La danse hip-hop : le nouveau patrimoine français ?

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JESSY KIKABOU

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?

MÉMOIRE PROFESSIONNEL 2016-2017





LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?



e-artsup

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ? QUEL DISPOSITIF METTRE EN PLACE POUR ANCRER LA DANSE HIP-HOP DANS LE PATRIMOINE FRANÇAIS ?

Mémoire professionnel présenté par Jessy Kikabou Parrainé par Jean-Marc Mougeot — La Place Directeur de création Julien Viera — e-artsup Consulté par Lydivine « Kiudee » Davie — Striter


Remerciements Mes remerciements sont adressés tout particulièrement à Lydivine alias « Kiudee » Davie, membre du collectif Ghetto Style, organisatrice d’évènement et chargée de communication. Elle a été ma consultante sur ce mémoire et m’a permis d’entrer en relation avec des professionnels du milieu que je n’aurai pas pu rencontrer en temps normal. Je la remercie pour ces précieux conseils concernant l’écriture de ce mémoire mais aussi pour son aide sur la réflexion et projection sur le projet à réaliser. Je remercie également Kanon Zouzoua, danseur et fondateur du collectif Ghetto Style, qui m’a accordé de son temps et pour ses paroles qui m’ont beaucoup inspiré et Youval Ifergagne pour son éclairage sur l’univers du hip-hop. Je finirai par remercier, mon entourage et mes amis d’enfance qui, par leur soutient malgré l’éloignement, m’ont rappelé l’importance de donner à ce projet une dimension sociale. Pour que ce projet puisse avoir un impact sur la vie des gens qui y prendront part.


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LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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Résumé

La culture hip-hop est de plus en plus populaire aujourd’hui et elle a réussi à se défaire de son image négative. Cependant la danse hiphop est une discipline encore mise en arrière-plan, le manque de visibilité ne permet pas de faire valoir le talent des danseurs français qui font partie des meilleurs au monde. En France il existe un réel savoir-faire dans cet art de rue, un talent dont les français n’ont même pas conscience. Cette discipline artistique suscite l’intérêt des politiques et des marques comme Redbull ou Puma qui y voit un marché à prendre. Par conséquent comment ancrer la danse hip-hop dans le patrimoine français lorsqu’elle est sous-estimée ? Si les gens peuvent se sentir exclue par ce cercle qui paraît fermé à ceux qui ne connaissent pas les codes qui y sont régi, pourquoi ne pas leur donner les moyens d’obtenir ces références ? Au même moment la culture hip-hop est attaché à ses valeurs et à son authenticité, car si certains la considèrent comme une « sous-culture », c’est justement ses différences et son esprit à contre-courant qui font sa richesse. Et ce luxe n’est pas intelligible pour tout le monde. Nous proposerons donc un projet qui permet au hip-hop de rester fidèle à lui-même mais en laissant une place dans ce cercle pour celui qui veut s’immerger dans cet univers pour le comprendre. Notre réflexion nous poussera à réfléchir à un projet aidant un public non initié au hip-hop, à faire le pas pour découvrir cette culture sous différents aspects.

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Summary Hip-hop is increasingly popular today and it succeeded in being demolished of its negative image following the example of a positive energy. However hip-hop dance is a discipline still put in background, the lack of visibility does not make it possible to put forward the talent of the dancers who belong to the bests in the world. In France there exists a real know-how in this street art, a unknown talent by the frenchies. This artistic discipline arouses the interest of the policies and the brands like Redbull or Puma which sees a market there to be taken. Consequently how to anchor the dance hip-hop in the French heritage when it is under-rated? If people can feel excluded by this circle which appears closed with what do not know the codes which are governed there, why not give them means of obtaining these references? To the same moment the culture hip-hop is attached to its values and its authenticity, because so some regard it as a “subculture�, these is precisely the differences and its counter-current spirit which make its wealth. And this luxury is not understandable for everyone. We will propose a project which makes it possible the hip-hop to remain faithful to itself but by leaving a place in this circle for that wants to immerse itself in this universe to understand it. Our reflection will push us to think of a project helping a public not initiated with the hip-hop, to take the step to discover this culture under various aspects.


SOMMAIRE


Introduction

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Chapitre I : La danse hip-hop en France

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1.POLITIQUE CULTUREL ET SOCIAL A. La culture hip-hop : problème et solution — politique de la ville B. Une communauté qui s’est diversifié C.Reconnaissance et légitimité : l’institutionnalisation du hip-hop

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2. UNE CULTURE « DO IT YOUTSELF » A. Le hip-hop investit les lieux publics B. Les marques au cœur de la culture hip-hop C. Le statut de danseur

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3. L’EXCELLENCE FRANÇAISE A. Le hip-hop français pionnier à l’étranger B. Des évènements à rayonnement internationaux

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4. L’INFLUENCE DU DIGITAL SUR LA DANSE HIP-HOP : DÉMOCRATISATION & EXPANSION

Chapitre II : Un environnement mitigé 1. UN COMMUNAUTÉ QUI SUSCITE L’INTÉRÊT 2. UNE DISCIPLINE D’ARRIÈRE-PLAN

Chapitre III : Mise en valeur du hip-hop français, pourquoi ?

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1. Le digital comme premier pas vers la découverte 2. Manque de dispositif participant au développement du hip-hop

Chapitre IV : À la rencontre de l’underground — Axe de travail

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1. SWOT & Axe de travail 2. Stratégie créative

Conclusion

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Bibliographie

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Annexes

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HISTORIQUE

INTRODUCTION

À PROPOS



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LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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INTRODUCTION Si le hip-hop est né dans les années 70’ dans les ghettos des EtatsUnis, et plus précisément à New York dans les quartiers du Bronx, Loïc Lafargue défini la France comme la « seconde patrie du hip hop après les Etats-Unis»1. Et si la danse hip hop n’est pas née en France, il existe bel et bien un réel savoir-faire français, et comme a su le dire André Malraux : « la culture ne s’hérite pas elle se conquiert », et la France a su s’approprier cette culture, à sa manière. De manière plus générale, la culture hip hop s’est aujourd’hui emparée du globe et de la culture jeune. D’après la carte établie par Spotify recensant les tendances musicales dans le monde on peut observer que le hip-hop est la musique la plus écoutée au monde, et qu’en France le rap est le genre musical préféré des jeunes français2. Avant d’être une culture « populaire », la culture hip hop était un problème aux yeux de l’Etat Américain – il en était de même lors de son arrivé en France – mais une solution pour les noirs et hispaniques des ghettos. La naissance de cette culture est la conséquence de la condition de vie des minorités ethniques : la pauvreté, les gangs, la drogue…etc. Alors le hip-hop a fait office d’alternative à cette violence. Lorsqu’Afrika Bambaataa créé la Zulu Nation en 1973 dans le Bronx, à New York, il a cette volonté de faire du hip-hop « une issue possible aux problèmes sociaux »3 . Mais si le hip-hop a une dimension sociale il a aussi une dimension politique. On le définit comme une contre-culture car il défend, représente et revendique l’appartenance à un certain milieu social en opposition à la culture dominante. Dans le milieu musical on parle de Conscious Rap : les rappeurs parlent de ce qu’ils vivent et voient dans les quartiers, ils crient pour se faire entendre et dénonce leur ghettoïsation et l’absence de changement. Finalement, le hip-hop est non seulement un mouvement culturel socio-politique mais surtout artistique : le graffiti, le djing, le rap et la danse sont les disciplines qui composent cette culture. Arrivé en France dans les années 80’, le hip-hop a trouvé sa place auprès des jeunes de quartier en périphérie de grandes villes, comme Paris ou Marseille, dans les banlieues. L’aspect social du hip hop prend toute sa place en France, face à l’immigration, la pauvreté dans les quartiers et la violence. Le hip-hop fait office de langage commun pour mettre en lumière une condition de vie populairement marginalisé. Le hip-hop en France à ses débuts, ce sont des groupes comme NTM ou IAM qui se font portes paroles de cette jeunesse

1 « Politique du hip hop, action publique et cultures urbaines » Loïc Lafargue de Grangeneuve – p.9 • Introduction

2 Musical Map : Cities of the World - https:// insights.spotify.com/ us/2015/07/13/musicalmap-of-the-world/

3 « Politique du hip hop, action publique et cultures urbaines » Loïc Lafargue de Grangeneuve – p.11 • Introduction – « Naissance du hip-hop aux États-Unis : lutter contre la violence des gangs »

fig.01 Extrait du film « Beatstreet » (1984) de Stan Lathan

INTRODUCTION


18 4 « Quelle chance d’habité la France (…) Regarde ta jeunesse dans les yeux, toi qui commande en haut lieu » : Lyrics de Kool Shen • Suprême NTM Le monde de demain

5 « Regarde ta jeunesse dans les yeux » de Vincent Piolet p.13

6 http://france.fr/fr/ culture/rubric/50600/ nouvelles-musiquesfrancaises?btl=1

de quartier trop souvent stigmatisé ou mis de côté4. Les débuts de cette culture sur le territoire français durant les années 80-90’, est apparenté à une culture jeune - des quartiers – violente. Mais si les jeunes de banlieues étaient violents c’est parce qu’ils ont « vu la mutation de la banlieue, l’arrivée du chômage de masse, le retour des inégalités croissantes, la violence qui s’exprime toujours plus jeune, les fils d’immigrés ignorés par la société »5. Les disciplines du hip hop sont exercées dans les maisons de quartier en charge des jeunes, par exemple, comme une activité, un centre d’intérêt qui leur permettra de se socialiser. Parmi toutes les disciplines du hip hop, la danse en est une qui souvent mise au second plan, car si aujourd’hui le grand public est sensible à la musique hip hop – le rap, que l’on considère aujourd’hui comme de « la chanson française »6 contemporaine – il l’est moins pour la danse. Comme chacune des disciplines hip hop, la danse française a su se débrouiller par ellemême et elle a fait naître des danseurs hors pair. La danse hip hop a bien évolué depuis l’époque de l’émission télé H.I.P H.O.P présenté par Sydney sur TF1 en 1984. Cette émission a participé à faire découvrir les danses hip-hop aux français, en particulier le smurf et le bboying (breakdance). Mais si cette référence vous rend nostalgique et vous donne le sourire en coin, aujourd’hui la danse hip hop en France s’est bien développée. Sur le principe du « For Us By Us » scandé par LL Cool J, la danse hip hop française s’est développé par elle-même, grâce à des associations de quartier, des activistes ou par de simples amoureux de la culture. Elle a évolué à un point tel qu’aujourd’hui plusieurs danseurs français font carrière autour du monde, dansent dans les films qu’ils regardaient étant jeunes ou pour des artistes internationaux : comme Les Twins (Laurent et Larry Bourgeois) du Criminalz Crew, originaire de Sarcelles, qui ont dansé pour des artistes tel que Beyonce en 2011-2012 pour sa tournée Run The World Tour. Ou encore le chorégraphe Marvin Gofin, premier français à remporter le Hip Hop International Championship à Las Vegas en 2009 – 1er concours international chorégraphique créé en 2002 – avec le RAF Crew, et qui a été danseur et chorégraphe pour Madonna de 2012 à 2015. De ce fait nous nous poserons la question suivante :

quel dispositif mettre en place pour ancrer la danse hip-hop dans le patrimoine français ? Il s’agit ici de démontrer que le hip-hop a une influence socio-culturel chez les jeunes et chez ceux qui pratique cette discipline. Mais aussi d’un point de vue extérieur, l’image que cette culture renvois auprès des français et notamment des structures qui accueillent ce mouvement artistique, ainsi que du point de vue de l’Etat et du ministère de la culture. L’objectif de ce mémoire est de réfléchir et d’analyser la manière dont la danse hip-hop est mise en avant et pourquoi elle devrait l’être encore plus. C’est ici une question de reconnaissance qui se pose, car s’il existe bien un réel

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19 savoir-faire français et que cette culture a un effet positif chez les jeunes français, pourquoi ne pas mettre plus en lumière cette discipline ? Dans un premier temps nous ferons un état des lieux de la danse hip hop en France, nous verrons quelle place la danse hiphop a sur le territoire français, en observant la manière dont le hiphop est accueilli à l’échelle d’une ville ou d’une commune puis à la dimension du pays en évoquant la question de l’institutionnalisation du hip hop. Nous analyserons ensuite le contexte économique de ce secteur autour de la précarité qui touche cette culture débrouillarde qui a évolué par elle-même jusqu’à aujourd’hui. Dans un troisième temps nous montrerons quel est le rayonnement de la danse hip-hop française à travers le monde pour finalement étudier le lien qu’a eu cette culture avec le digital qui lui a permis de se démocratiser et de s’épandre. Nous conclurons cette première parti en faisant le constat que cet environnement est mitigé du fait de balancer entre démocratisation et sous-estimation. Dans une seconde partie nous analyserons des hypothèses concernant la réussite de ce secteur culturelle concernant l’impact que peut avoir le digital sur la mise en valeur de cette discipline et quels sont les médias à préconiser dans le cadre du développement de projet. Nous tenterons de vérifier s’il existe des dispositifs participant à la mise en valeur et au développement de cette discipline artistique et de quelle manière ils sont conçus. Finalement nous présenterons le projet proposé se voulant de solutionner la problématique énoncée précédemment. Nous résumerons les opportunité et menace du secteur pour ensuite révéler l’axe de travail, les objectifs et les stratégies proposées pour la réussite de ce projet. Nous terminerons par la mise en place du budget nécessaire au succès de cette proposition et le calendrier du temps estimé à la réalisation ce grand projet.

fig.02 Marvin Gofin & Chakal pour Mennen

INTRODUCTION


ÉTAT DES LIEUX

LA DANSE HIP-HOP EN FRANCE

CHAPITRE I



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1. POLITIQUE CULTURELLE ET SOCIALE A. Un problème et une solution En France, le hip-hop a longtemps été poursuivi par une image négative lié à la violence existante dans les banlieues. En effet, à son arrivée en France dans les années 80, la majorité de ses pratiquants étaient des jeunes souvent issus de l’immigration qu’on a souvent caractérisé comme une « population à problème »7. À une époque où les médias se focalisent sur les troubles –  « émeutes urbaines » – que l’on peut observer dans ces « cités » qui n’ont de cesse de marginaliser une jeunesse alors perçue comme violente, dans une autre main est tenu la question de l’insertion sociale. À partir des années 1990, le hip-hop fait l’objet d’une intervention publique où les autorités politiques ont l’initiative de faire du hiphop un outil pour l’action publique à destination d’une jeunesse situé entre « ressource » et « danger »8. Les différentes pratiques du hip hop (graffiti, djing, rap et danse) font l’objet d’une attention particulière des institutions reconnaissant que de la pratique d’une de ces disciplines émane une « énergie positive »9. C’est au début des années 80 que l’on met en place la politique de la ville, « une politique du social reposant sur l’idée que les acteurs sociaux composent des communauté et sont capables de résoudre eux-mêmes les difficultés sociales du quotidien pensées le plus souvent à l’échelle de leurs espaces de résidence »10. En cela, ce sont souvent des associations fondées par des « grands » du quartier, des éducateurs ou animateurs, des MJC ou des maisons de quartiers qui prennent en charge les jeunes placés dans la case problème, souvent en intégrant à leurs activités : des cours de danse, d’écriture ou même de graff. Finalement, cette intervention publique crée de l’intérêt chez les jeunes trop souvent mis de côté. Ils ont maintenant une activité à laquelle ils peuvent s’adonner plus régulièrement, ils n’ont plus seulement leurs « grands » de la cité pour leur « apprendre » la vie, mais de véritables éducateurs formés pour s’adresser aux jeunes et les conduire vers une socialisation.

7 « Politique du hip hop, action publique et cultures urbaines » Loïc Lafargue de Grangeneuve - p.9 • Introduction

8 « Politique du hip hop, action publique et cultures urbaines » Loïc Lafargue de Grangeneuve – p.13 • Introduction

9 « Hip hop et politique de la ville », par Sylvia Faure - Agora débats/jeunesses 2008/3 (N°49)

10 « Culture hip hop, jeunes de cités et politiques publiques », Sylvia Faure et Marie Carmen Garcia, p.31

ÉTAT DES LIEUX : POLITIQUE CULTURELLE ET SOCIALE


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fig.03 Rochka du Criminalz Crew au Juste debout 2016 à l’Accor Hotel Arena

11.1 Juste debout le doc : http://www.planeteplus. com/pid6112inedits-planete-ci. html?news=814907

Car en effet cela était le but réel de cette action publique que de sortir les jeunes de leurs ghettos pour qu’ils puissent construire leur avenir et apprendre à vivre ensemble. Ce sont les municipalités qui ont eu le plus à souhait d’intégrer des évènements hip hop au sein des activités de leur commune. S’il y a eu des débuts compliqués quant à cette intégration liée à un public encore instable, dont je peux témoigner, au fur et mesure des années et des évènements on peut constater que le public se diversifie et est de plus en plus friand de ce genre de rencontre. C’est lors de périodes phares nécessitant de fédérer les citoyens autour d’une cause commune que les municipalités se plaisent à accueillir des évènements où les différentes disciplines hip-hop peuvent prendre place. Par exemple, le Téléthon permet depuis de nombreuses années aux villes de mettre en avant les talents issus de leurs maisons de quartiers, MJC ou associations. Au-travers de ces initiatives, les municipalités cherchent à toucher les jeunes et l’équation est finalement évidente : ce sont les jeunes qui s’inscrivent dans des associations pour apprendre le rap ou la danse, et lorsque ceux-ci ont une représentation de prévu ils n’oublient pas de communiquer l’information à leurs amis et aux amis de leurs amis. N’oublions pas que les jeunes restent un axe important pour les communes qui voient en eux une perspective d’avenir : les accepter autant que les accompagner dans des démarches socio-culturelles sont des actions bénéfiques en tout point pour les villes. Une démarche qui rentre pleinement dans les objectifs véhiculés par la « politique de la ville ». L’un des meilleurs exemples pour comprendre cette acceptation du hip-hop en France est la Mairie de Paris qui a su déceler le potentiel de l’évènement Juste Debout11.1 devenu la référence n°1 mondiale dans la culture danse hip-hop. Initialement crée par Bruce « Ykanji » Soné, ce qui est communément appelé « le JD » est l’un des tous premiers battle de danses dites « debout » en op-

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25 position avec le breakdance. L’objectif étant de mettre en avant ces différents styles dans un esprit de partage culturel et artistique. Né en 2002, à Champs-sur-Marne (77), ce qui n’est qu’un petit battle de quartier rassemblant 400 personnes dans un gymnase va grandir au fur et à mesure des années. L’année suivante, Bruce et son équipe s’attendent alors à recevoir le double, soit 800 personnes, ce qui fait alors rire la MJC de Champs-sur-Marne qui n’y croit pas. Pourtant, l’engouement est présent et ce sont bien plus de 1200 personnes qui attendent à la porte. C’est à ce moment que l’histoire de la danse hip-hop dite debout va prendre toute son ampleur. Alors pris en charge par la Mairie de Paris, l’évènement déménage pour s’installer au Stade Pierre de Coubertin en 2004. Dès lors, le Juste Debout ne cesse d’étendre son public passant de 2 500 à 7000 personnes en 2006, parmis eux, nombreux sont ceux venant de l’étranger afin d’assister à cet évènement devenu international de par les qualifications organisées dans différents pays tels que le Japon, l’Allemagne, les États-Unis, etc. Une si grande ampleur qu’en 2007, beaucoup se retrouvent dans l’incapacité de pouvoir accéder au lieu qui, pour mesure de sécurité, se voit dans l’obligation de refuser l’entrée aux spectateurs qui deviennent trop nombreux. Cela devient une évidence pour Bruce qui décide de voir plus grand en choisissant de migrer vers la prestigieuse salle d’omnisport de Bercy. Avec un taux d’entrée atteignant 9 500 personnes lors de sa première année en 2008, puis 11 000 personne en 2011, ce battle qui a débuté dans un petit gymnase de banlieue s’avère prendre une tournure bien plus importante. Le Juste Debout s’impose aussi bien dans le paysage national qu’international. L’accompagnement par les Mairies dont il aura bénéficier prouve à quel point l’intérêt envers les initiatives locales et socio-culturelles véhiculant des messages positifs envers les jeunes aura pris sens au fil des années. Ainsi, ce qui n’était initialement qu’un outil de facilitation de l’insertion des jeunes au sein de la vie citoyenne est devenu une réelle démarche d’accompagnement artistique de ces mêmes initiatives au-travers d’une «  contreculture » en pleine éclosion.

fig.04 Scène du Juste Debout à l’Accor Hotel Arena

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11.2 Témoignage personnel de mon expérience de danseur, à mes débuts en 2005-2006, à la MJC de Limeil-Brévannes (94450), au cours de Toté Lité (Fushwong Crew)

fig.05 Laura Nala - Swaggers au Summer Dance Forever (Hollande)

Le premier battle auquel j’ai participé était en 2006, mon professeur de danse Toté Lité du Fushwong Crew, organisait un battle dans la grande salle de fête de la ville (Limeil-Brévannes). C’était un 2 vs 2, et ce jour-là, c’est lui qui m’a trouvé un binôme avec qui je danserai le jour même ! A cette occasion j’avais invité ma mère et ma sœur pour qu’elles viennent voir et partager ma passion de l’époque. J’étais tendu parce qu’un autre garçon de ma cité devait participer, on était au collège ensemble, on se connaissait depuis petit mais il était plus grand que moi et avait commencé la danse avant moi. Ce jour-là c’est non seulement tout ma cité qui s’était déplacé, mais il y avait aussi des jeunes des autres cités de la commune et même des jeunes de la ville voisine, Valenton. C’est à mon tour de danser, le battle est jugé par un danseur du groupe 9Impact, Ty et Rudolf, vainqueur du Juste Debout à Lille en 2005. Après le battle que j’ai remporté, la compétition continue, mais très vite arrêté. Ce soir-là c’était aussi une soirée règlement de compte entre les jeunes de quartier, une vitre a été brisé, le vigile lève le ton, mon professeur de danse me tient à l’écart d’un air énervé surement parce qu’il s’est donné du mal à organisé cet évènement. Finalement l’évènement est arrêté, tout le monde rentre chez lui, et c’est malheureusement l’image que ma mère à garder des battles, j’avais alors 12 ans. Mais la commune a malgré tout continué à organiser des évènements chaque année et c’était de mieux en mieux, sans histoire, il y avait même des jeunes extérieurs aux département qui participaient désormais.11.2 Ce qui est intéressant c’est de se rendre compte qu’au début de cette action sociale opéré par la commune, l’environnement était encore brute mais qu’au fur et à mesure des années l’intérêt porté par les jeunes à ces évènements a grandi, les mentalités ont changé. Il a fallu du temps pour transformer cette énergie négative en énergie positive. Ce qui est regrettable aujourd’hui c’est qu’à Limeil-Brévannes (communes où se sont passé les évènements présentés précédemment) la politique est passé à droite et les évènements qui ont su rassembler existe de moins en moins, ce qui entraine la reprise des violences dans les quartiers populaires de la commune.

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B. Une communauté qui s’est diversifié. Si lorsque vous entendez hip-hop aujourd’hui, vous vous imaginez encore un jeune de quartier au teint plus ou moins basané qui était dans un gang, puis qui s’est mis au rap ou à la danse pour s’en sortir, vous êtes loin de la réalité. Laura « Nala » Defretin (membre du Criminalz Crew, de la Cie Swaggers créée par Marion Motin, 12 du groupe Undercover et finalement danseuse pour la comédie Juste debout le doc - Témoigne de Laura musicale « Résiste » mis en scène par Ladislas Chollat) témoigne Defretin : http://www. que si souvent les danseurs hip hop se sont mis à cette discipline planeteplus.com/ pid6112-inedits-planetepour sortir de la violence, des gangs, de la drogue et autres pour ci.html?news=814907 retranscrire tout cela par la danse, ce qui reste des problématiques - 20:48’ – 21 :00’ réelles pour certains… Elle, ce n’est pas à cause d’un passé semblable « On le voit, je le vois même qu’elle s’est mise à danser. Cependans les cours que je donne. dant, c’est en voyant cette énergie donné par ces danseurs qui lui a Dans les battles on voit de donné à son tour envie d’en faire tout, des jeunes, des enfants, son art12. Ce témoignage nous rapdes plus vieux, des noirs, pelle que cette culture n’est pas réservé à une certaine communauté des chinois, des babtous… ethnique ou sociale. Il s’agit ici d’un Avant on ne voyait que langage plus universel touchant des noirs et des arabes. particulièrement la culture jeune.

Et aujourd’hui ça touche

En 2015, Spotify crée la musical beaucoup plus de monde et map mettant en évidence les muc’est mieux comme ça, parce siques les plus écouté à travers le monde. Cette initiative avait pour que ça montre qu’il y a du but de faire découvrir de noupositif dans cette culture. »13 veaux titres, mais elle nous révèle que le genre musical le plus écouté 13 à travers le monde est le Rap/HipHop. Ce qui signifie que sur 75 Interview de « Kanon » millions d’utilisateurs, la majorité écoute du Rap, le hip-hop est Zouzoua du 05/07/2016 danseur et organisateur présent dans la majorité de leur playlist14. Google était également d’évènements avec le arrivé à cette même conclusion en 201415. De ce fait, on peut obcollectif Ghetto Style. server une popularisation de la culture hip-hop. Aujourd’hui, le graffiti/street art peut se retrouver dans des musées, le rap fait partie intègre de la chanson française, et la danse de rue 14 Mouv’ - Le hip-hop serait fait son show dans les théâtres. La diffusion de ces disciplines, le genre musical le plus par leur aspect artistique, social et historique a causé cette poécouté au monde : http://www.mouv.fr/ pularisation, elle a fédérée ceux qui se reconnaissent à travers article-le-hip-hop-seraitelle et ceux qui ont cherché à se l’approprier. Ce qui n’était apparu le-genre-musical-le-plusecoute-dans-le-monde que comme une mode durant les années 1980-1990’ s’est donc démarqué comme étant une véritable culture. 15 Music Timeline - http:// research.google.com/ bigpicture/music/#

ÉTAT DES LIEUX : POLITIQUE CULTURELLE ET SOCIALE


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C. Reconnaissance et légitimité : l’institutionnalisation du hip-hop Les municipalités l’ont bien compris, la popularité de la culture hip-hop est un phénomène à récupérer, car le hip-hop n’est pas seulement un moyen de remédier aux problèmes sociaux, mais c’est également un moyen de redynamiser l’image d’une ville en la rajeunissant16. Rappelons-nous que cet héritage américain appar16-16.2 « Politique du hip hop, tient aujourd’hui à la culture jeune. En cela il a été très important action publique et de penser l’institutionnalisation de cette culture, encore une fois cultures urbaines » Loïc Lafargue de Grangeneuve en la plaçant dans des maisons de quartiers, des MJC ou autres – p.183 • Les stratégies associations municipales et plus récemment même à l’école pour des municipalités : culture hip-hop et image encadrer cette jeunesse. des villes La danse hip hop se fait de plus en plus remarquer, il y a une véritable reconnaissance de cette discipline artistique, quelque peu marginale, qui se fait voir en France. Les communes ont montré 17 leur intérêt, et pour cause que la « culture joue un rôle essentiel Why We Film Dance in the dans la construction de l’image des villes : elle est en quelque Streets : https://youtu. be/_x4Gsh0r9HU sorte la vitrine de ce qu’elle peut offrir à ses habitants (…) en terme de loisir et de manifestation artistique »16.2 Dans sa conférence pour TEDx Teen intitulé « Why we film dance « Pourquoi nous filmons la in the streets »17, le bboy et vidéaste danse dans la rue ? Parce que Kash Gaines plus connu sous le « Yakfilms » sur Youtube, la rue est le lieu où se trouve pseudo nous raconte l’importance de fill’histoire elle-même. (…) mer la danse dans la rue. Il nous Quelle est l’importance de rapporte le fait que notre manière danser est étroitement liée au l’emplacement d’un lieu pour de lieu où nous nous trouvons. un danseur comme D.Real Les danseurs dans ses vidéos sont dont le frère est mort dans un connectés à l’endroit où ils choide danser, parce que ces accident de voiture dans le sissent lieux ont une histoire. Ce qu’il faut rue MacArthur le jour avant le comprendre c’est que selon le lieu tournage ? (…) Est-il possible où l’on se trouve, son histoire, ses son climat social, la de guérir une communauté ? »18 coutumes, manière de danser change. C’est encore plus flagrant aux Etats-Unis où selon la ville où l’on habite existe un style de danse bien par18 Why we film dance in the ticulier. Le hip-hop freestyle est né à New York; à Atlanta était street ? Because in the né le Crunk ; à Chicago nous avons le Footworking/Watchmyfeet streets there is History themself (…) What’s the ; le Krump est né dans les quartiers pauvres de Los Angeles ; à importance of a location Oakland en Californie est né le Turfing, etc… Toutes ces danses for a dancer like D.Real who’s brother died in découlent du hip hop et appartiennent à cette culture. En danses a car accident the day hip-hop, nous avons des codes pour nous comprendre et nous évabefore ? (…) What about healing a community ?” – luer, mais il n’existe pas « une » bonne manière de danser. Kash Gaines in “Why we En France, la manière de traiter le hip-hop dans les municipalités, film dance in the streets” le climat social, l’économie ou même le mode de vie va influencer

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29 le mouvement danse hip-hop. Chaque ville accueille le hip-hop de manière différente selon ses objectifs politique. En 2014, le ministère de la culture avec, à sa tête la ministre Fleur Pellerin, a fait entrer en étude un dossier visant à ne plus faire en sorte que la danse hip hop reste un électron libre qui se gère par lui-même en proposant un Diplôme National Supérieur Professionnel en Danse Hip Hop (DNSPD)19. « La créativité du hip-hop est aujourd’hui pleinement reconnue » du moins auprès de l’Etat. La débrouillardise dont a fait preuve cette discipline artistique et urbaine durant ces 30 dernières années, l’ayant amené à s’auto-régir sans pour autant se structurer a poussé l’Etat à vouloir donner un coup de main supplémentaire quant à la structuration du hip-hop.

19 Diplôme d’Etat en danse hip-hop, 14e législature : http://www.senat.fr/ questions/base/2014/ qSEQ140210411.html

« Alors que sa pratique a connu un essor important dans notre pays depuis trente ans et s’est accompagnée d’une augmentation sensible du nombre de compagnies de création, que sa technicité engage au plus haut point la santé corporelle de ses pratiquants, il paraîtrait aujourd’hui légitime que son enseignement puisse être prodigué par des professeurs diplômés d’État, accédant ainsi à une reconnaissance de plein droit et à une démocratisation effective. »19.2 « Très bien ! » Pouvons-nous penser. Une grande avancée pour la culture hip hop française que d’être reconnue par son Etat, qui met en place un cadre pour étudier la danse hip hop et d’en sortir avec un diplôme qui me permettra d’en faire son métier et de travailler ! Cela permettrait d’unifier cette discipline artistique et mettre de l’ordre dans cet art de rue. D’autant plus que Mme Fleur Pellerin a pour ambition que les académies de danses s’ouvrent « à des esthétiques nouvelles » et « la création d’un diplôme d’enseignement supérieur de danse hip-hop fait partie de cette ouverture »20 Cependant, cette nouvelle a bousculé le milieu de la danse hiphop qui ne l’a pas très bien accueillie. Pour conséquence, une pétition à l’encontre de cette proposition faite par la ministère de la culture a vu le jour, une pétition portée par « Le Moovement » un collectif d’acteurs et pionniers de la danse hip hop en France dont : Youval Ifergagne (speaker et activiste), Nasty Nas (fondateur de la Cie Quality Street, speaker et ex-danseur), Hagson Njagui (fondateur du Wanted Posse, plus vieux groupe de danse hip hop encore actif aujourd’hui), Bruce Ykanji (fondateur du Juste Debout, plus grande compétition de danse debout au monde). Cette pétition, qui a récolté plus de 5000 signatures sur les 7 500 attendues, rappelle que la danse hip hop aujourd’hui n’a jamais eu besoin d’un

19.2 Question écrite n° 10411 de Mme Françoise Cartron

20 Comptes rendus de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication : http://www.senat.fr

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« Depuis 30 ans le hip-hop français rayonne dans le monde entier, la France dispose de danseurs aussi authentiques que spectaculaires. Ils ont donné corps à des créations underground que les US nous envient, tout en dansant pour de grands noms comme Madonna ou Mugler. Et ça, sans diplôme, sans formatage, sans modèle édulcoré.»21 21 Pétition du collectif le «Moovement» à la ministre Fleur Pellerin : https://www.change. org/p/madamela-ministre-fleurpellerin-monsieurhop ?recruiter=65189401 &utm_source=share_ for_starters&utm_ medium=copyLink

diplôme pour évoluer durant ces 30 dernières années. La scène hip hop française est essentiellement « l’underground », les battles et les entrainements sauvages dans des lieux publics comme La Défense ou le 104 à Paris, font la particularité de la danse hip hop en France si bien que ce pays est un « eldorado » pour les danseurs étrangers. C’est grâce aux milieux associatif, aux municipalités, aux acteurs de cette culture qui lui ont permis de se développer et de faire émerger de grands danseurs et chorégraphes reconnus à travers le monde.

La danse hip hop est encore jeune et en plein développement, il existe plusieurs styles de danse hip hop et encore plus de manières de les danser. L’une des particularités du hip hop est que chacun est libre de danser comme il veut dans le respect des codes, encore une fois il n’existe pas « une » bonne manière de danser. La danse évolue chaque jour justement parce qu’elle n’est pas figée dans des « règles » stricts. Or ce DNSPD « suppose la maitrise d’un « répertoire », que le danseur doit savoir interpréter (…) Il est le résultat de la fusion entre contemporain et hip-hop, des mouvements hip-hop sur une écriture contemporaine ». Ce qui entre directement en opposition avec la culture hip-hop, car finalement elle serait dénaturée ! L’équation serait fausse : ce n’est pas en apprenant le contemporain – quand bien même « mélangé » au hip hop – qu’on saura danser le hip-hop.

« La rationalisation technique est en quelque sorte entravée par les modes de transmission des techniques, essentiellement orales et audio-visuelles. En outre, l’absence de diplôme sanctionnant le métier de professeur de Street Dance contribue à laisser le processus de transmission technique dans un mode informel : « Forcément ils apprennent sur le tas car il n’y a pas de diplôme » (Manu).22 22 https://sociologies. revues.org/4296 Les battles de Street Dance : un entre-deux culturel Cécile Collinet et Coralie Lessard

Finalement cette proposition de diplôme passe plus pour une récupération à des fins politique pour appâter les jeunes de banlieues pour leur donner « un avenir ». Mais ici encore se pose un autre problème : l’emploi. Il est ici mis en avant le problème du travail dans ce milieu, car il y a encore trop peu d’opportunité pour les danseurs hip hop, encore trop peu d’investissement dans les projets déjà en place et un manque de diffusion pour penser à créer un diplôme. Il est ici supposé qu’avoir un diplôme ne garantira pas l’emploi par la suite, s’il n’y pas une reconnaissance sur le marché.

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31 Malgré tout, on ne peut pas nier que la danse hip hop a des bases et qu’elles doivent être apprise pour entrer dans ses « codes ». Un diplôme ne rassurerait-il pas les employeurs du milieu du spectacle vivant intéressé en leur garantissant un savoir-faire ? Existe-t-il un dispositif possible pour cette formation du danseur hip hop professionnel en adéquation avec cette culture ? Aujourd’hui de nombreux acteurs de la culture de la danse hip hop ouvrent leur propre école, comme Bruce Ykanji ou Anik Anorld qui ouvrent respectivement la Juste Debout School et la Paris Dance School. Ce sont des écoles qui proposent une formation totalement axé sur les danses hip hop et leur apprentissage, mais c’est aussi une préparation au monde du hip hop en étant initié aux battles (et invité à y participer) et aux spectacles chorégraphiques. La formation de la Juste Debout School va même jusqu’à enseigner à ses élèves qui viennent d’un peu partout dans le monde : l’insertion professionnelle. Car le véritable objectif n’est pas de former des danseurs amateurs de battles ou de concours chorégraphique, mais d’en faire de véritables danseurs hip-hop professionnels reconnu sur le marché.

fig.06 Cours de danse au Studio MRG

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2. UNE CULTURE « DO IT YOURSELF » La danse hip hop se retrouve aujourd’hui dans des théâtres, sur des plateaux télévisés, sur des scènes lors de festivals…etc. Mais cela n’a pas toujours été le cas. D’ailleurs pour en arriver à ce stade il a fallu faire les choses par soi-même pour se faire voir et pour être reconnu.

« Je me suis rendu compte qu’il y avait plein d’évènements dans lesquels j’allais danser mais qui ne me plaisaient pas. Donc au lieu de me plaindre je me suis dit que j’allais faire mes propres évènements en m’inspirant de ceux-là pour ne pas faire les mêmes erreurs qu’eux mais en faisant ce qui me plaisait. »23 Ce témoignage de Kanon rappelle que la plupart des évènements organisé par des danseurs sont la conséquence d’une envie ou d’une initiative personnelle. C’est une manière de faire connaître son point de vue sur la culture hip-hop auprès des danseurs et un moyen d’y apporter un peu de soi. En cela chacun peut être acteur de cette culture, chaque rassemblement contribue à son avancée, car chaque rencontre induit également sa pratique.

23 Interview de Kanon Zouzoua, 2016 - Annexes Interview #1

A. Le hip-hop investit les lieux publics Le hip-hop, une danse de rue parce qu’elle a trouvé en elle une scène intéressante pour se faire voir auprès de gens qui ne comprenaient pas cette discipline artistique. Une danse de rue parce qu’elle a trouvé en elle un moyen d’être en adéquation avec son appellation « contre-culture ». De la même manière que les street-artistes avaient les murs comme support pour exprimer une certaine forme de rébellion, les danseurs avaient la rue pour l’exprimer. Une danse de rue parce que tout le monde n’avait pas la chance d’avoir une salle de danse pour s’entrainer, il fallait pas mal de place pour travailler son headspin ou son sixstep. Une danse de rue parce que c’était le lieux plus simple pour se retrouver et partager mutuellement son savoir. Le cœur de ce mouvement urbain est Paris et sa banlieue, restant la référence de cette occupation des espaces publics pour la pratique du hip-hop. Du Trocadéro à Châtelet en passant par la Chapelle durant les années 80 à la fin des années 90.

fig.07 La défense en 2002 - Extrait du webdocumentaire «Grounds» réalisé par Raphael Stora du groupe Section C

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« La culture hip-hop se développe aussi très tôt dans les espaces publics, notamment Parisiens. C’est le cas, en particulier, des principales gares : Montparnasse (1982), gare du Nord (1984), Châteletles Halles (1988), Gare de Lyon (…) D’autres types d’espaces publics sont également fortement investis par les amateurs de hip-hop, tels que les Champs Élysées, et surtout l’esplanade du Trocadéro »24

24 « Cultures urbaines, territoire et action publique », Loïc Lafargue de Grangeneuve - p.10

Ce sont des groupes comme Aktuel Force qui ont été précurseur dans l’utilisation de la rue comme d’une scène publique dès 1985, notamment aux Halles (Châtelet) ou au Trocadéro. « À l’époque, les salles d’entraînements étaient rares. Les spots de spectacles de rue sont aussi des spots d’entraînements, lieux de rencontre de tous les danseurs. »25

25 La première vague des danseurs de rue : http:// hiphopstreetculture. com/street_texte/ Articles/Histoire/Street_ oldschool.html

« Lorsque le Hip-Hop fait son apparition en France dans les années 1980, la capitale devient un véritable laboratoire artistique dans toutes les disciplines du Hip Hop que sont notamment le graffiti, la danse, le rap et le DJing. Aujourd’hui, de nombreux artistes français sont devenus des références et sont régulièrement appelés à se produire à l’international. »26

26 À propos de La Place : http://www.paris.fr/ actualites/la-place-unlieu-pour-la-culture-hiphop-3330

Au cours des années 2000 ce sont d’autres lieux qui se voient investit par les danseurs qui nous sont plus contemporain aujourd’hui. Des lieux comme La Coupole de La Défense (2002-2012) ou le 104. Youval Ifergagne est l’acteur principal de cette époque où les danseurs se retrouvaient à La Défense. Pouvant en témoigner moi-même, encore danseur à cette époque, ces halles étaient un véritable point de réunion des danseurs. Tous les soirs un peu avant la fermeture des magasins les danseurs se retrouvaient pour s’entrainer jusqu’à pas d’heure. Chacun ramenant son ampli (fini

fig.08 Danseurs hip-hop au Trocadéro dans les années 1980 source : Ina.fr

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35 les ghettoblasteurs) pour mettre la musique à disposition de son entourage. Les danseurs s’entrainaient entre membre du même crew, mais d’autres moins initiés cherchaient à être guidés par plus savant qu’eux : « Ces modes d’apprentissage se rapprochent de l’esprit DIY (DoIt-Yourself) qui semble caractéristique de la culture hip-hop dans son ensemble (Mitchell, 2003). Ils posent néanmoins un certain nombre de problèmes lorsqu’il s’agit d’une pratique sportivisée visant la performance et la comparaison comme en témoigne les allusions à des pas mal appropriés »27.1 C’est un véritable chaudron. Les danseurs s’acharnent sur la musique, répète sans cesse les mêmes mouvements pour être au point pour la prochaine compétition. Les samedis ou dimanches, mais plus souvent le dernier jour du week-end car plus fédérateur, Youval et son collectif « 1000pour100 » organisent des battles tous les 2 ou 3 mois. Ce principe permettait que tous ceux qui trainaient ou s’entrainaient dans ce lieu puissent se retrouver pour se mesurer les uns aux autres. Les battles organi« Des fois, c’est sans sés étaient variés, les concepts étaient de temps à autres différents pour ens’en rendre compte : ils tretenir l’intérêt des danseurs. La plu[les jeunes] vont voir un part du temps les juges du battle, le danseur qui est là depuis speaker, l’organisateur, ou même le DJ n’étaient pas payé pour le travail qu’ils un bout de temps, ils vont effectuaient parce que ces rencontres prendre des mouvements avaient une dimension informelle. Le [copier] en pensant Champs de Batailles, L’Arène et autres battles non nommés… que c’est des bases. Ils Ces battles ont eu un bon nombre n’arrivent pas à faire le tri d’éditions à leur actif, ils ont vu passer de ce qui fait partie des de nombreux danseurs et de grands danseurs français aujourd’hui, mais bases et ce qui fait partie qui n’ont jamais gagné un sous après de la personnalité d’une ces rencontres. Lorsque la Défense personne » (Ricky Soul).»27.2 entre en travaux, c’est la fin de cette époque, les danseurs doivent déména27.1 - 27.2 ger. Ce qui ouvre la porte à des lieux comme le 104 ou le Carreaux Les battles de Street du Temple quelques années plus tard pour prendre le relais et d’acDance : un entre-deux culturel Cécile Collinet et cueillir à leur tour les danseurs de rue. L’association R-Style menée Coralie Lessard par François Gautret a investi le 104 en accords avec la structure. https://sociologies. revues.org/4296 Elle y organise de nombreuses rencontre autour de la culture hiphop, comme des initiations aux danses hip-hop voire même un festival du film autour de la culture de rue. Mais le 104 reste le lieu de rencontre des danseurs avant tout pour leurs « trainings », car il n’est pas aisé pour tous d’avoir accès à une salle de danse. Sinon c’est 1 fois par semaine qu’ils s’entrainent au sein de leur ville dans la salle de la MJC par exemple, alors qu’il est fréquent que 2 ou 3 jours d’entrainements soient nécessaire.

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28 http://laplace.paris/ programmation/2

29 http://flow.lille.fr/ presentation/projet-duflow/

fig.09 Membres de l’organisation de La Place le jour des portes ouvertes.

Plus récemment en 2016, toujours à Paris, a été lancé « La Place » à la Canopée de Châtelet en hommage à ce lieu mythique qui a vu naitre le hip-hop en France. Né d’une initiative de la mairie de Paris que de créer un centre culturel en plein centre de la ville. 7 années passent et c’est finalement après le lifting qu’à subit le Forum des Halles que la Canopée prend forme. C’est en avril 2016 que les 1400m2 de La Place ouvre ses portes au public mais c’est en septembre de la même année que la saison artistique commence. Ce lieu dirigé par Jean-Marc Mougeot a pour mission de promouvoir les disciplines du hip hop dans leur ensemble (danse, rap, deejaying, graffiti…etc.) en soutenant la création de projets, en les diffusant et en les accompagnant28. Regrouper sous le même toit toutes les disciplines est un véritable challenge pour cette culture où chaque disciple est dans sa sphère uniquement. À Lille une structure similaire a vu le jour : Flow. À la différence de La Place à Paris qui est plutôt axé vers la promotion et la diffusion de la culture hip hop, la structure lilloise est tournée vers la pratique. C’est la formation et la pratique des amateurs de hip-hop qui veulent se professionnaliser et entretenir leur savoir-faire. Bien entendu l’objectif est également de se tourner vers un public moins aguerri pour qu’il puisse se familiariser à cette culture émergeante29

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B. L’impact des marques sur la danse hip-hop fig.10 RUN DMC à Paris portant des vêtements adidas des pieds à la tête. Véritables influenceurs pour la marque

La mode fait partie intégrante de la culture hip hop, c’est aussi par son style vestimentaire que l’on reconnait un danseur hip hop encore aujourd’hui. Les danseurs se sont approprié de nombreuses marques notamment dites de « streetwear » ou de « sportswear ». La culture hip hop c’est aussi de nombreuses marques créées par des artistes musicaux comme : Fubu (For Us By Us) avec pour égérie le rappeur LL Cool J. Une marque communautaire à destination des ghettos des Etats Unis prônant l’entraide et la fierté d’être du ghetto. D’autres marque ont été créé par des rappeurs comme Sean John de P.Didy, Rocawear de Jay-Z basé sur le nom de son label, G-Unit de 50cent et plus récemment Kanye West a lancé sa marque de baskets en collaboration avec Adidas. Finalement les vêtements portés sont un signe d’appartenance à une certaine tendance, porter les Yeezy de Kanye West x Adidas, c’est d’une certaine manière être en opposition avec Nike car c’est le positionnement du rappeur. Puma, Adidas ou Nike sont des marques bien implanté au sein de la culture hip hop. Puma par exemple, est une marque de référence chez les danseurs hip hop, notamment à cause de la paire de basket « Puma Suede » initialement créé pour les sportifs coureurs, mais qui a su trouvé son public chez les danseurs.

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« Dans les années 70, elle est popularisée par le meneur des New-York Knicks, Walter « Clyde » Frazier, ancien All-Star et icône fashion hors des terrains. Il signe en 1973 un contrat qui fera de lui le premier basketteur à bénéficier d’une chaussure à son nom, ou plutôt son surnom, une décennie avant Michael Jordan. C’est dans les années 80 et 90 que la Suede acquiert définitivement son statut légendaire lorsqu’elle sera adoptée dans les rues New-Yorkaise, notamment dans le Bronx où se construisent les bases du hip-hop et d’une de ces disciplines : le breakdance (…) Elle se retrouve portée par des crews légendaires comme le Rock Steady Crew ou les NYC Breakers et dans des œuvres mythiques de la street culture comme le film Beat Street. »30

fig.11 Rae Sremmurd en Puma Suede

30 Puma Suede (1968) , écrit Julien Bihan ( rédacteur en chef de Yard Magazine) en 2014 : http://oneyard. com/magazine/oneyear-one-shoe-pumasuede-1968/

Non pas seulement par effet de mode et marketing mais également parce que la paire s’est trouvé être adéquate à la pratique du breakdance de par sa confection. Dès cette instant dans les années 198090, Puma a trouvé une nouvelle cible marketing, et la marque enchaine les partenariats et les opérations marketing avec ce publique bien précis. Dans son interview pour le magazine Shoes Up pour la promotion du Juste Debout 2016, Bruce Ykkanji revient sur son partenariat avec la marque, rappelant le manque d’implication fréquent des sponsors envers la culture urbaine :

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40 « Shoes Up : Vous avez un sponsor sneakers,Puma, ça fait combien de temps maintenant ?

Bruce : Ça fait trois ans. Très content, car au-delà du business il y a une dimension humaine qui m’intéresse. Toujours avec Richard, Laurent, et Gregory. Puma, c’est un vrai sponsor. Ils ne nous prennent pas pour des guignols et surtout, ils ont une vision sur le long-terme avec nous. Ils se sont rendus compte de la valeur de l’événement. Richard me racontait une anecdote une fois, en me disant « Quand on organise le Juste Debout à l’Hôtel de Ville, les magasins des environs sont dévalisés en Puma Suède ». Ce n’est pas rien. Shoes Up : Il n’est jamais trop tard pour réaliser qu’il y a du business à faire avec la danse. D’autant plus de la part d’une marque ultra légitime dans ce domaine.

Bruce : Surtout quand on voit les photos de Martha Cooper. De mon côté, j’ai fait un calcul simple. Il y a près de 57 000 communes en France, dans chaque commune, il y a des cours de danse. Dans un cours de danse Hip-Hop, si tu égalises entre villes et campagnes, tu as en moyenne 10 personnes par cours. Le calcul est vite-fait : il y a énormément d’acheteurs potentiels. Généralement, ces firmes-là ne voient pas plus loin que le bout de leurs nez… »31 31 Interview de Bruce Ykanji à propos du Juste Debout 2016, par Olivia Peyronnet pour Shoes Up Magazine : http:// www.shoes-up.com/itwbruceykanji/

32 Puma soutient la street culture – l’ADN : http:// www.ladn.eu/inspiration/ loeil-de-lextreme/pumasoutient-la-street-culture/

Puma ne se contente pas de créé du sponsoring et de fournir des baskets aux danseurs, la marque tente aussi de diffuser la culture hip hop et de participer à son développement. En 2012, Puma lance en partenariat avec la compétition Juste Debout : Puma The Quest. Après avoir sélectionné plusieurs danseurs lors d’une audition, la marque les fait voyager autour du monde pour découvrir la culture hip hop à travers différents pays tout en préparant un show tous ensemble. Cette expérience a été retransmise en tant que websérie/documentaire sur youtube. Cette expérience a permis aux danseurs français de découvrir d’autres mouvements hip hop et d’exporter le leur. Et cette websérie a permis de faire parler de la danse hip hop d’une manière originale et plus proche de la réalité que la plupart des films de danse qui sortent tous les ans. 32 Nous pourrions citer d’autres marques : aux pieds des danseurs on peut retrouver la fameuse Puma Suede, mais aussi des Nike Air Max, des Nike Air Force ou Jordan, des Stan Smith de chez Adidas. A dans les années 1980 c’était la Adidas Superstar porté par RUN DMC qui était la paire emblématique des breakdancers bien qu’il y ait eu d’autres « sneakers » en tout genre. Finalement les marques de sportswear sont bien implantées au sein de cette culture et pour cause, elles trouvent toute leur utilité dans la danse où elles sont à la fois des objets de mode et de pratiques artistico-sportive.

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C. Le statut de danseur Quand bien même il y aurait un grand nombre de danseurs hip hop en France, il y en a finalement très peu qui ont le statut de danseur. Officiellement nous sommes danseurs uniquement si nous avons notre statut qui le déclare, en étant inscrit à la maison des artistes en tant que danseurs interprète par exemple. Le danseur hip-hop reste un intermittent du spectacle comme toutes autres discipline du spectacle vivant : c’est un artiste. En cela on pourrait séparer les danseurs en deux clans : les danseurs professionnels et les danseurs amateurs, une séparation qui n’est pas forcément représentative du talent. La situation des intermittents du spectacle reste quelque peu précaire bien que la crise du secteur de 2014 soit passé. Une situation particulière car l’artiste vivant n’a pas d’emploi fixe enchainant les contrats à durée déterminée. « La dénomination courante « intermittent » recouvre différentes réalités juridiques. D’une part, les « intermittents » sont des artistes ou techniciens du spectacle qui sont embauchés sous contrat de travail à durée déterminée dit « d’usage » (…) Par ailleurs, ces salariés et leurs employeurs cotisent à l’assurance-chômage selon des règles spécifiques, qui visent à pallier la précarité de ces professions. »33 La plupart de ceux qui pratiquent la danse hip hop sont ce que nous pourrions appeler des amateurs. Prenant des cours dans des écoles de danse dédié, dans des MJC ou dans des lieux publics pour les autodidactes, champions de battles hip hop ou de concours chorégraphiques, la pratique du hip hop reste accessible qu’importe la situation professionnelle.

fig.12 Audition pour «Puma The Quest» lors du Juste Debout 20XX 33 Qu’est-ce qu’un intermittent du spectacle ? http://www. culturecommunication. gouv.fr/Aides-demarches/ Foire-aux-questions/ Spectacle-Vivant/Qu-estce-qu-un-intermittent-duspectacle

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42 En cela, la scène hip hop underground dans laquelle la majorité des activités de la discipline se passe, reste une scène que l’on pourrait qualifier d’amateur au sens où elle ne nécessite pas de statut professionnel de danseur hip hop. Tout le monde n’aura pas la chance de danser pour des artistes français tel que Matt Pokora ou de danser lors du festival de Suresnes Cité Danse… Tout le monde n’en a pas l’ambition non plus. La grande activité des danseurs reste les battles, les concours chorégraphiques où les money prices ne dépasse que rarement la barre des 300€, vous comprendrez alors que vivre de ces compétitions devient très compliqué.

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3. LE SAVOIR-FAIRE FRANÇAIS A. Les danseurs hip-hop français : pionnier à l’étranger.

34 « Les défis du hip-hop français » : http:// www.franceculture.fr/ emissions/pixel/danseles-defis-du-hip-hopfrancais# — Reportage d’Éric Chaveroux, franceculture.

Ce qui fait la popularité de la danse hip-hop française c’est les talents qui la compose. En matière de danse hip-hop, la France en est un vivier. Comme nous le verrons dans la partie suivante, ce qui caractérise la scène hip hop française c’est son underground : le clubbing et les battles et la majorité des grands danseurs hip-hop français reconnus sont passés par là. Ce mouvement qui a souvent été apparenté à un effet de mode, une tendance qui finira par mourir, a vu naître une multitude de danseurs influents dans le monde aujourd’hui. A vrai dire c’est le monde de la danse qui a toujours un œil tourné vers la France.

« La France est une scène majeure du hip hop mondial, particulièrement active et avec des danseurs de très haut niveau. »34 fig.13 Kapela, danseurs du groupe Wanted Posse donnant un workshop (stage)

L’Ile de France constitue la scène centrale du hip-hop hexagonal. La majorité des danseurs reconnu à travers le monde en sont issu et pour cause la majorité des évènements s’y passe. Paris et sa banlieue est une étape obligatoire pour tout danseur français et étranger c’est là-bas qu’on y trouve les pionniers, à un tel point que l’on manque souvent de visibilité du mouvement hip-hop dans le reste de la France car l’activité est concentrée en région parisienne :

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« En 1984 l’émission H.I.P.-H.O.P. est réalisée en région parisienne, ce qui permet de créer un noyau dur et un réseau de pratiquants sur place. Du même coup, les participants apparaissent comme des pionniers, et deviennent des modèles pour le reste du territoire national. »35 On peut néanmoins notifier que si nous n’avons que peu de visibilité du reste de la France, nous pouvons néanmoins mettre en lumière les métropoles tel que Lyon, Lille ou Marseille où le mouvement hip hop y est pionnier également mais la domination reste francilienne. Mais la culture hip hop s’inscrit dans un espace international, ce sont des échanges avec d’autres pays, des déplacements qui ont soit pour but de partager son savoir-faire ailleurs ou pour des raisons professionnelles en lien avec le métier de danseur. « Ainsi, on peut distinguer très schématiquement trois types de déplacement à l’étranger, plus ou moins institutionnalisés et visibles pour le non-initié : 1. Le voyage dans le monde des compétitions, parfois gagné à l’issue d’un battle, mais souvent « voyage rituel » effectué à ses propres frais au sein du réseau d’amitié de l’internationale hip-hop, aux États-Unis bien sûr, mais aussi en Italie, en Suisse ou en Allemagne ; il faut y ajouter désormais les déplacements professionnels des quelques danseurs ou MC’s connus internationalement et qui peuvent être invités à faire partie d’un jury ; 2. Le voyage d’études rendu possible grâce à une bourse (de Cultures France, ex-AFAA, association soutenue par le ministère des Affaires

35 « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et Roberta Shapiro — p.60

fig.14 Poppin Smiley donnant un cours de danse à la Juste Debout School

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46 étrangères et dont la mission est de promouvoir la culture française à l’étranger), par exemple pour suivre une formation en musique ou des cours chez Merce Cunningham à New York ; 3. Les tournées de spectacles, nombreuses depuis quelques années en Europe ou en Afrique, plus rares en direction des États-Unis. Les deux premiers types de déplacements sont soit individuels, soit entrepris en compagnie d’amis. Le troisième a un caractère professionnel ; il est collectif, souvent subventionné, et organisé dans le cadre de groupes de danse ou de musique dotés d’une personnalité juridique. »36

36 « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et Roberta Shapiro — p.77

37 Wanted Posse : l’histoire sans fin d’une légende de la danse hip-hop : http://www.telerama.fr/ sortir/wanted-posse-lhistoire-sans-fin-d-unelegende-de-la-dansehip-hop,140820.php par Belinda Mathieu pour Télérama « Story »

Ce sont finalement des jeunes de banlieues qui représente la France à l’international, ceux qui ont peu de moyens et résidant en périphérie trouve grâce à cette activité une porte de sortie vers une forme de socialisation et de professionnalisation de leur activité artistique. Cela rejoint notre première partie, le hip-hop n’est plus qu’une solution à un problème, ce n’est plus qu’une simple passion ou un moyen de se défouler, mais il tend à être un vrai projet d’avenir auquel nous pouvons croire, croire au fait que nous pouvons vivre de la danse hip-hop aujourd’hui. Ce sont des danseurs et des groupes de très hauts niveau qui font la notoriété de la France, et qui vont être appelé à travers le monde pour partager leur savoir-faire dans les pays où le hip-hop est moins développé. Des groupes comme le Wanted Posse ont marqué l’histoire du hip hop français et mondial. Un crew initialement de breakdance originaire de Noisiel ayant débuté dans une MJC qui finit par danser dans la comédie musical « Les Dix Commandements ». « Tout en s’étoffant, le groupe devient une redoutable machine de compétitions. En 2001, il gagne en Allemagne la Battle Of The Year, plus grand évènement break de l’époque. La VHS de l’événement, distribuée et surtout piratée dans le monde entier, devient une référence pour beaucoup de jeunes danseurs. C’est un tournant pour la notoriété du groupe, mais aussi dans l’histoire des battles de b-boying. »37

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Les Twins, Larry et Laurent Bourgeois danseurs du Criminalz Crew originaire de Sarcelles ont marqué l’histoire du hip hop français et du monde entier. À un tel point qu’il s’est produit l’improbable lorsque des jeunes du monde entier copie leurs steps et tente de danser comme eux. Mais leur carrière prend une bien plus grande tournure lorsqu’ils sont appelés à danser pour des artistes tel que Beyoncé. Danseurs sur la tournée RunTheWorld Tour, le duo originaire de Sarcelles est désormais mondialement reconnu et starifié. Ils enchainent les contrats pour les marques, pour des artistes ou pour la télé, ce qui les séparent de cet underground français qui semble être l’essence même du hip-hop. Mais ils reviennent remporter le battle international du Juste Debout en 2012, l’évènement qui avait déjà fait propulser leur carrière en 2008. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Le talent de la France a un véritable rayonnement autour du monde. Les danseurs français sont pionnier et reconnu à l’étranger, c’est l’occasion de divers évènements (battle ou concours chorégraphique) que l’on appelle les meilleurs danseurs français à juger les talents étrangers ou à les affronter en tant que « guest ». Ce savoir-faire français reconnu par la scène hip-hop mondiale est appelé à se confronter aux autres donc à être entretenu.

fig.15 Extrait du spectacle du Wanted Posse : Bboy Junior et Babyson fig.16 Les Twins (Criminalz) sur scène avec Beyonce

ÉTAT DES LIEUX :LE SAVOIR-FAIRE FRANÇAIS


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B. La France, un eldorado pour les danseurs hip hop étranger : les évènements. Durant les années 2000, les évènements hip-hop se sont multiplié dans l’hexagone, tellement que la France est assurément le pays où se déroule le plus de battles au monde. C’est aussi cela qui lui permet d’entretenir son niveau, car c’est quasiment chaque semaine que les danseurs peuvent se mesurer les uns aux autres. Comme nous le rappelions dans notre première partie de chapitre, ce sont maintenant les municipalités qui demandent à avoir un évènement hip-hop dans leur commune pour faire bouger la ville et sa jeunesse.

La danse hip-hop est également très présente dans la métropole francilienne. Les principaux festivals consacrés à cette discipline y sont durablement installés : les Rencontres de la Villette, et Suresnes cités danse. De même, les battles foisonnent en région parisienne : par exemple, pour la période 1999-2003 (pendant laquelle apparaissent les battles en France), on en dénombre grosso modo un à deux par région, excepté en région parisienne où il y a quasiment autant de battles que dans l’ensemble des autres régions38 , comme l’indique ce schéma : 38 Ce recensement a été mené par Isabelle Kauffmann le plus systématiquement possible à partir des entretiens de danseurs et D.J.’s , des agendas et des rubriques danse des revues hip-hop Groove et Radikal , des sites internet et leur forum hiphop.fr et style2ouf.com , ainsi que les sites spartanic.ch et Africamaat.fr , des tracts recueillis sur le terrain. Néanmoins, la diffusion de l’information a crû avec le développement des battles et leurs commentateurs. (...)

« À partir de 2004, il y a une véritable explosion, plusieurs régions ou départements affichent plus d’un battle annuel (Hérault, Bretagne, PACA, etc.). Néanmoins, la domination francilienne demeure  : en 2006, on dénombre, dans l’agenda du site internet spécialisé en danse hip-hop Style2ouf.com, soixante-neuf battles en France, dont trente-neuf en région parisienne, soit plus de la moitié. »40 Pour cela, la France constitue un véritable eldorado pour un danseur étranger, mais ce qui fait le véritable charme du pays se sont les évènements phares qu’elle a vu naitre. Nous parlions plus tôt du Juste Debout qui a fait son retour en 2016 à l’AccorHotel Arena après 2 ans d’absence, mais en terme d’évènement reconnu à travers le monde, en France, la liste est bien plus longue.

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39 - figure « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et Roberta Shapiro — p.63

40 « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et Roberta Shapiro — p.64

ÉTAT DES LIEUX :LE SAVOIR-FAIRE FRANÇAIS


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fig.17 Une des nombreuses vidéos de danse réalisé par YakFilms.

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4. L’INFLUENCE DU DIGITAL SUR LA DANSE HIP-HOP « La danse n’a jamais eu de meilleurs amis que la technologie. Les vidéos en lignent, les réseaux sociaux... Les danseurs y ont créés tout un laboratoire mondial en ligne pour la danse. Où des enfants du Japon s’inspirent des mouvements d’une vidéo Youtube créée à Detroit s’entrainent dessus pendant quelques jours et publient une nouvelle vidéo pendant que des adolescents de Californie prennent la vidéo japonaise et la remixe avec un air local pour créer un nouveau style de danse lui-même… Et ceci arrive tous les jours. »41 Ce sont des émissions comme H.I.P H.O.P en 1984 qui ont permis à l’époque de faire connaître la danse hip-hop à la France entière, la diffusion de cette discipline a entrainé sa popularisation et son expansion. Le producteur et réalisateur Jon M. Chu42 affirme que « la danse n’a jamais eu de meilleurs amis que la technologie »43 et pour cause à l’aire du digital la viralité a beaucoup servi à la culture. Internet et les réseaux sociaux globalisent le mouvement hip-hop du fait qu’il est maintenant plus facile de se rendre compte de ce qui se passe ailleurs à la différence des années 1980-90 où rare étaient ceux qui avait accès aux cassette VHS ou DVD du mouvement hiphop américain ou d’un pays étranger au sien. En cela, internet semble être le meilleur média pour diffuser la danse hip-hop, pour la faire connaître en s’adressant à un public bien particulier qui entre autre s’y intéresse et qui cherche à en savoir plus. Si la danse hip-hop est une culture jeune, elle regroupe la génération Y et Z. D’une part une génération né dans les années 1980 qui « se démarquaient par leur connectivité et leur nomadisme

41 “In the internet ages dance evolves… The LXD” : https://youtu.be/ LIckScLypGA?t=3m15s — John M. Chu, Ted Talks 2010 — 3 :17’ à 3 :38’ 42 Producteur des films “Step Up 2 The Streets” 43 “In the internet ages dance evolves… The LXD” : https://youtu.be/ LIckScLypGA?t=3m15s — John M. Chu, Ted Talks 2010 — 3 :17’ “Dance has never have a better friend than technology”

L’INFLUENCE DU DIGITAL SUR LA DANSE HIP-HOP


52 (merci, Erasmus et EasyJet)»44 , et d’autre part une génération né dans les années 1990 « Eux, c’est Snapchat, Facebook et la GoPro. Nourris à l’iPad et à Netflix, ils n’allument la télévision que pour le direct. Ils téléphonent peu mais communiquent par SMS ou par Instagram. »45 Ces deux générations sont sensibilisées au digital avec des pratiques différentes. Dans mon interview, Kanon raconte qu’il y a un changement de pratique vis-à-vis de l’expérience de la danse hiphop en terme de recherche de savoir avec l’arrivée d’internet :

44 « La génération Z, ces 15 – 25 ans qui façonnent le monde de demain » : http://www. lexpress.fr/actualite/ societe/la-generationz-ces-15-25-ans-quifaconnent-le-monde-dedemain_1759548.html par Christine Kerdellant

45 « La génération Z, ces 15 – 25 ans qui façonnent le monde de demain » : http://www. lexpress.fr/actualite/ societe/la-generationz-ces-15-25-ans-quifaconnent-le-monde-dedemain_1759548.html par Christine Kerdellant

46 Interview de Kanon Zouzoua — Annexe 01

« Depuis l’arrivée des réseaux sociaux on peut constater que les danseurs s’expriment plus, que les vidéos virales de danse sont de plus en plus fréquentes et partagés. Selon toi qu’est-ce qu’internet a apporté à la danse ?

Kanon : Ça nous a apporté de la visibilité, nous danseurs, on s’est rendu compte qu’on était nombreux. Internet nous a apporté des choses positives et négatives aussi, on peut voir ce qui se passe à l’autre bout du monde en terme de danse, on se rend compte qu’il y a du niveau partout, on s’échange les sons sur lesquels on peut danser en battle facilement, on a beaucoup plus d’informations, tout ça c’est positif. Mais le négatif là-dedans c’est que ça nous a rendu fainéant, car les informations sont plus précieuses lorsque l’on va les chercher par nous-même et physiquement ! Avant pour connaître le style d’un certain endroit il fallait y aller mais aujourd’hui avec internet on consomme sans comprendre. On voit une personne danser d’une certaine manière, on reproduit, mais sans savoir pourquoi la personne danse de cette manière (pourquoi c’est bien ou pourquoi c’est mal) donc c’est dommage par rapport à ça. Mais ça reste positif car un enfant peut aller sur internet regarder de la danse et ensuite avoir envie de s’y mettre pour de vrai. Mais le problème c’est de croire que c’est regardant des vidéos sur internet qu’on devient danseur, tout se passe en virtuel. »46 Avec internet la pratique de la danse change. Avant internet et la digitalisation, il fallait sortir dans la rue pour s’entrainer, ou danser dans des clubs pour connaître l’évolution du hip-hop. Il fallait voyager à l’étranger pour savoir comment on dansait ailleurs, mais aujourd’hui internet permet que l’on puisse se passer de tout ça. On peut apprendre à danser en regardant des tutoriels sur Youtube ou étudier les vidéos d’un groupe de danse des Philippines pour se rendre compte du niveau des étrangers. D’une certaine manière internet prend le pas sur l’expérience humaine. En 2016, l’agence Iro va plus loin en créant le premier battle à 360° entièrement diffusé sur internet et vécu sur internet. Nommé « The Turnament » ce battle est filmé à l’aide d’une caméra 360° et entièrement diffusé sur internet. Fonctionnant comme un battle hip hop normal, à l’exception que les danseurs sont choisi avant l’évènement, ils s’affrontent et sont soumis au jugement du public en ligne. « Cette opération se présente comme un projet innovant, participatif et contemporain. L’ensemble du tournoi de danse est filmé à l’aide d’une caméra 360°

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pour que la totalité de l’événement soit retransmis et vécu sur le web. A travers The Turnament, l’agence Iro désire créer un battle contemporain, au sens premier du terme. Animé par la volonté d’offrir aux danseurs un nouveau plateau artistique dans lequel ils explorent une créativité atypique ainsi que de nouvelles façons d’interagir avec un public. Du point de vue du spectateur, The Turnament leur suggère une nouvelle façon de voir, admirer et interagir avec l’art de la danse. […] Chaque battle est un duel de 10 minutes où s’affrontent 2 danseurs improvisant sur une musique. Au cours de leurs échanges, la caméra 360° s’impose au milieu des 2 danseurs qui doivent faire preuve de créativité, technique et musicalité afin d’incorporer la présence de la caméra dans leur danse. »47

fig.18 Extrait de «The Turnament» le premier battle à 360°

47 http://www.spankyfew.com/2016/05/24/ the-turnament-premiertournoi-de-danse-a-360/

Le digital a donc un aspect à double tranchant, il aurait la capacité de donner de la visibilité à la danse hip-hop mais encore faut-il savoir s’en servir car comme nous le rappelions dans notre premier chapitre, il faut savoir rester fidèle aux valeurs du hip-hop. Il faut donc utiliser le digital judicieusement en ayant en tête que se sont pour la majorité des digital natives qui pratiquent la danse hip-hop aujourd’hui ce qui signifie que l’expérience digitale peut être suffisamment complexe et développée car elle sera comprise, mais il faut veiller à ne pas dénaturer les codes, les habitudes et coutumes de cette culture qui se veut très humaine. Internet offre le pouvoir de viralité à celui qui sait se rendre intéressant et divertissant. Ce média joue un rôle important dans la démocratisation et l’expansion de la danse hip-hop car il va lui permettre de s’adresser à une cible intéressé et curieuse d’en savoir

L’INFLUENCE DU DIGITAL SUR LA DANSE HIP-HOP


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fig.19 Extrait du spectacle «Pixel» de la Cie Kafig

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55 plus de manière direct. Durant les années 2010 c’est la viralité de la danse, partout dans le monde des gens invente des pas de danses en fonction de l’évolution de la musique urbaine. Internet et les réseaux sociaux ont permis de diffuser cette culture populaire à en devenir : « Dans les années 2000, le hip-hop a vu l’émergence de nombreux sous-genres musicaux comme le crunk ou la snap music. À la même époque, le courant devient de plus en plus mainstream et séduit une population de plus en plus large et variée. Que ce soit pour faire connaître un nouveau sous-genre musical ou alors pour attirer un public pas vraiment fan de rap, la création de danses faciles à reproduire va être un excellent moyen de rendre le hip-hop accessible à tous ou du moins un pan de cette large culture. »48 Internet participe au déploiement de cette tendance, à faire connaître cette culture du social qu’est le hip-hop à travers les réseaux en s’adressant en « one to one » a un personae particulier ou à une communauté particulière. Mais le digital dans la culture hip-hop ne se résume pas seulement à internet. Les arts numériques sont également présents dans le monde du spectacle. La célèbre compagnie Käfig dirigé par Mourad Merzouki crée en 2014 le spectacle Pixel avec l’aide de la Cie Adrien Mondot et Claire Bardainne utilisant le video-mapping comme technologie principale. La scénographie est créée grâce à ce procédé et les danseurs évolue dans un univers entre virtuel et réel ce qui emporte le spectateur dans un univers, dans l’univers proposé par la création proposée.49 « Dans « Pixel », vidéos et images interactives enlacent les danseurs dans un flux de mouvements infinis où la lumière et les corps s’attirent ou se repoussent. La multitude de points lumineux, projetés sur un voile transparent et sur le tapis de sol, inondent l’espace scénique. Les images enrobent les corps, les surprennent, anticipent et suivent leurs mouvements. La scène devient un terrain de jeu où dialoguent des êtres réels dans un espace d’illusions. Sous cet effet magique et scintillant, le regard du spectateur reste parfois hypnotisé par ces longs et lents mouvements évanescents puis revient à la scène et au concret. L’énergie de la danse et l’interprétation virtuose des danseurs se rallient aux fondamentaux du hip-hop »50. Finalement le digital joue un rôle essentiel dans l’expansion de la danse hip-hop et sa démocratisation en proposant une approche différente de voir cette culture. C’est un moyen pour immerger son public dans un univers qui lui est inaccessible d’habitude relevant uniquement de son imaginaire.

48 Sur les traces des danses hip hop des années 2000 à aujourd’hui : http:// fr.trace.tv/musique/ sur-les-traces-de-lesdanses-hip-hop-desannees-2000/

49 http://www.ccncreteil. com/spectacles/pixel

50 http://culturebox. francetvinfo.fr/scenes/ danse/pixel-mouradmerzouki-met-le-hiphop-en-apesanteurvirtuelle-210027 - Mourad Merzouki met le hip hop en apesanteur -

L’INFLUENCE DU DIGITAL SUR LA DANSE HIP-HOP


ÉTAT DES LIEUX

UN ENVIRONNMENT MITIGÉ

CHAPITRE II

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1. UNE COMMUNAUTÉE QUI SUSCITE L’INTÉRÊT Un intérêt politico-économique fort : vers une viabilité du hip-hop

51 INSEE Limousin Les jeunes en Limousin, p.62 - novembre 2006 : A propos des activités culturelles à Limoges, ici à propos de la danse hip-hop.

Le développement de la danse hip-hop et de sa culture, sa popularisation et sa structuration titille l’intérêt de diverses entités. « Il n’est pas encore possible de quantifier le nombre total de pratiquants. Toutefois, au vu du nombre d’initiatives d’ateliers ponctuels organisés (…) qui viennent en complément des neuf ateliers de pratique régulière, on mesure l’engouement des jeunes pour la danse hip-hop »51. Comme nous l’avons rappelé plus tôt, cette culture a eu le pouvoir de redonner du dynamisme aux communes, c’est dans la politique jeunesse que cette culture se trouve être le plus efficace. C’est une véritable communauté qui se crée et qui prend forme. Elle est maintenant identifiable on peut déterminer : qui sont les pratiquants, à quels groupes sociaux ils appartiennent, leurs intérêts, leurs influences, leurs habitudes… Elle constitue un nouveau public à qui s’adresser. Nous parlions plus tôt de La Place le centre culturel hiphop qui a lancé sa première saison en octobre 2016. Ce projet a vu le jour d’une initiative de la ville de Paris que de faire valoir cette culture. Ce centre marque l’histoire du hip-hop français car pour la première fois on ose utiliser le mot « hip-hop » au lieu de « urbain » ou « de rue ». C’est le premier pas vers une reconnaissance du hip-hop comme d’une culture à part entière, et pour cause, ce lieu a l’ambition et la volonté de réunir sous son toit de la Canopée des Halles à Paris, toutes les disciplines de la culture hip-hop : le Graffiti, la Danse et la Musique. Mais ce lieu c’est aussi un espace de rencontre et d’échange autour du hip-hop, c’est un lieu d’histoire servant à rappeler l’importance qu’a eu le hip-hop au cœur de Paris. C’est en empruntant le nom du lieu où les danseurs venaient s’entrainer et faire leur show dans les années 1990, que ce lieu va nous rappeler cette part d’histoire. La ville de Paris voit un enjeux politique en créant ce lieu, pour se rapprocher de sa jeune population urbaine, cela profite également à la culture hip-hop qui, grâce

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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à ce besoin ressenti par les autorités politiques, permet d’avoir une plateforme pour se mettre en avant et pour contribuer à l’évolution de cette culture. Les communes et le ministère de la culture sont prêt à investir de l’argent dans des évènements hip-hop qui ont un impact sur la ville. Prenons le cas du Festival Paris Hip-Hop créé en 2006 par l’association Hip-Hop Citoyens, il a su susciter l’intérêt des politiques du fait de son message positif transmis à la jeunesse à travers ce rassemblement. En effet cette association « a pour objet la prise en compte de la jeunesse dans le débat public et le développement de la citoyenneté au sein du mouvement hip-hop »52. En 2013 c’est une subventions 72 000€ que l’association touche pour l’organisation de la 8e édition de leur évènement phare. Se déroulant entre juin et juillet, ce festival à la capacité de rassembler la jeunesse et les populations urbaines de Paris et d’ailleurs autour d’une tren-

fig.20 Speaker et le public du Battle Nomade 2007

52 Direction des affaires culturelles — Projet de délibération, exposé des motifs 2013 DAC 36, 2013 DJS 190 Subvention avec convention avec l’association Hip-Hop Citoyens (20e) — par Le Maire de Paris au Conseil de municipal de Paris

UN ENVIRONNMENT MITIGÉ


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fig.21 Bboy Lilou du Pokemon Crew - ambassadeur de la marque Redbull

taine de sous-évènements durant la période citée. C’est finalement un investissement plus que compréhensible de la part de la marie de Paris et du ministère de la culture que de participer à son rayonnement. Cet intérêt est grandissant auprès des marques qui y voit un marché à prendre. Prenons le cas de Redbull, la marque de boisson énergisante est très présente dans le secteur de sports extrêmes comme le skateboard par exemple. La marque ne se contente pas du sponsoring d’évènements et va jusqu’à organiser ces propres évènements dans la discipline. Le Redbull BC One fait partie des plus grands évènements de breakdance au monde s’il ne l’est pas déjà dans le domaine du 1 vs 1. Ce battle a pour objectif de réunir les meilleurs bboy du monde, après être allé les chercher sur tous les continents. Le Redbull BC One va s’organiser dans différents pays pour une final dans l’un d’entredeux après sélectionner la crème de la crème des danseurs hip-hop. Une finale qui a eu lieu à Paris, à la Villette en 2014. Cet évènement reconnu dans le milieu hip-hop est une véritable de référence pour cette capacité à réunir les meilleurs. Pour aller plus loin, Redbull a créé son propre crew composé des All Stars du BC One, dont le français Bboy Lilou (Pokemon Crew). Ce sont de véritable ambassadeurs de la marque dans leur pays respectif, qui à chacune de leur participation à un battle représente la marque Redbull, un contrat entre les danseurs et la marque. Ce qui également à l’origine de tension, comme récemment lorsque le Team Monster Drink rencontre la Team Redbull, la situation est tendue entre Bboy Gravity et Bboy Lilou représentant leur marque respective. Finalement la stratégie de Redbull auprès des danseurs est reprise par d’autres marques comme la marque Monster Drink cité précédemment, sans oublié Puma déjà présente depuis un certain temps qui ne manque pas de sponsoriser les évènements. Ce qu’il faut comprendre c’est que les marques trouvent un véritable intérêt marketing au sein de cette communauté. Ce sont des moyens à disposition pour rendre la discipline viable, et lui donner une plus grande visibilité.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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2. UNE DISCIPLINE D’ARRIÈRE-PLAN Une communauté en marge : Récupération & Dénaturation Si la culture danse hip-hop suscite l’intérêt, elle reste malgré tout une culture qui doit se débrouiller par elle-même. Nous parlions précédemment de l’intérêt porté par le ministère de la culture et les aides financière des communes, mais finalement pour accéder à ces steps il faut faire ces preuves en organisant ces propres évènements (ou rassemblement) à ses propres frais. Sans grande visibilité ni d’aides financières, les premières éditions d’un évènement sont toujours difficiles, avec des objectifs de rassembler de plus en plus de monde pour attirer l’attention de toujours plus de monde, mais aussi de sponsors et des politiques pour accéder à un stade supérieur. Kanon Zouzoua nous fait part de son expérience et nous raconte quels sont les attentes des danseurs envers l’Etat. L’institutionnalisation de la danse hip-hop semble être une possibilité mais qu’une participation au développement de la culture doit être de mise : « Avec les dernières histoires du DNSPD, qui n’a pas vu le jour car les danseurs se sentent instrumentalisés et que d’une certaine manière ça dénature la danse hip hop, penses-tu néanmoins qu’il est nécessaire pour les danseurs hip hop français de se ranger du côté de l’Etat pour évoluer ? Kanon : Hmm... Non, non parce que ça a toujours évolué depuis sans forcément avoir eu besoin de l’aide de l’Etat. Je prends l’exemple du hip hop en France… Mais dès que tu essaies de codifier quelque chose ça freine son évolution. Le fait qu’il n’y ait aucun code, ou du moins très peu ça permet que le hip-hop évolue et ce de manière imprévisible, alors que codifier le hip-hop va figer le hip-hop à un état, à une époque, à un délire, et on va l’empêcher d’évoluer dans l’avenir. Aujourd’hui on est en 2016 et le hip-hop est vraiment différent de comment il était au moment où il a été créé et ça s’est parce qu’on ne codifiait pas le hip-hop. En fait si l’Etat veut être présent dans le hip-hop, on en aurait besoin plus comme un support qu’on aurait besoin mais pas d’une aide ce genre, c’est-à-dire que pour moi cette proposition est surement parti d’un bon sentiment mais ce n’est pas l’aide dont on a besoin. Quand tu parles de support, qu’est-ce que tu entends par là ? Kanon : Simplement supporter les idées des différents acteurs du hip hop. Que lorsque que l’un d’eux propose quelque chose à sa ville ou au Gouvernement, qu’on prenne au moins le temps de l’écouter. Mais

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


63 de là à bloquer des subventions, ou donner que des miettes pour ensuite dire en suite « On va mettre en place un diplôme d’état » … Euh wesh ? Au début tu nous dis non quand on a besoin de toi et tu veux mettre en place un truc aussi important ? Non. Le contraste il est trop franc, il faut faire les choses step by step. Mais au moins ils ont le mérite d’avoir proposé quelque chose ! On propose des choses de notre côté, ils proposent du leur, du moment qu’il y a des propositions ça veut dire que notre culture est regardée. Tu as parlé des subventions de l’État, et dans les petites communes, lorsqu’une MJC et son prof de danse hip hop veulent organiser un battle par exemple, le sujet des subventions revient souvent sur la table. Pense-tu que c’est quelque chose d’obligatoire ou de nécessaire pour organiser un évènement ? Kanon : Les subventions ce n’est pas obligatoire, parce que moi-même je n’en ai jamais eu. On en a toujours demandé et on a toujours été recalé. Pour faire un évènement que ça soit dans ta ville ou autre il n’y a pas besoin de subventions, il y a juste besoin de ton cerveau et bien sûr d’argent. Les subventions c’est toujours bien d’en demander car c’est la manière la plus facile de faire un évènement, tu ne prends pas de risque on te donne une enveloppe, tu fais ton évènement à la hauteur du budget et puis après t’es tranquille. Mais en vrai t’as pas besoin de ça, tu peux faire ton évènement avec ton propre argent de poche. Au final est-ce que les danseurs cherchent à se faire bien voir du grand public ? Est-ce que c’est nécessaire finalement ? Si oui qu’estce que ça leur apporterait ? Kanon : Il y a un besoin de se faire comprendre. Beaucoup de danseurs rêveraient danser dans une salle remplie par des milliers de personnes qui les connaissent pas du tout, et avoir une standing ovation. Beaucoup de danseurs aimeraient ça. Mais je pense qu’il y a aussi beaucoup de danseurs qui sont fainéant et qui ne permettent pas que ce moment arrive. Je pense que quelqu’un du grand public et qui ne s’y connait pas va kiffer certains traits du Hip Hop et ces traits-là, nous danseurs, on se doit de les avoir. On a tous entendu des remarques comme : « J’aime bien quand tu fais des blocages » ou « J’aime bien voir un gars tourner sur la tête » …etc. Voilà c’est peut-être des clichés mais nous danseur hip hop même si ce n’est pas forcément notre style on se doit d’inclure ces remarques dans notre danse pour faire kiffer le public du plus expérimenté au moins expérimenté. Donc je dirais que se faire accepter ou comprendre du grand public c’est un besoin mais ce n’est pas obligatoire car on danse pour soi. Mais ouais c’est un besoin comme tout artiste on a envie de plaire à ceux qui nous regardent. »53

53 Annexe 1 — Interview de Kanon Zouzoua

On comprend alors que la culture danse hip-hop n’est pas en opposition avec la politique. Au contraire elle pourrait bien aller dans son sens du fait qu’elle a également cette valeur de l’action social qui nécessite une forme de structuration. Cependant, si l’on peut se servir de la danse dans une publicité ou à des fins politique, il faut aussi pouvoir participer à sa viabilité : c’est du donnant-donnant.

UN ENVIRONNMENT MITIGÉ


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CONCLUSION En exposant tous ces faits dans cette première partie qui a eu pour objectif de faire un état des lieux du hip hop français, nous pouvons constater que la danse hip-hop et sa culture, ont bien évolué en 30 ans. De plus en plus populaire elle s’est défaite de l’image négative avec laquelle elle est née, ce qui ne lui empêche pas de rester attaché à ses racines qui ne sont pas toutes négatives et pour preuve c’est en s’attachant aux bases du hip-hop que la culture s’est développé et a élargi son public. Si Loïc Lafargue considère que la France est la seconde patrie du hip-hop, en terme de danse elle fait au moins partie des nations pionnière dans cette discipline. La danse hip-hop française a une véritable histoire, en restant têtu et borné sur ses valeurs, sur ses bases, la discipline est passé des rues de Châtelet au Palais Omnisport de Bercy en 30 ans. Ce sont des milliers de danseurs qui s’affrontent à travers la France tous les week-end, qui entrent dans des compagnies, qui dansent dans des théâtres ou qui persiste à faire des spectacles de rue. Et malgré tout ce développement, malgré l’aide que l’Etat tente de lui apporter de plus en plus, malgré cette hausse de popularité le hip-hop français tient toujours à son indépendance.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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Dans la seconde partie de ce mémoire nous tenteront d’apporter une solution et une réponse à cette problématique  : Comment faire connaître ce savoir-faire français et augmenter l’intérêt envers cette discipline artistique sans dénaturer sa culture alors qu’elle est souvent mise en arrière-plan ?

UN ENVIRONNMENT MITIGÉ


HYPOTHÈSES & CORPUS

MISE EN VALEUR DE LA DANSE HIP-HOP : ACCESSIBILITÉ ET VISIBILITÉ

CHAPITRE III



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1. LE DIGITAL EST LE SUPPORT IDÉAL À LA DÉCOUVERTE DE LA DANSE HIP-HOP. 54 Huges Bazin, op. cit., passim et Jean-Pierre JURMAND, Alain Vulbeau, Elisabetch Callu (coord.), La place des jeunes dans la cité, Paris, Tome 2. Espaces de rues, espaces de parole, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2005, 324p.

55 Université de Nantes U.F.R de sociologie, Génération du Hip-Hop, « Danser au défie des assignations », par Isabelle Kauffmann 2007

D’après Isabelle Kauffmann le choix d’appartenance à ce groupe ou « mouvement social »54 qu’est le hip-hop ce fait à l’adolescence, ce qui « est donc irrémédiablement liée aux transformations caractéristiques de cet âge »55. En 30 ans, les moyens de diffusions de cette discipline ont bien évolué. Après une enquête réalisée auprès d’un public composé de 21,3% de danseurs, de 53,3% d’intéressés et de 25,3% de non intéressés, nous pouvons observer que pour ce large panel d’une tranche d’âge situé à 84% entre 18 et 25 ans en 2016, il a découvert la danse hip-hop majoritairement dans leur quotidien hors média (56,8%) contre des moyens de diffusion tel que la télévision ou le cinéma (33,8%). Internet lui, est en bout de course avec seulement 8,1%56. Ces chiffres révèlent que la médiatisation durant le début des années 2000 (période d’adolescence du panel interrogé) il était peu fréquent de voir sur des médias de masse ou grand

23,5%

12,3%

9,1%

Télévision (émission, documentaire, films...)

Cinéma

Internet

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?

Autre

54,3%

IRL (évènement, street show, spectacle...)

COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LA DANSE HIP-HOP ?


69 public, cette discipline artistique. Pour cause que ce mouvement alors considéré comme une « sous-culture » n’était pas encore assez populaire pour être médiatisé. Ce n’était alors qu’une tendances d’un mouvement urbain. Cependant les années 2000 c’est aussi la popularisation grandissante de la danse hip-hop, on se rend compte que cette culture touche un public jeune, c’est pour cela que l’on verra de plus en plus de films de danse durant ces années. Si tout le monde n’a pas eu la chance de voir le film « Breakin’ » réalisé par Joel Silberg en 1984, qui est l’un des tout premier film de danse, c’est finalement « Street Dancer » (2004) mettant en scène les chanteurs du boy’s band de R&B du B2K qui vient populariser la danse hip-hop en France. C’est particulièrement la danse hip-hop dite « debout » qui est mise en valeur auprès d’un tout jeune et petit public. Mais les années 2000 c’est aussi : Honey (2003), Rize (2005), Step Up (Sexy Dance, 2006) ou encore Steppin’ (2007) … souvent des sagas qui ont continué de voir le jour durant les années. Jon M. Chu, producteur de la saga Sexy Dance, va jusqu’à imaginer une web-série fantastique uniquement centré sur les danseurs : The Legion Of Extrordinary Dancers (2010-2011). Toutes ces production Hollywoodienne permettent de faire découvrir et populariser la danse hip-hop, souvent mélangé aux discipline artistique déjà en place et socialement accepté comme la danse contemporaine. Phénomène qui vient diluer les préjugés négatifs que le grand public pouvait se faire, mais une manière de faire qui a souvent été critiqué déjà par les danseurs hip-hop français voulant intégrer des compagnie contraint à revenir à un style de danse académique pour être accepté.

56 Enquête mené auprès d’un panel de 90 personnes via internet : Annexe 03

Autre

IRL et lieux publics (évènement, spectacles battles,...)

Télévision

43,9%

Cinéma

48,8%

Internet

OÙ AVEZ-VOUS LE PLUS SOUVENT L’OCCASION DE VOIR DES DANSEURS EN ACTION ?

HYPOTHÈSES & CORPUS


70

Si c’est majoritairement à travers d’évènements ou dans des lieux publics, à la télévision ou au cinéma que nous découvrions cette culture, aujourd’hui internet est l’endroit le plus accessible pour se tenir au courant et voir ce qu’il se fait. D’après l’étude que j’ai pu mener c’est 50,7% des jeunes français qui ont le plus souvent l’occasion de voir des danseurs en action sur internet et les réseaux sociaux, tandis que 44% en ont plus souvent l’opportunité d’en observer dans des situations réelles comme dans des lieux publics ou dans des évènements.57

« Avec les vidéos en lignent et les réseaux sociaux, les danseurs y ont créé tout un laboratoire mondial en ligne, pour la danse. » 57 Enquête mené auprès d’un panel de 90 personnes via internet : Annexe 03

La télévision reste le média où les 15-24 ans passent le plus de temps à regarder du contenu vidéo (70%) et nous passons de manière générale et en moyenne 3h47 par jour devant contre 13h30 par semaine de notre temps sur internet. Et pourtant internet est le média sur lequel nous nous renseignons le plus sur la danse hip-hop. Le graphique précédent nous montre que 60,9% des intéressé se renseigne sur cette discipline artistique dont 52,4% sur les réseaux sociaux. 11% tout de même ne savent pas où se renseigner. S’il y a peu d’émissions de danse, et qui plus est, atour de la danse hip-hop, nous pouvons en déduire que les supports digitaux comme les smartphones, tablettes, ordinateurs accompagnés d’internet et des réseaux sociaux, sont les supports les plus utilisés et donc les adéquats pour s’adresser à un public plus précis. C’est la possibilité de toucher un public plus juste car intéressé ou empreint de curiosité envers cette culture.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


71

Site média, Blogs, Webzines

Autre

DE QUELLE MANIÈRE VOUS RENSEIGNEZ-VOUS SUR L’ACTUALITÉ DE LA DANSE HIP-HOP ?

Intéressé ne sachant pas où se rensigner

8,5%

11%

52,4% 22%

RÉSEAUX SOCIAUX Pas intéressé

HYPOTHÈSES & CORPUS


72

2. LES DISPOSITIFS MIS EN PLACE POUR LA PRATIQUE DU HIP-HOP MANQUE DE VISIBILITÉ Ce corpus nous présente succinctement différentes manière de contribuer à la pratique et à la diffusion de la danse hip-hop. Il existe différents types de structures : les lieux publics, ou ouvert à la pratique artistique comme le 104 dédie son espace à la pratique artistique pluridisciplinaire. Des artistes en tout genre font résidence dans ce gigantesque hall, perfectionnant leur savoir-faire. Les danseurs n’ont pas hésité à y faire résidence. L’association Rstyle porté par François Gautret ne manque pas d’initiative pour y organiser des évènements autour de la danse hip-hop. Ce type de lieux comme La  Place ou le Carreaux du Temple, permette de s’entrainer à moindre frais, d’autant plus que l’accès à ces lieux est gratuit et ouvert. Ces structures constituent un espace de rencontre et de confrontation, où le danseur se retrouve entourer de d’autres danseurs qui sont eux aussi là pour s’entrainer. Ce sont souvent des cercles qui se forment près des sonos (104, La Place), ou d’un DJ mettant chargé de mettre de la musique pour tout le monde (Carreaux du Temple). Ces lieux peuvent constituer un espace d’échange, où les danseurs peuvent se conseiller mutuellement pour progresser.

fig.22 Quelques dispositifs physiques destiné à la pratique et à la mise en valeur de la danse hip-hop fig.23 «Got To Dance» émission de danse diffusé sur TMC mais qui n’a durée qu’une saison

A contrario, les écoles et studios de danse, à la différence des maisons de quartiers/MJC qui sont des investissements sur de longues périodes, sont des espaces d’entrainement ponctuel et payant. Les danseurs s’y rendent pour travailler en chorégraphie, auprès de danseurs confirmés dans la discipline. On constate donc deux modes de fonctionnement : le premier nécessitant peu de moyen pour pouvoir pratiquer le hip-hop de manière autonome mais entouré de passionné hip-hop tout comme nous. Et le second constitue un espace d’apprentissage plus que d’expression, où l’on dépense de l’argent dans l’espoir de recevoir un enseignement « juste ». Nous avons d’un côté des personnes savantes cherchant à se perfectionner par elle-même et de l’autres des personnes qui cherchent une structure fiable pour apprendre.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


104 PLATEFORME ARTISTIQUE

ESPACE DE RÉSIDENCE

SALLES DE SPECTACLE

---

- TOUT PUBLIC «POUR CEUX QUI SE SENTENT ARTISTE»

COMMUNICATION DIGITALE GLOBALE

LA PLACE

CENTRE CULTUREL HIP-HOP

ESPACE DE OUVERT + STUDIOS

SALLE DE SPECTACLE (100 À 400 PERS.)

STUDIOS DE DANSE  : 20€/H

- TOUT PUBLIC «POUR CEUX QUI SE SENTENT HIP-HOP»

COMMUNICATION DIGITALE GLOBALE

TYPE DE STRUCTURE

DISPOSITIF

ESPACE DE DIFFUSION

PAYANT ?

CIBLE

PRÉSENCE SUR INTERNET

TRÈS PEU PRÉSENT

ESSENTIELLEMENT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX COMMUNICATION DIGITALE GLOBALE

7-18 ANS

7- 18 ANS «POUR CEUX QUI VEULENT APPRENDRE»

+18ANS «POUR CEUX QUI VEULENT DEVENIR DANSEURS»

70 À 300€/AN

COURS : 14€/H

SALLE DE FÊTE DE LA VILLE

COURS DE DANSES CONTINUS

COURS : 14€/H STUDIOS : 20€/H

COURS DE DANSES PONCTUELS

COURS DE DANSES + FORMATION PROFESSIONNELLE

CENTRE D’ACTIVITÉ COMMUNALE

NON

STUDIO DE DANSES URBAINES

ÉCOLE/STUDIO DE DANSES URBAINES

MJC & MAISONS DE QUARTIERS

NON

LAX STUDIO

STUDIO MRG

73

HYPOTHÈSES & CORPUS


74

DANS QUEL LIEU DANSEZ-VOUS LE PLUS SOUVENT ? Cette étude menée auprès de danseurs et de non danseurs, nous révèle que nous avons souvent tendance à préférer danser dans une ambiance qui s’y prête : Être entouré de gens qui dansent et danser à son tour sans avoir peur d’être « ridicule », ou être seul dans une intimité certaine où l’on échappe aux yeux de tous souvent par timidité. Le contexte est donc très important à la pratique de la danse de manière générale.

33,3% Dans sa chambre

41% En soirée / Club

Ce second corpus nous présente les médias digitaux dédié à la culture danse hip-hop ayant une portée en France. On remarque que ces médias sont essentiellement présents sur les médias sociaux et particulièrement sur Facebook où la communauté va s’y développer. A la manière de MinuteBuzz qui fais l’impasse sur son site web pour se consacrer à sa communauté présente sur les médias sociaux , les médias dédié à la culture sont plutôt présente sur ces réseaux sociaux où toute la communauté hip-hop se retrouve. Une obsolescence des plateformes digitales se fait sentir lorsque toute les informations se trouvent sur Facebook. Remarquons également que médias sont alimenté en contenu à destination des danseurs principalement. Ces médias rediffusent tous des contenues vidéos présentant les meilleures performances de danseurs par exemple, ce qui peut être plus parlant pour un public moins initié à qui on en met plein les yeux, le fait que ces contenus soient sociaux favorise leur viralité et leur consommation directe.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


COMMUNAUTTÉ

+ 255 000 PERSONNES (FACEBOOK)

CIBLE

+ 100 000 PERSONNES (FACEBOOK)

ESSENTIELLEMENT LES DANSEURS (BREAKDANCERS)

SURTOUT LES DANSEURS MAIS ÉGALEMENT LES NON INITIÉS

LES DANSEURS PRINCIPALEMENT

PRÉSENCE

+ 8000 PERSONNES (FACEBOOK)

FACEBOOK INSTAGRAM

SITE MÉDIA, YOUTUBE, FACEBOOK, INSTAGRAM, TWITTER

PLATE-FORME DIGITALE FACEBOOK INSTAGRAM

ACTIVITÉ

+ 16 500 PERSONNES (FACEBOOK)

ESSENTIELLEMENT LES DANSEURS

BLOG EN LIGNE, FACEBOOK, TWITTER, INSTAGRAM

REPORTAGES ÉCRIT DES MEILLEURS ÉVÈNEMENTS HIP-HOP FRANÇAIS ET INTERNATIONALS

DIFFUSION DES MEILLEURES PERFORMANCE DE DANSEURS, ESSENTIELLEMENT EN BREAKDANCE

EVENEMENTIEL ET DIFFUSION DES MEILLEURES PERFORMANCE DE DANSEURS

DIFFUSION DES MEILLEURS MOMENT DE DANSE

PRODUIT

BLOG AUTOUR DE LA DANSE HIP-HOP

MÉDIA DE PROMOTION DE LA DANSE HIP-HOP

WEBZINE AUTOUR DE LA DANSE HIP-HOP

STRITER

PLATE-FORME DIGITALE DE LOCALISATION D’ÉVÈNEMENTS

STANCE

I LOVE THIS DANCE

USQUARE

75

QUELS SONT LES DISPOSITIFS DIGITAUX DÉDIÉS LA PRATIQUE ET LA DIFFUSION DE CE SAVOIR-FAIRE ?

HYPOTHÈSES & CORPUS


VERS LE GRAND PROJET

À LA RENCONTRE DE L’UNDERGROUNG FRANÇAIS

CHAPITRE VI



78

1. SWOT FORCES

FAIBLESSES

- Une forte histoire

- Un « désert » d’activité à l’exté-

- Des pionniers et talents certains

rieur de l’Ile de France (manque de

- Une forte activité (évènements…)

visibilité)

- Une communauté très présente sur

- Une discipline artistique manquant

internet, facilement en relation.

de reconnaissance comparé aux

- Un mouvement artistique qui

domaines semblables

suscite l’intérêt des marques et des

- Peu de visibilité

politiques lorsqu’elle sait fédérer

- Une pratique essentiellement

une population autour d’elle. - Internet : une grande ressource en

amateur - Peu de moyens les évènements

terme de contenu de danse.

émergeant

OPPORTUNITÉS

MENACES

- Des consommateurs « digital

- Privilégier les supports digitaux

native », ce qui nous permet de

pour découvrir la danse hip-hop

tendre vers digitalisation et une

peut fracturer

augmentation d’expérience digital.

- Concurrence : La Place, 104,

- Mettre en lumière le mouvement

Carreaux du Temple… Les danseurs

danse hip-hop au niveau national,

ont déjà leurs habitudes et leurs

au public ;

lieux de rencontre investit.

- Susciter l’intérêt des marques

- Récupération politique ou

et politique : aides financière et

marketing : perte de l’authenticité

démocratisation

qui fait le charme de cette culture

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


79

2. AXE DE TRAVAIL Le choix de ce sujet de mémoire est né du constat que la danse hiphop est une discipline artistique mise en arrière-plan manquant cruellement de visibilité et de popularité dans le paysage artistique à la différence de la musique hip-hop par exemple. Ce cercle peut paraître inaccessible, excluant ou ancré dans un environnement social « juvénile » alors que c’est souvent par incompréhension des codes de cette cultures que nous passons à côté de sa richesse. Mon axe de travail est donc de réfléchir à un moyen/un dispositif à mettre en place dans le but de fédérer les français autour de la danse hip-hop. Ce projet sera différent de la récupération opérée par le ministère de la culture et de la communication, et par les institutions qui tentent de changer l’image du hip-hop en lui injectant des codes qui ne sont pas les siens. Car s’il faut démocratiser la danse hip-hop, nous ferons le choix de ne pas casser les codes du hip-hop qui font sa richesse et son identité, pour rester authentique. Ces codes ne sont pas formels, de ce fait on ne peut les apprendre de cette manière. Cependant c’est en étant immergé dans cet univers que l’on est amené à comprendre cet univers qui va nous façonner. Par ce projet nous chercherons à participer à l’entretien de ce savoir-faire tout en le faisant connaitre en aidant le public à faire le pas et oser entrer dans le cercle.

À LA RENCONTRE DE L’UNDERGROUND FRANÇAIS


80

1. Un lieu dédié à la pratique et à la mise en valeur de la danse-hiphop : fig.26 Complexe sportif Five Football

Dans l’imaginaire des films de danse comme Street Dancer par exemple, il existe un lieu phare où se retrouve les danseurs chaque soir, chaque semaine pour s’affronter. Dans notre premier chapitre nous mettions en évidence qu’aux Etats-Unis, il existe un style hip-hop bien spécifique en fonction de la ville où l’on se trouve, à la différence qu’en France où l’activité principale du hip-hop se déroule en Ile de France, nous avons peu de visibilité du mouvement hip-hop au niveau national. L’histoire du hip-hop parisien est marqué par des lieux mythiques que les danseurs ont investis, des « spots » où il fallait se rendre pour avoir connaissance du mouvement, pour se mesurer aux autres ou pour faire le show. Mon projet est à mi-chemin entre un Comedy club et un Five Football . Semblable à un Comedy Club du fait que ce sera un lieu dédié à la diffusion de la danse hip-hop, avec des groupes qui y feront des shows à destination d’un public familier à cette discipline mais surtout pour faire connaître cet art à un public moins initié. Ce lieu aura un premier objectif que de proposer différentes activités visant à faire découvrir cette culture aux curieux. Semblable à Five qui est un modèle de « futsal », un complexe sportif ouvert aux passionnées de football — en salle — qui souhaite jouer entre ami. Ce complexe met à disposition des mini-terrains que l’on réserve pour ensuite jouer. Ce lieu dédié à la passion du football met également en place une ligue pour que les amateurs du ballon rond puissent affronter des personnes extérieures à leur cercle d’ami. Toutes ces performances sportives sont ensuite relayées sur internet pour que chacun puisse partager sa passion avec son réseau. Ce format a rapidement intéressé les marques qui ont vu un mouvement sportif amateur fédérer des passionnés en un lieu, chose qui a créé du sponsoring et du marketing. Le modèle du Five est donc un modèle économique viable, il a même été décliné dans plusieurs ville de France et pour différent sport comme la basketball avec la Hoops Factory .

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


81 De la même manière notre lieu dédié à la danse sera dédié à la « rencontre » hip-hop : des battles fresstyle, chorégraphiques, des workshop… Tout cela réuni sous le toit de cette structure. Ce qui a permis de faire évoluer et d’entretenir le niveau des danseurs parisiens ce sont des lieux comme la Défense par exemple, lieu de rendez-vous mythique des danseurs des années 2000. Ce lieu a permis aux danseurs de se réunir dans un même espace pour s’entrainer, se rencontrer et s’affronter, une confrontation nécessaire pour s’améliorer. L’enjeu va être de créer une activité fréquente pour que ce soit le rendez-vous de la danse hip-hop, que ce lieu soit décliné dans les grandes métropoles de France pour créer un véritable réseau national du hip-hop et pour que le mouvement danse hiphop soit visible dans chaque ville de l’hexagone. Il va également y avoir un travail important au niveau du digital, visant à utiliser ce support comme un moyen de communication qui aura pour vocation de toucher un public extérieur à la danse hip-hop pour le lui faire découvrir. Cette structure doit être le lieu de rendez-vous des danseurs, certes, mais aussi être la références principales d’un public qui ne sait pas, en temps normal, forcément où aller pour voir des danseurs en actions. Par ce projet nous voudront de fédérer les français autour de la danse hip-hop en la rendant accessible et identifiable. L’idée est de permettre aux danseurs d’exister, que ces talents présents dans cet underground, puisse être mis en lumière.

fig.26 Complexe sportif de la Hoops Factory

À LA RENCONTRE DE L’UNDERGROUND FRANÇAIS


82

2. Stratégie de communication Un tel lieu n’existe pour le moment pas encore. Nous pouvons observer 3 types de lieux répondant d’une certaine manière à l’un des objectifs du lieu que nous souhaitons proposer : Les centres culturels et lieux publics, les maisons de quartiers et MJC, puis les écoles et studios de danse. Premièrement, les lieux publics et centres culturels — tel que La Place qui serait mon principal concurrent car le plus ressemblant à mon projet — ont une très forte visibilité du fait qu’ils sont rattachés à la ville, facilement accessibles et ouvert à tout type de public. Le principal défaut — mais qui peut se trouver être une force — de La Place dirigé par Jean Mougeot est d’être généraliste car regroupant toutes les disciplines du hip-hop : on peut très vite avoir la sensation que nous ne sommes pas mis en valeurs au même niveau que les autres disciplines. Deuxièmement, les activités hip-hop des MJC et maisons de quartiers, sont-elles aussi très accessibles, visible à un niveau communale mais le principal atout est surtout la proximité avec les pratiquants et avec le public. Cependant dans ce format il est difficile pour les danseurs de se rendre compte du mouvement hip-hop en dehors de leur commune. Enfin troisièmement, les studio et écoles de danse offre une véritable fiabilité et la chance d’apprendre auprès de danseurs talentueux, mais cela reste un solution coûteuse pour un apprentissage qui est plutôt ponctuel sans finalité derrière. Nous pouvons d’ores et déjà identifier 2 types de cibles évidentes par rapport à la description de notre projet : les danseurs et les non-danseurs. Pour ces deux cibles ce lieu sera celui qui fera connaître le mouvement et le talent de la danse hip-hop en France : le révélateur de talents.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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a. Le danseur Âge : 16-25 ans ; Situation professionnel : Etudiants et Jeunes actifs, avec peu de revenus ; Motivation : l’auto-expression, cherchant à affirmer son appartenance sociale à cette culture danse hip-hop et à exister à travers cette discipline artistique ;

Lieu de résidence : en métropole ou périphérie de grandes villes ; Centres d’intérêts : Le monde de la danse hip-hop (battles…), le sport et la mode urbaine, il est sensible à l’art du spectacle de manière générale ; Digital native : familier avec les supports digitaux. Présent sur les réseaux

sociaux comme facebook, twitter, youtube ou instagram. Il se tient au courant de l’actualité du hip-hop français et international ; Il est continuellement à la recherche d’évènements hip-hop où il pourra se produire, se tester et se confronter aux autres.

b. Le public (non-danseur) Âge : 20 - 30+ ans ; Situation professionnel : Jeunes actifs ; Motivation(s) : hédoniste, à la recherche de nouvelles expériences, cherchant découvrir une culture qu’il ne connait pas ; Frein(s) : La peur, ne connaissant pas cet univers et ses codes qui lui échappe. Il a peur de pas trouver sa place dans ce milieu ;

Lieu de résidence : en ville (métropoles) ; Centres d’intérêts : la musique, l’art, la mode, le sport ; Digital native : familier avec les supports digitaux. Présent sur les réseaux sociaux comme facebook, twitter, youtube ou instagram. Il se tient au courant de l’actualité musical et de la culture urbaine ;

À LA RENCONTRE DE L’UNDERGROUND FRANÇAIS


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c. Les institutions La troisième cible, ce sont les institutions et les marques. L’objetif étant de valoriser la danse hip-hop, c’est aussi auprès de ces structures qui pourront participer au développement de ce lieu dédié à cette discipline qu’il faut susciter de l’intérêt. Avoir une visibilité auprès des marques permettrait de les mettre en relation avec des danseurs talentueux plus rapidement, ce serait faire connaître de ce qui existe de mieux en terme de hip-hop auprès des intéressés à la manière de Redbull et des breakdancers. L’objectif de communication est tout d’abord de faire connaître ce lieu mais au-delà de ça faire connaître le mouvement danse hip-hop, puis de faire bouger les gens pour qu’il puisse découvrir de manière physique ce qu’il en est et tendre vers la pratique et enfin de faire aimer ce dispositif. Il doit être le lieu de rendez-vous de la danse hip-hop. Autrement dit nous devons : intéresser nos cibles, en leur donnant un aperçu de ce qu’il se fait dans cet underground français. Dans un deuxième temps, nous devons guider nos spectateurs, les informer de l’existence de ce rendez-vous hip-hop. Et enfin les rassurer pour les aider à faire le pas vers ce lieu.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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À LA RENCONTRE DE L’UNDERGROUND FRANÇAIS


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3. Stratégie créative Pour mener à bien ces objectifs mentionnés précédemment il va falloir être efficace et assez intéressant sur les différents supports de communication pour titiller la curiosité de la cible qui ne s’attend pas à la création d’un tel lieu. Par la communication il va falloir montrer pourquoi ce lieu est important, d’une certaine manière nous serons les portes paroles de la communauté dans hip-hop contemporaine. Notre envie est de faire ressentir l’importance qu’à cette discipline pour ses pratiquants.

La stratégie des moyens : Tout d’abord, il va falloir réfléchir au lieu en lui-même, où sera-t-il situé ? A quoi va-t-il ressembler de l’intérieur et de l’extérieur ? Il va falloir principalement réfléchir à l’identité visuelle qu’adoptera ce lieu, une identité qui marquera l’appartenance à cette communauté. Au-delà du bénéfice produit que de pratiquer et d’être vu, notre marque doit être un véritable signe de ralliement à cette communauté hip-hop. Nous mettrons en place une campagne transmédia pour créer un storytelling autour du hip-hop français contemporains et de ce lieu. Ce contenu narratif a pour objectif de transmettre cette passion à nos cibles et les immerger petit à petit dans cet univers pour comprendre la richesse de cette discipline artistique. Nous mettrons donc premièrement en place une campagne d’affichage sauvage pour rallier les pratiquants. Nous serons également présents sur le digital, nous mettrons en place un site web, vitrine de notre structure dédiée au hip-hop. Par ce site nous voulons digitaliser les démarches effectuées par les danseurs lorsqu’ils doivent s’inscrire à des rencontres, et rendre ces évènements visibles plus facilement. Ce site aura pour objectif de présenter l’actualité de ce lieu, de tenir au courant les danseurs et non-danseurs de qui sont les derniers vainqueurs des rencontres, et autres informations relatives aux activités qui s’y feront. Une présence sur les réseaux sociaux n’est pas à négliger car c’est sur ces médias que nous développerons notre communauté et que nous nous ferons connaître auprès des concerné. Il s’agira avant tout de tenir informer la communauté des différents évènements qui peuvent

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


87 s’y passer, mais aussi d’y rediffuser les meilleurs moments de danse (battles, chorégraphie, mood video…). Nous mettrons également en place du brand content pour raconter des histoires autour de l’ADN de la marque et de ses ambitions pour la danse hip-hop française. L’objectif est mettre en lumière les danseurs avant toute chose. Enfin, nous mettrons également en place une activation, qui sera l’atelier présent sur le stand de présentation de projet de fin d’étude en juin. Cette activation aura pour objectif d’immerger le public dans l’univers du hip-hop, à se mettre dans la peau d’un danseur hip-hop, il devra performer à son tour. L’idée étant de donner un aperçu au public de ce qu’il est possible de faire et de les inviter à faire le pas pour en découvrir plus sur les lieux

À LA RENCONTRE DE L’UNDERGROUND FRANÇAIS



UNIVERS VISUEL & USUEL 1. INSPIRATIONS COMMUNICATION VISUELLE (PRINT) 2. INSPIRATIONS DE MÉCANIQUE DIGITALE (WEB) 3. INSPIRATIONS DOCUMENTAIRES & STORYTELLING


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LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


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À LA RENCONTRE DE L’UNDERGROUND FRANÇAIS


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CONCLUSION Dans ce mémoire nous avons voulu montrer qu’il existait un réel savoir-faire français en terme de danse hip-hop. Que ce savoir-faire était reconnu à travers le monde dans cette sphère qu’est le hip-hop. La culture hip-hop de manière global a bien évolué depuis les années 1980, elle s’est défaite de son image négative pour la tronquer contre une énergie positive. De plus en plus populaire cette culture a su réunir les foules en touchant un public de plus en plus diversifié, et a su attirer l’intention des institutions politiques et des marques qui ont ensuite voulu participer à l’activité de cet art de rue, ce qui a souvent été perçu comme une récupération auprès des danseurs. Bien que cette discipline suscite de plus en plus d’intérêt elle est resté un art en mis en arrière-plan. De ce fait pour que la danse hiphop devienne un patrimoine français, il faut commencer par la faire connaître du plus grand nombre, cependant sans dénaturer cette culture. Pour se faire, la création d’un lieu dédié à la pratique de la danse hip-hop va permettre aux publics de repérer plus où aller pour voir ce qu’est cette discipline, l’objectif étant de faire de cette structure ce qui va venir développer cette culture : tant au niveau artistique et qu’au niveau de la viabilité et de la visibilité. En fédérant les danseurs à cette endroit c’est vouloir participer à l’entretien de la qualité cet art, plus les danseurs seront performant plus ils seront intéressant. Avec ce lieu je veux mettre en lumière la danse hiphop au niveau national en déclinant ce lieu dans les grandes villes françaises. Si les danseurs sont intéressant grâce à ce lieu, ils seront de plus en plus visible et attireront des marques ou des institutions qui donneront l’opportunité aux danseurs de faire de cette passion un véritable projet de vie professionnel. Grâce aux marques et aux institutions c’est aussi la chance d’être de plus en plus visible, qui permettra au hip-hop d’entrer au-devant de la scène, petit à petit. Car en effet, la danse hip-hop n’est pas un patrimoine français en tant que tel, car s’il existe bien un savoir-faire, il manque cependant la reconnaissance de sa patrie. Par cette proposition d’immersion dans l’univers des danseurs de rue, je suis convaincu que le public se rendra compte de manière plus juste, de la richesse de cette culture, de cette discipline artistique, et de ses codes.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


97

L’année 2017 sera une année d’élection, la communauté française a été frappé ces dernières années par un terrorisme qui a bousculé la société. L’acceptation des différences est un débat échauffe l’hexagone, je crois en une France diversifié. Je crois que dans les milieux populaires il existe une richesse que beaucoup de peuvent percevoir, le hip-hop a été l’une d’entre-elle. Le projet que je propose a une dimension sociale plus forte qu’il n’y paraît, je veux que l’on puisse chercher à se comprendre les uns les autres et s’accepter. Je veux donner à chacun — des danseurs — la chance de pouvoir se sentir vivant, la chance de rater jusqu’à réussir. De s’acharner jusqu’au jour où il sentira enfin qu’il existe.

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BIBLIOGRAPHIE


100

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tion et de la communication : http://www.senat.fr/basile/ visio.do?id=c/compte-rendu-commissions/20151116/cult. html&idtable=c/compte-rendu-commissions/20151214/cult. html|c/compte-rendu-commissions/20151116/cult.html&_ c=danse+hip+hop&rch=gs&de=20150914&au=20160914&d p=1+an&radio=dp&aff=sep&tri=p&off=0&afd=ppr&afd=ppl&afd=pjl&afd=cvn

19. Pétition contre le Diplôme National Supérieur Professionnel

en Danse hip-hop, par Le Moovement — consulté le28 juillet 2016 : https://www.change.org/p/madame-la-ministre-fleurpellerin-monsieur-le-pr%C3%A9mier-ministre-manuelvalls-non-au-dipl%C3%B4me-national-de-danseur-hiphop?recruiter=65189401&utm_source=share_ for_starters&utm_medium=copyLink

20. « Cultures urbaines, territoire et action publique », Loïc Lafargue de Grangeneuve - p.10

21. La première vague des danseurs de rue — consulté en sep-

tembre 2016 : http://hiphopstreetculture.com/street_texte/ Articles/Histoire/Street_oldschool.html

22. A propos de La Place : http://www.paris.fr/actualites/laplace-un-lieu-pour-la-culture-hip-hop-3330

23. https://sociologies.revues.org/4296 — Les battles de Street

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


102 Dance : un entre-deux culturel Cécile Collinet et Coralie Lessard — consulté en octobre 2016

24. http://laplace.paris/programmation/2 25. http://flow.lille.fr/presentation/projet-du-flow/ 26. P uma Suede (1968) , écrit Julien Bihan ( rédacteur en chef

de Yard Magazine) en 2014 : http://oneyard.com/magazine/ one-year-one-shoe-puma-suede-1968/

27. I nterview de Bruce Ykanji à propos du Juste Debout 2016, par Olivia Peyronnet pour Shoes Up Magazine : http:// www.shoes-up.com/itw-bruceykanji/

28. P uma soutient la street culture – l’ADN : http://www.ladn. eu/inspiration/loeil-de-lextreme/puma-soutient-la-streetculture/

29. Qu’est-ce qu’un intermittent du spectacle ? http://www.

culturecommunication.gouv.fr/Aides-demarches/Foire-auxquestions/Spectacle-Vivant/Qu-est-ce-qu-un-intermittentdu-spectacle

30. « Les défis du hip-hop français » : http://www.franceculture. fr/emissions/pixel/danse-les-defis-du-hip-hop-francais# — Reportage d’Éric Chaveroux, franceculture.

31. « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport

final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et Roberta Shapiro — p.60

32. « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport

final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et Roberta Shapiro — p.77

33. Wanted Posse : l’histoire sans fin d’une légende de la danse

hip-hop : http://www.telerama.fr/sortir/wanted-posse-l-histoire-sans-fin-d-une-legende-de-la-danse-hip-hop,140820. php par Belinda Mathieu pour Télérama « Story »

34. « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport

final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ?


103 Roberta Shapiro — p.63

35. « Cultures urbaines, territoire et action publique » Rapport

final pour le ministère de la culture et de la communication • Octobre 2008 — par Loic Lafargue, Isabelle Kauffmann et Roberta Shapiro — p.64

36.

“In the internet ages dance evolves… The LXD” : https:// youtu.be/LIckScLypGA?t=3m15s — John M. Chu, Ted Talks 2010 — 3 :17’ “Dance has never have a better friend than technology”

37. “In the internet ages dance evolves… The LXD” : https://

youtu.be/LIckScLypGA?t=3m15s — John M. Chu, Ted Talks 2010 — 3 :17’ à 3 :38’

38. « La génération Z, ces 15 – 25 ans qui façonnent le monde

de demain » : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/lageneration-z-ces-15-25-ans-qui-faconnent-le-monde-de-demain_1759548.html par Christine Kerdellant

39. « La génération Z, ces 15 – 25 ans qui façonnent le monde

de demain » : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/lageneration-z-ces-15-25-ans-qui-faconnent-le-monde-de-demain_1759548.html par Christine Kerdellant

40. http://www.spanky-few.com/2016/05/24/the-turnamentpremier-tournoi-de-danse-a-360/

41. S ur les traces des danses hip hop des années 2000 à au-

jourd’hui : http://fr.trace.tv/musique/sur-les-traces-de-lesdanses-hip-hop-des-annees-2000/

42. http://www.ccncreteil.com/spectacles/pixel 43. http://culturebox.francetvinfo.fr/scenes/danse/pixel-

mourad-merzouki-met-le-hip-hop-en-apesanteur-virtuelle-210027 - Mourad Merzouki met le hip hop en apesanteur –

44. I NSEE Limousin — Les jeunes en Limousin, p.62 - novembre 2006 : A propos des activités culturelles à Limoges, ici à propos de la danse hip-hop.

45. D irection des affaires culturelles — Projet de délibération, exposé des motifs 2013 DAC 36, 2013 DJS 190 Subvention

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104 avec convention avec l’association Hip-Hop Citoyens (20e) — par Le Maire de Paris au Conseil de municipal de Paris

46. H uges Bazin, op. cit., passim et Jean-Pierre JURMAND,

Alain Vulbeau, Elisabetch Callu (coord.), La place des jeunes dans la cité, Paris, Tome 2. Espaces de rues, espaces de parole, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2005, 324p.

47. Université de Nantes U.F.R de sociologie, Génération du

Hip-Hop, « Danser au défie des assignations », par Isabelle Kauffmann 2007

48. “ In the internet ages dance evolves… The LXD” : https://

youtu.be/LIckScLypGA?t=3m15s — John M. Chu, Ted Talks 2010 — 3 :17’ à 3 :38’

49. Médiamétrie, 2015 50. h ttp://www.ladn.eu/vie-des-media/media-medium/mi-

nutebuzz-nouvelle-strategie/ « MinuteBuzz supprime son site web, et les articles qui vont avec. Pour Laure Lefevre et Maxime Barbier, les fondateurs, le futur de l’info se trouve en vidéo sur les réseaux sociaux. » — l’ADN Octobre 2016 • MinuteBuzz : Adieu site web, adieu articles

51. Terme « péjoratif » souvent employé par Cécile Collinet et

Coralie Lessard : « Ces «défis» n’ont qu’un caractère déviant et répréhensible pour la culture légitime, ils revêtent une tout autre signification au sein de la loi du plus fort, mécanisme de socialisation juvénile régissant les interactions entre adolescent(e)s des quartiers populaires » ; « Les battles de Street Dance : un entre-deux culturel » — https://sociologies.revues.org/4296

52. S treet Dancers, un film de Chris Strokes, sorti en 2004 —

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=54024.html

53. Le Five : http://www.lefive.fr/ 54. Hoops Factory :

http://hoopsfactory.com/

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105

ANNEXES

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INTERVIEW - DISCUSSION #1 KANON ZOUZOUA | DANSEUR FONDATEUR DE GHETTO STYLES. Le 05/07/2016 Lieu : 104, Paris Bonjour Kanon, donc tu es danseurs hip hop newstyle essentiellement, du groupe Kaynix et au sein du groupe Ghetto Style. Avec le groupe GS vous organisez environs 5-6 battles par an du coup moi je te considère presque comme un activiste, parce que mine de rien tu proposes une multitude d’expérience pour les danseurs. Grâce à vos évènements les danseurs peuvent lier le ludique à la recherche d’adrénaline par le battle, avec les concepts que vous mettez en place. Au final vous êtes un réel moteur pour la communauté hip hop. Pourquoi avoir créé Ghetto Style ? Kanon : En réalité le groupe Ghetto Style s’est créé naturellement. Ghetto Style c’était le nom que j’avais donné à mon style de danse, mais au-delà de ça c’était aussi ma manière de penser. Ça signifiait : « Ceux qui savent se débrouiller d’eux même ». Puis – comme tout danseur qui se créé un personnage – j’ai mis « Ghetto-Style » comme nom de famille sur facebook et mes potes m’ont suivi. Puis c’est devenu un délire entre nous, et finalement on a décidé de créer un collectif. Il y avait des danseurs et des non-danseurs, et en y regardant de plus près on a vu qu’on était un collectif HIP HOP parce qu’on faisait un peu de tout : du rap, du djing, un pote à moi graffait, il est tatoueur maintenant, il y avait aussi la danse à travers moi, Theodora, Oomoo et Jib, on avait aussi un pote vidéaste… Enfin bref c’était vraiment un délire et on avait aucune ambition de base. Pourquoi avoir pris cette casquette d’organisateur d’évènement ? Kanon : J’ai toujours été organisé des évènements, avant j’habitais à côté de Meaux et avec un pote Hervé (alias Dj Airflight) on a organisé un premier battle à l’âge de 16 ans. On avait invité des gens comme Fabrice (Crew Kaynix, danseur pour Matt Pokora…) Niako (Crew Nexx Level, Legion X) et Jimmy Yudat (Crew Yudat) pour qui c’était son premier battle – il m’en a fait la confidence – donc voilà j’ai toujours été dans l’évènementiel. Pendant un moment j’ai arrêté parce que ce n’était pas mon truc de base et que voilà moi je dansais et je voulais me concentrer sur ça. Et puis je me suis rendu compte qu’il y avait plein d’évènements (dans lesquels j’allais danser) mais qui ne me plaisaient pas. Donc au lieux ne me plaindre je me suis dit que je vais faire mes propres évènements en m’inspirant de ceux-là pour ne pas faire les mêmes erreurs et faire ce qui

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107 me plait moi. Et moi j’aime beaucoup mettre des concepts dans les battles que j’organise car quand quelque chose t’appartient tu n’as besoin de garder le même système que les autres battles, tu le fais à ta sauce. Au début c’était des évènements « présentés par Kanon » puis c’est devenu des évènements présentés par Ghetto Style car j’étais entouré par mes amis qui m’aidaient dans l’organisation, je n’étais pas tout seul. On n’était pas un groupe, on se définit plus comme un collectif car dans un collectif on peut être un peu moins investit pour véhiculer un message chacun de son côté même s’il y a une ligne directrice. Chacun a ses ambitions personnelles mais on sait se retrouver tous ensemble. Avec les dernières histoires du DNSPD, qui n’a pas vu le jour car les danseurs se sentent instrumentalisés et que d’une certaine manière ça dénature la danse hip hop, penses-tu néanmoins qu’il est nécessaire pour les danseurs hip hop français de se ranger du côté de l’Etat pour évoluer ? Kanon : Hmm... Non, non parce que ça a toujours évolué depuis sans forcément avoir eu besoin de l’aide de l’Etat. Je prends l’exemple du hip hop en France… Mais dès que tu essaies de codifier quelque chose ça freine son évolution. Le fait qu’il n’y ait aucun code, ou du moins très peu ça permet que le hip-hop évolue et ce de manière imprévisible, alors que codifier le hip-hop va figer le hip-hop à un état, à une époque, à un délire, et on va l’empêcher d’évoluer dans l’avenir. Aujourd’hui on est en 2016 et le hip-hop est vraiment différent de comment il était au moment où il a été créé et ça s’est parce qu’on ne codifiait pas le hip-hop. En fait si l’Etat veut être présent dans le hip-hop, on en aurait besoin plus comme un support qu’on aurait besoin mais pas d’une aide ce genre, c’est-à-dire que pour moi cette proposition est surement parti d’un bon sentiment mais ce n’est pas l’aide dont on a besoin. Quand tu parles de support, qu’est-ce que tu entends par là ? Kanon : Simplement supporter les idées des différents acteurs du hip hop. Que lorsque que l’un d’eux propose quelque chose à sa ville ou au Gouvernement, qu’on prenne au moins le temps de l’écouter. Mais de là à bloquer des subventions, ou donner que des miettes pour ensuite dire en suite « On va mettre en place un diplôme d’état » … Euh wesh ? Au début tu nous dis non quand on a besoin de toi et tu veux mettre en place un truc aussi important ? Non. Le contraste il est trop franc, il faut faire les choses step by step. Mais au moins ils ont le mérite d’avoir proposé quelque chose ! On propose des choses de notre côté, ils proposent du leur, du moment qu’il y a des propositions ça veut dire que notre culture est regardée. Tu as parlé des subventions de l’État, et dans les petites communes, lorsqu’une MJC et son prof de danse hip hop veulent organiser un battle par exemple, le sujet des subventions revient souvent sur la table. Pense-tu que c’est quelque chose d’obligatoire ou de nécessaire pour organiser un évènement ?

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108 Kanon : Les subventions ce n’est pas obligatoire, parce que moimême je n’en ai jamais eu. On en a toujours demandé et on a toujours été recalé. Pour faire un évènement que ça soit dans ta ville ou autre il n’y a pas besoin de subventions, il y a juste besoin de ton cerveau et bien sûr d’argent. Les subventions c’est toujours bien d’en demander car c’est la manière la plus facile de faire un évènement, tu ne prends pas de risque on te donne une enveloppe, tu fais ton évènement à la hauteur du budget et puis après t’es tranquille. Mais en vrai t’as pas besoin de ça, tu peux faire ton évènement avec ton propre argent de poche. Au final est-ce que les danseurs cherchent à se faire bien voir du grand public ? Est-ce que c’est nécessaire finalement ? Si oui qu’est-ce que ça apporte ? Kanon : Il y a un besoin de se faire comprendre. Beaucoup de danseurs rêveraient danser dans une salle remplie par des milliers de personnes qui les connaissent pas du tout, et avoir une standing ovation. Beaucoup de danseurs aimeraient ça. Mais je pense qu’il y a aussi beaucoup de danseurs qui sont fainéant et qui ne permettent pas que ce moment arrive. Je pense que quelqu’un du grand public et qui ne s’y connait pas va kiffer certains traits du Hip Hop et ces traits-là, nous danseurs, on se doit de les avoir. On a tous entendu des remarques comme : « J’aime bien quand tu fais des blocages » ou « J’aime bien voir un gars tourner sur la tête » …etc. Voilà c’est peut-être des clichés mais nous danseur hip hop même si ce n’est pas forcément notre style on se doit d’inclure ces remarques dans notre danse pour faire kiffer le public du plus expérimenté au moins expérimenté. Donc je dirais que se faire accepter ou comprendre du grand public c’est un besoin mais ce n’est pas obligatoire car on danse pour soi. Mais ouais c’est un besoin comme tout artiste on a envie de plaire à ceux qui nous regardent. Est-ce que la danse hip hop s’exporte bien à l’étranger ? Et est-ce que les danseurs ont les moyens de s’exporter ? Kanon : Ça s’exporte bien mais ça pourrait s’exporter mieux. Ceux qui vont à l’étranger sont souvent des invités, ils y donnent des workshops, ou font partie du jury d’un battle…etc. Mais il y a moins de gens qui bouge d’eux-mêmes à l’étranger pour danser. Après c’est une question de priorité, les jeunes danseurs ne ressentent pas toujours le besoin d’aller dans d’autres pays mais c’est aussi financier les jeunes n’ont pas forcément ces moyens là pour le faire. Mais au final est-ce qu’on peut vivre grâce à la danse hip hop aujourd’hui ? Est-ce que les danseurs aujourd’hui cherchent à en vivre finalement ? Kanon : Moi je pense que le hip hop est un mode de vie, aujourd’hui on est en 2016 on a la chance de pouvoir en vivre. Ce n’est pas donné à tout le monde, ça demande beaucoup de travail, beaucoup de réflexion sur soi-même. Moi j’en vis par exemple, et il y en a qui me dise « tu as de la chance », mais non ce n’est pas de la chance, c’est

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109 un choix. J’ai choisi de demain avoir une facture EDF et de devoir la payer avec l’argent de la danse, j’ai choisi d’être comme ça. Les ambitions sont différentes selon les gens certains veulent uniquement danser les week-end parce que ça provoque des sensations, ça fait du bien, peut-être que ce genre de personne ne va pas essayer d’en vivre parce qu’elle travaille à côté et c’est tout à son honneur. Mais il y a aussi des gens qui veulent en vivre, qui se donne les moyens. Mais moi je pense que, peu importe, quand t’es danseur il y a toujours un petit rêve au fond de toi de vivre que de la danse, de faire ça vie avec ça. On a tous ce rêve là au fond de nous, mais on n’a pas tous l’envie, le temps, et l’énergie de le réaliser. C’est juste une histoire d’ambition. Avec Ghetto Style vous organiserez en octobre les GS Awards, comme quoi les danseurs ou plus largement les acteurs de la culture hip hop doivent être récompensé. A quel moment et pourquoi as-tu décidé de mettre en place cet évènement ? Kanon : Moi je voyais qu’il y avait des récompenses dans la musique, donc je me suis dit : pourquoi pas dans la danse ? Après c’est vrai qu’on ne sait pas limiter qu’à la danse mais plus largement à la communauté de la danse hip hop. Ca faisait longtemps que j’y pensais, on a voulu le faire parce que parfois il faut savoir se big up – se féliciter – être activiste ce n’est pas juste créer des choses mais aussi reconnaître des choses. Il faut reconnaître le travail de chacun et je pense que cette évènement va illustrer le travail fait par chacun. Quand on va récompenser ou même nominer quelqu’un ça veut dire que nous – hip hop – on reconnaît, on valide son travail et on le met en lumière au sein de notre communauté. On ne se « big up » pas assez dans notre communauté, alors que le hip hop est une culture de vibe, c’est comme quand tu danse et qu’autour de toi on te « hype » - t’enccourage – ça te pousse à danser encore mieux, là c’est pareil. Le fait que tu sois : organisateurs de battle, speaker, dj, vidéaste… et qu’on te félicite et te récompense, ça te pousse à vouloir faire mieux ! Et cette évènement est aussi là pour booster ces genslà et dire « on sait que vous êtes là, vous méritez quelque chose, on vous le donne et c’est pour faire mieux après ». C’est vraiment le concept de FUBU – For us by us – c’est exactement ce principe-là. Est-ce que tu trouves qu’aujourd’hui les marques agissent pour la danse ? Est-ce qu’elles nous aident ? Je pense à des marques comme Puma ou Adidas par exemple… Kanon : Ce qu’il ne faut pas oublier c’est que ces marques sont des entreprises et qu’elles cherchent à faire du bénéfice forcément. Elles ne réfléchissent pas à si elles aiment ou pas, elles vont vers le secteur cibles, là où il y a de l’argent à se faire. Elles ont des cibles et font des opérations pour sensibiliser leur cible. Puma leur cible c’est les danseurs donc ils vont faire plein d’actions autour de ça, ils ont trouvé un public autour des danseurs, Nike c’est autre chose et Adidas encore une autre. Ce n’est pas une histoire de savoir si la cible est hip hop ou pas, le tout est de savoir s’ils achètent ou pas. Après

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110 c’est à nous danseurs de montrer qu’on est un public intéressant. Mais le problème c’est que les danseurs se boycottent souvent euxmêmes et ils n’ont pas forcément beaucoup de moyens financier pour acheter telle ou telle autre marque du coup ils sont souvent spectateurs. Le jour où le monde de la danse hip hop aura un public semblable à celui du monde du foot, où un pays entier soutiendra un crew ou une équipe de France de danse hip hop, en levant des drapeaux, en portant des maillots…etc. Là les marques s’intéresseront à nous parce que ça deviendra un vrai business. Mais d’abord on doit convaincre les marques que notre public est intéressant et il est bon pour vous. Pour rebondir sur ce que tu dis, tu penses que les danseurs devraient être aussi mis en valeur que les footballeurs ? J’exagère peut-être mais tu penses qu’il est nécessaire que l’on soit supporté par notre quartier, par notre pays de la même manière qu’on peut supporter une équipe de foot, ou un chanteur à l’eurovision...etc. ? Kanon : Bien sûr que c’est nécessaire ! Ah mais carrément ! C’est vital même pour un groupe d’être supporté par sa propre nation ou ne serait-ce que ses proches. Je vais prendre l’exemple du battle KOD, c’est le premier battle où je voyais vraiment les gens supporter leur pays parce que c’était le thème aussi. On voyait le France contre Canada...etc. Les gens étaient vraiment réactifs sur les réseaux sociaux à écrire des messages de soutien à l’équipe française sans se soucier de connaître les danseurs qui étaient membres du groupe, alors que d’habitude ça cause plein de soucis. Les gens étaient contents que la France soit représentée, et ça arrivait plus souvent pour les battles internationaux on verrait que les choses évolueraient et seraient beaucoup plus grandes. C’est vital pour la danse, c’est vital pour la culture que de se faire supporter. Au sein de Ghetto Style comment vous abordez la création d’un event ? Vous voulez avant tout faire en sorte que les danseurs soit amené à se faire plaisir ou plutôt vous voulez créer du spectacle pour le public ? Kanon : Un peu des deux, parce que dans un évènement il y a deux types de publics : les danseurs et les non danseurs. Quand on est un danseur spectateur c’est plus simple de se mettre à la place de celui qui danse. Les concepts que l’on met en place pour nos battles sont fait pour que le danseur découvre une facette de lui qu’il ne connait pas mais aussi pour voir si cette manière de voir la danse leur plait, niveau rythme et programmation. On aime créer des concepts où les danseurs vont devoir plus se donner que dans un autre évènement, mais on aime aussi que le public soit amené à voir de nouvelles choses. Pense-tu qu’il est nécessaire de trouver d’autres contextes pour faire danser ? Je pense au marathon chorégraphique que vous avez mis au « Battle 3en1 » par exemple. Kanon : Ouais. Parce que les battles c’est bien mais toute chose

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111 dans l’excès devient lassant. Le marathon chorégraphique lorsque je l’ai mis en place ce n’était pas forcément pour faire danser les gens d’une autre manière. La chorégraphie fait partie de la danse et lorsque j’ai incorporé ce concept c’était surtout pour faire cohabité le monde du battle et la chorégraphie. Parce qu’on dit souvent « il y a les danseurs commerciaux et les danseurs underground » et ça c’est n’importe, donc ce concept était pour réunir ces deux univers au même endroit et je me suis rendu compte que pour certains la chorégraphie c’était nouveau parce qu’ils n’en faisaient jamais ! Je peux comprendre que ça soit une nouvelle manière de danser pour eux, mais wesh… il n’y a pas que les battles dans la vie ! Un danseur devrait faire des chorégraphies, interpréter et freestyler, toucher à toutes les disciplines de la danse. Néanmoins je pense qu’il faut trouver de nouvelles manière d’aborder les battles, dans les formats ou les parcours qui vont t’emmener à la victoire. Un battle c’est souvent : préselections, 8 de final, ¼ de final, ½ final, final… De l’instant où tu t’inscris jusqu’à ta victoire il y a tout un parcours, ce parcours est toujours le même, pourquoi on ne le changerait pas ? Pour le battle « Fusion Concept » j’ai installé le principe des pools que j’ai repris du foot, mais c’est né de la frustration du fait qu’en battle on ne danse pas assez. Dans les battles on commence, on fait le premier battle, on perd, puis c’est seulement après qu’on est chaud – ahahaha – donc c’était une manière de dire « même si tu perds, tu peux re-danser. » Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que la danse hip hop parle aussi à un public qui n’était pas la cible de base ? Kanon : Ouais on le voit, je le vois même dans les cours que je donne. Dans les battles on voit de tout, des jeunes, des enfants, des plus vieux, des noirs, des chinois, des babtous… Avant on ne voyait que des noirs et des arabes. Et aujourd’hui ça touche beaucoup plus de monde et c’est mieux comme ça, parce que ça montre qu’il y a du positif dans cette culture. Trouve-tu que la danse hip hop vend encore du rêve aujourd’hui ? Kanon : Hm... Moi je pense que ouais. La danse hip hop vend encore du rêve oui et non, on sait où on peut aller et on n’est pas encore arrivé au bout du chemin. Je vais prendre un exemple : Les Twins (duo de danseurs français du groupe Criminalz, connu pour avoir dansé pour Beyoncé et Jay-Z), il y a quelques années on ne pensait pas que la danse – française – pouvait aller aussi loin. Lorsqu’on les voit, c’est sûr que ça vend du rêve, on se dit que c’est possible. Et si ils ont pu aller aussi alors qu’on ne pouvait pas l’imaginer c’est qu’on peut aller encore plus loin ! C’est aussi pour ça qu’aujourd’hui beaucoup de jeunes commencent la danse, et après tout on est des artistes donc on est fait pour rêver. Après il y a ceux qui réalisent leurs rêves et ceux qui ne font que rêver, mais en tant que danseurs hip hop on aime pas les rêves mythos. Mais du coup ma question c’est : comment se fait-il que la danse

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112 – hip hop – à la télé ne marche pas ? Exemple en hip hop à Incroyable Talent on a eu la chance et le talent d’avoir deux danseurs hip hop tel que Salah et puis Junior qui ont remporté les deux premières saisons. Ça a été un vrai plus pour la danse hip hop qui est sortir de l’underground, mais par la suite les émissions uniquement axé sur la danse et les danseurs n’ont pas fonctionné. Exemple : La meilleure danse sur W9, qui n’a fait qu’une saison mais n’a pas continué. So You Think You Can Dance sur NT1, qui cartonne aux USA mais qui n’a pas fait plus d’une saison en France. The Dancers sur TF1, qui n’a même pas réussi à finir sa première saison tellement ça ne marchait pas. Ou encore Got To Dance sur NT1 encore, qui cartonne en Allemagne par exemple, mais pas en France. Kanon : Moi je n’ai pas la réponse, mais au-delà de la performance il y a aux Etats-Unis, ce qu’ils appellent « l’entertainment ». Tu vois là, tu m’as cité deux danseurs : Salah (ex-Vagabond Crew) & Junior (Wanted Posse) qui sont déjà d’incroyable performeur, ceux sont deux personnages qui font des performances que personne d’autre ne peut faire au monde ! Et les autres émissions ont essayé d’en reproduire d’autres mais sans la même qualité d’artiste en fait. Je ne dénigre pas les danseurs, mais pour faire ce genre d’émission il faut être plus qu’un bon danseur, voire être plus qu’un simple bon performeur, il faut être intéressant même en tant que personne ! Et si ça marche si bien aux Etats-Unis c’est parce que eux ils savent se vendre en tant que personne, ils peuvent se livrer à la caméra, faire le show juste en parlant sans avoir besoin de danser. En France on n’a pas ça, on se limite souvent qu’à la danse, alors que celui qui n’y connait rien il veut voir autre chose. Il veut pouvoir savoir qui tu es en tant que personne, il doit pouvoir t’apprécier et après seulement il va vouloir te voir danser ! Et aussi un autre truc : le hip hop ne fait pas parti du patrimoine français… Ca ne fait pas parti de la culture française, nos parents n’étaient pas des gens hip hop. Ce sera seulement après nous que ça va en faire partie, nos enfants et petits enfant vont baigner dans une atmosphère hip hop parce que nous avons grandi avec cette culture-là. Et demain quand on verra ce genre d’émission peut être que c’est seulement à ce moment-là que ça marchera parce que nous on comprendra de quoi ça parle. Mais la ménagère qui regarde les feux de l’amour tous les après-midi, mais qu’est-ce qu’elle s’en fout de regarder des danseurs hip hop à la télé ?! - Ahahahaha – Donc si on ne lui donne pas autres chose que du hip hop pour la séduire elle ne va même pas regarder. Bref ça ne sera sûrement possible qu’avec notre génération : rendez-vous dans 10 ans. – Ahahaha – C’est vrai qu’en France aussi on n’aime pas les artifices, souvent les danseurs veulent que lorsque l’on montre de la danse à la télé, que l’on montre la réalité et pas de choses sur joué. Kanon : Oui, on aime les trucs sobres. Il ne faut pas en faire trop alors que les américains c’est le contraire, ils aiment le bling bling Tu cries, tu pleures...etc. et plus tu vas te faire kiffer par le public, en France on n’aime pas ça.

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113 Depuis l’arrivée des réseaux sociaux on peut constater que les danseurs s’expriment plus, que les vidéos virales de danse sont de plus en plus fréquentes et partagés. Selon toi qu’est-ce qu’internet à apporter à la danse ? Kanon : ça nous a apporté de la visbilité, nous danseurs, on s’est rendu compte qu’on était nombreux. Internet nous a apporté des choses positives et négatives aussi, on peut voir ce qui se passe à l’autre bout du monde en terme de danse, on se rend compte qu’il y a du niveau partout, on s’échange les sons sur lesquels on peut danser en battle facilement, on a beaucoup plus d’informations, tout ça c’est positif. Mais le négatif là-dedans c’est que ça nous a rendu fainéant, car les informations sont plus précieuses lorsque l’on va les chercher par nous-même et physiquement ! Avant pour connaître le style d’un certain endroit il fallait y aller mais aujourd’hui avec internet on consomme sans comprendre. On voit une personne danser d’une certaine manière, on reproduit, mais sans savoir pourquoi la personne danse de cette manière – pour c’est bien ou pourquoi c’est mal – donc c’est dommage par rapport à ça. Mais ça reste positif car un enfant peut aller sur internet regarder de la danse et ensuite avoir envie de s’y mettre pour de vrai. Mais le problème c’est de croire que c’est regardant des vidéos sur internet qu’on devient danseur, tout se passe en virtuel. Selon toi qu’est-ce qu’il manque à la danse hip hop aujourd’hui ? Plus de sincérité, plus de support c’est-à-dire plus de big up, on a de bons artistes – de notre nation – qu’on ne supporte pas assez. On est fier d’eux seulement quand il gagne, mais on n’est pas assez fier d’eux quand ils s’entrainent, quand on les croise dans la vie de tous les jours. Avec ça les choses vont évoluer, donc en premier lieu il faudrait qu’en danse on se big up un peu plus. Il faudrait être reconnaissant auprès des danseurs qui nous ont inspiré par exemple.

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INTERVIEW - DISCUSSION #2 LYDIVINE « KIUDEE » DAVIE FONDATRICE DE STRITER Lieu : Starbuck, Paris - Beaubourg Le 15/06/2016 Bonjour Kiudee, tu es rédactrice et fondatrice du blog Striter existant depuis maintenant bientôt 5 ans, qui a pour premier sujet la danse hip hop et tout ce qui l’entoure. Tu es lu dans plus 140 pays, tu as réussi à faire adopter une habitude aux gens de s’intéresser à un contenu lu à l’instar de contenu vidéo, c’est quand même un exploit. Pourquoi avoir créer ce blog pour parler de la danse hip hop ? Au début j’écrivais pour likethismoove.com qui était un réseau social pour les danseurs, du moins c’était la vocation de ce site où l’on pouvait créer son profil et poster du contenu. Du coup j’avais postuler pour être rédactrice pour ce site qui proposait également des articles, je travaillais avec le créateur du site qui bossait à l’époque seul, mais ce qui me gênait c’était le temps entre l’écriture de l’article et sa publication, il y avait souvent 3 semaines d’attentes avant diffusion à cause des relecture…etc. Alors que justement il fallait poster le reportage de l’évènement rapidement après. Du coup j’ai créé mon blog Striter pour plus libre sur mon contenu en 2011. Est-ce que tu sentais que c’était une nécessité d’écrire sur le Hip Hop ? De base, la création de blog et l’écriture d’articles ou les reportages, ce n’est pas quelque chose que je fais pour les danseurs, ce n’est pas né d’une étude d’un besoin de leur part. Ce n’est pas comme un média classique qui est assez généraliste et qui est très modéré sur son contenu, au final c’est très personnel comme projet c’est pour ça que c’est un blog. Ce blog a été la seule manière pour moi de continuer à être présente dans les évènements Hip Hop sans danser – parce que je ne peux plus à cause d’une blessure – au final ça a été ma manière de m’exprimer et de continuer à affirmer mon appartenance à cette culture. Selon toi pourquoi ce réseau social likethismoove.com n’a pas fonctionné ? Parce-ce que je suis parti (rire). Le blog a été créé en 2009 par un canadien qui venait souvent en France, qui était moyennement connu dans le milieu de la danse hip hop en France. Mes articles avaient une marque bien reconnaissable et j’avais réussi à accrocher pas mal de monde, donc quand je suis parti les gens m’ont naturellement suivi. Et le créateur de ce site avait vocation à créer un réseau social en pleine période d’essor des vrais réseaux sociaux donc for-

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115 cément les danseurs sont allés là où c’était le plus aboutit et le plus parlant (Facebook, twitter…etc.). Tu es donc rédactrice du blog Stritrer, tu fais partie crew Street Flow et membre du collectif Ghetto Style qui est aujourd’hui l’un des groupes les plus influents en France voire en Europe dans l’organisation d’event. Quel est ton rapport avec le collectif Ghetto Style et surtout quel est ton rôle ? De base, j’étais sensé être bloggeuse pour Ghetto Style mais finalement j’ai voulu garder mon indépendance, maintenant j’organise des évènements et je gère la communication ainsi que le relationnel avec le gens du milieu. Que penses-tu de la communication des évènements hip hop en France aujourd’hui ? Pour moi ce n’est que récemment que les organisateurs se rendent vraiment compte de l’importance de la communication, durant les années 2010’. Ils se rendent vraiment compte de l’impact des réseaux sociaux. En fait, il n’y a pas vraiment de communication au sens campagne, à part pour les grands évènements tel que le Juste Debout par exemple. La communication c’est souvent du « bouche à oreille », ou de la relation presse et média, en créant du lien avec des média généraliste ou avec des marques pour bénéficier de leur visibilité, de leur réseau et surtout de leur moyen. Oui, en fait c’est surtout une histoire de réseau, si tu es quelqu’un d’assez connu pour partager l’info tu es sûr d’avoir du monde. Je pense qu’aujourd’hui les organisateurs y font de plus en plus attention car il y a de plus en plus d’évènement, ils sont obligés de faire la différence. Quels évènements, selon-toi, ont une manière de communiquer différente et original ? Ou qui s’attardent sur la manière de communiquer ? Le RedBull BC One, par exemple, ils ont fait pas mal de relation presse comme avec le magazine Shoes Up, où je travaille actuellement. Mais ils ont également prévu pas mal d’interview avec des danseurs français du groupe Flying Illusion, ils nous invitent au workshop, au spectacle en Novembre…etc. Le Juste Debout aussi a essayé de faire la même chose en invitant les différents médias partenaires à prendre un stage de Popping, c’était une manière originale de se promouvoir auprès des marques. Je crois que les grands évènements se sont rendus compte que le public c’était des personnes et que ça ne suffisait pas d’en dire deux mots pour convaincre de la qualité de l’évènement, il fallait créer un lien avec eux, et surtout avec les médias. Niveau communication visuelle c’est tout récent que les organismes s’attardent sur la charte graphique par exemple, parce que au final il pourrait se contenter de bouche à oreille, mais le contenu graphique est tout aussi important. Malheureusement ce ne sont que les grands évènements qui peuvent se le permettre.

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116 Beaucoup de danseurs aujourd’hui définissent le milieu du battle comme un essentiel car ça leur fournit une certaine adrénaline, une tension qu’ils ne retrouvent pas ailleurs. Pense-tu qu’il est nécessaire de trouver d’autres contextes pour faire danser ? Non je pense juste qu’il faut que les anciens du milieu hip hop se barre (rire). La culture est encore trop jeune mais il y a encore trop vieux dans la danse hip hop. Il y a un trop grand écart d’âge entre les danseurs, on peut trouver un petit de 5 ans danser mais aussi un vieux de 65 ans (rire). Ce que je veux dire c’est que les vieux prennent encore tout le travail qu’il peut y avoir dans ce milieu artistique, par exemple dans le prochain film de danse la majorité des danseurs sont français mais la plupart sont vieux. Ils devraient laisser leur place aux jeunes. Il n’y a rien à ajouter à la danse hip hop, on a des battles, des clips, des films…etc. Tout est déjà là, donc je ne pense pas qu’il faut créer des nouvelles choses mais leur laisser la place, et les moyens de danser là où on les attend. Qu’on puisse déjà les rémunérer à prix à la hauteur de ce qu’ils font ce n’est déjà pas mal. On peut dire qu’il y a un manque de valorisation des danseurs par les gens extérieurs à cette culture. Exemple, pour l’Euro 2016, ils voulaient embaucher des danseurs gratuitement… C’est grave ! Ils vont se donner à fond, faire des trucs de ouf physiquement et artistiquement, et on ne veut pas les payer. C’est grave. Surtout que la France fait partie des meilleurs en termes de danse hip hop, donc quand en France les danseurs reconnaissent qu’un danseur est bon, c’est qu’il l’est vraiment donc on ne peut pas les sous-évaluer. Des artistes comme Kylie Minogue, Madonna, M.Pokora voire Tal récemment qui embauchent des danseurs hip hop, les retours que les danseurs font c’est qu’ils sont contents parce que pour une fois on les considère – dans la rémunération – à leur juste valeur. Être intermittent du spectacle c’est un métier dur, et tout le monde n’aura pas la chance de Marvin (R.A.F crew) de danser pour Madonna…

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ENQUÊTE SUR LE RAPPORT DU PUBLIC À LA DANSE HIP-HOP

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Jessy Kikabou

Étudiant en 5e année à e-artsup Filière Design Graphique & Communication visuelle Directeur de filière : Raphaël Thomas

Contact

+33(0) 6 35 47 26 40 jessy.kikabou@gmail.com jessykikabou.fr





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La culture hip-hop est de plus en plus populaire aujourd’hui et elle a réussi à se défaire de son image négative à l’instar d’une énergie positive qui se fait ressentir. Cependant la danse hiphop est une discipline encore mise en arrière-plan, le manque de visibilité ne permet pas de faire valoir le talent des danseurs qui font partie des meilleurs au monde. En France il existe un réel savoir-faire dans cet art de rue, un talent dont les français n’ont même pas conscience. Cette discipline artistique suscite l’intérêt des politiques et des marques comme Redbull ou Puma qui y voit un marché à prendre. Par conséquent comment ancrer la danse hip-hop dans le patrimoine français lorsqu’elle est sous-estimée ? Si les gens peuvent se sentir exclue par ce cercle qui paraît fermé à ce qui ne connaissent pas les codes qui y sont régi, pourquoi ne pas leur donner les moyens d’obtenir ces références ? Au même moment la culture hip-hop est attaché à ses valeurs et à son authenticité, car si certains la considèrent comme une « sousculture », c’est justement ses différences et son esprit contrecourant qui font sa richesse. Et ce luxe n’est pas intelligible pour tout le monde. Nous proposerons donc un projet qui permet au hip-hop de rester fidèle à lui-même mais en laissant une place dans ce cercle pour celui veut s’immerger dans cet univers pour le comprendre. Notre réflexion nous poussera à réfléchir à un projet aidant un public non initié au hip-hop, à faire le pas pour découvrir cette culture sous différents aspects.

LA DANSE HIP-HOP : LE NOUVEAU PATRIMOINE FRANÇAIS ? Mémoire professionnel présenté par Jessy Kikabou

Contact instagram.com/jaylavibe jessy.kikabou@gmail.com +33(0) 6 35 47 26 40

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