Batteries "abandonnées" de la citadelle de Blaye

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Les « batteries abandonnées » de la citadelle de Blaye Étude complétée d’un précis sur un matériel de l’artillerie de côte, période 1840-1870 Dr Balliet J.M. — Colmar, octobre 2016

PROLÉGOMÈNES Si la citadelle de Blaye a été l’objet d’une attention toute particulière à l’occasion de l’inscription du verrou de l’estuaire de la Gironde au patrimoine mondial de l’Unesco, il reste quelques zones d’ombre qui méritent qu’on s’y arrête. C’est ainsi, qu’à l’occasion d’un récent voyage d’étude à a citadelle de Blaye, sous la conduite d’un fin connaisseur du site, le général D. Thomas, que quelques questions restées en suspens trouvent, progressivement, des réponses. L’objet de notre propos est de traiter de l’armement de deux batteries qualifiées, sans plus de précisions, de « batteries abandonnées » sur les plans les plus récents. Ces batteries étaient situées sur le front de l’Estuaire. Aujourd’hui, seule la batterie nord reste peu ou prou bien conservée.

Fig. 1 : Les « batteries abandonnées » de la citadelle de Blaye. De gauche à droite : batteries nord & sud (d’après un plan de la commune de Blaye)

Bien évidemment, la réponse devrait se révéler aisée puisqu’elle doit figurer dans les états d'armement de la citadelle des années 1850-1880… Si ces derniers étaient disponibles ! Dans l’attente, on ne peut que se référer aux quelques vestiges visibles essentiellement sur le site de la batterie nord.

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Fig. 2 : Vues de la batterie nord (fonds Dr Balliet)

Fig. 3 : Emplacement de la batterie sud (à l'extrême gauche du cliché). Cliché en encart (crédit D. Thomas, oct. 2016)

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Batteries nord & sud… Les résultats d’une démarche analytique. La clé du mystère réside dans le cliché de détail suivant, surtout lorsqu’on le conjugue avec période d’activité pressentie des batteries… Il s’agit d’un dé de maçonnerie formé par une seule pierre dans lequel sont disposées quatre tiges filetées. Au regard des dimensions restreintes, il ne peut correspondre à un affût d’une pièce à tir rapide de 37 mm ou de 47 mm et, encore moins, à celui d’une pièce d’un calibre plus important. Il ne peut donc s’agir que du support de la sellette d’un affût à pivot antérieur dont la trace est encore parfaitement visible. !

Fig. 4 : Dé formé par une seule pierre et destiné à supporter la sellette cheville-ouvrière d’un affût de côte à pivot antérieur (fonds Dr Balliet).

Les sellettes conservées de la batterie nord permettent de déterminer qu’il s’agissait d’une batterie de trois pièces de côte alors que le plan (fig. 1) permet d’estimer son armement à hauteur de à 6 pièces. Il restait à déterminer la nature de l’affût et, au regard de la disposition des tiges filetées et de la trace conservée des contours de la sellette, seul un affût, ou une de ses variantes, correspond : l’affût de côte en fonte pour canons de 30 et de 16 cm (affût de côte en fonte modèle 1847) — l’affût de côte en fonte pour obusier de 22 cm (variante de l’affût de côte en fonte modèle 1847). Ces deux types d’affûts ont été en usage principalement entre 1847 et les années 1860. Sur la base de la nature de l’affût, on peut désormais cerner le type d’armement mis en œuvre au sein de ces batteries sans toutefois pouvoir se déterminer avec certitude entre les canons de 30 (et de 16 cm) — hypothèse la plus probable — et l’obusier de 22 cm. La coexistence de ces deux types de pièces aux caractéristiques différentes ne peut être exclue. Seuls les états d’armement ou

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d’éventuels vestiges de la voie circulaire1 permettraient de se déterminer avec quelque degré de certitude ; C’est la première des hypothèses qui, sous une forme apparentée, permet de se déterminer avec certitude 2… ‣ La commission de défense des côtes avait attribué 12 pièces de côtes à la citadelle, moitié canons de 30 livres, moitié obusiers de 22 cm (dans le programme de 1847 et celui revu en 1859-1860) ; ‣ Un document récapitulatif des travaux de défense des côtes à la fin de l'exercice 1861 précise qu'à Blaye la construction des épaulements pour cet armement n'est pas encore commencée. Nos hypothèses trouvent ainsi une confirmation de la nature de l’armement, de son caractère mixte et de la période — les années 1860 — ainsi que le laissait supposer les tables de construction de la plate-forme (cf. annexe n° 2, en date du 15 mars 1861) qui remplace le petit châssis en bois par un dé en maçonnerie conforme aux vestiges existants.

Fig. 5 : Batteries nord et sud vues du front de l’estuaire

Batterie nord

Batterie sud

1

Une variante de l’affût du modèle 1847 comportaient plusieurs améliorations et, surtout, celle nécessaire au regard du poids sensiblement plus important de l’obusier : à la présence de roulettes supplémentaires de soutien à la jonction des tiers antérieur et moyen du grand châssis devrait correspondre une seconde voie de roulement. L’obusier de 22 cm pouvait néanmoins également être placé sur l’affût standard en fonte du modèle 1847 !

2

Source Jadé P. — Association 1846.

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Canons de 30 et de 16 cm disposés sur affût de côte en fonte modèle 1847. L’affût en fonte modèle 1847 pouvait accueillir aussi bien les canons de 30 lisses que leurs avatars tels que les canons de 16 cm, rayés, en fonte, frettés (canons de 30, modèles 1820-40, 1849, 1858, transformés). Il s’agit d’un affût comprenant deux châssis. Le petit châssis qui accueille le tube présente des flasques ajourées avec rouleaux à l’avant et échantignolles à l’arrière ; Il comprend une vis de pointage placée verticalement sous la culasse. Le grand châssis est du type à pivot antérieur — une sellette cheville-ouvrière Fig. 6 : Affût en fonte modèle 1847 supportant une pièce de 16 cm — avec un lisoir directeur et un jeu de rayée, à chargement par la culasse (Fonds Dr Balliet). roulettes postérieur. La masse de l’ensemble atteint les 6 650 kg pour une masse reculante (tube et petit châssis) de 4 100 kg. Il requiert un rayon de circulaire d’environ 2,90 m pour une hauteur de genouillère de 1,90 m.

Fig. 7 : Dé formé par une seule pierre auquel est fixée la sellette cheville-ouvrière. Détails de la voie de roulement et de son installation (Fonds Dr Balliet).

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Lorsque ces mêmes pièces de 30 étaient disposées sous casemate, l’affût était bien évidemment tout autre…

Fig. 8 : Canon de 30 sur affût de casemate [de côte] (Fonds Dr Balliet).

Un témoignage non moins intéressant est donné au sein la collection des petits modèles d’artillerie du musée de l’Armée (Invalides - Paris)…

Fig. 9 : Petit modèle — Canon de 16 de place sur affût de côte en fonte modèle 1847. Échelle ⅕ (Coll. du Musée de l’Armée, Paris — Cliché Dr Balliet, 2003).

Enfin, quelques clichés originaux peu ou prou contemporains de la période d’activité de ces pièces sont connus et livrent un témoignage précieux quant à la disposition de ces pièces… C‘est plus

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particulièrement le cas de la batterie du salut à Cherbourg qui devait être très semblable aux batteries de la citadelle de Blaye.

Fig. 10 : Batterie du Salut à Cherbourg (petit tirage sur papier albuminé, s.d. vers 1875 — fonds Dr Balliet)

Fig. 11 : Brest - Batterie de canons de 30 (petit tirage sur papier albuminé, s.d. vers 1865 — fonds Dr Balliet)

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Obusier de 22 cm disposé sur affût de côte en fonte modèle 1847. Il n’entre pas dans notre propos de discuter de l’obusier de 22 cm et de ses avatars. On pourra se référer aux annexes techniques qui détaillent quelques caractéristiques de matériels transformés en pièces rayées se chargeant par la bouche.

Fig. 12 : Canon obusier de 22 cm modèle 1841 (cliché O. Fontaine - Île de la Réunion, 2003, fonds Dr Balliet)

Fig. 13 : Canon obusier de 22 cm modèle 1827-1841 sur un affût en fonte du modèle 1847 (fonds Dr Balliet)

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ANNEXES TECHNIQUES Les aide-mémoire d’artillerie navale se révèlent, comme souvent, comme une source des plus précieuse : [MÉMORIAL DE L'ARTILLERIE DE MARINE (annexe au) - 1879 (1re livraison)] - MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES - Aide-Mémoire d'artillerie navale (annexe au Mémorial de l'Artillerie de la Marine). 1re livraison — 1879. Paris, Imprimerie Lemercier, 1879.

Affût de côte de 30, de 36 et obusier de cote de 22 cent. modifié pour les canons rayés de 16 cent., mod. 1858-60 (Planches III et IV). Dates des décisions et des tracés. 1.

Ce modèle d'affût est commun aux deux départements de la guerre et de la marine, les tracés et tables de construction ont été approuvés le 3 septembre 1847 pour l'affût et le châssis et le 30 mai 1848 pour la plateforme.

2.

Une note du 27 mai 1853 donne les dimensions des deux banquettes à établir lors du besoin au pied de l'épaulement pour permettre de charger la pièce.

3.

La circulaire du 25 septembre 1855 fixe à 0,65 m la distance de la cheville ouvrière à l'épaulement.

4.

L'annexe n° 2, en date du 15 mars 1861, aux tables de construction de la plate-forme, remplace le petit châssis en bois par un dé en maçonnerie.

Fig. 14 : Canon de 16 cm, rayé, fretté sur un affût en fonte du modèle 1847 (fonds Dr Balliet).

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Fig. 15 : Affût en fonte du tracé de septembre 1847 (fonds Dr Balliet)

5.

L'annexe n° 3, en date du 4 septembre 1860, aux tables de construction de l'affût, augmente la longueur de la cheville ouvrière, munit de trous les roulettes du châssis pour l'embarrage des leviers de rouleaux et ajoute sur l'entretoise du milieu deux crochets en fer ; une brague attachée à l'entretoise de crosse devait passer sur ces crochets et limiter le recul à 2,40 m de longueur.

6.

L'annexe n° 4, du 7 septembre 1861, modifie l'affût en vue du tir des canons rayés de 16 centimètres : Un lisoir en chêne est substitué à celui en fonte ; le support en fer de vis de pointage, dont la position devait changer avec le calibre de la pièce, est remplacé par une entretoise de mire en fonte ; le pointage se fait au moyen de coins et d'une sole mobile avec vis de pointage, employée à plat ou de champ ; la brague est supprimée et le recul est modéré par l'emploi de deux coins-sabots fonctionnant au moyen d'une feuillure pratiquée sur chaque rouleau ; enfin le levier à galet est renforcé.

7.

Il existe une rectification du 14 août 1862 au tracé du levier à galet.

8.

L'annexe n° 5, du 21 octobre 1862, diminue le jeu des rouleaux sur leur essieu au moyen de rondelles supplémentaires ; elle remplace les esses en fer par d'autres plus fortes en acier, modifie la feuillure des rouleaux pour empêcher l'égrènement des bords, renforce les tenons des coussinets de tourillons, supprime le tampon de lisoir et renforce celui de douille de roulette, enfin complète l'encadrement du lisoir dans les côtés de châssis neufs.

9.

L'annexe n° 6, du 31 mars 1864, est une addition au tableau des tolérances.

10. L'annexe n° 3 aux tables de construction de la plateforme, qui porte la date du 21 février 1865, remplace la voie circulaire en fer par une autre en fonte. 11. L'annexe n° 7 du 28 mai 1874, accompagnée d'une note portant la même date, modifie encore l'affût pour le tir des canons de 16 cent., Mod. 58-60 des coussinets en bronze sont substitués à ceux en fer ; une seconde sole mobile est ajoutée aux engins de pointage dont l'usage pour les divers angles de tir fait l'objet de la susdite note.

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12. L'annexe n° 8 du 16 février 1876, complétant la précédente, prescrit, pour le cas du canon de 16 cent., Mod. 58-60, se chargeant par la culasse, l'addition sur le milieu du côté droit du châssis d'une banquette de chargement en tôle et fer.

Description. Dispositions générales. Elles sont à peu près les mêmes que pour l'affût modèle des colonies : la circulaire est en fonte au lieu d'être en fer ; il n'y a pas de marchepied de pointage ; le pointage exige, outre l'emploi d'une vis, celui de deux soles mobiles et d'un coin ; deux coins-sabots, s'introduisant sous les rouleaux d'affût, servent à modérer le recul. Une banquette de chargement est ajoutée à droite du châssis pour le canon de 16 cent. se chargeant par la culasse. Plate-forme. La sellette à bride carrée est fixée par quatre boulons scellés au plomb dans un dé en maçonnerie ; la cheville ouvrière n'est maintenue que par son poids et par un épaulement conique logé dans la douille, fraisée en dessus, de la sellette. La circulaire comprend sept courbes et huit semelles en fonte ; chaque semelle est munie d'une plaque de repos en alliage de plomb et de zinc, et d'un logement à queue-d’aronde ; les courbes, dont le dessus est strié, sont accrochées l'une à l'autre et arrêtées par un talon contre la semelle ; elles sont fixées dans le logement de cette dernière par un seul coin en chêne. Châssis. Le corps de châssis se compose de deux côtés, deux entretoises et une directrice en fonte, et d'un lisoir en chêne. Les parties en fonte, dont la hauteur décroît du milieu aux extrémités, ont une section à double T à angles arrondis plus large en dessous qu'en dessus. Les deux côtés, qui sont identiques, ont leur dessus incliné d'environ 3° et relevé à chaque bout pour arrêter l'affût. Les entretoises, dont le dessus est concave, ont à chaque bout une bride rectangulaire évidée, fixée par deux boulons contre le côté de châssis et appuyée sur son aile inférieure. Le lisoir, de forme rectangulaire, est réuni par deux boulons aux côtés dans lesquels il s'embrève et dont il affleure le dessous ; il est percé d'un trou cylindrique pour la cheville ouvrière et il est garni d'une plaque de frottement, coudée, qui se fixe par quatre boulons contre ses faces postérieure et inférieure. La directrice est tenue par deux boulons sur le milieu de chaque entretoise ; ces boulons prennent deux brides rectangulaires évidées venues de fonte avec des nervures de renfort sur la directrice et sur l'entretoise. Le corps de châssis est monté à l'arrière sur deux roulettes ; à cet effet, chaque côté de châssis se termine à l'arrière par une douille perpendiculaire à son dessus ; cette douille, bouchée par un tampon en fonte, reçoit le bout cylindrique d'une chape à fourche en fer. Une roulette en fonte, percée de cinq trous sur la circonférence, est montée entre les branches de la chape sur un axe en fer ; les trous servent à emmancher le levier de rouleau pour faire tourner le châssis. Les axes des roulettes sont munis à l'avant d'un écrou, à l'arrière d'un ergot et d'une tête saillante sous laquelle on peut embarrer un levier ; ils portent à l'avant, sous l'écrou et contre un épaulement de la tige, une bande de direction, en fer, les maintenant dirigés vers la cheville ouvrière. Affût. Le corps d'affût se compose de deux flasques reliés par trois entretoises en fer, par une entretoise de mire en fonte et par un essieu en fer ; ce dernier porte deux rouleaux en fonte.

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Le asque est formé par un triangle dont les côtés ont un profil à double T ; il est muni à l'arrière de trois degrés et en dessus d'un encastrement circulaire pour le tourillon ; les degrés servent d'appui au levier en bois pour soulever la culasse sous les diverses inclinaisons ; l'encastrement présente deux feuillures latérales pour la joue du coussinet et deux entailles pour les tenons qui l'empêchent de tourner ; pour les canons rayés de 16 cent. ce coussinet est en bronze au département de la guerre, en fer au département de la marine, et sa joue se loge dans la feuillure intérieure. Les deux entretoises de l'avant consistent chacune en un fort boulon d'écartement muni de deux écrous et de deux épaulements encastrés dont l'un avec ergot. L'entretoise de crosse, au moyen de laquelle l'affût s'appuie sur la directrice, est analogue sauf qu'elle a une section plus forte, rectangulaire au lieu de ronde, et, de chaque côté, un double épaulement encastré ; un talon de fonte, ajusté contre son dessous sur chacun des flasques l'empêche de tourner ; elle porte à l'arrière un étrier-guide, en fer, fixé par trois rivets, qui embrasse la directrice et qui est entaillé pour le bec du levier à galet. L'entretoise de mire est simplement tenue par ses embrèvements sur les flasques ; elle est renforcée par des nervures transversales en dessus et en dessous ; elle présente, au milieu, deux trous pour les goujons de la sole mobile et une ouverture allongée pour le passage de la vis de pointage. L'essieu, rond, a contre chaque flasque une embase qu'un talon de fonte empêche de tourner à l'aide d'une entaille droite ; il porte, en dehors et de chaque côté, sur une fusée tronconique, un rouleau en fonte, arrêté du côté du flasque par un épaulement, du côté opposé par une rondelle et une clavette en acier avec lanière ; le rouleau présente à l'intérieur une feuillure, destinée à monter sur le coin-sabot, à l'extérieur un tambour garni de trous pour agir avec un levier. Frein. Le recul est modéré par deux coins-sabots sur lesquels viennent monter lors du recul les rouleaux d'affût dont le roulement est ainsi supprimé et remplacé par un glissement. Les deux coins placés à cheval sur les côtés de châssis sont réunis par une traverse en fer ; chacun d'eux est composé d'un corps en orme, d'un coin en fer fixé par trois rivets, de deux guides latéraux en tôle réunis par quatre rivets ; le coin s'introduit par suite du recul sous la feuillure du rouleau qu'il élève et maintient au-dessus du côté de châssis ; pour remettre en batterie on dégage le rouleau en introduisant sous lui, au moyen d'une entaille extérieure du sabot, la pince d'un levier en fer ; l'entaille est garnie à cet effet de deux plaques de tôle fixées par des vis à bois. Appareil de pointage. Il comprend deux soles mobiles, une vis de pointage avec écrou, et un coin. Entre 5 degrés au-dessous de l'horizon et 10 degrés au-dessus, on fait usage de la vis de pointage montée sur l'une des soles placée à plat ; de 10 à 20 degrés on se sert d'un coin et de la même sole placée de champ et dépourvue de vis de pointage ; de 25 à 30 degrés on se sert du coin et de la seconde sole ; enfin au dessus, du coin seul. Il y a aussi en service au département de la marine un appareil de pointage conforme à un tracé du 30 mai 1859 et composé d'une banquette et de deux coins de mire.

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D’autres informations figurant dans cette annexe ont été extraites, pour l’essentiel, de l’ouvrage suivant : Aide-mémoire à l'usage des officiers d'artillerie - 4e édition. Chapitre I : Bouches à Feu (1er juin 1880) — Chapitre II : Projectiles (1er mai 1880) — Chapitre III : Affûts, voitures, attirails (1er février 1880) — Chapitre IV : Armements, assortiments, agrès & outils (1er avril 1880) — Chapitre V : Poudre & autres substances explosives (1er juin 1880) — Chapitre VI : Munitions d'artillerie & artifices (15 avril 1881) — Chapitre VII : Constructions et approvisionnements (1er juillet 1880) — Chapitre VIII : Chargement des munitions, des approvisionnements, des outils, etc. (1er décembre 1880) — Chapitre IX : Cheval et harnachement (1er mars 1881) — Chapitre X : Composition des équipages d'artillerie. Armement et approvisionnement des places et des côtes. (1er avril 1883) — Chapitre XI : Matériel des équipages militaires en service dans les équipages d'artillerie (1er octobre 1880) — Chapitre XII : Mouvements de matériel (1er avril 1880) — Chapitre XIII : Construction des batteries (1er janvier 1883) — Chapitre XIV : Service de l'artillerie en temps de guerre (1er octobre 1880) — Chapitre XV : Tir des bouches à feu (1er juin 1883) — Chapitre XVI : Ponts militaires (1er octobre 1880) — Chapitre XVII : Armes portatives (1er décembre 1879) — Chapitre XVIII : Fortification passagère. Castramétation (1er janvier 1882) — Chapitre XIX : Reconnaissances militaires. Lecture et emploi des cartes, instruments et méthodes des levers (1er octobre 1880) — Chapitre XX : Télégraphie - Chemins de fer (1er février 1881) — Chapitre XXI : Comptabilité et règlements (1er décembre 1880) — Chapitre XXII : Renseignements sur les artilleries étrangères (1er juin 1882) — Chapitre XXIII : Renseignements divers (1er juin 1882) — Annexe à la quatrième édition - Chap. I-XXIII (1883). Paris, Libraire Militaire de J. Dumaine, 1880-1886. Le nouvel aide-mémoire dont le premier fascicule paru en 1880, avait été publié par fascicules correspondant à un ou plusieurs chapitres, mis en vente séparément à mesure de leur exécution. L'Aide-mémoire de 1856 avait été pris comme type au point de vue du format, de la disposition typographique, de la table alphabétique, etc. Les planches, du format du volume, présentent une particularité nouvelle : elles ont été dessinées avec le plus grand soin, à l'échelle double, puis réduites par les procédés de l'héliogravure. Ce procédé avait permis de faire, jusqu'au dernier moment, sur le dessin original, toutes les retouches jugées utiles. Cette 4e édition de l'Aide-Mémoire, présentée sous la forme de 24 volumes publiés entre 1880 et 1886, est beaucoup plus complète que les éditions antérieures. Il réalise, de loin, l'ouvrage le plus complet sur l'artillerie française des années 1880-1886 avec, de surcroît, un précieux volume sur les artilleries étrangères. Toutes les pièces d'artillerie de 1827 à 1886 y sont décrites dans tous leurs détails (jusqu'au contenu des caisses et accessoires divers). Malheureusement, après 1886, cette publication fut suspendue malgré des tentatives sans lendemain du Comité de l'Artillerie pour la mettre à jour. Cette publication mérite sans conteste le qualificatif de « bible de l'artillerie française ».

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Affût de côte en fonte modèle 1847 pour canons de 30 et de 16 cm. Cet affût reçoit le canon de 30 rayé de côte ainsi que le canon de 16 cm modèle 1858-1860 ; il est monté sur un grand châssis en fonte et sur une sellette de cheville-ouvrière, également en fonte. Petit châssis. — 2 coussinets de pointage : le premier pour le canon de 30 et le canon de 16 cm, modèle 1858-1860, se chargeant par la bouche ou par la culasse ; le second (dénommé aussi plateau de pointage) est spécial au canon de 16 cm, modèle 1858-1860, se chargeant par la bouche ou par la culasse. BOIS

FONTE.

— 2 flasques symétriques. — 1 entretoise de mire. — 2 rouleaux. — 1 essieu n° 6. — 2 entretoises de devant, taraudage n° 10 ; 4 écrous n° 10 à six pans. — 1 entretoise de crosse, taraudage n° 10 ; 2 écrous n° 10 à six pans. — 1 guide de crosse, fixé à l'entretoise de crosse par 3 rivets de 20 mm. FER

1 vis de pointage : le corps, la manivelle, le plateau, — 1 écrou d'idem (bronze) ; il est mobile et se loge dans le coussinet de pointage de 30 et de 16 cm 1 plaque d'écrou de vis de pointage, fixée au coussinet, de pointage par 2 clous rivés. — 1 arrêtoir d'écrou de vis de pointage, logé dans la plaque d'écrou de vis de pointage et traversé par une tige de clou rivé.

Fig. 16 : Canons de l’artillerie de côte dans la seconde moitié du 19e (Fonds Dr Balliet)

4 chevilles de coussinet de pointage et 4 plaques de cheville, au coussinet de 30 et de 16 cm et deux seulement au coussinet spécial de 16 cm — 4 contre-rivures de 50 mm de diamètre, au coussinet de 30 et de 16 cent, ; 2 au coussinet de 16 cm. Le coussinet de pointage commun au canon de 30 et au canon de 16c se place sur l'affût : le bout le plus éloigné du trou de vis de pointage en avant, pour le canon de 30 n° 1 non fretté, et en arrière pour les canons de 16 cm, modèle 1858-1860, se chargeant par la bouche ou par la culasse. 2 coussinets de tourillon de 30, marqués du chiffre XXX. La bordure est placée en dedans. 2 coussinets de tourillon de canon de 16 cent, (bronze) marqués du chiffre XVIc. Ils sont spécialement affectés au tir du canon de 16 cm de la marine, modèle 1858-1860, se chargeant par la bouche ou par la culasse, et sont placés sur l'affût, la bordure en dedans. page 14

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2 rondelles de bout d'essieu n° 4. — 2 rondelles supplémentaires de bout d'essieu. — 2 esses d'essieu (acier). — Les rondelles supplémentaires se placent entre le bout extérieur des rouleaux et les rondelles de bout d'essieu. Elles ont pour objet de réduire le jeu des rouleaux, sur les côtés de grand châssis et ; par suite, d'empêcher l'égrènement de l'arête saillante de l'entaille, des rouleaux ainsi que la déformation des esses, qui pourraient être la conséquence de la position oblique prise par les rouleaux dans le cas d'un jeu trop grand. Il pourra arriver que les variations, produites, dans les dimensions des rouleaux et des essieux, par les tolérances accordées pour leur fabrication, réduisent le jeu des rouleaux au point d'empêcher le placement de l'une ou même des deux rondelles supplémentaires. On sera donc conduit, suivant le cas, à employer une ou deux rondelles, ou les supprimer toutes les deux. On peut trouver dans les magasins quelques affûts de côte non modifiés, impropres au tir des canons rayés ; on les reconnaît aux caractères suivants : 1° — 1 support de vis de pointage occupe entre les flasques l'emplacement de l'entretoise de mire. Le côté en ligne droite du support est tourné en dessous pour le canon de 30. Les tenons sont fixés dans les embrèvements du logement à coulisse ménagé à l'intérieur des flasques. Le 1er embrèvement, vers le devant, était pour l'obusier lisse ; le 3° pour le canon. 2° Le petit bout des rouleaux n'est pas modifié par une feuillure circulaire pratiquée à son extrémité. 3° — Enfin, il n'y a pas, à titre d'accessoires, de coussinets de pointage.

Fig. 17 : Affût en fonte du modèle 1847 (fonds Dr Balliet) Balliet - J.M. — Batteries abandonnées de la citadelle de Blaye

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Grand châssis. BOIS

— 1 lisoir composé de 1 corps de lisoir de 1 ou de 2 pièces, réunies entre elles par 2 goujons.

— 2 côtés : ils sont pareils et peuvent s'assembler entre eux par l'une ou par l'autre face. — 2 tampons de douille de chape ferment les douilles des chapes en dessus. — 2 entretoises. — 1 directrice. — 2 roulettes. FONTE

— 2 boulons de lisoir n° 1 E, 2 écrous et 4 rosettes n° 1. — 1 plaque de frottement, fixée sur le corps de lisoir par 2 boulons n° 1 A, 2 boulons n° 1 B, 4 écrous, 2 rosettes n° 1 et 2 rosettes en talus, fixées par 2 clous n° 4 A. FER

2 boulons d'assemblage de lisoir, taraudage n° 7, 2 écrous n° 7, 12 boulons d'assemblage, taraudage n° 7, et 12 écrous n° 7, assemblent, entre eux les côtés de châssis, le lisoir, les entretoises et la directrice. — 2 chapes de roulettes. — 1 bande de direction d'idem, fixée par 2 boulons de chape, taraudage n° 7, et 2 écrous n° 7. Une banquette de côté de châssis, composée de : 1 plaque de derrière ; 1 console de gauche, 1 console de droite et 1 équerre du milieu, fixées à la plaque de derrière par 6 rivets de 12 mm ; 1 plaque de dessus, fixée sur les consoles et sur l'équerre par 6 boulons n° 5 B et 6 écrous n° 5 à six pans. La banquette, adoptée en vue du service du canon de 16 cm, modèle 1858-1860, se chargeant par la culasse, est fixée contre la face extérieure de côté droit du grand châssis par les deux boulons d'assemblage de l'entretoise du milieu correspondants. Les grands châssis ont été appropriés au tir sous les grands-angles, par la substitution d'un lisoir en bois au lisoir en fonte. Ceux de ces châssis qui n'auraient pas encore subi la modification adoptée à ce sujet, sont impropres au tir des canons rayés. Sellette de cheville-ouvrière. 1 sellette de cheville-ouvrière (fonte) : les pattes sont percées de 4 trous pour le passage des boulons qui la fixent sur la plate-forme. 1 cheville-ouvrière (fer), placée dans la sellette.

Quelques bouches à feu contemporaines, construites par la marine Caractères distinctifs. Pièces en fonte ; certains modèles comportent des frettes en acier. Projectiles cylindro-ogivaux, munis de tenons et de plaques isolantes. Poudre à canon (ancienne) ou MC30 ; gargousses en papier parchemin ou en serge (obusiers de 22c). Le groupe comprend : des pièces en service avant 1870 (canons de 30 rayé ou lisses, de côte ; obusiers de 22c, lisses) ; des pièces transformées (obusiers de 22c rayés et frettés.) ou achetées à la marine depuis 1870 (système 1858- 60). — Pour les canons non frettés, le calibre s'indique comme pour les pièces rayées en bronze ; pour les canons frettés et les obusiers, par le diamètre de l'âme (sur les cloisons), en nombre rond de centimètres. Le corps du canon, est fondu avec ses tourillons, dont l'axe est au-dessous de celui de l'âme. — Pour les canons frettés, un épaulement, pratiqué dans la fonte, s'oppose au glissement des frettes vers l'avant. — Les rayures, au nombre de 3 (à gauche) sont prolongées en ligne droite (sauf obusier de 22c, dans lequel les prolongements sont paraboliques) pour recevoir les plaques isolantes des projectiles ; leur développement est parabolique et l'angle final est le même (6°) pour toutes les bouches à feu. — Il y a deux modèles de rayures modèle 1858, à flancs rectilignes ; modèle 1860, en anse de panier, plus larges que les précédentes. Dans le 2° modèle, le fond n'est pas concentrique à l'âme. — La lumière est percée dans des grains composés : 1° d'un tube en acier ou en fer vissé

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Fig. 18 : Disposition des points de mire sur le canon de 16 cm, rayé, non fretté (fonds Dr Balliet)

dans le métal de la pièce, débouchant à l'extérieur ; 2° d'un grain en cuivre rouge, à l'intérieur, contenant une bague en acier, filetée extérieurement et matée, destinée à s'opposer au refoulement. Les hausses ou curseurs (1), sont formées d'une tige à crans, en acier, graduée en encablures (200 mètres) ; la visée se fait à l'aide d'un cran de mire, mobile le long d'une traverse. — Les fronteaux de mire (1) (guidons), sont en bronze.

Canon de 30, rayé, de côte (canon lisse modèle 1840, transformé). — 1 corps de canon. — 1 grain de lumière, composé de 1 tube n° 1 (acier), 1 grain n° 1 (cuivre), 1 bague (acier). Dans le tube : le logement de l'étoupille. — 1 piton double (fer), à droite, sur le renfort. PARTIES

— L'âme, comprenant : Le fond, plat, raccordé avec la partie lisse par un arc de cercle — La partie rayée 3 rayures modèle 1860, leurs prolongements ; les cloisons. Dans chaque rayure : le flanc de tir ou paroi forçante 3 ; le flanc de chargement ou paroi talon1 ; le fond. FORMES INTÉRIEURES.

— La culasse, comprenant : Le bouton, son collet. — Le croc de brague. — Le cul-de-lampe : l'entaille, pour le passage des tiges de hausse ; l'entaille de la boîte de hausse (à droite, dans le cul-de-lampe et la plate-bande), les logements des vis. — La plate-bande de culasse (l'arête postérieure est arrondie), le cran de mire ; le listel de la plate-bande. FORMES EXTÉRIEURES.

LE CORPS DU CANON,

comprenant :

Sur le renfort, tronconique : la gorge ; le support de percuteur, le bassinet de lumière, le logement de l'étoupille ; l'emplacement du niveau de pointage ; la ligne de mire (peinte en blanc) ; l'astragale, ses 2 listels ; la plate-bande du renfort, ses 2 chanfreins ; les tourillons, leurs embases (cylindriques) ; les logements des vis de fronteau de mire, à gauche. Sur la volée, tronconique la gorge,~ le support de fronteau de mire (ancienne ligne de mire médiane) ; la plate-bande du collet du bourrelet, ses 2 chanfreins ; le bourrelet en tulipe, le cran de mire ; la ceinture de la couronne ; la gorge de la bouche. 3

Termes en usage dans la marine.

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— La boîte de hausse (bronze), fixée par 2 vis (acier) la bouterolle, l'écrou de la vis de pression ; 2 rainures, l'une verticale, l'autre oblique sur le plan de tir, formant canal pour les hausses. — Le ressort de pression (acier), fixe par 1 vis (acier). — La vis de pression (acier) : la tête à oreilles, le téton. Le fronteau de mire (bronze), fixé sur le côté du renfort par 2 vis (acier) la base, les logements des vis ; le guidon. ACCESSOIRES.

— Le signalement de la bouche à feu, sur le cul-de-lampe le nom de la fonderie, la date de la fabrication, le numéro et le poids de la pièce. — Le numéro des rayures, sur la tranche de la bouche. Les accessoires portent l'indication du nom de la fonderie, de l'espèce et du numéro du canon. GRAVURE.

HAUSSES.

La grande hausse, comprenant : La tige (acier), la nervure ; la traverse formant T, la coulisse. — Le chapeau porte-cran de mire (bronze) les joues, le trou du boulon ; le cran de mire. — Le boulon (acier). — L'écrou (bronze), terminé par un bouton monté. — 2 rondelles en cuir, l'une carrée, l'autre ronde. La petite hausse : la traverse, en L, oblique sur la tige ; pas de nervure ; le reste, comme la précédente. Gravure. Les tiges sont graduées en encablures, sur la face postérieure : petite hausse, de 0 à 3 000 mètres ; grande hausse, de 3 000 à 6 000 mètres. Les traverses sont graduées en millimètres à leur partie supérieure ; celle de la grande hausse porte les dérives correspondant aux encablures sur la face postérieure. N.B. Les canons de 30, rayés, de côte, livrés par la marine postérieurement à 1870 (canons de 30 n° 1, modèle 1820-40, transformés) se distinguent par leur bourrelet en tulipe dont le renflement a été notablement diminué et qui n'est suivi que par un listel arrondi ; dans le service de la marine, ils portent le nom de canons de 16c, rayés, en fonte, non frettés. — Les canons antérieurs à 1837 ont le grain n° 1 ; les autres ont le grain n° 2.- Certaines pièces ont la rayure modèle 1858. — Il existe encore des canons de 30 qui n'ont point été rayés.

Canons de 16c ; rayés, en fonte, frettés (canons de 30, modèles 1820-40, 1849, 1858, transformés). Comme le canon de 30 modèle 1820-40, transformé sauf les modifications suivantes : — 7 frettes (acier) La lumière, percée dans un grain spécial composé de 1 tube (fer) et 1 rondelle (cuivrée), ou dans un grain n° 2, avec tube n° 1 ; un petit nombre de canons a le tube n° 2 avec le grain n° 2. — Le piton double, sur le plan de culasse. PARTIES.

FORMES INTÉRIEURES.

— L'évasement de la bouche, arrondi (1849).

— Sur la culasse : Le cul-de-lampe est entièrement supprimé (1820-40, 1849). Le plan de culasse : la coulisse de hausse médiane, bouchée par un tampon en bois (1858) ; la rainure, formant canal pour les hausses (1858) ; le croc de brague est supprimé. — Sur le corps du canon : Le 1er renfort (partie frettée), cylindrique, terminé par un chanfrein et un méplat : la frette n° 1 ou frette de culasse, les frettes n° 2, 3, 4, 5, 6, 7. L'orifice de la lumière, sur l'arrondi de la frette culasse ; la table (sur certaines pièces, l'emplacement) du niveau de pointage. — Le 2e renfort, tronconique (très fortement, pour les canons modèle 1858) le support de fronteau de mire, percé d'un trou de goupille (1858). — Le raccordement du renfort avec la volée (1849 ; 1858), ou la gorge de volée (1820-40) ; pas de plate-bande de volée (1858). Le bourrelet, à tulipe réduite. FORMES EXTÉRIEURES.

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ACCESSOIRES.

— Le fronteau de mire (1858) : le guidon, l'embase, les retours en équerre percés des trous de goupille. — La goupille (fer) et sa clavette (fer) (1858) HAUSSES. La boîte de hausse, en forme de losange, maintenue par 2 vis (acier) contre le plan de culasse (encastrée dans la rainure du plan de culasse pour les canons du modèle 1858) ; les rainures, formant canal pour les hausses (1820-40, 1849). 2 bandes (fer) prolongeant le canal, fixées sur le plan de culasse par 7 vis (acier) (1820-40 ; 1849). La petite hausse porte un buttoir d'arrêt (acier), muni d'un tenon rivé qui se visse dans la tige.

Obusier de 22c, rayé, en fonte, fretté (obusiers lisses, modèles 1827 et 1841, transformés). Comme le canon de 16c modèle 1858 transformé, sauf les différences suivantes : Fig. 19 : Hausse courbe pour Obusier de 22 cm rayé et fretté (fonds Dr Balliet)

PARTIES.

— 4 frettes (transformation de l ' a r t i l l e r i e d e t e r re ) o u 6 f re t t e s (transformation de la marine) : le frettage est tangent aux tourillons, l'épaulement du tube est arrondi. — Grain n° 1 ; tube n° 1. — La chambre, tronconique. — 3 rayures, modèle 1860 ; les prolongements rétrécis, paraboliques. — L'évasement tronconique, à la bouche. FORMES INTÉRIEURES.

— Le logement de la boîte de hausse, sur le cul-de-lampe. — Sur le 1er renfort : l'orifice de la lumière, dans la frette n° 1. — La gorge de volée. — La plate-bande de la bouche et sa gorge ; le cran de mire. FORMES EXTÉRIEURES.

ACCESSOIRES .

La boîte de hausse (bronze), fixée dans son logement par 4 grandes vis (acier), à tête carrée, saillante, et 4 petites vis (acier), à tête fendue ; le canal de hausse, triangulaire et ouvert à l'arrière, les rainures. La traverse-butée (acier), fixée par 2 des grandes vis. — La plaque de recouvrement (bronze), maintenue par 4 vis (acier) et pénétrant par 2 rebords dans les rainures de la boîte : la bouterolle, l'écrou de la vis de serrage. La vis de serrage (acier) la tête à oreilles ; le téton. Le fronteau de mire (bronze), fixé contre le 2° renfort par 3 vis (acier), traversant les 3 pattes de l'embase. Balliet - J.M. — Batteries abandonnées de la citadelle de Blaye

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HAUSSE COURBE. PARTIES.

— La tige (acier étiré et courbé en arc de cercle), triangulaire, avec cannelures de profondeur croissant v e r s l e h a u t : l ' é p a u l e m e n t ; l e logement du téton de la vis de serrage. Le curseur (bronze) : le canal de la hausse ; la coulisse de la planchette ; le logement du pignon, le logement de la vis, arrêt d'axe de pignon ; la bouterolle, l'écrou de la vis de pression du curseur. La vis de pression du curseur la tête à oreilles ; le téton.

Fig. 20 : Obusier de 22 cm rayé, en fonte, fretté — Obusier de 22 cm n°1, modèle 1827-41 transformé (fonds Dr Balliet).

La planchette à crémaillère (laiton écroui) : la crémaillère ; le logement du cran de mire, en queue-d’aronde ; l'évidement du ressort. — Le cran de mire (laiton), noirci. — Le ressort de planchette (acier), fixé par 2 vis (acier). — L'axe de pignon (bronze) : le bouton moleté ; les parties cylindriques ; la gorge ; le carré, sur lequel est monté le pignon (acier). — La vis-arrêt (acier), dont le téton pénètre dans la gorge de l'axe. — Sur la face postérieure de la tige : degrés et dixièmes de degré, de 0° à 45°; l'espèce et le numéro de la pièce. — La planchette porte une graduation en millièmes de la ligne de mire (primitivement en millimètres). HAUSSES DROITES. GRAVURE

Certains obusiers sont encore munis d'un dispositif de pointage avec hausses droites, 3 hausses, comprenant chacune : La tige (acier) à crans ; le pied de la tige. — Le curseur à traverse, mobile le long de la tige et se fixant à l'aide d'une vis de pression. — Le chapeau porte-cran de mire, comme pour le canon de 16c. La petite hausse et la hausse moyenne sont graduées en encablures ; la grande hausse porte une graduation en millimètres et, sur la face postérieure, une table à 4 colonnes pour le tir à charge variable (C charges ; P, portées ; H, hausses ; D, dérives). La boîte de hausse (bronze) est fixée, par son pied (en queue-d’aronde) et par 2 vis, sur un cercle (fer forgé) placé à chaud sur le renfort. Le fronteau de mire (fer forgé) est vissé sur un support faisant partie d'un cercle analogue à celui de la boîte de hausse et placé à chaud sur la volée.

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Plates-formes de côte. Généralités. Les plates-formes de côte comprennent généralement de la maçonnerie ; des charpentes en bois et des éléments métalliques. — Elles sont toujours établies par le service de l'artillerie.

Plates-formes pour canons de 30 et de 16 cm : Plate-forme pour affût de côte, avec voie circulaire en fonte. DESTINATION.

— Pour les canons de 16 cm qui entrent dans l'armement des places ou des côtes.

DESCRIPTION.

— La plate-forme (en fonte) se compose d'une sellette de cheville-ouvrière, fixée par 4 boulons sur un dé en maçonnerie (dans les places, elle est généralement fixée sur le cadre du petit châssis métallique), et d'une voie circulaire formée de 7 courbes reposant sur 8 semelles. — Chaque semelle est garnie d'une plaque formée d'un alliage de plomb et de zinc, logée dans une entaille et sur laquelle reposent les extrémités des courbes. Celles-ci sont fixées par des coins en chêne dans les entailles ménagées à cet effet dans le dessus des semelles. — Les extrémités des courbes se terminent en forme d'agrafes disposées de manière à s'emboîter l'une l'autre, ce qui permet d'assurer au moyen d'un seul coin l'assemblage de deux courbes voisines reposant sur une même semelle. Les courbes sont striées sur leur face supérieure. Pour faciliter le service de la pièce, construire, au moment du besoin, avec les matériaux dont on peut disposer, entre le pied de l'épaulement et la sellette, une banquette de 1 mètre de longueur, 45 cm de largeur et 30 cm de hauteur. Placer les chevalets d'armements au milieu des couloirs pratiqués entre les plates-formes. OUTILS.

Pour la mise en place de la voie. — 1 gabarit. — 1 niveau de maçon ou 1 niveau à bulle d'air. — Pioches. — Pelles. Masses et dames de batterie. — 1 fort marteau. ÉTABLISSEMENT DE LA SELLETTE.

1° Sur maçonnerie. — La sellette est fixée sur un dé d'une seule pierre, couronnant une construction en maçonnerie, qui est établie et assise aussi solidement que possible sur les fondations du mur du parapet. Le dé a les plus fortes dimensions possibles : au minimum, 1,20 m de longueur, 1,20 m de largeur et 45 cent, d'épaisseur. Il est placé dans un logement d'environ 5 cm de profondeur, refouillé dans l'assise immédiatement inférieure. La sellette est fixée au moyen de 4 boulons scellés au plomb, dans le dessus et au milieu de la largeur du dé, Les axes de deux des boulons sont placés sur une ligne parallèle à l'épaulement et distante de 65 cm du pied du mur, et les axes des deux autres, sur une ligne perpendiculaire à la première ; la distance commune de chacun des axes des boulons au point d'intersection des deux droites sera de 354 mm Vérifier la position des boulons au moyen d'un croisillon en tôle, percé de 4 trous de 48 mm de diamètre. L'assise sur laquelle repose le dé est en pierre de taille : ses dimensions en longueur et en largeur doivent être telles qu'il reste autour du logement du dé une bordure d'au moins 20 cm de largeur. Cette assise est faite, s'il est possible, d'une seule pierre, au plus de 4 pierres agrafées entre elles par des crampons scellés au plomb ; les crampons sont entièrement noyés dans les pierres de l'assise. Faire avec soin les remblais autour de la maçonnerie ; y faire entrer, autant que possible, de forts quartiers de pierre, placés de la manière la plus propre à augmenter la résistance au recul. — Dans le cas où le roc est au niveau du terre-plein et de nature à recevoir des scellements, ne faire aucune construction pour la sellette ; tailler le roc à son emplacement et y sceller les boulons. Quand le roc est assez près du terre-plein, y tailler un logement pour le dé, dont l'épaisseur peut être réduite, dans Balliet - J.M. — Batteries abandonnées de la citadelle de Blaye

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ce cas jusqu'à la limite nécessaire pour la solidité des scellements. Toutes les fois que le roc sert de fondation, il doit être nivelé pour recevoir la première assise. 2° Sur petit châssis métallique. — Comme il est prescrit pour les plates-formes pour affûts de place sur grand châssis. POSE DE LA VOIE CIRCULAIRE. Creuser une rigole dont le centre est situé sous le prolongement de l'axe de la cheville-ouvrière et dont le profil, dans le sens des rayons, est déterminé par la grande base du trapèze placé à l'un des bouts du gabarit. La plus grande profondeur de cette rigole correspond à un rayon de 3,065 m ; elle est de 436 mm au-dessous du plan supérieur, ou à 436 mm du plan inférieur de la sellette. Damer fortement le fond de la rigole, en faisant usage du gabarit placé dans la première position, pour en régler la forme et la profondeur. Dans cette position, la cheville-ouvrière étant engagée dans la lunette du gabarit, celle-ci reposant sur la sellette et la grande base du trapèze sur le fond de la rigole, la règle qui relie entre elles ces deux parties doit être horizontale. Placer d'abord 2 semelles, l'une à droite et l'autre à gauche de la directrice, le milieu de leur largeur dans la direction d'un rayon ; la face de l'entaille contre laquelle s'appuie la plaque de zinc, qui en garnit le fond, du côté du centre ; le coup de pointeau marqué sur la nervure du milieu à 425 mm de la directrice et sur un cercle d'un rayon de 2,96 m ; l'angle intérieur du petit côté du trapèze, du gabarit, placé dans la deuxième position, détermine ce rayon. Placer successivement 3 autres semelles à droite et à gauche des premières, à 850 mm de distance, mesure prise du coup de pointeau de sa voisine. Placer les courbes dans les entailles des semelles, en les appuyant vers le centre ; engager un coin dans l'entaille de chacune des semelles, en l'introduisant par le côté droit (faisant face au centre). Puis, au moyen du marteau, serrer les coins d'abord légèrement, en allant de l'un à l'autre, et ensuite les serrer à fond. Enfin s’assurer, au moyen du gabarit placé dans la deuxième position, que la voie circulaire est horizontale et bien centrée ; remblayer, en damant fortement les terres autour des courbes et des semelles. Planter les chevalets pour armements : pour les canons se chargeant par la bouche, à droite de la plate-forme, le premier à 1,30 m de l'épaulement et le deuxième à 2,30 m du premier ; — pour les canons se chargeant parla culasse, à gauche de la plate-forme, le premier à 1,50 m de l’épaulement, le deuxième à 1 mètre du premier, et le troisième à 1 mètre du second.

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Pour mieux comprendre… Éléments lexicologiques & artillerie de côte utilisant l’affût en fonte selon le tracé de 1847. D’après : DELAISSEY (Colonel d'artillerie de la marine A.) - Cours spécial sur le matériel de côte, à l'usage des cadres de l'artillerie de la Marine. Paris, Imprimerie Nationale, 1890.. Ce cours réalise une bonne synthèse des matériels en usage à la fin du XIXe siècle dans l'artillerie de côte française. Elle distingue les matériels des modèles antérieurs à 1864, les bouches à feu du modèle 1864-1866, l'artillerie du modèle 1870 et du modèle 1870 modifié avant d'aborder les mortiers et l'artillerie de petit calibre. La présentation originale sous forme de questions-réponses aborde, de manière concise mais très didactique, l'ensemble des caractéristiques techniques des pièces et de leurs affûts, armements et munitions. Canon de 16 cm, rayé, à chargement par la bouche, non fretté Nomenclature du canon de 16 cm rayé, à chargement par la bouche, non fretté. Cette bouche à feu est en fonte, d'un poids de 3 020 kg environ. On y remarque l'âme cylindrique avec ses trois rayures ; la bouche ; la volée ; le corps du canon ; les tourillons et leurs embases ; la culasse, le cul-de-lampe, le bouton de culasse, le croque de brague ; la lumière et son grain ; la boîte de hausse en bronze ; le fronteau de mire, en bronze.

Le profil des rayures 4 présente la forme d'une anse de panier. Cependant, les pièces qui ont été rayées avant le 3 décembre 1860 ont la rayure dite du modèle 1858, dont le profil est caractérisé par une paroi forçante rectiligne5.

Pourquoi la volée a-t-elle un bourrelet ? À quoi servent les rayures ? Elles servent à donner au projectile un mouvement de rotation pour mieux lui conservait sa vitesse, lui permettre de porter plus loin et plus régulièrement. Elles tournent de droite à gauche.

Dans les pièces lisses, le bourrelet avait pour but de renforcer la pièce, pour la protéger contre les battements du projectile, qui se produisait vers la bouche. Ce bourrelet subsiste dans les pièces rayées en fonte, qui proviennent de la transformation des anciens canons lisses.

4

On appelle profil d'une rayure, la courbe qu'on obtient en coupant cette rayure par un plan perpendiculaire à l'axe du canon. La tranche de la bouche, qui est un plan perpendiculaire à l'axe, montre le profil des rayures d'une bouche à feu.

5

La paroi forçante est la paroi de la rayure, qui, par l'obstacle qu'elle oppose aux tenons, oblige projectile à tourner pendant son trajet dans l'âme du canon et lui communique ainsi le mouvement de rotation qu'il possède quand il sort du canon

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À quoi servent les tourillons et leurs embases ? Les tourillons servent à faire reposer la pièce sur son affût et à faciliter le pointage en hauteur. Ils sont venus de fonte, c'est-à-dire coulés avec la pièce. Les embases servent à empêcher les mouvements latéraux de la pièce entre les flasques. Que remarque-t-on sur le canon, vers le tourillon gauche ? Le fronteau de mire et son guidon. Ce dernier sert pour le pointage. Pourquoi l'épaisseur de la pièce a été augmentée au renfort ? Pour accroître la résistance de la pièce à l'endroit où s'exerce le plus fortement l'attention des gaz provenant de la déflagration de la poudre. À quoi sert le bouton de culasse ? Il sert dans les manœuvres de force pour recevoir la pince dans le levier d'un cordage ; le croque de brague livre passage à la brague quand on en fait usage. Pourquoi donner aux canons une prépondérance de culasse ? Leur a donné une prépondérance de culasse pour que la pièce suive le mouvement de l'appareil de pointage quand on le baisse. Pour cette pièce, la prépondérance de culasse est de 120 kg.

Comment est terminée la ligne de mire pour le pointage ? Par le cran de mire de la hausse et le guidon À quoi sert la boîte de hausse ? La boîte de hausse sert à supporter la hausse du canon pendant la durée du pointage. Une vis de pression fixe la hausse à la hauteur voulue. Où se trouve placée la lumière du canon ? La lumière, percée obliquement dans le renfort, débouche en avant du fonds de la, à 53 mm. Cette disposition permet d'atteindre facilement la gargousse avec le dégorgeoir. À quoi sert le grain de lumière ? Il préserve le métal de la pièce à l'endroit de la mise à feu ; les gaz s'écoulent, en effet, avec une grande intensité par le canal de lumière et produisent des érosions de nature à compromettre la pièce. L'effet d'érosion est moins grand sur le grain de lumière, est ce dernier peut être remplacé quand il est hors de service. Les canons non frettés ne recevaient pas, dans le principe de grains de lumière. Le canal était percé dans le métal même de la pièce. On a appliqué plus tardivement un grain de lumière n° 2, aux canons de 16 cm modèle 1820–1840, rayés, non frettés.

Affût de côte selon le tracé de 1847 Quelles sont les parties essentielles de l'affût de côte pour canon de 16 cm, bouche, non fretté ?

lorsque l'on fait le pointage en hauteur. On les compte à partir du plus élevé.

Les deux flasques symétriques ; le guide de crosse ; les trois crans d'embarrage ; les logements des tourillons ; l'entretoise de mire ; la vis de pointage ; l'essieu, les rouleaux.

À quoi sert l'entretoise de mire ?

À quoi servent les flasques ? Ils servent à supporter la pièce par l'intermédiaire des tourillons, lorsque ces derniers reposent dans leur logement. Les flasques sont réunies par l'entretoise de devant et l'entretoise de crosse. À quoi servent les crans d'embarrage ? Ils permettent d'embarrer sous la culasse dans les diverses positions successives que prend la pièce,

6

L'entretoise de mire porte le coussinet en bois, sur lequel est fixé l'écrou de vices de pointage. À quoi sert la vis de pointage ? La vis de pointage sert pour le pointage en hauteur. Dans le tir sous les grands ensembles, on retire la vis de pointage, que l'on remplace par un coin de mire. À quoi servent les essieux, les rouleaux, le guide de crosse ? L'essieu porte les rouleaux6. Ces derniers, avec le guide de crosse, sont les trois points d'appui de l'affût sur le châssis. Lorsque le guide de grosses est soulevé par un levier à galet, l'affût peut rouler soit en

Quelques affûts de côte d’un autre modèle sont munis de roue en fonte au lieu de rouleaux. Dans ce cas, il suffit le plus souvent, pour mouvoir l'affût, de s'appliquer à bras aux raies des roues.

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avant, soit en arrière sur les rouleaux. Ces derniers sont mortaisés pour recevoir le bout d'un levier en

fer, à l'aide duquel on détermine le mouvement.

Affût de côte selon le tracé de 1847 — Grand châssis. À quoi sert le grand châssis ? À guider le recul et à faciliter la remise en batterie ; à faciliter le pointage en direction ; à supporter et surélever l'affût. Il est formé : 1° de deux côtés reliés en avant par le Lisoir, en bois, au milieu et en arrière par deux entretoises en fonte ; 2° d'une directrice, en fonte, fixées sur les entretoises du milieu et de derrière. À quoi servent les côtés et la directrice ? Les côtés supportent les rouleaux ; la directrice supporte le guide de crosse. Deux taquets situés aux extrémités des côtés limitent le mouvement de l'affût.

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Comment le grand châssis repose-t-il sur la plate-forme ? Le devant du châssis repose sur la sellette de cheville ouvrière. À cet effet, le lisoir est percé d'un trou dans lequel s'engage la cheville ouvrière. Le derrière du châssis repose sur la plate-forme de roulettes, dont les chapes s'engagent dans des douilles pratiquées à l'extrémité postérieure des côtés. À quoi servent la cheville ouvrière et les roulettes ? Elles permettent et facilitent le pointage en direction, que l'on obtient en faisant pivoter tout le système autour de la cheville ouvrière, en embarrant dessous où dans les roulettes.

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Les taquets situés aux extrémités du châssis limitent le mouvement de l'affût. Que se produirait-il, si, dans le mouvement de recul de l'affût, après la mise à feu, les rouleaux venaient porter brusquement contre les taquets arrière ? Il se produirait une violente secousse, qui aurait pour effet de soulever la vente de l'affût, de faire basculer tout le système autour des roulettes et finalement, de le renverser à l'intérieur du terre-plein de la batterie. Il importe donc d'atténuer ce choc, ou mieux de l'empêcher de se produire, en réduisant le recul à des proportions modérées. Comment peut-on diminuer le recul de l'affût ? Par l'emploi de coins-sabots élévateurs : Ce sont deux coins adoptant la forme des rouleaux de l'affût, réunis par une traverse ; ils reposent par leur base sur les côtés du châssis. L'affût venant au recul, les rouleaux s'élèvent sur les coins, puis les entraînent dans leur mouvement, en les faisant glisser sur les côtés du châssis ; le

frottement qui en résulte réduit considérablement le recul. L'emploi des coins-sabots élévateurs réclame-t-il quelques précautions ? Nullement ; on les place soit touché les rouleaux, soit un peu plus ou moins que moi en arrière. Cela n'a pas d'importance. On les met généralement à distance égale des rouleaux et du guide de crosse. Le fonctionnement des coins ne laisse rien à désirer. Ci-après le recul de l'affût, les rouleaux se trouvent calés sur les coins, Il suffit d'introduire la pince d'un levier en fer entre les rouleaux et les coins pour les dégager. En cas d’absence de coins-sabots élévateur, que peut-on faire pour diminuer le recul de la pièce ? On peut employer du sable dont on couvrirait les côtés du châssis ; on a reconnu que ce moyen, très simple, pourrait diminuer le recul de moitié.

Affût de côte selon le tracé de 1847 — Plates-formes madriers-gîtes. Ce système est consolidé par des piquets. La voie circulaire est formée de cinq madriers, fixés au moyen de broches, sur six madriers-gîtes enterrés.

Combien y a-t-il d'espèces de plates-formes, et de quoi se composent les plates-formes pour l'affût de côte en fonte ? Il y a trois espèces de plates-formes :

3° les quatre formes mixtes, formé d'une sellette de cheville ouvrière, scellée dans un dé en maçonnerie, et d'une voie circulaire en bois.

1° les plates-formes en maçonnerie, dont la surface est couverte en dalles. Elles sont pourvues d'une voix circulaire enfer ; la sellette de la cheville ouvrière les scellés au moyen de quatre boulons dans un dé en pierre de taille. 2° les plates-formes se composant entièrement de bois de charpente et de madriers. Dans ce cas, la sellette de cheville ouvrière est fixée par quatre boulons sur deux semelles de croisillons, qui reposent sur cinq

Quelle est la plate-forme la plus avantageuse ? Les plates-formes en maçonnerie sont les plus solides, mais les plus coûteuses ; elles sont également plus difficiles à réparer.

Armements Quels sont les armements nécessaires pour la manœuvre des canons de 16 cm bouche, sur affût de côte ? Deux leviers en bois, pour soulever la culasse ; deux leviers en fer à rouleaux, pour la mise en batterie et hors de batterie, et pour le pointage latéral ; un levier à galets pour soulever le derrière de l'affût dans la mise en batterie hors de batterie ; une clé à écrous, page 26

pour serrer et desserrer les écrous de l'affût et du châssis ; un sac à charges ; un sac à étoupilles, contenant le tire-feu, le dégorgeoir et le doigtier ; la caisse contenant les hausses ; le chapiteau couvrant la lumière ; le tampon, sur la bouche de la pièce ; un balai, un écouvillon, un refouloir.

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Munitions – gargousses De quoi se compose la charge ? Elle se compose de trois parties séparées : la gargousse, le bouchon et le projectile. Qu'est-ce que la gargousse ? La gargousse, en papier parchemin, est composée d'un rectangle à franges enroulé, formant le corps de la gargousse, et d'un culot coller avec de la colle au caséum. Quel est le poids de la poudre contenue dans la gargousse le canon de 16 cm bouche, non fretté ? 3 kg de poudre ordinaire. La contenance de la gargousse est indiquée sur la partie cylindrique. Comment conserve-t-on les gargousses pleines des canons de 16 cm non frettés ? Elles sont abritées dans les magasins à terre, après avoir été renfermées dans les caisses en usage à bord. Le département de la Guerre emploi, pour la conservation des gargousses dans des batteries de côte, des caisses en bois revêtu de zinc ; chacune de ces caisses est elle-même abritée dans une chape en bois, qui lui sert d'enveloppe. Les gargousses vides sont réunies par paquets de 25, pour être conservées en magasin. À quoi sert le bouchon en foin ou en algue ? À atténuer le choc des gaz au moment de la déflagration de la poudre. Le bouchon fait l'office de tampon élastique et sert à rompre l'inertie du projectile, tout en lui transmettant l'effet dû à la puissance explosive de la poudre ; il en résulte moins de fatigue pour la pièce. Pourquoi emploie-t-on le foin ou l'algue dans la confection des bouchons ? Il importe d'employer une matière incombustible de façon à éviter toute cause d'accidents, au cas où des parcelles de bouchon resteraient dans la bouche à feu. La hauteur du bouchon est fixée à 110 mm environ. Quels sont les projectiles tirés par les canons de 16 cm bouche, non frettés ? L'obus ordinaire et la boîte à mitraille. Description des obus ordinaires.

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L'obus, en fonte, est ogivo–cylindrique, à culot plat. On y remarque : la pointe de l'ogive, qui est coupée pour ménager l'emplacement du mécanisme percutant ; la lumière taraudée à l'entrée ; la chambre contenant la charge d'éclatement ; les trois tenons en zinc, les trois plaques isolantes. Le poids du projectile est de 30,75 kg avec une charge d'éclatement correspondant à 1 400 g de poudre ordinaire. Description du mécanisme percutant. Le mécanisme percutant et du système Tardy. Il se compose de deux parties séparées, indépendantes l'une de l'autre : 1° un bouchon fileté, enfer, à tête conique, portant en dessous une capsule maintenue par une rondelle de cuivre sertie. Le bouchon est percé d'un trou de ganse. 2° un marteau cylindrique, enfer creux, rempli de poudre de chasse et fermé à un bout par un bouchon de bois dur, vissé dans l'intérieur du marteau ; l'autre bout et terminer par une cheminée, où se trouve une petite éclisse le bois pour ne pas laisser tomber la poudre. Le marteau repose sur un épaulement ménager dans la lumière du projectile, et le bouchon est vissé par-dessus. Comment fonctionne le mécanisme percutant système Tardy ? Dans le tir, lorsque la vitesse du projectile est brusquement ralentie par un choc, le marteau conserve la vitesse acquise, perce la rondelle de cuivre, frappe violemment la capsule, en détermine l'explosion, qui communique le feu à la poudre du marteau par la cheminée et de là à la charge intérieure de l'obus. Le système Tardy a été remplacé, dans tous les obus fabriqués depuis 1868, par le mécanisme à double réaction. En quoi consiste le mécanisme à double réaction ? Comme le mécanisme Tardy, le mécanisme à double réaction se compose d'un bouchon fileté, à tête conique et d'un marteau rempli de poudre. Ces pièces sont en bronze au lieu d'être enfer. Le bouchon se prolonge par un tube, dans lequel le page 27


marteau est fixé par deux tourillons en plomb. Deux goupilles enfer sont fixées dans le tube, au-dessous du marteau ; enfin la rondelle de cuivre, qui maintient la capsule, et percé pour laisser pénétrer librement la cheminée. Fonctionnement du mécanisme à double réaction : Dans le tir, au départ du projectile, le marteau, par suite de la force d'inertie, et rejeté en arrière jusque contre les goupilles enfer, en rompant en partie ses freins ; à l'arrivée le marteau achève de briser ces tourillons il se porte en avant pour frapper la capsule. Ces mécanismes ont été transformés en mécanismes à friction modèle 1870. Qu'entend-on par mécanismes à friction ? Les mécanismes à friction, qui sont en service depuis 1870 écrits doivent être substitué aux mécanismes percutants pour tous les calibres, se compose essentiellement dans corps en bronze, à tête conique, filetée, creux est-on le fond porte un r u g u e u x e n c u i v re ro u g e ; d ' u n m a r t e a u porte-amorce en bronze ou en laiton, fixé sur le corps par deux goujons en plomb appelé freins ; enfin de deux goupilles d'arrêt enfer, situé au-dessous du marteau. Le corps du mécanisme porte, contre la base de sa tête, une rondelle en plomb, destiné à assurer la fermeture de l'œil de l'obus. Cette tête est percée d'un trou fraisé qui sert d'abord au vissage et qui reçoit ensuite une ganse en filin ; elle porte les inscriptions relatives à la désignation et à l'emploi du mécanisme ainsi qu'au lieu et à l'époque de sa confection. Fonctionnent les mécanismes à fiction : Au départ de l'obus, le marteau vient s'appuyer contre les goupilles, en rompant les freins en partie ; à l'arrivée ils liront tout à fait, en se portant sur le rugueux qui détermine l'explosion de l'amorce. Combien existe-t-il de modèles de mécanismes à friction modèle 1870 ? Quatre qui servent à armer des obus oblongs ordinaires, savoir : le n° 1, les obus de 22 cm ; le n° 2, ceux de 32 et de 27 cm ; le n° 3, ceux de 24 cm ; et le n° 4, les obus de 19 et de 16 cm. En quoi diffèrent ces différents mécanismes ? Ils diffèrent entre eux principalement par la distance de la base du marteau aux goupilles d'arrêt, distance qui va en décroissant du numéro un au numéro quatre, d'où il résulte que ces mécanismes n'ont pas page 28

une égale sensibilité, laquelle tend à diminuer du numéro un au numéro quatre. Cette sensibilité a été réglée de façon à ne pas donner d'éclatement au tir rasant sur l'eau et en donner toujours, au contraire, au tir à terre sous un angle de 25° ou un tir horizontal contre un parapet en terre. Mais par la suite cette sensibilité est apparue comme insuffisante et on a dû modifier les mécanismes en conséquence. Comment a-t-on modifié les mécanismes modèle 1870 ? Principalement modifiant la forme des freins et en augmentant la distance de la base du marteau aux goupilles d'arrêt, pour permettre la rupture complète des freins au départ. Par suite, on a été conduit à placer un ressort en est-on entre le rugueux et le marteau pour retenir ce dernier et éviter des éclatements prématurés. Toutefois le mécanisme n° 1, destiné à l'obusier de 22 cm, et le n° 3 n'ont pas été sensibilisés ; le n° 4 sensibilisé sert à armer les obus de 24,19 et 16 cm. À quoi servent les tenons du projectile ? Ils servent à guider le projectile dans les rayures imprimer le monde rotation. Ils sont placés à hauteur du centre de gravité du projectile chargé. On emploie des tenons en zinc laminé pour ne pas fatiguer les rayures par le frottement d'un métal trop dur contre la partie forçante. À quoi servent les plaques isolantes ? Ces ailettes, placées vers l'arrière de la partie cylindrique du projectile, s'engagent entre la surface de l'obus et la paroi de l'âme et empêchent ainsi les battements. Quelle est la portée de l'obus tiré sous l'angle maximum (30°), permis par l'affût ? Elle est de 5 500 m. Sous l'angle de 40°, on atteindrait une portée de 6 000 m. Description de la boîte à mitraille. La boîte à mitraille pour canon de 16 cm non fretté se compose d'un cylindre en tôle fermée par un couvercle en tôle et un culot en fer forgé. Elle contient 20 balles en zinc de 53 mm disposé en trois couches, dont deux de sept balles chacune. Les intervalles des balles sont garnis de sciure le bois pour empêcher les ballottements. Le poids de la boîte à mitraille est de 13,6 kg. Il convient de ne pas tirer la boîte à mitraille au-delà de 200 m.

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Hausses Comment fixe-t-on la hausse sur le canon ? La tige est introduite dans la boîte de hausse et appliqué contre la tranche de culasse, ou bien engager dans des rainures entaillées dans le métal de la bouche à feu. On fait descendre la tige, jusqu'à ce que le très du curseur, correspondant à la distance à laquelle on peut tirer affleure la face supérieure de la boîte de hausse, et on la fixe à sa position au moyen de la vis de pression de la boîte de hausse. À quoi sert la traverse ? Elle porte le chapeau porte-cran de mire, qui peut se déplacer, à volonté, vers la droite ou vers la gauche. Quel avantage peut-on tirer de cette disposition ?

À quoi servent les hausses ? À donner à la pièce l'inclinaison et la direction. Description des hausses de la marine. Elle se compose en général, d'une tige graduée, en acier, une traverse horizontale, sur laquelle peut se dépasser chapeau porte-cran de mire en bronze. Combien emploie-t-on de hausses pour le canon de 16 cm bouche, non fretté ? Deux hausses : la petite et la grande. La petite porte des graduations numérotées suivant la série des nombres pairs de zéro à 30 ; les graduations de la grande hausse sont numérotées sur une série des nombres pairs de 30 à 60. Que représentent ces graduations ? Un même nombre de centaines de mètres. Ainsi la petite hausse permet de pointer de zéro à 3 000 m ; la grande de 3 000 à 6 000 m. La tige n'a telle que ces graduations ? Non : des graduations de 200 en 200 m sont indiquées par des crans sur la face latérale gauche et de larges traits horizontaux, formant le prolongement de ces crans sur la face postérieure. Les distances intermédiaires de 100 mètres sont indiquées par de fortes lignes intermédiaires, sans adjonction de crans, ni de chiffres. Balliet - J.M. — Batteries abandonnées de la citadelle de Blaye

Si la tige de hausse est placée verticalement sur la pièce, le déplacement du chapeau porte-cran de mire peut servir à corriger la dérivation, ce qui s'appelle donner la dérive, et aussi à corriger les effets dus à l'action du vent et les irrégularités du tir dues à certaines causes permanentes. Les hausses du canon de 16 cm, non fretté, sont-elles inclinées ? La grande hausse n'est pas inclinée ; mais la petite l'est de façon à corriger la dérivation de la bouche à feu, lorsque le chapeau porte-cran de mire est placé entre les deux zéros de la traverse. À quoi sert la traverse dans ce cas ? À permettre seulement les corrections que nécessite l'action du vent, ou certaines irrégularités dont on connaîtrait la cause permanente. À cet effet, la traversée graduée en dessus en millimètres, à droite et à gauche des bords du chapeau, cassé à sa position initiale. Comment évaluer la traverse de la grande hausse ? Évaluation de la face postérieure la traverse sont relatives aux dérives, qu'il convient de donner à partir de 3 000 m. La graduation en millimètres de la face supérieure de la traverse part du zéro des dérives. Comment s’appelle cet appendice en forme de V qui se trouve sous la traverse ? L'arrêt–butoir.

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La traverse de la petite hausse du canon de 16 cm, non fretté, était munie d'un arrêt–butoir ? Non, elle n'a pas d'arrêt–butoir ; lorsque la hausse est passée au zéro, le dessous de la traverse repose sur le dessus de la boîte de hausse. À quoi sert l'arrêt–butoir ? L'arrêt–butoir, qui existe dans la plupart des hausses de la Marine inclinées sur le canon (il n'y a d'exception que pour la petite hausse du canon de 16 cm, non fretté), sert de repère pour le classement du chapeau porte-cran de mire. Ce dernier est muni en dessous un arrêt–butoir de même forme que celui de la traverse, Il suffit donc, pour être certain que le chapeau est bien placé à sa position initiale, de ramener en coïncidence l'arrêt–butoir de la traverse avec celui du chapeau. Comment est disposé le chapeau porte-cran de mire ? Il embrasse la partie supérieure de la traverse ; Il est maintenu par un petit pont d'acier à tête carrée et un petit écrou en bronze, qui se visse sur l'extrémité de ce bouton. Le serrage est assuré au moyen de petites rondelles de cuir. Où se trouve le cran de mire ? Il est placé à la partie supérieure du chapeau est formé d'un cran à bords saillants, ayant toute l'épaisseur du chapeau. Quel est le profil du cran de mire ? Son profil est un triangle isocèle curviligne, dans le sommet cassé en bas, et dont les deux côtés égaux forment une courbe légèrement concave. Il est étroit vers l'avant et s'évase fortement vers la partie postérieure. Cette disposition est-elle avantageuse ? Cette disposition, qui est particulière à la Marine, permet le pointage à longueur de tire-feu. Le temps de la guerre ne se prêterait pas au pointage des pièces de mer. Comment obtenir le pointage en hauteur ? En agissant sur la vis de pointage. Les mouvements de la vis de pointage doivent être rendus plus doux par l'emploi de leviers appliqués sous la culasse. Comment obtenir le pointage en direction ? En agissant sur les roulettes du châssis. Cette action

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est obtenue en embarrant avec le petit bout des leviers en fer dans les mortaises ; ou mieux, en appliquant la pince du levier à plat sur la voie circulaire et en la poussant sous la roulette. Il suffit d'abattre, pour déplacer facilement le châssis. Ce dernier moyen et plus rapide. Comment mettre le feu à la charge des bouches à feu de 16 cm ? Au moyen d'une étoupille à friction de la Marine ou de la Guerre, qui s'enflamment par le frottement d'un rugueux arraché par le tire-feu. De quoi se compose étoupilles à friction de la marine ? D'un grand tube en plume, d'un tube d'amorce en plume garni de composition fulminante ; d'une tête en bois, d'un rugueux en fil de cuivre passant dans la tête en bois et dans le tube d'amorce, au bas duquel il est fixé par un crochet ; d'une ligature qui fixe le grand tube à la tête en bois ; enfin, d'une charge de poudre à mosquée, qui remplit le vide intérieur du grand tube. Quelle est la composition fulminante des étoupilles de la marine ? Deux parties emploi de sulfure d'antimoine pour cinq parties emploi de fulminante de mercure. Pour faciliter le mélange, tout en évitant des accidents, le droit avec précaution après addition d'une petite quantité d'eau gommée. Comment conserver les étoupilles de la marine ? Par paquet de 10, dans des caisses en cuivre. Quelle est la composition fulminante des étoupilles de l'artillerie de terre ? Un tiers de chlorate de potasse et deux tiers de sulfure d'antimoine. Pourquoi ces différences dans la matière fulminante les deux qui de la Guerre et de la Marine ? Les étoupilles de la marine sont employées à la mer et dans les colonies. C'est pourquoi on les a chargés avec une matière peu hygrométrique. Dans les mêmes conditions d'emploi, le mélange des étoupilles de la Guerre s'altérerait infailliblement, sous l'action de l'humidité atmosphérique. Quel est le nombre d'hommes nécessaires pour le

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service du canon de 16 cm, bouche, non fretté, employée sur les côtes ?

Cinq hommes suffisent pour le service de cette bouche à feu7 .

Canons de 16 cm, rayés, frettés, à chargement par la bouche. Combien y a de modèles de canons de 16 cm, rayés et frettés, se chargeant par la bouche ? Il y en a trois modèles : ce sont les anciens canons de 30 n°1, modèle 1820–1840, modèle 1849 et modèle 1858 transformés.

Quel est le poids de l'obus ? Environ 31,5 kg monté et chargé. La charge d'éclatement et de 1 400 g. Quelle est la portée de l'obus sous l'angle maximum (30°) permis par l'affût ? Elle est de l’ordre de 6 000 m ; l'obus atteindrait une portée de 6 500 m sous l'angle de 40°. Quel est le poids de la boîte à mitraille ? Elle pèse 20,5 kg. La boîte à mitraille contient 27 balles de 535 g, disposées sur quatre couches. Quelles sont les hausses destinées au pointage des canons de 16 cm, bouche, rayés et frettés ?

Quelles différences principales présentent ses pièces avec le canon précédemment décrit ? Elles ont reçu un frettage sur le corps du canon. Quel est le but du frettage ? Il augmente de beaucoup la résistance du canon. Combien y a-t-il de frettes sur les canons de 16 cm, bouche ? Il y en a sept placés jointivement à la suite les unes des autres sur le corps du canon. La première est un peu en arrière des tourillons et se raccorde avec le corps du canon par tronc de cône. La septième se raccorde avec le cul-de-lampe par un petit arrondi de 45 à 50 mm de rayon. Poids des trois canons de 16 cm, bouche, frettés et rayés ?

Chaque pièce reçoit deux hausses : une petite, placé obliquement sur le canon et graduée de zéro à 3 200 m ; et une grande, cassée verticalement sur la pièce et gradué de 3 200 à 6 000 m. Où se trouve placée la lumière du canon ? Le canal de lumière est dirigé obliquement, de l'extrémité postérieure du frettage à la partie arrondie du fond de la. Cet oubli huit et du canal de lumière permet de percer aisément la garde tous avec le dégorgeoir. Quel est le grain de lumière des canons de 16 cm, bouche, frettés ? C'est un grain spécial, formé d'une rondelle en cuivre rouge. Il est surmonté d'un tube en fer (des canons de 16 cm, modèle 1858–1860, rayés et frettés, n'ayant qu'une seule lumière, ont reçu un grain n° 2, avec tube en acier).

Ils pèsent respectivement 3 140, 3 180 et 3 640 kg. Quel est le poids de la charge du canon ? 3,5 kg.

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Nota : Les canons de 16 cm, les obusiers de 22 cm pourraient, à titre provisoire, être placé sur affût marin, de même que le canon de 24 et de 27 cm.

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 1. A i d e - m é m o i r e à l ' u s a g e d e s o f fi c i e r s d'artillerie - 4e édition. Paris, 1880-1886. 2. [COURS D'ARTILLERIE 1863 - Planches] Planches du matériel d'artillerie. S.l., Ecole d'Application de l'Artillerie et du Génie, s.d. (vers 1863). 3. DECKER (M.), LELUC (S.) - Petits modèles d'artillerie. Paris, Musée de l'Armée - Hôtel national des Invalides, 1994. 4. DELAISSEY (A.) - Cours spécial sur le matériel de côte, à l'usage des cadres de l'artillerie de la Marine. Paris, Imprimerie Nationale, 1890. 5. [ÉCOLE IMPÉRIALE POLYTECHNIQUE - 1re Division] - Portefeuille des élèves. Dessins, croquis et tableaux relatifs au cours d'art militaire. 2e édition, 1er tirage. 1856-1857. s.l., Ecole Polytechnique, 1856.

7. MARPEAUX (Jean) - Du boulet plein à l'obus ogival. L'évolution de l'artillerie navale française entre 1815 et 1870. Deuxième partie : La naissance de l'artillerie moderne. In : Neptunia, 2012, No. 263, p. 28-36. 8. [MÉMORIAL DE L'ARTILLERIE DE MARINE] MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES Aide-Mémoire d'artillerie navale. Textes. 1re livraison — 1874. Paris, Typographie Georges Chamerot, 1874. 9. [MÉMORIAL DE L'ARTILLERIE DE MARINE (annexe au) - 1879 (1re livraison)] - MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES Aide-Mémoire d'artillerie navale (annexe au Mémorial de l'Artillerie de la Marine). 1ère livraison — 1879. Paris, Imprimerie Lemercier, 1879.

6. [ÉTUDES SUR LE PASSÉ ET L'AVENIR DE L'ARTILLERIE] - [FAVÉ (Général)] - Études sur le passé et de l'avenir de l'artillerie. Tome cinquième - Histoire des progrès de l'artillerie. Paris, J. Dumaine, 1871.

Si les publications sur la toile sont trop souvent de piètre qualité, on peut citer ce billet qui vient opportunément compléter cette courte étude avec quelques dessins d’excellente facture : Plates-formes d'artillerie de côte, publication du 14 octobre 2016, rédigée par l’association « 1846 » et publiée depuis Overblog à l’adresse suivante : http://association-1846.over-blog.com.

Remerciements chaleureux à mon ami, le général D. Thomas — j’ai apprécié son érudition et sa connaissance intime de la citadelle — ainsi que la ville de Blaye — tout particulièrement M. L. Wintersheim — qui m’ont permis de découvrir la citadelle de Blaye dans les meilleures conditions.

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