Auteur : Kimber Traducteur : Carlos Ferreira Fiction classée I-16, créée le 31/05/00 Les personnages cités dans cette fiction sont la propriété du créateur de la série, Joss Whedon, de la 20th Century Fox ainsi que de la chaîne qui détient les droits de diffusion au moment de l’écriture. L’histoire et les personnages qui auront pu être inventés sont les propriétés de l’auteur. Résumé : Variation sur le thème hebdomadaire [ahem, je dirais plutôt _feu_ le thème hebdomadaire] de Rod [le listdaddy des ML BuffyLovesWillow et BuffyWantsWillow]. Ecrivez une histoire sur le retour vers, ou pour quelqu'un. Mise en scene du couple Buffy-Willow. Notes de l’auteur : Le produit final d'un auteur reflète généralement les sentiments qu'il a eus en l'écrivant. Enormément de tension pour mon couple favori. Ca vous dit quelque chose et vous savez à quoi vous attendre. Préparez vos mouchoirs. Notes de traduction : "Willow" veut dire "saule" en anglais. Merci à Olivier Gobert pour ses corrections.
Mon dieu, comme je l'aime ! De tout mon être, de tout ce que je peux devenir, je l'aime. Elle est devenue ma raison d'être. Le sens de mon existence a changé en cours de route, les règles ont changé, tout s'est mis sens dessus dessous et je me suis retrouvée là, avec sur le visage l'expression d'une biche prise dans les phares d'une voiture et parcourue d'un frisson des plus agréables. Je suis assise là à la regarder dormir paisiblement, probablement pour la première fois depuis des semaines, en m'interrogeant sur le cours du destin. Que serais-je devenue si elle n'était pas entrée dans ma vie quelques années plus tôt ? La question était de pure forme car j'en connaissais parfaitement la réponse. Je serais devenue le quatre heures d'un monstre ou le casse-croûte de minuit d'un vampire. Je serais morte quelques centaines de fois - parfois dans les flammes - si elle n'avait pas été là. Mon amour, ma vie.
Elle s'agite maintenant dans son sommeil. C'est probablement encore l'un de ces maudits rêves que font les Tueuses. Elle en a beaucoup depuis quelque temps. Elle se tourne, se retourne dans son sommeil et se réveille haletante, le corps recouvert d'une fine couche de sueur. La voir ainsi fait exploser mon coeur en des milliers de petits morceaux. Que ne donnerais-je pas pour les chasser - je ferais n'importe quoi simplement pour la voir... "Mon dieu, non, Will !" Buffy se redresse soudain et regarde la pièce, terrifiée. "Buffy, je suis là. Tout va bien." Je m'approche pour la prendre dans mes bras mais elle se recroqueville au milieu du lit. "Dis-moi ce que je dois faire. Comment puis-je t'aider ?" Sa tête repose sur ses genoux. Je l'entends sangloter lentement. "Ca fait mal, Will. Jamais je n'avais pensé que quelque chose dans ma vie pouvait faire aussi mal," murmure-t-elle. "Qu'est-ce qui fait mal, Buffy ? Pourquoi ne peux-tu pas me le dire ? Tu ne peux pas m'en vouloir pour toujours, tu sais. On doit en parler." J'essaie de lui montrer mon meilleur visage résolu mais elle ne me regarde même pas. Le visage résolu ne marche que si l'autre personne le regarde. Je m'approche à nouveau d'elle mais elle se renverse sur ses oreillers et se blottit dans son lit. Elle doit être épuisée. S'il existait un sortilège pour la débarrasser de ses cauchemars, je l'exécuterais dans l'instant. Je vendrais même mon âme pour cela - juste pour elle. "A l'intérieur... je ne sens plus rien. Tout est mort. J'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais ressentir quoi que ce soit, plus jamais être heureuse à nouveau. Mon univers est entièrement ébranlé et ma vie... oh Will, ma vie est..." dit-elle en baissant la voix.
Elle pleure doucement maintenant. Mon dieu, qui aurait pu penser qu'elle pouvait me briser le coeur encore plus qu'il ne l'était déjà. Elle est furieuse après moi et nous n'en avons pas encore parlé. Elle évite le sujet à chaque fois que je l'aborde. Il y a environ un mois, nous étions en patrouille de routine dans un cimetière.
Les derniers mois avaient été plutôt calmes et nous avions donc relâché notre vigilance. Très grosse erreur. Six ou sept vampires désireux de faire la fête nous avaient tendu une embuscade. Buffy faisait assez bonne figure mais ils étaient trop nombreux. Elle s'occupait très bien de deux d'entre eux quand un troisième s'est glissé derrière elle et lui a sauté sur le dos. J'ai paniqué. Bien sûr, elle est la Tueuse et je sais qu'elle est capable d'affronter toutes les situations se présentant à elle mais je ne l'avais pas imprimé dans mon esprit à ce moment là. J'ai donc fait la seule chose qui me soit passée par la tête. J'ai sauté sur le dos du vampire, ce qui bien sûr ne l'a pas rendu très heureux. Il a alors grogné et a tenté de me faire lâcher prise. C'était comme une de ces attractions de fête foraine sur lesquelles on monte pour quelques dollars : ça secoue dans tous les sens mais ça ne dure que deux minutes. Non attendez, rayez ça, je ne paierai jamais quatre de mes dollars si chèrement acquis pour jouer à saute-mouton sur le dos d'un vampire affamé. J'avais donc droit à un tour gratuit alors que Buffy réduisait en poussière le dernier mort-vivant lorsque mon vampire s'est soudainement souvenu qu'il avait un cerveau. Il a reculé contre un mausolée et pouf ! Tout l'air de mes poumons et une partie de celui que j'avais en réserve a été expulsé de mon corps comme d'une baudruche. Je ne me souviens pas de grand chose après ça. La première chose qui m'est revenue est que je me suis réveillée au milieu de la nuit sur mon lit à la cité U. Le temps n'avait jamais filé aussi vite ! On faisait la fête avec les vampires vers dix heures et on s'est retrouvé là à cinq heures du matin. J'avais dû m'évanouir ou être mise KO ou même un peu des deux à la fois, je n'en suis pas sûre. Je ne peux pas dormir, je ne peux pas manger, et je ne peux pas travailler. Pas tant que Buffy m'en veut. J'essayais simplement de l'aider. C'est vrai, elle est intervenue et a sauvé ma peau une fois de plus, mais j'avais réussi à le distraire et elle avait pu en finir en vitesse avec les autres. Bien, on dirait qu'elle dort à nouveau paisiblement. Je crois que je vais retourner sur mon lit et tenter de me reposer un peu. On déménage bientôt et on reçoit nos diplômes. Moi, diplômée de la fac - j'ai hâte d'y être.
Les examens de fin d'année. Pfiou. C'est tout ce que j'ai à en dire. Ca fait quatre heures que je suis assise à la bibliothèque de la fac en train d'étudier pour ces examens. Je m'en sortais assez bien pendant la première heure, ensuite mon esprit a commencé à dévier sur Buffy et d'autres parties de Buffy... Mmm. Oh, où en étais-je ? Ah oui, Buffy. C'est notre dernière année et nous sommes amantes depuis deux ans maintenant. C'est drôle, n'est-ce pas, tout le monde se met à chercher partout le grand amour pour se rendre compte qu'il a toujours été sous son nez. C'est ce que j'ai ressenti quand Buffy m'a embrassée pour la première fois. On venait juste d'en finir avec une extermination brutale et j'avais une vilaine coupure au bras. Elle était en train de poser le bandage et après avoir fini, elle l'a embrassé. Elle a embrassé ma blessure ! Elle a levé la tête pour jauger ma réaction et je devais ressembler à ce gros chat qui venait d'avaler un canari. Elle m'a fait un petit sourire penaud et j'ai fait la chose la plus courageuse que j'aie jamais fait de ma vie - plus courageuse encore que les éliminations nocturnes d'étudiantes dotées de crocs. Elle avait un bleu sur le front et je me suis donc penchée pour l'embrasser. Quand j'ai reculé, elle avait sur le visage la même expression que j'avais eue juste avant. C'était le bon moment - celui que tout le monde cherche chaque jour de sa vie. Je n'avais pas pu le trouver avec Oz, elle n'avait pas pu le trouver avec Angel ou Riley malgré tous ses efforts et nous venions juste de le trouver là ensemble. Ca a été la première de nombreuses nuits formidables. Je rougis jusqu'à mes baskets oranges rien que d'y penser en ce moment. Nous avons appris chaque courbe, chaque détail, chaque endroit qui faisait frissonner l'autre... et quelques autres endroits qui nous faisaient crier. Il n'y a pas eu beaucoup de cris récemment. Il n'y a pas eu grand chose en fait. Je ne l'ai jamais vue aussi refermée. Elle ne me parle pas, elle ne me laisse pas l'approcher et ça rend la situation plus pénible encore. Je veux que ma Buffy revienne.
Patrouille encore. La remise des diplômes demain et j'ai l'estomac noué rien que d'y penser. J'en parle sans arrêt depuis dix minutes mais Buffy ne dit pas un mot. Elle est distraite, triste, éloignée de tout. J'ai été seule avec elle pendant tout le mois et on n'a jamais été voir Giles, ou Alex et Anya.
Deux vampires se dressent des tombes devant lesquelles nous nous trouvons et elle les élimine très rapidement. J'ai remarqué qu'elle n'échangeait plus de blagues et ne jouait plus avec eux. C'est devenu du genre "plante et passe à un autre, plante et passe à un autre". Je souris en me disant qu'elle est peutêtre devenue plus efficace dans ses vieux jours. Pas le temps de jouer et de s'amuser, simplement faire son travail et s'en aller. Nous nous arrêtons au milieu du cimetière et elle s'asseoit près d'une tombe récente. Elle enleve les fleurs fanées du vase posé devant et ouvre son sac à dos. Elle en sort un beau bouquet de fleurs printanières et les met dans le vase. Je décide de ne pas l'interroger là dessus - elle le fait tous les soirs de patrouille et quand je lui ai posé la question la première fois, elle a simplement changé de sujet. Elle était si efficace avant, il doit rester une heure ou presque avant que celuici ne se lève, nous avons donc tout le temps de nous calmer et de nous reposer. En fait, nous reposer autant qu'on peut y arriver quand on traîne dans un cimetière au milieu de la nuit. Elle a ce regard. Je l'ai déjà vu des milliers de fois et je sais ce qu'il signifie. "Je suis désolée, Will." Je secoue la tête et je m'asseoit devant elle. "Tu n'as pas à être désolée, Buffy." "Je déteste être furieuse après toi." Elle efface une larme de son visage. "Surtout quand c'est pendant longtemps." "Je le déteste aussi. Si seulement tu me parlais, je suis sûre qu'on arriverait à faire face." "Avant d'arriver à Sunnydale, ma vie à Hemery était... pathétique. J'étais pompom-girl, j'avais des amis superficiels, et je ne sortais qu'avec des quarterbacks et des joueurs de basket - Seigneur, je ressemblais à une pâle copie de Cordelia." Elle sourit. Je lui rends son sourire. "Ouais, je pense que c'était le cas." "Je ne pensais qu'à moi et les sentiments ou besoins des autres ne
m'intéressaient pas. Mais ensuite je suis venue ici et j'ai rencontré Alex et toi, et ma vie a changé - j'ai changé. Surtout après t'avoir rencontrée. Tu m'as appris à... seigneur, à faire l'exact opposé de ce que je faisais avant. Depuis ce soir là au Bronze, quand j'ai réalisé qu'un vampire t'avait emportée, j'ai décidé de te protéger. J'ai toujours eu cette pulsion, urgente, de te maintenir en sécurité."
"Je m'en souviens. Tu as débarqué dans le mausolée et tu leur as mis la raclée." Elle me parle enfin. Je n'arrive pas à y croire ! C'est exactement ce dont on avait besoin, un petit voyage dans les souvenirs. Elle s'adosse à une pierre tombale et je me rends compte que ça va être ce genre de conversation. Celles pour lesquelles on voudrait avoir un magnétophone qui en capturerait chaque minute afin de pouvoir les réécouter encore et encore quand on est triste ou meurtrie. "Quand Angelus... t'a fait du mal, je suis devenue folle. Le meurtre de mademoiselle Calendar a été horrible mais quand il s'en est pris à toi..." Elle se tait et secoue la tête. Le souvenir d'être tenue par la gorge par son examant envahit ma tête et je frissonne légèrement. "Je n'arrive toujours pas à imaginer comment tu as réussi à surmonter ça." "Quand je me suis battue avec lui, je l'ai fait pour toi. Je l'ai fait pour toi, Will. Il t'avait blessée et il devait payer pour ça. Personne ne s'en prend à ma Willow." J'étouffe un rire en entendant cela. J'aime quand elle dit ça. Je la regarde patiemment, attendant qu'elle poursuive. Elle donne l'impression d'être au seuil de quelque chose qui se trouverait là à la pointe de ses chaussures et qu'un pas pouvait tout ramener à la lumière. "Un démon va arriver d'ici cinq minutes." Elle jette un oeil à sa montre. "Il ne nous reste pas beaucoup de temps. Giles m'a appelée avant la patrouille et m'a donné tous les détails - il a dit que c'était un vrai costaud - sauf qu'il a utilisé plein d'autres mots et qu'il n'a pas arrêté de faire référence à la montée de la marée." Elle secoue la tête et se lève. "Il faut que... je veux que tu saches que je t'aime. Je t'aime avec une férocité que je n'ai jamais pensé posséder au fond de moi - que je n'ai jamais pensé exister avant de te rencontrer." Elle essuie un nouveau flot de larmes.
"Je sais, Buffy. Je t'aime moi aussi." Je souhaitais tellement aller vers elle et la serrer dans mes bras mais elle recula de plusieurs pas. Elle passa les mains dans ses cheveux et ramassa son sac. "Je ne peux plus continuer à faire ça, Will. Je ne peux plus être en colère après toi, je ne peux plus m'en vouloir pour... et bien, ça ne compte pas pour l'instant. Rien ne compte. Quand j'en aurais fini avec ce démon, je reviendrai ici - pour toi. Alors on pourra être à nouveau ensemble comme ça aurait dû l'être depuis toujours. Je ne peux pas vivre une vie sans toi." Elle lâcha un profond soupir et commença à s'éloigner. Elle se retourna et disparut dans la nuit.
"Fais attention, Buffy. Reviens-moi en un seul morceau." lui criai-je. Il s'était écoulé quinze bonnes minutes depuis son départ quand je vis Alex et Giles courir vers moi. Leurs visages paniqués suffisaient à me dire que quelque chose de terrible s'était passé ou était sur le point de se passer. Il s'arrêtèrent juste devant moi pour reprendre leur souffle. "Giles, Alex... Que se passe-til ?" "Buffy !" cria Alex. "Buffy, où es-tu ?!" "Elle est partie affronter le démon. Dites-moi ce qui ne va pas !" Je perdais patience. "Elle a dû y aller toute seule." dit finalement Giles. "Bon sang, je lui avais dit de nous attendre." Ils se regardèrent et partirent dans la direction où Buffy était allé. Je paniquais maintenant. Elle pouvait être blessée, ou inconsciente, ou même morte. Je me lançai derrière eux. "Hey." Une voix derrière moi m'interrompit dans ma course. Je me retournai brusquement et j'aperçus Buffy debout devant moi. "Buffy ? Que se passe-til ? Giles et Alex sont aussi pâles qu'un linge et viennent de partir à ta recherche. Tu ne les as pas vus ?"
Elle sourit et marcha vers moi. Elle tendit lentement un bras et toucha mon visage avec le dos de sa main. "Tout va bien maintenant, Will. Tout est à sa place." Elle leva son autre main et prit mon visage entre elles." Mon dieu, tu m'as manquée." J'étais dans une confusion plus grande que toutes celles que j'avais vécues jusqu'alors. "Je t'ai manquée ? Buffy, j'ai été tout le temps avec toi ! Pendant un mois j'ai essayé de faire en sorte que tu me parles. Que se passe-t-il ?" La tristesse traversa soudain son visage. C'était une tristesse comme je n'en avais jamais vu auparavant sur personne. "Tu ne sais pas... n'est-ce pas ?" Une larme coula de son oeil et sa lèvre inférieure se mit à trembler. "Je... j'ai essayé de te sauver mais... je n'ai pas été assez rapide. Il... il était fort et j'étais fatiguée après avoir éliminé les six autres qui nous avaient sauté dessus. Je... je n'ai pas été assez rapide, Will. Pourras-tu jamais me pardonner ?" "Te pardonner ? Buffy, je t'aime. Je n'ai rien à te pardonner, je pensais que tu m'en voulais, je pensais que tu ne me parlerais plus jamais." Je pleurais moi aussi maintenant. Ma poitrine se comprima comme si je m'étais planté un pieu en plein coeur. Elle essayait de me dire quelque chose et je ne parvenais pas à deviner quoi. Ca ne comptait pas vraiment, rien ne comptait maintenant qu'elle me parlait à nouveau, qu'elle me touchait à nouveau. "Buffy, je t'aime tellement. Pitié, réponds-moi. Que se passe-t-il ?"
Elle sourit et se pencha pour m'embrasser. Ses lèvres effleurèrent les miennes et j'enroulai mes bras autour de sa taille. S'il y avait eu un raz de marée, un ouragan ou même un tremblement de terre, je ne l'aurais jamais su, je n'y aurais même pas fait attention. Buffy était dans mes bras et elle m'embrassait tendrement. C'était comme si quelqu'un s'était emparé de la télécommande et avait appuyé sur le bouton pause pour figer tout ce qui nous entourait. J'avais besoin de la sentir, de la toucher. Mes mains passèrent lentement sous son haut et je caressai le creux de son dos. Elle devait aimer car ses bras serrèrent plus fort mes épaules et elle commença à embrasser ma joue, mon front avant de s'arrêter finalement sur mon cou. Je pouvais l'entendre respirer et pleurer. Je la serrai encore plus fort si c'était possible et une pensée me traversa soudainement. Elle était froide, tellement froide. Je la regardai dans
les yeux. "Buffy, tu es froide. Ta peau est comme de la glace. Tu te sens bien ?" Elle me sourit tristement à nouveau. "Je vais bien maintenant, Will. Mieux que je ne l'ai jamais été depuis longtemps maintenant que je t'ai retrouvée." Je reculai. Je ne pouvais pas penser clairement avec elle aussi près de moi. J'étais sur le point de la bombarder de mille questions quand nous remarquâmes toutes les deux Alex et Giles qui revenaient de l'endroit où ils étaient partis. Je lançai à Buffy le regard à la fois interrogateur et incrédule qu'elle connaissait bien. Sa main couvrit sa bouche et un petit cri franchit ses lèvres. C'était un spectacle étrange que je n'oublierai jamais. Giles avait son bras sur les épaules d'Alex et le réconfortait. Ils se s'approchèrent et je pus entendre de faibles sanglots s'échapper de la gorge d'Alex. Alex s'approcha de moi et s'effondra à genoux. Ses mains couvraient son visage et il pleurait à chaudes larmes. Giles s'approcha et s'agenouilla devant lui. "Alex." "Non, Giles. Non ! Pas encore. Ca ne peut pas arriver encore une fois..." réussit-il à sortir. "D'abord Will et maintenant Buffy. Ca fait un mois, Giles ! Je ne peux pas faire ça, je ne peux pas." Le voir perdre son assurance - en pleurant comme ça - me retournait. Je sentis mon estomac se nouer et ma poitrine se comprimer pour la deuxième fois cette nuit-là. Ce n'était pas un sentiment agréable, je vous le dis. Je me suis agenouillée de l'autre côté et j'ai avancé ma main pour la poser sur son épaule. A ce moment là, tout est devenu clair. Un voile s'était levé devant mes yeux et j'ai vu, senti et su tout ce qu'il y avait à connaître de la vie ou de ce qui a précédé son existence. Ma main - la main que j'utilisais pour pénétrer dans les systèmes informatiques, la main que j'utilisais pour jeter des sortilèges, prendre des notes en classe et mener mon amante vers les plus formidables orgasmes qu'elle connaîtrait de toute sa vie - ma main est passée à travers lui... et j'ai su.
Je fermai les yeux et tout me revint comme un raz de marée. Dans les yeux de mon esprit, je pouvais voir Buffy se battre contre les vampires, je pouvais la voir en danger et me sentir bondir et m'accrocher au vampire comme si ma vie en dépendait. Mais ce n'était pas ma vie qui en dépendait, c'était la sienne, alors je me suis accrochée encore plus fort. J'ai senti le vampire reculer et le choc sur le mur du mausolée - j'ai senti l'air quitter mes poumons et le craquement brusque de ce qui aurait pu être le fouet de Monsieur Loyal. Si ça n'avait pas été le bruit de ma colonne vertébrale en train de se briser, j'aurais juré que le cirque était en ville et les lions sur la piste. Que n'aurais-je donné pour les voir assis sur des tonneaux en demandant des friandises. Une main posée sur mon épaule me sortit de mes souvenirs. Je levai la tête et vis Buffy se tenant au-dessus de moi. Même parcouru par les larmes, son visage est la plus belle chose que je verrai jamais de toute ma vie - ou hors de celle ci. "Je ne pouvais pas te le dire. Tu devais t'en rendre compte par toi-même." Je me levai pour lui faire face et je pouvais à peine imaginer le regard stupéfait sur mon visage. "Ma main." Je la levai comme si elle ne savait pas ce qu'était une main. "Elle est passée à travers lui." Elle fit un mouvement ample avec la sienne et passa à travers Giles. "La mienne aussi." "Nous sommes mortes." J'avais remarqué que j'avais l'ennuyeuse tendance d'énoncer des évidences absolues. "Ouais. On dirait." Buffy mit sa main dans la mienne et serra tendrement. "Je ne pouvais pas vivre sans toi, Will. J'ai perdu beaucoup de chose dans ma vie mais la seule chose sans laquelle je refuse de vivre... c'est toi. Et maintenant, je n'ai plus à le faire." "Le démon," dis-je. "M'a déchiquetée." Elle se figea. Soit, elle le sentait à nouveau, soit, elle avait vu l'expression sur mon visage - ou peut-être un peu des deux, je n'en étais pas sûre. "Oh, Buffy." Giles prit Alex dans ses bras et le fit se lever. Je tournai la tête sur le côté et remarquai son visage sur lequel se lisait la plus totale dévastation. Il fixait le
sol et je suivis son regard. Il ne pouvait quitter des yeux la pierre tombale et quand je vis ce qui était écrit, moi non plus. "Willow Rosenberg 1981 - 2003 Amante, professeur, combattante, amie"
Quelque chose était gravé sous les mots que je venais de lire - des mots qui m'avaient transpercé le coeur et déchiré l'âme. C'était une gravure représentant un saule. Je me tournai vers Buffy avec sur le visage le regard le plus triste que je pouvais trouver à cet instant-là. Personne ne pense jamais voir sa propre tombe, mais je venais de le faire. "Ca fait un mois aujourd'hui," dit-elle répondant à une question non formulée. "Le plus long mois de toute ma vie." Elle me toucha le visage avec tendresse. "C'est fini. On n'a plus rien à faire ici. Nous avons fait notre devoir, mené le bon combat et il est maintenant temps de rentrer." "Rentrer ? Et Giles et Alex ? Et nos parents ?" "Ils se soutiendront les uns les autres. Ils surmonteront ça, je te le promets." Je commençais à sentir la colère monter en moi. "Buffy, ils te soutenaient eux aussi ! Tu aurais pu te tourner vers eux, ils t'auraient aidé à surmonter ma... mort." Je manquai de m'étrangler sur le dernier mot. Elle secoua la tête. "Personne ne pouvait m'aider, Will. Personne d'autre que toi et tu n'étais plus là. Mais nous sommes ensemble maintenant et plus rien ne se mettra jamais entre nous. Pas même la mort." Avant que j'aie pu répondre, une lumière apparut soudainement de l'autre côté de la rue. Je n'en avais jamais vu de plus brillante. Je regardai Buffy. Je savais ce que c'était, j'avais juste besoin d'une confirmation. "Il est temps de partir, on nous appelle." Une protestation se forma quelque part dans mon esprit mais elle disparut soudainement quand elle plaça sa main dans la mienne. Je me sentais soudain
calme, en paix pour la première fois depuis longtemps. Peut-être avait-elle raison. Peut-être que rien n'aurait pu l'empêcher de faire ça et rien n'aurait pu m'empêcher d'être tuée. J'ai toujours pensé au fond de moi qu'il y avait un grand dessein pour les événements - que nous étions destinés à faire ce que nous devions faire dans la vie, et que peut-être, peut-être seulement, la mort faisait partie du plan elle aussi. Nous n'avions plus besoin de mots. Je lui fis un signe de la tête et nous avançâmes ensemble vers la lumière. Quoi qu'il se cache derrière ce signal, aucune de nous ne le savait de façon certaine. Tout ce que nous savions, c'est que nous allions l'affronter ensemble et que, désormais, plus rien ne pourrait jamais nous séparer.
FIN