Caspe 2013

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Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine

vivre durablement Cap sur la sobriété énergétique


pages 2 | 3 – vivre durablement

La caspe État des lieux

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Épuisement des ressources et changement climatique : où en sommes-nous ?

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La société de croissance, toujours plus de « plus »… En débat : développement durable ou décroissance ?

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L’énergie, une question 13 d’éthique et de théologie

Que vient faire la foi dans les questions énergétiques ?

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Le respect de la Création

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La simplicité

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L’amour - agapè

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L’espérance

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et maintenant que faire 21 concrètement ?

Sur le plan collectif

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Sur le plan politique

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Quiz

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Pour aller plus loin

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La Commission des affaires sociales, politiques et économiques de l’UEPAL (Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine) est un lieu de réflexion sur les questions de société et le sens pris par ses évolutions. Sa vingtaine de membres aborde ainsi chaque année un thème différent, débattant avec des acteurs issus du milieu concerné. Après les questions du logement, de la mondialisation, de la crise de la consommation, de la diaconie, de l’immigration et du vivre ensemble, le thème de l’énergie a été choisi. La commission puise ses forces dans le grand pluralisme de ses membres, tant au niveau de leurs activités socio-professionnelles que de leurs sensibilités politiques et économiques. La foi chrétienne et la culture protestante constituent le ciment qui favorise une convergence d’opinion dans l’analyse des questions étudiées. Par le biais de ces livrets, la commission souhaite mettre le fruit de ses réflexions à la disposition de tous, paroissiens de l’UEPAL et personnes distanciées de l’Église mais sensibles à ces questions. fabienne rubach présidente de la CASPE


introduction

Cap sur la sobriété énergétique  ! Le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources fossiles et la crise économique participent d’une crise majeure générée par notre mode de vie. Comme le souligne Nicolas Hulot, « les crises se répètent, se combinent, s’amplifient, et la crise écologique aggrave la crise sociale ». Pierre Radanne1 définit le changement climatique comme étant « la première question politique totale, question planétaire à solidarité obligatoire », les impacts des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’un pays touchant tous les autres.

Redéfinir un modèle de développement dans un monde aux équilibres menacés…

L’énergie est au cœur de cette crise majeure. Elle est en grande partie à l’origine de ces émissions de GES. Elle est aussi – et d’abord – consommatrice des ressources fossiles dont le déclin est annoncé. Elle génère enfin des injustices, son accès n’étant pas assuré aux populations pauvres pour leurs besoins élémentaires, alors que la surconsommation prévaut ailleurs.

Cette brochure2 rend compte de notre réflexion sur l’énergie. Elle vise à la prise de conscience de nos responsabilités individuelles et collectives. Elle se veut un support pour une redéfinition du modèle de développement de l’humanité dans un monde aux équilibres fragiles et menacés. Elle doit nous conduire, en tant que chrétien et en tant qu’Église, à nous interroger : comment pouvons-nous contribuer à la sauvegarde de la Création ? robert spreng au nom des membres de la CASPE octobre 2013

1. E xpert reconnu dans le domaine de l’énergie et ancien Président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

2. L e contenu de cette brochure ne peut être exhaustif, tant les données sont nombreuses et parfois complexes. Des articles complémentaires se trouvent sur www.uepal.fr à la rubrique « Église et société > Caspe ».


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État des lieux Épuisement des ressources et changement climatique : où en sommes-nous ? Croissance économique et besoin de consommation Deux options : le développement durable ou la décroissance


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Épuisement des ressources et changement climatique : où en sommesnous ?

la fin du pétrole ? De nombreux ouvrages traitent de cette perspective. Le pic de production pétrolier 1 serait déjà atteint et la baisse de production entamée alors que la demande mondiale ne cesse de croître (+ 45 % d’ici 2030 selon l’Agence internationale de l’énergie). Le gaz connaîtra lui aussi ce déclin, mais un peu plus tard. Et pourtant, ceux que l’on qualifie d’optimistes réfutent ce principe, objectant que la découverte de nouveaux et d’importants gisements de ressources non conventionnelles permettra de prolonger les réserves d’hydrocarbures.

Si la mobilisation de ces nouvelles ressources n’a en soi rien d’utopique, il faut prendre en compte les contraintes liées à leur exploitation. Parmi elles, les impacts environnementaux ne sont pas les moindres : la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schiste en est un exemple. Cette technique est d’ailleurs interdite en France pour l’instant.

1. Le pic pétrolier désigne le sommet de la courbe de production d’un bassin pétrolier ou d’une zone pétrolifère. Par extension, ce terme fait référence au moment où la production mondiale plafonnera en volume avant de commencer à décliner.

À quoi nous sert le pétrole ?

Quelle que soit l’échéance de la fin inéluctable des ressources fossiles sur notre planète, nous devons prendre conscience qu’elles ne sont pas inépuisables. Ne devient-il pas urgent de nous préparer à ce que nous ne pouvons aujourd’hui qu’imaginer et qui sera une civilisation sans pétrole ? Notre humanité a été façonnée depuis deux siècles par cet or noir dont le processus de formation a pris 60 millions d’années. Cette transformation chimique de matières organiques ne pourra pas se renouveler à l’échelle de notre temps.


consommation d’énergie mondiale par source d’énergie en 2010 Sources d’après AIE, 2012

Autres énergies non renouvelables Hydroélectricité

4%

3%

Pétrole

42%

La consommation d’énergie finale dans le monde est basée pour près de quatre cinquièmes sur les énergies fossiles.

Biomasse

13%

Nucléaire

2%

Charbon

17%

Gaz

19%

Prendre conscience que les ressources de notre monde ne sont pas inépuisables …

le changement climatique L’un des indicateurs de l’évolution des gaz à effet de serre dans l’atmosphère est la concentration en CO2 mesurée en particules par million (ppm). Or, le 9 mai 2013, une concentration journalière de 400,03 ppm a été enregistrée par un observatoire situé sur un volcan au-dessus de l’Arctique. Elle correspond au franchissement d’un seuil historique qui nous fait entrer dans une nouvelle zone de danger, selon Christiana Figueres, responsable de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Selon le dernier rapport publié du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en 2007, une limitation de la concentration en gaz à effet de serre dans l’atmosphère à environ 450 ppm d’ici 2050 limiterait à 2°C la hausse de la température moyenne globale de la Terre à cet horizon de temps. Tous les experts ne partagent pas cet avis. Ainsi James Hansen, climatologue américain du Goodard Institute for Space, considère qu’il faut revenir à 350 ppm, au constat des événements climatiques qui ont déjà eu lieu. [ > ]


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L’enjeu est de s’éloigner du risque d’un emballement climatique dévastateur …

[ > ] Quoiqu’il en soit, toute poursuite à la hausse de cette concentration conduira à la multiplication d’épisodes climatiques extrêmes ou à l’augmentation de leur ampleur, comme : • L’élévation du niveau des mers : migrations importantes de populations, souvent les plus pauvres, vivant dans les zones côtières… • La disparition des glaciers de montagne : pénurie d’eau pour des millions de personnes qui en sont tributaires. • Un affaiblissement du Gulf Stream, courant chaud qui adoucit en partie le climat de l’Europe occidentale, avec pour conséquence un refroidissement important sur l’Europe du Nord et la côte Est des États-Unis… • La fonte du permafrost (sols gelés de l’Arctique) qui renferme des quantités très importantes de carbone qui seraient libérées. augmentation du co 2 CO2 atmosphérique à Mauna Loa (Hawaï)

Particules par millions

400 380

Scripps Institution of Oceanography Laboratoire de recherche NOAA

360 340 320 1970

1980

1990

2000

L’enjeu fondamental est de s’éloigner à tout prix du risque d’un emballement climatique – scénario catastrophe évoqué par certains experts –, résultant notamment de l’inversion du processus d’absorption par les océans (puits de carbone). Il est susceptible d’entraîner la disparition de la plupart des espèces terrestres et marines de la planète, y compris l’espèce humaine. robert spreng ingénieur, ayant exercé des fonctions dans le domaine de l’énergie

ffff

1960

De plus, si le CO2 est le gaz à effet de serre le plus présent dans l’atmosphère, d’autres gaz au pouvoir réchauffant bien plus important, tel par exemple le méthane, que produisent entre autre les bovins, sont aussi émis dans l’atmosphère.

2010


Notre vision du bonheur personnel et collectif implique une dynamique constante de croissance : « plus » est synonyme de « mieux ». Plus d’objets, de voyages, d’expériences… Il nous faut toujours plus ! Ceci a un impact concret dans le domaine de l’énergie : sa consommation croît sans cesse. À l’origine, la « croissance » renvoie à la progression d’un indicateur économique, le PIB, c’est-à-dire la somme de toutes les valeurs ajoutées réalisées sur un territoire et sur une durée donnée. Mais aujourd’hui, la croissance, ce n’est plus seulement des maths. La croissance va plus loin : elle façonne notre esprit ou, pour le dire autrement, notre « philosophie de vie ». Nous sommes passés d’une société en croissance à une société de croissance. La croissance est devenue norme, vertu, religion.

La société de croissance, toujours plus de « plus »…

Comme norme, elle marque notre représentation du monde : la croissance aurait toujours été là, inscrite dans nos gènes, et correspondrait à une aspiration universelle et légitime de toute société. Comme vertu, elle prétend mener au bien et participer de l’excellence d’une société : on la juge aussi à son aune. Comme religion, elle résiste même aux questions rationnellement fondées : face aux limites de la Terre, on croit aux pouvoirs illimités de la science et de la technique. Conséquence : toute démarche de sobriété énergétique devra travailler au niveau spirituel tout autant, voire plus, qu’aux niveaux scientifique et technique. martin kopp doctorant, Faculté de théologie protestante de Strasbourg

La croissance est devenue norme, vertu, religion.


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En débat

Pour faire face aux défis de l’épuisement des ressources, deux options se présentent. Toutes deux nécessitent une profonde réforme de nos mentalités et de nos façons de vivre.

le développement durable : agir localement, penser globalement Une première orientation est celle du développement durable. Il s’agit de définir des manières de vivre ensemble viables qui concilient les trois aspects écologique, social et économique des activités humaines.

Il s’agit également de sensibiliser les ménages à l’achat utile. L’orientation du développement durable nécessite un réapprentissage du vivre ensemble. Chacun doit agir localement tout en pensant globalement. matthias dietsch aumônier universitaire protestant à Strasbourg

Réapprendre à vivre ensemble

Sur le plan écologique, il s’agit de chercher à optimiser notre consommation des ressources terrestres (eau, alimentation, pétrole, gaz, bois, etc.), de lutter contre la pollution (notamment celle due au trafic routier, aux chauffages à bois, aux feux ouverts ou à l’industrie), et de rechercher des ressources de substitution (biocarburants, éolienne, etc.).

Sur le plan social, il s’agit de trouver des moyens de répondre aux besoins sociaux de tous (emploi, alimentation, énergie, eau ou hygiène), à ceux des générations présentes comme à ceux des générations futures. Sur le plan économique, il s’agit de promouvoir dans les entreprises des investissements écologiques qui améliorent leur productivité tout en protégeant de l’environnement.

VIABLE

ÉCONOMIE

ENVIRONNEMENT

DURABLE ÉQUITABLE

VIVABLE

SOCIAL


la décroissance : s’attaquer au mythe de l’indispensable croissance La seconde orientation sous laquelle peut se penser la nouvelle ère énergétique est celle de la décroissance, qui s’oppose au développement durable et à la croissance verte en dénonçant ses contradictions. La « décroissance » est un slogan corrosif, qui s’attaque à la croissance comme idéologie moderne. Car pour les « objecteurs de croissance », celleci n’est ni soutenable, ni souhaitable. Non-soutenable, parce qu’elle nous a menés au-delà des capacités bioproductives de la Terre et parce qu’elle détruit la biosphère, menaçant les conditions nécessaires à notre vie. Non-souhaitable, car la réduction économiste de l’être humain, l’individualisme érigé en principe social, la conception matérialiste du bonheur et la morale utilitariste qu’elle véhicule sont rejetés d’un point de vue philosophique et, pour certains, religieux.

Souvent, la décroissance fait peur, parce qu’elle est confondue avec la récession ou la dépression. Or, reconnaissons-le : la croissance est à notre système économique ce que l’air est à notre corps : en son absence les conséquences sur la vie sont dramatiques. L’enjeu, précisément, est de sortir du modèle actuel qui nous oblige, pour perdurer, à augmenter constamment production et consommation. La décroissance est un projet de système alternatif. Le défi consiste à imaginer et mettre en place une société sobre et heureuse, une société conviviale d’abondance frugale. Après « moins de biens, plus de liens »… « moins d’énergie, plus de vie » ? m. k.

Moins de biens, plus de liens ; moins d’énergie, plus de vie…


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L’énergie, une question d’éthique et de théologie Introduction : foi et questions énergétiques Le respect de la création La simplicité L’amour-agapè L’espérance


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Que vient faire la foi dans les questions énergétiques ? Le défi énergétique n’est pas purement technique. De la production à la consommation en passant par la commercialisation, chaque étape impacte la création et les humains. En cela, l’énergie soulève des questions éthiques. Or, la foi au Dieu de Jésus-Christ détermine une théologie de la création et une certaine vision de la vie et de l’action en ce monde. En cela, la perspective doit être théologique.

D’autre part, ce sont les humains euxmêmes, en tant qu’individus et comme sociétés, qui souffrent et souffriront du réchauffement climatique, des irradiations, de l’épuisement des ressources fossiles, de la précarité énergétique, de l’exploitation au travail, des répercussions politiques liées au contrôle de l’énergie (ingérence, corruption, conflits armés).

Ce sont des questions difficiles et intimement liées à leur contexte. Nous allons explorer quatre critères éthiques Les enjeux liés aux pratiques énergétiques dont la foi chrétienne nous dote et qui actuelles sont multiples. aident à penser : le respect de la création, la simplicité, l’amour-agapè et l’espérance. D’une part, nul ne peut ignorer leurs Ainsi équipé, chaque lecteur responsable conséquences parfois désastreuses sur les est appelé à discerner sa réponse propre ! écosystèmes : déforestations, destructions, irradiations, pollutions, chute de la m. k. biodiversité. L’actualité récente le prouve : « Quelle sera l’issue de catastrophes nucléaires (Fukushima), l’exploitation de la terre accidents pétroliers (le golfe du Mexique), au cours de tous les siècles techniques d’extraction (ainsi la suivants ? Jusqu’où ira donc fracturation hydraulique). notre rapacité ? »

pline érudit romain


La terre : création divine ou matière brute ? Nous avons surpris le dialogue suivant entre un inconnu et deux réformateurs. En regardant la terre je vois de la matière brute : utile, bonne à exploiter et appartenant à qui se l’approprie le premier. Il ne faut pas avoir trop de scrupules dans un monde fait de hasard. Et dans un monde de nécessité, nous sommes bien contraints de chercher l’avantage du moment. Qu’en pensez-vous, Martin Luther ? Martin Luther : Je crois que Dieu m’a créé ainsi que toutes les autres créatures. Il m’a donné et me conserve mon corps avec ses organes, mon âme avec ses facultés ; il me donne tous les jours libéralement la nourriture, le vêtement, la demeure, la famille et toutes les choses nécessaires à l’entretien de cette vie ; il me protège dans tous les dangers, me préserve et me délivre de tout mal; et cela, sans que j’en sois digne, par sa pure bonté et sa miséricorde paternelle. Je dois, pour ces bienfaits, le bénir et lui rendre grâces, le servir et lui obéir. C’est ce que je crois fermement  1. Vous considérez donc notre corps et notre vie comme un don de Dieu…

M.L. : Oui, et si j’adopte votre langage – d’habitude la postérité assimile plutôt le mien – cela doit être vrai aussi pour ce que vous appelez l’environnement. Car le corps se renouvelle sans cesse en échange avec l’environnement. Les ressources énergétiques sont donc un don de Dieu. Et si je vous comprends bien l’expression « rendre grâces à Dieu, le bénir et lui obéir » il faut les gérer de manière reconnaissante et responsable. Jean Calvin, on vous dit plus proche de l’industrie et de la banque, vous êtes sans doute d’un autre avis ? Jean Calvin : Ah non, pas du tout. Regardez : la création est comme une maison pleine de trésors dans laquelle Dieu a la bonté de nous conduire. L’homme était riche avant que de naître 2. Voyez [Calvin lève le doigt pour nous rendre attentifs aux réalités d’en haut] : cette conscience doit nous remplir de gratitude et toute notre vie doit en être empreinte. Car toutes choses sont comme un

Le respect de la Création dépôt dont il nous faudra une fois rendre compte ; et de Dieu nulle gestion de biens n’est approuvée, sinon celle qui est ordonnée à la charité 3. Charité, vous dites, et je comprends amour, respect envers les autres habitants de notre planète, envers les générations futures, envers la multiplicité des créatures, envers Dieu qui a fait de notre vie un don, essentiellement.

otto schæfer théologien et botaniste, Fédération des Églises protestantes de Suisse

1. P etit Catéchisme, exposé du 1er article du Crédo. 2. C ommentaire sur la Genèse, éd. L.abor et Fides, Genève 1961, p. 37. 3. Institution chrétienne, III, X, 5.


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La simplicité La simplicité de vie n’est pas la misère, mais la sobriété choisie et assumée joyeusement. Pourquoi choisir de simplifier son quotidien ? Pour diverses raisons, politiques, éthiques et spirituelles. D’abord pour partager. « Vivre simplement, pour que d’autres, simplement, vivent », disait Gandhi. Le souci du bien commun, de l’équilibre entre ceux qui ont trop et ceux qui ont trop Vivre peu, peut conduire à se simplement, libérer de son surplus. pour que d’autres, Ce choix a aussi des simplement, raisons éthiques, liées vivent au souci des générations futures. Poursuivre dans la voie du « toujours plus » et du pillage des ressources de la planète, risque de rendre notre vie sur terre impossible. Simplifier sa vie, c’est réduire son « empreinte écologique », c’est-à-dire le poids que chacun fait peser sur notre environnement fragile. « On ne peut concevoir une croissance infinie dans un monde fini », disait Jacques Ellul.

Enfin, la simplicité est une question éminemment spirituelle. Elle permet à chacun de se réapproprier sa vie : on vote une fois par an, mais on mange trois fois par jour, et on peut ainsi réorienter son chemin de vie par ses choix de consommation. Vivre sobrement est aussi une expérience de libération intérieure, de confiance en la Providence divine.

par où commencer ? Mais comment simplifier son quotidien ? En révisant ses besoins : qu’est-ce qui m’est vraiment nécessaire ? Alimentation, transports, logement, travail, loisirs… à chacun de déterminer l’avoir qu’il peut réduire, pour faire croître l’être et les relations. frédéric rognon Professeur de philosophie à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg

La grenouille ne boit pas jusqu’à la dernière goutte l’eau de l’étang dans lequel elle vit.

proverbe indien


Amour, amour… ce vieux mot usé, si fort et si banal, si profond – ou si creux. Face aux moqueurs, on tâche d’en retrouver la fraîcheur toute biblique en le nommant « agapè ». Agapè : est-ce l’amour rose et sensuel d’une Saint-Valentin ? Est-ce l’amour blanc, lisse et désintéressé des parfaits ? Émotion ou vertu, peut-être – mais avant tout, puissance de Dieu. Puissance, parce qu’elle agit. Elle s’exprime. Elle se manifeste. Il n’est pas besoin de très gros mots pour définir l’agapè divine. Il suffit d’ouvrir les yeux et de bien regarder : l’amour de Dieu se voit. « Et voici comment s’est manifesté l’amour de Dieu au milieu de nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui » (1 Jean 4,10).

L’amouragapè

on préfère parfois les généralités… Nous y revoilà. Encore ce « Fils ». Encore cet « unique ». On aime mieux parfois les généralités. Celles qu’on croit percevoir derrière les mots bibliques : « L’amour pardonne tout, l’amour supporte tout. » Celles que livrent les chansons populaires : « Savoir aimer – donner sans reprendre, rester malgré tout. » Mais l’amour de Dieu n’en reste pas aux phrases imprécises. Il a une couleur, lui aussi. Il est lumineux, comme une nuit de Noël. Il est noir comme un Vendredi saint. Il prend forme concrète. Une crèche. Une croix. Au beau milieu du « monde » – ce lieu ouvert à tous les vents. Où l’amour n’est plus protégé. Où l’amour de Dieu risque sa peau, pour produire la vie. Agapè – non l’amour en nous bien chaud qui rassure sur l’existence du divin, mais la puissance qui jette au monde et donne la force de l’embrasser. madeleine wieger maître de conférences - Faculté de théologie protestante de Strasbourg


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L’espérance On se trompe sur mon compte. J’entends dire ici que je console des malheurs de la vie. J’entends raconter là que mon baume apaise des morsures du réel. Je serais la rampe de lancement vers un ailleurs idéal. Souffrez aujourd’hui, bonnes gens, car un demain meilleur vous attend ; l’avenir vous appartient. Alors on chante mes louanges ; grâce à moi, l’humain tiendrait debout dans l’épreuve.

Faux !

Avec moi, nulle tranquillisation ; j’agite. Nulle temporisation ; je rends impatient. Nul abandon ; je mobilise. Fille de la projection, je suis mère de l’insatisfaction. Mon projet pour le réel est contra-diction du réel. L’espérance contre l’expérience – effet de contraste. Il est vain aux ombres de se retirer, se dérober, se soustraire ; à ma lumière, leur noirceur rayonne. Je manifeste, aux deux sens du terme : je désigne et je proteste.

Mon territoire : le « pas encore »

Je suis fondé en Dieu et je vis en toi par la foi et l’Esprit, sans qui je ne viens ni ne tiens. Le Christ est ma source, le Royaume mon horizon, mais aussi ma fin. Car dans l’à-venir, quelle pertinence, tout étant accompli ? Seul l’amour – l’agapè – demeure. Mon territoire, c’est le « pas encore », l’ici et le maintenant de l’histoire, de ton histoire, de votre histoire. Mon objet, bien sûr : la résurrection, le salut, la vie éternelle ; mais aussi la justice, mais aussi la plénitude. Je suis l’espérance, et je suis critique. C’est ma force vitale, et ma valeur éthique. M. K.

L’espérance, fille de la projection, est mère de l’insatisfaction !


« Se tenir sur la lune et regarder la terre est une expérience extraordinaire. J’ai été impressionné de voir à quel point la terre était belle. Mais aussi à quel point elle était petite. Comme une île minuscule dans un océan infini : la seule île – à notre connaissance – qui soit habitable pour l’être humain. Jamais auparavant je n’avais eu conscience avec une telle acuité à quel point il était important de faire en sorte que cette île reste habitable, de la préserver et de la protéger – non pas contre des agresseurs extérieurs, mais contre nous-mêmes, les humains. »

neil armstrong astronaute

confession de foi : Nous croyons au Dieu unique, source de toute vie, seul fondement et origine de toute la terre et de ses créatures. Nous croyons à l’excellence de toute vie sur terre, à la valeur innée de tous les êtres, à la participation des humains à la vie de la nature. Nous croyons que le Christ nous montre la tâche confiée à l’être humain : être l’image de Dieu en œuvrant avec la terre et en prenant soin d’elle, en cherchant à comprendre ses mystères et ses énergies et en usant de ces énergies de manière à contribuer au bien de tous ses enfants. Nous croyons que l’Esprit de Dieu nous conduira pour que nous trouvions un style de vie modeste, désintéressé, miséricordieux, afin que les générations à venir héritent en paix de la terre et qu’à leur tour, elles vivent en sorte que, avec l’aide de ses dons, toutes les créatures aient part à la justice. Amen. In Sinfonia œcumenica, célébrations avec les Églises du monde


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Et maintenant que faire concrètement ? Sur le plan collectif : quelques exemples d’engagements Sur le plan politique : des efforts insuffisants Un quiz pour déterminer quel type de citoyen et de consommateur je suis


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Sur le plan collectif ils agissent concrètement Communes, paroisses ou œuvres sociales s’engageant pour un changement profond de nos modes de consommation énergétique sont nombreuses et diverses. Quelques exemples non exhaustifs.

Il est temps aujourd’hui d’agir dans nos Églises

À Strasbourg Saint-Matthieu

une paroisse s’engage dans la démarche « coq vert » Nous sommes conscients de l’importance de nous défaire de notre trop forte dépendance des énergies fossiles et de le faire rapidement et collectivement. Pourtant, ces questions sont encore peu évoquées dans les Églises... Or, il ne suffit plus de prédications évocatrices, de paroles d’espérance, d’avertissements prophétiques, d’interpellations de la société. Il est temps aujourd’hui d’agir. C’est pour cela que, encouragée par le réseau œcuménique JPSC (Justice Paix et Sauvegarde de la Création), la paroisse protestante Saint-Matthieu de Strasbourg a décidé, humblement, de ne plus repousser l’examen attentif et l’amélioration de sa consommation énergétique et de ses déchets. Elle s’est résolument engagée dans la démarche « Coq Vert ».

Accompagnés par un conseiller en énergie ayant déjà l’expérience de cette démarche avec des paroisses allemandes, nous avons constitué un groupe de travail. C’est le sens pour nous du Coq Vert : à travers une démarche responsable d’économie d’énergie, concrétiser cette conscience qu’il faut agir maintenant et fortement pour ne pas laisser aux générations futures des problèmes graves que nous n’aurions pas eu la force de traiter. Pour que cette expérience pilote soit utile à tous, un blog racontera cette démarche et partagera tous les documents intéressants. www.destination-coq-vert.fr

david rudloff coordinateur du groupe Coq Vert à Saint-Matthieu


Témoignage

comment le coq vert est entré dans ma vie… Au début des années 2000, j’ai découvert la démarche « Coq Vert », initiée par l’Église protestante allemande (EKD) pour encourager les paroisses à passer des vœux pieux à l’acte. Devenu « auditeur en environnement » du Coq Vert, j’ai été chargé d’accompagner des paroisses vers une certification environnementale. Passionné par les questions énergétiques, j’ai alors suivi une formation de conseiller énergétique en bâtiment et On imagine en chauffage. mal toutes

les économies qu’il est possible de faire sans même investir le moindre centime !

Le Coq Vert a intégré le travail permanent de l’Église en 2003. L´objectif actuel de l’Église protestante du Pays de Bade est de réduire de 40 % en 2020 ses émissions de CO2 par rapport à celles de 2005. Si dans la première paroisse que j’ai accompagnée il a fallu abandonner la démarche par manque de motivation du Conseil presbytéral et du pasteur, dans la seconde, en revanche, le travail a avancé très rapidement ! L’équipe en place était profondément persuadée que la lutte pour la sauvegarde de la Création fait partie intégrante de la mission de l’Église. Les membres de cette équipe, tous engagés par ailleurs sur le terrain environnemental, étaient heureux de mettre leurs compétences au service de l’Église, pour un travail concret. Le Coq Vert permet aussi de rapprocher des personnes de la vie de l’Église. C’est ainsi que dans mon village, j’ai un jour proposé à un voisin qui n’avait plus aucun contact avec l’Église de venir à une ou deux réunions du Coq Vert… Aujourd’hui, il est membre du Conseil ! L’Église a vraiment le pouvoir de peser dans le domaine des économies d’énergie. Il suffit de penser au nombre et à la taille des bâtiments qu’elle possède. On imagine mal toutes les économies qu’il est possible de faire sans même investir le moindre centime !

jean-jacques itasse auditeur en environnement du Coq Vert

un label prometteur « Coq Vert » (GrünerGockel en allemand) n’est pas un examen ou un concours, mais un processus. Quand une paroisse (ou une maison d’Église, ou une institution) entre dans la démarche, elle s’engage à tracer des lignes de force environnementales selon son rythme et ses capacités.

Un groupe de travail soumet au conseil presbytéral (CP) des propositions concrètes adaptées à la situation et c’est le CP qui reste décisionnaire. Chaque année, un intervenant extérieur vient vérifier ce qui a été fait ou pas et pour quelles raisons. Il décide alors si la paroisse peut garder le label ou non.


pages 24 | 25 – vivre durablement

À Strasbourg-Kœnigshoffen une œuvre protestante récompensée par le trophée national du développement durable L’engagement de l’établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes, (EHPAD) « Emmaüs-Diaconesses Kœnigshoffen », pour un développement durable n’est pas nouveau. L’établissement protestant dispose d’une pompe à chaleur depuis plus de 15 ans et pratique le tri sélectif depuis 2005. Au cours de la dernière année, l’EHPAD a structuré sa démarche avec la volonté d’y associer largement le personnel, les résidents et leurs familles. Cette démarche s’est concrétisée par la mise en place d’un comité de pilotage « développement durable » représentatif des différentes parties prenantes, avec l’aide d’un prestataire éco-conseiller qui anime la réflexion et les échanges et propose des actions.

quelques exemples : Un exemple, aujourd’hui en voie de concrétisation : le choix d’utiliser l’eau du réseau public pour la boisson, en lieu et place de l’eau en bouteilles. L’installation de fontaines permettra de réduire de manière significative les déchets et les coûts. D’autres actions : le réaménagement du parc de 2,5 ha avec un parcours « santé-saveurs », l’installation de 30 ruches, l’accueil de moutons pour la tonte… Des projets sont en cours : • l a mise au point d’un prototype de protection lavable (70 % des déchets actuels sont les couches) • l ’organisation d’une collecte de piles et ampoules dans l’établissement pour les salariés et les familles • l a mise en place d’un compost • l ’encouragement des salariés à venir au travail en train et à vélo •u n partenariat avec EDF et ES pour isoler les combles des établissements. L’EHPAD s’est aussi dotée d’une charte du développement durable.

stéphane buzon directeur général de l’association Emmaüs Diaconesses.


À Bischwiller la fondation du sonnenhof a le souci de son empreinte écologique La Fondation du Sonnenhof accueille plus • « relamping » : à titre d’expérimentation, nous avons mis en place un éclairage de 1 000 personnes, dont 760 personnes led dans le pavillon « les Roseaux » handicapées mentales et 260 personnes (internat pour enfants autistes) et le âgées. Son site principal est à Bischwiller, bâtiment de l’administration. La qualité mais son activité est répartie sur 8 sites de l’éclairage est bien meilleure, et géographiques. La Fondation dispose la durée de vie des ampoules est de d’un patrimoine immobilier d’environ 20 ans. Le retour sur investissement de 55 000 m2 de surface bâtie. Depuis 2006, cet équipement se situe aux alentours elle est résolument orientée vers le de 5 ans : il est raccourci à chaque développement durable, les économies augmentation de tarif de l’électricité… d’énergies et a le souci de l’empreinte écologique de ses activités. jean-claude girardin Voici quelques-unes de nos réalisations : président de la Fondation du Sonnenhof

• à Erckartswiller : en 2008 et 2009 lors des travaux d’extension et de rénovation du Centre Théodore Monod, mise en place d’une chaudière à bois (plaquettes), et de panneaux solaires pour la production d’eau chaude • à Oberhoffen-sur-Moder, location de toiture en 2012 à Ecotral (filiale d’Électricité de Strasbourg) pour la mise en place et l’exploitation de panneaux photovoltaïques (684 m2) • à Bischwiller, mise en service en décembre 2012 d’une chaufferie biomasse (plaquettes et gaz) d’une puissance de 3 mégawatts qui dessert via un réseau de 1 600 m linéaires : l’ensemble du site ; la jardinerie « Les Jardins du Sonnenhof » ainsi que les serres et les locaux techniques de nos équipes des espaces verts ; deux immeubles comprenant 38 logements appartenant au bailleur social Domial

La nouvelle chaufferie biomasse du site de Bischwiller


pages 26 | 27 – vivre durablement

À Gumbrechtshoffen des panneaux photovoltaïques sur le toit de l’église protestante.

Ils ont hésité, puis ils ont osé. Aujourd’hui, ils sont contents et même un peu fiers. Le Conseil presbytéral de la paroisse protestante de Gumbrechtshoffen était confronté au problème de la réfection de la toiture et du crépi des murs de l’église. Après avoir longtemps repoussé ces travaux, nous nous sommes résolument attaqués au problème début 2012. L’église, propriété de la paroisse, devait trouver le financement. L’idée d’installer des panneaux photovoltaïques sur l’un des versants du toit était dans l’air et l’aspect écologique du projet nous tentait. Mais cela conviendrait-il à un bâtiment cultuel ? Nous étions d’accord qu’il était plus prudent de nous adresser à un établissement offrant des garanties de pérennité ; nous nous sommes alors tournés vers Énergies Strasbourg (ES). Les études et projections semblaient intéressantes. Par « chance » l’église était idéalement orientée et l’inclinaison convenait parfaitement. Après quelques hésitations, la décision a été prise. Les travaux ont été effectués dans les meilleures conditions, les différents intervenants faisant preuve d’un grand professionnalisme. Je peux suivre le fonctionnement et la production à partir de mon ordinateur. La production annuelle est estimée à 21 100 kWh. Soit de quoi couvrir les besoins annuels (hors chauffage et eau chaude) d’environ 4 à 5 ménages. Pour le financement nous avons fait un prêt auprès d’un établissement bancaire en fonction de cette donnée : sur 15 ans, les mensualités étant remboursées avec le produit de la vente de l’électricité. Nous escomptons même un léger solde à notre avantage. Pour l’instant tout fonctionne à merveille et nous sommes heureux d’avoir fait réaliser cette installation.

charles spellig pasteur de Gumbrechtshoffen (UEPAL)

S’engager un maire alsacien qui montre l’exemple La commune d’Ungersheim est entrée dans la démarche des villes et villages en transition. « Transition » est un mouvement créé par Rob Hopkins. Il s’agit d’inciter les citoyens d’un territoire (village, commune, ville ou quartier d’une ville) à prendre conscience du pic pétrolier, du changement de climat et de ses conséquences profondes. Le concept central du mouvement est la résilience qui est la capacité à réagir aux crises et à être autonome. Ungersheim a engagé 21 actions demandant à être partagées et étoffées : promotion du commerce équitable, élaboration d’un atlas communal de la biodiversité, retour à la nature d’une friche industrielle, zéro produits phytosanitaires, installation de panneaux solaires pour chauffer la piscine municipale, etc. www.mairie-ungersheim.fr > village en transition


Sur le plan politique

Des engagements internationaux au niveau planétaire Du lancement d’un programme de recherche climatologique mondial, en 1979 à Genève, au Sommet de la terre dit « Rio + 20 », en juin 2012 à Rio de Janeiro (Brésil), plus de trente ans se sont écoulés. Des conventions internationales, des protocoles, des conférences, des sommets, des forums, des publications de rapports auront jalonné cette longue période. Sans oublier la création, en 1998, du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), chargé du suivi scientifique des processus de réchauffement climatique. Si des résultats significatifs ont pu être obtenus, des divergences importantes subsistent entre les États, certains privilégiant la notion du présent, d’autres refusant des objectifs contraignant, voire des compromis.

Et la France ?

Par une loi de 2005, elle a fixé les orientations de sa politique énergétique, se dotant d’un objectif d’une division par Afin d’appuyer ses engagements quatre de ses émissions de gaz à effet internationaux, l’Union européenne s’est de serre à l’horizon 2050. Elle a édicté dotée en 2008, en interne, d’un paquet d’autres lois se rapportant à la mise en législatif dit « énergie-climat ». Il s’agit d’un œuvre du Grenelle de l’environnement. plan d’action visant à atteindre, d’ici à 2020, À l’issue d’une table ronde nationale en l’objectif ambitieux des « 3 fois 20 » : 2011, elle a établi un programme d’action • une réduction de 20 % des émissions pour l’efficacité énergétique. Elle s’est de gaz à effet de serre lancée dans un débat national, ouvert à tous, sur la transition énergétique • u ne amélioration de 20 % de l’efficacité qui débouchera sur un projet de loi au énergétique • une part de 20 % d’énergies renouvelables parlement avant la fin de l’année 2013. De plus, elle prendra une part active dans dans la consommation d’énergie les négociations internationales sur le de l’Union Européenne. régime post 2020 en proposant d’accueillir la conférence des parties à Paris en 2015.

Une Europe qui se veut exemplaire

r. s.


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quiz : vous et la planète, quel profil ?

Un quiz qui ne vous attribuera pas de médaille d’écocitoyen, mais vous aidera à débattre en groupe

1. L’assiette arrive sur la table a : V ous en calculez le poids carbone b : V ous vous réjouissez des couleurs et saveurs c : Vous n’avez d’yeux que pour votre invité(e) 2. Du foie gras a : M mmmh, j’adore ! b : Je ne serai pas complice du gavage des oies c : O n ne peut pas vivre que de choses raisonnables… 3. Il fait froid a : V ous augmentez le chauffage b : V ous mettez un pull c : V ous apportez thé et bougie 4. Vous gagnez 5 millions au loto a : V ous subventionnez la recherche sur les énergies renouvelables b : V ous construisez une maison passive c : V ous bâtissez un palace BBC avec spa 5. La voiture : a : U n poison nécessaire b : É lectrique, bien sûr c : Jamais  !

6. Le gaz de schiste : a : Un gruyère sous nos pieds b : Des promesses d’embauche c : Les apprentis sorciers 7. Les locovores a : Se nourrissent uniquement d’œufs b : Consomment des produits locaux c : Mangent dans les trains 8. L’écologie : a : Une idéologie qui met sous pression et culpabilise b : Une nécessité pour transmettre une terre habitable c : Une douce utopie


Résultats : Comptez vos couleurs et découvrez si vous avez plutôt un profil de moine, d’acrobate ou de noceur. Une majorité de rouge moine : Vous vivez comme un moine. Quelle ascèse, quelle sobriété. N’oubliez pas qu’il n’est pas donné à tout le monde de vivre avec tant d’exigence et de cohérence. Soyez indulgent et contagieux !

Une majorité de vert acrobate : L’écologie est un combat. Comme un funambule, vous tentez de trouver un juste équilibre entre plaisir et responsabilité. La vie est pleine de tensions et contradictions, mais vous l’assumez. Une majorité de bleu noceur : Mangeons et buvons car demain nous mourrons. Vous profitez de ce que la vie vous donne. Il vous faut parfois une piqûre de rappel pour vous souvenir que les autres veulent leur part aussi. Légèreté, insouciance ou espérance ?

Jeu conçu par isabelle gerber inspecteur ecclésiastique de Bouxwiller

13. Ce soir, j’ai du monde à dîner a : Serviettes en papier, forcément b : Serviettes et nappes en tissu, bien sûr c : Selon mon humeur et ma fatigue 14. J’ai le rhume a : Vite, mes huiles essentielles ! b : 10 paquets de mouchoirs en une matinée… c : Une ordonnance, docteur ! 9. La sobriété, c’est a : P enser que moins, c’est mieux b : F aire mieux avec moins c : M oins faire : tant mieux ! 10. Être responsable, c’est : a : É viter tout gaspillage b : A gir comme si tous agissaient de même c : J e ne peux l’être que pour moi 11. La terre a : E st un cadeau b : J ’en suis responsable c : L a vie n’y sera pas toujours possible 12. Un bain a : Des centaines de litres d’eau : un luxe indécent b : U n moment de bonheur c : L e dilemme de l’écolo grippé

15. Le tri des déchets a : Une évidence : y a 3 poubelles dans ma cuisine b : Une vraie plaie c : À la caisse, je laisse tous les suremballages 16. Les couches a : Jetables, forcément, pitié ! b : Lavables par conviction c : Pas de môme, ça consomme trop ! 17. Le stop pub sur la boîte aux lettres : a : Des emplois détruits b : Des arbres sauvés c : Des promos ratées 18. L’obsolescence a : Une perversion pour doper la production b : Un scandale de surexploitation c : Logique humaine : o n veut du neuf


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Pour aller plus loin

Être éco-consommateur tous les jours : consultez les guides de l’espace éco-citoyens de l’ADEME1

Mon habitation :

Mes achats :

http://ecocitoyens.ademe.fr/mon-habitation

http://ecocitoyens.ademe.fr/mes-achats

Vivre dans un habitat confortable et peu consommateur en énergie : un objectif réaffirmé lors du Grenelle Environnement. Réduire la consommation énergétique des bâtiments de 38% d’ici 2020 et diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. 20 millions de logements seront concernés par un projet de rénovation d’ici 2050, pour plus de 500 milliards d’euros de travaux.

Nos achats n’ont pas tous le même impact sur l’environnement. Certains seront meilleurs que d’autres. Alors, comment mieux consommer et moins gaspiller ?

Mes loisirs :

http://ecocitoyens.ademe.fr/mes-loisirs Quand vous jardinez, pratiquez un sport, allez à un spectacle… vos activités peuvent avoir plus de conséquences pour la planète que ce que vous aviez imaginé. Comment les minimiser ?

L’UEPAL s’engage… Vous prévoyez un investissement innovant en matière d’économie d’énergie ? L’Église peut vous aider ! Le Conseil d’Administration de l’ESP (Entraide et solidarité protestantes, l’organisme qui gère les finances de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine) peut accorder des subventions pour investissements innovants en matière de contribution au développement durable, en particulier en matière de contribution à des économies d’énergie. Sont considérés comme innovants les travaux qui n’auraient pas été préconisés dans le choix d’une solution classique. […] Ce dispositif ne concerne que les travaux effectués dans des bâtiments cultuels (églises, foyers, presbytères) pour les paroisses. Le patrimoine de rapport est exclu du bénéfice de cette mesure. Le Conseil d’administration de l’ESP peut attribuer des subventions allant de 15 % à 30 % du montant des travaux reconnus comme spécifiques, dans la limite du plafond de 16 000 € / an ou 32 000 € / 4 ans.

renseignements : 03 88 25 90 40 Extraits du paragraphe 6.5 du règlement intérieur actuel d’Entraide et solidarité protestantes adopté par l’AG de novembre 2011.

Mes vacances :

http://ecocitoyens.ademe.fr/mes-vacances

Le tourisme n’est pas sans conséquence pour les populations locales, leur environnement et contribuent au changement climatique. Des idées pour voyager autrement et des conseils pour adopter les bons gestes.

Mes déplacement : http://ecocitoyens.ademe.fr/mes-deplacements L’accroissement de la mobilité n’est pas sans conséquences. Pollution de l’air, émission de gaz à effet de serre, embouteillage, bruit, coût financier à supporter, sont autant de nuisances pour notre qualité de vie, notre santé et notre planète. Pourtant, des alternatives existent !

Au bureau :

http://ecocitoyens.ademe.fr/au-bureau Au bureau comme à la maison, réduire son impact, c’est possible ! En changeant vos habitudes, en impliquant vos collègues, en proposant des solutions… Quelques pistes à creuser.

Mes déchets :

http://ecocitoyens.ademe.fr/mes-dechets Chacun de nous produit 590 kg de déchets par an qui se retrouvent dans nos poubelles et conteneurs de tri (390 kg) et dans les déchèteries (200 kg). C’est deux fois plus qu’il y a 40 ans. Aujourd’hui, nous avons pris l’habitude de trier nos déchets mais cela n’est pas suffisant.

Financer mon projet :

http://ecocitoyens.ademe.fr/financer-mon-projet Vous allez construire ou acheter un logement avec des besoins en énergie réduits, vous rénovez votre habitat, vous souhaitez acquérir un véhicule moins polluant, vous pouvez alors bénéficier d’aides pour soutenir vos investissements. 1 : A gence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie


Livres Paroisses vertes – guide écologique à l’attention des Églises Kurt Aufdereggen (ed.), Labor et Fides, Genève, 2010.

La Création que Dieu nous confie – Agir pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre Brochure disponible auprès des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, 24 rue Hamelin 75116 Paris / lesedc@lesedc.org

S’engager pour le climat en économisant l’énergie Brochure éditée par Œku et Pain pour le prochain, disponible auprès d’Œku sur le site www.œku.ch

Éthique de l’énergie – vers une nouvelle ère énergétique. Perspectives durables pour l’après-pétrole Brochure publiée par la Fédération des Églises protestantes en Suisse sous la direction d’Otto Schæfer, disponible sur leur site : www.kirchenbund.ch

Films La belle verte comédie de Coline Serreau, 1996, 1h39 Les habitants d’une planète lointaine vivent en parfaite harmonie. Une des leurs décide de faire une excursion sur la terre. Elle découvre une société caractérisée par les inégalités sociales, la pollution et l’agressivité…

Solutions locales pour un désordre global film de Coline Serreau, 2010, 1h53

Les membres de la CASPE : Fabienne Rubach, présidente de la commission Jean-François Collange Christian Krieger Marion-Jacques Bergthold Alain Degremont Anne Dehestru Matthias Dietsch Richard Fischer Jean-Claude Girardin Pierre Greib Claude Harel Damaris Hege Robert Hertzog Jean-Michel Hitter Daniel Hœffel Martin Kopp Bernard Libis Jacques Marzolf Danielle Meyer-Traber Jacques Scheer Alain Spielewoy Robert Spreng Gilbert Vincent Michel Weckel Ruth Wolff-Bonsirven

Ont contribué à l’élaboration de cette brochure : Stéphane Buzon Matthias Dietsch Angèle Erny Isabelle Gerber Jean-Claude Girardin Damaris Hege Martin Kopp Jean-Jacques Itasse Frédéric Rognon Patricia Rohner-Hégé Fabienne Rubach David Rudloff Otto Schæfer Charles Spellig Alain Spielewoy Robert Spreng Madeleine Wieger

Un film qui donne la parole à des paysans, des philosophes et des économistes et montre qu’il existe des solutions pour sortir de la crise écologique, financière et politique.

Photos : Benoit Facchi : p. 22 & 28 – www.cliche-bf.fr | Getty : p. 1 Günay Mutlu | iStock : p. 6 ivanastar ; p.8 gdagys ; p.9, 11 CSA_Images ; p.10 csundahl ; p.12 wetcake ; p.16 chrisgramly ; p.20 cglade ; p.32 ajma_pl | Fotolia : p. 4 : kwiatek7 ; p.15 : Nikolai Sorokin | Flickr : p.7 Patricia M (Agence Eureka) ; p.14, p.17, p.27 Aldeadle Alliance of Liberals and Democrats for EU ; p.15 DeusXFlorida ; p.18 U.S. Naval Air Station, Midway | Grüne Gockel Evangelische Landeskirche in Baden : p.22 | Emmaüs Kœnigshoffen : p.24 | Sonnenhof : p.25 (chaufferie) | Gilles Keller : p.26


Et moi, je fais quoi ?

Design : Jean W – www.jean-w.fr | Imprimé sur papier PEFC (gestion durable des forêts) à l’aide d’encres végétales

• J’éteins la lumière et les appareils en veille. • Je change les ampoules pour des ampoules basse consommation. • Je m’associe à une AMAP (association pour le maintien d’une agriculture de proximité). • Je marche ou je prends mon vélo dès que possible. • J’utilise les transports en commun. • Je privilégie l’achat de biens produits dans un rayon de 100 à 250 km maximum de chez moi. • J’ai le réflexe co-voiturage. • Je trie, je recycle. • Je vais à la déchetterie. • J’évite le suremballage. • Je remplace mon électroménager par des appareils classe A+++ qui consomment moins. • J’utilise des piles rechargeables. • Je consomme des fruits et légumes de saison. • Je ne dépasse pas les 19-20°C dans mon lieu de vie et de travail cet hiver. • Je mange moins de viande.

Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine Commission des affaires sociales, politiques et économiques www.uepal.fr

www.uepal.fr rubrique Le Nouveau Messager Fédération de l’Entraide protestante Grand Est www.fep-est.fr Grand Est

1 bis quai St-Thomas – bp 80022 67081 Strasbourg cedex

Cette brochure s’intègre dans la collection de la CASPE (Vivre tout simplement, Vivre solidaires, Vivre ensemble).


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