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rencontre : natho
from MUST #39 - AFRICA
by MUST Online
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Rencontre
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Par frédérique de jode
Natho
ex P ose à Mac P aris
Mac P aris, un rendez-vous incontournab L e de L ’art conte MP orain qui se tient du 24 au 27 nove M bre dans L a ca P ita L e française. c ette année, une artiste de n ouve LL e- c a L édonie figure dans L a sé L ection. c ’est assez rare P our avoir envie de rencontrer n atho qui va P résenter des œuvres de son ex P osition c or P s.
u n univers P ictura L où L a condition hu M aine est au cœur.
Des êtres androgynes, parfois fantomatiques, disproportionnés. Têtes rétrécies presque inexistantes. Pieds surdimensionnés. Corps très étirés, loin, très loin, des dictats de nos canons de beauté. Natho sonde et scrute avec sa sensibilité d’artiste la représentation de l’humain face à son destin et quelque part sa résignation. « On met souvent en avant le côté anxiogène de mes œuvres mais ce n’est pas ce que je ressens quand je les regarde, confie Natho. Je ne suis pas dans la démarche de peindre quelque chose d’anxiogène même s’il y a certainement un lien avec une angoisse personnelle. Mon travail artistique évoque cette question de l’homme face à sa destinée, la sensation de solitude, d’enfermement, la mort. En revanche, je n’aime pas le morbide. Je ne peins pas l’infirmité, la déformation même si mes personnages ont des proportions différentes.»
L’homme et son environnement
Natho est de cette trempe d’artistes qui développent un univers pictural abouti. Reconnaissable par la présence de ces êtres qui peuplent ses toiles, et sa recherche sur le corps. Dans les expositions Océan II ou Dismaritions, elle interroge la relation entre l’homme et son environnement. En peignant des scènes de pêche, ses toiles sombres et tourmentées révèlent les dégâts de la main de l’homme sur la mer, le déséquilibre écologique et la pollution qui en résultent alors que pendant des années, l’homme a su se nourrir en respectant la nature. En écho à ses peintures où se mêlent acrylique et pigments, l’artiste réalise une série de voiles sur lesquelles par le biais du collage, se dévoilent des objets et des scènes de pêche traditionnelle du Pacifique.
Corps alignés
En 2011, Natho participe à l’exposition à la galerie Lec Lec Tic sur le thème « Les chemins de la déportation : regards néo-calédoniens ». Dans le cadre de l’année des Outre-Mer, cette exposition a été ensuite présentée à Paris au Musée du Montparnasse. « J’ai réalisé pour cette exposition, sur un grand rideau, une coupe de bateau négrier inspirée d’une gravure où se détachaient des corps allongés. Ayant vécue à la Réunion, j’étais particulièrement touchée par la déportation des esclaves. » L’art est un cheminement. C’est à partir de cette toile qui évoque l’horreur de la traite des esclaves que Natho a eu l’inspiration d’aller plus en profondeur dans son travail sur les corps alignés. Sa série Corps a été exposée en juillet 2015 à la galerie Lec Lec Tic. Des corps toujours dans des proportions inhabituelles, alignés à la verticale ou à l’horizontal, statiques, comme prisonniers, enfermés, très proches mais sans jamais se toucher, qui peuvent déranger, déclencher des émotions fortes car renvoyant vers notre propre condition humaine.
Un salon très sélectif
« Ce sont les œuvres de cette exposition qui ont été sélectionnées par le jury de l’association MAC2000 qui organise le salon annuel Macparis », précise Natho. Un salon d’art contemporain découvreur de nouveaux talents très sélectif car sur 1200 dossiers envoyés, une centaine d’artistes sont seulement retenus. Ce rendez-vous incontournable de l’art se tient cette année du 24 au 27 novembre. Exposer à Macparis est une formidable opportunité car tout le microcosme de l’art s’y rend, surtout les galeristes, toujours en quête de dénicher les stars de demain. « J’ai vraiment cette chance d’avoir été retenue. C’est l’occasion d’échanger avec des artistes et prendre des contacts avec des galeristes. En Nouvelle-Calédonie, les galeries, les musées et centres d’art ouvrent grand leurs portes aux artistes pour qu’ils puissent s’exprimer que ce soit lors d’expositions collectives ou personnelles. La difficulté ensuite est de pouvoir s’exporter, de rencontrer un galeriste qui fait un vrai travail de galeriste et qui va se démener pour que tu es une reconnaissance artistique. » Exposer à Macparis, c’est déjà une forme de reconnaissance pour cet artiste authentique et libre.