Souvenir d'une époque

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Chapitre 1 Il est six heures du matin quand un son familier vient interrompre mon sommeil. C’était la voisine du dessous ; une cantatrice retraitée qui, à presque quatre-vingts ans, faisait toujours ses vocalises chaque matin. Plus efficace que tout autre réveil, Suzanne était très matinale, et surtout très ponctuelle... Ce qui m’assurait néanmoins un réveil stable et quotidien, sauf le dimanche, où elle se rendait à la messe de l’église qui fait l’angle de la rue. Ce matin, un peu comme à mon habitude, je me lève assez difficilement, et ce malgré les efforts de Suzanne qui montait dans les aiguës. Je me décide à sortir du lit, et me heurte à ce choc thermique de transition entre le nid douillet que je viens de quitter, et la fraicheur de l’aube parisienne. Comment chaque matin, le café est nécessaire au bon déroulement de cette phase de réveil, et s’accompagne d’un petit morceau de sucre tout en lisant les tweets et autres infos publicitaires. Une fois le café avalé, je file sous la douche au pas de course, car l’heure tourne mine de rien, et je me surprends à encore prendre mon temps. J’entre dans la salle de bain, ou devrais-je dire la chambre froide de mon appartement. Et oui, je suis tête en l’air, et j’avais encore oublié de fermer le loquet de la fenêtre hier soir... La douche s’avère être un bon remède à cette imprévu, alors je ne me fais pas plus prier pour y entrer. Malheureusement, une fois n’est pas coutume, et les canalisations de l’immeuble haussmannien, un brin vétuste, avaient décidés de participer activement à mon réveil. C’est alors une douche d’économe acrobate que j’entame. Le but, faire en sorte d’être propre, tout en ayant le moins de temps de contact possible avec l’eau glaciale qui s’échappe du tuyau. Et c’est au bout de dix minutes de galère que je parviens à fuir cet enfer pour enfiler mon peignoir. Je suis on ne peut plus réveiller, j’attaque le rasage et m’applique pour tailler ma barbe proprement, et en tout en jetant des coups d’œil rapide à ma montre, je termine par le brossage de dent « express ». Il est 6h30 quand je sors de la salle de bain pour aller m’habiller. En passant dans le salon, je vois sur le canapé une lueur orangeâtes d’un timide soleil qui tente de se frayer un chemin entre les rideaux qui font office de barrage. Rien de tel pour me réconforter après une torture physique infligée gratuitement par les eaux de Paris. Rapidement, je refais mon lit pour le retrouver à mon retour, aussi accueillant que la veille, nettoie la table, fais la vaisselle et ferme toutes les fenêtres avant de quitter la pièce. J’enfile mes chaussures, ma veste et je suis prêt à partir. La valise à la main, je ferme la porte de mon appartement, et tombe nez à nez avec Suzanne qui se tenait là, derrière moi, du haut de son mètre cinquante. Attachante au possible, elle m’enlace tendrement comme une petite grand-mère le fait avec son petit fils, et me souhaite un très bon voyage. Et soudain, me lâche un : « Aller, maintenant dépêche-toi, le train ne va pas t’attendre ! ». Et elle avait raison, j’ai déjà du retard... Un bisou et un sourire, puis je m’engage dans un véritable sprint pour descendre les six étages de l’immeuble. En bas de l’immeuble, je sors mon iPhone et lis le message du père : « Si tu lis ce message en étant encore dans l’immeuble, je te conseille de courir pour avoir le train mon grand. Bisous et bon voyage ! » Il est très fort mon père, il me connait par cœur et ça me fait sourire bêtement. Mais bon, je suis son conseil et commence à courir dans les rues d’un Paris qui se réveille. Au feu rouge, j’en profite pour sortir mes toutes nouvelles lunettes de soleil. Haha, après tout, c’est l’été, pourquoi ne pas les montrer aux passants qui vont travailler ? L’atmosphère estivale qui règne et fait ressortir l’architecture de la ville, me rappelle ce pourquoi je l’aime tant. En arrivant place de la Bastille, où je bosse cinq jours par semaine en tant que directeur artistique dans une petite agence de pub, je décide de passer faire un petit coucou à ma boulangère préférée depuis mon plus jeune âge. Et elle m’attend sur le pas de la porte, un petit sachet à la main et un sourire à en attendrir plus d’un. « Bonjour Simone, tu es radieuse ce matin ! Je ne m’attarde pas, j’ai mon train à prendre... » lui dis-je « Pas de soucis Jérémy, je sais que la ponctualité n’est pas ton fort ! Prend ça et file ! » Me répond-elle en me tendant le sachet. « Tu es adorable, bon courage pour la journée et embrasse Jacques pour moi. » lui dit-je en m’éloignant. « Embrasse tes parents, et la classe les lunettes ! » me crie-t-elle de sa voix usée. Page 2


Et je reprends ma course effréné jusqu’à la Gare de Lyon, les bras chargés d’une valise incontrôlable et d’un petit paquet chargé de bonheur. A un passage piéton, je prends le temps d’entrouvrir le sac pour y voir le sandwich poulet-crudités que Simone me prépare tous les midis, ainsi qu’un dessert enveloppé, qui ressemblait de silhouette à une tartelette. J’ai hâte d’être à midi pour manger tout ça ! Mais je vois qu’il n’est que 7h21 et que mon train est prévu à 7h32. Autant dire que la température de mon corps se multiplie par deux alors que j’approche de la pendule surplombant la Gare de Lyon. Plus que 8 minutes avant le départ du train, juste le temps de composter mon billet et de prendre une canette au distributeur, puis je me dirige vers la voie B où le train direction Nice m’attend impatiemment. Bien entendu, je suis voiture 17, c’est-à-dire à l’autre bout du quai, et il ne me reste que 3 minutes pour pénétrer dans le train. Je ressors mon billet pour faire une dernière vérification et constater que tout concorde bien avec le train que j’allais emprunter. « Train 6033 - départ 7h32 - Paris Gare de Lyon : arrivé 12h46 – Saint-Raphaël » Ok, tout est bon, je m’avance et m’apprête à entrer quand une femme vient me couper la route et laisse derrière elle une trainée d’un parfum qui ne m’était pas inconnu. Je ne la vois que de dos, mais sa silhouette fine et ses cheveux d’un blond méditerranéen me laisse présager que cette femme est ravissante. Je ne m’attarde pas sur ce moment, et entre rapidement après son passage car les sifflets retentissent et les portes frémissent à l’idée de se refermer. Comme prévu pour un départ en vacance, le train est bondé, et il n’y a plus une seule place pour ma valise dans l’espace qui leur est destiné à l’entrée du wagon. Je regarde mon billet : « place 23 – couloir salle basse » et me dirige alors vers la terre promise. Par chance, un petit recoin du wagon est assez accueillant pour y déposer ma valise, alors j’en profite pour m’en délester avant de rejoindre la 23. Je m’installe confortablement, et comme à mon habitude, je commence à regarder autour de moi les personnes qui composent le wagon. Et ainsi, j’entame mon jeu solitaire favoris, qui est celui du : « qui aura un souci au moment où le contrôleur passera ? ». Et, je me lance dans une en analyse des cibles potentiels, qui sont, un jeune homme à l’apparence négligée, une barbe mal rasée, des vêtements troués ; une femme qui n’arrête pas de vérifier ses billets et sa carte de réduction et enfin un jeune couple qui semble avoir oublié le billet de leur fiston. Enfin, à ma grande surprise, la jeune femme qui m’avait coupé la route se trouve là, dans le même wagon que moi, dans le même sens que moi. Ainsi, je ne peux pas du tout la distinguer, mais sa silhouette, et le souvenir de son parfum me rappelait quelqu’un, quelques choses auxquelles je n’avais pensé depuis plusieurs années. Mais quoi ? Là est la grande question... Je ne sollicite pas plus ma mémoire, et je me mets à lire un magazine de photographie que j’avais avec moi, alors que le train quitte la capitale. Seulement, au bout de quelques minutes à se tuer à la tâche, je n’arrive pas à faire abstraction du bruit incessant que produit la musique sortant des écouteurs du jeune homme à côté de moi. S’impose alors à moi un dilemme : passer pour un jeune/vieux con et lui demander de baisser le son pour pouvoir lire tranquillement, ou me mettre du Rap encore plus fort dans les oreilles ? Et puis je me mets dans à la place du jeune et imagine la situation si j’avais son âge. En y pensant, c’est pas si loin mes dix-huit ans, ça fait que dix ans. C’est fou comme le temps passe vite quand même. A son âge je passais mon temps sur la plage à jouer au volley, me baigner et sortir le soir avec mes potes. Et puis j’avais ma copine aussi, Garance, mon amour de jeunesse. Qu’est-ce qu’elle était belle cette fille, j’en étais fou amoureux. Et étrangement, je me souviens même très bien de son parfum, comme si je pouvais le sentir ... Mais ça y est, c’est à elle que le parfum de la femme me fait penser ! C’est pour ça que cette femme me fait penser à quelqu’un de dos, c’est de Garance qu’il s’agit. Le même parfum, la même couleur de cheveux, une silhouette presque identique. Ce serait complétement fou ça quand même, dix ans après, de se retrouver dans ce train. Il y en a combien des probabilités que ça arrive ça ? Mmh, j’ai lâché les maths trop tôt pour ce genre de chose. Ah, mais une seconde, quand j’y pense, si c’était l’amour fou, pourquoi on s’est quitté ? On était pourtant fidèle et aimant l’un envers l’autre, je n’ai pas fait de connerie, on ne s’est même pas disputé gravement... Je ne sais pas, ça me reviendra. Le contrôleur rentre alors dans le wagon et m’interrompt dans mes pensées : « Bonjour mesdames et messieurs, veuillez présenter vos titres de transport » Page 3


Naturellement, je m’exécute en gardant à l’œil mes potentiels cibles. Le couple avait retrouvé son billet manquant, et s’empresse de le présenter en premier au contrôleur en arborant un sourire béat. Ce qui m’énerve un peu, tant je croyais en eux. Mon tour arrive, et je suis encore dans mes pensées, cette possibilité que Garance soit là, à quelques mètre me stress. Et si elle ne me reconnaissait pas ? Et si elle ne voulait plus entendre parler de moi ? Je dois me souvenir du pourquoi nous nous sommes séparés... « Titre de transport messieurs s’il vous plait » annonça machinalement le contrôleur. « Tenez monsieur, et voici ma carte 12-25 » rétorqua le jeune homme à ma droite en lui donnant le tout. « Merci, à votre tour monsieur » dit-il en me regardant avec un sourire hypocrite. « Voilà pour vous » lui répondis-je « Jérémy Suchet ! Suchet ça me dit quelque chose ça... Mmh, mais quoi ? » « Vous connaissez peut être mon père ... ? » lui répondis-je l’air gêné. « Ah oui, ça me revient, Christophe Suchet ! C’est bien ça ? » S’exclame-t-il. « Je vais vous décevoir monsieur, mais il n’y aucun Christophe dans ma famille. » « Au temps pour moi, veuillez reprendre vos billets, et un très bon voyage monsieur Suchet. » Et c’est à la suite de cette phrase que je lance un regard en direction de Garance, où plutôt la femme qui lui ressemble. Car après tout, cette agitation m’aurait fait me retourner pour voir la tête de la personne qui parle. Alors, pourquoi pas elle ? Et à cet instant, la femme se retourna. Mais à mon plus grand désarroi, ce n’était pas celle que j’espérais... Je repris alors mon billet, et m’installa plus confortablement dans mon siège. Et tout en contemplant le paysage défiler, je me mit à penser à cette fille, ou plutôt cette jeune femme que j’avais quitté il y a dix ans, et que j’avais presque oublié. Sur ce doux souvenir, je ferme les yeux, et la fatigue m’emporte au pays des rêves, que j’avais quitté trop tôt ce matin. Et ce, jusqu’à l’arrivé en gare de Saint-Raphaël, où mes parents m’attendent impatiemment.

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Chapitre 2 Heureusement que mon voisin avait regardé mon billet et pris l’initiative de me réveiller un peu avant Saint-Raphaël, sinon je me serai retrouvé à Nice dans les heures qui suivent. Je prends mes affaires tout en le remerciant, et je quitte le wagon que la jolie blonde avait délaissé à un des arrêts précédent. Me voilà chez moi, sur le quai n°2 que j’ai tant de fois fréquenté. Quel plaisir de retrouver la chaleur du Sud, les gens, les tongs, les shorts et les jeunes filles en jupe. D’ailleurs, je commence déjà à avoir chaud, alors je quitte ma veste et me fond dans la masse en enfilant mes lunettes de soleil. Ici contrairement à Paris, c’est ceux qui n’en portent pas qui sont marginaux. Tout va moins vite ici, les gens prennent le temps d’apprécier les choses, et c’est à ce moment-là que je me sens réellement en vacance. Au bout du quai, je distingue difficilement deux silhouette qui ressemblent à mes parents, et plus la distance diminue, plus cette hypothèse se confirme. Mes parents étaient là, devant la porte d’accès aux quais. Ma mère avait enfilé une jolie robe aux milles couleurs, qui lui allait à ravir. Et mon père, fidèle à lui-même portait un short et une chemise bleue, et avait mis ses lunettes de frimeur pour me taquiner. Je m’approche un peu plus, et c’est à seulement quelques mètres que ma mère se décide enfin à me sauter dans les bras. « Je ne t’avais pas reconnu, tu as changé de coupe de cheveux... Ça te va bien, tu es très beau !» dit-elle en me serrant de toute ses forces. « Merci maman, et toi ta robe est super sympa. Ça me fait plaisir de vous voir tous les deux ! » Dis-je en serrant à son tour mon père dans les bras. « Aller, c’est l’heure de manger, tu dois être affamé. On t’invite au resto fiston « annonça joyeusement mon père. Une fois les politesses et autres affections terminées, je ré-empoigne ma valise, et me rend compte qu’avec toutes ces émotions depuis le matin, j’ai oublié le petit sachet de Simone dans le train. Tant pis, ça fera toujours un heureux, ou office de remerciement pour l’avoir réveillé à temps. Maintenant, direction le «Mérou Ardent» avec la famille. En marchant sur le front de mer pour rejoindre le dit restaurant, je repense à Garance, à toutes les fois où nous nous sommes promenés ici. Que ce soit les balades du soir pour acheter une glace avant d’aller la manger sur la plage, tous les beignets au sucre que nous avons pu manger chez Jo, tous les trajets matinaux en sillonnant les attelages du marché que j’ai fait pour rentrer d’une nuit chez elle. Une multitude de souvenirs me reviennent d’un coup, et ce pour la première fois depuis dix ans. Comme si le parfum de la jeune femme du train était une piqûre de rappel du destin pour m’inciter à ne pas l’oublier. On arrive devant l’enseigne du restaurant et la petite mamie qui est plus une amie de mes parents, qu’une simple patronne nous accueille à bras ouvert. J’ai même le droit à une bise et un compliment sur ma coupe de cheveux. Il faut dire qu’elle m’a vu grandir Christiane, elle me connaît depuis mes sept ans. Ça fait donc vingt et un ans que mes parents lui sont des clients fidèles, et désormais des très bons amis. On s’assoit à la table juste à côté de l’aquarium à homards, ma place préférée quand j’étais petit, que Christiane me réservait toujours quand elle savait que je venais. Pas besoin de regarder la carte, pour moi ce sera un tartare de bœuf, c’est le meilleur de toute la planète et de ses environs de toute façon. Mon père penche pour le plat du jour, et ma mère opte pour la soupe de poisson. Le temps pour le cuistot de s’exécuter, nous discutons un peu de ma situation à Paris. Je leur raconte que j’ai réalisé le dernier film publicitaire pour Nike, que j’ai changé de voiture en optant pour la dernière Mini Cooper grâce au chèque de Nike, que je cherche un nouvel appartement, plus grand. « Et quand est-ce que tu nous présente ta copine ? » me lance maman. « Maman, tu sais bien que je suis pas du genre à m’attacher... Et puis, si j’en avais une, tu sais bien que ce serai un peu compliqué de l’emmener jusqu’ici pour vous la présenter... » « C’est vrai Marie, laisse le un peu gérer sa vie, il prendra ses dispositions quand il sera prêt » répond mon père. « Bon, c’est juste qu’a ton âge, ton père et moi étions déjà mariés tu sais. » « Mais tu sais, les mentalités changent, ils ne voient plus les choses comme nous les jeunes de maintenant. Et Page 5


ton fils en fait partie, alors comprend qu’il ait besoin de temps pour trouver la bonne. » Et c’est à ce moment que les plats arrivent sur la table, servis par Christiane qui s’excuse pour le temps d’attente assez conséquent. « Je t’ai fait rajouter des pommes de terres sautées en plus Jérémy, bien croustillantes, comme tu les aimes » me dit-elle avec son grand sourire. « Génial, ça à l’air délicieux en tout cas ! » On se met tous à attaquer nos assiettes, et je profite d’une discussion entre mes deux parents, pour regarder les passants qui se baladent sur le front de mer. Nombreux sont les vacanciers, comme moi, descendus dans le Sud pour profiter du beau temps et de la mer. Certains se pavanent en maillots de bain et lunettes de soleil. D’autre sont en train de manger une glace en admirant le paysage. C’est dans ce genre de situation qu’on sent que c’est bel et bien le temps des vacances. Soudain, j’aperçois au loin une jeune femme blonde, qui me fait penser que je devrais demander à mes parents s’ils ont par hasard, des nouvelles de Garance. « Vous vous souvenez de Garance ? Ma copine quand j’étais au lycée. » « Comment l’oublier cette petite, c’était la seule copine que tu m’as présenté. Pourquoi ça ? » Répond ma mère. « Non, simplement parce que j’ai croisé une femme dans le train ce matin, qui m’a fait penser à elle. Du coup, je voulais savoir ce qu’elle devenait. Vous n’auriez pas des nouvelles d’elle par hasard ? » « Bah maintenant que tu le dis, j’ai croisé son père dernièrement chez le kiné. Il m’a dit qu’il changeait de boulot pour ouvrir son propre restaurant. Si tu veux, il m’a donné le nom : « Carré Noir », ça a dû ouvrir depuis. » répond mon père « Super, bah j’irai y manger ce soir avec Thomas et Manon » Thomas et Manon, c’est mes meilleurs amis depuis le lycée. Eux aussi ils ont dû quitter le Sud pour aller étudier sur Paris, c’est pour ça qu’on est resté si proche. Ils sont tous les deux rentrés pour la semaine, et on avait prévu d’aller au restaurant ce soir, donc ça tombe bien. Bref, on se prend un dessert léger avec les parents, et puis on remercie Christiane pour l’accueil, tout en réglant le « prix d’amis » qu’elle nous avait fait, qui rendait le repas d’une qualité/prix exceptionnelle. C’est reparti pour dix minutes de marche pour rejoindre le logis familial. Sur le chemin j’envoie un texto aux deux autres : « Ce soir, rdv devant « chez Jo » à 20h, mes parents m’ont conseillés un nouveau restau qui vient d’ouvrir. J’ai hâte de vous voir les amis, bisous ! ». On arrive à la maison, elle n’a pas changé depuis la dernière fois. Je rentre alors dans ma chambre de quand j’étais gosse, avec mon grand lit au centre qui me faisait office de canapé, de bureau, de table à manger, de plan de travail et accessoirement de lit. Autour, la déco est sobre et le papier peint bleu marine commence à se faire vieux. Sans aucune surprise, maman a tout bien rangé dans des petites boites superposée sur l’étagère à droite. A gauche, mon bureau, complétement vidé depuis des années, ne servait que de support à une paire de crayon et un petit cahier rouge. C’est alors qu’un souvenir me revient en regardant le cahier. Je me souviens de ce « journal » que je tenais quand j’étais ado. L’initiative m’étais venu un jour en regardant je ne sais plus quel film, je m’étais dit qu’à mon dix-huitième anniversaire, j’écrirai toute ma dix-neuvième année en détail. Je me mets à le chercher dans les boites, et c’est au bout de quelques minutes de recherche infructueuse que je fais tomber le saint Graal en basculant sur l’étagère. Et oui, je l’avais mis en haut pour pas que ma mère puisse tomber dessus du haut de son mètre soixante. Je me félicite de cette idée géniale, tout en toussant à cause des retombés de poussière, et m’assois sur le lit avant d’entamer la lecture de ce cahier. Il était encore en très bon état, malgré toute la poussière, et les nombreux dessins et mots noirs sur blancs qui l’ornaient, me rappelaient tout plein de choses. Le « Je suis partout, même là » par exemple, avait été écrit par Manon, qui prenait un malin plaisir à lire ce que j’écrivais à chaque fois qu’elle venait chez moi. Et chaque mot avait son histoire, chaque dessin sa raison. Je m’allonge et l’ouvre. Sur la première page était écrit : « Si tu n’es pas moi lecteur, alors tu vas en apprendre beaucoup de moi, et peut Page 6


être bien de toi également. » Une entrée en matière qui dix ans plus tard, me plait tout autant, et qui je l’espère n’a eu d’effet que sur Manon et moi. En feuilletant les premières pages, je retombe sur des photos de mon anniversaire, de la soirée chez Thomas où nous avions tous fini habillés dans la piscine, de la journée à la crique des parents de Manon, quand nous avions fait un barbecue au bord de l’eau et un peu de canoë. Naturellement, il y avait des photos de Garance et moi. Là, je me souviens enfin de ce à quoi elle ressemble exactement. Et je dois avouer qu’elle est encore plus jolie que dans mes souvenirs. Du haut de ses 18ans, elle parait déjà femme. Des cheveux d’un blond magnifique, des yeux bleus couleur Méditerranée. Une peau bronzée par le soleil, et une silhouette de sirène. Je ne suis pas très objectif certes, mais cette fille est la plus jolie que j’ai pu rencontrer au cours de ma vie. Plus loin dans le cahier, un texte que j’avais écrit entouré d’un nuage : «I have to break down all, the corners of this world. Don’t heed this praise on me, I know I don’t deserve it. But what’s so this I see? Yeah you’re leaving right beside me, And I miss you, and I love you. That’s true » C’était le refrain de « Gap », ma chansons préféré du groupe « The Kooks », la chanson que j’écoutais tout le temps à l’époque et qui était accessoirement la chanson qui m’avait fait rencontrer Garance. Oui car, un soir il m’était arrivé de la chanter avec Thomas à la guitare. Ce soir-là, nous étions tous les deux au bord de l’eau sur une petite crique que fréquentaient les jeunes à l’époque. On buvait des bières en chantant des chansons que nous connaissions plus ou moins. Au bout d’un moment, deux filles se joignent à nous et se mettent à chanter avec nous. L’une d’entre elle, la plus jolie des deux, me demande si je connais « Gap ». Par chance, Thomas connait l’air, et grâce à son talent pour la musique, trouve les accords rapidement. De fait, les filles entament la chanson, que la jolie blonde connaissait par cœur. Une fois terminée, elle me murmure à l’oreille un « Je dois rentrer, si tu veux la réécouter, je t’ai écrit mon numéro dans le sable à ta gauche. Bonne nuit, et moi c’est Garance. » La semaine qui suivait, j’étais déjà tombé sous son charme. D’ailleurs, je file sur internet pour me la réécouter de suite. Je reprends ma lecture, je lis mon angoisse en ce qui concerne mon obtention du Bac, puis mon soulagement une fois cette dure épreuve passée. Vient alors ma période de recherche d’appartement à Paris, après mon admission dans à l’IUT Paris Descartes, en InfoCom option Publicité. Cette période était marquée d’allers retours incessants pour faire des visites, souvent décevantes qui plus est... Mes grandes vacances se passaient un coup à Fréjus, un coup à Paris, et n’étaient pas franchement. Je me souviens pourtant d’une soirée à Paris chez un de mes cousins, une cuite mémorable qui m’aura fait oublier toute la soirée, sauf le réveil très difficile du lendemain matin... C’est d’ailleurs le jour même qu’on m’appelait pour me dire que le propriétaire de l’appart’ que j’avais visité trois jours plus tôt était d’accord pour la location. Et puis deux pages plus loin, je tombe sur une enveloppe collée, avec inscrit mon adresse parisienne au-dessus, et contenant une lettre. Je crois me souvenir de son contenu, mais je décide de la lire quand même. Et à la vision de l’écriture, je commence à me souvenir de tout. C’était la lettre de Garance, la dernière lettre qu’elle m’avait écrit, les derniers mots que j’ai eu de sa part. Oui, c’était sa lettre de séparation, qu’elle m’avait écrite alors qu’elle était censée me rejoindre pour passer quelques jours à Paris dans mon nouvel appartement. Je décide de malgré ça de la lire, et les : « Je crois que notre couple n’est pas fait pour la distance Jérémy. » ou encore « J’ai vécu tellement de belles choses à tes côtés, je ne supporterais pas de ne pas pouvoir te voir pendant si longtemps. » Bien sûr, le traditionnel mais si douloureux : « Je fais ça pour notre bien tu sais... » a sa place parmi ses mots. Et puis, la lettre se termine enfin par un : « Je t’aimerai toujours, ne l’oublie jamais. Ta Garance... » Je n’ai plus qu’une envie après la lecture de cette lettre. L’émotion qu’elle me provoque, et tous ces souvenirs sont trop éloignés pour en rester là. C’est décider, je veux la revoir.

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Chapitre 3 Le soir approche, alors que je termine mon journal racontant les diverses rencontres que j’ai pu faire à l’IUT, et les nombreuses aventures que j’ai enchainés pour oublier Garance. Je me fais beau, regarde l’adresse du « Carré Noir », et file en direction du lieu de rendez-vous rejoindre mes amis. Me connaissant par cœur et étant prévoyants, ils arrivent dix minutes plus tard que prévu, l’heure à laquelle je serai arrivé si j’avais été fidèle à mon retard habituel. Mais pas cette fois, alors je profite de mon avance pour regarder sur Facebook si je peux trouver le profil de Garance. Mais en vain... Peut-être n’a-t-elle pas de compte, ou utilisé un nom différent. De toute façon, les voilà ! Thomas, la classe ambulante, porte des lunettes de soleil RayBan marron lui donnant un style très vintage, renforcé avec sa veste en jean. Manon elle, porte des talons, et une petite robe d’été, mettant en valeur sa jolie poitrine. « Ah bah t’es déjà là toi ? On pensait ne pas être assez en retard, et pourtant... » me lance Thomas. « Haha, et non, j’avais hâte de vous voir les amis ! Vous avez faim ? » « Ah ouais, je meurs de faim ! On va où ? » répond Manon. « Papa m’a dit que le père de Garance avait ouvert son resto, c’est à Port-Fréjus, ça s’appelle le « Carré Noir » ça vous branche ? » « Garance, c’était pas ta meuf au lycée ? Moi je suis chaud pour n’importe où de toute façon, je suis comme Manon, j’ai faim ! » « Ouais, c’est elle. Cool tout ça, alors on y va ! » On emboite le pas tous les trois, et décidons de passer par le marché du soir, qui fait tout le front de mer. C’est super agréable de se balader de nouveau entre potes, dans ce lieu que nous avons tant de fois foulé dans notre jeunesse. C’est d’autant plus marrant quand on s’y promène avec ses meilleurs amis de l’époque, alors que nous vivons tous les trois à des centaines de kilomètres d’ici. On profite de l’atmosphère pleinement, sans même échanger un seul mot. Alors qu’on entre dans la zone de Port-Fréjus, je ne fais que penser à elle... Je nous revois partout, tantôt assis à la terrasse du « Cocobeach » sirotant un Mojito, tantôt dans la petite ruelle à faire des photos de tout et n’importe quoi. C’est fou comme les souvenirs me reviennent. Le temps d’une journée, tout ça me revient spontanément. « C’est là les gars, le « Carré Noir » c’est ça Jérém’ ? » annonce Manon. « Yes, c’est bien là ! Ah, je crois reconnaitre son père, ça me fait bizarre » « Bah pourquoi ? Ca va lui faire plaisir de te voir, il t’aimait bien non ? » me demande Thomas. « Oui, c’est sur... Mais bon, si ça se trouve il va même pas me reconnaitre. » « Au pire c’est pas grave, tu l’aideras ! Mais t’as une raison particulière pour y venir » « Plus ou moins. Disons qu’aujourd’hui il y a eu une accumulation de choses qui ont fait que Garance m’est revenue en mémoire. Je n’ai pas eu de news d’elle depuis dix ans, et là, ça revient d’un coup. J’ai demandé à mes parents s’ils se souvenaient d’elle, et mon père m’a dit qu’il avait croisé son père qui ouvrait un nouveau restaurant. Du coup, comme on avait prévu de se faire un resto tous les trois, je me suis dit que je pourrais joindre l’utile, avoir des infos sur elle, et l’agréable en voyant mes meilleurs amis. » « Ok, alors on y va, j’en peux plus d’attendre ! » s’exclame Manon. On entre dans le « Carré Noir », on se rapproche du père de Garance qui nous accueille, et nous installe en terrasse. Le cadre est plutôt cool, et il ne m’a pas reconnu aussi. « Mais en fait t’espère quoi de sa part ? Je veux dire, pourquoi tu veux des infos de Garance ? » me demande Manon. « Je sais pas, la nostalgie surement. On s’est quitté du jour au lendemain, sans jamais se reparler après. Alors qu’on a partagé énormément de choses ensemble... » « Mais c’est pas elle qui t’avais quitté à cause de la distance ? Car je crois me souvenir de toi après cette période, t’étais pas beau à voir mon pote... » Page 8


« Si, c’est bien elle Thomas, mais tu sais, j’étais vraiment fou amoureux d’elle. Je ne l’ai jamais était de nouveau depuis elle, c’est mon premier et unique amour. C’est normal que j’ai envie de la revoir non ? » « Ouais, c’est sûr, mais fait gaffe si tu la revois. » me dit Manon. « Gaffe à quoi ? » « Bah Jérémy, c’est simple, tu le dis toi-même. Ca fait une éternité que tu l’as pas vu, d’un coup il suffit de deuxtrois souvenirs qui te reviennent pour que tu veuille absolument la revoir. Tu avais réussi à tourner la page il y a longtemps, et là d’un coup d’un seul, tu replongerais limite dans ses bras si elle les ouvrait. Va pas faire de bêtise, je pense que c’est mieux pour toi de rester comme ça, et ne plus la revoir. » « Je pense que Manon a raison Jérém’, je me souviens de cette période où tu étais avec elle. Elle te menait par le bout du nez, tu n’étais plus le même avec tes potes. Avec moi par exemple, on se voyait quasiment plus, on se parlait de temps en temps et on ne chantait plus du tout... Et quand on est allé sur Paris, après cette phases de transition « après Garance », tu étais un nouveau toi, encore mieux qu’avant. J’ai toujours eu l’impression que cette fille te manipulait enfaite, pas toi Manon ? » « Si, complétement... Je te le dis, vu l’optique dans laquelle t’es partis, c’est peut-être pas si bien que ça que tu la revois. » C’est le moment que choisi le serveur pour nous interrompre et prendre notre commande. Pour moi ce sera une poêlée de Saint jacques, et une entrecôte pour les deux. Le temps que ça arrive, on change de sujet, et Manon nous raconte qu’elle a fait la rencontre Pierre, un jeune médecin qui vie à Saint-Michel, et avec qui elle sort depuis deux semaine. C’est le coup de foudre pour elle, et elle a hâte de nous le présenter. On espère juste qu’elle ne sera pas déçue une fois de plus. De son côté, Thomas est toujours un célibataire endurcit, qui collectionne les conquêtes et les groupies. C’est fou ça, Manon d’un côté veux se poser et ne tombe que sur des sales types. Et de l’autre, Thomas ne veux pas connaitre l’amour. Peut-être que sa vie d’artiste le comble après tout, il joue régulièrement dans les belles salles de la capitale, ne rentre pas souvent seul, et choisi de revoir celles qu’il a apprécié. Ou peut-être qu’il a peur de s’attacher... Après tout, il a vu les effets dévastateurs que ça avait sur moi, je pourrais le comprendre. Mais bon, moi j’en ai marre de cette situation, et je crois que je retombe sous le charme de cette femme. Cette jeune femme qui m’a tant apporté, que j’ai tant aimée et qui m’a tant manqué. C’est fou comme le temps efface les choses, et les faits revenir aussitôt. Si ça se trouve, c’est un coup du destin, et c’est elle la femme de ma vie. C’est plausible, étant donné que depuis elle, je ne me suis jamais attaché à une femme. Je n’ai eu que des aventures d’un soir, ou des copines pour s’amuser... Et il suffit d’un concours de circonstances pour que je me retrouve à la voir partout. Que faire ? Ecouter mes amis, ou écouter mon cœur et mon esprit ? Tant pis pour leur avis, j’ai trop envie de la revoir. Le repas touche à sa fin, et je m’en vais régler l’addition seul, en ayant réussi à les convaincre de me laisser les inviter. C’est alors que je me retrouve face à son père, qui me demande si tout s’est bien passé. Une fois mes compliments adressés pour la cuisine, je me décide lui poser la question : « Vous ne vous souvenez pas de moi ? » « Euh, pour tout vous dire, c’est vrai que depuis que vous êtes arrivé, je me demandé si je vous avais déjà vu quelque part... » « Ça c’est sûr que vous m’avez vu, je suis Jérémy Suchet, j’étais le copain de votre fille Garance il y a une dizaine d’année. » « Ah mais oui, c’est donc ça ! Tu as changé, tu es devenu un vrai homme ! Qu’est-ce que tu deviens ? Je suis sûr que c’est ton père qui t’a conseillé de venir ici ? Je l’ai croisé il y a quelque temps. » « Haha, c’est vrai que j’ai pas mal changé ! Bah je suis en ce moment directeur artistique dans une petite agence de pub sur Paris, et je suis en vacance pour la semaine chez mes parents. Oui, c’est lui qui m’a conseillé de passer, alors je l’ai écouté en m’accompagnant de mes amis. Et vous, comment vont les affaires ? » « Bien, tu as bien réussi ! Bah écoutes, pour moi, depuis que j’ai commencé le resto, j’ai pas une minute pour Page 9


moi, mais l’argent rentre, et surtout, j’adore ça ! » « C’est génial tout ça, je suis content pour vous ! Et je me demandais, ça va faire dix ans que j’ai pas de nouvelles. Qu’est ce qu’elle devient Garance ? » « Ah... Euh... C’est un peu compliqué. » « Comment ça ? Vous non plus vous n’avez plus de nouvelles ? » « Plus ou moins... Ecoutes, je vais te dire les choses comme elles sont. C’est assez difficile pour moi d’en reparler, alors je vais faire simple. Garance est décédée. Il y a de cela 9 ans. » « Mais... Mais qu’est ce qui lui est arrivé ?! C’est horrible... » « Bon, tu as le droit de savoir... L’année qui a suivi ton départ, Garance vivait assez mal votre rupture. Elle voulait déménager de la maison pour prendre un appartement et faire ses études à Cannes. Tu sais comme elle aimait la musique, elle commençait à écrire des chansons. Elle essayait de tourner la page de cette manière. Une fois ses textes terminés, elle les a amenés chez un producteur à Cannes, pour enregistrer une maquette. Il a adoré son travail et l’a fait signer tout de suite. Le soir même, elle est sortie pour fêter ça avec ses copines dans un bar à Sainte Maxime. Sur le retour, la conductrice avait bu, et as oublier de tourner dans un virage... La voiture a terminée cinquante mètres plus bas, directement dans la mer. Aucune d’entre elle ne s’en est sortie... Depuis, sa mère, sa sœur et moi hésitions à en parler à tes parents, car tu es la personne qui a le plus compté pour elle, mais nous ne savions pas quoi faire. Maintenant tu sais tout, certes c’est un peu brutal et assez tard, mais c’est le mieux qu’on puisse faire. Elle est enterrée au cimetière de Saint-Raphaël si tu veux aller la voir, ça lui aurait fait plaisir. » « Je ne sais quoi dire... » « Ne dis rien, profite de la vie et ne t’en fais pas pour nous. Passe la voir, et ne l’oublie pas s’il te plait, même si je pense que tu n’as jamais réellement cessé de penser à elle. » « Merci pour tout, bon courage. Embrassez votre femme ainsi que Caroline pour moi. Au revoir. » Et sur cette terrible nouvelle, je parti retrouver mes amis. En voyant mon air abattue, Manon me demande : « Bah quoi, c’était si cher que ça ? » « Non c’est pas ça... J’ai discuté de Garance avec son père. » « Et quoi alors, qu’est ce qu’elle devient ? » « Elle est morte. Ca fait neuf ans... Je vais passer la voir au cimetière de Saint Raphael demain matin, j’irai poser un bouquet de roses sur sa tombe. » « Oh mon dieu... Je suis désolé pour toi mec, on est là pour toi tu sais. » Et voilà, à partir de ce moment, j’ai su pourquoi tout ça était arrivé aujourd’hui. Ce matin je me doutais de rien, je filais la petite vie sympathique du parisien moyen qui a bien réussi sa vie. Je vivais seul dans mon égoïsme profond, dans ma bulle loin de tout. Je ne pensais qu’à m’amuser, et j’avais oublié. Oublié la femme que j’avais aimé. J’avais jamais cherché à avoir de ses nouvelles, et ça me posait pas de problème vu que c’est elle qui m’avait quitté. Mais il s’avère que la vie n’est pas aussi belle pour tout le monde, et elle venait me le rappeler en ce jour. Le lendemain, comme prévu, je vais voir Garance à Saint-Raphaël un bouquet de roses rouges à la main. Une fois devant sa tombe, je fonds littéralement en larme et n’arrive pas à réaliser qu’elle est là, sous le marbre... Après quelques minutes à me la remémorer, je décide de mettre mes écouteurs et écouter notre chanson, « Gap ». Je dépose mon bouquet, et prend soin de lui laisser un petit mot avant de quitter le cimetière. Sur le mot était inscrit : « Je t’aimerai toujours, ne l’oublie jamais. Ton Jérémy... »

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