, Honorable Président du Sénat de la République, nos respectueuses salutations. Pour le Comité en faveur du choix de Me. Jules Cantave Président de la Cour de cassation comme président provisoire Pamela Célestin, coordonnatrice TEL : 509-4811-0873; EMAIL : ayitibantou@gmail.com
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Haïti-observateur
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ACCORD DU 6 FÉVRIER POUR TROUVER UNE SOLUTION À LA CRISE
Haïti sous la menace d’un coup d’État parlementaire
La Cour de cassation écartée… Une épée de Damoclès judiciaire sur sa tête, Privert se bat pour la présidence provisoire…
Suite de la page 9 2015. Un constat général : Le président Martelly a manifesté un mépris systématique pour le pouvoir judiciaire, qui manque présentement cinq juges et un viceprésident à la Cour de cassation. 18 noms choisis parmi une liste de 34 ont été envoyés par le Sénat au président Martelly, à raison de trois noms par juge, afin de combler les vacances, depuis le 31 août 2011. Pourtant, le président Martelly n’a pris aucune décision et personne n’a été nommé. Les 18 noms sont les suivants : 1- Me Jean Louis Mécène, juge à la Cour d’appel des Gonaïves; 2- Me Telo Winchel Coq, juge à la Cour d’appel de Port-auPrince; 3- Me Henry Marge Dorléans, avocat, ancien ministre de la Justice; 4- Me René Sylvestre, juge à la Cour d’appel de Port-auPrince; 5- Me Auguste Georges Duquerne, juge à la Cour d’appel de Hinche; 6- Me Max Morpeau, avocat; 7- Me Pierre Fils Patrick Calixte, juge à la Cour d’appel de Port-au-Prince; 8- Me Norah Amilcar Jean François, juge à la Cour d’appel de Port-au-Prince; 9- Me Mélius Méhu Garçon, avocat, ancien sénateur; 10- Me Jean Pierre L. Pressoir, juge à la Cour d’appel des Cayes; 11- Me Pierre Armand, président de la Cour d’appel de Hinche; 12- Me François Fouchard Bergromme, avocat et ancien sénateur; 13- Me Anel Alexis Joseph, président de la Cour d’appel de Port-au-Prince; 14- Me Carlo Jean-Louis, juge d’instruction au Tribunal de première instance de Jacmel; 15- Me Jean Perez Paul, juge d’instruction au Tribunal de première instance de Port-au-Prince; 16- Me Garry Paul Angrand, juge au Tribunal de première instance de Fort-Liberté; 17- Me Morency Joseph, avocat; 18- Me Fritz Legerme, juge d’instruction au tribunal de première instance de Miragoâne.
Cette crise politique nous ramène à l’an 1957
On dit que l’histoire est un perpétuel et éternel recommencement. La crise née des élections frauduleuses de 2015 ramène à l’année 1957, la genèse du problème critique dans lequel la se débat, aujourd’hui, la nation exsangue. C’était l’époque de l’Armée toute puissante avec de brillants officiers tels que Léon Cantave, Marcaisse Prosper, Roger Villedrouin, Pierre Armand, Gaston Georges, Antonio Thompson Kébreau, etc., tous sous la direction du général Paul Eugène Magloire, le président de la République qui fut acculé à démissionner le 12 décembre 1956. L’homme des « trois bébés »,
en référence aux trois maisons qu’il avait fait construire pour ces filles, était le faiseur de présidents. Il fut remplacé par Nemours Pierre-Louis, président de la Cour de Cassation (conformément aux prescrits de la Constitution de 1950, particulièrement à l’article 81). Deux de ses corégionnaires, le vice-président de la Cour, Rodolphe Barreau et le juge le plus ancien, Lélio Vilgrain, étaient respectivement nommés secrétaire d’État à l’Intérieur et secrétaire d’État à la Justice. Leurs postes à la Cour de cassation devenu vacants, c’est JeanBaptiste Cinéas (cousin de l’arrière-grand-père de l’actuel secrétaire d’État aux TPTC) qui accéda au siège comme juge le plus ancien. Suite aux événements politiques, qui secouèrent le pays, la démission de Pierre-Louis arriva en février 1957. Le mécanisme juridique en place voulait que le juge le plus ancien, en l’occurrence Jean-Baptiste Cinéas, le remplace. D’où la grosse magouille politique. En effet, certains parlementaires brouillons emmenés par le tribun Émile Saint-Lôt, déclarèrent « épuisé » l’article 81. JeanBaptiste Cinéas (un tempérament intransigeant) fut écarté. Dans la conjoncture d’alors, la Constitution est abruptement mise de côté. Pour la présidence, deux hommes s’affrontaient : Franck Sylvain, juge au Tribunal de première instance de Port-au-Prince, également candidat à la présidence de la République; face à lui, dans ces joutes d’une autre nature : Édouard Pétrus, un notable de Port-au-Prince. C’est Franck Sylvain qui est élu (plutôt propulsé) président provisoire. Sylvain, dont le passage fut bref, fut renversé par le général Léon Cantave, le 30 mars 1957 (il était mêlé à une affaire de bombes). Un collégial lui succéda. Suite aux derniers événements, déclencha, au Champs de Mars, le samedi 25 mai 1957, une fraction terrible au sein des Forces armées d’Haïti, le Camp d’aviation ouvrit les hostilités contre les Casernes Dessalines. La guerre civile éclata. Daniel Fignolé est propulsé président, mais il ne restera au pouvoir que trois semaines, car renversé par le général Kébreau, qui prépara des élections officielles frauduleuses, le 22 septembre 1957, pour remettre le pouvoir à François Duvalier. Aujourd’hui, Haïti revient aux élections au deuxième degré, comme on n’en avait pas vu depuis le gouvernement d’Estimé, en 1946.
Mais une épée de Da-
moclès judiciaire plane sur la tête de Privert
Après avoir passé deux ans en prison pour ses responsabilités présumées dans le massacre de La Scierie, Jocelerme Privert fut libéré par le juge Ramon Guillaume, à l’instigation de René Préval, nouvellement élu président de la République. M. Privert ne tarda pas à se porter candidat au Sénat pour représenter le département des Nippes. Il avait pu réussir à se faire livrer un certificat de bonne vie et mœurs pour briguer la campagne. Élu sénateur, il ne pouvait s’inquiéter d’être poursuivi pour les six prochaines années. On ignore s’il avait pu se faire donner décharge pour avoir été ministre de l’Intérieur. Mais une épée de Damoclès reste suspendue sur la tête du sénateur Privert.
Le massacre de La Scierie imputée à Privert
En effet Jocelerme Privert avait été inculpé dans le cadre du crime qui avait été perpétré à La Scierie. Les détracteurs du sénateur des Nippes ont consulté son casier judiciaire qui révèle qu’il avait été condamné pour son rôle dans le massacre de La Scierie, à Saint Marc, le 15 février 2004, alors qu’il était ministre de l’Intérieur. 44 personnes furent tuées par les responsables du gang « Bale Wouze » et par des rafales de mitraillette tirées à partir d’un hélicoptère piloté par Frantz Gabriel assisté de deux Américains. Des femmes enceintes, des adolescents, un octogénaire se trouvaient parmi les victimes de ce que Jocelerme Privert appelle « un massacre regrettable ». Emprisonné, Jocelerme Privert fut gracié par le président Préval qui a fait des magouilles lors des élections législatives de 2010 pour qu’il rentre au Sénat afin de bénéficier de l’immunité parlementaire. Le 6 février 2016, Jocelerme Privert a tout fait pour que l’écharpe présidentielle lui soit passée autour. Mais Sophia Martelly a refusé que son mari fasse ce geste.
Privert est-il à l’abri des liens de la justice?
Le rôle attribué à Jocelerme Privert par l’histoire dans la résolution de la crise de gouvernance laissée par Michel Martelly relance le cas criminel contre lui. En effet, l’actuel sénateur Prévert a fut inculpé par le juge d’instruction de Saint-Marc, Cluny Pierre Jules, qui envoya le pré-
venu au Tribunal criminel. L’avocat Mario Joseph, défenseur de Privert, interjeta appel à cette décision de renvoi du juge d’instruction Cluny Pierre Jules. Mais le juge Hugues Saint-Pierre, de la Cour d’appel des Gonaïves, qui devait statuer sur le cas, est tué dans un accident suspect, le 23 avril 2007 à la gare routière du Nord, aux Gonaïves. Mais la corruption, qui gangrène le système judiciaire haïtien, va permettre l’intervention dans le dossier du juge Ramon Guillaume, doyen du Tribunal de première instance de Saint-Marc, pour libérer Jocelerme Privert. Plusieurs juristes ont établie que cette décision du juge Guillaume est arbitraire, la procédure ne pouvant pas faire marche arrière. Le juge Ramon Guillaume n’a aucune autorité pour remettre en question une décision rendue par une juridiction supérieure, surtout quand l’affaire en question est encore pendante par-devant ladite juridiction. En clair, donc, l’épée de Damoclès est toujours sur la tête de Jocelerme Privert, qui peut être conduit devant le tribunal criminel à n’importe quel moment. Il y a une jurisprudence à ce dossier. Il s’agit du cas de Jodel Chamblain, qui a été poursuivi en justice 10 ans après s’être échappé de prison, en 1994.
Jocelerme Privert a été inculpé par le juge d’instruction de Saint-Marc, Madame Cluny Pierre Jules qui a envoyé le prévenu au Tribunal criminel. Mario Joseph, avocat de Privert, a fait appel à cette décision de renvoi du juge d’instruction Cluny Pierre Jules. Le juge Hugues St. Pierre de la Cour d’Appel des Gonaïves qui devait statuer sur le cas est tué dans un accident suspect le 23 avril 2007 à la gare routière du Nord aux Gonaïves. La corruption qui gangrène le système judiciaire va permettre l’intervention du juge Ramon Guillaume, Doyen du Tribunal de Première Instance de Saint-Marc, pour libérer Jocelerme Privert. Cette décision du Juge Ramon GUILLAUME est arbitraire, car la procédure ne peut pas faire marche arrière. Le Juge Ramon GUILLAUME n’a aucune autorité pour remettre en question une décision d’une juridiction supérieure surtout quand l’affaire en question est encore pendante pardevant ladite juridiction. L’épée de Damoclès est toujours sur la tête de Jocelerme Privert, qui peut être conduit devant le tribunal criminel, à n’importe quel moment. Ce fut le cas avec Jodel Chamblain qui a été poursuivi en justice 10 ans après s’être échappé en 1994.
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Kreyòl soti nan paj 6
Nou abandone Ayiti Poutèt n al kache anba tab Nou tounen yon sak pakoti Anba lavil, nan Kwabosal K ap pran kont solèy ak lapli Pou yo tounen bann ranyon sal Nou tout refize fè jefò Pou bagay yo kapab chanje, Nou tout pa vle rete abò Nou tout prefere akote. Pou etranje ka fè pou nou Epi, youn ap gade sou lòt Yo di nou pa janm gen lanmou Jiskaske yo declare n sòt Nan regadan nou, yo ba n non Ke nou pa vrèman merite, Yo konsidere n kòm denmon Pou yo chase-elimine Men yo bliye se Ayiti Ki fè yo vin yon nasyon lib, Pou yo te sa sispann soufri E pou n te tounen youn sèl klib. Jalouzi se kòz rayisman ki enpoze n mete tèt nou ansanm pou regle zafè nou, non pa nan enterè pèsonèl, men nan enterè peyi a, ou ankò nan enterè nasyon an. Si n kontante nou pou mete nan sen nou prejije yo, nou pa gen okenn kote nou prale. Se enterè nasyon an pou n wè avan nou panse ak tèt nou.
Mwen Ayiti… Mwen sonje lè m te fanm tout bon Jan m te konn panike gason ! Espay, Frans ak Etazini. Jan tout te bezwen m pou zanmi… Malgre m pran poto ak kout ba, Mwen te konn bay anpil traka… Menm manzè Dominikani Mande l pou wè, si m bay manti ! Soti Lafrik, vin Amerik, Ou kwè w ap jwenn bèl mòn apik; Kote lè w chita nan frechè Pran gade sou dlo ak rivyè K ap koule desann nan lanmè, Fè w bliye s ak rele chalè Ou kwè jan solèy vwayaje, Jan l pwomennen, si l te pale, Nan depi se peyi l pase Li pa ta di jan’m byen kanpe… Men zòt pa gade m pou anyen : Yo ri m, pale m mal nan tout kwen. Pou pitit mwen gen lòt bò dlo Genlè yo bliye manman yo… Se domaj pitit meprize m ! Etranje pa t ap maltrete m. Nou pa fouti rete bra nou kwaze paske nou gen yon responsabilite pou n ede peyi nou nan tout sans. Nou dwe fè tout sa nou konnen pou n : Rasanble An nou bliye s ak te pase Pou n wè ki sa nou ka sove. Fòk nou fè vit pou l pa twota Si se pa sa, nou tout nan ka. Nou paka rete bra kwaze Pou nou tout rete ap gade Tout s’ak k ap pase nan je nou Peyi Dayiti pran twòp kou An nou fè youn rasanbleman Pou n pa rete endiferan Zansèt nou yo te fè jefò Nan fòme byen vit yon sèl kò Pou yo te pran lendepandans Nan gwo konba san tolerans Pa gen rezon pou n betize Ni pou nou pa prese bouje Ayiti cheri n minote Tout Ayisyen dwe rasanble. Nou pa vle retounen esklav K a p fè nou vin yon bann kadav. Prese, fanm ak gason vanyan ! Ayiti nan yon gwo touman. Se kounye a li bezwen nou, Ann pwouve l nou gen lanmou ». Bagay yo pa fouti kontinye konsa pou n wè manman noun an eta sa a. Non, se pa posib menm. Nou dwe mete tèt nou ansanm pou nou tout di : « Fòk sa chanje Fòk, nou, Ayisyen, fè yon sèl Nou pa dwe tounen etensèl Se sèl linyon ki fè lafòs
Haïti-observateur
Se lanmou ki fè yon bèl nòs Nou pa dwe rete bra kwaze Men Ayiti ap trepase Nou sanse pèdi li tout bon Pou l vin pwopriete denmon. Nou pa fouti ba yo legen Pou yo pa pase n nan tenten. Pèdi Ayiti, se yon wont, Se pou nou tout sispann fè kont Ki pa p regle anyen pou nou Ann pratike lanmou chak jou Pou n rive jwenn yon solisyon K ap chase tout dominasyon. Nou pa gen dwa travay anven Lè a rive pou n mete men Nou tout pitit tè a souple An nou travay pou sa chanje, Nou pa gen tan pou nou pèdi Si nou tout renmen Ayiti Ki dwe soti nan tèt chaje Pou nou tout kapab libere ». Fòk gen yon mache prese pou nou pa pèdi eritaj sakre sa a ki rele nou chè mèt, chè mètrès. Apèl nasyonal la dwe fèt rapidman nan lide pou nou tout met men pou ede Ayiti, manman nou : Ayiti ap peri Kote nou pitit peyi a ? Bagay yo pa bon menm konsa Pou nou tout kapab libere. Ayiti, peyi nou nan ka. Kouri, prese, avan l twò ta Nou pa fouti rete chita Ayiti bezwen anpil bra Avan kafe l koule ak ma. Nou tout rele alatraka Pou peyi a k ap pran kout ba Nou tounen yon bann delala Tèlman n pale mete la Nou tounen yon bann gate sa. Si y ap bay bon jan doktora Nou tout ap pran l nan rablabla. Abitid nou se bay dikta Nou kite frè n ak sè n anba Pou etranje taye banda Nan bèl mereng Papa Legba Kote nou menm paka fè pa Ayiti pa merite sa. Divizyon an wo ak an ba. Nou pa kapab ap viv konsa. Ayiti pa ba nou traka Se nou menm ki mete l nan ka. Nou dwe òganize n san demagoji Sans responsabilite a manke nou tout poutèt nou rete san aksyon. Pèp la se yon kantite ki pa dwe kaponnen devan youn ti gwoup. Nou manke vrèman nan devouman nou. Nou dwe fè tout sa k bon pou nou pa tounen dèyè.
Ayiti cheri Ayiti bèl ti peyi mwen Nou tout se youn makòn sangwen Pou eta nou tout kite-w la San nou pa janmè ba w lebra San nou pa janmè ba w lebra A! Nou malonnèt kòm pitit Nou kite w pou kont ou nan lit Pou vin tounen youn delala Tèlman ou pran anpil kout ba Yo pase w kont yo nan betiz Malgre’w tonbe anba youn kriz Je w toujou kale ap gade W ap pran tout nòt yo san pale. Ou gen fòs pou pase mizè Nan men pitit ki malfektè Yo tout santi yo byen kanpe Yo pwomennen kraze-brize Pouvwa nan men yo, y’ap aji Pi fò nan nou appe soufri Pa gen mwayen pou nou vanje Bann malpouwont yo pap ranse Yo lage w 2 men ak 2 pye. Yon ti pitye, Yo pa menm gen Pou manman ki ba yo lavi Anverite, sa va fini. Neglijans se youn move bagay ki mennen katastwòf. Jodi a nou twouve nou nan youn pozisyon kritik poutèt nou pa pran swen manman nou.
10 - 17 février 2016
Ayiti neglije Tout dirijan lakay koute, Se avèk nou mape pale Pinga di nou 13 okipe Epi nou 14 anbarase Menm si nou pa kapab rete N oblije fè yon ti kanpe Piske nou tout dwe konsène Peyi nou ap dekonstonbre. Nou pa dwe rete ap gade Nou tout kanpe 2 bra pandye San nou pa voye yon kout pye Dlo anvayi nou tout bon vre Nou pa gen mwayen pou n naje Nan kondisyon sa a n’ap neye E nou pa p janm rive chape. Fòk nou fè jefò pou’n chanje Se pa konsa pou n gouvène Fòk nou gen ladrès pou n obsève Pou n konprann byen sa k’ap pase. Se pa pran lajan depanse Pandan pèp la pa ka manje, Alevwa pou li ta biye! Ayiti pat dwe neglije Nou dwe sonje sa k te pase. Peyi a an danje Rita : Se youn bagay mwen pa kon prann ditou. Mounn ki konprann li va eklere lantèn mwen sou li. Nou genyen youn peyi ka plonje nan youn dlo kowon pi, mounn pa ka menm pran sant li, yap dekore mounn ki pa men m ka fè travay li. Se youn bagay inesplikab. Se an Ayiti pou wè tout tenten sa yo. Lè-w chita ou byen kanpe ap viv sitiyasyon lakay, ou vin genyen degoutans. Sa ba mounn a panse paske tout peyi ap fè jefò pou yo sa rete nan reyalite tan an, men peyi pa-n nan ap desann pi fon nan twou n akoz de youn fè eksprè kreye pa tout gouvènan nou yo sètadi tout bann krapil ki pran pouvwa a. Nou fout bouke avèk sitiyasyon sa a. Sonya : Rita, sè mwen, ban mwen enpe dlo pou m bwè. Rita : Mèsi, sè-m. Sonya : Pa-d-kwa. Sèlman, mwen pale nou chak jou Bondye mete, nou pa vle kwè-m, nou tout ap kite peyi sa a san nou pa rive wè oken chanjman. Nou pa janm rive gen youn vrè lidè, yon dirijan zele ki kapab mete peyi a sou ray. Nou bezwen yon diktatè pwogresis pou peyi sa a. Kit yon mounn kontan tande refleksyon m nan ou pa, m ap mouri avèk li. Nou pa gen yon peyi tankou tout lòt nasyon yo. E m kanpe fè-m sou pozisyon m! Karin : Mwen dakò avèk ou. Sonya : Yap pran nòt. Se nou menm ki pou dikte yo sa pou yo fè. Menm si n tande yo lwa de kòmann nan, se bobin. Yo paka fè anyen san nou. Nou se yon limyè pou yo. San nou, yo paka fè anyen. An verite, si se fanm ki ta p gouvène, zafè ensekirite a te fini nan peyi a. Nou konnen sa k rele òganizasyon e disiplin. Nou gen yon pakèt koken nan peyi sa a. Se yon netwayaj ki pou fèt nan peyi sa a pou n gen repo. Na p okipe ou dezokipe, se toujou menm penppenp la. Medam nou konnen byen sa ma p di la a. Ki gason ki ka fè travay nou. Gouvène yon peyi, se pran responsabilite yon kay tankou yon fanm. Se nou ka p fè tout sa k gen nan kay la pou kenbe l. Mesye yo neglijan anpil e yo pa janm pran oserye responsabilite yo. Mwen ta swete yo jodi a ki se yon jou na p fete yo pou yo pran responsabilite yo. Na p di yo tout : « Bòn fèt ». Menm kote m ap di yo bòn fèt la, map mande yo tou pou yo pran konsyans tou. Jan ya p trete fanm, se kon sa yo trete Ayiti. Se pou yo chanje konpòtman ak atitid yo. Rita : Sonya, ou fè tout. Pandan w ap dòlote e korije tou. Se sa gason yo pa konnen. Yo dwe pran leson pou yo konn ki jan pou yo òganize e dirije. Yo toujou di : « Gouvène se wè lwen ou byen konn sa w pral fè byen avan ». Nan sosyete nou an, bagay yo chanje tout bon. Gouvène
se ranpli pòch, fè zanmi ak kèk fanmi rich, lòt yo mèt peri . Kamelit : Rita, ou pa manti. Se yon verite ! Nèg lakay toujou ap viv nan kale wès , paske n dòlote yo twòp. Nou pa kite yo pran responsabilite yo. Sa rann yo parese, neglijan e menm egoyis. Se pou n refè mòd edikasyon sa a ki mete nou dèyè bann nan san nou pa tande mizik la. Sonya : Jodi a, ma p tande bèl pawòl. Mwen pa regrèt mwen te vini. Joslin : Ou pa regrèt ou te vini, ni mwen, paske nou kòmanse lage koze ki fè sans. Sepandan, pa bliye kesyon Rita a ! Sonya : Si w ka reponn li, ou mèt antre nan jwèt la tou. Antouka, Joslin, jwèt pou ou. Rita : Joslin ta p swiv. Satan te kwè Joslin tap dòmi. Enben, se priye li ta p priye. Alelouya ! Alelouya ! Rozi : Ou pale dò, Joslin e m dakò avèk ou. Sepandan, mwen pat kwè se moman sa a pou yo te fè-l, paske ensekirite a retounen pirèd sou Preval. Sak ta di sa ? Joslin : Depi ipokrizi mele nan nenpòt bagay, pa fouti gen rezilta pozitif. Ou gen pou wè, gouvènman Preval la ap pase 5 an san anyen pa regle pou frennen ensekirite a. Gade pou n wè si y ap janm kouri dèyè Nèg ki gen zam nan men yo pou fè sa yo pi pito. Rita : Ann serye sou sa. Ekip la fèk kòmanse. Joslin : Nou pa gen pwoblèm sou sa. Men se depi menm jou a yo te dwe fè aksyon. Ou fèksot di : « Gouvène se prewa, wè lwen ». Si se yon realite, pa gen rezon pou n pa pale de enkonpetans mesye yo. Si se te yon fanm ki te sou povwa a, lòd ta p gentan pase pou aksyon fèt imedyatman. Pa gen plezantri nan gouvène. Ou menm ki fanm nan kay la, ou toujou pase lòd ki pou kenbe kay la nan nòmalite. Mesye yo pa taye pou sa. Nou pa p etènize sou sa. Li lè, medam, pou nou gwoupe pou n ranvèse kannari sa a ki chaje ak dlo sal. Nou bon pou sa, netwaye-lave tout sa ki merite. Sonya : Nou dakò. Kamelit : Mwen pa jwenn lòt mo pou m itilize. Mwen fout dakò tou Rita ! : Li lè, li tan, pou medam yo pran responsabilite yo. Nou se pitit peyi a tou. Se pa mesye yo ki gen monopòl la pou kont yo. Ann pwouve yo kote yo echwe, nou menm fanm ka reyisi. Nou pa renmen peyi nou Rita : An verite, nou pa renmen peyi nou vre. Nou pa fè anyen pou n pwouve lanmou sa a. Se pa ede 3 ou 4 mounn ou plizyè lòt pou di ou se yon vrè patriyòt. Yon vrè patriyòt se enpoze yo fè tout sa k pa bon pou peyi w. Si nou te fè yon chenn solidarite, nou ta rive sove peyi sa a. Nou kritike Divalye, papa ak pitit, pou pasaj yo. Se dwa nou. Men si nou te sensè nan jijman nou, nou ta wè se nou menm ki lese ale twòp. Jodi a nou gen tan gen 20 an avèk 132 jou depi Jan-Klod vole gagè, peyi n plonje pi plis nan dlo santi a. Eskize m, zanmi m yo, pou mo sa a. 20 an pa 20 jou. Ann pran yon glas pou n gade figi nou, n ap wè nou kòmanse ap granmoun. Pouki sa ? Chak jou ki pase nan vi nou konte e nou pa dwe ap gaspiye l. Nou kite twòp tan pase san nou pa pran responsabilite nou. Sonya : Mezanmi, nou pa p ba tèt nou manti. 20 an avan, peyi n pat konsa. Nou gen yon peyi ki kraze, ki fini e ki tounen yon savann. M ale Ayiti lotre jou, se ak dlo nan je m mwen pase sèlman yon senmenn. Non, se pa serye. Kote dirijan nou yo ? Yo « out of business », yo pa nan
biznis menm. Mesye yo pèdi lakat. Mesye, n ap oblije aksepte verite a, paske nou demisyone. Se nou tout Ayisyen ki demisyone. Mwen di nou demisyone, paske nou tout responsab. Malgre mesye yo mete nou deyò nan biznis yo, nou oblije mete tèt nou pami sa yo ki demisyone yo tou. Kamelit : Nou tout kite peyi nou pou nou viv deyò. Pa gen nou youn ki la a ki gen entansyon retounen lakay ankò plis pou ale vizite ou byen rete, akòz ensekirite a ka p vale teren. Chak jou ou leve se yon pwoblèm : « Fanmi ap kriye pou youn nan yo ki pèdi ». Tout bagay sa yo bay kè sote e fè n rete pi lwen lakay. Se pa yon bagay nou ta swete pou moman sa a. Men nan yon kay ki pa gen disiplin, tout mounn ladann gaye. Joslin : Ou pa manti. Se pou tout mete gason ak fanm sou nou pou n koresponn ak tout moun ki konprann yo ka vin fè dezòd. Se pou disiplin retabli nan peyi a. Se swa nou viv lib ou byen nou mouri nan retounen nan esklavaj. Rita : Mezanmi, sonje se nan yon fèt nou vini pou n fete papa yo. Joslin : Nou pa janm gen tan pou n pale. Jodi a n ap pale nèt, degaje konsyans nou nan moman sa a. Nou p ap rete ap radote, se bagay serye k ap regle la a. N ap pale sou bagay lakay nou. Se libète sa a nou pa pran ki fè jodi a nou nan sitiyasyon sa a. Se pou n pale, di tout sak bon pou ranje lakay. Nou pa kwè nan gouvènman. Tout Nèg sa yo se rat do kale. Y ap amize yo manje pen an pou ti tan yap fè a. Pa gen anyen serye. Se tan pèdi. Se pou n pran konsyans ke nou p ap realize anyen toutotan nou pa pran konsyans de nou menm. Nou pa konn sa k reyèlman enpòtans mo inyon an ! Nou prefere divize pou n regle zafè pèsonèl nou ! Ayiti, pou nou, separe an miyèt mòso. Chak nan nou ki ka rive jwenn yon ti moso pran l pou n fè sa nou pito. Sa se yon veritab maskarad. Pa gen yon lidè ki ka pran destine peyi a pou ankadre l. Yon pakèt demagòg ki pa gen okenn vizyon jwenn chans pou yo gouvène peyi sa a pou yo mete l nan chimen malouk sa a. Kamelit : Jodi a se jou n tou, paske se nou menm ki bay mesye yo lavi e elve yo tou tankou wa. Se sak fè yo pa fè efò pou yo ede peyi a. Se pou n reprann diyite nou, leve prestij nou, ranmase karatè nou e fè tout sa nou kapab pou n retounen yon nasyon djanm. Nou tout koupab tou poutèt nou pa pran responsabilite nou. Si nou te pase alaksyon, nou kwè se pa rezilta negatif sa a nou ta jwenn. Rita : Se vre sa w di a. Nou apiye w 100 pou 100. Kamelit : Nou gen anpil opòtinite pou n reprann men nou. Se mete Lame sou 2 pye militè l pou bagay yo fèt. Pou kisa nou rete nan pasyon pou plè yon mounn tandiske yon bann lòt ap peri e peyi a desann pi fon nan twou kòwonpi sa a. Se pou n bay dèyè n 2 tap pou n regle zafè nou. Se pou ensekirite a fini nan peyi a. Sonya : Se pou n konbat ensekirite a jis nan nannan li. Joslin : Se pou n dekouraje tout vagabon yo, e se pou yo panse 2 fwa avan yo al komèt yon krim. Tout krimèl dwe pini, yo dwe resevwa sanksyon ki sevè pou dekouraj tout lòt yo. Rita : Se sa menm. Anverite, fòk nou jwenn yon solisyon efikas pou antere ensekirite a. Preval avèk Aleksi, peyi m nan nan men nou, fè tout sa k nan pouvwa nou pou kwape tout kriminèl yo. Si zansèt nou yo te fè tankou nou, jodi a libète nou an pa t ap yon realite. Alò, nou dwe pran konsyans e reflechi tout bon vre pou n kapab realize bon bagay pandan ti bout tan n ap pase sou tè a. Jodi a, tout moun konstate gen yon divizyon k ap layite nan sen nou e k ap kreye tout s ak pa bon. Pouvwa nan move kondisyon anpeche nou realize bon bagay
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GRAND BANDITISME ET INSÉCURITÉ EN HAÏTI Un chef de gang proche d’Aristide, Amaral Duclona, rejugé en France Suite en page 15 gang sanguinaire », avait été condamné à 25 ans d’emprisonnement assorti d’une peine de sûreté des deux-tiers. Ce qui veut dire qu’au moment de son élargissement, il aura atteint l’âge de 51 ans. On se souvient que lors du procès, l’ombre de Jean-Bertrand Aristide, président d’Haïti jusqu’au 29 février 2004, planait sur les débats. La famille de la victime, notamment sa veuve, avait déclaré en termes non équivoques, que l’ancien président haïtien avait commandité l’enlèvement de son mari. L’avocat général avait alors souligné que « Le mobile politique est évident », Claude Bernard Lauture ayant posé des actes politiques en Haïti. En effet, lors des délibérations, en mai 2014, la famille de la victime déclarait qu’elle se disait menacée pour avoir participé à des manifestations anti-Aristide. Il avait choisi, peu avant son enlèvement, de rejoindre « le groupe des 184 », opposé au régime Aristide. On se rappelle, d’heureuse mémoire, que des manifestations monstres étaient organisées contre Aristide, par le groupe des 184, durant des semaines, mais se sont intensifiées au cours du mois de février pour atteindre jusqu’à 60 mille personnes. C’est alors que la communauté internationale intervint pour conseiller au prêtre défroqué d’opter pour quitter le pouvoir et se rendre en exil « afin d’éviter un bain de sang ». Car les militaires démobilisés, avaient traversé la frontière haïtiano-dominicaine, sous la direction de l’ex-commissaire de Police du Cap-Haïtien. Ils avaient capturé cette ville et menaçaient de marcher sur la capitale, Port-au-Prince. Les autorités françaises ont indiqué qu’il a été possible d’identifier Duclona comme étant l’auteur de l’enlèvement suivi de la séquestration, puis de l’assassinat de Lauture, grâce à un téléphone trouvé sur les lieux du crime. Identifié comme appartenant à un lieutenant d’Amaral Duclona, ce téléphone allait faire avancer l’enquête lancée depuis la France, suite à une plainte déposée par la veuve de Claude
Bernard Lauture. Les autorités française ont révélé que le jour du rapt, ce téléphone avait été appelé à 21 reprises par une ligne attribuée à Duclona, à partir de laquelle la demande de rançon avait également été formulée. Les mêmes sources ont révélé que ce téléphone avait également été régulièrement utilisé pour appeler le contact de Duclona à la présidence. Rappelons que la Police haïtienne n’était pas en mesure d’exécuter la mandat d’amener qui avait été lancé contre Amaral Duclona, car toutes les fois qu’il était cerné par des policiers, il téléphonait au Palais national qui ordonnait qu’il soit récupéré rapidement et placé dans un véhicule blindé pour être transporté en lieu sûr. On se souvient aussi que, parfois, le chef de gang de Cité Soleil se mettait à l’abri des poursuites de la Police en se laissant héberger chez la sœur de René Préval, l’ex-président qui était au pouvoir lors de la capture du chef de gang par la Police dominicaine. Finalement, la Police haïtienne n’avait jamais pu capturer Amaral Duclona, qui fut appréhendé par l’unité antidrogue de la Police dominicaine. Logé dans une station balnéaire de la République voisine, il avait pu être intercepté par les policiers dominicains, à l’instigation du Service d’intelligence français, qui était à ses trousses. Mis aux arrêts par les autorités policières dominicaines, Duclona fut livré aux Français suite à un verdict d’extradition rendu en faveur de la France par un juge de Santo Domingo. Transporté immédiatement en France, en 2013, le jugement en première instance d’Amaral Duclona eut lieu en 2014. À ce jour, les autorités françaises, bien très au courant des relations privilégiées que l’ex-président Aristide entretenait avec le chef de gang, reste muette concernant ses responsabilités dans ce crime perpétré par Duclona, qui agissait en service commandé. Même attitude de la France à l’égard de Préval. Les autorités françaises n’ignorent pas pourtant la protection dont bénéficiait Duclona auprès du Palais national, sous la présidence de René Préval.-
AVIS DE DIVORCE PAR CES MoTIFS, le Tribunal, après examen et sur les conclusions conformes du ministère public entendu maintient le défaut octroyé à l’audience précitée, pour le profit du défaut, déclare fondée ladite action. Admet en conséquence le divorce de a dame Steve Jean-Pierre, née Sherley Laporte, d’avec son époux pour injures graves et publiques aux torts de l’époux; prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre lesdits époux; ordonne à l’officier de l’état civil de Port-au-Prince, section est de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera publié dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale, sous peine de dommages-intérêts envers les tiers. Compense les dépens vu la qualité des parties. Commet l’huissier Gabriel Vilneret, huissier de notre tribunal, pour la signification du présent jugement; compense les dépens. REnDU DE noUS, Me Raymond JEAN MICHEL, juge en audience civile, ordinaire et publique du vingt deux septembre deux mille quatorze, en présence de Me. Claude MICHEL, substitut du commissaire du gouvernement de ce ressort avec l’assistance du greffier Joseph PIERRE-LOUIS. IL EST oRDonnÉ à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux officiers du ministère public près les Tribunaux cvils d’y tenir la main, à tous les commandants et autres officiers de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis. En FoI DE QUoI, la minute du présent jugement est signée du doyen et du greffier susdits. Ainsi signé : Me Raymond JEAN MICHEL et Joseph PIERRELOUIS, greffier. Pour expédition conforme Collationnée Le greffier
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Le carnaval haïtien 2016 au cœur d’un labyrinthe Par Robert noël Le carnaval fait partie de la tradition culturelle haïtienne. Si vrai qu’on dit que le peuple haïtien ne négocie pas ce grand événement, qui, croiton, attire toujours les touristes. Le carnaval est un exutoire pour ce peuple qui fait face à sa misère quotidiennement. Le désistement des groupes musicaux du carnaval 2016 On a noté quelques modifications dans l’effectif des groupes musicaux qui devaient participer régulièrement au carnaval de cette année. Seulement sept formations musicales ont participé au carnaval 2016. Les motifs de ce changement sont multiples. La crise politique et l’insécurité qui sévissent au pays ont créé l’incertitude. Le cachet que le
teur de Djakout #1, devrait rencontrer le comité du carnaval, samedi dernier, pour négocier un meilleur cachet de participation. Il avait déclaré ce qui suit : « Si tout rentre dans l’ordre, Djakout #1, djaz peyi a , délivrera la marchandise ». Il faut souligner qu’il y a eu des antécédents entre Djakout #1 et un membre du comité organisateur du carnaval. Le carnaval était prévu pour les 7, 8 et 9 février 2016. La date du 7 février a marqué une double occasion : la fin du mandat du président Michel Martelly et aussi le premier jour gras. Constatant les difficultés du moment, la primature a annulé le premier jour gras du carnaval. On notait une certaine lenteur dans la préparation des infrastructures pré-carnavalesques au Champ de Mars. Jusqu’au mercredi 3 février, on ne remarquait au-
Gracia Delva, de Mass Compas, au cours du défilé carnavalesque. comité du carnaval 2016 a offert à certains groupes musicaux paraissait insignifiant, ce qui a forcé le désistement de plusieurs orchestres populaires Jusque très tard la semaine dernière, quelques-uns d’entre eux négociaient encore avec les membres du comité carnavalesque pour un meilleur cachet. Considérant tous ces faits, Djakout #1 et T-Vice, deux groupes toujours en polémique en période de carnaval, ont désisté avant le 7 février. Le groupe T-Vice essaie de se démarquer de la réalité, quand dans sa méringue carnavalesque il a tiré à boulets rouges sur Shabba, disant : Shabba se tchoul Mickey, alors qu’ils sont tous deux partisans de Sweet Mickey. À travers une note de presse qu’ils ont publiée, ils ont motivé leur décision. Il faut souligner que T-Marco M & S, l’administra-
cune construction de « stands ». Le bénéficiaire du contrat est non seulement impliqué dans la construction des « stands » et des chars, mais aussi dans la location des équipements sonores. Le détenteur habituel du contrat de constructions des « stands », Jean-Claude Verdier, un ancien membre de la diaspora haïtienne de New York, a fait des déclarations publiques dans lesquelles il n’avait pas caché ses inquiétudes, considérant le temps restreint qui lui restait pour compléter son projet. Ce constructeur se montrait prêt à faire le marathon pour réaliser ce projet à terme, avant le 7 février. À noter que le nombre de « stands » a considérablement diminué, comparativement aux années précédentes. Toutefois, M. Verdier a réussi puisqu’il a quand même eu le temps de construire un nom-
bre considérable de « stands » en si peu de temps. Toutefois, l’on se demande s’il a pu obtenir l’arriéré de paiement qui lui était dû pour des carnavals antérieurs. Les groupes musicaux malgr é les contr aintes du temps Sur la liste des participants au carnaval figuraient les noms de Boukman Eksperyans, Carimi, Kreyòl La, Bel Plezi, Mass Compas, Rockfam et Barikad Crew. Ils étaient au nombre de sept à participer à la version 2016 des festivités carnavalesques. Un tel effectif a permis la clôture tôt du défilé carnavalesque. On peut dire que Carimi et Boukman Eksperyans ont satisfait les espérances. Ils ont bien animé pendant tout le parcours, et cela à la satisfaction des carnavaliers. On ne saurait laisser passer inaperçue l’énergie qui se dégageait de la voix de Michael Guirand du groupe Carimi, qui a réussi dans ses démarches. Le groupe Mass Compas de Gracia Delva est passé inaperçu, encore une fois. Pourtant, sa méringue carnavalesque n’est pas des pires. Le texte est très significatif. Le carnaval n’est pas le fort de Mass Compas. Il lui manque des ingrédients capables de le placer sur l’échiquier des grands. Il faut quand même signaler le courage de Gracia, qui ne s’est pas découragé malgré les faibles résultats de son groupe aux différents carnavals. Il reste et demeure un « tilandeng », s’accrochant à ses croyances, pensant qu’un jour il gagnera le pari. On ne peut de si tôt oublier l’accident enregistré au carnaval de l’année dernière, où l’on avait enregistré un grand nombre de morts et de blessés. In memoriam, un geste de reconnaissance a été fait au lieu de l’accident. On a salué la mémoire des mémoires. Le manque de vision du comité du carnaval était visible. On ne remarquait pas d‘espaces d’évacuation au cas où besoin se faisait sentir. Mesures préventives ! Le déploiement des agents de police n’était pas proportionnel au nombre total de participants/ carnavaliers. L e c ar n a va l 2 0 1 6 n’a pas été le meilleur du monde Dans le domaine de sécurité publique, il y a un rapport « un ratio » police-foule qu’il faut toujours respecter et maintenir, d’après ce que prescrivent
les règles et principes. Les responsables de la sécurité publique n’établissent pas vraiment la différence entre la « gestion des foules-crowd management, en anglais » et le « contrôle des foules- crowd control ». Tout cela devrait être pris en compte, surtout quand on sait et remarque que tout a été fait à la va-vite pour organiser le carnaval afin de satisfaire les intérêts personnels d’un petit nombre. Ces mesures sont d’autant plus importantes quand on sait que le carnaval pourrait revêtir un caractère de manifestation de rue, en ce temps de crise politique. Au moment de mettre sous presse, aucune information officielle n’a été publiée pour préciser si oui ou non les deux derniers jours gras allaient être retenus. On prime abord, il était bruit que le carnaval n’aurait pas lieu. On ne pouvait pas trop espérer en termes de
de battre son plein au pays, en dépit des propos rassurants des dirigeants, a modifié l’ordre des choses. Jusqu’en été 2016, on va peut-être ressentir les effets de cette instabilité causée par la situation politique et l’insécurité. Les groupes musicaux doivent dès maintenant penser à d’autres alternatives, puisque leurs tournées estivales peuvent ne pas être fructueuses cette année. Les organisateurs de cet événement culturel vont peutêtre crier victoire, alors que des observateurs pensent qu’ils ont failli à leur mission. Quand on analyse la situation dans l’ensemble, on se rend compte que ce carnaval n’a pas été le meilleur du monde. D’après plus d’un, incluant des animateurs de radio, ce carnaval est un gaspillage d’argent. Les membres du comité vont quand même se réjouir, puisqu’on n’espérait pas un carnaval cette année. Mais
Gracia Delva a su trouver une agréable inspiration. réussite. Pour une fois, l’esprit du peuple ne s’était pas fixé à cent pour cent sur le carnaval. Ses priorités ont changé, cette année. De peur, certaines gens n’y ont pas participé, la crise politique ne touchant pas encore à sa fin. Bien au contraire, d’autres crises se dessinent à l’horizon. Contrairement aux années précédentes, la diaspora n’a pas participé en grand nombre à ce carnaval. Qu’on ne se trompe pas, un animateur de radio de la Floride, qui avait invité les membres de la diaspora à prendre place sur un « stand » qu’il allait faire construire pour les accueillir, a dû laisser tomber son projet après avoir fait l’état des lieux au Champ de Mars, à Port-auPrince. C’est risquant, penset-il. L’instabilité, qui continue
surtout après avoir empoché une forte partie du budget prévu pour cet événement. Tout compte fait, ce carnaval a été réalisé simplement pour ne pas s’écarter de cette tradition culturelle haïtienne. Mais le moment n’était pas propice, aux dires de certaines gens. Malgré tout, les deuxième et troisième jours gras ont prouvé que ce peuple chante et danse en dépit de ses conditions de vie précaires. Les superstitieux disent que la période post-carnavalesque apporte toujours des surprises. Le navire a longtemps flotté librement en eau trouble. Il a finalement jeté l’ancre le 7 février 2016, mais on ne perçoit pas encore la présence d’un navigateur/capitaine pour conduire la barque à bon port. robertnoel22@yahoo.com