Si je Reste par Osmose
La fête battait son plein, derrière la porte. Tout poussait à croire que tous les habitants de Storybrooke s'amusaient. La musique résonnait dans tous les coins. L'odeur de la nourriture embaumait l'atmosphère. Les rires se mêlaient les uns aux autres. Mais en moi, aucune musique, aucune odeur, aucun rire. Seulement la solitude. Oui, j'étais seule, au milieu de la population. Seule, bien loin de leur bonheur. Bien loin de leur fête. Bien loin de cette ville. En les tréfonds de mon âme ne résonnait que le vide. La solitude ne fait aucun bruit. C'est une douce présence qui jamais ne vous quitte, si l'on ne vous donne pas l'occasion de la quitter. Elle vous serre les tripes, appuie sur vos côtes, heurte votre coeur. Et peu à peu, sans qu'on ne prenne garde, elle s'installe entièrement en vous. Vos yeux ne fixent alors que le vide qu'elle vous présente. Votre peau ne devient réceptive qu'à l'absence de contact. Votre voix ne répond que lassivement à toute autre. La solitude vous broît, peu à peu. Je suis seule. Elle, elle ne l'est plus à présent. Elle rit, chantonne, s'amuse. Elle a les yeux qui pique de bonheur. Elle vit. Elle renaît. Elle se mêle aux autres et partage leur joie. Elle ne fuit plus les lieux ni les autres habitants. A présent, quelqu'un tient ses hanches et sourit en son sens. Elle ne sera plus jamais seule, elle. Regina. Ma douce Regina. Lorsque ses yeux croisent les miens, une vague de tristesse la renverse. Ma solitude semble s'apaiser. Puis la tempête revient, et son regard repart. Elle ne fait que cela. Revenir, puis partir, accompagnant les agissements de l'Ancienne Reine comme si celle-ci la contrôlait entièrement. Regina est l'incarnation de la solitude et de son absence. Elle est la clé de cette situation, sans même le savoir. Enfin, si, elle le sait. Robin Hood lui saisit la main. Leurs doigts s'entrelacent. Ce n'est pas la solitude qui me heurte, cette fois, mais la colère, la jalousie. Des flammes s'allument en moi et mes dents se serrent. Il est l'allumette qui me fait m'enflammer. Car je sais que dès qu'il la touche, elle sourit plus encore, de ce sourire radieux. Et je suis seule. Autrefois, j'étais seule avec elle. Autrefois, je lui prenais les hanches et la faisais sourire. Autrefois je lui prenais la main et y entrelaçait mes doigts. Autrefois. Avant qu'elle ne le retrouve, lui. Avant que tout cela ne change. Avant que l'ouragan ne charge et résonne. Avant que le destin ne prenne le pas sur l'amour. Car elle m'aime. Et je l'aime. Mais c'est lui, son destin. C'est lui, sa Fin Heureuse. Et ils sortent. Ils partent. Ils rentrent dans cette maison où ils construiront leur vie. Ils rentrent dans ces lieux qui ne seront jamais mien. Ils partent. Ils marchent. Ils ne disent rien. Ils partent simplement. Et je sais que si je reste assise ici, je vais étouffer. Si je laisse la solitude m'envahir, je n'en sortirai jamais. Je sais que si je reste, je n'aurai plus jamais de chance. Si je reste, je ne saurai jamais. Alors à mon tour, je sors. Je sors, pour lui faire face. Je sors pour changer mon destin. Car j'en suis la seule maître.