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Olivier Séranne, Portrait d'artiste.

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EURCUCINA 2018

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DE JEU POUR TERRAIN LA MATIÈRE

Olivier Séranne sculpte. La matière est son mode d’expression. Depuis bientôt 10 ans, après quelques circonvolutions en recherche de sa voie, l’art est devenu sa vie. Quelques semaines après la fin de l’exposition Le temps d’un regard à l’Andemic Art Gallery du Méridien, l’artiste nous ouvre les portes de son atelier.

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Un bulime un peu pressé, une terre écrasée par l’arrogance humaine, un cri de palétuvier aux accents de Munch, un bouddha tranquille sorti d’une fougère arborescente… Au gré des réalisations d’Olivier Séranne, un monde aux diverses facettes se dévoile. Un univers souvent concret – mais pas uniquement – un monde animal – mais pas seulement – un pays où le bois se dévoile – mais il n’est pas le seul… Pas de règle intangible chez ce sculpteur mais avant tout l’envie de donner à la matière une occasion de sortir ce qu’elle cache en elle. « Je travaille le bois, le béton cellulaire, décrit l’artiste. Quand je trouve une souche, une pièce de bois, je me laisse guider par ce qu’elle propose déjà dans son volume et dans sa forme. » S’il fait aussi du modelage, de l’ajout de matière pour créer une forme, Olivier Séranne s’épanouit surtout dans le mouvement inverse, dans la taille directement dans la masse pour ôter de la matière et faire ressortir l’œuvre cachée. « La pièce de bois va rester un long moment devant mes yeux avant que l’idée de ce qu’elle pourrait devenir ne vienne. Mais je ne pourrais qu’enlever de la matière ! »

ÉCRAN, OCÉAN ET PINCEAUX

Aujourd’hui, Olivier Séranne se consacre entièrement à la sculpture. Une spécialité qui s’est invitée tardivement dans la vie de celui qui se rêvait artiste peintre lorsqu’il était enfant. « Ma grand-mère était professeur de dessin aux BeauxArts, ma tante artiste-peintre… J’avais des exemples dans mon entourage et j’ai toujours dessiné ». Puisqu’il faut faire des études et choisir un métier, il sera illustrateur-graphiste dans le domaine de la publicité. Dix ans dans une agence parisienne et le passionné de plongée qu’il était plaque tout en 1996 pour devenir moniteur sur un bout de terre minuscule au large de Nouméa, le Phare Amédée. Nouveau virage sept ans plus tard : la plongée demande beaucoup de temps et d’énergie au jeune papa qu’il est devenu, et ses doigts le démangent et appellent un retour à la pratique artistique. Plus directe cette fois-ci.

RÉVÉLATION

« Dans la mesure où j’avais les compétences nécessaires, j’ai enseigné les arts appliqués au Lycée Jean XXIII de Païta pendant six ans », précise Olivier Séranne. Parmi les disciplines, il dispense des cours de sculpture et doit lui-même se former à la technique. La révélation ! Et, en 2009, la décision est prise, le maquettiste-plongeur-professeur sera bel et bien artiste plasticien ! La rencontre avec Mathieu Venon con rme son choix : ils partageront, jusqu’à l’an passé et la fermeture du bâtiment devenu insalubre, un atelier au Centre d’Art. « C’était le moment pour moi de m’investir entièrement dans la sculpture. Et le Centre d’Art a été un lieu formidable pour cela, une ruche d’artistes, un espace d’émulation artistique et intellectuelle, une motivation collective très précieuse. » Expositions, appels à projets, cours auprès d’artistes en herbe… s’il lui a fallu des détours par trois métiers, à n’en pas douter Olivier Séranne a désormais bel et bien trouvé sa place.

PAR ANNE-CLAIRE LÉVÊQUE

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