CAHIER DES MARCHEUSES MARCHE MONDIALE DES FEMMES 2010
En 2010, ça va marcher!1 Pour une troisième fois, de l’Afrique du Sud, en passant par l’Angleterre, le Bangladesh, le Cameroun, El Salvador et la Turquie, des milliers de femmes, aux souliers usés par l’histoire, ont marché pour affirmer une vision féministe du monde. En 2000, dans les suites de la fameuse marche Du pain et des roses, les femmes du monde entier se sont solidarisées contre la pauvreté et la violence envers les femmes. Des milliers de groupes de femmes sur tous les continents ont mis au monde un réseau féministe international incontournable : la Marche mondiale des femmes. Une belle contribution du mouvement féministe québécois à l’histoire. En 2005, nous avons offert au monde une Charte mondiale des femmes pour l’humanité, jetant les bases d’un projet féministe de liberté, d’égalité, de paix, de justice et de solidarité. En 2010, nous avons marché et marcherons tant que toutes les femmes ne seront pas libres! Notre marche voulait ébranler les idées de droite et les adversaires des droits des femmes qui cherchent constamment à couper dans les programmes et les services qui favorisent la solidarité et l’égalité. Dans un contexte où les gouvernements introduisent, parfois directement, souvent insidieusement, une façon de voir le monde qui nous paraît foncièrement sexiste, raciste et inégalitaire, l’heure était venue pour une grande mobilisation de la population afin de signifier que nous en avons assez.
La Marche mondiale des femmes… un mouvement irréversible Née en 2000 à l’initiative de la Fédération des femmes du Québec, la Marche mondiale des femmes est rapidement devenue un mouvement mondial incontournable. Des millions de femmes, à travers le monde, ont marché contre la pauvreté et la violence lors de la première et de la deuxième édition d’actions internationales, en 2000 et 2005. En 2010, la Marche mondiale des femmes rallie quelque 4500 groupes provenant de 150 pays et territoires différents.
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Source : www.ffq.qc.ca
Pourquoi marcher?2 Revendications de la marche mondiale des femmes 2010 L’action de 2010 s’est articulée autour des 4 grands champs d’action, découlant du plan d’action stratégique de la Marche mondiale des femmes : travail; bien commun; violence; paix et démilitarisation. Travail des femmes : autonomie économique des femmes Pour arriver un jour à instaurer une pleine égalité économique entre les femmes et les hommes voire entre les femmes elles-mêmes, plusieurs mesures seront nécessaires. Le mouvement féministe porte et continuera de porter diverses revendications pour combattre les discriminations systémiques vécues par les femmes. Nous revendiquons, entre autres, l’accès à un travail décent par la hausse substantielle du salaire minimum et des conditions de vie pour toutes les personnes à l’aide sociale. Ainsi, pour réduire les écarts entre riches et pauvres et pour instaurer une meilleure justice économique, nous défendons l’accès à un salaire minimum de 10,69 $ de l’heure, et nous revendiquons la fin des catégories à l’aide sociale qui perpétuent les préjugés à l’égard des personnes en les qualifiant de « méritantes » et de « non méritantes » et qui servent à justifier le maintien de certaines personnes dans une grande pauvreté. Bien commun et accès aux ressources Avec la destruction insidieuse de nos services publics, outils essentiels à l’atteinte de l’égalité, nous luttons contre la privatisation et la hausse de la tarification des services publics, notamment en santé et en éducation. Nous voulons aussi protéger l’eau et l’air de la marchandisation Violence envers les femmes Devant les tentatives de la droite religieuse et politique de contrôler nos corps et de réduire
notre liberté, nous revendiquons que le gouvernement du Canada garantisse le droit inaliénable des femmes de décider d’avoir ou non des enfants, ce qui implique le maintien et la consolidation des services d’avortement gratuits offerts partout au pays. Avec la marchandisation grandissante du corps des femmes, nous exigeons du gouvernement du Québec qu’il légifère sur les publicités sexistes et qu’il mette en place dans les écoles, des cours d’éducation à la sexualité promouvant des rapports égalitaires dans une perspective non sexiste et non hétérosexiste.
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Source : www.ffq.qc.ca
Paix et démilitarisation Nous revendiquons que le gouvernement du Québec interdise le recrutement militaire dans tous les établissements d’enseignement du Québec et que le gouvernement du Canada retire immédiatement ses troupes de l’Afghanistan. Droits des femmes autochtones Nous exigeons la signature de la Déclaration internationale sur les droits des peuples autochtones par le gouvernement du Canada. Le Canada et les États-Unis sont les deux seuls pays au monde à refuser de signer cette déclaration
Qu’est-ce qui s’est fait au Québec? Au Québec, 6 jours d’actions et de marches locales, régionales et nationales ont eu lieu en octobre 2010. Chacune de ces journées étaient porteuse d’une revendication québécoise.
12 octobre : le travail, l’autonomie économique et la lutte contre la pauvreté
13 octobre : le bien commun et l’accès aux ressources
14 octobre : la violence envers les femmes
15 octobre : la paix et la démilitarisation
16 octobre : les droits des femmes autochtones
17 octobre : grand Rassemblement national à Rimouski
La MMF a clôturé sa semaine de marche en République Démocratique du Congo, un pays en conflit. L’idée était d’attirer une attention particulière sur les liens entre les violences envers les femmes, les conflits et la militarisation. L’action visait notamment à renforcer l'autonomie socio-économique et politique des femmes congolaises et à faire en sorte que les responsables des persistantes agressions sexuelles, viols collectifs et autres atrocités commises dans cette région soient punis. Trois volontaires du Québec ont marché à Bukavu, province de Sud Kivu, en République Démocratique du Congo mais toutes les autres femmes y étaient, en pensé, en marchant à Rimouski.
Le Nord-du-Québec La région a, elle aussi, mené des actions durant cette semaine, par le biais de ces comités locaux.
12 Octobre : Apposition des affiches à Villebois et Beaucanton et FREEZ devant les épiceries Bonichoix de Chapais et Matagami. Dans cette dernière municipalité, il y a aussi eu distribution de carte VISACRÉDIT. 13 Octobre : À Villebois, Beaucanton et Chapais, il y a eu remise de VIS À CRÉDIT (dans les casiers postales et au bureau de poste). A Chibougamau, celle-ci ont été remises dans les divers commerces de la ville et à Matagami, on a apposé l’affiche la moins sexiste sur le babillard de la ville. 14 Octobre : À Villebois, Beaucanton et Chapais, on a apposé des affiches sur l’hypersexualité dans les lieux publics et à Matagami, il y a eu sensibilisation des jeunes de l’école le Delta à la démilitarisation.
15 Octobre : Les femmes de l’ouest de la région ont pris la route de Chibougamau. 16 Octobre : Les femmes de toute la région sont parties pour la grande Marche mondiale des femmes à Rimouski. Elles ont été reçues par les femmes autochtones de Mashteuiatsh afin de souligner la journée dédiée aux revendications des femmes autochtones.
17 Octobre : Les femmes du Nord-du-Québec ont marché pour la Marche mondiale des femmes à Rimouski.
Témoignages et photos Il nous fait plaisir de vous partager les témoignages de certaines d’entre-vous ainsi que certaines photos de la fin de semaine à Rimouski. Sur le CD, à la dernière page, vous trouverez des centaines de photos pour vous rappelez de bons souvenirs!!
« Cette marche était importante et nécessaire pour les femmes des régions et celles d’ailleurs. Je suis contente d’avoir fait aprtie du nombre impressionnant de femmes qui ensemble, ont marché afin d’exprimer et de faire reconnaitre leurs demandes. Chacune des participantes fera partie des gains futurs pour les femmes aussi petits soient-ils. Ne lâchons pas…continuons jusqu’à la victoire… » Noëlla Paquette, Matagami
« Que d’espoir et de fierté, ai-je ressenti, pour les femmes des régions et du Québec tout entier que lors de cette importante Marche des femmes 2010 à Rimouski. Des milliers de femmes unies et marchant ensemble coude à coude pour des causes légitimes : le mieuxêtre de toutes et chacune, des meilleures conditions de vie, la reconnaissance de nos droits et de nos demandes et bien sûr le respect pour chaque femme qu’elle que soit sa grandeur, sa grosseur, son occupation, son lieu de résidence et sa race ou sa couleur. Souvenirs inoubliables pour moi que ces jours passés avec des compagnes à essayer de faire connaitre notre existence et nos revendications. Bravo aux organisateurs d’avoir réussi à sensibiliser des personnes qui, souvent, n’osent exprimer leurs valeurs et leurs besoins. Cette marche ne fût pas inutile. Ça valait la peine. Nous sommes encore là. Ne lâchons pas… » Ginette Vanasse-Lamarche, Matagami
« Nous avons participé à l’écriture d’une page d’histoire. Je suis heureuse que notre région ait fait partie de cette grande mobilisation. C’était là une belle occasion de créer des liens avec nos organismes. Merci au Comité condition féminine BaieJames pour l’organisation de cet événement d’envergure. Tout était parfait ! Et Merci au Comité développement social de la BaieJames et à la CRÉ de la Baies-James de soutenir de telles actions. Grâce à votre soutient, vous avez notamment permis de consolider nos liens et d’accroître notre sentiment d’Appartenance à cette belle et grande région qu’est le Nord-duQuébec est notre fierté d’en faire partie. Mais surtout, vous avez permis d’ajouter nos voix à celles des 10 000 autres femmes afin de faire valoir nos revendications, dont la lutte à la violence envers les femmes et nos valeurs : égalité, justice, solidarité, liberté et paix. » Solidairement, Ginette Laberge, Chibougamau
« Je me suis inscrite au voyage pour la Marche Mondiale des Femmes après la conférence de Mme Alexa Conradi, présidente de la Fédération des Femmes du Québec. Ses explications à propos des revendications m’ont interpellée et je me disais qu’il était important d’aller marcher pour contrer les injustices qui sévissent ici et partout ailleurs sur la planète. Quelques jours avant le grand départ, je me demandais dans quoi je m’étais embarquée. Je me disais que nous allions faire des heures et des heures d’autobus pour une ou deux heures de marche. Je n’étais pas certaine que ça en valait la peine… Contrairement à ce que j’avais cru, le voyage a passée très rapidement. Lorsque nous nous sommes réunis pour le départ de la Marche, j’étais tellement impressionnée. Nous étions 10 000 femmes et hommes réunis pour les mêmes raisons. L’énergie qui se dégageait de la foule était palpable. Nous avons tous marché un peu plus de trois kilomètres pour montrer aux instances gouvernementales à quel point nous étions solidaires. Nous leur avons montré que nous allons continuer de lutter pour pouvoir enfin vivre dans une société juste et équitable pour tous. Je suis donc très fière d’avoir participer à la Marche Mondiale des Femmes 2010 et c’est certain que je serai présente à la Marche Mondiale des Femmes 2015 ! » Marie-Ève Gamache, Matagami
« En ce qui à trait à la Marche mondiale des femmes 2010, je suis très heureuse d’y avoir participé. Tout était bien organisé et quel rassemblement !!!Plus de 10 000 personnes !!! C’était stimulant et ravigotant, impossible de ne pas se fondre dans cet élan énergique général. C’est un fait, cela m’a donné le goût de participer à nouveau à la prochaine Marche mondiale des femmes. En espérant que cette action mondiale apportera des résultats positifs au niveau des revendications auprès du gouvernement mais…Petit train va loin et il ne faut jamais renoncer, ni lâcher. » Linda Ouellet, Lebel-sur-Quévillon
« […] Le voyage Chibougamau-Rimouski avec un arrêt à Masteuiash fût littéralement spectaculaire. Avec le spectacle des autochtones et leurs traditions, ca restera pour longtemps un souvenir marqué dans mon esprit. […] La Marche du 17 octobre à débuté vers 11h10 avec les discours par les organisatrices. Savoir que l’on marche en même temps que toute la planète était littéralement stupéfiant. La marche c’est très bien déroulée. Alors que nous avons descendu une côte, je me suis retournée et j’ai été éblouie par la mer de monde que j’ai vu en arrière.
Avant d’aller à Rimouski, je m’étais lancée un défi soit celui de parcourir tout le parcours. Je suis très fière de dire que j’ai réussi à parcourir 3.4 km et c’est avec une très grande fierté que j’ai repris l’autobus après un bon repas. Chapeau aux organisatrices de la région du Nord-du-Québec, sans votre soutient et votre savoir-faire, le voyage n’aurait pas été pareil. » Hélène Aubé, Parce que j’avais participé aux actions antérieures, il allait de soi que je devais m’impliquer localement et régionalement dans cette 3e mobilisation de la Marche mondiale des femmes. Si ce grand rassemblement féministe à Rimouski les 16-17 octobre passés fut un succès, c’est grâce à ces centaines de femmes dans chacune des régions du Québec qui croient en la solidarité. Elles croient aussi, je pense, qu’elles se doivent de dire haut et fort que la pauvreté et la violence que subissent certaines d’entre nous sont inacceptables, qu’il faut les dénoncer et faire en sorte que nos gouvernements entendent nos revendications pour apporter des modifications à leurs politiques de gouvernance afin que toutes les femmes aient des conditions de vie décentes. En Jamésie, la coordonnatrice régionale de la MMF 2010, Manon Fortier, directrice du Comité condition féminine Baie James (organisme à rayonnement régional) a fourni beaucoup d’énergie pour convaincre les membres de la Conférence des Élus de la Baie-James et les autres acteurs politiques de financer la participation des femmes de toute la Jamésie d’ouest en est. L’objectif étant que les femmes appuyant cette Marche puissent y participer en plus grand nombre possible et affirment avec les milliers de femmes dans le monde leur vison féministe du monde. 44 femmes dont 11 de Matagami ont donc franchi la distance entre la Jamésie et Rimouski afin de se joindre à cette action collective nationale porteuse de revendications. C’était beau à voir, 10,000 femmes et hommes marchant solidairement à Rimouski pour que les conditions des femmes s’améliorent, pour faire cesser la violence envers les femmes et la pauvreté des femmes d’ici et d’ailleurs, faire cesser la guerre et privilégier la paix et réitérer les droits des autochtones. Je suis fière d’avoir participée à cette Marche, à cette démonstration d’entraide qui s’est déroulée dans une agréable ambiance festive sans aucune anicroche. L’enthousiasme des marcheuses était palpable. Quelle belle expérience ! Et j’en retire une grande satisfaction. Oui, les régions au Québec peuvent organiser de grandes manifestations, elles ont tout le potentiel, l’énergie et des organisatrices et des bénévoles exceptionnelles. Chapeau au Bas St-Laurent ! Il ne reste plus qu’à souhaiter que nos dirigeants politiques répondent favorablement à nos revendications. Sinon, s’il le faut encore, les femmes redescendront dans la rue. Je salue cette grande démonstration de solidarité mondiale des femmes. À la prochaine ! Lyne Biron, Matagami
Nous étions fières de nous joindre à l’ensemble de la population féminine pour ainsi pouvoir marcher avec cette foule de personnes qui revendique les mêmes besoins soient :contrer la violence faites aux femmes, paix, justice et enfin la revendication des femmes autochtones etc… Pour nous, de pouvoir participer à la marche mondiale des femmes 2010, d’une façon active, n’a pas été seulement de voir et entendre des médias. Parce que déjà avant nous beaucoup de femmes se sont impliquées au progrès et à l’avancement de leurs droits. Le rassemblement fait à Masteuiatsh nous à impressionné, le témoignage, les danses et surtout le poème récité par un homme qui croit à toutes ces femmes engagées depuis plusieurs années nous a donné beaucoup d’espoir d’abolir certains préjugés. Il ne faut pas avoir peur de s’impliquer et d’ nvestir du temps pour des causes nous permettant de grandir et de s’épanouir. Merci à toute l’organisation du mouvement des femmes pour cet événement tant attendu de nous tous.
Marie-Paule, Huguette, Gisèle & Rachel Bluteau (Membres du Regroupement de femmes de Valcanton) En tant que travailleuse au sein d’un centre de femmes, j’ai vécu une très belle expérience. Savoir que toutes se mobilisent pour une même cause et les mêmes revendications cela est très spécial. Cette première marche mondiale fut très enrichissante et inoubliable ! Des liens se sont créé et resteront gravé dans mon cœur. Je suis fière d’avoir participé à la marche de 2010. Merci à toute l’organisation de ce bel évènement et merci aux marcheuses ! Gina
La marche mondiale des femmes….
J’en avais entendu parler il y plusieurs
années. Celle de 2000 puis celle de 2005, mais jamais je n’aurais pensé un jour en faire partie.
Le Comité condition féminine Baie-James et notre GROSSE
équipe (nous étions 2) avons mis beaucoup d’énergie a organiser le tout. Surtout à trouver du financement.
Nous aurions aimé faire mieux (quelques
imprévus sont survenus), mais dans l’ensemble nous sommes fières de pouvoir dire que nous avons réussi la dé-marche ( ).
Pour moi ce fut une réussite parce que j’ai ressenti quelques choses de magiques au moment du départ. La région était devant le cortège juste après
les dignitaires, et quand le tout c’est mis en branle j’ai ressenti ce que j’appelle un moment parfait. Vous savez le moment dans une vie ou tout semble être
dans l’ordre, à sa place. Où le temps lui-même fait une pose pour regarder « ce qui est ». Un moment comme celui-là je ne l’avais vécu qu’une fois auparavant. Mais en ce dimanche 17 octobre vers 10 :30 quand nous avons marché j’ai senti toute la puissance de ce moment. Près de 10 000 femmes, hommes et enfants ce sont déplacé dans une petite ville de région à Rimouski pour dire c’est assez que les pauvres soient encore plus pauvres, que les femmes ne soient pas encore l’égal de l’homme, etc.
Imaginez 10 000 cœurs qui l’espace d’une marche on scander à l’unisson des slogans pour ce faire entendre, pour dire qu’elles et qu’ils en on assez.
Imaginez 10 000 âmes qui pour une fois se sont unies sans regarder leur différence, mais en regardant seulement leur ressemblance pour que le monde
de demain soit meilleur. Imaginez … et vous ressentirez ce moment parfait que j’ai vécu par ce dimanche matin ensoleillé.
Manon Fortier, directrice du CCFBJ, Villebois.