L'agriculture

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L’agriculture Nourrir les hommes, prÊserver la terre

1 jeunes-socialistes.fr


Nourrir les hommes, préserver la terre Les jeunes socialistes s’intéressent à l’agriculture. Parce que ce n’est pas une thématique reléguée aux espaces ruraux : parler d’agriculture, c’est parler de l’alimentation, de ses inégalités à l’échelle mondiale, c’est débattre de nos modes de production et de consommation, ou encore avoir un projet pour une par t impor tante de l’industrie française (la France est la 2e puissance agro-alimentaire du monde). Quelle est la situation aujourd’hui, en 2010 ? Les supermarchés fixent les prix auxquels sont obligés de se soumettre des producteurs de moins en moins nombreux. Dans les pays du sud, les cultures vivrières sont remplacées par des cultures commerciales, et la famine est encore une réalité dans de nombreux pays. Comme jeunes socialistes, nous voulons, plus que la défense de l’agriculture et de ses producteurs, défendre une nouvelle approche : ébaucher un nouveau modèle agricole pour dépasser un productivisme destructeur pour l’environnement et le monde paysan en rapprochant les producteurs des consommateurs, engager une transition écologique de nos modes de production pour mieux respecter les paysages, le sol et l’eau. Notre projet, c’est aussi la sécurité alimentaire par tout dans le monde, alors que sous-nutrition et malnutrition concerne des centaines de millions d’êtres humains. Nourrir les Hommes plutôt que spéculer, la souveraineté alimentaire plutôt que le libéralisme sauvage, le respect de l’environnement plutôt que la rentabilité destructive… Il est de notre responsabilité de montrer qu’une vision de gauche existe sur ces questions. A travers ce kit, nous voulons poser des questions. Quel type d’agriculture pour le XXIe siècle ? Quelle réforme de la PAC ? Quels transfer ts technologiques pour permettre aux pays du sud de produire plus ? Des fiches théoriques répondent à ces questions, tandis que des outils pratiques vont permettre aux jeunes socialistes de débattre et d’agir dans leurs fédérations : se rapprocher d’une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne, proposer le maintien de terres agricoles dans les plans d’urbanisme contre le mitage péri-urbain, monter une action militante sur la question de la consommation des produits agricoles ou encore organiser une réunion publique autour d’une projection…Ces quelques idées doivent nous permettre d’approfondir le projet du MJS, et de développer de nouveaux modes de militantisme, sur tous les territoires. 2


La sécurité alimentaire au XXIe siècle

L’agriculture pourrait nourrir la population mondiale. Pour tant, en 2009, dans le monde, 1 milliard d’hommes et de femmes ne mangent pas à leur faim. Ce chif fre n’a jamais été aussi impor tant depuis 1970. Cette situation est plus visible aux yeux du grand public depuis les émeutes de la faim, en 2008 ; du fait de la hausse du prix des denrées alimentaires de base. Dans les campagnes, une population silencieuse souf fre de la faim depuis des décennies. Les ¾ sont des paysans et leur famille. Le continent le plus touché par la faim est l’Asie, où vivent 63 % des personnes sous-alimentées du monde. Dans les pays du Nord aussi des millions de personnes n’ont pas accès à une alimentation suf fisante. En France, plus de 2,5 millions de personnes ont recours chaque année à l’aide alimentaire. Pourquoi cette situation ? Quelles sont les causes de ces inégalités ? Pourquoi les paysans, qui sont censés nourrir la planète, ne par viennent-ils pas à se nourrir euxmêmes ?

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La sécurité alimentaire La reconnaissance du droit à l’alimentation a une histoire. Il est reconnu dans plusieurs textes juridiques internationaux, dont l’ar ticle 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948 qui stipule que « toute personne a droit à un niveau de vie suf fisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation… ». L’apparition de la notion de «sécurité alimentaire», dans les années 70, correspond à une avancée dans la prise de conscience de la communauté internationale de la nécessité d’identifier les causes du problème de la faim et de définir des stratégies pour lutter contre elle. Pour préser ver la sécurité alimentaire, chaque pays devrait avoir la liber té d’exercer sa propre souveraineté alimentaire, c’est à dire de définir ses politiques agricoles et d’assurer l’autosuf fisance alimentaire pour les principales productions agricoles de base (riz, blé…).


Trop de monde sur la planète ? L’expansion démographique ne se poursuit pas de la même façon dans tous les pays du monde. Dans cer taines régions, la croissance exponentielle de la population est à l’origine de la surexploitation des terres et de la dégradation de l’environnement, créant une situation catastrophique. Pour autant, les productions permettraient de nourrir toute la population planétaire, mais d’immenses inégalités techniques séparent les pays du nord et les pays du sud, où un milliard de personnes souf frent de sous-nutrition.

Catastrophes naturelles, guerres… Les événements climatiques exceptionnels (cyclones, sécheresses…), les catastrophes biologiques (invasion d’insectes…), les conflits et les guerres peuvent expliquer des situations de sous-alimentation mais n’aboutissent à la famine que dans les régions du monde où de larges couches de la population souf frent déjà d’une pauvreté si grande qu’elles ne disposent pas de moyens pour lutter ef ficacement contre ces fléaux et dont le gouvernement n’est pas en mesure, de remédier à ces désastres.

Car te de la nutrition et de la malnutrition Source : FAO

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La pauvreté est la première cause de la faim La raison majeure des situations de sous nutrition, de disette ou de famine est l’impossibilité d’accéder à une nourriture suf fisante. Amar tya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, af firme que le problème est avant tout dans la répar tition des ressources sur la planète, dans les inégalités et la misère.

L’inégal accès aux moyens de production Parmi les populations pauvres, les principales victimes de la malnutrition, sont les petits paysans des pays du Sud et leurs familles. Ces petits paysans ne disposent, bien souvent, que d’une petite parcelle de terre ou par fois même n’ont aucun accès à la terre. Ils n’ont pas accès à l’eau pour irriguer leur culture, ni au crédit pour s’équiper. Ils n’arrivent pas à produire assez pour se nourrir et nourrir leur famille. Les brevets sur le vivant constituent également une menace pour ces paysans. En ef fet, des multinationales revendiquent des droits de propriété intellectuelle sur des plantes cultivées depuis des siècles par des paysans (interdiction de ressemer le grain récolté).

La libéralisation des échanges affaiblit les plus pauvres La libéralisation des échanges est une des causes majeures de la faim dans le monde : 5

les petits paysans (faiblement équipé) ne peuvent résister à la concurrence. Le prix des matières premières est fixé en fonction du coût le plus bas des cours mondiaux. Ce prix se base sur les prix imposés sur le marché mondial par les exploitations les plus compétitives du monde, 20 000 fois plus productives que les exploitations les plus petites. Cette situation est responsable d’une baisse des prix agricoles réels. Ainsi les paysans du Sud ont, en 2010, un pouvoir d’achat moins élevé qu’en 1950. Dans un même temps, la politique des institutions financières internationales accentue cette concurrence en encourageant une spécialisation des pays par secteur (exemple : le soja en Argentine).

L’aide alimentaire, ses limites La distribution de denrées alimentaires aux populations pour assurer leur sur vie en cas de famine, répond à une nécessité d’urgence mais elle peut avoir des ef fets secondaires néfastes et n’est pas une solution à long terme. En ef fet, les céréales produites dans les pays du nord entrent en concurrence avec les pays du sud: c’est sur le plan technique qu’il faut aider les pays du sud, avec des transfer ts de technologie, et en remettant en cause les expor tations subventionnées des pays du nord !


Les différents types d’agriculture

Derrière le terme générique « agriculture » se cachent de multiples réalités par fois bien distinctes. Peu de points communs, en ef fet, entre un grand céréalier de la Beauce et un petit éleveur de chèvres du Massif Central, si ce n’est que tous deux appar tiennent à la même catégorie socioprofessionnelle. Il semble donc plus judicieux de parler « d’agricultures », au pluriel, tant les dif férences qui peuvent exister entre les divers modes de productions l’on peut trouver aujourd’hui sont impor tantes. Le nombre d’adjectifs venant qualifier la notion d’agriculture en est une illustration frappante : agriculture intensive, intégrée, paysanne, durable, raisonnée, biologique… Un petit tour d’horizon s’impose, afin de savoir de quoi l’on parle exactement.

Le modèle conventionnel : l’agriculture intensive Comme son nom l’indique, l’agriculture intensive, dite conventionnelle, se caractérise par la logique productiviste dont elle incarne la mise en pratique. Théorisé, en France, au sor tir de la seconde guerre mondiale, le productivisme agricole se fixe

l’objectif d’une production maximale dans une optique de rentabilité extrême. Pour ce faire, l’agriculteur dispose d’un vaste matériel hautement mécanisé et peut recourir à divers « adjuvants » de synthèse destinés à augmenter sa capacité de production : fer tilisants chimiques et pesticides pour les sols et les cultures, aliments spéciaux pour le bétail, etc. Bien souvent, l’agriculture intensive implique la nécessité, pour le producteur, de faire le choix de la monoculture ou du mono élevage : en se « spécialisant » dans un seul et unique type de culture à grande échelle, l’agriculteur exerce une activité en apparence plus rentable puisqu’elle nécessite un matériel et des ressources moins diversifiés et un savoir-faire très orienté. Néanmoins, le producteur se doit de disposer d’un marché suf fisamment vaste et pérenne pour écouler l’ensemble de sa production et éviter les risques de surproduction qui ferait inexorablement chuter les prix. Lorsqu’elles sur viennent, les crises sectorielles dans l’agriculture intensive sont profondes, quelles qu’en soient les causes, puisque les producteurs ne disposent d’aucune « roue de secours », d’aucun autre produit à vendre (exemple : crises porcines en Bretagne, surproduction 6


de fruits dans la vallée du Rhône, etc.) L’agriculture intensive fournit à l’industrie alimentaire, via de grandes coopératives à la gestion souvent multinationale, ou par le biais des centrales d’achat de grandes surfaces, des matières premières qui tendent à se standardiser en ce sens que les produits doivent répondre aux normes strictes imposées par les acheteurs. En définitive, les producteurs se retrouvent en situation de totale dépendance vis-à-vis de l’aval de la filière agricole, aussi bien sur le plan économique qu’en ce qui concerne leur propre production, le devenir de cette dernière ou la manière dont elle doit être produite. En d’autres termes, l’agriculteur ne dispose que d’un très faible degré de maîtrise sur le fruit de son travail. Aujourd’hui, ce modèle dit conventionnel se trouve grandement remis en cause suite à de nombreuses crises sanitaires (« tremblante du mouton », Encéphalopathie Spongifome Bovine dite « maladie de la vache folle », etc.), qui ont mis en lumière les dérives du productivisme (nourrir des animaux majoritairement herbivores avec des farines animales, par exemple) et ont déclenché une cer taine prise de conscience chez les consommateurs. D’autre par t, les conséquences de l’agriculture intensive sur le plan environnemental (érosion des sols suite à la disparition progressive des haies, pollution des nappes phréatiques, scandale des algues ver tes en Bretagne, etc.) ont mis en exergue les limites du modèle conventionnel en matière du respect de l’impératif écologique. En outre, la volonté croissante, chez 7

les consommateurs, de pouvoir s’alimenter avec des produits de qualité, aux conditions de production respectueuses de l’environnement et des conditions de vie animales, et dont l’origine est par faitement connue, a commandé l’émergence de types d’agriculture et de modes de production alternatifs : agriculture raisonnée, agriculture biologique, et agriculture paysanne, notamment.

L’agriculture raisonnée Egalement qualifiée de « durable » ou d’« intégrée », l’agriculture raisonnée se situe à un échelon intermédiaire entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. L’agriculture raisonnée s’inscrit dans une approche globale de la production agricole, qui place l’agriculteur et son exploitation au sein d’un vaste référentiel comprenant respect de l’environnement, maîtrise des risques sanitaires, sécurité alimentaire, conditions de travail, respect des animaux et rentabilité économique. Initiée par des acteurs se revendiquant de l’Initiative Européenne pour le Développement Durable en Agriculture, le cahier des charges de l’agriculture raisonnée se résume ainsi : « économiquement viable, responsable vis-à-vis de l’environnement et socialement acceptable ». A cet égard, la protection des cultures, plutôt que leur traitement phytosanitaire, le recours à des adjuvants biologiques (des insectes prédateurs d’autres insectes, par exemple) plutôt que chimiques (insecticides), la rationalisation de la fer tilisation et la gestion raisonnée des animaux d’élevage prévalent en agriculture dite raison-


née. L’agriculteur engagé dans l’agriculture raisonnée ou durable produit donc selon les potentialités naturelles de ses sols et recherche l’équilibre optimal entre le sol, les plantes et les animaux sur son exploitation. Toutefois, les procédés mis en œuvre participent peu ou prou de la même logique que celle prévalant en agriculture intensive : en agriculture raisonnée, le producteur pourra avoir recours à divers produits chimiques, mais à des doses « raisonnables », étudiées au plus juste, si l’on peut dire. On peut donc légitimement reprocher à ce modèle agricole son manque de clar té et de lisibilité, notamment dans le sens où aucune norme ni aucun contrôle indépendant n’est imposé (la culture d’OGM y est tout de même proscrite, tout comme la présence d’OGM dans l’alimentation du bétail). La production raisonnée repose donc sur la seule confiance des consommateurs et celle de rares réseaux de distribution C’est sans doute pourquoi, en 2006, on ne comptait que 1597 exploitations se revendiquant du modèle raisonné, et leur répar tition géogra-

phique sur le territoire reste très inégale. En dépit d’une finalité somme toute louable, l’agriculture durable peine à trouver sa place dans le paysage agricole français, et a for tiori à l’échelle européenne, enserrée qu’elle est entre le modèle traditionnel en per te de vitesse mais dont elle ressor tit à bien des égards, et l’essor de l’agriculture biologique dont les normes bien plus draconiennes appor tent infiniment plus de garanties. En définitive, l’agriculture raisonnée ne doit la réalité de son existence qu’en raison de la prise en compte réelle d’aspects complètement exclus du modèle traditionnel : place de l’agriculteur dans la société, respect des animaux, etc.

L’agriculture biologique L’agriculture biologique représente un nouveau modèle de production agricole parachevant les « bonnes intentions » de l’agriculture dite durable. De manière simpliste, ce mode de production tend à proscrire tout produit chimique de synthèse. L’expression « agriculture biologique » apparaît à l’occasion des prémices de l’af firmation du lien alimentation-santé, en 1958. A l’origine, l’agriculture biologique a donc pour principale vocation d’assurer la santé du consommateur et est donc prioritairement centrée sur celui-ci, et non pas sur le producteur, comme c’est le cas dans le cadre du modèle traditionnel, ni sur la ressource, qui intéresse prioritairement

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l’agriculture durable. Issue d’une réflexion d’ordre avant tout médicale axée sur une défiance quant à la modernisation de l’agriculture traditionnelle (développement de la culture intensive, mécanisée, utilisant des adjuvants chimiques pour les sols et pour l’élevage des animaux), l’agriculture biologique connait des débuts délicats, dans la mesure où ses par tisans sont souvent taxés de conser vatisme. Au fil des années 1970, l’agriculture biologique va réussir à se structurer progressivement, pour aboutir en 1978 à la création de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique.

lée, Label Rouge, etc.) sont délivrées par des organismes cer tificateurs approuvés par le Ministère et répondent à des normes très clairement définies dans le cadre d’une réglementation française et européenne. On qualifie de biologique un produit ne contenant aucun produit chimique de synthèse. Toutefois, il convient de mentionner que pour qu’un aliment obtienne le label biologique, il faut que 95% (seulement) du produit soient d’origine biologique ; il existe en ef fet des « dérogations » sur cer tains composants qui, selon les circonstances, peuvent être qualifiés d’incontournables (conser vateurs, etc.)

La production biologique associe des méthodes naturelles, traditionnelles et modernes, pour la fer tilisation des sols, la protection des cultures, l’élevage et l’élaboration de produits dits « authentiques ». Elle permet notamment aux sols de conser ver leur fer tilité naturelle. En ce qui concerne la production à proprement parler, lorsqu’une exploitation souhaite se « reconver tir » en biologique, une phase de reconversion des sols pouvant aller de 3 à plus de 5 ans est requise pour obtenir la labellisation, ce laps de temps correspondant à la durée nécessaire pour que le sol de la production soit débarrassé de toute trace de son exploitation antérieure, en termes de pollution chimique. Contrairement à l’agriculture durable, les cahiers des charges encadrant l’agriculture biologique sont très stricts et les dif férentes labellisations (« AB » pour Agriculture Biologique, label le plus connu, « AOC » pour Appellation d’Origine Contrô-

Aujourd’hui, l’agriculture biologique est en for t développement. Crises sanitaires, recherche d’authenticité et de produits de caractère, goûteux et savoureux, font que les consommateurs se tournent de plus en plus vers des productions biologiques. Au début des années 2000, la demande était largement supérieure à l’of fre (notamment en raison du trop faible soutien des pouvoirs publics aux producteurs souhaitant s’engager dans un processus de reconversion), tant et si bien que la France a dû impor ter des produits issus de l’agriculture biologique d’autres pays européens, notamment l’Italie. Désormais; le modèle biologique séduit de plus en plus de producteurs, notamment les plus jeunes. Toutefois, l’agriculture biologique, si elle a le vent en poupe, souf fre toujours d’une cer taine image élitiste : le coût, en général plus élevé, des produits biologiques par rappor t aux mêmes produits issus de l’agriculture classique ont tendance à les réser ver à une cer taine catégorie de population. S’ajoute à

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cela une of fre par fois trop peu diversifiée, notamment dans les grandes sur faces, qui restent encore à ce jour le lieu privilégié d’achat des produits de consommation alimentaire. Cependant, le développement encore plus récent de l’agriculture paysanne a permis de redynamiser les valeurs prônées par les premiers « penseurs » de l’agriculture biologique.

L’agriculture paysanne L’agriculture dite paysanne, aussi paradoxal que cela puisse sembler, est une expression relativement récente qui remet au cœur du projet agricole la situation de l’agriculteur et le rôle qu’il joue au sein de territoire sur lequel il est implanté. Si l’agriculture biologique se fixe également pour objectif, outre la logique « médicale » qui présidait à son origine, de privilégier l’autonomie des exploitations agricoles et d’établir des relations directes avec les consommateurs, c’est bien le concept d’agriculture paysanne qui recentre la question agricole autour des territoires, ce qui implique une réflexion globale entre les données suivantes : le producteur, la production, la ressource, le territoire, le consommateur. Selon la Confédération Paysanne, « l’agriculture paysanne doit permettre à un maximum de paysans répar tis sur tout le territoire de vivre décemment de leur métier en produisant sur une exploitation à taille humaine une alimentation saine et de qualité, sans remettre en cause les ressources naturelles

de demain. Elle doit par ticiper avec les citoyens à rendre le milieu rural vivant dans un cadre de vie apprécié par tous. » Vivre décemment de sa production et dynamiser un territoire rural, voilà bien les deux objectifs prioritaires de l’agriculture paysanne. Si l’on comprend également que ce mode de production a pour but de produire des aliments sains et de grande qualité, il ne faut toutefois pas considérer que l’agriculture paysanne est nécessairement biologique ; l’agriculture biologique n’est pas non plus nécessairement paysanne, même s’il est vrai que de nombreux producteurs biologiques se revendiquent de l’agriculture paysanne et que de nombreux paysans (et non les «agriculteurs ») font le choix d’une production biologique. Enfin et sur tout, l’agriculture paysanne pose la question du lien entre le producteur et le consommateur, en d’autres termes, elle invite à repenser la question de la distribution des produits. L’agriculture paysanne favorise les circuits de distribution cour ts, et notamment la vente directe, du producteur au consommateur, qui permet au premier de vendre un produit plus cher que lorsqu’il le vend à une centrale d’achat ou à une grosse coopérative, et au second d’acheter un produit moins cher que s’il l’achetait dans la grande distribution. Très clairement, on siphonne les marges prises par les intermédiaires de la distribution, qui font baisser les prix d’achat et augmenter les prix de vente dans le seul but de tirer profit de leur activité, sans pour autant induire une quelconque valeur ajoutée au produit qu’ils manipulent. En outre, avec la vente 10


directe, le produit acheté par le consommateur est nécessairement plus frais, puisqu’il n’a pas transité par divers entrepôts et autres chambres froides. De la sor te, on limite également le transpor t de marchandises, dans une optique de développement durable. Cependant, l’agriculture paysanne n’écoule pas l’ensemble de ses produits par la seule vente directe. Depuis quelques années, le formidable développement des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) of fre également un réel débouché aux producteurs paysans. Montées par des producteurs et/ou de simples citoyens consommateurs, ces associations ont pour but de regrouper au sein d’une petite structure des producteurs et des consommateurs locaux, les premiers s’engageant à fournir de manière régulière des « paniers » de produits paysans à un prix fixe (entre 5 et 15 €, en général), les seconds s’engageant quant à eux à garantir et pérenniser une commande tout au long de l’année.

Et les OGM ? Les organismes génétiquement modifiés, fruits d’une recherche scientifique poussée, ne posent pas problème en eux-mêmes. Il est vrai que sur un plan purement théorique, les potentialités de la recherche génétique appliquée à la production agricole sont intéressantes : une plante qui, suite à des modifications génétiques, deviendrait naturellement résistante à cer taines maladies pourrait permettre de limiter le recours aux fongicides et autres pesti11

cides, par exemple. Toutefois, force est de constater que les logiques qui prévalent à la recherche génétique en agriculture ne sont en rien liées à une quelconque volonté de développement durable. Bien au contraire, la recherche génétique reste à ce jour au ser vice du modèle productiviste et se fixe toujours pour but premier de pouvoir augmenter les profits, quitte à tenter des manipulations complètement contre-nature. D’autre par t, les logiques commerciales qui président à la culture OGM impliquent la recherche d’une rentabilité immédiate qui ne peut s’accorder avec l’impératif d’études scientifiques de long terme nécessaires pour mesurer l’impact des modifications génétiques, sur la plante elle-même, sur son environnement, et sur l’animal qui va la consommer, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une tête de bétail. En d’autres termes, on s’assoit sur le principe de précaution dès lors que l’on ne constate pas d’ef fets notoires sur quelques générations de culture. Pour autant, les risques potentiels de la culture OGM en plein air demeurent nombreux et les cer titudes sont très rares : apparition d’espèces inconnues par des processus de croisements multiples, insectes résistants (syndromes des « antibiotiques »), réduction de la biodiversité, etc., transmission de modifications génétiques d’une espèce à l’autre ou d’un règne (animal, végétal) à l’autre... Si la recherche agronomique est positive, elle doit être encadrée, et les expérimentations en plein champ bénéficier d’un périmètre de protection suf fisant pour empêcher les risques de contamination.


Institutions européennes et mondiales

Si l’agriculture a longtemps été un cheval de bataille politique pour la droite durant le XXe siècle, pour des raisons électoralistes ; c’est aujourd’hui une problématique européenne et mondiale. La France vit encore sur l’aura d’une grande puissance agricole qu’elle a été mais qui connait des dif ficultés structurelles, fruit d’une dérégulation et d’une soumission a cer tains lobbies.

Considérer la question agricole en prenant en compte ses particularités Le secteur agricole n’est jamais structurellement autorégulé, les exploitants ne sont pas en capacité de vivre décemment de leur production via une application basique de la loi de l’of fre et de la demande. L’actuelle crise laitière en est l’illustration. D’une par t, les producteurs ne peuvent pas, par essence, déterminer la quantité totale de leur production, mais ils ne peuvent pas non plus fixer librement le prix de vente de leurs produits pouvant leur assurer une juste rémunération. Les producteurs nationaux dépendent en ef fets des normes de production fixées

par la politique agricole commune (PAC) de l’Union Européenne. La PAC apparait médiatiquement comme le réceptacle des tensions entre pays membres de l’Union, il symbolise l’iner tie politique européenne faute de véritables centres de décisions et d’institutions européennes avec de véritables prérogatives. Etant donné l’importance de l’agriculture pour notre pays et son poids donc en Europe, la France est un pays moteur dans son élaboration.

La politique agricole commune Elle fut créée en 1957 et repose principalement sur des mesures de contrôle des prix et de subventionnement, visant à moderniser et développer l’agriculture. Au sor tir de la Seconde Guerre Mondiale, un des objectifs essentiels a été de garantir l’autosuf fisance alimentaire de la Communauté Européenne (Traité de Rome 1957). C’est dans cette perspective qu’un accord a été conclu entre les 6 pays fondateurs de la CE. Dans un premier temps, le niveau de production européen a très largement augmenté grâce à la PAC, la Communauté 12


Economique Européenne devenant une véritable puissance mondiale agricole. La PAC repose sur trois principes : création d’un marché agricole commun : la continuité avec le principe des barrières douanières de l’espace européen, l’instauration d’une solidarité financière (ressources af fectées à des dépenses communes) et la préférence communautaire : mise en avant des denrées agricoles produites en Europe. La PAC a mis en place en 1992 des aides directes aux producteurs, instituant un revenu minimal garanti, indépendamment de la quantité produite. Avant, les agriculteurs pouvaient vendre leurs produits à

« prix garantis », s’ils ne par venaient pas à écouler toute leur production, l’UE l’achetait au prix fixé. Des incitations financières sont octroyées à ceux qui optent pour des méthodes de production plus respectueux de l’environnement. Pour éviter la surproduction, une politique de maîtrise agricole a été élaborée (quotas, jachère, gel des terres…). Cependant la PAC a aussi donné naissance à de nombreux déséquilibres. Le tournant s’ef fectue dans les années 90 avec un processus de réforme continu cherchant à atténuer les excès productivistes et néfaste pour l’environnement que la PAC a pu engendré (cf. ar t. 39 TFUE).

Autres Irlande Grèce Royaume-Uni Italie Allemagne Espagne France

Bénéfice de la PAC par État

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Cependant, les politiques de soutien sont variables en fonction de la région et du type de production. De plus, il existe dif férents types de technique pour évaluer les aides qui n’ont pas les mêmes ef fets : aide à l’hectare, au quintal, à la tête de bétail. La quantité est toujours privilégiée à la qualité. Par ailleurs, la PAC a crée un déséquilibre au sein même de l’UE, puisque cer tains pays ramassent plus que d’autres car ont un secteur agricole plus impor tant. Déséquilibre qui se ressent également sur le secteur agricole mondial, et plus en par ticulier sur le marché des PVD : les producteurs européens subventionnés expor tent leurs produits vers les PVD à des prix défiants toute concurrence locale, tuant ainsi la culture vivrière locale.

l’AsA, avec une doctrine et un mode de fonctionnement que nous connaissons et critiquons. Face à la multitude de politiques agricoles dans le monde, l’AsA a pour principal but de faciliter les échanges agricoles en mettant en place une discipline quasimondiale dans les instruments de politiques agricoles ayant un impact sur le commerce. L’AsA est composé de trois axes : les mécanismes de protection aux frontières, les subventions à l’expor tation, et les politiques de soutien au secteur agricole.

Une économie mondialisée La PAC n’est pas l’unique norme supranationale concernant l’agriculture, elle doit se mettre en conformité avec les contraintes posées par l’accord sur l’agriculture (AsA) de l’Organisation Mondiale du Commerce (entré en vigueur le 1er juillet 1995). De fait, les Etats européens ne sont pas dans la mesure de déterminer librement les politiques d’aides et de subventions agricoles à même de pouvoir permettre aux agriculteurs de vivre du produit de leurs terres. Les normes nationales se retrouvent régies par les normes européennes, elles mêmes régies par l’accord sur l’agriculture de l’OMC. Ainsi la compilation des traités et normes en vigueur peut justifier en par tie des immobilismes. L‘OMC joue ici son rôle via 14


Bibliographie

Agriculture durable et nouvelle révolution verte, Gerard Kafadaroff Écrit en 2008, il dresse oppor tunément la liste des grands enjeux agricoles en cette période où des émeutes de la faim ont retenu l’attention des médias. Le défi environnemental, les phytosanitaires, les biocarburants… : les exposés de Gérard Kafadarof f sont limpides. Il plaide avec énergie pour la conser vation des sols, « l’un des piliers majeurs de la nouvelle révolution ver te » qu’il appelle de ses vœux. « Préserver le sol aujourd’hui pour nourrir les hommes demain », G. Kafadarof f nous le rappelle, c’est le fondement d’une agriculture durable. L’auteur a également beaucoup de choses à dire sur l’un des autres piliers de la nouvelle révolution ver te, la génétique. Il rappelle que « la génétique est à la base de la première révolution ver te avec les variétés de blé et de riz à haut rendement » et considère qu’elle ouvrira la voie à la seconde.

L’agriculture française à la recherche d’un nouveau modèle, Guilhem Brun, 2006 Un ouvrage sur la politique agricole française depuis les années 60 (productivisme et construction européenne).

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L’agriculture française en proie à l’écologisme : moissons interdites, Claude Monnier, 2005 Un ouvrage qui fait l’apologie du productivisme et dénonce l’agriculture biologique comme un grand bond en arrière.

Nourrir les hommes aujourd’hui et demain, Bernadette MérenneSchoumaker Professeur de géographie économique à l’Université de Liège un ar ticle de qualité sur la question alimentaire à l’échelle mondiale. http://www.lmg.ulg.ac.be/spip/IMG/GEO65BMS.pdf

Les émeutes de la faim dans le monde 2008, ses causes, ses conséquences, la question du prix des denrées alimentaires de base et de la mondialisation de l’agriculture: http:// acturama.org/spip.php?ar ticle24


Filmographie

« Le monde selon Monsanto », Marie-Monique Robin

« Herbe », Matthieu Levain et Olivier Porte

De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien, est un film documentaire réalisé par Marie Monique Robin au sujet de la multinationale américaine Monsanto et des produits fabriqués et commercialisés par cette compagnie au cours de son histoire (PCB, OGM, agent orange, hormone de croissance). Ce documentaire est une coproduction ARTE et dure 108 minutes. 2008

Au cœur de la Bretagne paysanne, deux visions du métier d’éleveur laitier se confrontent. Alors que des Hommes se sont engagés depuis plusieurs années dans une agriculture autonome, durable et per formante, le courant majoritaire de la profession reste inscrit dans un modèle de production industriel, for tement dépendant des groupes agricoles et agro-alimentaires…Un film documentaire de, 76mn, 2008

« Solutions locales pour un désordre global », Coline Serreau

« AMAP pour une agriculture nourricière », Bénédicte Dierickx, Thomas Johannsen

Dépassant la simple dénonciation d’un système agricole per ver ti par une volonté de croissance irraisonnée, Coline Serreau nous invite à découvrir de nouveaux systèmes de production agricole, des pratiques qui fonctionnent, réparent les dégâts et proposent une vie et une santé améliorées en garantissant une sécurité alimentaire pérenne. Caméra au poing, Coline Serreau a parcouru le monde pendant près de trois ans à la rencontre de femmes et d’hommes de terrain, penseurs et économistes, qui expérimentent localement, avec succès, des solutions pour panser les plaies d’une terre trop longtemps maltraitée. Documentaire, 2010. http://www.actu-environnement.com/ae/news/ solutions-locales-desordre-global_9972.php4

«Recréer le lien à la terre avec les paysans qui la travaillent est l’unique façon d’estimer la qualité des denrées vitales que sont nos aliments. Ainsi, cer tains refusent de voir la paysannerie disparaître de sa belle mor t annoncée, les fermes familiales ayant pour seul avenir de se transformer en industrie agricole, ou de cesser d’exister. Nous sommes donc des personnes, paysans et mangeurs, qui agissons pour des conditions de production saines, respectueuses et solidaires, en nous appuyant sur le meilleur de l’humain : le lien, la solidarité, le confiance et la parole donnée ». 26mn, France, 2007.

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Les Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne Une Amap est une association loi 1901, qui lie un par tenariat entre un groupe de consommateurs et un exploitant agricole : légumes, fruits, viande, fromage, œufs,… Ce par tenariat se traduit dans les faits par la confection de paniers, composés des produits de la ferme, et à destination des adhérents de l’Amap qui s’engagent à payer le producteur par avance. Les adhérents quand à eux soutiennent financièrement le producteur par l’achat par avance des produits.

est basée sur le respect du vivant et des cycles naturels existants et se base sur des pratiques telles que : les rotations longues des cultures, les actions préventives, la lutte biologique, les engrais naturels, l’adaptation des cultures à l’environnement local…

Les produits Si l’on prend l’exemple des légumes, ce sont des produits frais, de saison, diversifiés et souvent cer tifiés AB ou en conversion vers l’AB. Dans le cadre d’une AMAP, il s’agit de limiter le gaspillage : les consommateurs accordent moins d’impor tance à la standardisation des aliments, on se s’attache pas à un calibre spécifique, une apparence « par faite ».

Organisation de l’association Pratiques agricoles « Une agriculture qui respecte le paysan et répond aux attentes de la société » (Confédération Paysanne). La char te des AMAP (adopté par Alliance Provence en 2003), qui définit les fondements pour une telle structure, s’inspire très largement du cahier des charges de l’AB, mais également de la Char te de l’Agriculture Paysanne. L’agriculture paysanne 17

Tout le fonctionnement de l’Amap doit faire l’objet d’une discussion avec le producteur : nombre d’adhérents, composition des paniers (quantité, diversité,…), date et lieux des distributions, prix,… La négociation du prix ne se fait pas en fonction de l’of fre et de la demande, mais en fonction des charges réelles de l’exploitant, et lui permettant de dégager un revenu décent. Cela fait que les consommateurs par tagent les risques et bénéfices des aléas pouvant influencer les rendements des récoltes. Le règlement des


paniers se fait par avance (généralement en début de saison). Il peut être échelonné en fonction des moyens des adhérents. Une liste de consommateurs titulaires est créée, ainsi qu’une liste de consommateurs suppléants qui pourront bénéficier des paniers non pris par les titulaires (absence,…) et seront prioritaires pour passer titulaires. Il est également impor tant d’établir un abonnement annuel. D’une par t pour assurer les frais liés au fonctionnement mais d’autre par t pour ser vir de « caisse de secours ». En ef fet, la for te mobilité des jeunes peut engendrer des dif ficultés à cer tains moments de l’année. L’été est la période ou la production est la plus impor tante, mais la consommation la moins régulière (vacances). Ainsi, l’Amap et le producteur peuvent être amenés à trouver des débouchés temporaires (marchés).

en matière de protection de l’environnement. L’AMAP permet la garantie d’un revenu stable et décent à l’agriculteur, et donc s’inscrit dans une démarche de « commerce équitable ». Ce qui motive également l’agriculteur, c’est la valorisation sociale de son travail, par les relations et le dialogue qu’il a avec les consommateurs, qui vont bien au-delà de l’aspect commercial.

Intérêts sociétaux

L’Amap par ticipe à produire dans le respect de l’Homme, de la biodiversité et des r ythmes de la nature. Selon les fondements d’une AMAP (cf. Char te des AMAP d’Alliance Provence), l’agriculteur favorise la complémentarité entre productions et utilise des techniques économes en intrants, en eau, basées sur l’obser vation agronomique et non sur l’utilisation de traitements systématiques afin de limiter les pollutions (de l’eau, du sol, de l’air…). En favorisant les circuits cour ts de distribution, l’Amap permet de limiter les emballages.

Ce qui motive les consommateurs c’est d’abord la qualité des produits (frais, de saison, excellente traçabilité, prix raisonnable…) mais également d’autres critères qui donnent du sens à l’acte d’achat : soutenir l’économie locale et encourager des actions

L’AMAP par ticipe à l’exploitation des terres agricoles, au maintien d’une agriculture de proximité et donc au développement de l’emploi local et d’un tissu social dans les zones rurales périurbaines. Elle permet également le rapprochement du consommateur, 18


vivant généralement en milieu urbain, avec le producteur par le dialogue, l’organisation de week-end à la ferme, …

trésorier, responsable communication interne, communication externe, responsable animation, …).

Pourquoi le MJS peut être moteur de la création d’une Amap ?

La deuxième étape consiste à convaincre un agriculteur de nous rejoindre dans ce projet. Selon le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’obser vation des conditions de vie), si en 2004, 20 % des Français souhaitaient acheter ailleurs que dans les grandes sur faces, en 2007 cette propor tion est passée à 37 %. Aujourd’hui, les circuits cour ts, comme les AMAP, correspondent à une nouvelle attente des consommateurs, un débouché possible

Les valeurs por tées par une Amap correspondent en tout point aux valeurs por tées par les Jeunes Socialistes : renforcement du lien social entre les consommateurs et les producteurs, entre les urbains et les ruraux, respect des producteurs et amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération, préser vation des ressources naturels (sols, eaux, …), … C’est une façon pour nous de por ter concrètement les valeurs que nous défendons dans la société, sans attendre les initiatives des décideurs politiques que nous essayons de convaincre tous les jours.

Montage concret du projet A la naissance d’un projet, il faut avant tout mobiliser une base solide d’adhérents motivés. Il faut environ 5 personnes, qui s’investiront dès le début dans l’organisation, dans son étude et sa mise en place. C’est la force des Jeunes Socialistes de pouvoir présenter un groupe de personnes convaincues et habituées à la prise d’initiative, cette base est une des clés du succès. En découle la création juridique de l’association : rédaction des statuts, vote du bureau et des rôles dans l’Amap (président,

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pour des agriculteurs pour les diverses raisons énoncées précédemment. Mais une réorganisation dans le fonctionnement d’une exploitation agricole (choix techniques en accord avec la Char te des AMAP, organisation de la logistique…) n’est pas sans dif ficultés pour un agriculteur. C’est donc l’un des rôles de l’association de les accompagner, y compris financièrement. Pour ceux souhaitant se conver tir en AB (être cer tifié, pouvoir apposé le logo sur les produits), ce soutien est d’autant plus impor tant que la période de conversion, d’une durée de 2 ans pour les cultures annuelles ou semi-pérennes (légumes, cer tains petits fruits…) par exemple, est dif ficile pour les agriculteurs (nouvelle manière de produire, choix culturaux, conduite des parcelles…), et rebutent d’ailleurs nombre d’entre eux. Il peut donc s’agir : • d’un agriculteur ayant envie de se rapprocher des pratiques défendues dans la


char te des Amap. • d’un agriculteur ayant des pratiques proches de la char te des Amap et/ou en bio. • d’une structure associée au réseau Cocagne ou équivalent (ferme employant des personnes en réinser tion,…)… Il faut également définir avec le producteur les bornes du contrat qui va le lier à l’Amap : composition et prix des paniers, date, heure et lieu des distributions (prévoir un local), nombre de consommateurs sur les 2 listes, l’organisation de visites sur la ferme, … D’un autre coté, tout au long de la création de l’Amap, il faut recruter des adhérents et donc utiliser les moyens de communication habituels pour notre organisation (site internet, tracts, inter ventions auprès des dif férents publics,…). Nous devons viser bien évidemment les jeunes, pour qui nous menons toutes nos actions. Il s’agit notamment des étudiants, jeunes chômeurs, jeunes travailleurs, avec une borne d’âge à 29 ans révolu. La sor tie de l’Amap se fera à 30 ans, sous réser ve de l’obtention d’un contrat de travail stable. Il faut absolument que les types de personnes soient variés, pour éviter notamment les variations saisonnières (absence d’étudiants pendant l’été et les vacances scolaires), que ce soit dans la liste des titulaires comme des suppléants. Pour définir les quantités et la diversité des paniers, il faut recueillir les habitudes alimentaires des adhérents par un questionnaire (nombre de repas chez soi, retour chez

les parents le week-end,…) L’Amap ne devra pas rester indéfiniment entre les seules mains des militants présents au dépar t. Rapidement nous devrons faire en sor te que les adhérents ne soient pas seulement des consommateurs mais enfin des personnes impliquées et engagées dans le fonctionnement de l’association.

Organisations engagées, à rencontrer avant le début du projet • Les réseaux d’AMAP • Les regroupements d’agriculteurs biologiques : (InPACT : Initiative Pour une Agriculture Citoyenne et Territoriale,…) • Les Chambres d’Agriculture, …

Ce kit a été élaboré par

Nicolas Anoto Yacine Baouch Amaur y Chapon Pierrick Courbon Paul Méhu Eve Pottiez Aurélie Rida Miguel Tejos

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