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11 -18 novembre 2015
UN ILLUSTRE INCONNU AU PALAIS NATIONAL ?
e En 9 position, Jovenel Moïse propulsé au premier plan
La répression instaurée pour mater les protestataires PORT-AU-PRINCE, 10 novembre — Michel Martelly n’a pas pris de chance en vue de placer son poulain au Palais national. Pire que son prédécesseur, René Préval, son association avec le président du Conseil électoral provisoire (CEP), Pierre-Louis Opont, s’est avérée tellement fructueuse qu’ils ont joué le tout pour le tout en accaparant toute la pâtisserie, au lieu d’une tranche de gâteau. Au mépris de l’électorat, de ceux qui croyaient que leurs bulletins de vote prévaudraient aux magouilles habituelles, le candidat officiel, Jovenel Moïse, en neuviè-
me position, selon les vrais procès-verbaux, a été donné gagnant aux élections frauduleuses du 25 octobre dernier. Inconnu de la majorité des Haïtiens, M. Moïse risque d’atterrir sur la chaise bourrée grâce au complot ourdi pour perpétuer le pouvoir du président Martelly pendant les cinquante prochaines années. Ainsi, le vote populaire a été détourné de manière grotesque, et, sa forfaiture consommée, Pierre-Louis Opont ne s’est pas uniquement contenté de rejeter du revers de la main l’établissement d’une commission d’enquête
indépendante afin d’épurer les fraudes, il a ouvertement écarté tout recours en appel en annulant près de 200 000 votes des deux premiers compétiteurs. Dans la probabilité que le candidat officiel soit validé par le CEP, les dernières joutes auront célébré l’enterrement de la démocratie en Haïti. De fait, quelques heures précédant la proclamation des résultats, bureaux et commerces fermaient leurs portes et la majorité des citoyens fuyaient la capitale. On a vu des milliers de personnes, en l’absence de transport public suffisant, prendre sur leurs
deux vittielos les routes conduisant aux principales banlieues.
Pas de liesse pour accueillir le nouveau César
Il n’y a pas eu de liesse pour accueillir la nomination de Jovenel Moise à la présidence. Tout au contraire, les rues se sont vidées, d’autant que ses premières déclarations laissaient présager le pire. Il s’est proclamé président sans qu’il y ait eu de consensus sur un deuxième tour de la présidentielle et a réclamé ouvertement l’adhésion de ses compétiteurs.
Pour la grande majorité, parmi ceux qui avaient entendu son nom pour la première fois, Jovenel Moise n’apparaît nullement comme un chef d’État, voire un chef capable de représenter dignement le pays de Dessalines et de Pétion, tant dans le pays profond qu’a l’étranger. Tantôt on le présente comme le gardien d’un champ de bananes, tantôt il est perçu comme un crève-la-faim (grangou), d’où l’idée qu’il viendrait uniquement pour se remplir les poches, sinon pour « manger » tout seul. Vraie Suite en page 2
Jovenel Moïse président, Michel Martelly Premier ministre LA DYNASTIE MARTELLY DÉJÀ EN CHANTIER
Mais tout n’est pas encore dans le sac...
Par Léo Joseph
Un des policiers de la BOIT piétine un manifestant après l’avoir ordonné de s’étedre par terre comme un tapis, lors du mouvement du vendredi dernier.
Quand Michel Martelly a déclaré tout de go que le candidat officiel du Parti haïtien tèt kale doit prendre logement au Palais national, même s’il y séjourne seulement 24 heures, il croit parler en connaissance de cause. Car, selon lui, son équipe n’a pas lésiné sur les moyens pour que ce projet se concrétise. Il reste, toutefois, que Sweet Mickey n’a pas encore tout dans le sac, car des écueils jonchent dangereusement la voie qui mène à la résidence officielle du chef d’État haïtien. En d’autres termes, le président sortant n’a aucune garantie de réussir ce coup, qui reste des plus hasardeux. Une succession d’obstacles attendent encore. D’abord, la question la plus importante : Jude Célestin étant mis en ballottage avec Jovenel Moïse par le Conseil électoral
provisoire (CEP), sous l’ordre de Michel Martelly, voilà un premier obstacle à surmonter. Car, en dépit de tous les dispositifs mis en place et les contorsions politiques inventées, la présidence ne prévoit comment va se jouer son destin politique ainsi que celui de sa famille; ou encore de Jovenel Moise lui-même. En effet, embarqué dans le train du second tour des présidentielles en imposant son poulain comme celui qui a recueilli le plus de votes, Martelly s’est retrouvé en face des grands ténors de la communauté internationale, qui n’ont pas encore trouvé, comme en 2010, une raison de conforter sa position. Si les Américains se montrent moins abordables, les représentants de France et du Canada affichent une attitude qui autorise le chanteur du compas à Suite en page 15