Rich & Beats

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N°24 LA MISE EN LUMIÈRE

FRANCE MAGAZINE

JMSN - DSVN Jhene Aiko - NAO

Avril-2018

Mabel McEvry

RETOUR SUR L’HISTOIRE

Childish Gambino musique

lifestyle

événements




Tout les morceaux des artistes mis en valeurs dans ce numero sont dans la playlist disponible sur : spotify & deezer

Nom de la playlist du mois; Rich & Beats n°24


- Edito -

As eatquibus delit magnietur, to culluptaes dolorem harchicaerum nimostis comnihiliquo conse iur? Re aut venet quuntur, cuptate pa natis rehent autem id quas apelitatur ra sim quatusanti vere eicte quossimus, velliquassum ipsum ra simagnatas endunti beaque suntis cuptasp ellenis modi cum sed

crĂŠdit photo: Guillaume Pelletier

Officietur sitatiis es eossimi nciatur re eaquia porestrum eaquost vitio esti totaect uribusc imporem porerio nsequi conet voluptatibus mod moloriae sed que offic to optius audipsapidel exeriae pedit, conem ut explita tquostiore, optata voluptae num voluptat quam arcipsus. Ruptatem faccae voluptatem eaque quia pliqui aceatur, quia volut ea quis eossit maxima quibust, qui oditiis eria comnien tusaectem nobissequis


Sommaire Dossier spécial

Childish Gambino

Page 10

Shop the look The Idlenman

“Atlanta”,

une série portée par le flow Page 18-19

Page 21


Jhené Aiko, amoureuse à temps partiel dans le clip de « While We’re Young » Page 27

Nao On a rencontré le prodige « worky funk» anglais. Page 35

JMSN, enfin libre Page 38

Mabel McEvry L’artiste multiculturelle Page 46


Childish Gambino SO THIS IS THE END ?



crédit photo: Guillaume Pelletier

Donald Glover aka Childish

Gambino

par Amaury de chez goutemesdisques

Donald Glover possède une carrière prolifique et incroyable. On pose la chose directement pour ne plus y revenir : trop de papiers commencent par projeter l’aura globale du mec sur les disques qu’il produit. D’ailleurs, qu’on se le dise, ses projets musicaux n’ont jusqu’ici jamais réellement fourni de claque intergalactique, faisant que son avatar Childish Gambino a longtemps sommeillé dans une réputation confidentielle. C’était sans compter la bombe qu’il préparait dans l’ombre pour qu’ « Awaken, My Love ! » résonne à sa sortie avec éclat, au travers d’une détonation superbe.

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Dans un premier temps, le disque s’assure de poser toutes les balises nécessaires à une juste appréhension de l’Odyssée qu’il s’apprête à

dévoiler. On ne saurait d’abord passer à côté de la référence que mobilise sa pochette dont l’effigie renvoie explicitement à celle du Maggot Brain de Funkadelic. Par ce parallèle, celle-ci convoque l’univers propre à une époque particulière de la mouvance funk, mais pas seulement. En parant sa nymphe de vêtements traditionnels sous des reflets bleuâtres de néons, l’artiste signale avec finesse sa volonté de traiter ce matériau mélodique spécifique selon une perspective aussi bien passéiste que moderne. Et si cela ne suffisait pas, le titre se charge de clarifier le message avec les guillemets qu’il arbore – signe iconique de la citation – venant souligner l’intention d’opérer une rétrospective sur le cœur d’une histoire.


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La couverture de «Awaken, My Love !» présente une photo du directeur créatif new-yorkais Ibra Ake, dans laquelle Giannina Oteto porte une coiffure en perles dessinée par Laura Wass de WXYZ.


Apparaît alors un premier tour de force, remarquable. La narration à laquelle se livre le disque peut tout aussi bien correspondre à une histoire d’amour s’établissant entre deux êtres, qu’à la description de la passion que l’artiste ressent pour la musique afro-américaine post 70’s. « Awaken, My Love ! » exprimerait d’une part la supplication de pouvoir ressentir à nouveau ces sensations envoûtantes, que la lecture du disque comble dans un geste performatif, quand d’autre part il en préfigure le contenu par l’esquisse d’un dialogue entre le prince et sa belle au bois dormant – la soul ou l’être aimé. Dans un seul et même mouvement, le disque met donc en scène un contexte musical précis ainsi que les relations humaines qui s’y sont développées, avec la passion amoureuse comme dénominateur commun. Revient ensuite à la structure de réaliser le second exploit de l’œuvre. Si le récit s’écoule entre la pluie des premières notes – sorte de « il était une fois » instrumental – et le ripage sonore final probablement provoqué par le poids d’une main sur le vinyle – indice supplémentaire d’une narration assumée par l’artiste –, la construction dont il fait preuve tout au long de ce trajet ne cesse de produire une foule de significations supérieures. Et d’un album profond sur l’amour et la filiation, Childish Gambino de réaliser la plus intense distillation d’une histoire intime de la musique afro-américaine ; une Odyssée que l’on ne saurait cerner dans sa totalité tant le travail d’une multitude de références, proposant elles-mêmes une richesse sans fin, parvient à se constituer en art propre, loin de la simple exécution rétro ou de l’alignement de clins d’œil. « Me and Your Mama » commence le parcours expérimental avec force et son mélange dégage en surface quelques impressions éclatantes d’un D’Angelo passé sous rouleau compresseur

brownesque, pour finir sur des tubules apaisés proches d’un Bonobo. Au sein de cette rythmique viscérale, changeante et transcendantale, on peut également distinguer une ligne de basse prenant des allures du « Who Knows » de Jimi Hendrix. Quant aux lyrics, que l’on pourrait rapprocher de ceux de Smokey Robinson ou d’Outkast, un jeu plus fin s’opère sur le vers I’m in love when we are smokin’ that la la la la qui porte en filigranes le la la la la, smoke a joint du « Welfare City » fredonné par Eugene McDaniels. Par leurs titres, il se joint sans performance à « The Night Me and Your Mama Met », mais il projette surtout son ricanement central et ses la la la dans « Terrified » – véritable travail d’orfèvre. Au-delà des vocalises sommairement associées à Maxwell ou Bootsy Collins, l’attaque renvoie davantage à la formulation de Michael Jackson dans « Man in the Mirror » jusqu’au refrain qui reprend plutôt la force fluide que Bilal avait déployée sur des titres comme « Otherside », faisant aussi à sa façon un panel des voix souls. Toutefois, ce morceau est bien plus dédié au roi de la pop dont le titre « Thriller » peut se lire en transparence dans « Terrified », annoncé d’ailleurs un peu plus en avant par « Zombies », All I see is Zombies, qui réactualise le bruitage de porte – comme « Terrified » le fait du rire satanique. Ce dernier prépare l’émergence d’une nouvelle voix pour la deuxième partie du morceau, sur le mode du revenant, à la manière de Ja Rule qui avait ressuscité 2Pac avec « So Much Pain ». La voix surgit pour déchirer le morceau en s’apparentant à celle du jeune Michael Jackson, celui des Five, venu renouveler la plainte de « I Want You Back » : Oh you can’t run from me. Et puis, Gambino démontre la richesse de son travail, quand tout apport reste en définitive sur le fil : le rapprochement de voix aiguë, aux ascensions soudaines, avec le fredonnement de quelques la la la ramène encore au cœur des réminiscences la chaleur de Minnie Riperton.

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«La mémoire collective ne cesse d’ouvrir ses tiroirs» par Amaury de chez goutemesdisques Dans presque tous les titres, la mémoire collective ne cesse d’ouvrir ses tiroirs, sans se prononcer, et tombe à répétition sur des trésors oubliés. Assez simple, « The Night Me and Your Mama Met » exprime par sous-entendus au gré d’une instrumentale éloquente un rapport aux racines, à l’amour et aux générations. La manière du morceau pourrait retrouver celle de « Maggot Brain », comme de plein d’autres morceaux de l’époque. Il s’agit d’un prototype. Pourtant, elle n’oublie pas la rythmique d’allées et venues frustrées qu’Odetta faisait claquer sur sa guitare à la fin des années cinquante. Aussi, « Baby Boy » prolonge les tracas de « Terrified » sur une instrumentale inspirée du « Just Like a Baby » de Sly & The Family Stone – apparaissant d’ailleurs sur l’album There’s a Riot Goin’ On qui a laissé traîné un mot sur le tracklisting de « Awaken, My Love ! » – tandis qu’il emprunte sa gymnastique vocale moins au Voodoo de D’Angelo qu’au grain de Macy Gray.

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Nous n’avons pas encore réellement évoqué toutes les influences que Funkadelic-

Parliament a dispersées sur ce disque. Il s’agissait surtout de démontrer que ce dernier n’était pas conçu exclusivement comme un album tribute pour ce groupe dont les effluves planent avec évidence sur le sillon, du moins sur une partie. Les premiers titres reçoivent en effet une plus forte attention funkadelique pour laisser ensuite le disque élargir son champ d’action : « Have Some Love » se rattache assez clairement à « Can You Get to That ». Il reprend les audaces du groupe, osant lui garder une structure pop à la Kravitz dont les contours se délitent progressivement pour entonner un hymne folkopunk. « Boogieman » cite le départ de « Super Stupid » que brisent quelques éclairs façon « Standing on the Verge of Getting It On » avant de glisser vers une poche de sons plus modernes, moins légitimes, accompagnés de gémissements dignes de Marvin Gaye. À sa suite, « Zombies » prend plus de distance grâce à une référence au « Can’t Hide Love » de

Earth, Wind and Fire, bien que l’âme de Bootsy Collins investisse chaque méandre sinusoïdal. « Riot » sample « Good to Your Earhole » et « Redbone » se charge de l’« I’d Rather Be With You » de Collins, sans oublié de faire lui aussi une révérence indirecte au « Ratha Be Ya N––– » de Tupac. La transition se fait sur le calypso inattendu de « California » qui bouleverse la donne et permet au reste de l’œuvre de décoller vers une expression plus mélangée, plus personnelle, plus féroce. Comme si le disque illustrait dans sa manière un héritage ou une filiation, avec les questions qu’ils présupposent. Enfin, il se clôt sur le tourbillon dingue de « Stand Tall » : quelques couleurs hendrixiennes, un chant pour la première fois expiré dans une pureté sincère – sans travestissement –, une présentation de soi qui perd magnifiquement pied dans le « Harlem River Drive » de Bobbi Humphrey, lequel s’unit avec grandiloquence au « What’s Happening Brother » de Marvin Gaye. point.


crédit photo: Guillaume Pelletier

Childish Gambino vient de nous offrir une narration complexe, celle d’une histoire qui s’étend sur plusieurs générations, au travers de plusieurs corps ayant subi le tumulte de la musique noire et de son Histoire. Qu’il évoque ses parents ou son fils, il tente de graver une expérience de filiation, certes, mais surtout de transmission : comment parvenir à léguer le noyau d’une fureur que l’on a digérée sans détériorer ni le trésor reçu ni celui qui nous constitue ? Un challenge assez osé dans cet après Blonde ou ce post-A Seat at the Table, puisque ces derniers ont tous deux brillamment joué avec les références classiques de la musique afro-américaine, le premier en explosant

les frontières de liberté individuelle, le second en se voyant attribuer l’entièreté du mérite par des médias qui n’ont jamais référé au fond dans lequel il puisait. Malgré ce contexte, « Awaken, My Love ! » ne s’est pas soucié d’être taxé du stigmate rétrospectif. Au contraire, Childish Gambino est parvenu à créer une étape capitale dans la diffusion de la musique : l’œuvre qu’il a produite concentre le sublime de ce qu’hier pouvait proposer avec le liant le plus moderne et prospectif que ce jour nous présente, dans une spontanéité et une richesse telles que ce produit ne tient pas du spectacle figé. Il prolonge, loin de l’oubli, les plus beaux gestes du monde.

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crédit photo: Guillaume Pelletier

“Atlanta”,

UNE SÉRIE PORTÉE PAR LE FLOW par Emilie Gavoille

Un gentil intello fauché et son cousin dealer et rappeur tentent de percer dans le monde du hip-hop. Derrière cette série à l’humour surréaliste et au réalisme acide : Donald Glover, créateur et acteur principal, génial touche-à-tout et musicien à succès à ses heures. « Il me faut un Malcolm X. Toi, tu es trop Martin Luther King. » Pas simple, quand on est un gentil loser intello, de faire son trou dans le monde du hip-hop. Earnest (littéralement, « honnête », mais tout le monde l’appelle Earn) l’apprend à ses dépens, dans le premier épisode d’Atlanta. Il va successivement subir, avec la même in­différence tranquille, la menace d’un revolver, celle d’un couteau de cuisine, et le refus moqueur de son cousin Paper Boi,

rappeur à la cote montante auquel il était venu proposer ses services de manageur. Sur ce point, et c’est tout l’objet de la série, Earn finira par emporter le morceau. A la rentrée 2016, au moment de présenter sa création (diffusée sur la chaîne FX) à la presse américaine, Donald Glover, showrunneur, producteur et principal interprète, expliquait avoir voulu « faire ressentir aux gens ce que c’est que d’être un jeune Noir, aujourd’hui, dans le sud des Etats-Unis »


.Deux Golden Globes Il s’y emploie en racontant l’histoire de ces deux cousins unis par une même passion du rap, mais que leurs modes de vie discordants opposent – Earn tire son pain quotidien d’un boulot ennuyeux à l’aéroport et Paper Boi, du trafic de drogue. « Faire ressentir », sans jamais démontrer ni expliquer. C’est effectivement la direction prise par Donald Glover et le pool d’auteurs (tous, y compris son frère Stephen, sont issus de la communauté afro-américaine) dont il s’est entouré pour mener à bien son projet télévisuel. Atlanta, si elle est à classer au rayon comédie – c’est dans cette catégorie qu’elle a remporté deux prix lors des derniers Golden Globes, en janvier 2017 –, musarde largement hors des sentiers battus du genre. Qu’on ne s’y trompe pas : drôle, la série l’est sans conteste, portée par des dialogues brillants qui relèvent bien souvent de l’orfèvrerie et une ironie surréaliste qui ose s’épanouir sur les terrains les plus inconfortables.

Comédien culte dans “Community” Changer de registre sans crier gare, mais pour le meilleur : voilà l’un des signes distinctifs de Donald Glover (aucun lien de parenté avec Danny Glover, l’acteur de L’Arme fatale), trentenaire issu d’une famille de la petite classe moyenne afro-américaine, élevé dans la banlieue d’Atlanta selon les préceptes de l’Eglise des Témoins de Jéhovah. Formé à la prestigieuse Tisch School of the Arts de New York, ce touche-à-tout est passé maître dans l’art de cocher toutes les cases sans jamais s’y laisser enfermer. Après avoir vu des vidéos réalisées pendant ses études, Tina Fey lui propose en 2006 de rejoindre l’équipe d’auteurs de la tordante 30 Rock. Trois ans pendant lesquels il affine sa plume et aiguise son pouvoir comique. Puis il se révèle au grand public en tant que comédien sous les traits de Troy, l’exchampion de football américain qu’il campe dans

la sitcom Community. En 2010, il renoue avec sa passion estudiantine du stand-up et présente son show Weirdo sur la chaîne Comedy Central, sans délaisser sa carrière de rappeur, menée sous le nom de Childish Gambino, déjà riche de trois albums et diverses mixtapes loués par la critique. Observation truculente et très référencée d’une communauté noire américaine coincée entre schémas subis – il faut voir Vanessa, l’un des seuls rôles féminins, se débattre avec le ­stéréotype de « la femme noire en ­colère » – et clichés malgré tout entre­tenus – la plupart des personnages passent leur temps à se donner du « nigger » –, Atlanta vaut aussi pour le portrait habité qu’elle dresse de la ville dont elle tient son titre. Une métropole saturée par la circulation auto­mobile, ce que rappelle souvent la réalisation, qui intercale plongées verticales sur ses noeuds routiers tentaculaires et conversations captées en plans rapprochés, façon ping-pong de compétition, dans l’habitacle des voitures.

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Sober KawaĂŻ

4:12

V.3005 because the internet

3:54

IV.Sweat pants because the internet

4:46

Heart beat Camp

4:30

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Jhene Aido Jhéné Aiko, est une chanteuse-compositrice américaine née le 16 mars 1988. Elle a commencé sa carrière notamment en contribuant aux « vocales » de plusieurs musiques du groupe R’n’B B2K. À ce moment même elle était connue pour être la prétendue « cousine de Lil Fizz », membre des B2K. Ce fut finalement une rumeur suggérée par Sony et Epic Records afin de promouvoir Aiko à travers B2K parce qu’ils étaient très proches.

chanteuse

auteur-compositrice


While We’re Young

Trip

3:56

crédit photo: Guillaume Pelletier


Jhené Aiko, amoureuse à temps partiel dans le clip de « While We’re Young » Le morceau « While We’re Young » raconte une histoire d’amour aussi complexe qu’adorable. Elle naît un matin dans un café – où la chanteuse se rend tous les jours pour manger des gaufres et griffonner sur son carnet à dessin – lorsqu’un jeune homme, accoudé au bar, décide de l’aborder. Jusqu’ici, rien d’anormal. Et pourtant, il va vite se rendre compte que Jhené Aiko est en proie à un mal singulier : elle n’a aucun souvenir de ce qu’elle a fait la veille. Comme le journaliste Phil Connors dans le film Un jour sans fin, l’amant plein d’espoir va redoubler d’ingéniosité – et d’humour – pour que chaque jour, la chanteuse tombe à nouveau amoureuse de lui. « Baby while we’re young we should just have fun We should just do whatever we want And tell everyone that we fell in love with each other Ooh that we found the one in one another » Cette romance, c’est peut-être celle de Jhené Aiko elle-même et Big Sean, qui ont officialisé leur relation à la sortie d’un EP commun, TWENTY88, en avril 2016. Le couple a prévu de sortir la suite de ce projet courant 2017. En attendant, vous réécouter le très bon album I Decided. de Big Sean, sorti cette année.

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crĂŠdit photo: Guillaume Pelletier

To Love & Die

Moment

Souled Out

Trip

3:23

2:28


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Sativa Sativa

3:23

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Bed Peace Sail Out

4:16

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NA O Originaire de South Woodford, dans l’East London, NAO, de son vrai nom Neo Jessica Joshua, grandit en écoutant pléthore de genres musicaux : le gospel, qu’elle découvre à l’église de son quartier ; le hip-hop et le RnB, que ses frères et sœurs écoutent en boucle à la maison, la grime et le garage, qui prolifèrent sur la scène londonienne, et enfin le jazz, qu’elle étudie à la Guildhall School of Music & Drama. Rien que ça. Forte de cette éducation musicale éclectique, la jeune femme distille à présent une musique oscillant entre un R’n’B électronique et une funk moderne, qu’elle dévoilait sur son premier EP «So Good» en 2014. Après avoir sorti l’année dernière son second EP «February 15», qui lui a valu une nomination aux MOBO Awards dans la catégorie «New Comers», NAO s’apprête aujourd’hui à sortir son tout premier album sur le label RCA. L’occasion pour nous d’en savoir plus sur ses influences, ses ambitions et ses rêves.

chanteuse

auteure



Adore You

Inhale Exhale

For All We Knows

For All We Knows

For All We Knows

3:31

3:06

4:00

crédit photo: Guillaume Pelletier

Bad Blood


On a rencontré le prodige «wonky funk» anglais Comme son genre musical n’existait pas, elle a du l’inventer. Pour NAO, ce sera donc du «wonky funk», un savoureux mélange de sonorités pop, où sa voix explore des chemins nouveaux... A quelques mois de la sortie de «For All We Know», son premier album, celle qui a déjà collaboré avec d’aussi jolies références que Disclosure se dévoile.

Sa musique : le Wonky Funk

Bien qu’on la compare souvent à AlunaGeorge ou à FKA Twigs, notamment en raison de sa voix aux notes hautes et aériennes, NAO puise ses principales influences dans les années 70. On me range souvent dans la catégorie RnB, sans doute parce que je suis noire... Pourtant, les personnes qui m’inspirent le plus sont old school, comme Michael Jackson, Prince ou Steve Wonder. La jeune femme a d’ailleurs baptisé sa musique d’un tout autre nom, né de son imagination : le Wonky Funk. Et NAO de le définir avec ses mots : «ce serait un mélange groovy entre Michael Jackson, Aretha Franklin et Prince, mais version 2016».

Le label qu’elle a créé : Little Tokyo

Avant d’être signée chez RCA, NAO a sorti ses deux premiers EPs sur son propre label fondé en 2014 : Little Tokyo. Un hommage à la ville nippone, dont elle est tombée amoureuse lors d’un voyage : «Tokyo est tellement musicale ! Quand je m’y baladais, j’avais l’impression de vivre sur une bande-son de jazz. Tous les magasins jouaient du Miles Davis, du John Coltrane... des artistes qui me touchent». Bien qu’elle soit désormais produite par un gros label, NAO compte bien continuer à faire vivre son Little Tokyo en y signant des artistes émergents repérés sur SoundCloud. En plus de se consacrer à sa carrière solo, la chanteuse a également prêté sa voix à quelques-uns des producteurs anglais les plus talentueux du moment. NAO apparaît en effet sur les titres «Superego» de Disclosure et «Firefly» de Mura Masa. J’adore la musique de Mura Masa, et je savais que c’était réciproque ! J’aime vraiment bosser avec lui.

L’artiste avec lequel elle aimerait travailler : Frank Ocean

Lorsqu’on lui demande avec quels autres artistes elle souhaiterait collaborer, NAO lève les yeux au ciel et réfléchit un instant. «Tu crois que Frank Ocean aimerait faire un morceau avec moi ?, finit-elle par s’interroger en riant. J’adorerais bosser avec lui… Peut-être que si je me dépêche, je pourrais faire un titre avec lui qui sortira sur son prochain album que nous attendons tous, qui sait !»

Son premier album : «For All We Know»

En attendant, NAO peaufine son tout premier album, qui devrait sortir dans le courant de l’été 2016 et qu’elle envisage de nommer de l’une de ses chansons préférées : «For All We Know» de Donny Hathaway, dans lequel il chante : «So love me tonight, tomorrow was made for some. Tomorrow may never come for all we know», reprend-t-elle en fredonnant. «J’adore ces paroles car elles nous apprennent qu’il faut être ancré dans le présent, puisqu’on ne sait de quoi demain sera fait. Et c’est ce que ce premier album représente pour moi : arrêter de repousser mes envies au lendemain, et vivre le moment présent.»

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JMSN

Le parcours de JMSN est assez atypique. Il a commencé la musique jeune, à Detroit, au sein d’un groupe de rock (Love Arcade) dans lequel il chantait et jouait d’à peu près tous les instruments. Ayant appris dès l’âge de 12 ans à travailler sur le logiciel Pro-Tools, il est également capable de produire et d’arranger sa musique. Parti s’installer à la fin des années 2000 à Los Angeles, il commence un nouveau projet musical en solo, sous le nom Christian TV, plutôt orienté pop / rock FM, qui connait un certain succès. Mais il décide en 2011 d’arrêter Christian TV, de quitter sa maison de disque, de monter son propre label (White Room Records) et de sortir des chansons sous le nom de JMSN. Christian Berishaj, alias JMSN, s’était déjà fait remarquer l’an dernier avec le R&B orchestral classieux d’It Is. Whatever Makes U Happy, son quatrième album, s’élève à un niveau encore supérieur en conjuguant les grooves minimalistes du producteur et multi-instrumentiste à un cycle de compositions hautement personnelles. Dès “Drinkin”, une ouverture confessionnelle facilement enchaînable au “Untitled” de D’Angelo sur vos playlists killer soul ballads, JMSN introduit son funk bluesy et flottant basé sur des programmations squelettiques et des choeurs gospel multitrackés.

chanteur

auteur-compositeur



JMSN, ENFIN LIBRE par François Oulac

La musique de JMSN est le philtre doux-amer de vos soirées de déprime. Le chemin n’a pas été de tout repos pour le chanteur, qui a enchaîné les expériences et les labels avant de dire «merde» à l’industrie et de n’en faire qu’à sa tête. Pour notre plus grand plaisir. On a rencontré l’un des artistes les plus créatifs mais surtout les plus libres de la nouvelle scène R’n’B.

Moribond au milieu des années 2000, le R’n’B est revitalisé depuis quelques années par une cohorte d’artistes qui ne se soucient plus d’étiquettes : The Weeknd, How To Dress Well, Jhené Aiko, Frank Ocean... JMSN (prononcez «Jameson», comme le whisky) fait partie de ceux-là. Depuis 2012 et son premier album Priscilla, les fans de sonorités indé connaissent bien ce chanteur-compositeur qui

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régale ses nombreux amis (Kaytranada, Kendrick Lamar, Ab-Soul, Sango...) de ses vocals éthérés. JMSN (de son vrai nom Christian Berishaj) débute la musique professionnelle en 2004 au sein d’un groupe de rock, Love Arcade. Compositeur, chanteur et multi-instrumentiste, il joue l’intégralité des partitions présentes sur l’album, le reste du groupe étant crédité comme un tour band. Impressionnant.


Timberlake ? Vous voyez Massive Attack ? Vous voyez Shlohmo ? Vous voyez le R’n’B des années 90 ? Vous les mettez dans un mixeur, vous appuyez sur «on», vous balancez le tout sur SoundCloud

et vous obtenez un truc approchant de JMSN. Priscilla est l’album d’une rupture amoureuse. Une quinzaine de pistes entrecoupées d’interludes téléphoniques tendus, dont la noirceur n’a d’égale que la beauté. Son nouvel opus, le Blue Album, plus mélodique et rythmé, ajoute quelques touches de couleurs au tableau, mais on prend toujours autant de plaisir à se plonger dans les lamentations cathartiques de son auteur. Qu’est-ce à dire ? De ses premiers pas en tant que prisonnier des majors au songwriter sans limites qu’il est aujourd’hui, nous avons profité du récent passage de JMSN à Paris, fin avril, pour revenir sur ce cheminement.

En 36 minutes resserrées, le krishna des consoles – voir pochette – cultive ses marottes en alignant un strike de mid-tempos convoquant les esprits de Prince (“Love Ain’t Enough” et le moite “Slowly”), Sly Stone (“Always Somethin’” et sa basse baladeuse échappée de Fresh) et Stevie Wonder. Ce dernier aura même le droit d’écouter sa meilleure chanson depuis 197x (complétez le chiffre manquant) en découvrant “Slide”, une somptueuse ballade en

lévitation devant beaucoup à “Pastime Paradise”. On trouve aussi dans Whatever Makes U Happy un renversant paranofunk (“Angel” et ses montées de Moogs anxiogènes) et une paire d’introspections défenestrantes – “Where Do U Go” et le grand final piano de “Patiently”). À noter également qu’à l’instar des disques des idoles citées plus haut, cet album est entièrement chanté, joué, arrangé et autoproduit par JMSN. L’avenir du genre en quatre lettres ?

crédit photo: Guillaume Pelletier

Quelques années plus tard, on le retrouve signé en tant qu’artiste solo sous le nom de Christian TV. Il est passé d’un rock californien plutôt chewing-gum à une electro-house très radio friendly. Et puis à la fin des années 2000, c’est la révélation : il claque la porte d’Universal, se met à son propre compte et commence une mue radicale sous un nouveau pseudo : JMSN. Le résultat pourrait difficilement être plus éloigné de ce qu’il avait fait précédemment. Vous voyez Justin

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Addicted JSMN

4:46

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Drinking Whatever Makes U Happy

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t n e m e n e Év

- Où voir -

08

JMSN

28

Avril - 2018 Las Vegas

Avril - 2018 Bandung

07

’ n i k n i r D ur Mai - 2018 Paris

31 Mai - 2018 Stockholm

- 40 -

18

Mai - 2018 Londre


’



Mabel McVey

FOCUS - QUESTION D’HÉRITAGE


crédit photo: Guillaume Pelletier

L’artiste Multiculturelle Elle fait actuellement un véritable carton en Grande-Bretagne et commence à se faire une place sur la scène musicale mondiale ; présentation de Mabel McVey, artiste multiculturelle qui n’est autre que la fille de la chanteuse Neneh Cherry !

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crédit photo: Guillaume Pelletier

On peut dire que Mabel a la musique dans le sang. Elle fait en effet partie d’une véritable dynastie musicale. Son père, Cameron McVey est entre autres le producteur du célèbre groupe anglais Massive Attack et est lui-même auteur et interprète. Il a également travaillé avec Neneh Cherry, sa femme depuis 1990 et donc la mère de Mabel. Rappeuse et chanteuse suédoise originaire de Sierra Leone qui

s’est révélée aux yeux du monde entier grâce au single « Buffalo Stance » sorti en 1988; elle est surtout connue en France pour sa collaboration, en 1994, avec la légende sénégalaise Youssou N’Dour dans « 7 seconds ». Difficile de faire plus multiculturel que Mabel. Elle est née à Malaga, en Espagne, a grandi à Stockholm, en Suède et vit actuellement à Londres. Sans oublier les origines

sierra-léonaises de sa mère ! Une force qui la rend difficilement classable dans une unique catégorie musicale quel que soit le titre. A commencer par son premier grand succès commercial « Finders Keepers » avec l’Anglo-Ghanéen Kojo Funds, sorti en 2017 et qui totalise plus de 30 millions de vues sur YouTube. Ce titre est à la fois extrait de sa première mixtape Ivy to Roses et de son premier EP intitulé Bedroom.

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crĂŠdit photo: Guillaume Pelletier


crĂŠdit photo: Guillaume Pelletier


Fine line Fine line

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Bedroom Bedroom

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cofondateurs Thierry de Launay, Louis Alexandre, Simone Monnier-Merle éditeur Anouk Dupuis, Philippine Pinto éditeur en chef Pierre Lacombe-Tessier articles Jeanne Le Roux, Sylvie Lucas, Margot Laporte photos Guillaume Pelletier, Élodie de Pichon, Agathe Raymond, Charles Gomez mise en page Aurélie Bonneau, Marc Fischer questions richandbeats@gmail.com

Rich & Beats france 2018

Volum fugiatur recum que pel mi, quam renihic ipsant est, ommolor eptatur accatus magnis molore plis maio. Ut ommolor res ullorerent faccaep erercius re, sum quature.

crédit photo: Guillaume Pelletier


UNE SIMPLE QUESTION DE SON...


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