Mot du provincial
Chers amis et chères amies, Vers la fin de ma vingtaine, peu de temps avant de discerner une vocation dans la Compagnie de Jésus, j’ai vécu un renouveau spirituel qui m’a interpellé. Il m’est apparu clairement que « ma pratique de la foi ne serait jamais complète si ma vie de prière ne s’accompagnait pas d’actions concrètes, particulièrement auprès des personnes les plus défavorisées. » En effet, j’ai constaté que ma vie de prière et ma fidèle participation à l’eucharistie ont été moins gratifiantes jusqu’à ce que je porte attention et que je réponde à cet appel. Depuis ce temps, à travers ma vie de jésuite, j’ai appris et j’ai fait de mon mieux pour mettre en pratique la célèbre déclaration de la 32e congrégation générale (1975) (laquelle a été un moment déterminant pour le renouveau de la mission des jésuites à travers le monde). La mission de la Compagnie de Jésus aujourd’hui est le service de la foi, dont la promotion de la justice constitue une exigence absolue en tant qu’elle appartient à la réconciliation des hommes demandée par leur réconciliation avec Dieu (CG 32, décret 4,2). La foi et la justice sont comme deux facettes d’une même réalité ; les mettre en pratique nous aide à nous mettre sur la voie d’un véritable compagnonnage avec Dieu — Père, Fils et Saint-Esprit —, avec les autres humains et avec le reste de la création. Quelle grande mission ! Les jésuites s’efforcent continuellement d’aller de l’avant et d’approfondir les engagements qui ont toujours fait partie de notre tradition. Nous essayons de ne jamais tomber dans la complaisance et la routine dans notre promesse d’encourager la foi et de promouvoir la justice. Ainsi, la publication des préférences apostoliques universelles (PAU), il y a deux ans, a fourni des repères contemporains pour notre mission. À travers le prisme de la spiritualité ignatienne et avec le désir profond de montrer aux autres le chemin vers Dieu, nous avons renouvelé notre engagement envers les exclus, les jeunes et la sauvegarde de l’environnement. Le numéro actuel de Jésuites canadiens se concentre sur « la marche avec les pauvres et les exclus », la deuxième
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JÉSUITES CANADIENS
préférence apostolique. Qu’il s’agisse des Autochtones dans notre pays, des marginaux de nos villes ou des immigrants, leur voix est souvent ignorée ; et plusieurs disent que celle-ci l’est de plus en plus. Dans le contexte de notre province jésuite canadienne, je voudrais particulièrement attirer l’attention sur le pays d’Haïti et le travail des jésuites qui y vivent. Premièrement, il est important de rappeler qu’Haïti et sa communauté jésuite font partie intégrante de la province jésuite canadienne. Deuxièmement, Haïti est un endroit où notre présence est plus que jamais indispensable. Troisièmement, nous remercions Dieu de nous avoir envoyé de nombreuses vocations au point que les jésuites haïtiens accroissent leur engagement apostolique dans tous les secteurs qui font partie du champ de la mission jésuite. Quatrièmement, à la lumière de leur croissance exponentielle, je lance un appel personnel à vous tous et toutes afin de vous inciter à contribuer pour soutenir notre travail en Haïti. Je termine par une question : où nous situons-nous face à l’appel de notre foi — l’appel de Jésus notre frère — à promouvoir la justice et la réconciliation dans notre monde ? En effet, il faut du courage pour regarder en soi et reconnaître ce que j’ai fait « par action et par omission », pour citer le rite pénitentiel de nos célébrations eucharistiques. Nous sommes tous concernés et, avec l’aide de Dieu, nous pouvons apporter la guérison à notre monde brisé. Saint Ignace, priez pour nous.
Erik Oland, SJ Provincial des jésuites du Canada