La Gazette du Japon - 6

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Sommaire n° °6 - Octobre 2003 Le Kirin au Japon (Jean-Michel) - Confucius et Kirin - Tokugawa et confucianisme - Histoire du Kirin au japon - Représentations de Kirin à l’époque d’Edo - Kirin et netsuke - Différences régionales o Osaka o Kyoto o Tamba et Chûkyô o Edo - Les formes de Kirin o La ou les cornes o Le corps o Les sabots o La queue - Sources Sumo : Aki Basho 2003 (Tony) - Asashoryû - Musashimaru - Chiyotaikai - Kaiô - Musoyama - Tochiazuma - Wakanosato - Kotomitsuki - Takamisakari Conte bilingue - Suite (Agnès) - le conte - la traduction - les explications grammaticales Mots à Caser (Agnès) - squelette - liste des mots Tanizaki – Puisque je l’aime – suite et fin (Antoine) - Acte III – Scènes I, II , III, IV Voyage à Okinawa - Suite (Hiroe) - version japonaise - version française Kanji à Caser – Solution (Agnès) © http://www.lejapon.org


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Le Kirin au Japon (Auteur : Jean-Michel) En Chine, le « kirin » est un animal divin mythique au même titre que le phénix oriental, le dragon jaune et le cerf blanc. Selon la croyance populaire, ces animaux sont venus du ciel quand les empereurs et les hauts dignitaires gouvernaient de manière vertueuse et en paix.

Kirin assis en bronze, corps couvert d’écailles 43,5 cm – 18ème siècle

C’est Tô-nô-Chûjô qui aurait suggéré le développement de la connaissance des préceptes confucéens pour unifier le pays. Il enseignait alors que c’était le ciel qui contrôlait le monde et que les empereurs n’étaient pas des personnes ordinaires mais des émissaires envoyés par la providence. Il était alors très pratique pour les despotes de se référer à cette philosophie. A cette époque le kirin en Chine était considéré comme un animal divin de bon augure, envoyé par la providence. Confucius et le kirin Dans le célèbre « Kakurin » de Confucius, une anecdote dit qu’un homme aurait attrapé un kirin et l’aurait offert à une autre personne. Confucius qui était chagriné par le fait que le kirin soit apparu à une époque ou la paix ne rêgnait pas dans le monde, termina alors « les Chroniques de Lu » par le mot « kakurin », arrêta d’écrire et mourut.

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Plus tard une autre légende dit que le kirin était apparue à la naissance même de Confucius. Il est cependant clair que le kirin est devenu indispensable à la « déification » de Confucius et qu’il a été étroitement lié à la propagation du Confucianisme.

Netsuke : Tennin assis sur un kirin à deux cornes Fin 18ème siècle (hauteur : 6,6 cm) D’après le professeur Sokugawa Hiroshi de l’Université de Kyoto, l’apparition du mot « kirin » remonterait aux périodes de guerre du 5ème siècle av JC. La politique du gouvernement Tokugawa envers le Confucianisme Pour restaurer la paix dans le pays, après les longues périodes de guerre civile, le gouvernement Tokugawa a sélectionné des grands maîtres du confucianisme qui rapidement ont enseigné cette philosophie aux seigneurs locaux et au peuple et celle ci est alors devenue un des fondements fort du système féodal japonais. Dans les familles de samourai, les enfants, dès leur plus jeune âge étaient poussés à l’étude des principes du Confucianisme. C’est probablement à cette époque qu’ils ont trouvé l’image du kirin intéressante. Histoire du Kirin au Japon Des objets d’art portant des représentations de kirin peuvent être vu dans des galeries d’art. Les plus anciens de ces objets ont été importés de Chine. Il s’agit d’objets utilisés dans le culte Bouddhiste. On peut également voir des kirin sur des jeux de go ou sur des miroirs. L’objet le plus ancien créé au Japon est le « Chôjû Giga » (une caricature d’oiseaux et d’animaux probablement dessinée au 12ème siècle) qui se trouve au temple Kôzan-ji à Kyoto. Cette série de sumi-e présente des animaux comme des grenouilles ou des lapins prenant une forme humaine. Autre point intéressant : Oda Nobunaga qui était un grand général du 16ème siècle a choisit le kanji « rin » du mot « kirin » sur son sceau officiel. De même, Toyotomi Hideyoshi qui est arrivé au pouvoir à la mort de Nobunaga, a choisit le kirin pour orner ses palanquins préférés. A Nikkô au temple Tôshôgu qui a été érigé au milieu du 17ème siècle et qui est dédié à Tokugawa Ieyasu (1er shogun de la famille Tokugawa), on peut voir partout des dessins et des gravures de kirin. © http://www.lejapon.org


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Comme on peut le constater avec ces différents exemples, les kirin qui apparaîssent sur les constructions, les ornements et les accessoires symbolisaient la gloire. Ce symbole était un moyen pratique de justifier la présence au pouvoir des dirigeants, surtout dans les périodes de doutes et d’incertitudes des gouvernements de Nobunaga et de Hideyoshi. En Chine, les hommes qui détenaient le pouvoir faisaient souvent ériger des statues de kirin, ou demandaient des représentations de kirin sur leur pierre tombale, de façon à convaincre la population qu’ils étaient ou avaient étés des personnages vertueux. Ce courant a également prévalu au Japon. Représentations de kirin à l’époque d’Edo Il est bien connu que les arts et l’artisanat, spécialement au Japon se sont développés pendant Edo (1603-1867). A cette époque, le Japon était encore plus que maintenant une société faite par des hommes pour les hommes. Comme tout le monde vivait paisiblement, même dans le domaine des guerriers et des armes, la création était plus portée sur la beauté et le raffinement des accessoires que sur les lames de sabres par exemple, bien qu’elles soient l’élément le plus important de l’arme. De la même manière, comme les armures, les casques et autres attirails de guerriers étaient plutôt utilisés dans des cérémonies qu’au combat, la décoration prenait encore plus d’importance. Si on peut avoir l’impression que la paix régnait à cette époque, il n’en demeure pas moins qu’il y avait toujours de grandes distinctions de classes entre les samourai, les fermiers ou les marchands. Cela était bien visible dans les styles de coiffure, les accessoires ou les vêtements portés par tous ces hommes. Si l’un d’eux s’écartait de ces règles de conduite, il pouvait être condamné à mort et les exemples ne manquent pas de famille exécutées pour avoir enfreint les règles. Pour éviter les problèmes, les riches marchands rivalisaient entre eux dans le dandisme mais toujours de manière non ostentatoire. En 1789, le gouvernement publia même un décret interdisant aux samourai le port de vêtements trop luxueux, et alors qu’en Chine les dirigeants n’hésitaient pas à ériger des statues représentant un kirin, en signe de pouvoir, au Japon, ce sont les petits objets plus discrets qui ont été influencés par le kirin. Kirin et netsuke Comme nous venons de le voir, les petits accessoires comme les netsuke, représentaient souvent un kirin. Ces petits objets utiles de 3 à 15 cm étaient fabriqués en bois ou en ivoire et les connaisseurs auront remarqué que les netsuke en forme de kirin ont pour la plupart été créés entre le 17ème et le 19ème siècle, c'est-à-dire Edo. Comme cette période est assez longue, on remarque également que de nombreux netsuke peuvent représenter aussi Confucius en association avec le kirin. Des différences régionales Le Japon, pays de 370 000 km2 comprenait alors plus de 200 fiefs et chaque région contrôlait ses propres techniques de production pour chaque produit (artisanat ou agriculture) de manière à ce que leur savoir faire ne soit pas connu ailleurs. Même pour des petits accessoires comme les netsuke, chaque région développait ses propres techniques et son propre style et c’est ce qui explique que les représentations de netsuke ont été très différentes d’un lieu à l’autre. Par exemple, à Iwami (département de Shimane), on ne trouve aucun netsuke en forme de kirin, alors que cette région est particulièrement célèbre pour sa production de netsuke. -

Osaka Pendant Edo, Osaka était une des trois grandes villes du Japon. Elle a beaucoup prospéré à cette époque dans le domaine de la distribution. On y comptait environ 380 000 habitants et plus de 100 « kurayashiki » (sorte de grands lieux de ventes). Avec la mode du tabac, la demande de netsuke a été croissante car portés à la ceinture, ils contre balançaient l’attirail du fumeur. Les caractéristiques de ces netsuke en forme de kirin sont les suivantes :

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o o o o

-

Les plus anciens avaient une forme simple représentant la moitié d’un homme et la moitié d’un kirin sur un « hinoki » (cyprès japonais) 8 à 10 cm de haut, donc plus grands que la moyenne Aucune signature en général Style : kirin assis, les pattes arrières courbées et celles de devant droites, la tête retournée vers l’arrière et regardant vers le ciel

Kyoto Kyoto était la ville des empereurs à partir du 8ème siècle, et une ville religieuse avec de nombreux temples Bouddhistes. Vers le milieu du 18ème siècle, la population y était sensiblement la même qu’à Osaka. Des artisans en tous genres (bâtisseurs de temples, créateurs de vêtements ou d’objets d’art) se sont réunis dans cette ville et leur renommé a attiré des gens du pays tout entier. Des matériaux de la plus haute qualité, comme de l’ivoire importé ou du bois d’ébène y ont été utilisé pour la fabrication de netsuke. Comme ceux-ci sont petits, l’ivoire utilisé était souvent celui qui restait de la fabrication d’ustensiles pour le thé, d’instruments de musique ou de meubles. A Kyoto, les formes sont sophistiquées et le cou du kirin est particulièrement long comme sur cette photo. Les deux artisans les plus connus sont Tomotada (Izumiya Shichiuemon) et Masanao.

Netsuke : kirin hurlant en ivoire attribué à Tomotada 18ème siècle – Ecole de Kyoto – 12,1 cm Ce dernier a représenté le kirin de la même manière qu’en Chine avec le corps d’un cerf, la queue d’un bœuf, des sabots de chevaux et une seule corne sur la tête. On pense que cette représentation très « chinoise » est due à la présence nombreuse de confucianistes à Kyoto. -

Tamba et Chûkyô Tamba et Chûkyô (Gifu, Nagoya et Ise) sont des régions assez éloignées de Kyoto et d’Osaka. Tamba est une vieille province qui se situe au nord de Kobe, et Gifu se trouve au nord de Nagoya. On peut identifier aujourd’hui des netsuke en forme de kirin créés par Tametaka (Nagoya) et Toyomasa (Tamba) qui ont été actifs au 18ème siècle. A Gifu, bien que Tomokazu fût un célèbre artisan de la région, aucun netsuke représentant un kirin n’a été référencé de lui. Pourtant on en a trouvé de Itan et de Ikkan qui faisaient tous les deux partie du même groupe de travail que lui. On pense cependant que Tomokazu en a très probablement fabriqués aussi © http://www.lejapon.org


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Les caractéristiques de ces netsuke sont les suivantes : o matériaux : il ne s’agit pas d’ivoire mais de « tsuge » (buis). o Taille : moins de 5 cm ce qui implique que ces netsuke ont été produits après le décret de 1789 qui interdisait le port de vêtements ou d’accessoires luxueux o Forme : la tête du kirin est tournée et les 4 pattes sont pliées -

Edo (Tokyo) Au 18ème siècle, Edo était la ville la plus peuplée du japon avec plus de 500 000 habitants. Alors que les samourai et les riches marchands étaient la colonne vertébrale de la culture à Kyoto et à Osaka, les portes drapeaux de la culture à Edo étaient plutôt les petits marchands et les personnes ordinaires. L’atmosphère culturel y était donc très différente. On trouve parfois des dessins de kirin sur des « manjû netsuke » en ivoire que l’on appelle « ryûsa » (voir ci-dessous). En général, ces netsuke ne sont pas signés.

Les formes de kirin -

La ou les cornes En Chine le kirin a une seule corne droite sur la tête et une petite bosse sur le dos. On pense que c’est pour ne pas infliger de blessure… le kirin étant un animal paisible à l’origine. Dans les netsuke, on pourra trouver beaucoup plus souvent des kirin à une corne qu’à deux cornes. On pensait alors qu’une forme irréelle (une corne droite) avait un sens plus mystérieux et plus sacré. Les kirin à deux cornes ont été beaucoup plus fréquents à partir du 12ème siècle et à Nagoya à partir du 19ème siècle. Dans tous les cas, la ou les cornes ne sont pas présentées de manière à effrayer.

Netsuke : kirin à une corne en ivoire de Masanao (Ecole de Kyoto) 18ème siècle -

Le corps Comme le mot « kirin » en kanji est formé à partir du mot « shika » (daim), le corps du kirin ressemble à celui du daim également. On peut tout de même retrouver des kirin très différents. Par exemple avec des parties empruntées au dragon : visage, moustache, écailles. Les netsuke en forme de kirin, principalement dans la région de Kyoto et d’Osaka, peuvent présenter trois types de corps différents : corps de daim, de dragon ou mélange des deux. Certains sont couverts de poils, d’autres d’écailles. Quelques vieilles créations à Osaka présentent des kirin avec un visage de dragon et un corps poilu. A Chûkyô, les plus anciens netsuke montraient un kirin avec des écailles et plus tard poilus, comme par exemple, ceux de Ichimin.

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Les sabots © http://www.lejapon.org


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Les sabots sont arrondis de façon à ne pas blesser ni à abîmer les plantes et ceci est une façon de plus de les distinguer d’autres animaux. -

La queue Alors que les kirin avec un corps de daim ont une queue droite et longue, ceux en forme de dragon ont une queue plus courbée. Comme on retrouve une forte similitude avec les kirin fabriqués en chine, on pense qu’il s’agit seulement d’une recherche d’harmonie dans la forme. Cependant, à partir du 18ème siècle, on retrouve les deux types de queue aussi bien sur les corps de daim que sur ceux des dragons. Comme d’autres animaux mythiques tels le « shishi » (lion), le « hakutaku » (un animal capable de parler) ou le « baku » (mangeurs de cauchemars) avaient également des queues courbes, on pense que ce type de queue, au même titre que la corne unique, ajoute un côté sacré à ces animaux.

Sources Cet article est une traduction partielle et personnelle, d’un article paru dans le magazine Daruma, intitulé « Kirin – Legendary Divine Animals » écrit par Yoshida Yukari (Hiver 1997). Les photos présentées ici, sont également issues de cet article.

Netsuke : le célèbre « Meinertzhagen » Ivoire -18ème siècle

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La Gazette du Japon Sumo : Aki Basho 2003 (Auteur : Tony)

Le tournoi d’automne est le cinquième tournoi majeur de sumo de l’année. En première division, les lutteurs livrent au total quinze combats en autant de jours. Celui qui en gagne le plus, remporte le titre. Certains ont brillé, d’autres sont passés à côté de ce grand rendez-vous. Petit aperçu des performances des grandes figures du sumo actuel.

Nouveau triomphe d’Asashoryû (photo : yahoo.co.jp) Asashoryû (yokozuna) Après ses esclandres du dernier Nagoya basho, le yokozuna se devait de réaliser un grand tournoi. Il a été très impressionnant durant les entraînements (keiko) de préparation au tournoi d’automne. Lors des dix premières journées de cet « Aki basho » (tournoi d’automne), Asashoryû a produit un sumo magnifique. Technique, vitesse, puissance, bref du très, très grand spectacle! Lors de la dixième journée, son vieux rival Kotomitsuki se dressait sur sa route. Combat âpre qui se termine sur un somptueux tsuri-dashi d’Asashoryû (soulèvement de l’adversaire). Mais l’emploi de cette technique lui déclenche une douleur dans le bas du dos. Le lendemain, il se débarrasse laborieusement du sekiwake Miyabiyama et semble moins dominateur. La tendance se confirme les deux jours suivants avec ses deux premiers revers face au sekiwake Wakanosato, et surtout face à l’ôzeki Tochiazuma. Asashoryû n’avait plus perdu en combat officiel contre l’ôzeki depuis mai 2002. Le tournoi alors totalement relancé, il se reprend et terrasse l’ôzeki Chiyotaikai de manière peu élégante. Le yushô (le titre), est © http://www.lejapon.org


La Gazette du Japon alors assuré. Enfin, lors du senshuraku (dernier jour), il défait l’ôzeki Kaiô, et termine avec une belle fiche de 13 gains pour 2 pertes. Musashimaru (yokozuna) Le yokozuna réalise une saison presque blanche. Il a, une nouvelle fois, déclaré forfait à quelques jours du début du tournoi. Il devrait être de retour à Fukuoka, en novembre, sinon il pourrait bien mettre un terme à sa carrière. Chiyotaikai (ôzeki) L’ôzeki de la Kokonoe-beya n’avait aucune pression particulière sur les épaules, et a réalisé un bon tournoi. Toujours aussi vif et puissant au tachi-ai (élan de départ), son style expéditif et risqué reste toujours spectaculaire mais montre aussi ses limites. Invaincu après quatre journées, il s’est fait surprendre par Tosanoumi lors de la cinquième journée. Comme souvent, son adversaire s’est dérobé au tachi-ai, et Chiyotaikai emporté par son élan est allé à terre. Le lendemain, Hokutoriki réalise un meilleur départ, et avec quelques puissants « nodowa » (prise à la gorge sans serrer), il a expulsé l’ôzeki. Ces deux défaites sont symptomatiques des limites du sumô de Chiyotaikai. S’il ne développe pas sa palette technique, il lui sera très difficile de devenir un jour yokozuna. Après cette deuxième défaite Kokonoe Oyakata, son maître, a su trouver les mots pour remettre son poulain dans le tournoi. Il enchaîne victoire sur victoire, et semble être le seul à pouvoir empêcher Asashoryû de remporter le yushô. Même son revers face à Kaiô lors de la treizième journée ne ruine aucunement ses espoirs puisque quelques minutes après, Asashoryû est défait par Tochiazuma. Le choc Asashoryû-Chiyotaikai survient le lendemain. Les données sont simples : si Asashoryû gagne, il remporte le titre, s’il s’agit de Chiyotaikai, tout se jouera le lendemain. Beaucoup de tension avant le combat, qui part toutefois assez rapidement. Asashoryû se dérobe au tachi-ai, mais Chiyotaikai ne tombe pas et charge sur le yokozuna. L’ôzeki tente un sotogake (fauchage par l’extérieur avec la jambe) mais Asashoryû est plus rapide et l’emporte par shitatenage (projection au sol). Dès lors, les dés sont jetés ! Néanmoins, Chiyotaikai met un point d’honneur à vaincre Tochiazuma lors de la dernière journée. Il termine finalement avec une fiche de 11 gains pour 4 pertes. Kaiô (ôzeki) Cet Aki bashô était un tournoi très important pour l’ôzeki ! S’il venait à l’emporter, il pouvait devenir yokozuna. Diminué par des blessures à une cheville et à son fantastique bras droit, Kaiô commence pourtant à enchaîner les succès même si la manière n’est pas là. Lors de la cinquième journée, il est défait par Takamisakari. Chose alors incroyable, Kaiô, le gentleman, critique son vainqueur en conférence de presse. Il faut savoir que Takamisakari, si populaire soit-il, n’arrive pas à trouver le « fighting spirit » dont il fait preuve en tournoi lors des entraînements. Et c’est lors d’un combat d’entraînement avec Takamisakari que Kaiô s’est blessé au bras droit. Il redresse la barre les deux jours suivants, il en est alors à 6-1, et tout est encore possible. Il affronte lors de la huitième journée sa bête noire, Tochinonada. Kaiô passe totalement à côté de son combat. Ce deuxième revers est synonyme de non-promotion. Il n’arrive plus alors à se concentrer, et enregistre quatre revers d’affilée. Lors de la treizième journée, il domine Chiyotaikai. Puis c’est l’ôzeki Tochiazuma qui se dresse sur sa route. Kaiô doit s’incliner sur le fil alors qu’il avait placé un superbe uwatenage (projection au sol avec le bras passé au-dessus de celui de l’adversaire). Lors de la dernière journée, il ne peut rien faire © http://www.lejapon.org


La Gazette du Japon face à Asashoryû, et il termine make-koshi (score global négatif) avec 7 gains pour 8 pertes. Ce grandissime ôzeki rate encore une belle occasion de devenir yokozuna. Cependant, son avenir à ce grade passe impérativement par le kachi-koshi (score global positif) en novembre. Il ne paraît pas menacé tant son talent est grand. Espérons surtout qu’aucune blessure ne vienne l’empêcher de réaliser un grand tournoi, chez lui, à Fukuoka. Musôyama (ôzeki) L’ôzeki est passé à côté de son tournoi. Diminué par une dislocation de l’épaule gauche, il a abandonné en fin de première semaine. Comme Kaiô, il devra remporter au moins 8 gains en novembre pour conserver son grade d’ôzeki. Cette tâche semble être, pour lui, plus délicate. Tochiazuma (ôzeki) L’ôzeki a réalisé son meilleur tournoi depuis un an et demi. En situation critique, il lui fallait absolument le kachi-koshi ; il a parfaitement géré son tournoi. Ses victoires sur Kaiô et surtout sur Asashoryû sont les preuves de son retour au premier plan. Il n’avait plus battu le Mongol depuis mai 2002. Il termine finalement avec une belle fiche de 10 gains pour 5 pertes. Mais le plus encourageant est l’amélioration de son sumo au fil du tournoi. Sa victoire sur Asashoryû est un de ses combats-référence. C’est une bonne nouvelle pour le sumo et l’intérêt des tournois qu’il soit de retour au premier plan. Il doit confirmer à Fukuoka ! Wakanosato (sekiwake) Le sekiwake (troisième plus haut grade) signe un deuxième bon tournoi consécutif. Il termine avec une belle fiche de 11 gains pour 4 pertes, et est le premier rikishi à avoir vaincu Asashoryû sur ce tournoi. Grâce à ces performances, s’il venait à remporter 12 combats en novembre, il pourrait enfin être promu ôzeki. Avec son talent, nul doute qu’il ferait honneur à ce grade. Kotomitsuki (maegashira 6) Il est de retour ! L’ex-grand espoir du sumo, après de multiples pépins physiques, est revenu au tout premier plan lors de ce tournoi. Il aura donné du fil à retordre à Asashoryû, et a été impressionnant sur quelques combats, notamment face à Kaiô. Takamisakari (maegashira 1) Le populaire lutteur avait bien mal préparé cet Aki bashô 2003 ! Manquant cruellement de combativité lors des entraînements, il s’est, une fois de plus, transcendé lors du tournoi. Il termine avec 9 gains pour 6 pertes, et devrait retrouver son grade de komusubi (quatrième plus haut grade) en novembre. L’Aki bashô 2003 a été un tournoi intéressant, non pas par son issue finale, mais plutôt par la qualité du sumo proposé. Il y a eu beaucoup plus de combats spectaculaires qu’à l’accoutûmé. Le combat de la sixième journée entre Asashoryû et Hokutoriki en est un bel exemple. Espérons que la tendance se confirme en novembre.

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も 昼 ひる も 、 そ し て

だ れ も

夜 よな 中か ま で 、

か れ も と て も い

忙 そが し そ う に 、

歩 ある い て い ま し た 。

来き た り し ま し た 。

そ の う ち 小 さ い

ひ な ぎ く も 林 りん 檎ご の

お う ち の 前 を

ま え

電 でん 車 しゃ が 通 とお り 始 はじ め ま し た 。 電 でん 車 しゃ は 朝 あさ

木き も あ り ま せ ん 。

な ん だ か 町 まち は

思 おも い ま し た 。

「 こ こ は 、 も う

あ ま り

大 おお き な

す き で

町 まち に

な い よ う な

な っ た の だ 」

き が

と 、

し ま し た 。

小 さ い

町 まち に

一 とば 晩 んじ 中 ゅう 、 明 か り が

あ か り

つ い て い ま し た 。

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も う 夜 よる に 成な っ て も 、 辺 あた り は 静 しず か に は 成な り ま せ ん で し た 。

小 さ い お う ち は 、 仕 しか 方た な く 、 そ こ に 、 じ っ と 座 すわ っ て い ま し た 。

く れ る 、 人 ひと も い な く 成な り ま し た 。

も う そ の 小 さ い お う ち に は 、 住す む 人 ひと も な く 、 き を つ け て

学 がっ 校 こう や ア パ ー ト や お 店 みせ が た く さ ん 出で 来き て 、 v

大 おお 急 いそ ぎ で

行い っ た り

じ じ じ で

畑 たけ の 中 なか に 、 あ と か ら あ と か ら 、 道 みち が 出 でき 来は 始じ め ま し た 。 そ し て 、


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し た 。 片 かた 方 ほう の は 二 十 八 階 で 、

に じ ゅ う は ち か い

も う 片 かた 方 ほう の は 三 十 五 階 で し た 。

さ ん じ ゅ う ご か い

地 ちか 下し 室つ が 出で 来き ま し た 。 そ れ か ら 、

片 かた 方 ほう に は 三 階 の

さ ん が い

地 ちか 下し 室つ が

そ の 上 に

う え

大 き な

お お

び る じ ん ぐ が 立た ち ま

出で 来き ま し た 。 ま た 、 片 かわ 方 ほう に は 四 よん 階 かい の

ト や お 店 みせ を 壊 こわ し 始 はじ め ま し た 。 そ し て 、 大 おお き な 穴 あな を 彫ほ り 始 はじ め ま し た 。

そ の う ち 、 大 おお 勢 ぜい の 人 ひと が き て 小 ちい さ い お う ち の 両 側 の ア パ ー

だ れ ひ と り い ま せ ん で し た 。

と ん で 歩 ある く よ う に 成な り ま し た 。 そ し て 、 小 ちい さ い お う ち に

り ょ う が わ

き が つ く も の

人 ひと 々 びと は 、

け れ ど も 、 地 じめ 面ん が

前 まえ よ り も

ぶ る ぶ る

も っ と

揺ゆ れ る の で 、 分わ か り ま し た 。

忙 そが し そ う に 行い っ た り 来き た り し て 、

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見み え ま せ ん で し た 。

お う ち に は

そ の う ち 、

区 くべ 別つ が

小 ちい さ い お う ち の 下 に

て 、

つ き ま せ ん で し た 。

地 ちか 下て 鉄つ が 出で 来き ま し た 。 地 ちか 下て 鉄つ

い つ が 春 はる な の か 、

し た

も う

一 ちね 年 んじ 中 ゅう い つ も 同 おな じ よ う で し た 。

夏 なつ な の か 、 秋 あき な の か 冬 ふゆ な の か 、 小 さ い

ち い さ い お う ち は が た が た 揺ゆ れ ま し た 。

辺 あた り は ほ

埃 こり と け

煙 むり で い っ ぱ い で し た 。 そ し て 、 ご う ご う 大 おお き な 音 おと が し

⑬ そ の う ち 、 こ う か せ ん が 小 さ い お う ち の 上 を 通 とお り 始 はじ め ま し た 。


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Explications grammaticales (Auteur : Agnès)

ちい

かこ

「。。。 小さい おうちを おうちを ぐるっと 囲んで 仕舞いました いました。」 した。」 しまう

La forme en て du verbe + « しまう » indique une action accomplie ; c’est une expression qui renforce l’achèvement de l’action. Par exemple : - おかし は 食べて しまいました。 J’ai mangé le gâteau (et je me trouve dans l’état de celui qui a mangé le gâteau). J’avais mangé le gâteau (et je me trouvais dans l’état de celui qui avait mangé le gâteau). - おかし は 食べて しまいました。 - お菓子は食べました。 La première phrase concerne uniquement une action qui a été accomplie dans un passé indéfini, tandis que la deuxième phrase concerne soit une action accomplie dans un passé indéfini, soit une action passée dans un passé défini. On peut mettre dans la deuxième phrase, un mot qui indique le passé défini, mais pas dans la première. - お菓子 は いちじかん 前に 食べました。 J’ai mangé le gâteau il y a une heure. La forme en て du verbe + « しまう » est donc employée pour renforcer l’état qui résulte de l’action accomplie en exprimant que l’accomplissement de l’action est irréversible et en même temps un certain état émotionnel du locuteur (embarras, trouble, confusion, perplexité, étonnement, etc.) L’achèvement de l’action peut être située dans le passé ou dans l’avenir. - なにも しらず に はんこ を おして J’ai apposé mon cachet sans rien savoir.

しまいました。

- 雨 が 降って しまった ので ピクニック に 行けなかった。 A cause de la pluie, nous n’avons pas pu pique-niquer. - しゅくだい を やって しまって から あそび Quand nous aurons fait nos devoirs, nous irons jouer.

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いきましょおね。


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ADJECTIF + そう。 そう。 そう suit le radical d’un adjectif verbal ou un adjectif nominal ; il indique, d’après l’apparence que prennent les choses ou les êtres ou l’impression que l’on a , on suppose tel ou tel état ou telle ou telle qualité. そうに

そう est suivi de に en fonction adverbiale. Exemples : - 子供たち は たのしそうに 庭 で あそんでいました。 Les enfants jouaient dans le jardin, l’ai heureux. - かれ は たいくつそうに Il travaillait d’un ai ennuyé.

仕事

していました。

ので La particule conjonctive ので exprime le rapport de cause objective. Le fait exprimé par la proposition indépendante est considéré comme la conséquence naturelle et objective du fait exprimé par la proposition dépendante. ので se place de préférence après la forme neutre. Exemple : - 時間 が ない ので これ で しつれいします。 Comme mon temps est compté, je prends congé de vous. Comme je n’ai pas le temps, je vous laisse.

ように ~ なる Un Verbe + ように なる indique que l’on en arrive, après une évolution, à faire l’action exprimée par le Verbe. Exemple : - それ を さっかけ に だんだん と かれ と きく ように Profitant de cette occasion, j’en étais arrivé peu à peu à parler avec lui.

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なりました。


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より より est une particule qui permet de faire des comparaisons. C’est un complément comparatif, une base de comparaison. Il signifie « plus que ». Exemple : - 本 より 字引 は 大きい です。 Le dictionnaire est plus gros que le livre.

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Traductions des paragraphes 10 à 15 (Auteur : Agnès) ⑩ Petit à petit, on se mit à faire des routes à travers les champs. Puis, beaucoup d’écoles, d’appartements, d’entrepôts et de magasins furent construits et la petite maison fut entourée de toutes parts. Bientôt, il n’y eut plus âme qui vive dans la petite maison et plus personne ne s’en occupa. Faute de mieux, la petite maison restait assise là, sans pouvoir rien y faire. ⑪ Maintenant, même la nuit tombée, le voisinage n’était pas tranquille. Toute la nuit, les lumières restaient éclairées. La petite maison pensait : « Ici, c’est déjà devenu une grande ville ». Quoi qu’on en dise, la petite maison n’aimait pas beaucoup la ville. En ville, on ne trouve ni pâquerette ni pommier. ⑫ Bientôt, le tramway passa devant la petite maison. Les trains allaient et venaient le matin, le soir et même en pleine nuit. Tout le monde, d’un air terriblement affairé, marchait en grande hâte. ⑬ Puis, au dessus de la petite maison, se mit à passer le train aérien. Le voisinage était plein de poussière et de fumée. Et puis le train aérien grondait [à chaque fois qu’il passait] et la petite maison tremblait. Déjà, pour la petite maison, il n’y avait plus de différence entre le printemps, l’été, l’automne ou l’hiver. Toute l’année, cela semblait toujours pareil. ⑭ Et puis, au dessous de la petite maison, on construisit un chemin de fer souterrain. Le métro n’était pas visible. Cependant, puisque le sol tremblait, la petite maison comprenait. Les gens, plus qu’avant encore, allaient et venaient d’une manière plus affairée. Alors, plus personne ne s’aperçut de la présence de la petite maison. ⑮ Par la suite, une foule de gens vinrent et commencèrent à démolir des appartements et des magasins de chaque côté de la petite maison. Puis on creusa un immense trou. D’un côté on éleva deux niveaux de sous-sols. De l’autre côté on édifia trois niveaux de sous-sols. Ensuite, sur ces sous-sols on construisit deux immenses buildings. Le premier avait 27 étages, le second en avait 34.

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難易度 「なんいど」 なんいど」 *** スケルトン Vous trouverez ci-dessous, une liste de cinquante mots. Il vous faut en placer uniquement quarante-huit. Deux mots n’ont pas leur place. A vous de les découvrir.

キツツキ a déjà été placé.

Pour vous aider,

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キ ツ ツ キ


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* リスト * アカツキ アゲシオ アジサイ アラウミ イタドリ イチョウ ウキシマ ウンカイ エンドウ オウトウ オオカミ オシドリ オンタイ カイガラ カゲロウ カザハナ カッコウ カミナリ カモシカ カラマツ ガンエン カンタイ キツツキ クロダイ クロマツ クロマツ サザナミ シイタケ シゴセン シラユリ シンゲツ スイケイ

「暁」 「上げ潮」 「紫陽花」 紫陽花」 「荒海」 荒海」 「虎杖」 虎杖」 「銀杏」 銀杏」 「浮島」 浮島」 「雲海」 雲海」 「豌豆」 豌豆」 「桜桃」 桜桃」 「狼」 「鴛鴦」 鴛鴦」 「温帯」 温帯」 「貝殻」 貝殻」 「陽炎」 陽炎」 「風花」 風花」 「郭公」 郭公」 「雷」

スズムシ タイリク ダチョウ タマムシ トオアサ ドジョウ トドマツ トビウオ ナツヤマ ナデシコ ヒグラシ ヒナギク ヒョウガ マツカサ ミカジキ ヤクソウ ユウナギ

「落葉松」 落葉松」 「岩塩」 岩塩」 「寒帯」 寒帯」 「啄木鳥」 啄木鳥」 「黒鯛」 黒鯛」 「黒松」 黒松」 「小波」 小波」 「椎茸」 椎茸」 「子午線」 子午線」 「白百合」 白百合」 「新月」 新月」 「水系」 水系」 © http://www.lejapon.org

「鈴虫」 鈴虫」 「大陸」 大陸」 「駝鳥」 駝鳥」 「玉虫」 玉虫」 「遠浅」 遠浅」 「泥鰌」 泥鰌」 「椴松」 椴松」 「飛魚」 飛魚」 「夏山」 夏山」 「撫子」 撫子」 「蜩」 「雛菊」 雛菊」 「氷河」 氷河」 「松毬」 松毬」 「三日月」 三日月」 「薬草」 薬草」 「夕凪」 夕凪」


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ACTE III (Dans le logement de Yamada. Tout est en désordre. Dans un coin de la chambre, Sumiko fait sa toilette. Yamada lit le journal. Un malin d'hiver.)

SCENE 1 YAMADA, SUMIKO, puis voix de MIYHOSI. YAMADA (jetant un coup d'œil sur la pendulette- réveil) Déjà neuf heures !... Je vais prendre un bain. SUMIKO (à sa table de toilette, le dos tourné aux spectateurs) Mais je croyais que tu avais un peu de grippe, depuis hier soir. Il ne faut pas prendre de bain à cette heure-ci. YAMADA Non, ce n'est rien. Passe-moi le savon, (II se lève et s'approche de la fable de toilette.) SUMIKO Une seconde... tout de suite. (Elle lui passe le savon sans se retourner.) YAMADA Et alors, tu te fais belle ? SUMIKO Oh ! non. Il n'est vraiment pas question de ça. YAMADA Bon, bon. Fais à ta guise. Je vais prendre un bain. SUMIKO Et toi, tu vas te faire beau, à ton tour ? YAMADA Dis donc, j'ai très faim. Tu feras quelque chose à manger. Est-ce qu'il ne reste rien d'hier ? SUMIKO II n'y a rien. Ah ! si, j'ai un peu de nouilles froides. YAMADA Quelle blague ! Penses-tu qu'on puisse manger ça ? Tu n'as rien d'autre ? SUMIKO Je ferai quelque chose. YAMADA Oui, c'est ça, SUMIKO Entendu, entendu. Prends garde de ne pas t'enrhumer. (On appelle de la porte.) © http://www.lejapon.org


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YAMADA Qui est-là ? VOIX DE MIYOSHI C'est moi, Miyoshi. YAMADA (Surpris et entre ses dents) Tiens !... (Sumiko effrayée, regarde le visage de Yamada.) YAMADA (va vivement à la porte et l'ouvre) C'est vous ? Comment allez-vous ? MIYOSHI (sans entrer) Merci. Très bien. Je viens vous voir à l'improviste. J'ai quelque chose à vous dire. YAMADA A moi ? Vous dites que vous avez quelque chose à me dire ? MIYOSHI (sans entrer) Oui, j'ai quelque chose à vous dire. Vous m'excuserez de vous déranger le matin ; j'ai pensé que je vous trouverais chez vous. YAMADA Ah ! bien. Entrez Monsieur... Pourtant, une seconde, s'il vous plaît, que j'arrange d'abord un peu la chambre. (Il referme la porte. Miyoshi attend dehors. Sumiko reste immobile, très émue.) YAMADA (il lance un regard mauvais à Sumiko: à voix basse) Va-t'en dans la chambre du fond. SUMIKO Je t'en supplie. (Elle regarde Yamada avec. des yeux pleins d'angoisse et de détresse. Elle s'accroupit devant Yamada et saisit le bord de son vêtement.) YAMADA Va-t-en ! allons dépêche-toi ! SUMIKO Ne reçois pas Kazuma Miyoshi, je t'en prie. YAMADA Ah ! ça, qu'est-ce qui te prend ? C'est lui qui vient me voir ! SUMIKO Renvoie-le. YAMADA II vient tout à fait à propos. J'ai quelque chose à lui dire. © http://www.lejapon.org


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SUMIKO Non, non. Renvoie-le, je t'en supplie. Renvoie-le, je te répète. Si on ne peut pas le renvoyer, c'est moi qui lui parlerai. YAMADA Mais tu le vois tous les jours ! Aujourd'hui, c'est moi qu'il vient voir. SUMIKO Non, il ne faut pas que tu le voies. YAMADA Fiche-moi la paix. Qu'est-ce qui te fait peur ? Est-ce que ça te dérange que je le voie. Va-t-en ! Tu ne veux pas ? (Il la bourre avec le pied et il lève la main sur elle. Sumiko s'en va en regardant Yamada avec des yeux éplorés ; elle marche péniblement, avec, sur le visage, une expression d'agonie. Yamada attend qu'elle soit entrée dans la chambre. Un sourire singulier flotte sur son visage ; il ouvre la porte du logement.) Je vous ai fait attendre ! Entrez monsieur, entrez ! (Sur le seuil, Miyoshi fait le geste d'ôter son pardessus.) Gardez votre paletot. Il fait froid ici. (Miyoshi entre dans la chambre.)

SCENE II YAMADA, MIYOSHI YAMADA C'est très sale, ici. Approchez-vous du feu (Yamada s'assied près du brasero. Miyoshi s'assied à sa gauche. Yamada parle tout le temps tandis que Miyoshi garde mélancoliquement le silence. Yamada met du charbon dans le brasero.) Je viens de me lever. Je n'avais pas encore fini de m'habiller. MIYOSHI Vous m'excuserez. Que je ne vous gêne pas. YAMADA II fait froid cet hiver. Soyez le bienvenu. Vous allez toujours bien ? Vous habitez toujours au même endroit ? MIYOSHI Oui. Je suis venu pour vous parler de beaucoup de choses. Mais avant tout, il faut que je vous demande pardon. YAMADA Me demander pardon ? MIYOSHI Oui, parfaitement. Je viens d'accomplir une action dont il faut que je vous demande pardon. YAMADA (avec une expression un peu changée) Mais, qu'est-ce que vous voulez dire ? MIYOSHI Je crois que vous savez déjà — depuis déjà un mois — que je vois mademoi... (se reprenant) Madame © http://www.lejapon.org


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Sumiko à son café. Je crois qu'elle vous l'a déjà dit. Je suis vraiment sans excuse ; je le sais très bien. Mais ce n'est pas tout. Madame et moi, nous en sommes maintenant à quelque chose de bien plus grave. YAMADA Alors... vous dites que vous faites plus que de la voir? MIYOSHI Nous avons commis un crime irréparable. YAMADA Oui da ?... Mais quand ? MIYOSHI Depuis déjà une semaine, nous nous voyons tous les soirs dans une maison. YAMADA Pardon, monsieur, ne dites pas « nous ». Vous n'en avez pas le droit. MIYOSHI Vous m'excuserez. YAMADA Mais qui est-ce qui a commencé ? MIYOSHI Je ne veux ni me disculper ni disculper Madame. Mais il serait impossible d'établir qui a commencé. Ni moi ni madame n'avions prémédité cela. Il est vrai que, ce jour-là, elle et moi nous avions bu. Et }e reconnais que, ici, la faute me revient. Pour être exact, il faudrait probablement dire que c'est la fatalité qui a été cause de tout. Pourtant, je n'ai, vous le comprenez bien, nullement l'intention de me disculper. Je reconnais le fait, sans chercher à l'excuser, et je veux dire que, Madame et moi, nous sommes tous les deux responsables. YAMADA Laissez-moi être seul juge du cas. C'est à moi de dire si vraiment -vous êtes tous les deux responsables dans la même mesure. Pour vous, vous n'avez qu'à avouer votre crime. Eh ! bien, le premier soir, mettons que la fatalité ait été la cause principale. Mais, ensuite, est-ce également la fatalité qui vous a entraînés ? Le prétendriez-vous, mon cher monsieur ? MIYOSHI Non, je ne dis pas cela. La vérité est que Madame et moi, nous sommes restés trop faibles devant la tentation. Tous les jours, je pensais à m'en accuser devant vous. Cette idée m'a torturé toute la semaine. Et je crois que Madame s'en est torturée comme moi-même; mais, d'autre, part, je n'étais pas libre d'agir seul dans une affaire qui la concernait aussi. Je ne pouvais pas essayer de nu', faire absoudre séparément, en laissant Madame de côté. Madame et moi', nous devons vous demander pardon de notre crime ; mais il eût été préférable que ce fût elle qui s'en chargeât. Du moment qu'elle n'aurait pas le courage de le faire, c'était à moi de m'exécuter. Seulement, pour cela, il fallait que je demande à Madame d'être consentante, ou bien que j'agisse à sa place. Voilà ce que je pensais. J'aurais dû venir vous voir plus tôt ; mais ces hésitations m'en ont empêché jusqu'à ce jour. YAMADA Alors, vous prétendez être venu aujourd'hui en qualité de messager de ma femme. MIYOSHI

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Laissez-moi continuer. J'ai prié et supplié Madame de faire devant vous l'aveu du fait. Mais elle ne s'y résignait pas. Ce qu'elle me demandait, c'était seulement d'attendre un peu. Ne vous méprenez pas là-dessus. Elle n'avait nullement l'intention de vous cacher la vérité. Elle se repent, plus que moi, de sa faute. C'est pour cette raison qu'elle en mesurait les conséquences avec plus de prudence que moi, je veux parler des conséquences qui devaient résulter de notre aveu. Et c'est aussi pour cette raison qu'elle était plus torturée que moi. Tout cela, ce n'est pas mon affaire à moi. Au fond, ce n'est pas moi que cela regarde. J'ai voulu simplement vous faire connaître mon opinion. YAMADA Vous êtes bien gentil. Elle est décidément une femme faible, comme vous dites. MIYOSHI C'est cela. Elle est très faible. Mais, d'être faible, cela ne vaut rien. En vain, j'ai tâché de lui donner du courage, Et c'est alors que j'en suis venu à lui proposer de vous parler à sa place. Mais Madame n'y consentait pas. Hier soir même, elle m'a supplié, les larmes aux yeux, de différer encore, et m'a certifié que son parti était bien pris de vous parler elle-même. J'ai été obligé de répondre : « Oui ». Mais il m'a été impossible de demeurer indéfiniment à attendre, dans cet état d'indécision. Ces délais ne pouvaient amener rien de bon. La chose serait devenue seulement de plus en plus difficile. J'appréhendais d'aggraver chaque jour ma trahison si nous restions entraînés sur cette pente. Mon devoir était de ne pas me laisser influencer par la faiblesse de Madame : devoir pour moi, devoir aussi pour Madame. Voilà ce que j'ai pensé en me décidant à venir chez vous. YAMADA Bon. Alors, vous voulez me demander pardon, n'est-ce pas ? MIYOSHI Oui. Je regrette d'avoir fait une mauvaise action et de vous l'avoir cachée trop longtemps. Je me présente devant vous pour implorer mon pardon. YAMADA Évidemment, vous me devez cela. (Il change de ton) Mais est-ce que tu crois que c'est tout ce que tu me dois? MIYOSHI Non, je ne le crois pas. Mais, avant tout, il faut que je vous demande pardon. YAMADA Oh ! ça, c'est bien certain. Mais comment vas-tu t'y prendre pour réparer ? C'est ce que je voudrais te demander. MIYOSHI Je reconnais mon crime. Mais quand et comment ce crime sera-t-il racheté vis-à-vis de vous ? Hélas ! il est impossible qu'il le soit jamais. Je sais que je devrai porter ce fardeau sur moi pendant toute ma vie. Je crois — car je mesure mieux que vous ne le pensez la profondeur de mon crime — oui, je crois que, depuis le début, depuis que nous nous connaissons, je n'ai pas agi comme j'aurais dû le faire. (Des larmes dans les yeux, d'une voix assombrie.) C'est moi qui vous ai nui jusqu'à l'heure où nous sommes. C'est moi qui, par suite de l'erreur initiale que j'ai commise, ai entraîné Madame Sumiko dans cette situation déplorable. Je suis venu pour vous demander pardon ; mais, de plus, je suis venu pour vous demander quelque chose d'autre. YAMADA Vous parlez comme un saint. Croyez-vous qu'il suffise, pour réparer, que vous vous adressiez des reproches à vous-même ? MIYOSHI © http://www.lejapon.org


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Écoutez-moi en toute sincérité. Je voudrais que vous réfléchissiez à ce que je vais dire. Je me rends compte maintenant que je vous ai toujours trompé. Non seulement je vous ai trompé, mais j'ai trompé Madame et je me suis trompé moi-même. Je vous avais dit que je vous cédais madame Sumiko. Et je croyais bien, en effet, que je vous l'avais cédée. Mais au fond, dans le for de mon cœur, je ne vous ai jamais cédée,— je le vois maintenant;— je n'ai jamais, en fait, consommé ce sacrifice. Je continuais, il faut bien que je l'avoue, à être persuadé, que ce n'était pas moi nui avais été le vaincu ; au contraire, je persistais à penser que c'était moi qui avais été le vainqueur. Je vous ai jadis cédé, mais c'était pour gagner la bataille. Je vous ai confié le corps de Madame, pour rendre ma victoire plus grande, pour perfectionner mon amour. Et Madame le savait ; elle savait que le vainqueur c'était moi ; elle est allée avec vous parce qu'elle avait vu clair en moi. Voilà quels ont été mes raisonnements. Je n'ai jamais renoncé à ma conviction. C'est à cause d'elle que j'ai supporté mon isolement. J'étais seul ; mais, au fond, je croyais toujours avoir, présente dans mon cœur, une personne qui me comprenait. —Je n'étais pas seul dans mon cœur, car elle savait, elle, combien le sacrifice que j'avais t'ait était grand. Cette certitude me consolait en toute circonstance. YAMADA Alors, la conclusion de tout ceci, c'est que Sumiko ne m'aimait pas ; qu'elle est venue chez moi, mais que son cœur continuait à vous aimer. C'est-là ce que vous voulez dire. MIYOSHI Madame Sumiko vous aimait. Elle contraignait son cœur à vous aimer. Mais c'est parce qu'elle m'avait compris; c'est parce qu'elle pensait toujours à moi. Je crois que la vérité est là. Madame avait pitié de votre malhonnêteté. Elle avait pitié de vous qui étiez exposé aux sentiments de chagrin et d'isolement qui pouvaient naître dans votre cœur par suite de cette malhonnêteté. Elle était peinée de ce que tout le monde eût un cœur dur pour vous ; peinée de ce qu'on voulût vous séparer d'elle malgré vos supplications. Elle voulait vous sauver par la force de son amour, en vous aimant comme votre femme. Aujourd'hui, il est vrai, je suis seul ; mais, à celte époque, j'avais beaucoup d'amis. Vous, au contraire, vous n'en aviez aucun. Lequel, de vous ou de moi. méritait alors de la pitié et méritait qu'on vînt à son secours ? C'était vous ! Il était très naturel que Madame, qui était faible et qui avait un cœur sensible, se résolût à aller à vous. De cela je fus très triste. Mais, quand je pensais au cœur admirable de Madame, je ne pouvais pas m'empêcher d'éprouver, dans ma sensibilité, une grande émotion. Mon vœu, c'était de contribuer à la perfection de cette belle âme. Si j'aimais Madame, il me fallait communier avec sa belle âme. Il fallait que je parvinsse à vous aimer, vous, avec la même force d'amour qui me la faisait chérir. Cela a exigé de moi un effort douloureux. J'ai souffert. Mais j'ai souffert avec Madame; il m'a été accordé de partager avec elle un chagrin commun. Et j'ai vu là un véritable amour. J'ai subi volontairement ma défaite afin que la belle image de Madame Sumiko ne fût pas effacée dans mon cœur et que mou amour pour elle y vécût à jamais. Voilà ce que je pensais quand je vous ai cédé Madame Sumiko. Je vous l'ai cédée : c'était parce que je pensais à vous et à elle ; mais, d'autre part, il faut que je l'avoue, c'est parce que j'ai pensé à moi-même en premier lieu. J'ai été, sous ce rapport, un égoïste. Je ne suis pas un saint, comme vous me l'avez dit. YAMADA Je le pense bien. On n'est pas un saint quand on vole à autrui sa femme. Laissons toutes ces balançoires. Je me fous de ça. Dites-moi clairement ce que vous voulez me dire. En quoi consiste le pardon que vous voulez me demander ? Est-ce-là votre manière de me demander pardon ? Vos raisonnements, je n'en ai cure. MIYOSHI Ne vous fâchez pas. Laissez-moi continuer sans vous fâcher. Vous m'avez demandé tout à l'heure : « Qui Madame aimait--elle le plus ? A qui Madame était-elle le plus fidèle ? » Je vais répondre à votre question. Elle nous était fidèle à tous deux. Elle vous aimait, parce qu'elle m'aimait. Pour être plus exact et plus franc, elle s'est efforcée de vous aimer en faisant appel à la force d'amour qu'elle éprouvait pour moi. Elle a fait ce que j'avais fait moi-même pour vous. YAMADA Voyez-vous ça !... Alors, elle ne m'a aimé que par remplacement ? En moi, c'est vous qu'elle aimait ? MIYOSHI © http://www.lejapon.org


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C'est que... elle vous a aimé avec un sentiment identique à celui que j'éprouvais. YAMADA Merci bien. Me voilà obligé de vous adresser des remerciements. MIYOSHI Si j'étais parvenu à mettre mes actes en conformité exacte avec les paroles que je viens de vous dire, oui, en effet, vous me devriez des remerciements. Mais, dans la réalité, les choses ne se sont pas passées comme je l'aurais voulu. Et ce qui s'est passé n'était que trop naturel. Voilà pourquoi il faut que je vous demande pardon. Quelles que fussent les raisons qu'on pouvait avoir pour agir ainsi, il ne fallait pas que je vous cède la personne que j'aimais. Il y aurait sans doute lieu de faire la même critique au sujet de Madame. Elle était un être faible, oui. Mais au fond, c'est moi qui ai la plus grande responsabilité dans ce qui s'est passé. En vous traitant comme un malhonnête homme digne de pitié, j'ai oublié complètement que je n'étais moi-même qu'un homme ayant besoin de pitié. Si, par hypothèse, vous étiez, en effet, un malhonnête homme (je dis : par hypothèse — et je ne parle pas de ce qu'a de douteux le point de savoir si on a bien le droit de désigner un homme comme un malhonnête homme)... mais, enfin, en admettant donc que vous fussiez ce malhonnête homme, est-ce que, moi, j'avais plus de mérite que vous ?—D'ailleurs, il n'existe pas au monde de critérium fixe pour le bien et le mal.— Mais si je possédais dans mon âme plus de pouvoir pour le bien, peut-on dire que j'aie mieux réussi que vous ? J'ai eu trop d'orgueil, car, n'étant pas assez fort pour avoir pitié de vous ; cependant je me suis mis à vous plaindre. La vérité, c'est que j'avais alors, pour me donner des forces, un besoin violent de Madame Sumiko, au moins au même degré que vous. Je ne puis nier cependant que j'avais alors beaucoup d'aides, beaucoup d'amis. Mais quel usage en ai-je fait ? Je suis même furieux contre moi d'avoir eu, à cette époque, tant d'aides. C'est de son aide seule que je devais me contenter. Elle seule était ma suprême et véritable aide. Sans elle, ma misère ne pouvait pas être moins grande que la vôtre. YAMADA Mais, Monsieur, tout est fini. Vous êtes là à vous rebiffer, mais il n'y a rien à faire désormais. C'est moi le vainqueur et vous le vaincu. Voilà un fait inébranlable. Vous vous imaginiez peut-être que vous me l'aviez cédée bien carrément. Mais, de mon côté, je dirai que c'est par mes propres moyens que j'ai mis la main sur elle. Je vous ai supplié, je vous ai alors fait voir des larmes ; mais, tout ça, c'était pure tactique de ma part. Et avec une sotte candeur, vous vous êtes laissé tromper par cette comédie. Je suis bien un malhonnête homme comme vous venez honorablement de le dire. Il m'est très facile de verser des larmes en cas de besoin. MIYOSHI II est très possible que vins ayez cru m'avoir trompé en versant des larmes. Vous avez probablement cru que vous m'aviez coupé l'herbe sous le pied. Je ne crois pas. Il est impossible à aucun être humain, même au pire scélérat, de commettre une action aussi mauvaise que les autres se l'imaginent. Même quand ils veulent tromper quelqu'un, ils le font très souvent, sans s'en rendre compte, que ce que leur sentiment profond les commande. Vous m'avez supplié en vous prosternant devant moi. Vous dites que vous avez versé des larmes pour me tromper et que tout ce que vous avez fait devant moi n'était qu'une comédie. Mais est-ce qu'il serait possible que cela fut bien vrai ? Non. Il faut dire que vous aviez besoin de Madame Sumiko. Vous aviez besoin d'elle à un tel point que cela vous fit vous prosterner devant moi, que cela vous fit jouer cette comédie. Pour ne pas être repoussé par Madame Sumiko (c'était là, pour vous, une chose grave) — vous m'avez supplié en usant de façons qui vous sont habituelles. Je crois que vous ne vous en êtes pas rendu compte. Réfléchissez bien. Vous n'êtes pas un malhonnête homme au point où vous le croyez. Si vous étiez vraiment celui-là. Madame et moi nous n'aurions pas autant souffert. Je n'ai pas été trompé par votre comédie. C'est ce qu'il y avait de sincérité en elle, qui m'a touché. J'ai été tellement remué par votre sincérité, que je n'ai pas eu le temps de m'occuper de mon propre bonheur. YAMADA (ricanement nasal. Il sourit ironiquement, avec un air un peu gêné et vexé) Très bien raisonné... La critique, je vous la passe. MIYOSHI

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J'ai eu pitié de vous, de votre malheur. Mon vœu était de réaliser la vocation de Madame, de vous rendre plus heureux. Moi, je souffrirais ! Peu importait ! Ce serait-là, pour moi, une souffrance plus agréable que la satisfaction de vous avoir battu complètement. Je me croyais capable de trouver une consolation, une lumière, par delà la souffrance présente. Je croyais que j'étais un honnête homme comme vous croyiez que vous étiez un malhonnête homme. J'ai éprouvé le contentement qu'éprouvent les gens qui ont fait un grand sacrifice. J'étais égoïste à ce point de vue. J'ai cru faire un sacrifice ; mais, en réalité, j'ai agi ainsi parce que cela m'était agréable, parce que cela était plus naturel à mon caractère. Je croyais qu'en tout je pensais à vous et à Madame, mais, en réalité, je pensais plutôt à moi. Mais, le pire, c'est que je ne vous ai pas apporté le bonheur. Au contraire. Nous avons tous souffert par suite de mon égoïsme, par suite de mon caprice. Nous vous avons trompé. Tout cela, ce sont les conséquences de mon erreur. J'aurais dû avoir une sollicitude 'plus clairvoyante pour notre sort commun. Si on laisse les choses dans la situation où elles sont actuellement, nous nous enfoncerons de plus en plus dans l'abîme de l'avilissement. YAMADA Laisser les choisir ?... Quoi ?... Alors, vous ne voulez pas laisser les choses comme elles sont ? MIYOSHI Je voudrais que vous y réfléchissiez. Non seulement je vous demande pardon, mais encore je veux vous demander une chose... Rendez-moi Madame Sumiko. YAMADA (surpris, change de physionomie) Comment ? Qu'est-ce que tu chantes-là ? MIYOSHI Je vous en supplie. Rendez-la moi. YAMADA Ah ! ça, mais, tu t'es entendu avec elle pour venir ici ? MIYOSHI Non, je vous fais cette demande de ma seule volonté. Madame est faible. Si vous ne me la rendez pas vousmême, jamais elle n'aura la force de vous quitter. C'est pourquoi j'ai voulu vous parler directement. YAMADA C'est là votre façon de penser ? C'est comme ça que vous pensez au sujet de la femme d'autrui ? Dites donc, il ne faudrait pas oublier qu'elle aussi elle est un être animé ? Vous me dites : « Rendez-la moi », sans même lui demander son avis. MIYOSHI Mais il ne s'agit pas d'avis. Je crois que c'est l'amour réellement éprouvé qui doit ici tout régler. Quel est celui qu'elle aime le plus ? Quel est celui d'entre nous qui l'aime le plus ? Voilà ce qu'il importe de savoir avant tout. C'est à moi qu'elle appartient depuis le début. Je le vois clairement ; même maintenant, bien qu'elle soit avec vous. Elle aussi, elle a voulu vous aimer en ayant recours à la force d'amour qu'elle avait pour moi. Elle a fini par vous tromper. Je ne veux pas vous .reprocher le fait que vous brutalisez Madame. Je crois que. vous aussi, vous savez que Madame, au fond, ne vous a jamais appartenu. Ayez pitié de nous. Ayez pitié de notre malheur. Je vois maintenant que le temps est venu. Je me prosterne devant vous pour demander cette faveur. YAMADA Bon ! Nous allons voir. Mais, est-ce là tout ce que vous avez à me dire ? MIYOSHI Oui. Si vous consentez, je n'aurai plus rien à vous dire.

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YAMADA (ricanement nasal) Bon ! Au fond, je suis discret. Je n'aurais pas dit la chose que je vais vous dire si votre franchise ne m'avait pas touché. Vous réfléchirez bien, après avoir écouté attentivement ce que je vais vous raconter. Et vous saurez alors probablement qui Sumiko aime le plus. Vous m'avez dit que Sumiko et vous m'aviez trompé. Mais la chose n'est pas vraie. Au contraire, c'est moi qui vous ai trompé (il souri/ diaboliquement. Miyoshi qui ne le comprend pas très bien regarde attentivement son visage), il y a déjà une semaine, n'est-ce pas... (oui exactement, c'était le soir du 9), que vous et Sumiko vous êtes donnés l'un a l'autre, en vertu de ce qu'on appelle donc « un décret de la fatalité ». Vous êtes allé avec elle à Shigénoi de Shitaya. C'est dans cet hôtel-là qu'elle va toujours. Vous ne saviez pas ça, hein ? Oh ! c'était d'ailleurs bien préférable pour vous de ne pas le savoir. (En disant ces mots, il sourit encore. Miyoshi reste dans l'angoisse. Il n'arrive pas. à démêler si ce que Yamada lui raconte-la est une plaisanterie ou la vérité.) Vous avez compris ? C'est comme ça que les choses se passent avec elle, en ce moment-ci. Elle s'est plainte de moi, n'est-il pas vrai, qui lui prenais toujours son argent? Vous lui avez donné trente yens. Je vous dois des remerciements. Tenez ! Voilà votre photographie. C'est moi qui l'ai, votre photographie (il tire trois photographies du tiroir de la table et les jette sous les yeux de Miyoshi). Il y en a deux avec la vôtre. Ce sont des photographies de vos confrères. Regardez-les bien. (Ils restent immobiles et se regardent fixement. Long silence. Sur le visage de Yamada, flotte toujours le même sourire singulier. Miyoshi devient pâle.) Qu'est-ce que vous avez ? Pourquoi ne dites-vous rien ? Vous avez compris? MIYOSHI Menteur ! C'est un mensonge ! Je veux voir Madame. YAMADA Très bien. Ce sera amusant (il ouvre la porte du fond et appelle Sumiko). Sumiko ! Arrive vite. C'est déjà fini... (un temps) Qu'est-ce que tu fais donc ? Je te dis de venir. (On entend sangloter Sumiko.) Dépêche-toi ! (Les sanglots de Sumiko deviennent de plus en plus forts. Yamada lâchant un mot d'impatience comme « Cristi! », va, avec un air de brute, vers la chambre du fond. Rumeurs de voies de fait. Sanglots violents de Sumiko. Siimiko est violemment poussée en scène. Elle tombe abattue aux pieds de Miyoshi. Yamada reprend son siège en la regardant.)

SCENE III YAMADA, MIYOSHI, SUMIKO SUMIKO Kazuma, pardonnez-moi. MIYOSHI Prétendez-vous que M. Yamada m'a dit la vérité ? SUMIKO (elle fait signe que oui de la tête) Pardonnez-moi ! (Miyoshi pousse des soupirs — long silence — on n'entend que les sanglots de Sumiko.) MIYOSHI J'ai compris... (silence) Je vous vois pour la dernière fois... YAMADA Elle est à moi... Elle fait tout ce que je lui commande. C'est de son plein gré qu'elle se laisse dégrader avec moi. © http://www.lejapon.org


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MIYOSHI C'est moi qui suis avili, ce n'est pas vous... YAMADA (ricanement nasal) …. MIYOSHI Madame, aimez M. Yamada de toutes vos forces. Adieu... Maintenant, il ne me reste plus qu'à partir. YAMADA Vous voulez déjà me quitter ?... Alors, à bientôt Monsieur. (Sumiko sanglote toujours. Yamada reconduit Miyoshi). MIYOSHI Adieu. Je crois que je ne pourrai plus vous revoir. YAMADA Eh ! non. Ne dites pas ça. Je suis toujours à votre disposition. Et puis si vous voulez la voir, allez à son café : elle y est toujours. MIYOSHI Adieu ! (il s'en va.)

SCENE IV YAMADA, SUMIKO (Yamada reprend un siège et se plonge dans des réflexions — dans des réflexions lourdes et tristes, et où cependant il y a quelque chose de guilleret; — son attention est attirée par les sanglots de Sumiko.) SUMIKO (lui sautant au cou) Aide-moi. C'est pour toi que je me suis avilie. YAMADA (la caressant avec une profonde tendresse) II faut m'excuser. Je suis un scélérat. Je le sais bien moi-même. Mais, sans toi, je serais triste à mourir. SUMIKO Romps toute relation avec Hideko, je t'en prie... Et aime moi... YAMADA Oui. Je romprai avec elle. Certainement !... Certainement un de ces jours... Je t'ai toujours aimée plus qu'elle... Seulement j'ai de mauvais penchants. Tu me corrigeras... Tu me comprends, toi... (Sumiko baisse la tête en pleurant. Yamada l'étreint en pleurant aussi.)

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難易度 「なんいど」 なんいど」 *** 解答

漢 漢 漢 カゲロウ 漢 字 字 ス ズ ム シ 字 字 ヒ ナ ゲ シ 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 ザ 字 字 キ 字 字 イ 字 字 ラ 字 字 ナ 字 字 ン 漢 漢 漢 漢 漢 漢 ハ 字 字 シイタケ 字 字 ユウナギ 字 字 ゲ 漢 漢 漢 漢 ナツヤマ 字 字 イタドリ 字 字 クロマツ 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 字 字 ク 字 字 字 字 字 ジ 字 字 字 字 字 ツ 字 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 字 字 ソ 字 字 字 字 字 ョ 字 字 字 字 字 カ 字 漢 漢 漢 漢 トビウオ 字 字 タチウオ 字 字 アジサイ 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 オ 字 字 オ 字 字 イ 字 字 ン 字 字 ゲ 字 字 チ 漢 漢 漢 漢 漢 漢 ア 字 字 カミナリ 字 字 タマムシ 字 字 ョ 漢 漢 漢 漢 サザナミ 字 字 クロダイ 字 字 オウトウ 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 字 字 デ 字 字 字 字 字 チ 字 字 字 字 字 ド 字 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 字 字 ツ 字 字 字 字 字 ョ 字 字 字 字 字 マ 字 漢 漢 漢 漢 カッコウ 字 字 ヒョウガ 字 字 アカツキ 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 漢 モ 字 字 ン 字 字 グ 字 字 ン 字 字 ラ 字 字 ツ 漢 漢 漢 漢 漢 漢 シ 字 字 カイガラ 字 字 エンドウ 字 字 ツ 漢 漢 漢 漢 カンタイ 字 字 シゴセン 字 字 ミカツキ

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La Gazette du Japon Crédits Remerciements à tous ceux qui ont participé avec moi, à la rédaction de ce 7ème exemplaire de La Gazette : Agnès, Hiroe, Tony, Antoine. La Gazette du Japon est créée et diffusée par le site http://www.lejapon.org ; Ce site est financé en partie par les abonnements à la Gazette et en partie par la publicité. Une grosse partie reste à la charge du webmestre. Si vous appréciez ce travail et les informations qui sont données dans la gazette, si vous aimez l’interactivité et la convivialité qui existe sur le site lejapon.org , pensez à l’aider financièrement en vous abonnant à la Gazette et en cliquant sur les bannières des sponsors. Merci. Jean-Michel Webmestre

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