La place de l'anxiété dans le travail de création

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Master Management du Design et de l’Innovation

Jeremy Cheramy

2017 / 2018

La place de l’anxiété dans le travail de création.





Abstract I chose to work on this thesis theme due to three main factors. The first one is personal. I wrestle with my anxious thoughts on a daily basis, particularly more so while creating. The second reason is the fact that anxiety has turned into one of the most common diseases in our fast-changing society and ultimately concerns all of us. The final factor is that the actual society is producing more and more opportunities that cause anxiousness, thanks to unstable job status, fearful context, pessimistic future prospects and so on. As a designer, I wanted to halt the path down that slippery slope and prove that design thinking can handle mental illnesses such as anxiety. By learning how it works, why it happens, when it occurs and finally, how to cope with it. I chose to first look at anxiety in creation . In the end, anxiety in creation revealed a much larger problem: the growth of anxiety among independent workers (freelancers, on-demand workers, teleworkers...). The answer I found is not to study anxiety as a personal behavior but as a social consequence of working from home. By solving the professional and social isolation stakes, design is definitely able to reduce the anxieties suffered by independent professionals. By carrying out this thesis work, I assumed a position in Social Design with the aim of relieving the homes of freelancers of professional anxiety on a daily basis.

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“I still have pretty much the same fears I had as a kid. I’m not sure I’d want to give them up ; a lot of these insecurities fuel the movies I make.” Steven Spielberg

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Sommaire I/

Comprendre l’anxiété, l’angoisse et le stress Partie 1 - Différencier l’anxiété, l’angoisse et le stress 01 .

Définir l’anxiété, l’angoisse et le stress

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02 .

Des abus de langages courants

17

03 .

Des différences notables

20

Partie 2 - La peur au coeur de notre société

01 .

Un contexte propice à l’anxiété

22

02 .

Les victimes de l’anxiété

24

03 .

Les sources d’anxiété

27

Partie 3 - L’impact des éléments anxiogènes sur l’individu

01 .

02 . Comportements et réactions face à l’anxiété

Les effets de l’anxiété

31 32

Partie 4 - L’anxiété maladive 01 . Le trouble anxieux

35

02 . Soigner l’anxiété pathologique

37

03 . L’apport du design

38

II /

Écouter nos émotions, maîtriser nos sentiments Partie 1 - Comprendre les émotions 01 .

Le rôle des émotions

45.

02 .

La temporalité des émotions

47

03 . Les types d’émotions

48

04 .

53.

Le fonctionnement des émotions

Partie 2 - Différencier les émotions des sentiments

01 . Des relations différentes avec les émotions

56

02 .

58

De l’émotion au sentiment

8


Partie 3 - Manipuler les émotions 01 . Transmettre des émotions

59

02 . Mesurer les émotions

66

03 . Les émotions dans le design

70

Partie 4 - Contrôler sa vie

III /

01 . La négativité des sentiments

76

02 . Surmonter ses peurs

77

03 . La quête du bonheur

79

Accepter ou repousser l’anxiété dans la création Partie 1 - Le lien entre création et anxiété

01 . L’anxiété et l’imagination

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02 . L’imagination des artistes torturés

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03 . L’inquiétude au service de l’invention

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Partie 2 - L’anxiété créative, un mal pour un bien 01 . L’anxiété et l’intelligence

96

02 . Un mal être créatif romancé et cultivé

97

03 . Le processus créatif, un voyage incertain

101

04 . Tous différents dans l’anxiété (témoignages)

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05 . Maîtriser ou accepter l’anxiété créative

112

Partie 3 - L’influence de l’anxiété créative dans le quotidien du freelance

01 . La situation Freelance

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02 . Freelance : Choisir ou subir

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03 . Freelance, reflet d’une société

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04 . Sources & conséquences de l’anxiété d’un free à la maison

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Partie 4 - Le rôle du designer 01 . Le designer et la psychologie humaine

125

02 . Déterminer les enjeux

127

03 . Un enjeu social plus grand

129

04 . Innover par le design social

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milliards d’euros / an > coût des troubles de l’humeur et de l’anxiété

des freelances travaillent seul


Introduction L’anxiété, cette peur qui nous paralyse, est au coeur de nombreux problèmes de santé mentale. Troubles anxieux, troubles dépressifs ou bien troubles paniques sont les maux d’une société hyperindividualiste, de moins en moins consistante et de plus en plus déroutante. Avec un coût fixé à environ 170 milliards d’euros par an, les troubles de l’humeur et de l’anxiété représentent dans l’UE un enjeu économique considérable.1 Mal comprise, mal appréhendée, l’anxiété est avant tout un enjeu humain qui ne fait pas de distinction sociale, culturelle et sexuelle. Ce sentiment normal et vital que nous partageons tous, ne comporte pas seulement de mauvais aspects... Source d’information, source d’imagination et même source d’invention, l’anxiété est inhérente au processus de création. Ce qui est paradoxal quand on sait que l’anxiété se caractérise par un besoin de contrôle, de stabilité et d’anticipation, tandis que l’acte créatif est, par définition, imprévisible, irrationnel et incertain. Dans ces conditions il semble légitime de questionner l’implication de l’anxiété au sein même du processus créatif. Faut-il la maîtriser ou l’accepter ? Qu’en est-il de l’anxiété de création, lorsque l’imprévisible n’est pas seulement celui du projet mais celui du quotidien ? C’est ce que vivent les freelances, ces indépendants majoritairement dans les métiers créatifs et numériques qui travaillent pour 88% d’entre eux, seuls depuis chez eux2. Ces travailleurs nomades, toujours plus nombreux, sont les portes étendards des profondes mutations que subit l’univers du travail.

1 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ - EUROPE, La dépression en Europe : faits et chiffres [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.euro.who.int/fr/health-topics/noncommunicable-diseases/mental-health/news/news/2012/10/depression-in-europe/depression-in-europe-facts-and-figures>, [consulté le 02-08-2017]. 2 TWITTER, uneviedefreelance [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://twitter.com/1viedefreelance>, [consulté le 2017-11-13].

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Ainsi de nouvelles pratiques, de nouveaux comportements mais aussi de nouveaux soucis apparaissent parallèlement à ces changements. Mais de quels soucis s’agit-il ? Quelles sont les répercussions de cette anxiété sur le travail de création ? En comprenant comment détecter et influencer une émotion, en comprenant le lien qui existe entre création et anxiété et en comprenant quelle influence a cette anxiété dans le quotidien d’un freelance isolé, ce mémoire me permettra d’analyser en tant que designer graphique et interactif la question de l’anxiété dans la création. Cette étude, profondément ancrée dans un contexte économique et social plus grand que celui de la création, est révélatrice d’un enjeu plus global, celui du bien-être du travailleur isolé. Ce mémoire s’intéressera finalement à la question suivante : Comment peut-on réduire l’anxiété grandissante des travailleurs isolés ?

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Partie I / Comprendre l’anxiété, l’angoisse et le stress Anxiété, angoisse et stress sont 3 notions qui font souvent l’objet d’amalgames. Il est facile de les associer alors qu’elles sont pourtant bien différentes.

1 - Différencier l’anxiété, l’angoisse et le stress

01. Définir l’anxiété, l’angoisse et le stress L’anxiété affecte plus de 10% de la population dans tous les pays développés, explique Symbiofi1, une entreprise spécialisée en psycho-santé. Et pourtant les termes anxiété, angoisse et stress font souvent l’objet d’amalgames. Cette difficulté à définir précisément chacune d’elles représente mon point de départ. Il s’agit de prendre conscience et de comprendre ces états physiques et psychiques.

1 SYMBIOFI INNOVATIONS EN PSYCHO-SANTÉ, Combattre l’anxiéte par le biofeedback de cohérence cardiaque et émotionnelle [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www. symbiofi.com/fr/combattre-anxiete>, [consulté le 27-08-2017].

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Si l’Anxiété, l’Angoisse et le Stress paraissent si difficiles à dissocier, c’est que deux d’entres elles s’avèrent en réalité être intimement liées. Les états d’Anxiété et d’Angoisse sont en effet très proches, par le simple fait qu’il s’agisse dans les deux cas de sentiments. Il est d’ailleurs important, ici, de souligner la distinction entre deux concepts souvent confondus : les Sentiments et les Émotions. Au quotidien, nous sommes sans cesse touchés par ce qu’il se passe autour de nous et nous le savons grâce aux émotions. Elles nous indiquent que quelque chose de bon ou de mauvais nous préoccupe, et nous informent sur notre état. Lorsqu’elles surviennent, ces dernières peuvent nous trotter dans la tête, de façon positive ou négative et perdurer. C’est ce qu’on appelle alors les sentiments.2 D’après F.Arminot, comportementaliste3, l’anxiété et l’angoisse sont donc des projections émotionnelles qui ont pour émotion-racine, la peur. Cependant, la particularité de l’anxiété et de l’angoisse provient du fait que nous pouvons imaginer une peur à l’avance, par anticipation. L’expression familière «  Arrête de cogiter  » résume assez bien ce qu’est l’anxiété et l’angoisse. Et pour cause, c’est finalement cette mentalisation d’une peur qui provoque ce sentiment d’anxiété, si l’on suit le raisonnement du comportementaliste. Prenons l’exemple de Victor, 18 ans, qui passe son permis la semaine prochaine et qui n’est pas encore réellement prêt. Il va anticiper la difficulté de son examen et se créer lui-même une peur alors qu’il est assis dans son canapé. L’anxiété lui signale alors que quelque chose le soucie et que cet examen est important à ses yeux. Cette peur «  imaginée  » est le sentiment que l’on décrit comme s’agissant d’anxiété. Le psychiatre et psychothérapeute Christophe André4 définit l’anxiété comme une tendance de tout être humain à anticiper et à grossir les difficultés, parfois à s’en créer ou à en imaginer. Il explique que l’anxiété est un sentiment normal qui est lié à notre instinct de survie. C’est d’ailleurs grâce à cet instinct, que l’homme préhistorique a su anticiper les dangers de son époque et ainsi survivre. L’anxiété c’est l’art d’imaginer sans savoir. Du souci quotidien qui s’installe dans la durée par anticipation. À partir de rien, notre cerveau est capable de scénariser de probables situations futures. Pessimistes et semées d’embûches ou bien optimistes et réjouissantes ? À vous de voir !

2 FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Anxiété – Articles liés au traitement de l’anxiété [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fredericarminot.com/anxiete/>, [consulté le 31-03-2017]. 3

FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Ibid.

4 PSYCHOLOGIES.COM, Quelle différence y a-t-il entre stress et anxiété ? [en ligne], 2009, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Reponses-d-expert/Quelle-difference-y-a-t-il-entre-stress-et-anxiete>, [consulté le 19-03-2017].

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L’Angoisse, quant à elle, est une expérience émotive de même nature que l’anxiété mais en plus fugace et intense5. Il s’agit là d’une grande inquiétude ponctuelle qui se traduit par un ressenti physique et psychique déstabilisant et intense. Cette profonde inquiétude se manifeste par un nœud dans l’estomac, de la difficulté à respirer, des sueurs, un sentiment de faiblesse, une vision brouillée, l’ouïe perturbée... C’est l’impression d’un danger imminent qui est ressenti et caractérisé par ces signes externes réactionnels. Le psychologue Jean Garneau REDPSY6 explique que l’angoisse est imprévisible et qu’il n’y a aucun moyen de la prévenir. Elle provient du fait que l’on repousse quelque chose en nous qui cherche à émerger dans le présent. Ce qui se traduit par une peur intense et incontrôlée pouvant amener à ce qu’on appelle une «  crise d’angoisse  »7. Source : Film «Vice Versa» des studios Pixar

L’angoisse

L’anxiété

Et enfin, le stress s’avère être un état purement réactionnel de notre organisme8. Lorsque nous sommes soumis à un élément «  stresseur  » (agression, examen, cérémonie...), notre corps se mobilise pour maintenir l’équilibre de l’état intérieur. Selon l’IRS9, d’un point de vue biologique, le stress serait la réponse de l’organisme à toute demande qui lui est faite. Pour cela, lorsque notre cerveau a peur, il demande une dilatation des pupilles (se mettre aux aguets), il remplit les poumons d’air et il accélère les battements du cœur.

5 L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], 1997, mise à jour en 2017, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/anxiete.html>, [consulté le 07-08-2017]. 6

L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], Ibid.

7

L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], Ibid.

8 C’est pas sorcier, Joie, peur, tristesse, colère... QUE D’EMOTIONS ! [ajouté le 22/05/2013] La célèbre émission C’est pas sorcier, le magazine de la découverte et de la science nous explique le fonctionnement des émotions, in : YOUTUBE.COM, youtube.com, [mp4, 26mn14], disponible sur : <https://www.youtube.com/watch?v=pyeXvjCVfy8> [consulté le 24-07-2017]. 9 I.R.S INSTITUT DE RECHERCHE SUR LE STRESS, Définition du stress [en ligne], 2011, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.gestiondustress.net/index.php?o=13&m=2>, [consulté le 31-07-2017].

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De cette façon, les muscles seront alimentés en oxygène, ce qui mobilisera tout le corps. Les jambes le sont en premier (fuite), et la digestion quant à elle se voit stoppée. Pendant ce temps là, le foie produit du sucre, l’énergie pour alimenter les muscles.

02. Des abus de langages courants Comme nous avons pu le voir, l’expression «  Je suis stressé  » est un abus de langage puisqu’il ne reflète pas notre ressenti mais plutôt nos réactions physiologiques. Sur Wikipédia10, le mot stress est défini en biologie, comme «  l’ensemble des réponses d’un organisme soumis à des pressions ou contraintes de la part de son environnement  ». En médecine, il s’agit d’une «  séquence complexe d’événements provoquant des réponses physiologiques, psychosomatiques  »11. L’usage du mot «  stress  » dans le langage courant se rapporte donc plutôt à l’anxiété puisqu’il exprime un sentiment alors qu’il est en réalité un mécanisme de réponse du corps. Dans l’usage courant, il arrive que nous qualifions le stress de stress positif (eustress en anglais) ou négatif (distress). Le stress positif stimule (mariage, promotion, bébé, gagner de l’argent, nouveaux amis, diplôme) alors que le stress négatif nous freine (divorce, punition, blessure, sentiments négatifs, problèmes financiers, difficultés au travail). Il est important et nécessaire de bien différencier le stresseur (la cause, le stimulus), du stress (la réaction de l’organisme) et de ses conséquences (la maladie, l’anxiété, l’irritation...) explique l’IRS12. C’est en effet en passant par la compréhension de ces termes que l’on apprend à gérer toute situation émotionnelle explique le site Apprendre à éduquer13. Le langage de la santé mentale peut être difficile. La plupart des termes sont médicaux. Et pourtant ils peuvent nous aider à comprendre et même nous soulager, mais n’expliquent ou ne décrivent que rarement ce que nous ressentons. C’est pourquoi beaucoup d’entre nous ont développé leur propre langage, leurs propres mots pour décrire un certain sentiment, un symptôme spécifique. «  J’ai mal au coeur  » par exemple, semble exprimer un sentiment opressant venant de l’intérieur. Le langage familier paraît être ici une alternative naturelle pour combler ce manque de vocabulaire exprimant nos sentiments. Dans la difficulté d’appréhender avec facilité le champ lexical de nos ressentis émo-

10 WIKIPÉDIA, Stress [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fr.wikipedia.org/wiki/Stress>, [consulté le 02-08-2017] 11

WIKIPÉDIA, Stress [en ligne], Ibid.

12 I.R.S INSTITUT DE RECHERCHE SUR LE STRESS, Définition du stress [en ligne], 2011, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.gestiondustress.net/index.php?o=13&m=2>, [consulté le 31-07-2017]. 13 APPRENDRE À ÉDUQUER, Connaitre ses émotions, un atout pour la vie [en ligne], 2015, mise à jour le 2016, disponible sur <http://apprendreaeduquer.fr/connaitre-ses-Émotions-un-atout-pour-la-vie/>, [consulté le 2017-11-15].

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Le stress dans notre corps.


tionnels se dégage alors un besoin de communiquer efficacement sur nos états. Le designer graphique, ce médiateur de la transmission des messages et des savoirs, s’avère être l’acteur idéal pour répondre à ce problème. Comment pourrait-on, par le design graphique, comprendre, identifier et distinguer les termes psychologiques et médicaux afin de mieux communiquer nos états physiques et psychiques ? En attentant, le magasine américain Anxy14, lui, s’est amusé à partager les mots que nous utilisons pour décrire des moments de tourment et d’incertitude dans sa première parution.

14 ANXY, «  Our secret language  », Anxy, n°1, 2017, pp 15.

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03. Des différences notables Après avoir bien dissocié le stress de l’anxiété et l’angoisse, il peut être intéressant d’insister sur les différences entre ces derniers. Comme nous l’avons vu, les deux sentiments que sont l’anxiété et l’angoisse sont très proches. Ils sont si proches que leur symptômes sont similaires. Voici les symptômes que partagent l’anxiété et l’angoisse :

Fortes transpirations Nausées Impression d’étouffer Fortes douleurs dans la poitrine Accélération du pouls Tachycardie Vertige Sensation de suffocation Forte migraine Bouche sèche Hyperventilation Déréalisation Dépersonnalisation Rougissements Douleurs intestinales Douleurs d’estomac

Et pourtant, selon F. Arminot15, la différence est dans les symptômes. Il explique que dans les deux cas, ces symptômes sont le fruit de l’anticipation sur des événements malheureux ou en sont la conséquence mais que l’intensité et la durabilité de ceux-ci les distingue.

15 FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Angoisse et Anxiété – Lequel de ces 2 troubles ressentez-vous [en ligne], 2017, mise à jour en 2017, disponible sur <https://fredericarminot.com/angoisse-et-anxiete/>, [consulté le 01-07-2017].

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L’angoisse provoquera des symptômes plus déstabilisants et forts parce que soudains. Alors que l’anxiété sera moins déstabilisante, mais plus chronique et donc installée dans le temps. Il ajoute que les personnes angoissées ont le plus souvent une déréalisation et une dépersonnalisation forte qui accompagne leurs symptômes physiques. L’anxieux aura lui plutôt des signes psychologiques plus importants. L’inquiétude et le pessimisme gagnent davantage les anxieux que les angoissés puisque l’angoisse apparaît de façon plus fugace. En plus des symptômes, la temporalité de ces sentiments devient un critère différenciant supplémentaire. Pour résumer les différences entre anxiété et angoisse, on pourrait associer l’injonction « Et si...? » à l’anxiété et « Oh F**K » à l’angoisse.

Le «  Et si ?  » de l’anxiété démontre bien le souci difficile à gérer qui s’installe dans le temps. Et le «  OH F**K » de l’angoisse illustre la panique réactionnelle instantanée.

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Partie 1

2 - La peur au cœur de notre société 01. Un contexte propice à l’anxiété L’article intitulé « Notre époque fabrique du mal-être  », écrit par la journaliste Isabelle Taubes pour Psychologies magazine16, résume parfaitement le paradoxe de la société dans laquelle nous vivons. Paradoxe, car comme I. Taubes le précise, notre société ne s’est jamais autant souciée du bien-être. C’est le sociologue Vincent de Gaulejac17 qui nous explique qu’objectivement, « notre époque est bien moins terrible que d’autres ». Il fait notamment allusion aux années 30-40, où nous étions pris en tenaille entre le nazisme et le stalinisme. Néanmoins, selon le Dr Benson de l’université d’Harvard18 «  80% des consultations médicales des pays industrialisés sont liées au stress  ».

Mais d’où vient ce stress alors ? Le contexte actuel en est bien évidemment une des sources principales ! Isabelle Musnik (fondatrice et directrice de la publication d’INfluencia), journaliste économique de formation, qualifie notre société de «  Société paradoxale de l’hédonisme anxieux »19.

16 PSYCHOLOGIE.COM, Notre époque fabrique du mal-être [en ligne], 1980, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-et-Dossiers/Faire-facea-nos-angoisses/Notre-epoque-fabrique-du-mal-etre>, [consulté le 23-03-2017]. 17

PSYCHOLOGIE.COM, Notre époque fabrique du mal-être [en ligne], Ibid.

18 PASSEPORTSANTÉ, Connaissez-vous les facteurs de stress ? [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=facteurs-de-stress_20120210, [consulté le 31-03-2017]. 19 INFLUENCIA.NET, Nous vivons le temps de l’hédonisme anxieux [en ligne], 1980, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.influencia.net/fr/actualites/in,pas-manquer,nous-vivons-temps-hedonisme-anxieux,41. html>, [consulté le 26-03-2017].

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L’hédonisme est représenté par ces nombreuses sollicitations à jouir sans attendre, ces centre villes tournés vers le shopping et la distraction, les innombrables fêtes, le porno à libre disposition... En sommes, nous sommes passés de l’époque traditionnelle sérieuse et durable, à une époque «  inconsistante  », légère , hyper-individualiste et hyper consommatrice où tout est accessible à tout moment. Internet, notre source d’information et de contenu infini est bel et bien l’outil nous permettant tout ces changements de comportements sociaux. Toutefois notre époque n’est pas dionysiaque, précise I.Musnik, puisque près de 1 Français sur 5 se sent quasiment toujours stressé selon un sondage réalisé par la Chambre Syndicale de la Sophrologie en 201620.

L’hyperindividualisme serait même un facteur d’isolement néfaste, explique V. de Gaulejac21. Par exemple, lorsque le chômeur en recherche d’emploi se retrouve seul, il s’estime entièrement responsable de son exclusion car d’après lui, il n’a pas su faire le nécessaire pour s’intégrer. Il vît donc cette situation comme un échec. Et pour cause, l’idéal de réussite de notre société actuelle est basé sur l’enrichissement et la carrière professionnelle (engendré par le modèle économique capitaliste), ce qui soumet la réalisation de soi à des critères purement économiques. Un des problèmes justement, c’est le taux de chômage... On retrouve finalement un certain décalage entre nos attentes fantasmatiques, générées par cette société changeante, et la réalité. Ce décalage entre l’attente sociétale et la réalité provoque en conséquence cet état d’angoisse paradoxal cité précédemment.

20 Sondage réalisé en janvier 2016 par BVA pour la Chambre Syndicale de la Sophrologie auprès d’un échantillon grand public de 1030 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus 21

PSYCHOLOGIE.COM, Notre époque fabrique du mal-être [en ligne], Ibid.

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Notre société est également une société de la désorientation et de la peur pour I.Musnik22. Depuis les attentats de Charlie-Hebdo, du 13 novembre et de Nice, certains gestes se sont transformés en automatismes, des façons de penser ont émergé tandis que d’autres réflexes ont été accentués. Aujourd’hui, tous les anciens repères familiaux, religieux, politiques, artistiques et même alimentaires ont été bousculés par cette société faite d’incertitudes et de changements, dictée par le rythme du consumérisme. Dans ce contexte, il existe cependant de nouveaux repères. Sous l’effet du consumérisme, I. Musnik démontre le potentiel de stabilité des marques comme nouveaux repères. En dépit de la crise économique (les marques de luxe n’ont jamais autant prospéré pendant cette période), le haut de gamme et le luxe constitueraient un pôle de stabilité non négligeable, et ce, pour toutes les catégories sociales. De fait, la consommation jouerait un rôle de compensation, où chacun y cherche ce qu’il ne trouve pas ailleurs. Cette compensation en revanche, ne remplace en rien les repères traditionnels d’autrefois, mais permettrait d’oublier superficiellement, nos angoisses et nos peurs. Dans ce monde en perpétuel mouvement, le nouveau repère social montant s’appelle… l’écologie ! Grâce à l’écologie, l’individu projette un avenir optimiste et stable, pour lui et les générations futures. La stabilité permise par l’écologie, rassure les personnes effrayées par leur avenir. Car en effet, l’anxieux par définition, anticipe les difficultés. C’est pourquoi cette stabilité au sens large (écologique, économique, social etc), permettrait d’atténuer l’effet désorientant, changeant et paradoxal de cette société qui ne cesse de bousculer nos repères.

02. Les victimes de l’anxiété Dans ce contexte propice à l’anxiété, nous sommes tous sujets à des moments d’anxiété ou d’angoisse, comme l’explique le comportementaliste F. Arminot23. Tous, à tel point que l’anxiété nous touche sans distinction d’âge, de sexe ou de milieu culturel. Néanmoins, de manière générale ce sont les personnes qui ont tendance à mettre leurs problèmes de côté qui sont le plus susceptibles d’en être victimes pour le psychologue Jean Garneau24.

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INFLUENCIA.NET, Nous vivons le temps de l’hédonisme anxieux [en ligne], Ibid.

23 FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Anxiété – Articles liés au traitement de l’anxiété [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fredericarminot.com/anxiete/>, [consulté le 31-03-2017]. 24 REDPSY, L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], 1997, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/anxiete.html>, [consulté le 07-08-2017].

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- de 25 ans

25 à 34 ans

+ de 65 ans

L’anxiété selon l’âge et le sexe


Une enquête mondiale menée par l’U.S National Library of Medicine25 qui a récolté des données entre 1980 et 2013 a cependant discerné certaines disparités entre hommes et femmes. Cette étude montre en effet que les femmes auraient deux fois plus de chances d’être victimes d’anxiété que les hommes. De plus, le risque pour les femmes continue à être 1,9 fois plus élevé que pour les hommes dans les pays développés et/ou dans les pays en développement. En ce qui concerne l’âge, les jeunes seraient les plus stressés de tous avec 53% des moins de 25 ans et 52% des 25 à 34 ans qui déclarent « subir un stress élevé » selon un sondage réalisé pour le groupe d’assurance Axa par TNS26 À l’inverse, les plus de 65 ans ne seraient que 24% à le ressentir, ce qui pousse alors à questionner la relation entre l’anxiété et l’âge. Le psychiatre David Gourion27 souligne une hygiène de vie défavorable. Un manque d’exercice physique, une mal-nutrition et une mauvaise qualité de sommeil seraient déclencheurs d’une anxiété pour les jeunes. Les plus mauvais dormeurs semblent là aussi se situer parmi les 25-34 ans, avec une proportion de 41% qui dorment mal, contre 17 % seulement pour les plus de 65 ans selon le sondage réalisé par TNS. Mais l’élément le plus anxiogène pour la jeunesse c’est bel et bien la pression sociale, et plus précisément la pression au travail. Comme nous avons pu le voir précédemment, la réussite sociale passe par la réussite économique et professionnelle. C’est un paradoxe, puisque les jeunes n’ont pas suffisamment d’expérience dans le monde professionnel en comparaison aux seniors. Le contexte de crise économique joue également un rôle important dans le déclenchement d’anxiété auprès des jeunes. Il en résulte chez eux un phénomène, qu’on appelle « l’hyper-investissement émotionnel ». Ce phénomène a été décelé par « L’ESTIME », une enquête internationale sur le stress au travail et le moral des salariés, dévoilée en 201228. L’hyper-investissement émotionnel se traduit au travail par un intense désir de réussir et une peur excessive d’échouer, sans qu’il y ait forcément de grands enjeux. En s’investissant plus que nécessaire, le jeune cherche à faire ses preuves pour s’ancrer dans le marché du travail et ainsi fuir le chômage.

25 NCBI - US NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE NATIONAL INSTITUTES OF HEALTH, The global prevalence of common mental disorders: a systematic review and meta-analysis 1980-2013. [en ligne], 1993, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24648481>, [consulté le 2018-01-06]. 26 LE FIGARO SANTÉ, Les jeunes deux fois plus stressés que les seniors [en ligne], 2007, mise à jour le 2013, disponible sur <http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/11/28/21570-jeunes-deux-fois-plus-stresses-que-seniors>, [consulté le 2017-11-16].] 27 SCIENCES HUMAINES, Jeunes adultes : attention fragiles ! Entretien avec David Gourion [en ligne], 2016, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.scienceshumaines.com/ jeunes-adultes-attention-fragiles-entretien-avec-david-gourion_fr_35665.html>, [consulté le 02-08-2017]. 28 ESTIME, L’ESTIME : Enquête sur le Stress au Travail - IME [en ligne], 2011, mise à jour le 2012, disponible sur <https://www.estime-stress.com/>, [consulté le 2018-01-06].

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03. Les sources d’anxiété Anxiogène : se dit d’une situation ou d’un objet susceptible de mobiliser de l’anxiété ou de l’angoisse chez un sujet. Dans le dictionnaire Larousse, le mot anxiogène s’apparente à ce qu’on appelle plus communément des sources d’anxiété.29 Ces sources d’anxiété sont diverses et variées, provenant à la fois de peurs internes et/ou de peurs externes. Certaines de ces peurs ont pu déjà être évoquées précédemment mais il est question ici d’en faire un état des lieux global afin de comprendre qu’il n’y a pas qu’une seule raison liée à l’anxiété. En ce qui concerne nos peurs externes, nos angoisses ne ressemblent en rien aux terreurs abstraites moyen-âgeuses, explique le sociologue Vincent de Gaulejac30. Un sondage Louis-Harris31 pour le quotidien Libération (daté du 19 novembre 2002), démontre que 78 % des Français s’attendent à un conflit militaire majeur ; 76 %, à une catastrophe écologique ou naturelle de grande ampleur et à une forte récession économique ; et 75 % estiment que, dans les mois à venir, eux-mêmes ou un proche pourraient se retrouver au chômage. Malgré l’ancienneté de ces statistiques datant de 2002, il est fort probable qu’en 2018 ces peurs soient restées inchangées ou qu’elles aient même pris davantage d’ampleur.

ont peur d’une éventuelle guerre

ont peur d’une éventuelle catastrophe écologique ou économique

ont peur d’un chômage éventuel

Et pour cause, aujourd’hui, encore plus qu’hier, l’information est disponible partout à tout moment pour tous. L’instantanéité et le style dramatique de ces informations relayées par les journaux télévisés, radios et papiers mais aussi par le « journalisme twitter » ne font qu’accentuer nos angoisses intérieures.

29 LAROUSSE, Définitions : anxiogène [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/anxiog%C3%A8ne/4373?q=anxiog%C3%A8ne#4352>, [consulté le 02-08-2017]. 30 PSYCHOLOGIE.COM, Notre époque fabrique du mal-être [en ligne], 1980, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-et-Dossiers/Faire-facea-nos-angoisses/Notre-epoque-fabrique-du-mal-etre>, [consulté le 23-03-2017]. 31 NOUVEL OBS, La France a peur, selon un sondage [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2002, disponible sur <https://www.nouvelobs.com/societe/20021119.OBS2890/la-france-a-peur-selon-un-sondage.html>, [consulté le 2018-01-07].

27


Cette accumulation sans recul et en cascade ne peut que nous inciter à croire que des forces s’acharnent à nous détruire et à détruire la planète sans que nous puissions réagir. La paranoïa médiatique comme le nomme le sociologue V. de Gaulejac32 joue un grand rôle dans cette atmosphère anxiogène. Ici encore, le designer graphique a son rôle à jouer. L’émergence rapide de ces nouvelles méthodes de « journalisme » propulsant l’information directement sur les écrans des citoyens soulève de profonds enjeux auxquels il se doit de répondre. Éduquer le citoyen à reconnaître de fausses informations, l’aider à prendre du recul sur le contenu de ces informations, lui apporter l’information sous un regard moins dramatique... tel sont les défis auxquels le designer graphique, chargé de mettre en forme l’information, se doit de relever. Ci-dessous, des peurs externes sondées par V. de Gaulejac auprès de personnes diverses, où cohabitent la montée du terrorisme, le réchauffement climatique, le contexte politique international et l’avenir de l’emploi.

Monique, 53 ans «  Les attentats  » «  Quand je lis les journaux, quand je regarde les infos et que je découvre ces attentats qui se multiplient, je suis profondément perturbée. Je me dis : “Ça arrive à d’autres, ça peut nous arriver à nous aussi”, et c’est cela qui m’effraie, voir que l’on n’est plus à l’abri d’une catastrophe.  »

Victoria, 30 ans : «  L’écologie  » «  Quand je vois ce que l’on fait de notre planète, quand j’apprends cette indifférence de la part des puissants, notamment des Etats-Unis, qui refusent de suivre des mesures écologiques finalement pas si draconiennes, j’ai peur… j’ai très peur pour l’avenir…  »

Catherine, 55 ans : «  La politique  » «  Peur oui, mais pas surprise. Entre l’extrême droite au pouvoir en Hongrie, Poutine en Russie, Erdogan en Turquie, le Brexit et maintenant Trump, on dérive vers un nationalisme qui rappelle la période avant la Seconde Guerre mondiale.  »

32

PSYCHOLOGIE.COM, Notre époque fabrique du mal-être [en ligne], op. cit.

28


Jérôme, 35 ans : «  L’emploi  » «  J’ai trouvé un CDI, mais j’ai toujours peur de l’échec. Je ne suis pas à l’abri, et je travaille avec une épée de Damocles au-dessus de la tête. Dur d’être serein, car on pense forcément à l’avenir.  » Les peurs internes, elles, sont la plupart du temps liées à l’avenir de l’individu. L’individu peut alors développer une forme d’anxiété plus ou moins élevée en fonction de son environnement, de sa personnalité, de ses relations familiales et même de ses prédispositions génétiques si l’on en croit le site stressanxiété.fr.33 Les personnes sondées par Vincent de Gaujelac avouent notamment leur peur d’échouer et de ne rien fonder, la peur de l’avenir, du cursus scolaire ou professionnel choisi, et même la peur des maladies.

Samira, 20 ans : « La peur d’échouer  » «  De mes frères et sœurs, je suis la seule à faire des études. Du coup, toute ma famille attend beaucoup de moi, et ça m’angoisse… cette pression que je sens sur moi, la peur d’échouer. Mais c’est aussi une angoisse qui me motive, qui me donne envie de réussir, par fierté personnelle et pour qu’eux soient fiers de moi.  »

Alexis, 25 ans : «  Ne rien fonder  » «  Ce qui me fait flipper, c’est quand je me dis que peut-être je me réveillerai à 80 ans et que je me rendrai compte que je n’ai rien fondé… Je n’ai pas envie de découvrir que l’on s’est servi de moi, que l’on m’a tout pris et qu’il ne me reste rien.  »

Nicolas, 24 ans : «  Mon avenir  » «  Savoir si je serai à la hauteur de ce que j’ambitionne de devenir, de ce que je pense être et de ce que les autres attendent de moi… Ce rapport entre ce que j’ai envie de devenir et ce que je deviens vraiment, ça, c’est angoissant.  »

Eric, 36 ans «  La maladie  » «  J’ai peur de la maladie, parce que je fais partie d’une communauté touchée par une pandémie et que j’ai beaucoup d’amis gays qui en sont atteints. Je suis célibataire, j’ai envie de rencontrer quelqu’un, mais quand je vois comment la maladie progresse, j’ai peur.  »

33 STRESSANXIETE.FR, Les causes de l’anxieté, sources et origines de l’anxieté [en ligne], 1980, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.stressanxiete.fr/2/les-causes-de-l-anxiet.html>, [consulté le 19-03-2017].

29


Par le biais de ces témoignages on peut se rendre compte à quel point il est important pour l’Homme de se projeter de manière à diminuer ses peurs. Toutefois, peut-on dire que ces peurs internes émanent du contexte social actuel ? En outre, il est assez facile d’imaginer ces mêmes peurs à une toute autre époque. La santé, l’avenir, l’échec, la réussite sont en effet des notions qui n’ont pas de frontières ni d’époques.

30


Partie I

3 - L’impact des éléments anxiogènes sur l’individu 01. Les effets de l’anxiété Comme nous avons pu le voir précédemment, les éléments anxiogènes peuvent amener à un état d’esprit négatif permanent et incontrôlable. Alain Braconnier34, Médecin et psychanalyste, qualifie ces sentiments anxiogènes de « mauvaise angoisse ». Selon lui, la mauvaise angoisse provoque de fausses projections, du déni, un clivage de la personnalité, de l’incohérence, un manque de confiance en soi, des réactions de défense inappropriées, et peut même conduire jusqu’à l’autodestruction. Par ailleurs il existe d’après lui une forme « positive » de l’anxiété. La « bonne anxiété » est celle qui stimule, nous explique t-il. C’est celle là-même qui nous permet de pressentir le danger et de déclencher l’action adaptée à la situation. Cette théorie rejoint celle d’une anxiété instinctive propre à l’Homme depuis la préhistoire, comme vu précédemment35. Cette anxiété est alors qualifiée de normale, naturelle. Contrairement à la « mauvaise anxiété », elle serait passagère, précise A.Braconnier. L’anxiété positive aurait d’autres particularités comme le fait d’être source de curiosité, d’empathie, d’intuition et de créativité. Lorsque l’anxiété est perçue positivement A. Braconnier36 avance qu’elle peut ainsi générer de l’humour et un recul nécessaire sur une situation difficile afin d’en éviter la souffrance. Par conséquent, il est important de savoir que l’anxiété n’a pas que des mauvais côtés. En réalité l’anxiété n’est jamais toute blanche ou toute noire puisque ces effets nous sont utiles. Tout est finalement une question d’équilibre.

«  L’anxiété est la température de l’âme : pas assez d’angoisse, c’est trop froid, et on risque de ne pas réagir à des situations qui auraient eu besoin d’être

34 PSYCHOLOGIES, Entretien : Pour ruser avec son angoisse [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-et-Dossiers/ Faire-face-a-nos-angoisses/Entretien-Pour-ruser-avec-son-angoisse>, [consulté le 24-07-2017]. 35

PSYCHOLOGIES.COM, Quelle différence y a-t-il entre stress et anxiété ? [en ligne], op. cit.

36

PSYCHOLOGIES, Entretien : Pour ruser avec son angoisse [en ligne], Ibid.

31


anticipées ; trop d’angoisse, c’est trop chaud, et on risque une fièvre psychique parce que l’on bouillonne de manière excessive…»  A.Braconnier, médecin et psychanalyste37 02. Comportements et réactions face à l’anxiété Puisque l’anxiété n’est ni bonne ni mauvaise, il n’est pas bon de chercher à l’enrayer. D’ailleurs le psychologue Jean Garneau38 nous rappelle que l’anxiété et l’angoisse sont un signal. À ce titre, elles sont très précieuses expliquet-il. Toutefois, ces signaux que procurent l’anxiété et l’angoisse ne sont pas porteuses d’information sur l’état interne d’un individu comme le sont les émotions. Bien au contraire, selon J.Garneau les sentiments (ici, l’anxiété et l’angoisse) masqueraient les émotions (la peur par exemple) et les préoccupations. C’est donc un non-lieu que de chercher à les ressentir puisque cela ne ferait qu’augmenter leur intensité sans qu’elles ne nous informent de quoi que soit. Mais de quel signal les sentiments sont-ils porteurs alors ? D’après J. Garneau, le signal qu’apportent ces sentiments d’anxiété est a priori un problème que l’on ne cesse de fuir. Dans l’idée, l’anxiété ou l’angoisse refont surgir un problème non-réglé. Il s’agît alors de se demander ce qu’elles camouflent et de se poser sincèrement la question. Il est à noter qu’il est plus facile de trouver la réponse à sa question dans le cas de l’anxiété que de l’angoisse. Et pour cause dans le cas de l’angoisse, notre peur d’affronter la question est moins importante. En somme, il est inutile de bloquer ces sentiments puisque notre organisme cherchera toujours à nous signaler qu’un sujet crucial de notre vie est refoulé. L’exemple qui illustre parfaitement la réapparition systématique de ces problèmes refoulés est le rêve. En effet lorsque nos peurs ne sont pas écoutées, elles peuvent refaire surface dans nos rêves. À ce moment, lorsque nous ne savons pas comment gérer nos inquiétudes, notre corps ou plus précisément notre subconscient prend le relai. Par le biais de rêves ou de cauchemars récurrents, notre subconscient tente alors d’attirer notre attention explique Layne Dalfen39, fondatrice du Dream Interpretation Center de Montréal. « Tu ne réalises peut-être même pas ce qui t’embête. » Layne Dalfen

37

PSYCHOLOGIES, Entretien : Pour ruser avec son angoisse [en ligne], op. cit..

38 REDPSY, L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], 1997, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/anxiete.html>, [consulté le 07-08-2017]. 39 ATTN:, What Your Anxiety Dreams Mean [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2016, disponible sur <https:// www.attn.com/stories/5510/common-anxiety-dreams-and-meanings>, [consulté le 2018-01-07].

32


Une analyse professionnelle de rêve différente, celle de Lauri Lœwenberg3, précise que notre cerveau fonctionne différemment lorsque nous sommes en état de rêve. Pendant le rêve, nous ne pensons plus en mots mais en symboles et métaphores. De cette manière, nous pouvons voir notre situation actuelle et notre comportement sous un autre angle et ainsi mieux comprendre ce qui nous soucie. Par la compréhension de ces rêves nous pouvons de ce fait identifier le problème et tâcher d’y répondre. Encore faut-il se souvenir de ses rêves et les interpréter... Il s’en dégage finalement des enjeux de sauvegarde de rêves, puis de traductions et d’interprétations qui s’avèrent nécessaire pour les comprendre. Comment pourrait-on, en tant que designer, retranscrire les images mentales issues de ces rêves en images archivables et compréhensibles ? Le design graphique qui peut être défini comme une volonté de produire de la lisibilité du monde pourrait avoir un grand rôle à jouer dans la représentation de ces rêves et donc dans la compréhension de nos peurs. Par la création d’univers, de signes, de codes, le design graphique s’inscrit dans une réflexion globale sur le sens et les codes d’une culture. Il pourrait s’agir par exemple de constituer une bibliothèque graphique exhaustive permettant à l’individu de sélectionner les métaphores et symboles de son rêve pour ainsi l’exprimer, le déchiffrer. Pour cela, il existe déjà de nombreuses interprétations faites par des psychothérapeutes. Il suffirait alors d’associer les recherches de ces derniers à l’outil que propose le design graphique pour permettre une appréhension totale et directe des rêves d’un individu. Mais attention tout de même, les interprétations des rêves, même effectuées par des professionnels, restent des interprétations.

33

Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une grenade, une seconde avant l’éveil. Salvador Dali


Voici les interprétations liées aux cinq rêves d’anxiété les plus courants3 : 1. Les dents qui tombent Sigmund Freud a émis l’hypothèse que ce genre de rêve révèle l’anxiété face à la répression sexuelle et le désir d’être nourri. Carl Jung et d’autres interprètes de rêves croyaient qu’il pouvait être un symbole de renouveau dans la vie d’une personne. 2. Se faire chasser Ce rêve vous dit peut-être que «  vous évitez un problème ou une personne « , selon Richard Nicoletti. 3. Chute Que vous tombiez dans le ciel ou dans l’eau, ce rêve est souvent synonyme de manque de contrôle, d’insécurité et de soutien dans votre vie. Si vous rêvez de tomber à l’envers, cela peut indiquer que vous avez peut-être évité de faire une erreur ou que vous n’êtes pas prêt à aller de l’avant si l’on en croit Cathleen O’Connor3. 4. En retard Ce type de rêve peut avoir deux significations. D’abord, il peut symboliser que vous avez de la difficulté à être à la hauteur de vos propres exigences ou de celles des autres. Ou bien un surplus de responsabilités amenant à une pression considérable, explique Lauri Lœwenberg. 5. Être nu en public Lorsque vous rêvez d’être nu en public, cela indique qu’il y a une situation particulière dans votre vie quotidienne qui vous rend vulnérable et exposé, déclare Ian Wallace. Que ce soit dans nos rêves ou dans notre quotidien, nos angoisses refont toujours surface. Il est donc important de se servir de nos sentiments pour atteindre le problème refoulé et ainsi faire face au problème pour le régler. C’est le fait de régler le problème et non d’éliminer l’angoisse qui nous apportera le bien-être recherché.

34


Partie I

4 - L’anxiété maladive 01. Le trouble anxieux Il existe un stade où l’anxiété est excessive et persiste au point qu’elle perturbe notre vie. Elle peut, dans ce cas, interférer avec notre capacité de nous occuper des problèmes quotidiens.

troubles mentaux

Ce stade est la pathologie plus communément appelée «  trouble anxieux  ». Le trouble anxieux est un des 400 troubles mentaux existants40. Psycom (l’organisme de formation et de lutte contre la stigmatisation de la santé mentale) décrit le trouble mental comme un état psychologique temporaire ou permanent (selon sévérité), entraînant une gêne (au travail, à la maison etc) ou une souffrance dans une activité de la vie quotidienne. Selon la World Health Organisation, 1 personne sur 4 souffrirait de troubles mentaux dans le monde. Ce chiffre n’est en rien exagéré puisque les troubles mentaux englobent 400 pathologies différentes tel que : l’agoraphobie, l’anorexie, la dépression, l’alzheimer etc41). Parmi ces 400 troubles existants, les troubles phobiques (4,7%), les troubles anxieux (2,1%) et troubles dépressifs (7,5 %) sont les principaux en totalisant environ 17% de la totalité des troubles existants.

40

Données de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé - 2010

41 WIKIPÉDIA, Liste des troubles mentaux [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_troubles_mentaux>, [consulté le 24-07-2017].

35


Le trouble anxieux, lui, s’accompagne souvent de d’autres affections telles la dépression, les troubles alimentaires ou les toxicomanies selon le site santécheznous.com42. Un rapport de l’Institut de veille sanitaire (août 2007) sur la prévalence des troubles de santé mentale et leurs conséquences sur l’activité professionnelle en France, fait état d’importantes disparités sociales et professionnelles. La prévalence des troubles anxieux est particulièrement supérieure chez les hommes (17%) ou les femmes (34%) en recherche d’emploi, que chez les hommes (11%) ou les femmes (25%) actifs. Par ailleurs le statut marital serait aussi un facteur social influençant l’apparition de troubles anxieux, avec une plus grande prévalence chez les personnes séparées ou divorcées que chez les personnes en couple ou célibataires rapporte le site anxiété.fr43. Malheureusement, il n’existe pas, en France, d’études sur la prévalence des troubles anxieux en fonction de l’origine ethnique des patients. À l’intérieur des troubles anxieux, il existe des sous-catégories de troubles, explique le site anxiété.fr. En effet les troubles anxieux sont eux-mêmes constitués de 6 différents troubles. Parmi ces troubles anxieux on retrouve : - État de stress post-traumatique (ESPT) - Phobie sociale - Phobie spécifique (PS) - Trouble d’anxiété généralisée (TAG) - Trouble de panique (TP) - Trouble obsessionnel-compulsif (TOCS) et les tics Le trouble d’anxiété généralisée aussi surnommé TAG est la version pathologique de l’anxiété où l’anxiété devient excessive et néfaste. Psycom précise que l’anxiété devient pathologique seulement si elle présente au moins 3 des symptômes (agitation ou sensation d’être à bout, fatigabilité, difficulté de concentration / trous de mémoire, irritabilité, tension musculaire, perturbation du sommeil) sur une période d’au moins 6 mois. Le TAG toucherait environ 4% à 5,1% de la population générale (taux de prévalence en occident) peut-on lire dans la brochure Psycom.

42 SANTÉCHEZNOUS, Troubles anxieux [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://santecheznous.com/condition/getcondition/troubles-anxieux>, [consulté le 31-03-2017]. 43 ANXIÉTÉ.FR, Quelques chiffres sur les troubles anxieux [en ligne], 2016, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.anxiete.fr/troubles-anxieux/quelques-chiffres/>, [consulté le 2018-01-07].

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Les personnes atteintes de TAG peuvent avoir de la difficulté à passer la journée. Même de petites responsabilités apparemment minimes, comme le paiement des factures, les rendent anxieux. L’anxiété est alors disproportionnée par rapport aux éléments anxiogènes. Par exemple, dans le cas d’un examen il est normal d’être anxieux, mais une personne ayant un trouble d’anxiété généralisé le sera plusieurs semaines à l’avance, et éprouvera des symptômes intenses juste avant et pendant l’examen et ne sera peut-être même pas capable de faire cet examen. L’anxiété normale est passagère, tandis que l’anxiété pathologique prolonge et intensifie les sentiments sur des semaines ou des mois.

400 Troubles mentaux > 6 Troubles anxieux > Trouble d’anxiété généralisée44 02. Soigner l’anxiété pathologique L’anxiété et l’inquiétude excessives ne sont pas les seuls symptômes qui accompagnent un trouble anxieux. Les symptômes physiques du TAG par exemple, sont un moyen de différencier la pathologie de l’anxiété normale. Il s’agit d’étourdissements, de sueurs, de tremblements, de battements cardiaques ou de maux de tête et nausées. La crise donne l’impression de ne pas pouvoir respirer, de ne pas pouvoir parler ou d’avoir à aller souvent aux toilettes. Les personnes anxieuses se sentent aussi détachées ou déconnectées de la réalité rapporte le site ULifeline45 (Un projet de la Jed Foundation, une organisation leader qui travaille sur la protection de la santé émotionnelle des étudiants universitaires américains). Il existe finalement 4 facteurs différenciant une anxiété pathologique d’une anxiété « classique » 46 1. La caractéristique des éléments anxiogènes (normalement peu anxiogène) 2. L’intensité et la durée 3. Les symptômes physiques 4. La gêne provoquée quotidiennement

44 WIKIPÉDIA, Liste des troubles mentaux [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_troubles_mentaux>, [consulté le 24-07-2017]. 45 ULIFELINE, The difference between regular feelings of anxiety and a true anxiety disorder [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.ulifeline.org/articles/439-anxiety-vs-anxiety-disorders>, [consulté le 06-03-2017]. 46

ULIFELINE, The difference between regular feelings of anxiety and a true anxiety disorder [en ligne], Ibid.

37


Pour résumer l’Anxiété se retrouve à plusieurs niveaux : - Anxiété récurrente - Anxiété chronique (se répète souvent) - Trouble anxieux (tout le temps) Seul un diagnostic professionnel peut permettre d’y voir médicalement clair rapporte F. Arminot47. En ce sens il est légitime de questionner le positionnement du design vis à vis des professionnels de la santé. Il apparaît évident que nous, designers, ne sommes pas qualifiés pour traiter des troubles mentaux. Il existe en effet de nombreux professionnels de la santé qui traitent ces problèmes. Particulièrement les Psychothérapeutes qui proposent des psychothérapies (des méthodes) diverses et variées tel que la musicothérapie, la luminothérapie, l’art-thérapie moderne ou bien la psychanalyse. Ces méthodes ont pour but notamment d’aider le patient à reprendre contact avec lui-même afin d’extraire les problèmes inconscients. Mais aussi les psychologues qui basent leur travail sur des entretiens thérapiques ou encore le psychiatre (médecin) qui peut également prescrire un traitement. Contre l’anxiété, le médecin48 recommandera 2 traitements complémentaires : des psychothérapies (la thérapie cognitivo-comportementale ou TTC) et des médicaments.

03. L’apport du design Et pourtant, quelques initiatives de designers tentent de répondre aux problèmes d’anxiété. Indhira Rojas, designer et fondatrice du magazine Anxy en est le parfait exemple. Par le biais du design éditorial, Anxy cherche à inspirer ceux qui en ont assez d’avoir honte de leurs émotions et de leur santé mentale. Le magazine s’adresse aux personnes qui désirent discuter ouvertement pour faire face à l’anxiété, à la dépression, à la peur, à la colère, aux traumatismes, à la honte et à tous ces autres obstacles qui modifient l’orientation de notre travail et de nos vies. Jessica Walsh, designer, directrice artistique et collaboratrice de Stefan Sagmeister (Studio Sagmeister & Walsh) affirme qu’écrire et partager son expérience aide à surmonter ses peurs.

47 FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Angoisse et Anxiété – Lequel de ces 2 troubles ressentez-vous [en ligne], 2017, mise à jour en 2017, disponible sur <https://fredericarminot.com/angoisse-et-anxiete/>, [consulté le 01-07-2017]. 48 PSYCOM, Brochures d’info [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http:// www.psycom.org/Brochures-d-info>, [consulté le 02-08-2017].

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Volume n°1 du magazine Anxy 39


« Écrire ma propre histoire a été incroyablement enrichissant et libérateur. Depuis que j’ai commencé à parler ouvertement de mes problèmes avec les gens qui m’entourent, j’ai été surprise de constater à quel point les problèmes de santé mentale sont courants. Il m’a donc semblé évident de créer un site web pour recueillir ces histoires. »49 Ce recueil d’histoire sur le net intitulé « Let’s Talk About Mental Health »50 qu’elle a initié, fonctionne de manière très simple. Il suffit de lui faire parvenir un courriel (même de façon anonyme) dans lequel figurent vos difficultés actuelles, un Recueil d’histoires disponible sur « Let’s Talk About Mental Health »

conseil qui vous a aidé, une histoire au sujet d’un ami qui a souffert ou tout autre sujet que vous aimeriez partager. C’est cette approche sociale et communicative qui rend l’approche du designer pertinente puisqu’elle permet de changer positivement la façon dont les gens vivent leur vie quotidienne.

49 12 KINDS OF KINDNESS, Let’s Talk About Mental Health [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://letstalk.12kindsofkindness.com//>, [consulté le 2018-01-07]. 50

12 KINDS OF KINDNESS, Let’s Talk About Mental Health [en ligne], Ibid.

40


D’autres ont encore poussé plus loin le concept de partage. C’est le cas de Koko , une application mobile qui souhaite combattre le stress en partageant 51

Koko, application mobile dédiée au stress

ses questions et inquiétudes à une communauté. Par le biais de la communauté, Koko cherche à recadrer les pensées d’une façon plus positive. L’intention est bonne, encore faut-il souhaiter interagir avec le problème des autres. Là où le site « Let’s talk about mental health » semble plus pertinent, c’est dans sa simple fonction d’exposition d’un mal-être amenant à une prise de conscience collective. Tandis que pour Koko, le but est d’intervenir en amont afin de prévenir l’anxiété par le recadrage des problèmes. Pour les créateurs de Koko, une application sociale est le choix idéal pour engager quotidiennement l’usager dans sa santé mentale. « Nous voulons adopter les mêmes principes qui gardent les yeux rivés sur Facebook et Instagram 24 heures sur 24 et les rediriger vers le bien-être. » Robert Morris, fondateur de Koko. Et c’est bien là le problème, la santé mentale ou la quête du bien-être ne devrait pas faire l’objet d’une surveillance perpétuelle car l’usage d’une application comme Koko pousse l’individu à mentaliser quotidiennement ses sentiments. En revanche cette « surveillance » qu’on appelle aussi « monitoring » peut s’avérer utile dans le cas de personnes autistes. C’est ce qu’ont fait des chercheurs clermontois52 avec la création d’un système d’analyse de l’anxiété des

51 HUFFINGTONPOST, This Smartphone App Is Here To Help You Fight Stress [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.huffingtonpost.com/entry/koko-smartphone-app-stress_us_56730cabe4b0dfd4bcc10192>, [consulté le 2018-01-07]. 52 LA MONTAGNE, Des chercheurs clermontois créent un système d’analyse de l’anxiété des personnes autistes [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/science/2016/06/28/ des-chercheurs-clermontois-creent-un-systeme-danalyse-de-lanxiete-des-personnes-autistes_11977936.html>, [consulté le 2018-01-07].

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personnes autistes. Et pour cause, pour l’autiste, des événements que nous jugerions anodins peuvent devenir une source d’anxiété conduisant à une surcharge émotionnelle non visible de l’extérieur. Le projet, sous la forme d’un bracelet connecté, permet à ces personnes qui ont parfois du mal à comprendre leur environnement, de détecter les situations stressantes. Un modèle mathématique repère la montée de stress non-perçue par la personne et lance alors une alerte permettant d’anticiper et d’éviter la crise. Grâce à ce dispositif, les chercheurs espèrent aider la personne autiste à se soustraire de la source de stress ou de faire intervenir un tiers. Un projet Indiegogo53 intitulé « Olive, A Wearable to Manage Stress » datant de 2015 faisait l’objet du même dispositif mais n’était pas destiné aux personnes autistes. Prenant également la forme d’un bracelet intelligent, Olive promet de suivre et de gérer les niveaux de stress par l’analyse continue de vos indicateurs biologiques.

Olive, le bracelet connecté qui gère votre anxiété. 53 INDIEGOGO, Olive : A Wearable to Manage Stress [en ligne], 2008, mise à jour le 2015, disponible sur <https:// www.indiegogo.com/projects/olive-a-wearable-to-manage-stress#/>, [consulté le 2018-01-07].

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« Je me surveille, donc je stresse. » Dans le cas de personnes autistes, le monitoring ou « Quantified self » (mesure de soi en français) ne pose pas de problèmes et permet bien au contraire d’aider à déceler les problèmes. Toutefois, en ce qui concerne les personnes non-autistes, il s’agit d’une hérésie puisqu’il a été prouvé par des chercheurs néerlandais54 que se mesurer finirait par augmenter le niveau de stress : 36 femmes et 38 hommes âgés de 18 à 67 ans se sont livrés à une série de tests destinés à évaluer leur niveau de stress. Pendant ce temps, certains d’entre eux pouvaient consulter leur propre rythme cardiaque grâce à un monitoring, alors que les autres n’avaient accès à aucune donnée. Lorsqu’on leur a demandé d’estimer leur niveau de stress pendant le test (en choisissant de se décrire comme «  stressé  », «  calme  », «  relaxé  », ou «  tendu  »), les volontaires ayant accès à leur fréquence cardiaque ont eu tendance à se dire plus stressés que les autres.55 Pour les volontaires dont la personnalité avait été identifiée comme névrotique, la surveillance de leur fréquence cardiaque s’est avérée apaisante. En revanche, le monitoring a augmenté le stress des personnalités anxieuses : le fait de voir ces données, au lieu d’améliorer leur bien-être, a eu l’effet inverse. » C2care56 une société qui conçoit des solutions thérapeutiques basées sur la réalité virtuelle se charge d’aider le psychothérapeute lors de la prise en charge des patients. Ici le design, l’ingénierie et le développement informatique travaillent de pairs avec le professionnel de la santé afin d’immerger le patient dans un environnement virtuel stressant qui lui permettra de surmonter ses difficultés. La complémentarité des solutions apportées par le design aux professionnelles de la santé est donc intéressante mais ne doit en rien remplacer leur expertise. On peut alors se demander si le design doit intervenir en amont et/ou en aval de l’anxiété ? En ce qui me concerne, ma posture serait d’agir en amont. Je crois en effet que le design a davantage de potentiel à résoudre un problème lorsque celui-ci est anticipé. Dans le cas de l’anxiété, cette croyance me semble d’ailleurs encore plus vraie. Et pour cause, l’anxiété étant un état de

54 NOUVELOBS, Quantified self : quand les objets connectés augmentent le stress [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-sante/20150804.RUE0110/quantifiedself-quand-les-objets-connectes-augmentent-le-stress.html>, [consulté le 2018-01-07]. 55

NOUVELOBS, Quantified self : quand les objets connectés augmentent le stress [en ligne], Ibid.

56 C2CARE, La réalité virtuelle au service de la santé [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.c2.care/>, [consulté le 2018-01-07].

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Thérapie en réalité virtuelle, par la société C2Care

peur durable par anticipation, il apparaît plus efficace et naturel de faire en sorte d’annihiler ce problème avant même qu’il ne se forme. De cette façon, il n’est même plus question de tenter de diminuer l’anxiété de l’usager, mais de diminuer ou supprimer tout élément déclencheur néfaste. Ainsi le designer, interviendrait en amont, tandis que professionnel de la santé agirait pendant ou après. En sommes, ma vision du design vis-à-vis de la santé mentale se rapproche des valeurs des médecins : «  mieux vaut prévenir que guérir »... Quoiqu’il en soit, dans ce chapitre nous avons pu comprendre que les sentiments anxiogènes, à la différence du stress, qui est une réaction du corps, puisent leur énergie dans une émotion : la peur.

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Partie II / Écouter nos émotions, maîtriser nos sentiments Il est important de se connaître afin de contrôler pleinement sa vie émotionnelle. Mais pour cela, encore faut-il comprendre ses émotions.

1 - Comprendre les émotions 01. Le rôle des émotions “A trop vouloir analyser, on tue l’émotion.” JeanLoup Sieff (photographe) « Émotion » est un mot français issu de l’ancien français « motion » (mouvement), tirant sa racine du latin « emovere » (émouvoir).57 « é » = vers l’extérieur, « motion » = mouvement. L’émotion pour le Larousse58, est une réaction affective transitoire d’assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l’environnement. Une émotion est une pure réaction du corps sans lien avec le mental, explique le thérapeute D. de Buisseret59. Il semble donc insensé de la connoter moralement en la qualifiant de positive ou de négative puisque l’émotion est une énergie neutre.

57 WIKIPÉDIA, Émotion [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https:// fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89motion>, [consulté le 02-08-2017]. 58 LAROUSSE, Définitions : Émotion [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9motion/28829?q=%C3%A9motion#28701>, [consulté le 02-082017]. 59 PRÉSENCE À SOI, L’ART D’ÊTRE EN CONSCIENCE, La différence entre une émotion et un sentiment [en ligne], 2015, mise à jour en 2015, disponible sur <http://presenceasoi.be/la-difference-entre-une-emotion-et-un-sentiment/>, [consulté le 31-07-2017].

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Son rôle est de nous indiquer ce qui se passe à l’intérieur de nous, de nous mettre en garde et de préserver notre équilibre psychique précise Audrey Langen, kinésiologue & neuro-trainer60. Elles servent aussi à communiquer. Avec des mots, bien sûr, pour exprimer ce que nous ressentons. Mais aussi par le biais des expressions du visages, de la voix... peut-on lire dans L’EXPRESS61. Tout comme nous avons plusieurs sens qui nous renseignent sur notre environnement (vue, ouïe, odorat, toucher, goût, mouvement) nous avons divers types d’émotions qui nous livrent des informations précises. Leur rôle est de nous indiquer ce qu’il se passe à l’intérieur de nous, de nous mettre en garde et de préserver notre équilibre psychique, explique la psychologue Larivey Michelle62. Pour cela il existe 7 émotions de base : la joie, la tristesse, la colère, la peur, la surprise, le dégoût et la honte. Ainsi, la tristesse révèle un manque alors que la joie nous exprime nos envies, la colère traduit l’insatisfaction, la peur met en lumière ce qui nous importe, la surprise nous permet d’ajuster notre comportement face à une situation, le dégoût témoigne d’une importante révulsion et la honte nous permet d’identifier le jugement que l’on se fait de nous même ou d’un contexte peut-on lire dans le « Guide des émotions » Redpsy5 (Ressources en Développement de psychologues humanistes). La peur, l’émotion phare à l’origine des sentiments d’anxiété, nous permet d’identifier un danger potentiel et ainsi s’y adapter afin d’y faire face tout en protégeant ce qui nous importe. Le psychologue B. Ouellette63 pense même que la peur puisse nous révéler des informations surprenantes liées à nos besoins. Dans son exemple : « Je pensais n’avoir plus de sentiments amoureux pour mon épouse. Voilà qu’elle est menacée par la maladie et que la peur de la perdre m’envahit », la peur dévoile ici une vérité cachée par les sentiments. Il apparaît donc évident de dire que nos peurs sont précieuses. Toutefois, il en demeures pas moins compliqué de comprendre et d’utiliser les informations fournies par la peur, explique-t-il.

60 KINESIOLOGIE MARSEILLE, Les Émotions, Comment ça marche? [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.kinesiologie-marseille.com/les-emotions-ressentir-gerer-accepter-sentiment-kinesiologie-kinesiologue/>, [consulté le 31-07-2017]. 61 L’EXPRESS, Emotions, ce que la science nous révèle [en ligne], 1999, mise à jour le 1999, disponible sur <http:// www.lexpress.fr/actualite/sciences/emotions-ce-que-la-science-nous-revele_494466.html>, [consulté le 31-07-2017]. 62 Larivey Michelle, «  Les genres d’émotions  », La lettre du psy [en ligne], juillet 1998, vol. 2, NO 7, pp. 9, disponible sur : <http://www.redpsy.com/infopsy/genremo.html> [23-07-2017]. 63 Infomotivation : la peur vue par la psychologie [ajouté le 30/11/2015] Une analyse sur la peur de Bruno Ouellette, psychologue organisationnel et conférencier, in : YOUTUBE.COM, youtube.com, [mp4, 2mn04], disponible sur : <https://www.youtube.com/watch?v=TBxAigkKJ1s> [consulté le 02-08-2017].

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Prisme des émotions

« Pour avoir une vie épanouie, dans la vie on doit avoir un ratio de 3 positifs pour 1 négatif »64

02. La temporalité des émotions. De manière à mieux appréhender nos émotions, il est important de savoir que contrairement aux sentiments, l’émotion est fugace. Si fugace que l’on détecte les émotions bien avant d’en avoir conscience peut-on apprendre par le Centre Émotion de l’Hôpital de la Salpetrière65.

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Infomotivation : la peur vue par la psychologie, Ibid.

65 C’est pas sorcier, Joie, peur, tristesse, colère... QUE D’EMOTIONS ! [ajouté le 22/05/2013] La célèbre émission C’est pas sorcier, le magazine de la découverte et de la science nous explique le fonctionnement des émotions, in : YOUTUBE.COM, youtube.com, [mp4, 26mn14], disponible sur : <https://www.youtube.com/watch?v=pyeXvjCVfy8>

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L’émotion ne dure en effet que quelques minutes tout au plus si l’on en croit la kinésiologue A.Langen66. Pendant ce court instant, l’émotion se déploierait en 3 temps : 1. charge - 2. tension - 3. décharge (ces trois phases se font simultanément chez le bébé), puis plus tard nous apprenons à différer cette perception, développe t-elle. Le vocable utilisé dans cette explication du déploiement d’une émotion, soutient clairement l’idée que les émotions soient une énergie du corps. Cette énergie révélatrice d’un besoin est toujours un besoin présent, nous donnant le pouls sur un aspect de notre état physique du moment, soutient la psychologue Larivey Michelle67. Par exemple « Je vois un trou sur la chaussée, j’allonge le pas pour l’enjamber ». « J’ai un inconfort au dos, je change de position. » « J’ai l’estomac qui gargouille, je sais que j’ai faim. » « Je sens que je perds l’équilibre, j’essaie de le rattraper par divers mouvements. » Rappelons seulement que les émotions sont aussi importantes pour diriger notre vie psychique que les sensations au plan physique. Elles nous informent du fait que nous sommes « atteints » par les choses. Leur intensité nous indique combien nous sommes atteints. Elles sont donc révélatrices du degré d’importance et ce, instantanément ! Les émotions se ressentent. Il est donc indispensable de les vivre afin de diriger notre vie de la plus agréable des manières. Afin d’aller dans ce sens, différencier l’émotion du sentiment est un premier pas.

03. Les types d’émotions Pour aller encore plus loin dans la compréhension de nos énergies émotives, il peut être avantageux d’en analyser les différents types. Auparavant, nous avons pu définir scientifiquement l’émotion comme une énergie neutre n’ayant pas de qualification morale. Ici, nous allons notamment voir que c’est le besoin/l’obstacle lié à l’émotion qui peut être qualifié moralement (positif ou négatif) et non l’énergie de l’émotion en elle-même.

[consulté le 24-07-2017]. 66 KINESIOLOGIE MARSEILLE, Les Émotions, Comment ça marche? [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.kinesiologie-marseille.com/les-emotions-ressentir-gerer-accepter-sentiment-kinesiologie-kinesiologue/>, [consulté le 31-07-2017]. 67 REDPSY, Les émotions simples [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. redpsy.com/guide/simple.html>, [consulté le 31-07-2017].

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Samuel ZellerŠ

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Michelle Larivey68, psychologue et auteur du livre « La puissance des émotions » fournit de précieuses explications concernant la signification et l’utilité des différentes expériences émotives. Selon elle, les émotions peuvent être classées en quatre types d’expériences émotives : les émotions simples, les émotions mixtes, les émotions repoussées et ce qu’elle appelle les « pseudo-émotions ». Voici ci-dessous les genres d’émotions, vus par la psychologue. A - Les « émotions simples »9 : Ce sont les émotions comme on l’entend jusqu’ici, dans leur plus simple expression. Elles servent à nous informer de ce qui est important pour nous et doivent être ressenties. Dans cette catégorie, les émotions simples se divisent en deux catégories : Émotions positives (satisfaction) — Émotions négatives (insatisfaction) Dans chacune des deux (positive et négative) il existe 3 types d’émotions particulières. 1.

Les émotions par rapport au besoin.

Le seul fait de ressentir ces sentiments nous donne un accès direct au besoin. Ex : Le plaisir (émotion positive) provient d’un besoin comblé, lorsque nous agissons dans le sens d’une envie qui nous est propre. La tristesse (émotion négative) révèle la présence d’un besoin affectif. 2.

Les émotions par rapport au responsable ou à l’obstacle.

Celles qui renseignent sur le responsable ou l’obstacle à la satisfaction. Reflètent nos réactions à ce qu’on identifie comme étant la source ou l’obstacle à notre contentement. Ex : La fierté (émotion positive) marque la satisfaction par rapport à notre investissement personnel responsable de notre réussite. Le dégoût (émotion négative) est une réaction de “trop plein” ou de répulsion, physique ou morale pointant l’insatisfaction. 3.

Les émotions d’anticipation.

Déclenchées par l’imagination, elles donnent autant d’indications que les autres sur nos besoins. Ex : L’envie (émotion positive) me permet de cerner quelque chose que je souhaite. La peur (émotion négative) informe l’organisme d’un danger potentiel.

68 Larivey Michelle, «  Les genres d’émotions  », La lettre du psy [en ligne], juillet 1998, vol. 2, NO 7, pp. 9, disponible sur : <http://www.redpsy.com/infopsy/genremo.html> [23-07-2017].

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Les émotions simples sont les seules vraies émotions précise M. Larivey10. Et pour cause, ce sont elles qui nous informent directement sur l’état de nos besoins et sur la façon de les satisfaire. Il est important de rappeler qu’ici, ce sont bien les besoins des émotions simples qui sont qualifiés de positif ou de négatif. Viennent ensuite, B - Les émotions mixtes69 : Elles contiennent des émotions simples, mais aussi souvent beaucoup d’autres choses qu’il est important d’identifier pour s’informer correctement. Les émotions mixtes tentent de nous désinformer de nos besoins afin de nous défendre face à eux. La reine des émotions mixtes est sans doute la culpabilité, explique la psychologue. Cependant il est nécessaire de distinguer la saine culpabilité de celle qui est malsaine rappelle-t-elle. La bonne culpabilité nous montre que notre comportement est en désaccord avec nos valeurs et indique donc que nous avons été infidèle à nous-même dans une situation où le choix était possible. La mauvaise culpabilité donne bonne conscience et contrôle la réaction d’autrui. Elle est malsaine parce que c’est un subterfuge pour éviter de s’assumer. C - Les émotions repoussées :70 Elles donnent lieu à des phénomènes à dominance corporelle. Elles prennent place lorsqu’on repousse une émotion ou que l’on évite son expression. Il faut retrouver l’émotion refoulée. L’angoisse fait justement partie de cette catégorie puisqu’elle résulte du fait d’occulter un sujet important de notre vie. Chez de plus en plus de personnes, la fuite systématique de préoccupations majeures donne lieu à des crises de panique. La peur de ces crises porte à éviter toute situation où elles sont susceptibles de se produire. Voilà comment les phobies commencent à apparaître explique M. Larivey10. D - Les pseudo-émotions :71 Elles sont une façon d’exprimer ce que l’on ressent sans évoquer d’émotions. Elles sont plutôt des « façons de dire les choses » qui cherchent à cerner l’émotion. Il est donc nécessaire d’identifier l’émotion qu’elles traduisent. Le fait de commencer une phrase par « je me sens » ne garantit pas que j’évoque un sentiment. Par exemple, la solitude n’est pas un sentiment bien

69 REDPSY, Les émotions mixtes [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. redpsy.com/guide/mixte.html>, [consulté le 31-07-2017]. 70 REDPSY, Les émotions repoussées [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http:// www.redpsy.com/guide/repoussee.html>, [consulté le 31-07-2017]. 71 REDPSY, Les pseudo-émotions [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. redpsy.com/guide/pseudo.html>, [consulté le 31-07-2017].

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qu’on utilise souvent l’expression « je me sens seul ». Je peux être seul et être content de l’être. Mais je peux aussi être seul et me sentir triste. La solitude n’est donc pas une émotion et aucune émotion n’y est liée de façon constante. De plus, il arrive très souvent que nous employions des images, des métaphores pour traduire ce que nous ressentons. Par exemple : se sentir « au dessus », « petit », « loin », « étouffé », « écrasé » sont des approximations de sentiments qu’on appelle ici les pseudo-émotions. Ici, l’inventaire de M. Larivey10 semble classer les émotions selon la complexité de leur nature (émotions simples ou mixtes) et selon leur temporalité (émotions repoussées). En dehors des émotions simples qui sont décrites comme « les seules vraies émotions » les termes employés dans ce classement se réfèrent finalement davantage à ce qu’on peut définir de sentiment ; c’est à dire un prolongement mental et durable d’une émotion.

04. Le fonctionnement des émotions Maintenant que les types d’émotions, leur rôle et leur durée ont été définis, on peut alors se questionner sur la façon dont elles fonctionnent en nous, du psychique au corps. Pour ça, la cellule de recherche de l’Observatoire Liégeois de la Santé (pour le compte des mutualistes Solidaris)72 nous répond que les émotions se forment dans le cerveau au niveau du système limbique. Le système limbique ou cerveau émotionnel est une interface anatomique et fonctionnelle entre la vie cognitive et la vie végétative peut-on lire sur Wikipédia73. En clair, c’est lui qui s’occupe des émotions. Il fait le tri des sensations et des stimulations, agit comme un filtre avec d’un côté ce qui est perçu comme agréable, important et de l’autre ce qui est perçu comme désagréable et futile. Pour l’aider à trier, le système limbique est aider par différentes structures et différentes zones du cerveau. Concrètement le stimuli extérieur, l’information reçue, arrive d’abord au niveau du thalamus qui va la rediriger vers une zone spécialisée du cortex. Il existe une zone du cortex pour chaque sens (olfactif, auditif, gustatif, tactile et visuel) explique l’émission « C’est pas sorcier »74. En parallèle, le thalamus

72 CORPS-CITÉ, Les émotions [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.corpscite.be/xml/sites-SITE-2064-IDC-2125-.html>, [consulté le 08-08-2017]. 73 WIKIPÉDIA, Système limbique [en ligne], 2011, mise à jour le 2017, disponible sur <https://fr.wikipedia.org/wiki/ Syst%C3%A8me_limbique>, [consulté le 24-07-2017]. 74 C’est pas sorcier, Joie, peur, tristesse, colère... QUE D’EMOTIONS ! [ajouté le 22/05/2013] La célèbre émission C’est pas sorcier, le magazine de la découverte et de la science nous explique le fonctionnement des émotions, in : YOUTUBE.COM, youtube.com, [mp4, 26mn14], disponible sur : <https://www.youtube.com/watch?v=pyeXvjCVfy8> [consulté le 24-07-2017].

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envoie également l’information vers une amygdale (son rôle est de détecter les nouveaux événements et de les stocker) située dans la zone de la mémoire (l’hippocampe). Par ce tri, le système limbique va évaluer la situation en fonction de situations déjà vécues et mémorisées et va engendrer une série de réactions psychiques et somatiques. Les données ainsi traitées sont alors dirigées vers l’hypothalamus (le système contrôlant nos réflexes vitaux : battements du cœur, respiration...) qui répercutera sur l’organisme les effets de l’émotion. Par exemple, l’hypothalamus, sous l’effet de l’émotion peur va demander au corps une dilatation des pupilles (être aux aguets), de remplir les poumons d’air, d’accélérer les battements du cœur afin d’alimenter les muscles en oxygène. Les muscles des jambes sont d’ailleurs les premiers à se préparer tandis que la digestion est stoppée. Le foie, lui, produira du sucre, l’énergie qui alimentera également les muscles. De cette façon tout le corps se mobilise pour se préparer à la fuite. C’est donc l’hypothalamus, à la suite de ces séries de réactions à l’intérieur du système limbique qui répercute sur le corps les effets de l’émotion. À ce moment là, les émotions s’illustrent physiquement chez nous au travers des expressions du visage, de la voix ou de notre peau. En effet, la peau est en quelque sorte le miroir des émotions puisqu’elle peut rougir, pâlir, transpirer... Mais aussi par le biais des rires et des larmes. Les larmes par exemple permettent d’évacuer les hormones du stress qui au départ circulent dans les vaisseaux sanguins. Le rire, lui provoquerait une décharge de dopamine dans le cerveau, rapporte l’émission « C’est pas sorcier ».75 L’article intitulé « Émotions, ce que la science nous révèle »76 de l’Express souligne la nécessité des comédiens d’exprimer des émotions à la commande. Paul Ekman77, psychologue américain a d’ailleurs constaté en demandant à des comédiens d’effectuer les grimaces correspondant à chaque émotion que chaque mimique induisait dans leur corps les mêmes changements physiologiques des réels émotions. Ces modifications physiologiques se produiraient également quand une personne revit par imagination des événements émotionnels, précise le psychologue.

75

C’est pas sorcier, Joie, peur, tristesse, colère... QUE D’EMOTIONS ! [ajouté le 22/05/2013], op. cit.

76 L’EXPRESS, Emotions, ce que la science nous révèle [en ligne], 1999, mise à jour le 1999, disponible sur <http:// www.lexpress.fr/actualite/sciences/emotions-ce-que-la-science-nous-revele_494466.html>, [consulté le 31-07-2017]. 77 PAUL EKMAN GROUP, Micro expressions matter [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.paulekman.com/>, [consulté le 2018-01-07].

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En outre de nos expressions faciales, nous disposons d’une quantité phénoménale de mots et d’expressions pour rendre compte de nos différentes émotions. Toutefois, il est important de se rappeler que notre langage ne rend pas toujours compte de notre réalité intérieure. En revanche, certaines personnes éprouvent malgré tout des difficultés à comprendre ne serait-ce que les émotions « simples » qui transparaissent sur nos visages et par notre vocabulaire. Il s’agit bien entendu des personnes autistes. Pour ces personnes, le design a un rôle à jouer. Celui de simplifier continuellement la détection et l’appréhension des émotions d’autrui dans un moindre effort. Et pour cause, aujourd’hui la personne autiste est forcée d’apprendre par cœur le comportement émotionnel associé à chaque situation. Comment pourrait-on, sous le prisme du design, communiqué nos réalités émotionnelles intérieures, que l’on soit atteint d’autisme ou non ?

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Partie II

2 - Différencier les émotions des sentiments 01. Des relations différentes avec les émotions Une récente étude, publiée dans « Proceedings of the National Academy of Sciences »78, a permis de mettre en évidence que la régulation du cerveau présenterait des différences entre les hommes et les femmes. C’est en effet ce qu’une équipe de chercheurs du Centre des Neurosciences du comportement et de l’Université de l’Etat de Géorgie, aux Etats-Unis, affirme1. Ces recherches ont permis notamment de mettre en évidence que l’action de la sérotonine (neurotransmetteurs) et de l’arginine–vasopressine (neurotransmetteurs) étaient différente chez les hommes et les femmes. Cette différence d’action aurait alors un impact sur le comportement agressif et dominant du sexe masculin. L’agressivité et la dominance seraient 2 traits de caractères directement liés à la capacité de résister aux situations de stress et à la capacité de mise en place de stratégies de contrôle des émotions si l’on en croit l’article de Delphine W (étudiante ergonome spécialisée en santé au travail) pour le site anxiété.fr1. Les chercheurs à l’origine de l’étude pensent quant à eux que ces constats représentent un pas de plus dans la compréhension des mécanismes d’action neurochimiques et leur lien avec les relations sociales, notamment entre les hommes et les femmes. Selon eux, il existerait bel et bien une différence biologique, dans la régulation de certaines émotions, entre hommes et femmes. Cette différence de relation aux émotions s’expliquent également d’un point de vue sociologique. D’ailleurs l’article intitulé « Les filles sont plus sujettes à l’angoisse que les garçons… À qui la faute? » du web magazine Slate.fr79 questionne l’ampleur de ces facteurs biologiques à défaut de parler des facteurs sociaux. Dans cet article il est plus particulièrement question de l’influence que porte la société sur l’anxiété féminine. On y apprend notamment que la manière dont nous élevons nos enfants joue un rôle immense dans leur propension à être anxieux plus tard. Par conséquent, la différence dans notre manière de traiter les filles et les garçons contribue en grande partie à

78 ANXIÉTÉ.FR, Comportements et émotions : des régulations différentes entre hommes et femmes [en ligne], 2017, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.anxiete.fr/comportements-emotions-hommes-femmes/>, [consulté le 31-05-2017]. 79

<http://www.slate.fr/story/38065/filles-plus-angoisse-que-garcons>, [consulté le 2018-01-07].

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expliquer l’état d’anxiété supérieur des femmes adultes. Ce sont des phrases comme “Pleure pas, t’es pas une fille” qui constituent un clivage émotionnel dès l’enfance. Les filles grandissent alors avec des « droits » d’expression des émotions que n’ont pas les garçons. Le garçon quand à lui n’a le doit de revendiquer que force et virilité. L’éducation est donc un facteur majeur à prendre en compte lorsque l’on différencie l’appréhension des émotions entre les deux sexes. Mais cette différence s’explique aussi par l’acceptation naturelle, puisque « tolérée socialement », des émotions pour les femmes. Alors que les femmes acceptent légitimement de ressentir de l’angoisse ou de l’anxiété, elles seront plus à même de simplement consulter un psy. C’est tout simplement près de 2 fois plus de femmes qui chercheront de l’aide auprès d’un psychologue d’après les chiffres de l’article de Slate.fr2. Tandis que l’homme très souvent, se réfugie dans n’importe quel comportement d’évitement. Le revers d’une éducation poussant à se montrer toujours fort est que les hommes finissent par associer la consultation psychologique à un signe de faiblesse ou d’échec. Si les femmes était réellement plus angoissées que les hommes, nous pourrions le vérifier dès l’enfance. Or c’est précisément l’inverse qui se produit selon l’experte de l’anxiété de l’UCLA Michelle Craske2. Selon elle, au cours des premiers mois de la vie du nourrisson, ce sont les garçons qui sont dans le plus grand manque affectif. Ensuite vers 2 ans (l’âge auquel les enfants commencent à apprendre les rôles sexués), les filles deviennent légèrement plus susceptibles d’éprouver des sentiments négatifs. Jusqu’à 11 ans, les filles et les garçons courraient le même risque de présenter des troubles de l’anxiété, apprend t-on des recherches de l’US National Library of Medicine80. À 15 ans en revanche, les filles seraient six fois plus exposées que les garçons. Ceci s’explique par la croissance des hormones à l’adolescence couplée par une éducation différente entre les sexes dès l’enfance. La testostérone qui se développe davantage chez les garçons pendant cette période, aiderait à surmonter plus facilement le stress, peut-on lire dans l’article de Slate. Il existe, dans ce moment de croissance et d’éducation de l’enfant un réel enjeu social. Il serait question ici, de réduire voire supprimer cette « genrification » des émotions amenées par nos comportements sociaux.

80 NCBI - US NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE NATIONAL INSTITUTES OF HEALTH, The global prevalence of common mental disorders: a systematic review and meta-analysis 1980-2013. [en ligne], 1993, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24648481>, [consulté le 2018-01-06].

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02. De l’émotion au sentiment À l’inverse des émotions, les sentiments peuvent se renforcer et persister en dehors de tout stimulus extérieur, explique Didier de Buisseret, thérapeute psycho-corporel81. Dans le sentiment, c’est le mental qui se greffe sur une émotion existante pour la complexifier et, mentaliser l’émotion de façon plus ou moins consciente précise t-il. Il s’agit d’un état affectif (qui relève du sentiment, pas de la raison) d’ordre psychologique, même si un sentiment peut être le prolongement d’une émotion. Par exemple : l’angoisse est le sentiment lié à l’émotion peur, la déception par rapport à la tristesse, la joie par rapport au bonheur… Le Larousse82 précise que cet état affectif (le sentiment) est complexe et durable. Ainsi, la séparation des émotions aux sentiments résident principalement dans leur temporalité : le rapport au temps est un élément central. Dans le cas de l’anxiété et de l’angoisse comme nous avons pu le voir, l’émotion à l’origine de ces projections émotionnelles dans le temps est la peur. Les sentiments que représentent l’anxiété et l’angoisse, vont anticiper une peur et la mentaliser de façon plus ou moins longue. Ainsi, le mental de l’individu « génère » une peur sans être directement confronté à l’élément ou l’environnement stimulant. Dans le sentiment, la stimulation affective provient de l’intérieur (mentalisation) alors que dans l’émotion elle provient de l’extérieur (réaction). L’extérieur ou le monde réel, nous envoie de nombreux signaux (informations) captés par nos sens. Comme nous avons pu le voir, l’appréhension de ces signaux par les 5 sens est à l’origine de nos réactions émotionnelles. Par conséquent, dans une situation donnée, il y a une différence entre ce qui se passe et ce que l’on peut ressentir (émotion) et penser (sentiment). Faire la distinction entre nos émotions et nos sentiments semble être une clé pour comprendre ce qui arrive dans nos vies afin d’utiliser ces informations à bon escient.

81 PRÉSENCE À SOI, L’ART D’ÊTRE EN CONSCIENCE, La différence entre une émotion et un sentiment [en ligne], 2015, mise à jour en 2015, disponible sur <http://presenceasoi.be/la-difference-entre-une-emotion-et-un-sentiment/>, [consulté le 31-07-2017]. 82 LAROUSSE, Définitions : Sentiment [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sentiment/72138?q=sentiment#71335>, [consulté le 02-08-2017].

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Partie II

3 - Manipuler les émotions 01. Transmettre des émotions « La connaissance des émotions procède d’une transmission humaine », c’est du moins le point de vue que D. Marcelli83 (Neuropsychiatre) avance, au travers de ce que dans d’autres travaux il nomme « la trans-subjectivité ». En effet, selon lui la transmission des émotions est enseignée par le parent à l’enfant par un ensemble d’éléments. Ces éléments en question correspondent à la représentation physique des émotions que nous déployons (les expressions faciales, le langage, la voix, les rires, les larmes, la peau) lorsque nous réagissons à une situation. Et pourtant, d’après lui, le bébé n’a pas conscience de l’expression mimique sur son propre visage. En revanche il en est informé par l’observation du visage parental, qui lui, est porteur d’une expression caricaturée. La réponse « forcée » sur le visage du bébé est probablement de nature à assimiler cette mimique d’autant qu’elle est « récompensée » par les exclamations positives de l’adulte (quand le bébé sourit) ou négatives (quand le visage du bébé se crispe). Le neuropsychiatre s’appuie notamment sur l’étymologie du mot transmission qui envoie de l’autre côté, fait traverser. Évoquons aussi l’étymologie du mot « parent », de parere , paraître, apparaître. Enfin celle du terme « transparence » qui partage avec « parent » la même racine : paraître au travers. Ici le rôle du parent peut être traduit tout bonnement par : faire paraître et transmettre à son enfant ses émotions en toute transparence. D’autre part, si le bébé peut assurément éprouver des émotions (être satisfait, en colère, etc), il ne peut les mentaliser et en faire des sentiments, des pensées (je sens que je suis content, en colère, etc.) que si et seulement si, ses mimiques initiales lui ont été réfléchies, ressenties et communiquées via le visage et la parole d’un autre, explique t-il. En outre, le besoin de l’enfant (ex: je veux prendre cet objet) passe par la reconnaissance du parent avant d’être satisfait car à cet âge, seul le parent est en mesure d’assouvir ses besoins. La seule manière pour l’enfant de faire comprendre au parent son besoin est le pointage du doigt. C’est de cette manière

83 Marcelli D., «  Transmission des émotions entre mère et bébé : du normal au pathologique  »,Science Direct [en ligne], juin 2017, vol. 65, NO 5, pp. 265-332, disponible sur : <http://www.sciencedirect.com/science/journal/02229617?sdc=1> [23-07-2017].

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que l’enfant communique son désir, et par la même occasion développe sa capacité à mentaliser ce désir explique D. Marcelli. De ce fait, en utilisant ses sens, l’enfant découvre les notions de besoin et d’émotion à travers ses échanges emphatiques avec le parent. Et c’est encore une fois par les sens que l’émotion fonctionne. C’est d’ailleurs par la sollicitation de nos 5 sens que le design parvient à transmettre des émotions. L’agence de communication digitale Disko84 résume sur son blog les différents canaux permettant de transmettre des émotions dans le design et plus particulièrement en web design: Humaniser : Ajouter de l’humain à travers des photos ainsi que des témoignages permet de véhiculer par le visuel et le sonore certaines sensations. Le story-telling : Nourrir l’imaginaire de l’internaute peut s’avérer très utile pour guider l’ensemble de la communication. Apporter du rythme tout en restant cohérent dans la globalité du message. Les mascottes : Elles permettent d’adoucir l’image de la marque. Les effets sonores : Une musique transmet immédiatement une ambiance, un état d’esprit recherché à transmettre au public. Le nombre d’or : Il existe des règles pour harmoniser une interface, pour la rendre la plus attractive et agréable possible à l’œil. Ces astuces pour transmettre des émotions peuvent évidemment s’appliquer en dehors du web design : dans le design graphique, le cinéma, la scénographie, le design produit... Dans le cas de la scénographie, du design graphique et du design produit par exemple, il n’est plus question seulement des sens visuel et auditif. En règle général, un objet réel, tangible, doté de 3 dimensions développe chez son utilisateur une expérience sensorielle encore plus complète. L’aspect tangible d’un objet 2D ou 3D permet d’exploiter le sens tactile et ainsi procurer des sensations de douceur, de chaleur, de froid, de piquant etc, ce que le virtuel ne permet pas. Sa nature réelle peut aussi permettre de dégager une certaine odeur (chatoyante, rebutante...) et donc faire appel au sens olfactif.

84 DISKO, L’émotion dans le design [en ligne], 2015, mise à jour le 2015, disponible sur <http://www.disko.fr/ reflexions/brand-content-blog/le-design-emotionnel-2/>, [consulté le 24-07-2017].

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Tanaphong ToochindaŠ


L’environnement réel, contextuel est chargé de stimulants émotionnels qui sont à l’origine de nos comportements. Le milieu hospitalier est un terrain d’expérimentation idéale pour réaliser à quel point notre environnement nous influence. L’hôpital de New York a par exemple trouvé une solution pour remédier à la peur des enfants face à un IRM. En effet, une salle d’IRM est froide, rebutante et peu rassurante, même pour un adulte. Or pour pallier ce problème et ainsi mettre les enfants dans les meilleures dispositions possibles, un graphisme de bateau de pirate immerge l’enfant dans un environnement transformé qui rassure par son aspect amusant. Le studio d’illustration et d’aniAmbulance décorée par le studio d’illustration et d’animation Tado.

mation Tado85 a lui été commissionné pour revisiter l’intérieur des ambulances. Par le dessin de monstres gentils, d’animaux colorés et autres types d’objets, le design graphique vient ici apaiser les trajets en ambulance des enfants.

85 ÉTAPES, [Design flux] Lorsque le design graphique apaise les trajets en ambulance [en ligne], 2014, mise à jour le 2017, disponible sur <http://etapes.com/lorsque-le-design-graphique-apaise-les-trajets-en-ambulance>, [consulté le 2018-01-07].

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Par contre il est tout à fait légitime de se demander quand est-ce que ce genre d’initiative sera appliqué pour les adultes ? Pourquoi le design n’a t-il pas ou peu de place en milieu hospitalier alors qu’il suscite de nombreuses initiatives en milieu professionnel ? En effet, selon D. Entibi86 (directeur de publication du magazine architecture hospitalière) le design n’est arrivé que très récemment sur le secteur hospitalier malgré les besoins cruels de confort, d’apaisement... Reste ensuite le sens gustatif, en minorité dans le design mais tout autant stimulant. Du moins, cette faible présence du design autour du sens gustatif semble s’inverser avec, aujourd’hui, la discipline du « Food design » ou Design culinaire. Le Food Design est défini par Francesca Zampollo87 (chercheuse et consultante en design alimentaire), comme le lien entre l’alimentation et le Design. Le design culinaire est un processus de conception qui mène à l’innovation sur les produits, services ou systèmes alimentaires au même titre qu’un projet de design « classique ». Son application porte sur la production, l’approvisionnement, la conservation, le transport, la préparation, la présentation, la consommation et l’élimination de tout ce qui a à voir avec la nourriture ou l’alimentation. Sonja Stummerer et Martin Hablesreiter du studio Honey and Bunny sont auteurs du livre « Food Design XL » (2010) et « Eat Design » (2013)88. Selon eux, le food design comprend non seulement tous les processus du design mais aussi toutes les décisions qui sont prises pour déterminer la nourriture en tant qu’objet ; plus précisément le design du goût, la consistance, la texture, la surface, le son de mastication, l’odeur et toutes les autres propriétés de l’objet. Ce qu’il faut retenir c’est que finalement, tous les sens sont exploitables par le design pour transmettre des émotions ; que ce soit par le visuel dans tous les champs du design, par l’auditif avec le Sound Design, le gustatif avec le Food Design, le tactile et l’olfactif en design produit, design d’espace et graphisme.

86 DACRYL, L’hopital de demain [en ligne], 2015, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. dacryl.com/l-hopital-de-demain/>, [consulté le 2018-01-07]. 87 IFOODDESIGN, Food Design Definitions [en ligne], 2015, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://ifooddesign.org/definitions/>, [consulté le 2018-01-07]. 88

IFOODDESIGN, Food Design Definitions [en ligne], Ibid.

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Dinara KaskoŠ


02. Mesurer les émotions Si l’émotion se transmet, elle peut alors se quantifier, se mesurer. C’est l’objet de la recherche effectuée par le psychologue américain Paul Ekman, considéré comme le pionnier de l’étude des émotions dans leurs relations aux expressions faciales rapporte Wikipédia.89 Il a en effet étudié les expressions faciales d’hommes de différentes cultures et notamment ceux des sociétés primitives en observant leurs réactions à diverses photographies. En détectant les micro-expressions de leurs visages et leurs réactions face à ces photographies, Ekman a pu affirmer que les expressions du visage ne sont pas déterminées par la culture, mais qu’elles sont universelles.

Expérimentations faciales du psychologue P. Ekman

Cette étude réalisée dans les années 70 établit encore aujourd’hui, la base référante sur le déchiffrage des expressions du visage. Tous les outils technologiques de mesure des émotions d’aujourd’hui sont basés sur son travail. Il existe par exemple un service en ligne appelé « FaceReader » (par Human Insight Services B.V)90 qui analyse les expressions du visage des consommateurs pour les intégrer aux études de marché des entreprises. Ou encore le projet Oxford de Microsoft91 qui est capable de reconnaître les émotions de l’utilisateur par le « deep learning ».

89 WIKIPÉDIA, Émotion [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https:// fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89motion>, [consulté le 02-08-2017]. 90 FACEREADER-ONLINE, Online Expression Analysis for Market Research [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.facereader-online.com/>, [consulté le 2018-01-07]. 91 L’1FO, Project Oxford : quand Microsoft détecte les émotions en photos [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.linformaticien.com/actualites/id/38511/project-oxford-quand-microsoft-detecteles-emotions-en-photos.aspx>, [consulté le 2018-01-07].

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La médecine s’est également emparée de ses découvertes et a développé l’électromyographie, une technique médicale qui permet d’étudier la fonction des nerfs et des muscles pour évaluer les sentiments. Pourtant, avant P.Ekman, en 1924, des chercheurs américains mettent déjà en place le polygraphe92. Plus connu sous le nom de détecteur de mensonge, le polygraphe mesure la tension artérielle, la fréquence cardiaque et respiratoire ainsi que l’activité électrique à la surface de la peau pour déterminer l’état émotionnel du sujet. Le postulat selon lequel le polygraphe est censé fonctionner est que le fait de mentir provoque une réaction émotionnelle qui s’accompagne de manifestations psychophysiologiques mesurables. Le stress lorsque l’on ment par exemple augmenterait la transpiration et donc

92 WIKIPÉDIA, Détecteur de mensonge [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9tecteur_de_mensonge>, [consulté le 2018-01-07].

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Film « Le polygraphe » de Robert Lepage


la conductance cutanée. Par ces réactions physiologiques, l’outil est alors capable de mesure l’état émotionnel. Dans ce contexte le polygraphe était utilisé lors d’interrogatoires, sur de potentiel criminels, escrocs ou autre personne mal-honnête. Aujourd’hui, les mêmes schémas de mesures d’émotions sont à portée de poignet, et ce, volontairement... L’avénement des « wearables » ou objets connectés portables a en effet démocratisé la mesure des émotions. Le plus souvent sous la forme de bracelets ou de montres connectées, ces objets ont pour but d’accéder à un meilleur niveau de connaissance de son corps. Les utilisateurs peuvent ainsi, adapter leur comportement pour un quotidien plus sain. Le monitoring (la mesure de notre activité) ou encore ce qu’on appelle le « quantified-self » (mesure de soi) tend à une dépendance de l’Homme envers la technologie pour écouter son corps. Mais le problème sous-jacent lorsque notre corps est mesuré reste la collecte de données. Ces données sont finalement bien plus importantes pour les entreprises qui les exploitent que pour l’individu lui-même. Les mutuelles peuvent par exemple ajuster leur tarif en fonction de votre santé. Or, selon le docteur Laurent Alexandre93 « Le marché de l’auto-mesure est aujourd’hui infinitésimal, anecdotique… il est loin d’être évident que le marché se développe dans le futur. Les personnes qui se mesurent se lassent très vite : cela amuse un temps, puis elles abandonnent ». Son utilité s’est très vite déportée du bien-être quotidien vers la nutrition et le sport peut-on lire dans l’article « Les Objets Connectés : Quantified Self et Prospective » paru en 2014 sur le site webdesobjets.fr.10 En revanche, la collecte de données voit plutôt son avenir dans l’intégration transparente de la technologie. Selon l’école de l’informatique Epitech, il y aura d’ici une dizaine d’années, plusieurs centaines d’objets (chaussures, stylos, etc.) connectés sans que nous y prêtions la moindre attention. L’article d’Epitech pour le site Futura Tech94 précise que cette ultra-connectivité nécessite de l’intelligence artificielle pour être vraiment transparente et rester au service de l’être humain.

93 WEB DES OBJETS, Les Objets Connectés : Quantified Self et Prospective [en ligne], 2013, mise à jour le 2014, disponible sur <http://webdesobjets.fr/les-objets-connectes-quantified-self-prospective/>, [consulté le 2018-01-07]. 94 FUTURA TECH, Big data : le quantified self ou le soi quantifié [en ligne], 2001, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.futura-sciences.com/tech/dossiers/internet-big-data-boom-donnees-numeriques-1936/page/3/>, [consulté le 2018-01-07].

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Des scientifiques du MIT ont par exemple réussi à lire les émotions de l’Homme par les signaux WI-FI95. Ils ont créé un algorithme qui peut détecter et mesurer les battements cardiaques individuels des personnes dans une pièce. Une intelligence artificielle se charge de déterminer votre position, la taille de la pièce et bien d’autres facteurs qui pourraient, éventuellement, étouffer votre rythme cardiaque pour adapter les résultats captés par le Wi-FI en fonction du contexte. On peut alors questionner la dimension éthique d’une mesure de l’Homme par l’onde ? L’intangibilité de cette solution suscite de réelles questions sur l’envahissement intrusif de cette récolte de données qui d’un autre côté, offre de nombreuses possibilités à la technologie d’améliorer nos vies. Le projet IVA exposé à la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne en 201796, pensé par une équipe de 12 étudiants en mastères Design & Digital, veut justement améliorer / soulager le quotidien de l’usager sans qu’il n’interagisse intentionnellement avec un objet. IVA est un système d’intelligence artificielle capable de ressentir les émotions des habitants d’un espace et de réagir en fonction par un principe d’espace augmenté.

95 THE NEXT WEB, Scientists are now using Wi-Fi to read human emotions [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <https://thenextweb.com/artificial-intelligence/2017/07/22/scientists-create-ai-that-useswi-fi-to-see-emotions/>, [consulté le 2018-01-07]. 96 BELLECOUR, Le projet IVA exposé à la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.bellecour.fr/2017/02/24/iva-expose-a-la-biennale-internationale-du-design-de-saint-etienne/>, [consulté le 2018-01-07].

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Projet IVA


L’intelligence artificielle analyse les émotions de l’usager présent dans la pièce à travers des captations de température, d’humidité et de rythme cardiaque. Ces datas lui permettent alors de proposer une ambiance adaptée pour contre-balancer l’humeur négative de l’usager sans qu’il n’est à faire d’action. La spontanéité et l’autonomie du système peut paraître intrusif au yeux de l’usager puisqu’il ne contrôle pas la transformation de son environnement. Toutefois cette volonté de contrer les situations anxiogènes quotidiennement et naturellement alors que l’usager n’en a pas forcément conscience, transforme la maison en un réel lieu de ressourcement et de décompression. Ce projet prospectif d’étudiants reste intéressant dans sa démarche d’expérience sans interaction malgré les questions qu’il suscite dans la collecte de données automatique. Il aurait été cependant intéressant d’étudier le parcours de l’usager dans son environnement afin de déterminer l’impact et les interactions qui auraient permis une projection virtuelle au plus proche de ses besoins ou même d’effectuer des fonctions autres que des projections pour améliorer le quotidien de l’usager. Quoiqu’il en soit, dans toutes ces initiatives de mesure des émotions, c’est bien par la représentation physique des émotions de l’Homme que la mesure des émotions se fait. Expressions du visage, rythme cardiaque, transpiration... Notre corps laisse de nombreux indices à propos de notre état émotionnel !

03. Les émotions dans le design Le design, lui même, s’appuie sur les travaux de psychologie évolutionniste (courant psychologique dont l’objectif est d’expliquer les mécanismes de la pensée humaine et de ses comportements à partir de la théorie de l’évolution biologique) afin d’inclure dans sa discipline, de l’émotion. Une des capacités du designer est son sens de l’ergonomie. En web design par exemple, l’interface web doit être fonctionnelle et utilisable. Elle répond donc à des critères techniques. Sans la technique, le site ne fonctionne pas. Mais la technique ne fait pas tout. Le célèbre designer Victor Papanek estime en effet que, lorsque la conception est simplement technique, elle détruit le contact avec ce qui est nécessaire aux personnes97. Si l’on en croit le designer, une conception sensible amène alors aux besoins des usagers puisque nécessaire. En web design, pour qu’un utilisateur se sente bien sur un site, que sa visite se transforme en expérience, le design doit alors transmettre une personnalité

97 WIKIPÉDIA, Victor Papanek [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <https://fr.wikipedia. org/wiki/Victor_Papanek>, [consulté le 24-07-2017].

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pour lui donner un sentiment. C’est par l’émotion, qu’une interface transmet une dose d’humanité. De cette manière, le design est capable d’établir un lien entre l’humain et l’interface. Cette question du ressenti émotionnel des utilisateurs est devenue peu à peu prépondérante explique l’article « Emotion et Design d’Interface »98 co-écrit par Damien Lockner (ergonome-designer), Nathalie Bonnardel (Professeur des Universités en psychologie), Carole Bouchard (designer produit) et Vincent Rieuf (designer produit). Selon eux, certaines stratégies de design peuvent susciter un ressenti positif de l’utilisateur et améliorer l’attractivité de l’interface par le biais des émotions. Le célèbre Don Norman (Scientifique cognitif, critique design et auteur du livre « Design of Everyday things »)99, lui, suggère une analyse de 3 niveaux d’interactions d’un usager face à une interface : 1.

La prise d’information

2.

L’interaction effective

3.

Le ressenti émotionnel

Si l’on suit le raisonnement du scientifique D. Norman, cette 3e et dernière étape, le ressenti émotionnel, apparaît comme l’aboutissement d’un design d’interaction. Mais comment peut-on faire pour atteindre cette étape et ainsi être capable d’amener une émotion via une interface ? Pour cela il existe le design émotionnel. Le design émotionnel est une tendance théorisée par Aaron Walter100, UX Director chez Mailchimp, consistant à proposer une expérience utilisateur enrichie où l’utilisateur peut intervenir et ainsi déclencher des émotions positives. Il permet de rapprocher la marque de son public. Bien utilisé, il peut procurer une émotion chez l’usager et ainsi créer une empreinte mémorielle explique A. Walter. L’objectif principal du design émotionnel est de retenir l’attention du visiteur en suscitant des émotions positives qui transformeront sa visite en une expérience à part entière. Comme nous avons pu le voir précédemment, l’émotion dans le web design est rendue possible par plusieurs éléments comme le graphisme (règle du nombre d’or), le ton éditorial employé (storytelling), les fonctionnalités inattendues, les animations dynamiques, les illustrations ou photos (humaniser), la mascotte etc. En règle générale le design émotionnel joue sur l’effet de surprise. En plus d’attirer l’attention de l’utilisateur, le design émotionnel permet

98 RESEARCHGATE, Emotion et Design d’Interface [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.researchgate.net/publication/278963577_Emotion_et_Design_d%27Interface>, [consulté le 2018-01-07]. 99

NORMAN D., The Design of Everyday Things (1988), États-Unis, Basic Books, 2013, 368 p.

100

WALTER A., Design émotionnel, n°5 (2011), France, Eyrolles, 2011, 110 p.

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principalement d’entretenir des relations personnalisées avec eux, d’accroître le taux de conversion du site internet, de favoriser la reconnaissance de la marque, de renforcer la fidélisation des utilisateurs et de rendre une interaction originale explique l’article « Emotion et Design d’Interface » pour le cycle de conférence Ergo’IA de 2014.101 Prenons par exemple, les pages d’accueil des services comme AirBnb, Spotify ou Uber. Grâce à la qualité des photographies, des vidéos et du rédactionnel, l’internaute a devant lui des possibilités infinies, comme de nouveaux modes de consommation du voyage ou de la musique qu’il peut imaginer. Ces services utilisant les principes du design émotionnel promettent finalement une meilleure qualité de vie plutôt qu’un service sans histoire. Ils ne vendent donc pas un produit technologique mais un nouveau mode de vie, une expérience.

Page d’accueil du site d’Airbnb

Le design émotionnel est une notion tellement vaste qu’il serait réducteur de le voir uniquement sous le prisme du web design. On peut bien évidemment le retrouver dans différents domaines comme le packaging, la datavisualisation, l’architecture, la signalétique, la typographie, le motion design, le design produit, la publicité, une ligne éditoriale…

101 RESEARCHGATE, Emotion et Design d’Interface [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.researchgate.net/publication/278963577_Emotion_et_Design_d%27Interface>, [consulté le 2018-01-07].

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De par ma formation de designer graphique, il est impossible pour moi de parler d’émotion et de design sans en parler en terme de design graphique. La refonte de l’identité visuelle de la marque SONOS102 réalisée en 2014 par l’agence internationale Bruce Mau Design en est un parfait exemple. SONOS, une marque audio donc, se voit pourvoir d’un système graphique qui rappelle la vibration d’une enceinte par l’usage de trames provoquant une vibration optique lorsqu’elles sont en mouvement. L’usage d’illusions d’optiques dans cette identité visuelle stimule alors pleinement le sens de la vue, ce qui en fait une identité tout à fait sensorielle et accrochante. Graphéine, l’agence dans laquelle j’effectue mon alternance est également à l’origine d’un projet de communication visuelle utilisant pleinement les codes du design émotionnel, celui de l’Opéra de Saint-Etienne103. Dans ce projet, le logo vient compléter le sourire d’un personnage photographié, un peu comme si le spectateur curieux venait regarder par dessus la porte de l’Opéra pour sa plus grande surprise. Il s’agissait ainsi de rétablir un sentiment de proximité entre les Stéphanois et ce lieu de culture populaire. La campagne est accompagnée du slogan « Et la magie opéra... ». Ici, le mélange de signe graphique et de photographie vient illustrer une émotion de base, la surprise, pour une communication mémorable et percutante.

Identité visuelle de l’Opéra de Saint-Etienne

102 GRAPHÉINE, Sonos, une identité cinétique ! [en ligne], 2012, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www. grapheine.com/actulogo/sonos-une-identite-cinetique>, [consulté le 2018-01-07]. 103 GRAPHÉINE, Opéra de Saint-Étienne Et la magie Opéra... [en ligne], 2012, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.grapheine.com/portfolio/identite-visuelle-opera-de-saint-etienne>, [consulté le 2018-01-07].

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Nouvelle identité de la marque SONOS


Du côté du design produit, le projet « Jardin d’Hiver »104, qui est une collection de meubles de chevet pour hôpitaux conçu par la jeune designer française Géraldine Biard, recherche à humaniser l’environnement des personnes hospitalisées. « Chaque pièce de la collection intègre aromathérapie et luminothérapie permettant de lutter contre l’anxiété et les perturbations du sommeil. Corian, bois et cuivre, sont les ingrédients de la recette Jardin d’Hiver. Le design est inspiré d’un paysage enneigé qui nous invite au rêve et à la détente, et fait appel aux sens du toucher, de la vue et de l’odorat » explique la designer105. Encore ici, c’est bien l’appel aux sens qui permet d’influencer les émotions de l’usager.

Projet « Jardin d’Hiver » par Géraldine Biard

Selon elle, l’aseptisation des chambres d’hôpitaux pour raisons budgétaires est une source de stress pour les personnes âgées atteintes de démence qu’elle a observées. Cette neutralité n’invite pas les individus à interagir avec leur environnement, et les personnes âgées sont d’autant plus concernées lors-

104 BLOG-ESPRITDESIGN.COM, JARDIN D’HIVER MOBILIER ANTI-ANXIÉTÉ PAR GÉRALDINE BIARD [en ligne], 2008, mise à jour le 2015, disponible sur <https://blog-espritdesign.com/mobilier/meuble-dappoint/jardin-dhiver-mobilier-anti-anxiete-par-geraldine-biard-34136>, [consulté le 2018-01-07]. 105 Ibid.

BLOG-ESPRITDESIGN.COM, JARDIN D’HIVER MOBILIER ANTI-ANXIÉTÉ PAR GÉRALDINE BIARD [en ligne],

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qu’elles emménagent en maison de retraite, explique t-elle. Ce qui diffère dans le ressenti émotionnel d’un design produit (tangible) par rapport à un design graphique (juste visuel) c’est son niveau de « design émotionnel ». L’article « Les émotions dans le design – les trois niveaux du design » paru en 2012 pour le site UX-Fr met effectivement en avant 3 niveaux de design. En premier lieu il y a le design viscéral, celui qui correspond à la réaction positive spontanée face à un design (apparence, toucher, feeling). Ensuite vient le design comportemental qui se concentre sur l’expérience vécue, l’utilisation (fonction, performance, utilisabilité). Et finalement le design réflectif, qui répond aux besoins émotionnels des gens et leur permet de leur renvoyer l’image qu’ils souhaitent. Le niveau réflectif détermine l’impression globale d’une personne à propos d’un produit. Au travers de « Jardin d’Hiver » par exemple, G. Biard souhaite offrir une meilleure qualité de vie en procurant une sensation de plénitude grâce au design. Elle pense en effet que le rôle du design est d’enthousiasmer et aider les gens à s’épanouir dans leur environnement. On voit par ce témoignage, que le design à un réel potentiel émotionnel et il n’y a rien d’étonnant à cela, au vu de la nature même du design qui a la capacité de concevoir le monde qui nous entoure. Cependant, le design graphique (purement visuelle) contrairement au design produit, au design d’espace et au design d’interaction, n’est pas en capacité d’atteindre le niveau de design comportemental, qui lui, n’accorde pas d’importance à l’apparence mais à la fonction.

Victor Papanek « Le design est devenu l’outil le plus puissant avec lequel l’homme forme ses outils et son environnement. »106 Au travers de cette reflexion, nous ne pouvons donc que reconnaître à quel point le design est capable d’être un vecteur émotionnel important. Au delà de ses atouts fonctionnels et esthétiques, le design, qui s’incarne dans son contexte, est capable d’influencer nos émotions. Par conséquent, il semble donc tout à fait légitime en tant que designer de s’intéresser aux sentiments d’anxiété, ces états émotionnels affectant notre santé mentale.

106 WIKIPÉDIA, Victor Papanek [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <https://fr.wikipedia. org/wiki/Victor_Papanek>, [consulté le 24-07-2017].

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Partie II

4 - Contrôler sa vie 01. La négativité des sentiments « Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal. »

— Edward A. Murphy Jr.107

La loi de Murphy d’Edward A. Murphy Jr, ingénieur aérospatial américain, est un adage dans lequel le pire est toujours certain. Cette philosophie tantôt perçue comme humoristique ou pessimiste illustre plutôt bien l’attrait de l’Homme envers la négativité. En effet, bien qu’auparavant nous ayons pu démontrer l’efficacité des ressentis positifs comme la joie ou la surprise dans le design émotionnel, il s’avère que l’esprit humain réagit aux mauvaises choses plus vite, plus fort, et plus longtemps qu’aux bonnes choses. Le psychologue social Jonathan Haidt explique dans son livre « L’hypothèse du bonheur »108 qu’il ne suffit pas de vouloir regarder les choses du bon côté ; notre esprit est configuré pour détecter et réagir aux menaces, aux attaques et aux revers. C’est ce qu’il appelle le biais de négativité. Comme le disait Benjamin Franklin: « On n’est pas aussi sensible à la meilleure des santés qu’au moindre des maux. »109 Selon J. Haidt, nous raisonnons souvent non pas pour trouver la vérité, mais pour créer des arguments qui défendent nos croyances profondes et intuitives (logées dans l’inconscient). Pour la plupart des gens, l’inconscient considère trop de choses comme mauvaises ou pas assez bonnes. Malheureusement, la négativité est plus difficile à arrêter que les réactions positives. J. Haidt précise que ce principe psychologique appelé « biais de négativité » se retrouve partout : « Dans les interactions conjugales, il faudrait au moins cinq bonnes actions pour réparer les dégâts causés par un seul acte néfaste. Dans les transactions financières ou les jeux d’argent, le plaisir de gagner une certaine somme est inférieur à la douleur de perdre la même somme. Dans l’évaluation de la moralité d’une personne, les gens estiment qu’il faudrait vingt-cinq actes héroïques pour compenser

107 WIKIPÉDIA, Loi de Murphy [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https:// fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Murphy>, [consulté le 02-08-2017]. 108

HAIDT JONATHAN., L’hypothèse du bonheur (2006), Belgique, Mardaga, 2006, 336 p.

109

HAIDT JONATHAN., L’hypothèse du bonheur (2006), Ibid.

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un acte meurtrier. Lorsque l’on prépare un repas, les aliments sont facilement souillés (par une simple patte de cafard), mais difficilement purifiés. »110 La haine et la tristesse qui peuvent être considérées comme des émotions négatives doivent être appréhendées comme une difficulté émotionnelle surmontable conseil Ethan Nichtern111, auteur et professeur de bouddhisme. Il est donc intéressant de voir à quel point les sentiments négatifs nous affectent bien plus que les sentiments positifs d’un point de vue personnel. Mais il est à noter que les sentiments positifs véhiculés par le design ont ici plus de valeur affective.

02. Surmonter ses peurs La peur, cette émotion de base éprouvée en présence ou à la pensée d’un danger réel ou supposé, est une sorte de narration involontaire. Elle nous permet d’identifier un danger potentiel et de prendre des mesures pour y faire face en protégeant ce qui nous importe. De ce fait, elle met en lumière ce qui est important pour tout un chacun. Il arrive même que la peur nous révèle sur nos besoins, des informations qui nous surprennent : « Je pensais n’avoir plus de sentiments amoureux pour mon épouse. Voilà qu’elle est menacée du cancer et que la peur de la perdre m’envahit ». Dans le cas d’un danger anticipé, une opération mentale peut précéder la peur, cette opération n’est autre que la perception. La psychologue Michelle Larivey112 précise que la perception requiert quatre éléments pour projeter sa réaction : 1/ des faits, 2/ des émotions, 3/ une production de l’imaginaire et 4/ un jugement. A contrario, certaines personnes peuvent en revanche émettre de faibles jugement ou ne pas imaginer le pire face à une situation potentiellement dangereuse. C’est ce que la psychologue appelle la « négation du danger » ou des comportements « contre-phobiques  ». Ces personnes foncent, têtes baissées, vraisemblablement insensible au danger. Elles abordent le danger en le minimisant ou en ne le considérant pas réel. Une telle attitude serait à l’origine

110 HAIDT JONATHAN., «  Le biais de négativité  », in : HAIDT J., L’hypothèse du bonheur, Belgique, Mardaga, 2006, p 83-91. 111 ETHAN NICHTERN, Author & buddhist teacher [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.ethannichtern.com/>, [consulté le 2018-01-07]. 112 Larivey Michelle, «  Les genres d’émotions  », La lettre du psy [en ligne], juillet 1998, vol. 2, NO 7, pp. 9, disponible sur : <http://www.redpsy.com/infopsy/genremo.html> [23-07-2017].

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d’entreprises bien trop ambitieuses ou inconscientes des dangers de la part de ces personnes. Cette ignorance du danger qui peut s’avérer problématique alors qu’une stratégie d’évitement serait nécessaire a néanmoins une qualité, la quiétude. D’autres, plus alertes des dangers, le sont parfois trop. Lorsque la peur atteint un niveau excessif elle devient ce qu’on appelle une phobie. Un stade extrême où la peur paralyse l’individu à tel point qu’elle l’empêche d’agir. La phobie est cette peur exagérée si intense qu’elle peut parfois se transformer en crise de panique, rappelle M. Larivey113. Lorsqu’une personne se trouve en présence de l’objet de sa phobie, alors qu’elle sait pourtant pertinemment que sa peur n’est pas fondée, sa réaction n’en reste pas moins réduite. La psychologue stipule que dans certains cas, l’image de l’objet en elle-même suffit à déclencher la panique (l’image d’une araignée, d’une seringue, d’un serpent, par exemple). 114 Parmi les phobies les plus courantes on retrouve l’agoraphobie (peur de la foule et des lieux publics), la claustrophobie (peur des pièces exiguës), l’aérophobie (peur de l’avion), l’émétophobie (peur de vomir) ou la phobie sociale (peur d’interagir avec les gens) selon la National Health des Services britanniques.115 Une des caractéristiques communes à de nombreux anxieux réside dans la peur de perdre le contrôle. Mes diverses enquêtes terrain ont pu me confirmer que l’anxieux est un « control freak » (maniaque du contrôle) sans cesse en train de planifier les évènements. Familièrement plus connu sous l’expression « trop cogiter », les « stressés de la vie » n’arrivent plus à penser à quoi que ce soit d’autre, à tel point que cela en affecte leur vie négativement. Toutes ces peurs différentes sont normales et même positives lorsque qu’elles nous poussent à réagir face à un danger, précisent les psychologues du site psychologies.com116. En revanche lorsque la peur prend une tournure pathologique par le biais de phobies par exemple, elle n’est qu’handicapante. Que peut-on faire pour surmonter nos peurs alors ? Si l’on pense trop à quelque chose, la meilleure chose à faire est d’agir ! Prendre action, faire quelque chose, travailler sur ce qui nous habite. Se lancer c’est la meilleure

113 REDPSY, L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], 1997, mise à jour en 2017, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/anxiete.html>, [consulté le 07-08-2017]. 114

REDPSY, L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], Ibid.

115 PSYCHOMÉDIA, Les 10 phobies les plus fréquentes [en ligne], 1996, mise à jour le 2012, disponible sur <http:// www.psychomedia.qc.ca/phobies/2012-10-21/10-phobies-les-plus-frequentes>, [consulté le 2018-01-07]. 116 PSYCHOLOGIES, Entretien : Pour ruser avec son angoisse [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-et-Dossiers/ Faire-face-a-nos-angoisses/Entretien-Pour-ruser-avec-son-angoisse>, [consulté le 24-07-2017].

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façon d’éviter ces peurs, conseille l’écrivaine Karen Thompson Walker117. Alors, comment pouvons-nous faire la différence entre les peurs qu’il faut écouter et toutes les autres ? Dans sa conférence Ted intitulée « What fear can teach us »7, K.M.Walker donne l’exemple des entrepreneurs prospères, qui, selon ses constatations, partageaient une habitude. Cette habitude qu’elle appelle « la paranoïa productive », signifie que ces entrepreneurs, au lieu de rejeter leurs peurs, les lisaient attentivement, les étudiaient et les transformaient en un plan d’action. De cette façon les entrepreneurs utilisent parfaitement l’information émanent de la peur afin d’y répondre. L’écrivaine précise que parfois nos craintes deviennent réalités, et c’est là, selon elle, l’aspect le plus extra-ordinaire de nos peurs: quand de temps en temps elles prédisent l’avenir. Ce sont les façons de s’informer et d’agir avec le type d’information que nos peurs nous procurent qui sont parfois inefficaces et non le fait de les ressentir comme tel, rajoute t-elle. Il existe plusieurs pratiques de travail sur soi pour s’informer correctement auprès de nos peurs : la sophrologie *(une technique de développement personnel, qui s’intéresse à l’étude de la conscience individuelle, dans une approche qui se veut phénoménologique visant à tenir compte de l’historicité de chacun)*, la psychanalyse *(écoute la personne et coordonne les significations inconsciente de son discours - non reconnu en France)*, l’art-thérapie *(Exploitation du potentiel artistique à des fins thérapeutiques et humanitaires, encourage la communication non-verbale)*, la musicothérapie *(outil de croissance personnelle, reprendre contact avec soi et traiter divers problèmes de santé)*, le sport ou la méditation/relaxation.

03. La quête du bonheur Nous recherchons tous d’une manière ou d’une autre le bonheur, notre bonheur et, même si nous n’en avons pas forcément conscience, la majorité de nos motivations sont liées à cette quête. La psychologie humaniste et la psychologie existentielle nées dans les années 1960, insistaient déjà sur l’importance de réaliser son potentiel et de donner du sens à sa vie. Aujourd’hui la quête du bonheur s’illustre concrètement par des milliers d’études et des centaines de livres qui ont pour but d’augmenter le bien-être des gens.

117 TED, What fear can teach us? [2012] conférence sur le lien entre peur et imagination, cette force qui nous permet d’anticiper le futur, in : TED, Ted.com, [vod,11mn30], disponible sur : <https://www.ted.com/talks/karen_thompson_walker_what_fear_can_teach_us> [consulté le 02-08-2017].

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Personnage extrait du film « Vice Versa »


Dans son article pour Futura-sciences « La quête du bonheur : comment vivre heureux ? »118, Jordi Quoidbach, Docteur en psychologie, explique que la quête du bonheur est à l’origine de presque tous nos comportements. Selon lui, le bonheur n’est pas seulement la conséquence d’une vie prospère, longue et épanouie, mais plutôt la cause directe. Oui, se sentir heureux... rend heureux ! Être heureux nous influencerait positivement dans tous les domaines de notre vie, que ce soit d’un point de vue santé, social, amoureux, professionnel... En revanche il est important de savoir que la notion de bonheur varie selon les cultures et l’humeur des individus. Pour cela, il est bien difficile de définir ce qu’est le bonheur. Le Larousse119 définit cette notion comme un état de complète satisfaction. En effet le bonheur est état d’être global et durable, précise Frédéric Lenoir120, philosophe, sociologue, conférencier et écrivain. Le bonheur, cette quête d’un équilibre ultime, n’est pas une émotion. Le plaisir, lui, est l’émotion liée à la satisfaction d’un besoin naturel qui nous rend heureux. Si l’équilibre émotionnel ultime amène au bonheur, il semble donc plus judicieux de se concentrer sur l’instant, de vivre au rythme de ses émotions plutôt qu’à celui de ses sentiments. Que ces émotions soient celles du plaisir, de la peur ou bien de la surprise, il s’avère profitable de les embrasser toutes sans distinction afin d’accéder à cet équilibre émotionnel menant au bonheur.

« Le plaisir est plus rapide que le bonheur et le bonheur que la félicité. » Voltaire Ce que Voltaire appelle la « félicité » correspond au contentement intérieur idéal, la béatitude, le fameux équilibre du bonheur ultime. Une étude, dirigée par Brett Ford121, professeur adjoint de psychologie à l’Université de Toronto, a exploré le lien entre l’acceptation des sentiments négatifs et le bien-être. Les chercheurs ont d’abord cherché à découvrir comment l’acceptation de la négativité profite à la santé psychologique, et si ce type

118 FUTURA SANTÉ, La quête du bonheur : comment vivre heureux ? [en ligne], 2001, mise à jour le 2011, disponible sur <https://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/biologie-quete-bonheur-vivre-heureux-1092/>, [consulté le 2018-01-07]. 119 LAROUSSE, Définitions : Bonheur [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/bonheur/10144?q=bonheur#10029>, [consulté le 02-08-2017]. 120 LENOIR F., La joie décryptée par Frédéric Lenoir [ajouté le 13/11/2015] à l’occasion de la sortie de son dernier livre « La puissance de la joie » F. Lenoir nous éclaire sur les différences entre bonheur, plaisir et joie., in : France 2, FranceInfo, [format MP4, 5 mn 32], disponible sur : <http://www.francetvinfo.fr/culture/la-joie-decryptee-par-frederic-lenoir_1173429.html> [consulté le 31-07-2017]. 121 THE CUT, You’ll Be Happier If You Let Yourself Feel Bad [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.thecut.com/2017/08/youll-be-happier-if-you-let-yourself-feel-bad.html>, [consulté le 2018-0107].

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d’acceptation était vrai pour tout Homme sur Terre. Environ 1 000 sujets de l’étude ont répondu à des sondages concernant leur état d’esprit, leur satisfaction de vivre, leurs symptômes dépressifs, leurs symptômes d’anxiété et le nombre d’événements stressants qu’ils ont vécus au cours de leur vie. Ford et ses collègues ont alors constaté que ceux qui acceptaient leurs sentiments négatifs étaient, en moyenne, plus sains sur le plan psychologique que ceux qui ne les acceptaient pas. Ils ont également constaté que le facteur le plus fortement lié au bien-être des participants n’était pas une vie peu stressante, mais plutôt la capacité d’accepter les difficultés de la vie et ses propres sentiments négatifs sans jugement. Il apparaît donc ici que l’acceptation de nos émotions et sentiments, qu’ils soient « positifs ou négatifs », semble faciliter l’équilibre interne et donc notre niveau de bonheur. Au cours de notre vie, notre inconscient ressent du plaisir chaque fois qu’il franchit un obstacle, explique le psychologue social J. Haidt dans son livre « L’hypothèse du bonheur »122. En d’autres termes, lorsqu’il s’agit de poursuivre un but, c’est le voyage qui importe, pas la destination. Shakespeare a parfaitement cerné cette réalité en avançant que « L’âme du bonheur meurt dans la jouissance »123. Il est vrai que lorsqu’un but est fixé, c’est en s’approchant de celui-ci que nous ressentons le plus de plaisir. Pour J. Haidt, ce plaisir lié à la progression est un principe humain qu’il appelle « le principe du progrès ». Selon lui, l’esprit humain est extraordinairement sensible aux changements de ses conditions de vie, mais ne l’ai pas autant lorsque ces changements sont aboutis. Par exemple, le plaisir du gagnant au Loto vient de l’augmentation de sa richesse, pas de son opulence finale. En effet après quelques temps, le nouveau confort est devenu le niveau de vie normal. L’être humain ne fait pas que s’habituer, il réévalue constamment sa vie avec de nouveaux objectifs qui seront ensuite remplacés par d’autres une fois atteints. C’est tout l’inverse de ce que conseillent les philosophies bouddhistes et stoïciennes. Et pour causes, ces philosophies prônent le détachement émotionnel par l’acceptation des choses. Dans son livre, J. Haidt arrive à la conclusion saisissante que à terme, peu importe ce qui nous arrive. Chanceux ou non, nous reviendrons toujours à un certain niveau de bonheur, le niveau par défaut de notre cerveau. Il précise que ce niveau moyen est en grande partie déterminé par nos gènes et qu’il est donc inné.

122

HAIDT JONATHAN., L’hypothèse du bonheur (2006), Belgique, Mardaga, 2006, 336 p.

123 LINTERNAUTE, William Shakespeare [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.linternaute.com/citation/12323/l-ame-du-bonheur-meurt-dans-la-jouissance------william-shakespeare/>, [consulté le 02-08-2017].

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Métaphore de notre inconscient utilisée par J.Haidt dans son livre « L’hypothèse du bonheur »

En sommes, si l’on en croît l’étude portée par le psychologue social, la quête du bonheur provient d’un bonheur intérieur avant tout. C’est justement ce qu’enseigne le bouddhisme : se battre pour obtenir des biens et atteindre des buts dans le monde externe n’apporte qu’un bonheur fugace. Il faut travailler sur notre monde intérieur. Les pratiques de travail sur soi vu auparavant pour la peur sont ici de vrais outils pour nous guider dans notre quête du bonheur. Cette quête du bonheur intrigue d’ailleurs tout autant les designers... Le célèbre designer graphique Stefan Sagmeister a décidé de se transformer lui-même en projet de design. En effet, dans son film « The Happy Film124 » et son exposition « The happy show », S.Sagmeister s’essaye à 3 expériences, sous contrôle de professionnels, pour entraîner son cerveau et devenir encore plus heureux. Ces 3 expériences (la méditation, la psychothérapie et les drogues) sont les « meilleurs façons » d’atteindre le bonheur selon le travail du psychologue Jonathan Haidt, qui a suivi S.Sagmeister durant des mois.

124

Sagmeister S., Nabors B., Curtis H., The Happy Film, états-Unis, 2017, documentaire, 154 mn.

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Tout au long de son expérience, S. Sagmeister a prit soin de noter sur une échelle de 1 à 10 le niveau de bonheur atteint par la solution essayée, voici ci-dessous les résultats. Ps : n’essayez pas les drogues. Comme l’a fait le designer S. Sagmeister, est-il pertinent de rechercher le bonheur lorsque l’on est amené à créer ? La création est-elle plus fertile lorsque le créatif se trouve dans un état de quiétude ou d’inquiétude ?

Résultats d’expérimentations du designer S. Sagmeister sur sa quête du bonheur

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Affiche du film sur le bonheur du designer S.Sagmeister


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Partie III / Accepter ou repousser l’anxiété dans la création L’image de l’artiste fou est l’une des plus durables de notre culture. De l’autoportrait de Van Gogh aux poèmes de Plath en passant par le cri emblématique d’Edvard Munch, la création se veut douloureuse. En quoi la création est-elle influencée par nos sentiments anxiogènes ?

1 - Le lien entre création et anxiété 01. L’anxiété et l’imagination Dans son rôle de nous informer d’un potentiel danger, la peur ou l’anxiété qui en découle nous permettent de prendre les mesures adaptées pour nous protéger. Cette information prend sa source dans une évaluation subjective d’une situation explique la psychologue Michelle Larivey125 dans son Guide des émotions. Nous avons en effet une capacité d’imagination débordante. Dans sa conférence Ted « What fear can teach us », l’écrivaine Karen Thompson Walker126 se demande si nos sentiments anxiogènes ne devraient pas plutôt être appelés des «  histoires  ». Parce que c’est vraiment ce qu’est l’anxiété, selon elle. C’est une sorte de narration involontaire. Les peurs et les contes auraient les mêmes composantes. Comme toutes les histoires, les peurs ont des personnages. Dans nos peurs, les personnages, c’est nous. Les peurs ont aussi des intrigues. Elles ont des débuts, des milieux et des fins. L’anxiété suscite en nous une forme similaire de suspense et concentrent notre inten-

125 REDPSY, L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], 1997, mise à jour en 2017, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/anxiete.html>, [consulté le 07-08-2017]. 126 TED, What fear can teach us? [2012] conférence sur le lien entre peur et imagination, cette force qui nous permet d’anticiper le futur, in : TED, Ted.com, [vod,11mn30], disponible sur : <https://www.ted.com/talks/karen_thompson_walker_what_fear_can_teach_us> [consulté le 02-08-2017].

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tion sur : Que se passe-t-il ensuite ? En d’autres termes, nos peurs nous font penser à l’avenir. Et l’homme, pour le rappeler, est la seule créature capable de réfléchir à l’avenir de cette façon, de se projeter dans le temps. Ce voyage mental dans le temps est une chose de plus que l’anxiété a en commun avec les histoires. K.T. Walker en conclut que si nos peurs sont similaires à des histoires, nous devrions penser que nous sommes les auteurs de ces histoires et ainsi agir comme bon nous semble pour contrôler cette imagination. Sous l’angle du design, le storytelling qui émerge de cette imagination débordante de l’anxieux peut être un levier intéressant. En effet, la réutilisation du schéma de narration d’une histoire (personnages, lieux, intrigues...) pourrait permettre d’instaurer une méta-position (voir les choses depuis l’extérieur de soi, arbitrairement) de l’usager afin qu’il comprenne les tenants et les aboutissants de ses peurs. Selon le comportementaliste Frédéric Arminot127, une prise de conscience objective de la situation serait bénéfique en tout point pour l’usager. Ainsi, l’usager serait habilité à travailler sa relation avec ses émotions, à moins se projeter, à mieux construire le comportement adapté à la situation et finalement accepter son ressenti. Concrètement, tout ces enjeux pourraient faire l’objet d’un projet de design tel qu’un « serious game » permettant à l’usager d’avoir une vue d’ensemble. (Le serious game est une intention sérieuse, de type pédagogique, informative, communicationnelle, marketing, idéologique ou d’entraînement avec des ressorts ludiques issus du jeu. Wikipédia128) Il existe par ailleurs un outil imaginé au départ pour des scénaristes appelé « Storyclock »qui serait une trame idéale pour l’usager anxieux. Le Storyclock est un carnet de recherche et de développement d’histoire, de scénarios créé par la société Plot Devices129 co-fondée en 2017 par le cinéaste Seth Worley, Anne Fogerty et le designer Micah Lanier. Le carnet Storyclock utilise la méthode simple de visualiser votre histoire comme une horloge. Voir votre histoire de cette façon peut rapidement vous donner une vue d’ensemble et révéler vos lacunes peut-on lire sur leur site. Ici, il est question de lacunes scénaristiques, mais dans le cadre d’un travail sur l’imagination de l’anxieux, il serait tout à fait juste de transposer les éléments de « l’histoire » créer par l’anxieux dans ce schéma narratif afin de lui permettre d’entrer en méta-position avec ses peurs.

127 FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Anxiété – Articles liés au traitement de l’anxiété [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fredericarminot.com/anxiete/>, [consulté le 31-03-2017]. 128 WIKIPÉDIA, Jeu sérieux [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https:// fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_s%C3%A9rieux>, [consulté le 24-07-2017]. 129 PLOT DEVICES, Turn your ideas into stories [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <https://plotdevices.co/>, [consulté le 2018-01-07].

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Storyclock par Plot Devices


« Les gens ne sont pas perturbés par quelque chose, mais par la perception de cette chose » Épictète130 En effet, ici tout est question de perception. Lorsqu’une personne est confrontée à de l’anxiété ou de l’angoisse, c’est surtout lié à sa perception explique le comportementaliste F. Arminot131. Il est vrai que dans le cas de l’anxiété de création par exemple, l’anxiété peut être un frein pour certains, tandis que pour d’autres elle peut être moteur. Cette différence de perception du contexte créatif n’est probablement pas le seul critère déterminant ces deux ressentis opposés mais peut en être une cause majeure. En revanche, la perception n’est pas que mentale, elle est aussi sensorielle. Mais d’ailleurs, ces deux perceptions fonctionnent-elles de pairs ou séparément ? Et bien comme le rapporte Isaac Lidsky132, auteur de « Eyes wide open » et entrepreneur qui a perdu la vue, le sens de la vue influence nos émotions et nos émotions peuvent transformer ce que l’on voit. Pour lui, la vue est une composition mentale complexe que l’on se créée. Il donne par exemple l’idée que si l’on doit juger de la vitesse de marche d’un homme en pensant à un guépard ou à une tortue, notre perception de sa vitesse sera différente. Une colline paraîtrait plus raide si nous sommes fatigué. Un point à atteindre paraîtrait encore plus éloigné si nous portons un lourd sac à dos. Il s’agit alors de notre propre réalité, celle à laquelle nous croyons. Si l’on résume, l’anxiété est une réelle source d’imagination, qui puise ses craintes dans la perception. Avec d’un côté les sens, ces stimulis émotionnels jouant un grand rôle dans notre perception du monde, et de l’autre le mental et l’histoire que l’on s’imagine à l’intérieur de nous même.

130 GOODREADS, Epictetus Quotes [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.goodreads.com/quotes/36906-people-are-not-disturbed-by-things-but-by-the-views>, [consulté le 02-08-2017]. 131 FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Anxiété – Articles liés au traitement de l’anxiété [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fredericarminot.com/anxiete/>, [consulté le 31-03-2017]. 132 TED, What reality are you creating for yourself? [2016] conférence sur l’acceptation de notre responsabilité envers la création de notre perception du monde extérieur, in : TED, Ted.com, [vod,11mn46], disponible sur : <https:// www.ted.com/talks/isaac_lidsky_what_reality_are_you_creating_for_yourself> [consulté le 02-08-2017].

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02. L’imagination des artistes torturés Des professeurs-chercheurs du King’s College de Londres ont réussi à établir un lien entre l’anxiété et une imagination supérieure à la moyenne.133 L’artiste, cet individu maîtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie et l’originalité de sa production comme le décrit Wikipédia134 est fortement concerné par les notions d’imagination. En effet, l’imagination, cette capacité d’élaborer des images et des conceptions nouvelles, ou bien de trouver des solutions originales à des problèmes est très présente chez les concepteurs. Le terme de concepteur regroupe de nombreuses activités comme l’art, le design, l’architecture, l’écriture, l’artisanat etc. Mais parmi toutes ces activités, c’est bien l’image de l’artiste qui transmet le plus la dimension anxiogène de la création. Une des raisons de cette différence provient sûrement du fait que le designer, l’architecte ou bien l’artisan sert la commande avant de servir ses propres envies. L’artiste, lui, impliqué corps et âme dans sa création, n’est pas en mesure d’aborder son travail avec le même recul. Il semble donc plus enclin à s’investir émotionnellement dans ce qu’il produit. La difficulté d’évoquer des noms de designers, d’artisans ou d’architectes en proie à de sérieux troubles anxieux ne peux qu’illustrer cette théorie. Tandis que du côté de l’art, nombreuses sont les personnalités connues pour leur créativité et leurs problèmes psychiques. Virginia Woolf : souffrait d’importants troubles mentaux et notamment de troubles bipolaires la poussant au suicide.

Edgar Allan Pœ : a été atteint de trouble bipolaire.

Camille Claudel : brisée par un internement psychiatrique.

Van Gogh : a souffert d’accès psychotiques et d’instabilité mentale le menant à la schizophrénie, au trouble bipolaire etc.

133 KING’S COLLEGE LONDON, Anxiety Disorders [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.kcl.ac.uk/ioppn/depts/psychology/research/ResearchGroupings/CADAT/Anxiety-Disorders/ anxietydisorders.aspx>, [consulté le 2018-01-07]. 134 WIKIPÉDIA, Émotion [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https:// fr.wikipedia.org/wiki/Artiste>, [consulté le 02-08-2017].

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Edvard Munch : a peint Le Cri après avoir été victime d’une attaque de panique. Alors pourquoi est-ce le cas des artistes particulièrement ? Une des raisons pour laquelle nous connaissons les artistes et les écrivains torturés, c’est qu’ils sont plutôt doués pour s’exprimer sur la façon dont ils ressentent le monde explique Laurie Penny (auteur et journaliste) dans un article Médium intitulé « Requiem For a Scream » 135.

« L’anxiété est le problème numéro un auquel les gens créatifs sont confrontés », déclare le Dr Eric Maisel.136 Nancy Andreasen, neuroscientifique, psychiatre de l’université de l’Iowa et auteure de « The Creative Brain: the Neuroscience of Genius »137, affirme que les sujets créatifs ont un taux plus élevé de troubles mentaux incluant les dépressions, l’anxiété, les troubles paniques, les troubles bipolaires et l’alcoolisme que les sujets « non-créatifs ». Et pour cause son étude, portant sur 15 génies créatifs comparés à 15 témoins, montre un lien entre créativité et trouble mental ; la création se veut douloureuse.

« Sans la peur et la maladie, je n’aurais jamais pu accomplir tout ce que j’ai » E. Munch138 Pourtant, paradoxalement, dans la population générale, les créatifs semblent en meilleure santé mentale que les non-créatifs. En revanche ce serait parmi les créatifs les plus inventifs (génies créatifs) que les troubles mentaux seraient le plus présent, complète Dean Keith Simonton, chercheur en psychologie à l’université de Californie139.

135 MEDIUM, Requiem For a Scream [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <https://medium.com/ anxy-magazine/requiem-for-a-scream-37563496f142>, [consulté le 2017-12-16]. 136 PSYCHCENTRAL, Creative Anxiety – So Much On The Line [en ligne], 1995, mise à jour le 2011, disponible sur <https://blogs.psychcentral.com/creative-mind/2011/03/creative-anxiety-so-much-on-the-line/>, [consulté le 2017-1217]. 137

Andreasen N., The Creating Brain: The Neuroscience of Genius (2005), États-Unis, Dana Press, 2005, 197 p.

138

MEDIUM, Requiem For a Scream [en ligne], op. sit.

139 SCIENCES ET AVENIR, Le génie, une affaire de créativité [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-genie-une-affaire-de-creativite_28354>, [consulté le 2017-12-16].

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Autre paradoxe qui est apparu lors de l’étude de D. K Simonton est que les génies créatifs, malgré leur tendance à la dépression et à l’anxiété, associent leurs créativité avec de forts moments de joie et d’excitation. Quoi qu’il en soit, il existe malheureusement bel et bien un lien entre création et anxiété. Toutefois il est à noter que ce lien est principalement valable chez les « génies créatifs » qui ont été rendus populaires à titre posthume par leurs déviances mentales.

03. L’inquiétude au service de l’invention Depuis des siècles, l’inquiétude favorise l’invention ! Ce sentiment d’insécurité face à une situation ou à un problème pousse l’Homme à imaginer et concevoir des solutions pour faire face à ces peurs. Des avancées majeures ont d’ailleurs vu le jour sous la pression de l’inquiétude humaine. C’est le cas notamment du développement du nucléaire qui est une réponse à l’inquiétude du manque d’énergie. Comment peut-on produire suffisamment d’énergie par nous même ? Ou encore l’innovation dans le milieu de l’armement. Comment peut-on se défendre face à un envahisseur ? L’innovation dans le milieu médical, répond à la peur de la maladie et de la mort par la vaccination, la chirurgie robotisée, les implants, l’impression 3D... La capacité d’imagination des anxieux, leur habilité à imaginer les pires scénarios et ainsi anticiper les éventuelles difficultés est de mise dans ce qu’on pourrait appeler « l’invention salvatrice ». Et pour cause selon le Dr Adam Perkins140, expert en neurobiologie et en troubles de la personnalité, les personnes enthousiastes sont par définition plus à même d’être insouciantes face à une situation. C’est à dire qu’elles ne ruminent pas facilement les problèmes et qu’elles sont donc dans une situation défavorable lorsqu’elles visent à les résoudre par rapport aux personnalités plus anxieuses. Aujourd’hui une des peurs actuelles de notre société est celle du terrorisme. La peur du terrorisme est devenue une réelle source d’inspiration pour les inventeurs, bricoleurs et les entrepreneurs pouvait-on lire en 2001 après les attentats du 11 septembre dans le Washington Post avec un article intitulé

140 ESPRIT SCIENCE MÉTAPHYSIQUES, Une nouvelle recherche révèle que les gens qui réfléchissent trop et qui sont anxieux sont probablement des génies créatifs [en ligne], 2015, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www. espritsciencemetaphysiques.com//une-nouvelle-recherche-revele-que-les-gens-qui-reflechissent-trop-et-qui-sontanxieux-sont-probablement-des-genies-creatifs.html>, [consulté le 02-08-2017].

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« Fear, Mother of Invention ».141 En Floride par exemple, un fabricant d’aquariums a conçu sa propre idée de lutte contre le terrorisme : il a transformé ses aquariums en boîtes de verre spéciaux pour ouvrir les courriers suspects. Après avoir déposé et enfermé les lettres dans la boîte, l’usager pouvait à l’aide d’une paire de gants de caoutchouc collée sur un côté, vérifier ce qui a été envoyé. Pendant ce temps, dans le Michigan, toujours aux États-Unis, une entreprise a commencé à vendre des parachutes aux gens qui vivent et travaillent dans les gratte-ciels.142 D’un point de vue éthique, ce genre d’innovation est à remettre en cause lorsqu’il s’agit d’une solution commercialisée. Dès lors qu’une entreprise profite d’une situation dramatique pour justement en faire un profit, le besoin de l’usager s’en trouve bafoué. Les travailleurs dans les gratte-ciels américains ont-ils réellement besoin d’un parachute au quotidien ? L’unique bénéfice de ce genre de dispositif pourrait être psychologique et encore... En mettant à disposition ces parachutes, seule la peur des employés serait influencée, dans le bon comme dans le mauvais sens. Ce projet ne répond à aucun besoin humain mais profite bel et bien des détresses psychologiques des usagers. Le projet de recherche de Jenny Bergström intitulé « How can design impact on fear? »143 dans le cadre de son Master en design textile à la Konstack University College of Arts de Stockholm rejoint cette réflexion sur l’impact des innovations sur nos inquiétudes. Dans son travail de recherche sur le design et la peur, elle parle particulièrement du projet « Design Against Crime ». Le Design Against Crime est un programme de recherche entrepris par l’Université Sheffield Hallam et l’Université de Salford luttant contre le crime par le prisme du design. Ce type de programme de recherche est à l’origine de projets tel qu’un verre à bière qui, une fois cassé, se transforme en petits morceaux au lieu de grands morceaux tranchants qui pourraient être utilisés comme arme. Ce qui est dérangeant dans la génèse même de ce programme de recherche est que le crime est pris pour acquis dès le début du projet. Comme le rapporte, J. Bergström144, si des solutions d’évitements du crime sont imaginées,

141 THE WASHINGTON POST, Fear, Mother of Invention [en ligne], 1996, mise à jour le 2001, disponible sur <https://www.washingtonpost.com/archive/business/2001/10/25/fear-mother-of-invention/14093e21-09a8-49c2-af8d8cef16f60734/?utm_term=.3c151dac9b7a>, [consulté le 2017-12-16]. 142

THE WASHINGTON POST, Fear, Mother of Invention [en ligne], op. sit.

143 BERGSTRÖM JENNY, Fear and design : How can design impact on fear? How can design raise questions?, Prépice de mémoire du Crafts and textile master program, Stockholm, Konstfack University College of Arts, 2007, 5p. 144 sit.

BERGSTRÖM JENNY, Fear and design : How can design impact on fear? How can design raise questions? op.

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alors les crimes peuvent également imaginer de nouvelles manières de sévir. Si le processus du designer implique qu’il y ait une bagarre avec des bouteilles cassées au bar c’est qu’il existe dans l’expérience de l’individu un accès à des bouteilles cassables. Finalement, dans cet exemple, c’est le moment d’intervention du design dans le parcours de l’individu qui est mal choisi. Et pour cause, au lieu d’imaginer une bouteille non dangereuse, le designer aurait très bien pu imaginer un mobilier ou un design d’espace empêchant l’accès à quelconque objet dangereux. Dans ce genre de projet comme le « design against crime », il est tout à fait légitime de demander si le design peut accroître la peur... Quoiqu’il en soit, l’inquiétude humaine est un terreau fertile pour imaginer de nouvelles choses. Il est question ici, d’user à bon escient de cette capacité pour imaginer les solutions des problèmes d’aujourd’hui, à commencer par le réchauffement climatique...

CaMden bike stand par Design Against Crime.

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Partie III-2

2 - L’anxiété créative un mal pour un bien 01. L’anxiété et l’intelligence Apparemment, ce n’est pas si mal d’être « un peu » anxieux peut-on lire dans l’article de Slate intitulé « Les QI élevés sont-ils naturellement inquiets? »145. Si l’on en croit le fameux adage populaire « moins on en sait, mieux on se porte », la connaissance serait une source d’angoisse. Une étude publiée sur le site du groupe Elsevier146 (éditeur international de littérature scientifique) datant de 2015 semble donner raison à cette croyance. Les résultats de cette étude semblent indiquer des liens positifs possibles entre le trouble anxieux généralisé (TAG), l’inquiétude et l’intelligence. Après l’imagination, la créativité et la perception, c’est au tour du quotient intellectuel de bénéficier des effets de l’anxiété. Pour la thérapeute Allen Wagner1, si l’imagination anxieuse est basée sur une juste prévision des événements à venir, elle peut de fait initier des méthodes de prévention des dangers, ce qui est généralement perçu comme un signe d’intelligence. D’autre part, le psychologue Alexander Penney et ses collègues (de l’étude pour le groupe Elsevier)2 qui ont pu interroger plus de 100 étudiants de la Lakehead University (Ontario, Canada) en leur demandant de faire état de leur niveau d’inquiétude, ont découvert un fait intéressant. Les chercheurs ont pu constater que les étudiants les plus angoissés (ceux disant s’inquiéter toujours pour une raison ou pour une autre), obtiennent de meilleurs résultats lorsqu’ils sont soumis à un test mesurant l’intelligence verbale. L’idée selon laquelle les grands inquiets sont plus intelligents que la normale est renforcée par une curieuse expérience menée en 2012 par les psychologues Tsachi Ein-Dor et Orgad Tal, du Centre interdisciplinaire d’Herzliya (Israël)147. Les chercheurs ont infligé des pics de stress (apparemment acciden-

145 SLATE FR, Les QI élevés sont-ils naturellement inquiets? [en ligne], 2015, mise à jour le 2015, disponible sur <http://www.slate.fr/story/100811/qi-intelligence-anxiete>, [consulté le 02-08-2017]. 146 M.Penney Alexander, Miedema C.Victoria, Mazmanian Dwight, «  Intelligence and emotional disorders: Is the worrying and ruminating mind a more intelligent mind?  », Personality and Individual Differences [en ligne], février 2015, vol. 74, pp. 90-93, disponible sur : <http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0191886914005558> [17-122017]. 147 Ein-Dor Tsachi - Tal Orgad, «  Scared saviors: Evidence that people high in attachment anxiety are more effective in alerting others to threat  », Wiley Online Library [en ligne], juin 2012, vol. 1, NO 1, pp. 5, disponible sur : <http:// portal.idc.ac.il/he/schools/psychology/homepage/documents/tsachi-scared%20saviors.pdf> [08-01-2018].

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tels) à quatre-vingts étudiants et auraient découvert chez les grands anxieux des comportements plus alertes et plus efficaces. De plus, selon cette étude, les inquiets auraient perçu les menaces plus rapidement que les personnes calmes. Cela n’a rien d’illogique, car en effet, l’anxieux est constamment aux aguets. De ce fait, les personnes intelligentes pourraient jouir d’une agilité cognitive leur permettant d’examiner toutes les situations sous de multiples angles expliquent Alexander Penney et ses collègues2 :

« Il est possible que les individus dotés d’une grande intelligence verbale soient capables de considérer les événements passés et futurs de façon plus détaillée. Cela les prédispose à des périodes de réflexion et d’inquiétude plus intenses. » Attention, ici l’anxiété se veut associer à l’intelligence mais il est à rappeler que l’intelligence est une notion très complexe. Qu’entend-on réellement lorsque que l’on affirme que l’anxieux est plus intelligent que la normale ? Il n’existe aucune définition de l’intelligence qui fasse l’unanimité. La raison en est probablement que ce mot renvoie à des capacités multiples et variées. C’est pourquoi, il s’avère tout de même nécessaire de prendre les résultats de ces études scientifiques avec des pincettes. Toutefois, ce qui reste sûr, c’est que l’anxiété, dans tout son aspect a priori négatif, peut néanmoins par sa complexité être source de qualités.

02. Un mal être créatif romancé et cultivé Le célèbre tableau expressionniste « Le cri » peint par Edvard Munch en 1893 est certainement l’exemple le plus populaire de la figure torturée des artistes. Effectivement ce tableau illustre parfaitement la tourmente que peut vivre un artiste en prise avec des troubles mentaux. Toutefois, la tourmente de l’artiste n’est pas représentée, comme beaucoup peuvent le croire, par ce personnage qui crie. Car en effet, le personnage central de cette peinture n’est pas en train de crier mais représente plutôt l’image de quelqu’un qui entend un cri, un cri que personne d’autre ne peut détecter.

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Voici ce que Munch a écrit dans son journal en 1891 au sujet du moment qui l’a inspiré :148

« Je marchais sur la route avec deux de mes amis. Puis le soleil s’est couché. Le ciel s’est soudainement transformé en sang, et j’ai senti quelque chose qui ressemblait à un soupçon de mélancolie... Mes amis ont continué et encore une fois je me suis tenu debout, effrayé avec une blessure ouverte dans ma poitrine je me suis tenu immobile, appuyé contre la rambarde, fatigué, mort. Au-dessus du fjord noir bleu et de la ville, des nuages de sang coulaient et ondoyaient. Mes amis continuèrent et je me levai de nouveau, effrayé par cette blessure ouverte dans ma poitrine. Un grand cri transpercé à travers la nature. » Cette image de l’artiste torturé ne dépeint pas, malgré la fausse idée répandue, quelqu’un qui crie mais semble représenter une crise de panique de l’artiste. En tout cas, Munch savait que son angoisse faisait partie de ce qui le rendait intriguant. En revanche d’autres artistes, comme Jean Dubuffet, s’insurgent contre le culte de l’artiste torturé. Jean Dubuffet a voulu, au travers de son travail et de ce qu’il a nommé « l’art brut », dissocier maladie mentale et créativité. L’art brut désigne les productions de personnes exemptes de culture artistique, qui comprend à la fois l’art des fous et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés.149 En créant ce mouvement artistique, J. Dubuffet cherche à dire que tous les créatifs ne sont pas des malades mentaux ni que tous les malades mentaux sont des créatifs.

148 MEDIUM, Requiem For a Scream [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <https://medium.com/ anxy-magazine/requiem-for-a-scream-37563496f142>, [consulté le 2017-12-16]. 149 WIKIPÉDIA, Art Brut [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https:// fr.wikipedia.org/wiki/Art_brut>, [consulté le 08-01-2018].

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« Le cri » peint par Edvard Munch


« Il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des dyspeptiques ou des malades du genou. » Jean Dubuffet150

Jean Dubuffet - Coucou Bazar (installation)

Pourtant une étude menée par le Dr Simon Kyaga de l’Institut suédois Karolinska, publiée en septembre 2012 dans le Journal of Psychiatric Research151, avance qu’il existerait bel et bien un lien entre les personnes créatives et les maladies mentales. En suivant l’évolution de 1.173.763 patients des services de psychiatrie, et de leurs proches, sur une durée de 40 ans, les chercheurs ont étudié les rapports entre professions créatives (artistes, écrivains, musiciens…)

150

WIKIPÉDIA, Art Brut [en ligne], Ibid.

151 NCBI - US NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE NATIONAL INSTITUTES OF HEALTH, Mental illness, suicide and creativity: 40-year prospective total population study. [en ligne], 2012, mise à jour en 2013, disponible sur <https:// www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23063328>, [consulté le 2018-01-06].

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et pathologies mentales (schizophrénie, troubles bipolaires, dépression…) répertoriées grâce à une échelle de référence internationale (CIM : Classification internationale des maladies). Au final, cette étude ne montre pas de lien général entre professions créatives et troubles psychiques, à l’exception du trouble bipolaire. Mais, pris à part, les écrivains se révèlent être de manière statistiquement significative plus à risque pour toutes sortes de pathologies psychiatriques. Schizophrénie, troubles bipolaires, dépression, addictions, troubles anxieux ou suicide : être auteur semble dangereux pour la santé mentale et/ou une santé mentale défaillante semble devoir pousser à l’écriture. Alors certes, il existe peut-être un lien entre créativité et trouble mental, surtout en littérature si l’on en croit cette étude suédoise6, mais comme le dit J. Dubuffet, ce lien n’est pas automatique. Le risque face à cette exposition romancée du mal-être est d’inciter chez les concepteurs l’acceptation de ces souffrances au profit d’une « créativité débridée »... Faut-il réellement considérer l’instabilité comme un terreau fertile de création ? Quoi qu’il en soit, il semblerait que l’anxiété puisse être considérée par certain, d’une certaine façon, comme un atout des créatifs ou plus précisément, des artistes.

03. Le processus créatif, un voyage incertain L’anxiété dite « créative » dans le domaine de la conception, a d’abord été abordée sous le regard du mal être interne du créatif. Or il ne faut pas oublier que le fait de créer, en soit, est instable. Le processus créatif exige que l’on ne sache pas avant de trouver : c’est un voyage dans l’inconnu. Et pourtant les créatifs veulent trouver avant d’avoir commencer : ils veulent une sorte de garantie du succès. Mais cette garantie n’existe pas, c’est bien ça le problème ! Ce voyage sans destination annoncée est la source d’anxiété du processus créatif. La créativité est une discipline qui demande une posture d’ouverture, de faire confiance à son instinct, d’explorer de nouveaux horizons, de prendre des risques, sortir des sentiers battus. Et pour ça il faut s’affranchir de la peur de l’échec et du ridicule, essayer de nouvelles choses, avoir des buts audacieux et foncer ! Le processus créatif c’est aussi apprendre à sortir du paradigme du « OU » pour entrer dans l’ère du « ET SI ? ». Exemple : « On pourrait utiliser cette technique ou ce procédé. » VS « Et si on imaginait une manière de faire ? »

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Dans la création, le choix (représenté par la conjonction « OU ») rassure, car déjà présent, tandis que la supposition (représentée par « ET SI ? ») peut rendre anxieux, car future et incertaine. Et pourtant comme nous avons pu le voir dans le premier chapitre de ce mémoire, la notion de contrôle est assez importante auprès des personnalités enclines à l’anxiété. Ce qui est paradoxal quand on sait qu’il existe un lien entre l’imagination et l’anxiété. Et pour cause, d’un côté l’anxieux se rassure en tentant de tout contrôler, et de l’autre, il a cette faculté d’imagination, de raisonnement par suppositions (« ET SI ? »). L’anxieux semble donc prédisposé à être créatif en dépit du côté imprévisible et incontrôlable du processus créatif. Le psychologue Robert Maurer152, a travaillé avec de nombreux écrivains et d’autres créatifs, et pense que la peur peut être indispensable à l’expression créative. « La peur, c’est bien », disait-il dans une interview. Enfants, la peur fait naturellement partie de notre vie, mais adultes, nous considérons la peur, l’anxiété comme des maladies. Or ce ne sont pas des maladies mais des systèmes d’alertes de nos états émotionnels. Les enfants disent qu’ils ont peur, mais les adultes utilisent les termes cliniques d’anxiété ou de dépression. L’enfant vit ses émotions de manière directe, tandis que l’adulte, qui aura tendance à les intérioriser, va les prolonger en sentiments. Un créatif ne devrait pas considérer la peur comme quelque chose de mauvais, mais comme quelque chose de naturel et essentiel. Selon le psychologue R. Maurer, accepter et travailler avec la peur ferait partie du processus créatif. Mais finalement, quelles sont les sources d’anxiété créative ? Dans une interview d’un éditeur sur son nouveau livre Mastering Creative Anxiety, le coach de créativité et psychologue Eric Maisel153 explique : « Tout d’abord, tant de choses sont en jeu. Pour quelqu’un qui s’identifie comme écrivain, peintre, compositeur, scientifique, inventeur, etc., son identité et son ego sont inhérentes à son travail de création. Quand ce que nous faisons compte autant, nous devenons naturellement anxieux. » Il semblerait donc que l’implication émotionnelle du concepteur dans sa création soit à l’origine de ses états d’anxiété.

152 PSYCHCENTRAL, Creative Anxiety – So Much On The Line [en ligne], 1995, mise à jour le 2011, disponible sur <https://blogs.psychcentral.com/creative-mind/2011/03/creative-anxiety-so-much-on-the-line/>, [consulté le 2017-1217]. 153

MAISEL ERIC., Mastering Creative Anxiety (2011), États-Unis, New World Library, 2011, 272 p.

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« Ne craignez pas la perfection, vous ne l’atteindrez jamais »

Salvador Dali154

Et pourtant, cette célèbre phrase de Dali exprime d’une certaine manière, selon mon interprétation, au combien l’acte créatif est un avant tout un acte libéré, dénué de toute réflexion anxiogène polluante. Le créateur est, certes impliqué émotionnellement dans sa création, mais doit, pour son bien-être, prendre du recul sur son travail afin d’éviter que l’anxiété s’installe.

04. Tous différents dans l’anxiété L’anxiété créative est un état psychique très subjectif qui tantôt peut être perçu comme un accélérateur tantôt comme un frein à la créativité selon les personnes. L’implication émotionnelle du concepteur qui semble être à l’origine de son anxiété, puise ses craintes dans différentes topologies de contraintes créatives. Afin d’étayer ces dires, voici ci-dessous des extraits de témoignages recueillis par mes soins ainsi que des extraits d’articles en ligne s’intéressant aux créatifs, non pas artistes mais designers, marketing manager, consultants etc. Parmi l’ensemble de ces retours d’expériences personnels de créatifs, deux types de contraintes créatives principales semblent se dégager : - les contraintes inhérentes, celles qui font partie du projet (les deadlines liées au facteur temps) - les contraintes personnelles, celles que l’on s’impose (le manque de confiance en soi ou le manque d’inspiration liés à la peur de l’échec). 1- La contrainte de temps Une deadline (date limite) permet d’éliminer les choses parasites, et nous permet d’être concentré uniquement sur le problème, explique Richard Boyatzis155, professeur à la Case Western Reserve University, qui étudie le comportement organisationnel et les sciences cognitives. Pour lui, le rôle des deadlines est bien celui-ci, rester focus sur le problème. Il existe finalement une grande différence entre « les délais entravent la créativité » et « nous ne devrions pas avoir de délais » parce que souvent, « fait » est mieux que parfait mais inachevé.

154 LINTERNAUTE, Salvador Dali [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.linternaute.com/citation/18615/ne-craignez-pas-la-perfection--vous-n-y-parviendrez-jamais----salvadordali/>, [consulté le 02-08-2017]. 155 FAST COMPANY, The Case For And Against Stressful Deadlines [en ligne], 2014, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.fastcompany.com/3030567/the-case-for-and-against-stressful-deadlines>, [consulté le 201801-07].

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Le professeur R. Boyatzis pense en revanche qu’une deadline est plus engageante et moins stressante si elle est déterminée par soi-même. Il en est de même si l’on se fixe plusieurs petites deadlines qu’une seule et grosse date butoir. Encore une fois, nous sommes tous différents face aux peurs générées par les contraintes créatives. Teresa Amabile9, professeure à la Harvard Business School, a pu récolter des centaines de journaux intimes de créatifs tenus sur plusieurs années, et les a analysés pour déterminer leur humeur, la qualité de leur travail, etc. Alors que les participants ont témoigné d’une pensée moins créative les jours pressés par le temps, certains ont dit qu’ils se sentaient plus créatifs ces jours-là. Pour T. Amabile, les participants pensaient paradoxalement qu’ils faisaient de leur mieux alors qu’ils ne le faisaient en réalité pas forcément puisque forcés par le temps. Il existe donc des différences de comportements créatifs entre les individus face aux deadlines. Parmi ceux considérant les contraintes de temps bénéfiques à la créativité, il existe néanmoins un certain nombre de créatifs qui se trompent sur la qualité de ces moments sous pression. Il faut éviter les contraintes de temps très élevées si l’on veut encourager la créativité de façon constante affirme T. Amabile...

Tu me montres quelqu’un qui dit:« Je suis accro à l’adrénaline, je fais de mon mieux sous le stress », et je te montre un idiot. Richard Boyatzis, Pr. en comportement organisationnel et sciences cognitives.156

2- Les contraintes personnelles L’anxieux « de nature » est bien souvent à même de se créer ses propres peurs, ses propres contraintes qui entraveront sa créativité. Pour en être certain, j’ai pu rencontrer Indra Kupferschmid, membre d’une communauté internationale de typographes féminines nommée Alphabettes (une vitrine pour le travail, les commentaires et la recherche sur le lettrage, la typographie et la conception de caractères promouvant la présence des femmes dans le métier) et échanger avec elle sur ces questions. Ayant suscité son intérêt, Indra m’a alors proposé de partager mes questionnements à l’ensemble de sa communauté de créatifs.

156

FAST COMPANY, The Case For And Against Stressful Deadlines [en ligne], Ibid.

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Portrait de la designer graphique australienne Nicole Arnett Phillips

C’est la designer graphique australienne Nicole Arnett Phillips qui a répondu par son expérience au travers d’un article dédié. À la question « Est-ce qu’un certain degré d’incertitude et d’anxiété est nécessaire ou non à la créativité ? »157 voici ce que Nicole a pu répondre :

« Je ne sais pas si l’anxiété est nécessaire aux pratiques créatives, mais c’est certainement quelque chose avec laquelle je me bats dans la vie en général ! (J’ai un trouble obsessionnelcompulsif, de l’anxiété et plusieurs crises de panique - mon travail est absolument un déclencheur). Je crois que la créativité exige du courage - et à l’époque, je manquais de confiance en mes capacités créatives - et en moi-même. Je savais que mon attitude

157 ALPHABETTES, Dear Alphabettes: Freelancing and working from home [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.alphabettes.org/dear-alphabettes-freelancing-and-working-from-home/>, [consulté le 2017-08-13].

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envers mon travail (et le manque de confiance) était le plus grand problème que je devais surmonter - j’ai donc pris l’habitude de jouer de façon créative (j’appelle ça la pratique passionnée), sans idées préconçues sur ce à quoi quelque chose devrait ressembler - ou sur la façon dont il devrait être préformé. J’ai commencé à prendre des risques dans mon propre travail, je me suis donné la permission d’enfreindre les règles et de me tromper. La peur peut être paralysante... la peur de l’échec est un problème beaucoup plus grave que l’échec réel. Alors soyez courageux, prenez des risques, prenez l’habitude du jeu créatif. (Vous n’avez pas besoin d’énormes budgets ou de clients parfaits pour faire le travail que vous voulez faire vous pouvez créer ce travail pour vousmême. Adoptez une approche de pratique passionnée pour votre apprentissage continu et votre avancement. »

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L’expérience de Nicole est riche en enseignements. Son témoignage, et notamment son point de vue concernant la peur de l’échec, rejoint parfaitement ce que l’écrivaine Karen Thompson Walker158 nous apprenait dans le chapitre 4 (Contrôler sa vie) de la partie 2 de ce mémoire ; à savoir que pour surmonter ses peurs, il est important d’agir. Et c’est en ça que son retour d’expérience s’avère pertinent. Prendre des risques, agir, jouer sont des comportements favorables à la créativité. Pour Warren, graphiste et auteur de l’article Anxiety by Design sur son site because-love.net159, avoir de l’anxiété en tant que graphiste, c’est comme être pilote avec une peur des hauteurs.

« En tant que designer, vous devez être un expert dans la création et le tri des idées pour trouver celle qui s’adapte le mieux au projet. Vous devez également collaborer avec vos clients, accepter les critiques et gérer votre temps efficacement. Donc, pour quelqu’un comme moi (qui a une légère crise d’anxiété à la moindre tension) la pression d’avoir tant de choses à faire sur un projet a déclenché chez moi des réactions assez folles. Je tergiversais, je devenais frustré, irritable et généralement déprimé. Command-Z est pour moi le meilleur et le pire ami du perfectionniste. Être capable d’annuler les erreurs est une bénédiction

158

TED, What fear can teach us? [2012], op. sit.

159 BECAUSE LOVE, Anxiety by Design [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://because-love.net/poster/anxiety-design/>, [consulté le 2017-08-13].

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et une malédiction, parce que cela ouvre tellement plus d’occasions de s’attarder sur vos actions. Le perfectionnisme est un piège que j’ai créé pour me paralyser avec la peur afin de ne pas être blessé. Je sais qu’échouer ne signifie pas que je suis sans valeur. Cela signifie que je suis en vie et que j’apprends. » En résumé, ce sont bien les contraintes, qu’elles soient internes ou externes, qui peuvent provoquer ou amplifier ces sentiments d’anxiété créative. Alors bien sûr les contraintes sont généralement perçues comme un moteur créatif, mais entendons bien qu’ici il s’agit de contraintes anxiogènes (deadline serrée, manque d’inspiration, manque de confiance en soi). Face à elles, encore une fois chaque individu étant complexe et singulier, nous ne pouvons donc pas déterminer si oui ou non ces contraintes sont strictement négatives et contre-productives ou au contraire positives et stimulantes pour d’autres. Par contre, comme l’explique la professeure d’Harvard Business School T. Amabile160, un peu de pression aide à rester concentré sur sa tâche créative. En revanche dans un contexte de création collective (agence, entreprise, studio, etc), ce qui est sûr, c’est que le management a un rôle important à jouer. Les bons managers savent que les gens réagissent différemment aux différentes motivations. Et oui, dans une équipe, certains ont besoin de contrôles plus fréquents. Ces membres ne sont pas de mauvais éléments, ce sont juste des équipiers nécessitant une gestion humaine différente. Un bon management signifie apprendre à connaître les gens avec qui l’on travaille et utiliser les échéances comme un outil disponible pour obtenir un bon travail en temps opportun explique Laura Vanderkam12 (auteur de plusieurs livres sur la gestion du temps et la productivité). Le manageur peut ainsi être amené à jouer un rôle de catalyseur d’anxiété auprès de ses différents collaborateurs afin d’en tirer le meilleur de chacun.

160 FAST COMPANY, The Case For And Against Stressful Deadlines [en ligne], 2014, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.fastcompany.com/3030567/the-case-for-and-against-stressful-deadlines>, [consulté le 201801-07].

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05. Maîtriser ou accepter l’anxiété créative Si le management est un processus permettant de diminuer l’anxiété auprès des collaborateurs afin qu’ils soient le plus motivés possible, il est tout à fait pertinent de se demander si oui ou non il faut maîtriser cette anxiété créative. Pour le dr. Eric Maisel161, psychothérapeute américain, enseignant, auteur et très largement reconnu comme un des meilleurs coachs en créativité aux États-Unis il est tout à fait possible de gérer cette anxiété. L’envie de maîtriser l’anxiété chez les créatifs a d’ailleurs fait l’objet de l’un de ses ouvrages. En effet il donne dans son livre intitulé Mastering Creative Anxiety162 24 techniques de management de l’anxiété. Pour lui, dès l’instant que nous reconnaissions et acceptions que l’anxiété fasse partie du processus créatif, il est tout à fait possible de gérer cette anxiété. Voici ci-dessous une petite sélection des techniques de management de l’anxiété créative : Une des techniques que donne le Dr. Maisel est le choix de l’attitude. Comme il le rapporte, nous pouvons choisir d’aborder la vie avec anxiété ou nous pouvons choisir de l’aborder calmement. Tout est une question de choix. Il s’agit de retourner un interrupteur interne que nous seul pouvons contrôler. Cette technique fait écho à la capacité de perception de l’anxieux que nous avons pu aborder dans la partie 1 « L’anxiété et l’imagination » du chapitre 3. Une autre technique appelée « Amélioration de l’évaluation » rejoint cette dernière. Au delà du choix, nous pouvons également travailler sur le refus d’évaluer les situations comme étant plus importantes, plus dangereuses ou plus négatives qu’elles ne le sont réellement. Les enjeux d’un projet de design comportent par exemple certains enjeux mineurs alors que d’autres ont des conséquences incroyables. Le rôle du designer ici, est d’être clairvoyant dans la perception du projet afin d’en saisir les opportunités cachées afin d’innover dans sa réponse. Pour cela, le créatif, si l’on en croit les techniques du Dr. Maisel, doit établir un mode de vie sain et paisible. La clairvoyance du designer ne peut s’obtenir par un mode de vie rempli de retard chronique, de désorganisation et de pression quotidienne fabriquant de l’anxiété. Car, en effet, il est difficile de faire face à l’anxiété créative dans sa vie si son mode de vie lui-même est rempli d’anxiété.

161 PSYCHCENTRAL, Creative Anxiety – So Much On The Line [en ligne], 1995, mise à jour le 2011, disponible sur <https://blogs.psychcentral.com/creative-mind/2011/03/creative-anxiety-so-much-on-the-line/>, [consulté le 2017-1217]. 162

MAISEL ERIC., Mastering Creative Anxiety (2011), États-Unis, New World Library, 2011, pp 272.

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La technique du travail cognitif permet de changer la façon dont on pense et elle est probablement la stratégie anti-anxiété la plus utile et la plus puissante. Il est tout à fait envisageable d’inclure cette technique dans le mode vie sain recommandé précédemment. En 3 étapes, il suffit de 1) remarquer ce que l’on se dit à soi-même ; 2) contester le discours personnel qui nous rend anxieux ou qui ne nous sert pas; et 3) substituer un discours personnel plus affirmatif, positif ou utile. Ce qui est intéressant dans cette technique, c’est le détachement objectif de son discours. Cette posture s’apparente à celle du designer face aux problèmes de ses usagers par le biais de l’empathie. Le designer semble donc avoir une facilité à analyser consciemment et objectivement ses états-d’âme. Quoiqu’il en soit, si l’anxiété est déjà présente, il est encore possible de la maîtriser. Une des techniques les plus simples pour la canaliser est la respiration profonde. En s’arrêtant pour respirer profondément (5 secondes sur l’inspiration, 5 secondes sur l’expiration) nous stoppons la pression et nous communiquons à notre corps notre besoin de calme. Pour le Dr. Maisel163, il est judicieux d’incorporer des respirations profondes dans notre routine quotidienne, surtout lorsque l’on pense à nos projets créatifs. Il existe aussi des techniques de « décharges » qui permettent d’évacuer le stress accumulé dans le corps comme le cri silencieux n’émettant aucun son mais reproduisant les gestes faciaux et les intentions du corps. Ou bien des pompes et autres gestes physiques forts de toutes sortes afin d’aider à libérer le « veni » du stress et à le faire sortir de l’organisme. Pour résumer, le plus simple reste à se rappeler de respirer. Quelques respirations de purification profonde peuvent faire des merveilles pour réduire l’anxiété. La technique la plus importante pour gérer son anxiété est probablement le travail cognitif, qui cherche à transformer les pensées anxieuses en pensées plus calmes et plus productives. La création d’un mode de vie qui favorise le calme est également très important. Mais comme le dit le Dr. Maisel, ces techniques doivent être pratiquées et utilisées. Pour obtenir des résultats dans la gestion de son anxiété créative, il est important de choisir les techniques appropriées à chacun et faire soi-même le travail. Et pour cause l’anxiété, créative ou non, provient bel et bien de l’intérieur : des sentiments, des craintes et de la perception de chacun.

163 CREATIVITY PORTAL, Mastering Creative Anxiety: 15 Anxiety Management Techniques [en ligne], 2000, mise à jour le 2016, disponible sur <http://www.creativity-portal.com/articles/eric-maisel/mastering-creative-anxiety.html#. WlN1FFQxG2w>, [consulté le 2017-12-13].

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L’environnement (physique et/ou contextuel) de l’individu joue également un grand rôle dans la genèse de nos pensées anxieuses de créateur. Tout comme le fait de créer en lui-même, car, rappelons-le, créer, par définition, provient d’une diminution du contrôle des pensées provoquant en quelque sorte une discipline intellectuelle instinctive164. Ce voyage dans l’inconnu que représente la création peut ainsi provoquer de l’anxiété auprès du créatif. Le processus créatif est lui-même potentiellement anxiogène. C’est un élément majeur de l’anxiété du créatif qui s’incarne énormément dans son travail. Au delà du processus de création, des éléments externes viennent s’ajouter à cette genèse de pensées anxieuses de conception. L’environnement, le rythme de conception, la situation des créatifs peuvent y contribuer. Qu’en est-il du travail de création lorsque l’imprévisible fait partie du quotidien ?

164 SCIENCES ET AVENIR, Le génie, une affaire de créativité [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-genie-une-affaire-de-creativite_28354>, [consulté le 2017-12-16].

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Partie III-3

3 - L’influence de l’anxiété créative dans le quotidien du freelance 01. La situation Freelance La vie en freelance, bien plus qu’un statut, est un mode de vie qui peut générer des situations anxiogènes supplémentaires et ce, quotidiennement. Sa nature flexible ou instable selon le point de vue en est une cause. Nous verrons par la suite quelles sont les autres sources d’anxiété d’un freelance à la maison. Mais d’abord, qu’entend-on par freelance ? Avant toute chose il faut savoir que le freelance est une tranche très précise de ceux qu’on appelle les indépendants. En effet il existe en France plusieurs familles d’indépendants165 : - Les auto-entrepreneurs (micro-entrepreneurs depuis janvier 2016) - Les salariés portés (liés à une société de portage salarial) - Les autres entrepreneurs (parmi lesquels essentiellement des personnes en Entreprise Individuelle, SARL ou à statuts multiples). En France, selon une étude Hopwork/Ouishare166 réalisée en 2017 il y aurait pas moins de 2 850 000 indépendants tous confondus, ce qui représente environ 10% de la population active. Parmi ces 2 850 000 indépendants, on retrouve 1 100 000 indépendants employeurs, possédant leur entreprise (EI, EIRL, EURL), les artisans, commerçants, professions libérales... L’autre moitié est constituée de 1 750 000 indépendants sans salarié. Dans cette catégorie d’indépendant sans salarié on retrouve une sous-catégorie d’indépendant très précise, celle des freelances. Au nombre de 830 000 en 2017 selon l’étude Hopwork/Ouishare, leur nombre ne fait qu’accroître au fil des années. Toujours selon Hopwork, il y aurait eu +52% de freelance en 10 ans en France, ce qui représente +8,5% / an.

165 FONDATION TRAVAILLER AUTREMENT, Étude – Les travailleurs indépendants : identités, perceptions, besoins [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.fondation-travailler-autrement.org/etudes/ travailleurs-independants-identites-perceptions-besoins/>, [consulté le 2018-01-02]. 166 HOPWORK, Le freelancing en France [en ligne], 2013, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.malt.fr/ etude-freelance-2017>, [consulté le 2017-07-13].

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Les freelances sont des indépendants sans fond de commerce et qui n’appartiennent pas à une profession réglementée. Majoritairement des travailleurs hautement qualifiés (consultant, expert marketing, designer, développeur

indépendants sansdusalarié informatique, rédacteur, chef de projet...). La plupart temps, les freelances sont des prestataires de services n’ayant pour matériel de travail que leur ordinateur. Les freelances sont des travailleurs nomades, qui peuvent exercer depuis leur domicile sur la table du salon, dans le canapé ou en terrasse... Une autre étude à paraître bientôt et proposée par l’initiative « 1 Vie de Freelance »1 estime qu’ils sont en moyenne 88% à travailler depuis leur domicile. Sinon les freelances peuvent louer un bureau ou faire partie d’un espace de co-working indépendants employeurs pour exercer leur activité dans la semaine. S’ils sont si nomades, c’est qu’ils se retrouvent à 80% du temps de travail seuls, peut-on lire dans le journal d’économie Économie Matin.2 Qui sont-ils ? Avec une moyenne d’âge de 35 ans, les freelances sont des personnes qui tentent l’aventure après plusieurs années de salariat en s’appuyant sur une expérience solide qui les rend plus légitimes et confiants. Mais attention, les freelances ce sont aussi de jeunes ambitieux qui se lancent dans l’aventure de l’entrepreneuriat ! Représenté par 40% de femmes contre 60% d’hommes, le freelancing s’avère relativement équilibré. Ces hommes et femmes, comme nous le rapporte l’étude Hopwork/Ouishare, travaillent majoritairement dans les métiers créatifs (27%), les métiers de l’informatique (26%) et le marketing et la communication (24%).3 Par ces chiffres, il apparaît alors qu’une part importante des créatifs ait choisi d’exercer leur activité en freelance. Le freelancing est-il un choix leur permettant d’être plus épanouis et sereins ?

2) Freelance : Choisir ou subir Afin de déterminer si oui ou non, être freelance est un choix personnel ou une obligation, j’ai décidé de solliciter les créatifs de mon entourage en leur posant ces questions :

1 TWITTER, uneviedefreelance [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://twitter.com/1viedefreelance>, [consulté le 2017-11-13]. 2 ECONOMIE MATIN, La vérité sur le télétravail [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www. economiematin.fr/news-teletravail-emploi-forme-internet-argent-systeme-management-choisy>, [consulté le 201801-02]. 3

Étude Hopwork/Ouishare 2017 Auprès de 1014 freelances dans les services aux ETS

freelances


Mais qu’est-ce qu’un freelance ? Les freelances sont des indépendants sans fond de commerce et qui n’appartiennent pas à une profession réglementée. Majoritairement des travailleurs hautement qualifiés (consultant, expert marketing, designer, développeur informatique, rédacteur, chef de projet...). La plupart du temps, les freelances sont des prestataires de services n’ayant pour matériel de travail que leur ordinateur. Les freelances sont des travailleurs nomades, qui peuvent exercer depuis leur domicile sur la table du salon, dans le canapé ou en terrasse... Une autre étude à paraître bientôt et proposée par l’initiative « 1 Vie de Freelance »167 estime qu’ils sont en moyenne 88% à travailler depuis leur domicile. Sinon les freelances peuvent louer un bureau ou faire partie d’un espace de co-working pour exercer leur activité dans la semaine. S’ils sont si nomades, c’est qu’ils se retrouvent à 80% du temps de travail seuls, peut-on lire dans le journal d’économie Économie Matin.168 Qui sont-ils ? Avec une moyenne d’âge de 35 ans, les freelances sont des personnes qui tentent l’aventure après plusieurs années de salariat en s’appuyant sur une expérience solide qui les rend plus légitimes et confiants. Mais attention, les freelances ce sont aussi de jeunes ambitieux qui se lancent dans l’aventure de l’entrepreneuriat ! Représenté par 40% de femmes contre 60% d’hommes, le freelancing s’avère relativement équilibré. Ces hommes et femmes, comme nous le rapporte l’étude Hopwork/Ouishare, travaillent majoritairement dans les métiers créatifs (27%), les métiers de l’informatique (26%) et le marketing et la communication (24%).169 Par ces chiffres, il apparaît alors qu’une part importante des créatifs ait choisi d’exercer leur activité en freelance. Le freelancing est-il un choix leur permettant d’être plus épanouis et sereins ?

167 TWITTER, uneviedefreelance [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://twitter.com/1viedefreelance>, [consulté le 2017-11-13]. 168 ECONOMIE MATIN, La vérité sur le télétravail [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www. economiematin.fr/news-teletravail-emploi-forme-internet-argent-systeme-management-choisy>, [consulté le 201801-02]. 169

Étude Hopwork/Ouishare 2017 Auprès de 1014 freelances dans les services aux ETS

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02. Freelance : Choisir ou subir Afin de déterminer si oui ou non, être freelance est un choix personnel ou une obligation, j’ai décidé de solliciter les créatifs de mon entourage en leur posant ces questions :

« Devenir freelance a t-il était un choix ou une nécessité ? Quelles sont les raisons et les motivations t’ayant amené à être freelance ? » Pierre, 25 ans, graphiste et sérigraphe à son compte depuis 3 ans estime que c’est un vrai choix pour sa part. « J’ai toujours eu cette ambition de lancer mon activité, encore plus après avoir effectué mon stage de BTS chez un free. N’étant pas un fan des études, j’ai trouvé logique de tenter l’expérience sans passer par la case d’envoi de CV sans réponses. De toute manière, si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferais peut-être jamais. Et puis, financièrement tu n’as pas besoin de grand chose pour t’installer, il te faut un ordinateur, une connexion internet et une suite Adobe ! » François, 49 ans, photographe et graphiste depuis 2 ans pour la seconde fois (après une première expérience d’indépendant quelques années auparavant) déclare avoir fait un non-choix. « Je me suis remis free un peu par hasard alors que je déménageais de région parisienne pour la province. C’est plus un choix de vie qu’un choix professionnel. Il y a également mon profil de senior couteau suisse qui m’a poussé à me rendre indépendant. À mon âge, les agences recherchent plutôt des spécialistes. Un senior touche-à-tout coûte trop cher par rapport à un jeune moins expérimenté. Il existe un peu un phénomène de jeunisme dans les agences si je puis-dire... » Nathan, 23 ans, graphiste Freelance pendant un an à la suite de ses études a choisi le freelance après une mauvaise expérience. « Ça a été une nécessité pour moi d’être free après les études. Pendant ma dernière année j’ai eu une mauvaise expérience de stage en agence où j’ai frôlé le burn-out. Le freelance a malgré tout été difficile (pas assez de projets), heureusement j’ai retrouvé une agence qui me convient aujourd’hui. »

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Emmanuelle, 25 ans, webdesigner depuis 8 mois a également fait un non-choix. « J’ai quitté mon ancien travail ou je commençais à m’ennuyer pour un nouveau. Je n’ai pas forcement été bien accueillie par toute l’équipe, les projets ne me convenaient pas, la philosophie et les méthodes de travail qui étaient utilisées non plus. Bref, après ma période d’essai, je ne voulais plus être salariée. Je voulais faire les choses « à ma sauce ». J’ai donc subi ce choix puisque ce n’était pas mon objectif de l’année, mais je l’ai également choisi puisque j’ai refusé les potentielles offres d’emploi pour tester l’aventure pendant 1 an. Ce qui m’a motivé c’est la liberté. De travailler quand je veux, comment je veux, avec qui je veux, et d’où je veux. » Comme on peut le voir à travers ces témoignages, certains tentent l’aventure free car c’est un rêve, un objectif. D’autres au contraire, par manque d’opportunités ou de demandes sur le marché font un non-choix et subissent a priori une situation. Cette situation subie prend parfois la forme de salariat déguisé. Certaines entreprises, frileuses à l’embauche, détournent le statut juridique de micro-entrepreneur en un avantage fiscales pour elles. En effet, lorsque le freelance est amené à venir travailler très régulièrement dans une entreprise voire continuellement, sans contrat de travail à durée déterminée ou indéterminée (CDD, CDI), il devient ce qu’on appelle un salarié déguisé. Ce phénomène, impossible à quantifier, est de plus en plus utilisé auprès des jeunes diplômés cherchant à s’insérer dans le monde du travail... Ici, la volonté d’être freelance repose avant tout sur l’ambition de devenir entrepreneur ou non. Le freelance qui se retrouve indépendant par défaut ne semble pas être le plus épanoui et préparé d’entre eux.

03. Freelance, reflet d’une société L’indépendance, ce phénomène croissant, qui séduit les jeunes comme les moins jeunes émane des mutations du monde du travail : désir d’autonomie, rêve de liberté, chômage, bouleversements technologiques… Depuis la création du statut auto-entrepreneur en 2009 (devenu micro-entrepreneur), l’indépendance est devenue bien plus qu’un phénomène de mode, le travail indépendant est devenue un fait économique et de société en pleine croissance induits par l’essor du numérique et du contexte économique actuel. Si bien que, selon une étude de l’INSEE170 de juin 2017, près de 40% des créa-

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Source : INSEE - Base de données Sirene Juin 2017 - Traitement : AFE

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tions d’entreprises de 2016 sont des micro-entreprises. Outre Atlantique, selon MBO Parters171, le nombre de travailleurs indépendants des États-Unis devrait dépasser celui des salariés d’ici 2020... Les entreprises n’embauchent plus seulement des pigistes pour des projets ponctuels, comme elles avaient tendance à le faire dans le passé notamment dans la photographie. Elles se tournent désormais vers des freelances dans le but de créer une équipe qui complète leurs employés en interne ou alors pour des missions qui demandent une expertise que l’entreprise ne possède pas. L’indépendance du travailleur, encore plus prisée au États-Unis, fait l’objet d’un phénomène économique que l’on appelle la « gig economy ». Cette nouvelle expression représente l’économie des petits boulots. Pour Marc Fiorentino172, auteur d’un article sur la gig economy dans monfinancier.com, les 40% de travailleurs indépendants américains de 2020 seront en fait des travailleurs à petits jobs sans aucune stabilité. La démocrate Elisabeth Warren8, en pleine campagne électorale des présidentielles américaines de 2016 dénonçait également l’arnaque de la flexibilité et de l’indépendance au profit des entreprises évitant d’offrir à des employés de fait le statut d’employé. Cette tendance de la gig economy est également plus connue sous le nom d’« ubérisation du travail ». « L’ubérisation » est le nom donné à l’essor des modèles d’économie collaborative (portées et alimentées par des start ups comme Uber ou Airbnb), qui s’affranchissent du salariat pour s’assurer les services de travailleurs indépendants comme le définit LeMonde.fr.173 Il ne faut cependant pas confondre l’indépendant freelance, ce travailleur hautement qualifié en quête de liberté et d’entreprenariat à l’indépendant de la gig economy, pourvoyant une main d’œuvre à la demande pour de petits boulots précaires.

171 MBO PARTNERS, Majority of workforce will be independent by 2020 [en ligne], 2012, mise à jour le 2012, disponible sur <https://www.mbopartners.com/press-releases/majority-workforce-will-be-independent-2020>, [consulté le 2018-01-02]. 172 MON FINANCIER.COM, La gig economy [en ligne], 2008, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www. monfinancier.com/la-gig-economy-23821.html>, [consulté le 2018-01-02]. 173 LEMONDE.FR, L’«  ubérisation  » du travail [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www. lemonde.fr/programmes/entreprises-et-industrie/l-uberisation-du-travail>, [consulté le 2018-01-02].

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04. Les sources et conséquences de l’anxiété d’un freelance à la maison Au vu du nombre croissant d’indépendants et plus précisément de freelance, il est tout à fait légitime de se questionner sur les problèmes émergeants causés par cette nouvelle organisation du travail. Comme nous avons pu le voir précédemment, 88%174 d’entre eux travaillent depuis leur domicile. Dans un monde du travail décentralisé où l’autonomie et la liberté sont plébiscitées par de plus en plus de travailleurs, le travail à la maison ou « homeworking » est perçu comme la solution idéale permettant d’obtenir un juste équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Mais selon l’étude portée par la Fondation travailler autrement175, 39% des auto-entrepreneurs émettraient également des avis négatifs sur leur statut. Je me suis donc intéressé aux difficultés rencontrées par les freelances en interrogeant les designers graphiques, web designers, photographes et autres créatifs sollicités précédemment. Voici une synthèse des difficultés rencontrées par ces derniers, classées a posteriori par mes soins ; avec d’un côté les difficultés liées au fait de travailler à son domicile, et de l’autre les difficultés liées au fait d’être entrepreneur :

MAISON

ENTREPRENARIAT

Séparation vie pro/vie perso

Surcharge ou manque de travail

Isolement, solitude

Organisation, procrastination

Déconcentration

Savoir tout faire

Absence de travail d’équipe

Horaires irréguliers

Pas de répit

Incertitude financière

Manque de visibilité

Démarcher, entretenir le contact

Avoir un réseau

174 TWITTER, uneviedefreelance [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://twitter.com/1viedefreelance>, [consulté le 2017-11-13]. 175 FONDATION TRAVAILLER AUTREMENT, Étude – Les travailleurs indépendants : identités, perceptions, besoins [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.fondation-travailler-autrement.org/etudes/ travailleurs-independants-identites-perceptions-besoins/>, [consulté le 2018-01-02].

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Ce qui ressort de ces différents entretiens fait parfaitement écho ce que l’on peut-lire dans l’étude de la Fondation Travailler Autrement ou dans les articles « La vérité sur le télétravail » du site economiematin.fr176 ou « Quelles sont les difficultés du travailleur indépendant? » du blog freelance Humaniance.com177. Par cette synthèse représentée sous la forme d’un tableau divisé en deux parties, il est assez évident de dire qu’environ la moitié de leurs difficultés provient de leur environnement de travail (seul à la maison) tandis que l’autre est issue du fait de diriger son entreprise (aventure floue et inconnue). Ces deux causes sont bel et bien les principaux changements induits par la « révolution freelance » affectant les créatifs (plus sensibles à ces pressions) et tout autre topologie de profils d’indépendants (consultant, développeurs, expert marketing...). C’est la somme de ces difficultés qui peuvent peser sur le moral et la santé mentale des freelances. Ces soucis peuvent être à l’origine d’anxiété chronique chez le travailleur indépendant. Mais alors, quelle influence a l’anxiété quotidienne d’un freelance sur son travail de création ? Si l’on en croit le témoignage du journaliste Michael Stahl, dans son article « The Extreme Anxiety of Being a Freelancer »178 pour le magazine Bien-être, santé et science Tonic, l’anxiété croissante provoquerait tout d’abord une obsession temporelle. En effet le temps devient un élément central dans la vie du freelance. Ce manque de temps est induit par la partie entrepreneuriale du freelance (démarchage, facturation, entretenir le réseau...) ainsi que par le mélange de sa vie personnelle dans sa vie professionnelle (tâches ménagères, horaires incertains...). Il en résulte alors un manque de temps alloué à la création et conception pure des projets. François, le graphiste de 49 ans que j’ai interrogé, m’a avoué dépenser beaucoup de temps et d’énergie à entretenir ses relations professionnelles, à facturer, démarcher etc. « J’aimerais consacrer plus de temps à la création graphique car c’est ce qui m’excite et me rend heureux. Cela m’aiderait sûrement à être plus serein dans mon activité. »

176 ECONOMIE MATIN, La vérité sur le télétravail [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www. economiematin.fr/news-teletravail-emploi-forme-internet-argent-systeme-management-choisy>, [consulté le 201801-02]. 177 HUMANIANCE BLOG, Quelles sont les principales difficultés du travailleur indépendant ? [en ligne], 2014, mise à jour le 2015, disponible sur <http://www.humaniance.com/blog/travailleur-independant-difficultes.html>, [consulté le 2018-01-03]. 178 TONIC.VICE, The Extreme Anxiety of Being a Freelancer [en ligne], 2017, mise à jour en 2017, disponible sur <https://tonic.vice.com/en_us/article/qvd5pb/the-extreme-anxiety-of-being-a-freelancer>, [consulté le 2017-08-27].

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Ces propos font écho à ce que la professeure de la Harvard Business School T. Amabile affirme dans la partie « L’anxiété créative un mal pour un bien » du chapitre 3179 : « Il faut éviter les contraintes de temps très élevées si l’on veut encourager la créativité de façon constante ». Il semble donc important de ne pas lésiner sur ce temps de création. Et pour cause, cette contrainte subie ou auto-imposée qu’est le temps de travail du freelance peut provoquer et amplifier ses sentiments d’anxiété créative. Frustré, irrité, et parfois même déprimé, ces créatifs freelances ne peuvent explorer de nouvelles idées et se cantonnent souvent aux premières idées. Une autre raison les empêchant de sortir de cette anxiété créative réside dans le fait d’exercer son activité dans l’isolement du domicile. François, le graphiste freelance estime avoir besoin d’un référent, d’un mentor ou tout simplement d’un collègue afin d’obtenir un retour, un avis, un recadrage sur ses créations. L’isolement quotidien du créatif freelance l’empêche finalement d’être stimulé par un tiers et donc de progresser comme on peut le faire par l’émulation collective d’une entreprise. Ce qui provoquerait également des dommages identitaires explique la psychothérapeute Elizabeth Cobb.180 Selon elle, les freelances basent leur identité sur ce qu’ils produisent. On peut alors imaginer que l’association de leur identité à leur production anxiogène ne fasse pas bon ménage. En outre, cette association identité, production amènerait les freelances à oublier les choses «  autres  » que le travail (loisirs, amis, activités...) expose E. Cobb. Lorsqu’ils ne travaillent plus, ils réalisent qu’il ne leur reste pas grand chose, précise t-elle. Pour conclure, il semble important que le créatif freelance accorde le temps nécessaire à la création afin de s’épanouir et progresser dans son travail et donc dans sa vie.

179 FAST COMPANY, The Case For And Against Stressful Deadlines [en ligne], 2014, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.fastcompany.com/3030567/the-case-for-and-against-stressful-deadlines>, [consulté le 201801-07]. 180 TONIC.VICE, The Extreme Anxiety of Being a Freelancer [en ligne], 2017, mise à jour en 2017, disponible sur <https://tonic.vice.com/en_us/article/qvd5pb/the-extreme-anxiety-of-being-a-freelancer>, [consulté le 2017-08-27].

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Partie III-4

4 - Le rôle du designer 01. Le designer et la psychologie humaine Étant moi-même un créatif qui « cogite » et s’identifie énormément dans mon travail, il m’arrive bien souvent d’être anxieux à propos de mes productions. Dans le cadre de mon mémoire, j’ai pu m’entretenir avec de nombreux créatifs et ai constaté qu’ils sont nombreux à l’être également. Par expérience, ma créativité et mon aisance à « jouer » dans un projet, s’avère multipliée lorsque j’interagis avec d’autres personnes. Or, j’ai aussi remarqué que de plus en plus d’entre eux recherchent l’indépendance à travers le freelancing. L’anxieux, qui cherche à tout contrôler se retrouve ainsi en posture de contrôle mais navigue à vue. Car en effet l’entrepreneuriat freelance est un risque solitaire. Cette aventure qu’est le freelancing s’avère inadaptée à tous les profils. Et pourtant les mutations du monde du travail actuel semblent nous diriger vers cette configuration. Alors que certains adhèrent totalement à cette flexibilité du travail, d’autres y verront ici une instabilité quotidienne très anxiogène. Pour remédier à cela, l’usager (le freelance anxieux en homeworking) se repose actuellement sur des professionnels de la santé pour dompter et entretenir son mental. Le designer semble à première vue illégitime... Je sous-entends par là que les professionnels de la santé sont les mieux placés pour répondre à des problèmes d’anxiété d’ordre pathologique. Or, avant que l’anxiété ne devienne maladive, je pense que le design à un rôle a jouer. J’ai donc décidé de faire de ce sujet mon projet de fin d’études. L’idée serait alors de convaincre tout un chacun que la démarche du design peut influencer le mental et qu’elle ne s’applique pas seulement à des sujets tangibles. Le design a cette capacité d’intervenir au delà de l’esthétisme et de l’ergonomie. En tant que designer graphique et interactif, je souhaitais identifier et comprendre par ce mémoire, l’expérience globale des usagers vis-à-vis de leur situation professionnelle et émotionnelle. Ce qui découle de cette étude, est le fait que l’anxiété des freelances ne se résout pas seulement au seul enjeu psychologique personnel. Pour ça en effet, il existe plusieurs solutions (thérapie, sport, sophrologie...). Mais en revanche, le design, par le prisme d’autres enjeux, peut avorter le sentiment d’anxiété négative avant qu’il ne se forme complètement.

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02. Déterminer les enjeux Mes recherches m’ont permis de mieux appréhender nos relations aux émotions et aux sentiments. Grâce à cela j’ai pu comprendre les tenants et les aboutissants de notre équilibre émotionnel. En comprenant comment détecter et influencer une émotion, en comprenant le lien qui existe entre création et anxiété et en comprenant quelle influence a cette anxiété dans le quotidien d’un freelance isolé, j’ai pu en extraire des enjeux de design : Le premier est environnemental. Mes enquêtes terrains sont formelles, le freelance a besoin de changer d’espace ou du moins de définir un espace de travail agréable. Le coworking qui est une solution à cet enjeu n’est pas accessible à toutes les bourses. Comment aménager l’espace de travail du freelance au service de son bien-être ? Cet espace peut-il s’adapter à l’aspect nomade du travailleur freelance ? Le design d’espace ou même d’espace augmenté comme on a pu le voir par le biais du projet IVA181 (maison connectée et intelligente s’adaptant à l’humeur de l’usager) exposé à la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne en 2017 est une réponse à ce besoin. La flexibilité spontanée de l’espace basée sur le ressenti émotionnel de l’usager semble en effet pertinente pour y répondre. Le design produit comme l’a fait G. Biard182 et son mobilier anti-stress « Jardin d’Hiver » est également une solution pouvant exploiter la polyvalence d’un produit au profit d’un usage évolutif. En ce qui concerne l’atmosphère de l’environnement, le design graphique a également un rôle important à jouer. En modifiant la perception du lieu par le graphisme, le designer graphique est capable d’apaiser le lieu de travail du freelance. Cette technique utilisée par le studio Tado183 pour revisiter l’intérieur des ambulances a fait ses preuves auprès des enfants inquiets. Ne pourrait-on pas également imaginer un graphisme adaptée à ce contexte, évoluant au cours de la journée du freelance par le biais de l’intelligence artificielle ?

181 BELLECOUR, Le projet IVA exposé à la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.bellecour.fr/2017/02/24/iva-expose-a-la-biennale-internationale-du-design-de-saint-etienne/>, [consulté le 2018-01-07]. 182 BLOG-ESPRITDESIGN.COM, JARDIN D’HIVER MOBILIER ANTI-ANXIÉTÉ PAR GÉRALDINE BIARD [en ligne], 2008, mise à jour le 2015, disponible sur <https://blog-espritdesign.com/mobilier/meuble-dappoint/jardin-dhiver-mobilier-anti-anxiete-par-geraldine-biard-34136>, [consulté le 2018-01-07]. 183 ÉTAPES, [Design flux] Lorsque le design graphique apaise les trajets en ambulance [en ligne], 2014, mise à jour le 2017, disponible sur <http://etapes.com/lorsque-le-design-graphique-apaise-les-trajets-en-ambulance>, [consulté le 2018-01-07].

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Le second est social. Les freelances ont besoin de se changer les idées, de communiquer et de sortir de l’isolement propice aux idées noires. L’interaction sociale peut être également professionnelle. Car en effet, les freelances ont besoin d’interaction professionnelle comme des feedbacks pour les stimuler créativement à défaut d’avoir un réel travail d’équipe. Comment peut-on faciliter l’interaction sociale et la stimulation professionnelle des freelances en homeworking ? Le design de service en est une réponse. Dropbox Showcase184 qui permet aux travailleurs indépendants de partager facilement et en toute sécurité des contenus organisés à la manière de portfolios, donne aux freelances la possibilité d’interagir avec un tiers sur leur travail. Le télé-travail, qui progresse fortement dans le monde du salariat (50% des emplois seraient « télétravaillables » en 2030 selon Daniel Ollivier, auteur du livre « Manager le travail à distance et le télétravail »)185 confirme à quel point il est important d’imaginer de nouvelles façons de travailler ensemble à distance. Aujourd’hui, l’interaction professionnelle depuis son domicile existe principalement sous la forme de communautés « Slack » comme « Freelance France »186. Slack, cette plateforme de communication collaborative, permet de discuter, s’entraider, partager et collaborer parmi un réseau professionnel sous le modèle de tchat écrit. Ces espaces de communication virtuelle me paraissent être une solution temporaire à cette transformation du travail. Basée sur le même principe que nos vieux forums et discussions instantanées en ligne, la communication professionnelle à distance ne semble pas avoir subie la même révolution que nos nouveaux modes de travail. Faut-il innover pour substituer le travail d’équipe physique en intronisant nos domiciles comme nouveaux lieux de travail ? Il est primordial en tout cas, en tant que designer, de se demander dans quelle mesure il faut répondre à ces transformations sociales.

184 SIÈCLE DIGITAL, Dropbox lance Showcase pour les indépendants [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <https://siecledigital.fr/2017/10/17/dropbox-showcase/>, [consulté le 2017-12-09]. 185 ECONOMIE MATIN, La vérité sur le télétravail [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www. economiematin.fr/news-teletravail-emploi-forme-internet-argent-systeme-management-choisy>, [consulté le 2018-01-02]. 186 FREELANCE FRANCE, UNE COMMUNAUTÉ DE FREELANCES ACCESSIBLE ET SOLIDAIRE [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://unbouncepages.com/freelancefrance/>, [consulté le 2017-12-20].

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03. Un enjeu social plus grand Les transformations sociales citées précédemment ne concernent bien sûr pas uniquement le créatif plus sensible à l’anxiété, ni seulement les indépendants, mais bien l’ensemble des travailleurs isolés. Freelance ou télé-travailleur, le travail à la maison a la côte. Et pour cause, près de 6 Français sur 10 manifestent le souhait de travailler de chez eux si l’on en croit les chiffres avancés dans l’émission de BFM Business du mois d’avril 2016187. Et pourtant, parmi ceux travaillant déjà chez eux, 20% y voient de nombreux inconvénients avec le sentiment d’isolement en première position. L’émergence de l’isolement professionnel voit en revanche son taux de réfractaires le plus élevé parmi les célibataires avec 51% d’entre-eux ne souhaitant pas rester chez eux (étude Yougov janvier 2017)188. En creusant ce phénomène du travail à la maison, le rapport publié par l’OIT (Organisation Internationale du Travail)189 souligne « la tendance à induire un allongement de la durée du travail, à créer un chevauchement entre le travail salarié et la vie privée et à entraîner une intensification du travail ». Comme le montre ce rapport, les enjeux de cette transformation du monde du travail s’avère bien plus grands qu’une simple délocalisation des espaces de travail. Les chiffres annoncés en 2016 dans l’émission BFM Business7 montrent à quel point cette transformation induit de profonds enjeux psychologiques et sociaux : « 41% des employés très mobiles font état de niveaux élevés de stress, comparés à 25% chez ceux qui travaillent tout le temps au bureau ». En outre, 42% des personnes travaillant en permanence à domicile et 42% des télétravailleurs très mobiles déclarent se réveiller plusieurs fois par nuit, alors qu’ils ne sont que 29% chez les personnes employées sur leur lieu de travail annonce BFM Business. Si l’on en croit ces chiffres, l’instabilité et la solitude du travailleur isolé apparaissent comme les principales causes de ces maux sociaux. Pour cela, l’OIT9 recommanderait même de ne pas dépasser 2 journées de télétravail par semaine. Finalement c’est sur la durée que ces nouvelles configurations de travail semblent poser problème. Comme chaque extrême, être seul chez soi trop longtemps apporte un manque de dynamisme et une perte de repères. Le travail à la maison, tout de même porteur de vertus telles la liberté, le

187 BFM BUSINESS, Les télé-travailleurs ne sont pas si heureux que ça [en ligne], 2009, mise à jour le 2016, disponible sur <http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/les-teletravailleurs-ne-sont-pas-si-heureux-que-cabr-970003. html#content/contribution/edit>, [consulté le 2018-01-05]. 188 YOUGOV FRANCE, [en ligne], 2017, disponible sur <https://d25d2506sfb94s.cloudfront.net/cumulus_uploads/ document/cnp1exugn9/R%C3%A9sultats_T%C3%A9l%C3%A9travail_01_2017_3.pdf>, [consulté le 2018-01-05]. 189 Jon Messenger (dir.), Oscar Vargas Llave (dir.), Working anytime, anywhere: The effects on the world of work, Luxembourg, Eurofound, 2017, 80p, <https://www.eurofound.europa.eu/sites/default/files/ef_publication/field_ef_document/ef1658en.pdf>, [consulté le 2018-01-05].

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confort et la flexibilité, perd malheureusement son efficacité sur le long terme. Il apparaît donc fondamental d’imaginer en tant que designer une vision vivante du travail, impliquant les acteurs de tous milieux professionnels à agir contre cette situation anxiogène faite d’isolement social et d’instabilité environnementale.

04. Innover par le design social Le designer peut, justement par le biais du design social, prendre action. Le design social qui est décrit par « La plateforme Socialdesign »190 comme un vecteur de transformation sociale, écologique et culturelle, cherche à inciter les individus à prendre part à la fabrication de leur ville, de leur société et de leur environnement direct. Le manifeste tenu par les designers, architectes et responsables culturels de cette plateforme recense trois principes : repenser les usages, innover culturellement, transformer socialement. Ces 3 principes semblent résumer parfaitement l’angle d’approche nécessaire à l’élaboration d’un projet profondément ancré dans une transformation sociétale dûe aux mutations du travail. Tout comme ces designers engagés autour des principes du design social, j’ai pour ambition de réfléchir à l’organisation de la société face aux nécessités qui se dressent aujourd’hui. Dans le contexte de mon projet, mon terrain d’intervention, lui, se concentre spécifiquement sur les problématiques issues des transformations du monde du travail. L’usager, dans ce contexte, n’englobe plus seulement les freelances en homeworking mais bien tous les travailleurs isolés issus de ces mutations. Des enjeux d’une telle ampleur impliquent au designer de repenser les conditions du vivre-mieux (moins d’anxiété) et rétablir le vivre-ensemble (moins d’isolement). En repensant la transformation des espaces et des objets eux-mêmes et leurs usages, j’aspire à donner la possibilité aux usagers d’adapter leur organisation de travail afin de répondre aux enjeux individuels (psychologique et environnemental) et collectifs (social) identifiés précédemment.

190 SOCIAL DESIGN, Manifeste [en ligne], 2015, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.plateforme-socialdesign.net/>, [consulté le 2018-01-05].

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Conclusion Au travers de ce mémoire, nous avons pu comprendre, sous les prismes de la psychologie, des sciences, de la sociologie mais aussi du design, les tenants et les aboutissants de l’anxiété, créative ou non. Les enseignements de ces différents domaines auront permis notamment d’émettre comme début de réponse à la question de l’anxiété grandissante des travailleurs isolés, qu’il s’agisse d’un enjeu plus grand que celui d’une psychologie personnelle. En effet, si l’anxiété est bien vécue comme une expérience personnelle, le contexte actuel en est une cause directe et globale. Ainsi, l’anxiété du travailleur isolé ne doit pas être observée uniquement à l’échelle individuelle, mais en tant que phénomène social. De ce point de vue global et social, la pensée design, a priori illégitime au départ d’un sujet sur la santé mentale, s’avère être en soi une première étape pour répondre à ce problème grandissant. De plus, le design, dans sa dimension concrète est tout à fait capable d’influencer nos émotions par le biais des sens (matériaux, sons, formes, goûts, odeurs). Car comme nous avons pu le voir, c’est en influençant nos sens et donc notre perception du monde que nous pouvons réduire les craintes auto-fabriquées. Alors oui, réduire nos craintes semble être logiquement la clé pour supprimer l’anxiété en général, et pourtant l’anxiété n’est pas à proscrire complètement. Utile et même indispensable, nous avons pu observer ses nombreuses qualités : identifier un danger potentiel, exprimer un besoin, favoriser l’invention, développer l’imagination. Il n’est donc pas question de supprimer l’anxiété mais plutôt de la réduire. Et pour cause, l’anxiété est aujourd’hui de plus en plus présente dans notre société. Les transformations du monde du travail (freelancing, télé-travail...) induites par l’essor des outils numériques, favorisent l’indépendance (entrepreneuriat) et par la même occasion l’isolement (homeworking). Ces nouvelles configurations professionnelles qui promettent un juste équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle sont en réalité le symbole d’un contexte hyperindividualiste, instable et finalement anxiogène. Bien entendu, cette approche autonome du travail possède malgré tout de nombreuses vertus (confort, flexibilité, satisfaction...).

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En revanche nous ne sommes pas tous faits pour autant à ces nouveaux modes de travail, qui deviennent par la force des choses, nos nouveaux modes de vie... En conséquence, la réflexion de ce mémoire met en lumière la nécessité pour mon projet de fin d’études, d’intervenir non pas directement sur l’anxiété du travailleur isolé concerné, mais plutôt sur ces nouvelles difficultés sociales émergentes liées au travail à domicile (solitude, absence de travail collaboratif, différenciation des moments de vie et de travail etc). La question du bien-être au travail des «homeworkers» et plus particulièrement des freelances sera donc abordée dans ce projet comme celui d’un bien-être quotidien. Finalement, à l’issue de la rédaction de ce mémoire, ma démarche de recherche et de réflexion me pousse à fonder mon approche de projet sur la base de la problématique suivante : Comment peut-on améliorer le quotidien des freelances en situation d’anxiété qui entreprennent depuis chez eux ?

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Bibliographie commentée : . Un ouvrage collectif avec directeur de publication : Jon Messenger (dir.), Oscar Vargas Llave (dir.), Working anytime, anywhere: The effects on the world of work, Luxembourg, Eurofound, 2017, 80p. L’Organisation internationale du travail et La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail tentent d’éclairer les effets du travail à distance pour les décideurs politiques, la politique sociale, les chercheurs et tous ceux qui s’intéressent à l’avenir du travail. Pour cela, les deux organismes s’appuient sur les données de chaque pays afin d’évaluer le rôle de la technologie, de comprendre les changements qui se produisent et d’aider à façonner de tels changements au profit des sociétés.

. Un film Sagmeister S., Nabors B., Curtis H., The Happy Film, états-Unis, 2017, documentaire, 154 mn. Le designer Stefan Sagmeister cherche dans ce documentaire à « redesigner » sa personnalité pour devenir une meilleure personne et à entraîner son esprit à devenir plus heureux.

. Une émission de radio Vidard Mathieu., Bruits, sons et émotions, diffusée le jeudi 31 mars 2016, France Inter. Nicolas Misdariis , docteur en acoustique et Jean-Julien Aucouturier , chercheur CNRS en neuroscience nous parle du son dans cette émission radio en répondant à des questions tel que : Comment est-il perçu puis interprété par notre cerveau ? Quels sont les effets des sons et du bruit sur nos émotions ? Comment fabrique-t-on des sons ?

. Un mémoire (Master)/rapport de stage SANCHEZ PAUL-ADRIEN, La relation soignant-soigné face à l’anxiété du patient au bloc opératoire, Mémoire du Diplôme d’état d’Infirmier, Talence, L’Institut de Formation Nightingale Bagatelle IFSI Talence, 2016, 35p. L’étudiant infirmier Paul Adrien Sanchez cherche à répondre au travers de son mémoire de fin d’étude à la question : En quoi la relation soignant-soigné influence-t-elle la prise en charge d’un patient anxieux au bloc opératoire ?

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BERGSTRÖM JENNY, Fear and design : How can design impact on fear? How can design raise questions?, Mémoire du Crafts and textile master program, Stockholm, Konstfack University College of Arts, 2007, 132p. L’étudiante suédoise en design textile s’interroge à travers de son mémoire de fin d’étude aux questions : Comment le design peut-il avoir un impact sur la peur ? Comment le design peut-il soulever des questions? GASCOIN Hélène, L’Art, un temps pour bien naître, Diplôme d’Etat de SageFemme, Nantes, Université de Nantes UFR de Médecine - Ecole de SagesFemmes, 2017, 70p. L’étudiante Sage-Femme Hélène Gascouin cherche à répondre au travers de son mémoire de fin d’étude aux questions : L’art-thérapie permettrait-elle de diminuer le stress perçu ?Qu’apporte l’art-thérapie dans la prise en charge des patientes hospitalisées en grossesse à haut risque ?

. Un article issu d’une revue ANDRÉ C., «  Pouvons-nous redevenir maîtres de notre temps ?  », Cerveau & Psycho, n°61, janvier-février 2014, pp. 28-33. Le médecin et psychiatre Christophe André s’intéresse à l’influence que porte le temps sur nos comportements sociaux, individuel, créatif et professionnel à travers un dossier étudiant la pression du temps

. Un article de périodique en ligne Larivey Michelle, «  Les genres d’émotions  », La lettre du psy [en ligne], juillet 1998, vol. 2, NO 7, pp. 9, disponible sur : <http://www.redpsy.com/infopsy/ genremo.html> [23-07-2017]. Dans cet article, Michelle Larivey donne des explications précises sur la nature et l’utilité particulière de chaque expérience émotive. Marcelli D., «  Transmission des émotions entre mère et bébé : du normal au pathologique  »,Science Direct [en ligne], juin 2017, vol. 65, NO 5, pp. 265-332, disponible sur : <http://www.sciencedirect.com/science/ journal/02229617?sdc=1> [23-07-2017]. Le docteur D. Marcelli montre cliniquement à travers cet article des exemples de comment la transmission pathologique des émotions entre la mère et l’enfant peut se faire à leur insu. Droit-Volet S., «  Dossier : perception du temps et illusions temporelles  », Cerveau & Psycho [en ligne], 2009, N°32, disponible sur : <http://www. cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-dossier-perception-du-temps-etillusions-temporelles-20859.php> [02-08-2017]. Le professeur des universités en psychologie Sylvie Droit-Volet cherche dans cet article à nous montrer à quel point le cerveau humain est une machine à traiter le temps plus ou moins fiable. Selon elle, nos cerveaux subissent parfois des

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illusions temporelles liées à une mauvaise perception du temps. M.Penney Alexander, Miedema C.Victoria, Mazmanian Dwight, «  Intelligence and emotional disorders: Is the worrying and ruminating mind a more intelligent mind?  », Personality and Individual Differences [en ligne], février 2015, vol. 74, pp. 90-93, disponible sur : <http://www.sciencedirect.com/ science/article/pii/S0191886914005558> [17-12-2017]. Les psychologues M.Penney Alexander, Miedema C.Victoria et Mazmanian Dwight démontrent à travers leurs recherches que l’intelligence verbale est faiblement corrélée avec l’anxiété généralisée et la dépression mais qu’elle est un prédicteur positif unique d’inquiétude et de rumination. Ein-Dor Tsachi - Tal Orgad, « Scared saviors: Evidence that people high in attachment anxiety are more effective in alerting others to threat », Wiley Online Library [en ligne], juin 2012, vol. 1, NO 1, pp. 5, disponible sur : <http://portal.idc.ac.il/he/schools/psychology/ homepage/documents/tsachi-scared%20saviors.pdf> [08-01-2018]. Rapport d’expérience des psychologues Tsachi Ein-Dor et Orgad Tal, du Centre interdisciplinaire d’Herzliya (Israël) dans lequel il est prouvé que les personnes ayant une anxiété d’attachement élevée sont plus efficaces en avertissant les autres d’une menace.

. Un ouvrage HAIDT JONATHAN., L’hypothèse du bonheur (2006), Belgique, Mardaga, 2006, 336 p. Partant des résultats de la recherche moderne sur le bonheur, illustrés par des anecdotes de la vie quotidienne, le psychologue social Jonathan Haidt décrit la manière dont nous fonctionnons avec les autres, mais aussi avec nous-mêmes. Une exploration dont on conclura que la meilleure des vies est, sans doute, celle où l’on parvient à équilibrer les contraires. WALTER A., Design émotionnel, n°5 (2011), France, Eyrolles, 2011, 110 p. Le designer spécialiste en expérience utilisateur, Aarron Walter, décrit dans son livre des stratégies et des méthodes accessibles aidant à donner une dimension humaine aux projets de web designs. ANDREASEN N., The Creating Brain: The Neuroscience of Genius (2005), États-Unis, Dana Press, 2005, 197 p. La psychiatre Nancy Andreasen explore dans cet ouvrage la genèse cérébrale de la créativité. NORMAN D., The Design of Everyday Things (1988), États-Unis, Basic Books, 2013, 368 p. Dans cette analyse divertissante et perspicace, le scientifique en sciences cognitives Don Norman salue l’excellence du design comme la clé la plus importante pour regagner l’avantage concurrentiel en influençant le

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comportement des consommateurs. The Design of Ever Daily Things est une introduction puissante sur comment et pourquoi certains produits satisfont les clients alors que d’autres ne font que les frustrer. MAISEL ERIC., Mastering Creative Anxiety (2011), États-Unis, New World Library, 2011, 272 p. Le psychothérapeute et coach en créativité, Eric Maisel donne dans son livre 24 leçons aux créatifs leur permettant de s’émanciper des problèmes du vide créatif anxiogène.

. Une vidéo issue d’une page web TV5.ca, Infomotivation : la peur vue par la sociologie [ajouté le 30/11/2015] Une analyse de la peur par Valérie De Courville Nicol, professeure de sociologie à l’Université Concordia, in : YOUTUBE.COM, youtube.com, [mp4, 1mn31], disponible sur : <https://www.youtube.com/watch?v=d7SbTlDUUIk> [consulté le 24-07-2017]. La professeure de sociologie Valérie De Courville Nicol, donne dans cette vidéo une analyse sociologique de la peur. C’est pas sorcier, Joie, peur, tristesse, colère... QUE D’EMOTIONS ! [ajouté le 22/05/2013] La célèbre émission C’est pas sorcier, le magazine de la découverte et de la science nous explique le fonctionnement des émotions, in : YOUTUBE.COM, youtube.com, [mp4, 26mn14], disponible sur : <https:// www.youtube.com/watch?v=pyeXvjCVfy8> [consulté le 24-07-2017]. La célèbre émission C’est pas sorcier tente de vulgariser les émotions aux plus jeunes à travers différents exemples et reportages scientifiques. ARTE, Le ventre, notre deuxième cerveau [2013] documentaire sur le ventre et sa capacité de neurotransmission, in : ARTE, Arte.tv, [vod,dvd, 55mn], disponible sur : <http://www.arte.tv/fr/videos/048696-000-A/le-ventre-notredeuxieme-cerveau> [consulté le 10-05-2017]. La chaîne de télévision Arte démontre à travers ce documentaire la capacité de neurotransmission de notre estomac en parallèle de celles effectuées par notre cerveau. LENOIR F., La joie décryptée par Frédéric Lenoir [ajouté le 13/11/2015] à l’occasion de la sortie de son dernier livre « La puissance de la joie » F. Lenoir nous éclaire sur les différences entre bonheur, plaisir et joie., in : France 2, FranceInfo, [format MP4, 5 mn 32], disponible sur : <http://www.francetvinfo. fr/culture/la-joie-decryptee-par-frederic-lenoir_1173429.html> [consulté le 31-07-2017]. Le philosophe Frédéric Lenoir qui s’est intéressé à la notion de joie et bonheur tente de décrypter sur le plateau France 2 les différences entres elles. TED, Stefan Sagmeister parle du bonheur dans le design. [2004] conférence sur la capacité d’un bon design de rendre heureux, in : TED, Ted.com, [vod,15mn25], disponible sur : <https://www.ted.com/talks/stefan_

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sagmeister_shares_happy_design?language=fr#t-589259> [consulté le 31-07-2017]. Le designer graphique Stefan Sagmeister emmène le public assistant à ce TED dans un voyage fantasque à travers des moments de sa vie qui l’ont rendu heureux - et souligne que nombre de ces moments ont à voir avec le design de qualité. TED, What reality are you creating for yourself? [2016] conférence sur l’acceptation de notre responsabilité envers la création de notre perception du monde extérieur, in : TED, Ted.com, [vod,11mn46], disponible sur : <https:// www.ted.com/talks/isaac_lidsky_what_reality_are_you_creating_for_ yourself> [consulté le 02-08-2017]. L’auteur et entrepreneur Isaac Lidsky (aveugle) qui estime que le visible est une création de l’esprit explique à travers ce discours introspectif et personnel, à quel point il est important d’accepter la responsabilité d’être les créateurs de notre propre réalité. TED, What fear can teach us? [2012] conférence sur le lien entre peur et imagination, cette force qui nous permet d’anticiper le futur, in : TED, Ted. com, [vod,11mn30], disponible sur : <https://www.ted.com/talks/karen_ thompson_walker_what_fear_can_teach_us> [consulté le 02-08-2017]. En racontant l’histoire de l’Essex des baleines, la romancière Karen Thompson Walker montre comment la peur propulse l’imagination, car elle nous force à imaginer les avenirs possibles et comment y faire face. Infomotivation : la peur vue par la psychologie [ajouté le 30/11/2015] Une analyse sur la peur de Bruno Ouellette, psychologue organisationnel et conférencier, in : YOUTUBE.COM, youtube.com, [mp4, 2mn04], disponible sur : <https://www.youtube.com/watch?v=TBxAigkKJ1s> [consulté le 02-082017]. Le psychologue Bruno Ouellette, donne dans cette vidéo une analyse psychologique de la peur. Infomotivation : la peur vue par la neuropsychologie [ajouté le 30/11/2015] Une analyse sur la peur de Dre Valérie Drolet, neuropsychologue, in : YOUTUBE. COM, youtube.com, [mp4, 1mn33], disponible sur : <https://www.youtube. com/watch?v=WExERzVs8cU> [consulté le 02-08-2017]. La neuropsychologue Valérie Drolet, donne dans cette vidéo une analyse de la peur d’un point de vue neuropsychologique. TED, Why you should define your fears instead of your goals [2017] conférence sur l’appréhension de nos peurs afin de séparer ce qu’on peut contrôler, de ce qu’on ne peut pas, in : TED, Ted.com, [vod,13mn21], disponible sur : <https://www.ted.com/talks/tim_ferriss_why_you_should_ define_your_fears_instead_of_your_goals> [consulté le 02/08/2017]. L’écrivain et entrepreneur américain Timothy Ferriss nous encourage dans cette conférence TED à envisager et à écrire nos peurs en détail afin de surmonter l’auto-paralysie émanant de la peur.

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. Un site web ou un blog FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Angoisse et Anxiété – Lequel de ces 2 troubles ressentez-vous [en ligne], 2017, mise à jour en 2017, disponible sur <https://fredericarminot.com/angoisse-et-anxiete/>, [consulté le 01-07-2017]. Le comportementaliste F. Arminot donne à travers cet article des informations concernant les notions d’anxiété et d’angoisse afin de pouvoir les différencier. PASSEPORTSANTÉ, Connaissez-vous les facteurs de stress ? [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www. passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=facteurs-destress_20120210, [consulté le 31-03-2017]. Le site passeportsante.net dévoile les résultats d’une enquête sur le stress datant de 2012, menée par le Dr Benson de l’université d’Harvard. SANTÉCHEZNOUS, Troubles anxieux [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://santecheznous.com/condition/ getcondition/troubles-anxieux>, [consulté le 31-03-2017]. Le site santecheznous.com tente d’aider l’internaute à travers son article à reconnaître ce qui est une anxiété pathologique, dit trouble d’anxiété, d’une anxiété non-pathologique. Pour cela l’article décrit les différences, les symptômes et les causes de cette anxiété. ULIFELINE, The difference between regular feelings of anxiety and a true anxiety disorder [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.ulifeline.org/articles/439-anxiety-vs-anxietydisorders>, [consulté le 06-03-2017]. Le site ulifeline.org chercher à montrer la différence entre des sentiments réguliers d’anxiété et un véritable trouble anxieux au travers d’un article mettant principalement les différences clés entre ces deux états. PSYCHOLOGIES.COM, Quelle différence y a-t-il entre stress et anxiété ? [en ligne], 2009, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http:// www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Reponsesd-expert/Quelle-difference-y-a-t-il-entre-stress-et-anxiete>, [consulté le 19-03-2017]. Le psychiatre et psychothérapeute Christophe André tente de répondre aux questions des internautes sur le site pshychologie.com concernant les différences existants entre les notions de stress et d’anxiété. FRÉDÉRIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Anxiété – Articles liés au traitement de l’anxiété [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fredericarminot.com/anxiete/>, [consulté le 31-03-2017]. Le comportementaliste F. Arminot définit de manière exhaustive les principales caractéristiques de l’anxiété à travers une série d’articles sur son site professionnel.

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REDPSY, L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], 1997, mise à jour en 2017, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/ anxiete.html>, [consulté le 07-08-2017]. La psychologue, Michelle Larivey, cherche à travers cet article à définir les origines de l’anxiété et de l’angoisse et leurs manifestations. Elle y questionne également le passage à l’angoisse chronique selon nos prédispositions. On y apprend finalement à se servir de l’angoisse pour améliorer sa vie en étudiant les pièges à éviter et les méthodes pratiques. REDPSY, Anxiété, Questions Réponses [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/ anxiete-qr.html>, [consulté le 07-08-2017]. La psychologue, Michelle Larivey, tente de répondre aux questions des internautes sur le site redpsy.com concernant l’anxiété et l’angoisse. On apprend par ces échanges à mieux comprendre les tenants et aboutissants de chacun de ces sentiments. FRÉDERIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Névrose d’angoisse – En souffrez-vous? [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <https:// fredericarminot.com/nevrose-d-angoisse/>, [consulté le 24-04-2017]. Le comportementaliste F. Arminot donne à travers cet article des informations concernant la notion de névrose d’angoisse afin de pouvoir comprendre son origine et ses causes. FRÉDERIC ARMINOT COMPORTEMENTALISTE, Angoisse – Pourquoi les filles ont plus d’angoisse que les garçons [en ligne], 2015, mise à jour le 2015, disponible sur <https://fredericarminot.com/angoisse-pourquoi-les-fillesont-plus-dangoisse-que-les-garcons/>, [consulté le 24-07-2017]. Le comportementaliste F. Arminot explique à travers son article pourquoi il existe des différences d’appréhension face à l’angoisse entre les garçons et les filles avec notamment l’influence de l’éducation. Selon lui, le moment de l’éducation déterminerait les différences de comportements face à ces sentiments anxiogènes. REDPSY, L’anxiété et l’angoisse, les Vigiles de l’équilibre mental [en ligne], 1997, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.redpsy.com/infopsy/ anxiete.html>, [consulté le 07-08-2017]. Le psychologue Jean Garneau expose à travers cet article les origines de l’anxiété et de l’angoisse et leurs manifestations. Il y explique comment l’anxiété se transforme en angoisse chronique et qu’est-ce qui nous y prédispose. PSYCHOLOGIES, Entretien : Pour ruser avec son angoisse [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-etDossiers/Faire-face-a-nos-angoisses/Entretien-Pour-ruser-avec-sonangoisse>, [consulté le 24-07-2017]. Le Médecin et psychanalyste, Alain Braconnier répond à différentes questions d’internautes sur le site psychologie.com au sujet de l’anxiété et angoisse. Cet entretien permet de comprendre comment fonctionne l’anxiété et comment la contrôler.

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SLATE FR, Comment les attentats s’infiltrent dans notre quotidien [en ligne], 2016, mise à jour en 2016, disponible sur <http://www.slate.fr/story/130220/ attentats-quotidien-inconscient>, [consulté le 24-07-2017]. La journaliste Daphnée Leportois explore dans son article pour slate.fr l’impact quotidien des peurs liées aux montées du terrorisme. Les faits qu’elle en retire sont principalement le repli communautaire et l’injonction à la vigilance des citoyens. INFLUENCIA.NET, Nous vivons le temps de l’hédonisme anxieux [en ligne], 1980, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.influencia. net/fr/actualites/in,pas-manquer,nous-vivons-temps-hedonisme-anxieux,41. html>, [consulté le 26-03-2017]. Isabelle Musnik, fondatrice et directrice de la publication d’INfluencia sonde dans son article l’état actuel de notre société, en prise avec la peur. Elle estime que les marques, et notamment celle du luxe ainsi que la valeur écologique sont les nouveaux repères de ces citoyens désorientés et anxieux. PSYCHOLOGIE.COM, Notre époque fabrique du mal-être [en ligne], 1980, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psychologies. com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-et-Dossiers/Faire-facea-nos-angoisses/Notre-epoque-fabrique-du-mal-etre>, [consulté le 23-032017]. Le sociologue Vincent de Gaulejac nous livre ses réflexions sur nos angoisses d’aujourd’hui dans un article pour psychologie.com. Il évoque notamment la peur du chômage, de l’échec, de l’exclusion, des attentats, du sida et même, peur d’avoir peur… Pour lui toutes ces peurs illustre également le paradoxe d’une société qui ne s’est jamais autant souciée du bien-être. NOUVEL OBS, La France a peur, selon un sondage [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2002, disponible sur <https://www.nouvelobs.com/ societe/20021119.OBS2890/la-france-a-peur-selon-un-sondage.html>, [consulté le 2018-01-07]. Un article du Nouvel Obs, rapporte les chiffres d’un sondage sur les peurs des Français paru dans le journal Libération. I.R.S INSTITUT DE RECHERCHE SUR LE STRESS, Définition du stress [en ligne], 2011, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. gestiondustress.net/index.php?o=13&m=2>, [consulté le 31-07-2017]. L’institut de recherche sur le stress cherche à synthétiser à travers un article ce qu’est le stress. STRESSANXIETE.FR, Les causes de l’anxieté, sources et origines de l’anxieté [en ligne], 1980, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. stressanxiete.fr/2/les-causes-de-l-anxiet.html>, [consulté le 19-03-2017]. Le site stressanxiete.fr définit dans un article les causes, les sources et les origines de l’anxieté. La deuxième partie de l’article informe l’internaute des moyens de diagnostiquer les troubles liés à l’anxieté et au stress.

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PRÉSENCE À SOI, L’ART D’ÊTRE EN CONSCIENCE, La différence entre une émotion et un sentiment [en ligne], 2015, mise à jour en 2015, disponible sur <http://presenceasoi.be/la-difference-entre-une-emotion-et-un-sentiment/>, [consulté le 31-07-2017]. D. de Buisseret thérapeute psycho-corporel, définit les différences entre une émotion et un sentiment au travers d’un article sur son blog presenceasoi.be et tente donner des éléments de réponses pour apaiser les sentiments douloureux. L’EXPRESS, Emotions, ce que la science nous révèle [en ligne], 1999, mise à jour le 1999, disponible sur <http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/ emotions-ce-que-la-science-nous-revele_494466.html>, [consulté le 31-072017]. Le magazine L’express explore scientifiquement à travers un dossier très complet les émotions. Plus précisément par le biais des neurosciences, le cerveau et les émotions qu’il traite sont comparés à une usine chimique miniature ayant un impact incroyable dans nos vies. KINESIOLOGIE MARSEILLE, Les Émotions, Comment ça marche? [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http:// www.kinesiologie-marseille.com/les-emotions-ressentir-gerer-acceptersentiment-kinesiologie-kinesiologue/>, [consulté le 31-07-2017]. Le site de kinesiologue marseillais kinesiologie-marseille.com explique dans son article le fonctionnement des émotions ainsi que les différents types d’émotions et leurs mécanismes. REDPSY, Les émotions simples [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.redpsy.com/guide/simple.html>, [consulté le 31-07-2017]. Dans cet article, Michelle Larivey décrit précisément ce qu’est une émotion simple et notamment comment décoder les messages que véhiculent cette topologie d’émotion. REDPSY, Les émotions mixtes [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.redpsy.com/guide/mixte.html>, [consulté le 31-07-2017]. Dans cet article, Michelle Larivey décrit précisément ce qu’est une émotion mixte et nous aide à en décoder les messages propres à cette topologie d’émotion. REDPSY, Les émotions repoussées [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.redpsy.com/guide/repoussee.html>, [consulté le 31-07-2017]. Dans cet article, Michelle Larivey décrit précisément ce que sont les émotions repoussées et notamment comment décoder les messages que véhiculent cette topologie d’émotion.

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REDPSY, Les pseudo-émotions [en ligne], 2005, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.redpsy.com/guide/pseudo.html>, [consulté le 31-07-2017]. Dans cet article, Michelle Larivey décrit précisément ce qu’est une pseudoémotion et nous aide à la décrypter afin de les différencier des émotions. LIFE HACKER, How to Stop Overthinking Everything and Find Peace of Mind [en ligne], 2014, mise à jour le 2014, disponible sur <http://lifehacker.com/ how-to-stop-overthinking-everything-and-find-peace-of-m-1609850688>, [consulté le 31-07-2017]. L’internaute Thorin Klosowski démontre dans son article pour le site lifehacker. com pourquoi nous avons tendance à trop réfléchir. En comprenant pourquoi nous sommes parfois amenés à trop réfléchir il y donne ensuite des solutions pour éviter d’atteindre ces moments. ANXIÉTÉ.FR, Comportements et émotions : des régulations différentes entre hommes et femmes [en ligne], 2017, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.anxiete.fr/comportements-emotions-hommesfemmes/>, [consulté le 31-05-2017]. Delphine W., étudiante ergonome spécialisée en santé au travail explique dans un article pour le site anxiété.fr pourquoi le comportements et les émotions des hommes et des femmes se régulent différemment. ANXIÉTÉ.FR, Quelques chiffres sur les troubles anxieux [en ligne], 2016, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.anxiete.fr/troubles-anxieux/ quelques-chiffres/>, [consulté le 2018-01-07]. Cet article du site anxiété.fr fait un état des lieux sur la prévalence de l’anxiété et des troubles anxieux en France. CORPS-CITÉ, Les émotions [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.corpscite.be/xml/sites-SITE-2064IDC-2125-.html>, [consulté le 08-08-2017]. Le site scientifique corpscite.be affilié au mutualiste Solidaris explique le fonctionnement des émotions et décrit plus précisément les réactions psychiques et somatiques qui en résulte au niveau cérébral. SLATE FR, Rien qu’en stimulant la main avec de l’air, on peut transmettre des émotions [en ligne], 2015, mise à jour le 21/04/2015, disponible sur <http:// www.slate.fr/story/100659/transmettre-emotions-humaines-stimulant-main>, [consulté le 24-07-2017]. Le site slate.fr relate via un article, une découverte de la chercheuse Marianna Obrist du laboratoire d’interactions homme-machine de l’université de Sussex, qui a réussi à créer un système permettant de faire passer des émotions en stimulant des parties de la main avec de l’air.

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UX-FR, Les émotions dans le design – les trois niveaux du design [en ligne], 2012, mise à jour le 2012, disponible sur <http://ux-fr.com/2012/04/20/lesemotions-dans-le-design-les-trois-niveaux-du-design/>, [consulté le 24-072017]. Le blog UX-Fr par le biais de Yannick Grenzinger, auteur de l’article, recense les trois niveaux du design au niveau émotionnel selon le travail d’Aaron Walter et Donald Norman. DISKO, L’émotion dans le design [en ligne], 2015, mise à jour le 2015, disponible sur <http://www.disko.fr/reflexions/brand-content-blog/le-designemotionnel-2/>, [consulté le 24-07-2017]. L’agence Disko donne au travers de son blog quelques astuces pour transmettre de l’émotion dans le design, notamment pour le web design. WIKIPÉDIA, Encyclopédie [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://fr.wikipedia.org/wiki/ Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal>, [consulté le 24-07-2017]. Définir le serious game. Définition du concept d’intelligence émotionnelle. Définit l’appareil détecteur de mensonges appelé aussi polygraphe. Liste des troubles mentaux comme définis dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) et la classification internationale des maladies (CIM). Définition du concept d’intelligence sociale. Définition du terme système limbique. Définition du concept de stoïcisme. Définition du concept de stress. Définition du terme Émotion. Définition du statut d’artiste. Définition du mouvement artistique de l’Art Brut initié par l’artiste Jean Dubuffet. Portrait du designer austro-américain Victor Papanek. Définition du principe de la Loi de Murphy. PSYCHOLOGIES, Trois hymnes à la joie [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psychologies.com/Moi/Seconnaitre/Emotions/Articles-et-Dossiers/Que-faire-de-nos-emotions/Troishymnes-a-la-joie>, [consulté le 31-07-2017]. Seule émotion positive de nos émotions primaires, la joie est le premier pas vers le bonheur. Les écrivain(e)s Sylvie Germain, Camille Laurens et Raphaël Enthoven offrent la possibilité par ces trois textes réunis dans psychologie.com d’explorer la notion de joie.

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LAROUSSE, Définitions : peur [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ peur/60046>, [consulté le 02-08-2017]. Définition de la notion de peur issu du dictionnaire français Larousse LAROUSSE, Définitions : anxiogène [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/ francais/anxiog%C3%A8ne/4373?q=anxiog%C3%A8ne#4352>, [consulté le 02-08-2017]. Définition du mot anxiogène issu du dictionnaire français Larousse LAROUSSE, Définitions : Émotion [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/ francais/%C3%A9motion/28829?q=%C3%A9motion#28701>, [consulté le 02-08-2017]. Définition du mot émotion issu du dictionnaire français Larousse LAROUSSE, Définitions : Sentiment [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/ francais/sentiment/72138?q=sentiment#71335>, [consulté le 02-08-2017]. Définition de la notion de sentiment issu du dictionnaire français Larousse LAROUSSE, Définitions : Bonheur [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ bonheur/10144?q=bonheur#10029>, [consulté le 02-08-2017]. Définition de la notion de bonheur issu du dictionnaire français Larousse CONSULTATION DE L’ANXIÉTÉ, Phobie d’impulsions [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www. anxiete.pro/troubles-anxieux/trouble-obsessionnel/phobie-d-impulsions>, [consulté le 02-08-2017]. Le psychiatre et psychothérapeute Christophe DUFOUR décrit sur son site professionnel anxiete.pro ce qu’est la phobie d’impulsion. BLUEWIN, L’inquiétude serait-elle une preuve de génie? [en ligne], 2015, mise à jour en 2015, disponible sur <https://www.bluewin.ch/fr/infos/ science/2015/10/06/l-inquietude-serait-elle-une-preuve-de-genie-.html>, [consulté le 02-08-2017]. Le site d’information suisse bluewin.ch, dévoile au travers de cet article les résultats d’une étude réalisée conjointement par l’université d’Auckland et le Kings College de Londres qui suggère que l’inquiétude, l’anxiété, le génie et l’imagination vont de pair. TRENDS IN COGNITIVES SCIENCES, Thinking too much: self-generated thought as the engine of neuroticism [en ligne], 2015, mise à jour en 2015, disponible sur <http://www.cell.com/trends/cognitive-sciences/abstract/ S1364-6613(15)00154-0>, [consulté le 02-08-2017]. Les résultats de cette étude menée par des psychologues de la King’s College de Londres démontre un lien entre l’anxiété et une imagination supérieure à la moyenne.

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ESPRIT SCIENCE MÉTAPHYSIQUES, Une nouvelle recherche révèle que les gens qui réfléchissent trop et qui sont anxieux sont probablement des génies créatifs [en ligne], 2015, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www. espritsciencemetaphysiques.com//une-nouvelle-recherche-revele-que-lesgens-qui-reflechissent-trop-et-qui-sont-anxieux-sont-probablement-desgenies-creatifs.html>, [consulté le 02-08-2017]. Le site espritsciencemetaphysiques.com rapporte les résultats de l’étude menée par des psychologues de la King’s College de Londres démontrant un lien entre l’anxiété et une imagination supérieure à la moyenne. L’article évoque également le potentiel créatif lié à l’inquiétude qui a été la base d’inventions majeurs de notre histoire. SLATE FR, Les filles sont plus sujettes à l’angoisse que les garçons… À qui la faute? [en ligne], 2011, mise à jour en 2011, disponible sur <http://www.slate.fr/ story/100811/qi-intelligence-anxiete>, [consulté le 02-08-2017]. L’écrivain Taylor Clark, explore dans cet article pour le média Slate.fr la raison pour laquelle les petites filles sont moins angoissées que les petits garçons dans l’enfance alors que ce phénomène tend à s’inverser à l’âge adulte. SLATE FR, Les QI élevés sont-ils naturellement inquiets? [en ligne], 2015, mise à jour le 2015, disponible sur <http://www.slate.fr/story/100811/qi-intelligenceanxiete>, [consulté le 02-08-2017]. <http://www.slate.fr/story/38065/filles-plus-angoisse-que-garcons>, [consulté le 2018-01-07]. Le journaliste David Wilson estime après avoir confronté différentes études dans son article pour slate.fr que l’anxiété est malgré tout une preuve de supériorité mentale. FAST COMPANY, The Secret To Creativity, Intelligence, And Scientific Thinking [en ligne], 2014, mise à jour en 2014, disponible sur <https://www. fastcompany.com/3031994/the-secret-to-creativity-intelligence-andscientific-thinking>, [consulté le 26-08-2017]. L’écrivaine Belle Beth Cooper démontre pour le magazine économique Fast Company que la créativité et l’intelligence sont liées aux connexions physiques de notre cerveau. En s’appuyant sur différentes recherches, l’écrivaine tente d’expliquer comment sont reliés ces connexions. THE CREATIVE MIND, Dealing With Worry and Anxiety To Be More Creative [en ligne], 2013, mise à jour en 2013, disponible sur <http://thecreativemind. net/419/to-be-more-creative-deal-with-anxiety/>, [consulté le 27-08-2017]. L’article du site thecreativemind.net déclare que le fait d’être très sensible et créatif augmente probablement notre vulnérabilité à l’anxiété. On retrouve également dans la suite de cet article quelques conseils pour soulager l’anxiété et les soucis des créatifs. CREATIVE SOMETHING, The relationship between creativity and intelligence [en ligne], 2013, mise à jour le 2013, disponible sur <http:// creativesomething.net/post/41103661291/the-relationship-betweencreativity-and>, [consulté le 27-08-2017].

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Tanner Christensen, Product designer chez Facebook, développeur indépendante et fondatrice du site creativesomething.net explore les connexions entre les notions d’intelligence et de créativité. Elle y démontre à quel point l’intelligence est importante de par sa capacité à recueillir des connaissances et à les utiliser efficacement. Tandis que La créativité serait la capacité d’aller audelà du cadre de l’intelligence et de capitaliser sur des connexions apparemment aléatoires de concepts. SYMBIOFI INNOVATIONS EN PSYCHO-SANTÉ, Combattre l’anxiéte par le biofeedback de cohérence cardiaque et émotionnelle [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www. symbiofi.com/fr/combattre-anxiete>, [consulté le 27-08-2017]. La société Symbiofi explique comment combattre l’anxiéte par le biofeedback de cohérence cardiaque et émotionnelle. On retrouve également dans l’article de leur site internet des chiffres et définitions sur la notion même d’anxiété. CHAMBRE SYNDICALE DE LA SOPHROLOGIE, Les français et le stress [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.chambre-syndicale-sophrologie.fr/les-francais-et-le-stress/>, [consulté le 27-08-2017]. Sondage réalisé en janvier 2016 par BVA pour la Chambre Syndicale de la Sophrologie auprès d’un échantillon grand public de 1030 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus ayant pour but d’analyser les Français et le stress HUFFINGTONPOST, 10 choses à savoir sur les troubles anxieux [en ligne], 2016, mise à jour en 2016, disponible sur <http://www.huffingtonpost. fr/2016/06/17/choses-savoir-troubles-anxieux_n_10525486.html>, [consulté le 27-08-2017]. Anna Almendrala, journaliste pour le site d’information du Huffingtonpost donne dans son article 10 faits marquant concernant les troubles anxieux. RECODE, The gig economy workforce will double in four years [en ligne], 2017, mise à jour en 2017, disponible sur <https://www.recode. net/2017/5/25/15690106/gig-on-demand-economy-workers-doubling-uber>, [consulté le 27-08-2017]. Le site d’information et d’analyse technologique recode.net décrit le phénomène de Gig economy et démontre par des statistiques que cette transformation du monde du travail né aux États-Unis doublera en quatre ans. TONIC.VICE, The Extreme Anxiety of Being a Freelancer [en ligne], 2017, mise à jour en 2017, disponible sur <https://tonic.vice.com/en_us/article/qvd5pb/ the-extreme-anxiety-of-being-a-freelancer>, [consulté le 2017-08-27]. Le journaliste américain Michael Stahl exprime l’extrême anxiété d’être freelance à travers un témoignage autobiographique pour le site d’information tonic, du média vice.com THE GUARDIAN, ‘I felt vulnerable’: freelancers on the stress of selfemployment [en ligne], 2016, mise à jour en 2016, disponible sur <https://www. theguardian.com/money/2016/dec/08/i-felt-vulnerable-freelancers-on-the-

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stress-of-self-employment>, [consulté le 27-08-2017]. La journaliste Sandra Haurant, dresse le portrait du freelance anxieux à travers différents témoignages d’indépendants pour le site d’information theguardian. com. Elle évoque à travers ces témoignages la difficulté pour ces freelances d’atteindre l’équilibre idéal entre travail et vie personnelle dans un contexte d’insécurité financière. CLOUD PEEPS BLOG, 10 ways to beat freelancer anxiety and depression [en ligne], 2016, mise à jour en 2016, disponible sur <http://blog.cloudpeeps.com/ freelancer-anxiety-and-depression/>, [consulté le 27-08-2017]. La rédactrice du blog CloudPeeps, Shannon Byrne donne au fil de son article 10 moyens de combattre l’anxiété et la dépression des freelances. APPRENDRE À ÉDUQUER, Connaitre ses émotions, un atout pour la vie [en ligne], 2015, mise à jour le 2016, disponible sur <http://apprendreaeduquer.fr/ connaitre-ses-emotions-un-atout-pour-la-vie/>, [consulté le 2017-11-15]. Le site apprendreaeduquer.fr à destination des parents donne dans un article 7 étapes pour entraîner les enfants à reconnaître leurs émotions. LE FIGARO SANTÉ, Les jeunes deux fois plus stressés que les seniors [en ligne], 2007, mise à jour le 2013, disponible sur <http://sante.lefigaro.fr/ actualite/2013/11/28/21570-jeunes-deux-fois-plus-stresses-que-seniors>, [consulté le 2017-11-16]. Le média d’actualité Le Figaro s’est intéressé aux problèmes de santé publique des français et a notamment relevé deux fois plus de stress auprès des jeunes que chez les seniors. SCIENCES ET AVENIR, Le génie, une affaire de créativité [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.sciencesetavenir.fr/sante/legenie-une-affaire-de-creativite_28354>, [consulté le 2017-12-16]. Elena Sender, spécialiste des Neurosciences au magazine Sciences et Avenir décrit dans cet article les mécanismes du génie créatif ainsi que l’influence de la génétique dans cette équation. En explorant les notions de QI, de génie et de créativité, E. Sender cherche à comprendre si le génie est bel et bien une affaire de créativité. MEDIUM, Requiem For a Scream [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <https://medium.com/anxy-magazine/requiem-for-a-scream37563496f142>, [consulté le 2017-12-16]. Laurie Penny, auteur d’un post Médium pour le magazine Anxy, évoque à travers cet essai l’image romantique associé au mal être des artistes et questionne l’association créativité et mal-être, supposément source d’inspiration créative. PSYCHCENTRAL, Creative Anxiety – So Much On The Line [en ligne], 1995, mise à jour le 2011, disponible sur <https://blogs.psychcentral.com/creativemind/2011/03/creative-anxiety-so-much-on-the-line/>, [consulté le 2017-12-17]. Douglas Eby, chercheur en philosophie explore les notions d’anxiété créative dans un article de son blog psychcentral.com au travers des recherches des

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psychologues Eric Maisel et Robert Maurer. Son article dévoile également les différentes sources de l’anxiété créative. FONDATION TRAVAILLER AUTREMENT, Étude – Les travailleurs indépendants : identités, perceptions, besoins [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.fondation-travailler-autrement.org/etudes/ travailleurs-independants-identites-perceptions-besoins/>, [consulté le 2018-01-02]. La Fondation Travailler autrement a réalisé une étude ayant pour but d’évaluer les points communs et les différences entre auto-entrepreneur, micro-entrepreneur, consultant en portage salarial, freelance ou entrepreneur individuel. ECONOMIE MATIN, La vérité sur le télétravail [en ligne], 2012, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.economiematin.fr/news-teletravail-emploiforme-internet-argent-systeme-management-choisy>, [consulté le 2018-0102]. Laura Choisy, fondatrice du site cohome.in et auteur de cet article paru dans le site d’information économique economiematin.fr, questionne les bienfaits plébiscités dans le télétravail en soulevant les problèmes de l’émergence de l’isolement professionnel et de la perte de communication qu’il suscite. MBO PARTNERS, Majority of workforce will be independent by 2020 [en ligne], 2012, mise à jour le 2012, disponible sur <https://www.mbopartners. com/press-releases/majority-workforce-will-be-independent-2020>, [consulté le 2018-01-02]. L’entreprise de consulting MBO PARTNERS présente ici cinq prédictions clés qui façonneront le paysage du travail indépendant au cours des années à venir. MON FINANCIER.COM, La gig economy [en ligne], 2008, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.monfinancier.com/la-gig-economy-23821.html>, [consulté le 2018-01-02]. Le spécialiste des marchés financiers, banquier d’affaires, et essayiste Marc Fiorentino décrit pour le site économique monfiancier.com le concept de gig economy, cette nouvelle expression de plus en plus utilisée aux États-Unis. LEMONDE.FR, L’«  ubérisation  » du travail [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.lemonde.fr/programmes/entreprises-etindustrie/l-uberisation-du-travail>, [consulté le 2018-01-02]. Le site lemonde.fr définit le terme ubérisation du travail dans le contexte des élections présidentielles françaises de 2017. HUMANIANCE BLOG, Quelles sont les principales difficultés du travailleur indépendant ? [en ligne], 2014, mise à jour le 2015, disponible sur <http://www. humaniance.com/blog/travailleur-independant-difficultes.html>, [consulté le 2018-01-03]. Le blog destiné aux freelances Humaniance, rappel dans cet article les 5 principales difficultés à affronter quand on est travailleur indépendant.

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SOCIAL DESIGN, Manifeste [en ligne], 2015, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.plateforme-socialdesign.net/>, [consulté le 2018-01-05]. La Plateforme Socialdesign est une initiative d’acteurs de la société civile, designers, architectes, responsables culturels, associatifs regroupés en un réseau interdisciplinaire. BFM BUSINESS, Les télétravailleurs ne sont pas si heureux que ça [en ligne], 2009, mise à jour le 2016, disponible sur <http://bfmbusiness.bfmtv.com/ entreprise/les-teletravailleurs-ne-sont-pas-si-heureux-que-cabr-970003. html#content/contribution/edit>, [consulté le 2018-01-05]. L’article BFM business démontre qu’une majorité de Français veut faire du télétravail et souligne le fait qu’ils n’y voient que des avantages. Mais que pourtant, travailler de chez soi comporterait des inconvénients, voire des risques. NCBI - US NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE NATIONAL INSTITUTES OF HEALTH, The global prevalence of common mental disorders: a systematic review and meta-analysis 1980-2013. [en ligne], 1993, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24648481>, [consulté le 2018-01-06]. La bibliothèque nationale des instituts de médecine américaine donne la prévalence globale des troubles mentaux des sujets analysées entre 1980-2013. NCBI - US NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE NATIONAL INSTITUTES OF HEALTH, Mental illness, suicide and creativity: 40-year prospective total population study. [en ligne], 2012, mise à jour en 2013, disponible sur <https:// www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23063328>, [consulté le 2018-01-06]. *La bibliothèque nationale des instituts de médecine américaine dévoile les résultats de 40 ans d’étude prospective sur la population totale suédoise afin d’étudier si la créativité est associée à tous les troubles psychiatriques ou limitée aux personnes présentant des caractéristiques psychotiques.* ESTIME, L’ESTIME : Enquête sur le Stress au Travail - IME [en ligne], 2011, mise à jour le 2012, disponible sur <https://www.estime-stress.com/>, [consulté le 2018-01-06]. L’ESTIME, est une enquête internationale sur le stress au travail et le moral des salariés réalisée fin 2011 et dévoilée en 2012 auprès de 7025 répondants dans 5 pays et régions : France, Belgique néerlandophone et francophone, Suisse francophone, Québec. ATTN:, What Your Anxiety Dreams Mean [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.attn.com/stories/5510/common-anxietydreams-and-meanings>, [consulté le 2018-01-07]. Layne Dalfen, fondatrice du Dream Interpretation Center à Montréal, la professeure de métaphysique Cathleen O’Connor et l’analyste de rêve Lauri Lœwenberg donnent dans cet article pour le site de média ATTN: les causes les plus courantes de rêve anxieux

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12 KINDS OF KINDNESS, Let’s Talk About Mental Health [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http:// letstalk.12kindsofkindness.com//>, [consulté le 2018-01-07]. La design Jessica Walsh est à l’origine du site « Let’s Talk About Mental Health » qui a pour but de collecter les histoires des personnes en souffrances psychiques afin de déstygmatiser ces états. HUFFINGTONPOST, This Smartphone App Is Here To Help You Fight Stress [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.huffingtonpost.com/entry/koko-smartphone-app-stress_ us_56730cabe4b0dfd4bcc10192>, [consulté le 2018-01-07]. Cet article du Huffingtonpost recense des applications pour Smartphone cencer aider les personnes anxieuses à combattre le stress. LA MONTAGNE, Des chercheurs clermontois créent un système d’analyse de l’anxiété des personnes autistes [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/ science/2016/06/28/des-chercheurs-clermontois-creent-un-systemedanalyse-de-lanxiete-des-personnes-autistes_11977936.html>, [consulté le 2018-01-07]. Le site d’information Lamontagne.fr relate dans cet article le fait que des chercheurs clermontois aient mis au point un système d’analyse de l’anxiété permettant à des personnes autistes d’anticiper des situations stressantes. INDIEGOGO, Olive : A Wearable to Manage Stress [en ligne], 2008, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.indiegogo.com/projects/olive-awearable-to-manage-stress#/>, [consulté le 2018-01-07]. Le site de crowdfunding Indiegogo met en avant le projet de la start-up américaine Olive Labs, un bracelet connecté gérant le stress. NOUVELOBS, Quantified self : quand les objets connectés augmentent le stress [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2015, disponible sur <https:// www.nouvelobs.com/rue89/rue89-sante/20150804.RUE0110/quantifiedself-quand-les-objets-connectes-augmentent-le-stress.html>, [consulté le 2018-01-07]. Cet article du NouvelObs souligne les conséquences négatives provoquées par l’avénement des objets connectés et notamment du mouvement Quantified self qui selon une étude de chercheurs néerlandais de l’université de technologie d’Eindhoven, augmenteraient le stress C2CARE, La réalité virtuelle au service de la santé [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.c2.care/>, [consulté le 2018-01-07]. Cet start-up française propose des applications en réalité virtuelle contre le traitement des phobies, des addictions, des troubles du comportement alimentaire, de la dépression et des troubles fonctionnels.

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Vivien Guyot, co-fondateur du site Web des Objets, évalue à travers cet article les impacts positifs et négatifs des objets connectés dans nos vies, tant sur le plan personnel, social, économique, politique... FUTURA TECH, Big data : le quantified self ou le soi quantifié [en ligne], 2001, mise à jour le 2016, disponible sur <https://www.futura-sciences.com/tech/ dossiers/internet-big-data-boom-donnees-numeriques-1936/page/3/>, [consulté le 2018-01-07]. L’école Epitech explore à travers ce dossier pour le média Futura Tech, pourquoi nos données valent de l’or. THE NEXT WEB, Scientists are now using Wi-Fi to read human emotions [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <https://thenextweb. com/artificial-intelligence/2017/07/22/scientists-create-ai-that-uses-wi-fi-tosee-emotions/>, [consulté le 2018-01-07]. Le site d’information high-tech américain thenextweb.com relate la découverte de scientifiques du MIT concernant la possibilité de lire les émotions humaines à travers les signaux WI-FI BELLECOUR, Le projet IVA exposé à la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www.bellecour.fr/2017/02/24/iva-expose-a-la-biennale-internationaledu-design-de-saint-etienne/>, [consulté le 2018-01-07]. Le journal web de l’école d’art et de design lyonnaise Bellecour décrit le projet IVA exposé à la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne. RESEARCHGATE, Emotion et Design d’Interface [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2014, disponible sur <https://www.researchgate.net/ publication/278963577_Emotion_et_Design_d%27Interface>, [consulté le 2018-01-07]. À travers le site de diffusion de recherches open-source ResearGate, Damien Lockner (ergonome-designer), Nathalie Bonnardel (Professeur des Universités en psychologie), Carole Bouchard (designer produit) et Vincent Rieuf (designer produit), parcours les liens existant entre émotion et design d’interface. GRAPHÉINE, Sonos, une identité cinétique ! [en ligne], 2012, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.grapheine.com/actulogo/sonos-uneidentite-cinetique>, [consulté le 2018-01-07]. Le blog de l’agence de design graphique Graphéine analyse la nouvelle identité de la marque SONOS réalisée en 2014 par l’agence internationale Bruce Mau Design. GRAPHÉINE, Opéra de Saint-Étienne Et la magie Opéra... [en ligne], 2012, mise à jour le 2015, disponible sur <https://www.grapheine.com/portfolio/identitevisuelle-opera-de-saint-etienne>, [consulté le 2018-01-07]. Étude de cas du projet de refonte de l’identité visuelle de l’Opéra de SaintÉtienne sur le portfolio en ligne de l’agence de design graphique Graphéine

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BLOG-ESPRITDESIGN.COM, JARDIN D’HIVER MOBILIER ANTI-ANXIÉTÉ PAR GÉRALDINE BIARD [en ligne], 2008, mise à jour le 2015, disponible sur <https://blog-espritdesign.com/mobilier/meuble-dappoint/jardin-dhivermobilier-anti-anxiete-par-geraldine-biard-34136>, [consulté le 2018-01-07]. Le blog de design espritdesign.com présente la collection de meubles destinées à la relaxation réalisées par la designer française Géraldine Biard. ETHAN NICHTERN, Author & buddhist teacher [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.ethannichtern. com/>, [consulté le 2018-01-07]. Site personnelle de l’auteur et bouddhiste Ethan Nichtern. PSYCHOMÉDIA, Les 10 phobies les plus fréquentes [en ligne], 1996, mise à jour le 2012, disponible sur <http://www.psychomedia.qc.ca/phobies/2012-1021/10-phobies-les-plus-frequentes>, [consulté le 2018-01-07]. Le site d’information psychologique québécois Psychomédia rapporte le classement des 10 phobies les plus fréquentes selon une enquête de Anxiety UK sur le site gouvernemental britannique du National Health Services. FUTURA SANTÉ, La quête du bonheur : comment vivre heureux ? [en ligne], 2001, mise à jour le 2011, disponible sur <https://www.futura-sciences.com/ sante/dossiers/biologie-quete-bonheur-vivre-heureux-1092/>, [consulté le 2018-01-07]. Jordi Quoidbach, Docteur en psychologie, explique dans ce dossier pour Futura Santé que la quête du bonheur est à l’origine de presque tous nos comportements THE CUT, You’ll Be Happier If You Let Yourself Feel Bad [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.thecut. com/2017/08/youll-be-happier-if-you-let-yourself-feel-bad.html>, [consulté le 2018-01-07]. La journaliste Cody Delistraty explique dans cet article pour le magazine féminin The Cut l’idée qu’il est important de vivre ses émotions pour être heureux. PLOT DEVICES, Turn your ideas into stories [en ligne], 2017, mise à jour le 2017, disponible sur <https://plotdevices.co/>, [consulté le 2018-01-07]. Le site Plot Devices est une initiatives du cinéaste Seth Worley qui s’efforce de créer des produits qui cultivent la spontanéité et l’ingéniosité dans les tranchées du cinéma. Des outils pour les écrivains, les réalisateurs, les producteurs, les cinématographes, les metteurs en scène et tous ceux qui contribuent à la réalisation de films. KING’S COLLEGE LONDON, Anxiety Disorders [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.kcl.ac.uk/ioppn/ depts/psychology/research/ResearchGroupings/CADAT/Anxiety-Disorders/ anxietydisorders.aspx>, [consulté le 2018-01-07].

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La prestigieuse école du KING’S COLLEGE LONDON dévoile les résultats d’une étude sur les troubles anxieux. ALPHABETTES, Dear Alphabettes: Freelancing and working from home [en ligne], date inconnue, mise à jour le 2017, disponible sur <http://www. alphabettes.org/dear-alphabettes-freelancing-and-working-from-home/>, [consulté le 2017-08-13]. Suite à une rencontre avec Indra Kupferschmid, la communauté internationale de typographes féminines nommée Alphabettes me partage via le témoignage de la designer graphique australienne Nicole Arnett Phillips leur point de vue face à la question : Est-ce qu’un certain degré d’incertitude et d’anxiété est nécessaire ou non à la créativité ? CREATIVITY PORTAL, Mastering Creative Anxiety: 15 Anxiety Management Techniques [en ligne], 2000, mise à jour le 2016, disponible sur <http://www. creativity-portal.com/articles/eric-maisel/mastering-creative-anxiety.html#. WlN1FFQxG2w>, [consulté le 2017-12-13]. Le site creativity portal synthétise dans cet article quinze outils de gestion de l’anxiété issu du travail de recherche du Psychothérapeute Éric Maisel, auteur du livre Mastering Creative Anxiety. HOPWORK, Le freelancing en France [en ligne], 2013, mise à jour le 2017, disponible sur <https://www.malt.fr/etude-freelance-2017>, [consulté le 201707-13]. Hopwork publie la première grande étude sur le freelancing en France, en partenariat avec OuiShare : plus de 1 000 freelances ont partagé leurs attentes, leurs motivations et leur état d’esprit dans une société encore dominée par le salariat. TWITTER, uneviedefreelance [en ligne], 2006, mise à jour le 2016, disponible sur <https://twitter.com/1viedefreelance>, [consulté le 2017-11-13]. Une vie de freelance est une initiative qui a pour but de donner la parole aux freelances et de construire le futur de ce nouveau mode de travail. PSYCOM, Brochures d’info [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.psycom.org/Brochures-d-info>, [consulté le 02-08-2017]. L’organisme de formation et de lutte contre la stigmatisation de la santé mentale Psycom dévoile dans ses brochures des informations concernant : Comment prendre soin de sa santé mentale ? Quels sont les signes d’alerte ? Quelles sont les lieux et les personnes ressources ? LINTERNAUTE, William Shakespeare [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.linternaute.com/ citation/12323/l-ame-du-bonheur-meurt-dans-la-jouissance------williamshakespeare/>, [consulté le 02-08-2017]. Le site généraliste appartenant au groupe Le Figaro expose une des célèbres citations de l’auteur anglais William Shakespeare.

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LINTERNAUTE, Salvador Dali [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <http://www.linternaute.com/citation/18615/necraignez-pas-la-perfection--vous-n-y-parviendrez-jamais----salvador-dali/>, [consulté le 02-08-2017]. Le site généraliste appartenant au groupe Le Figaro expose une des célèbres citations de l’artiste espagnol Salvador Dali. GOODREADS, Epictetus Quotes [en ligne], date inconnue, mise à jour à une date inconnue, disponible sur <https://www.goodreads.com/quotes/36906people-are-not-disturbed-by-things-but-by-the-views>, [consulté le 02-082017]. GoodReads, le plus grand site pour les lecteurs et les recommandations de livres répertorie une citation du philosophe stoïcien Épictète

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La place de l’anxiété dans le travail de création. Je lutte quotidiennement avec mes pensées anxieuses, en particulier lorsque je créé. Mais je ne suis pas seul, l’anxiété est devenue l’une des maladies les plus courantes de notre société en perpétuelle évolution. Cette société, produit en effet de plus en plus d’opportunités à être anxieux : statuts professionnels instables, contexte de peur, perspectives d’avenir pessimistes et ainsi de suite... En tant que designer, je souhaite arrêter cette dynamique négative et prouver que la pensée design est capable d’influencer les maladies mentales comme l’anxiété. En apprenant comment l’anxiété fonctionne, pourquoi elle se produit, quand elle se produit et, finalement, comment y faire face ; j’ai choisi de regarder l’anxiété dans un contexte plus précis, celui du travail de création... Cette étude, profondément ancrée dans un contexte économique et social, est révélatrice d’un enjeu plus global, celui du bien-être du travailleur isolé... Jeremy Cheramy


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