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L’Europe paye cher son désarmement nucléaire unilatéral Samuele Furfari 11 mai 2022 L’Europe avait tous les atouts pour son indépendance énergétique grâce au nucléaire. Maintenant, c’est le nucléaire russe qui domine. Bien sûr, il est question ici d’énergie et non d’armes nucléaires, domaine dans lequel je n’ai aucune expertise. Mais dans le domaine de l’énergie nucléaire, l’Union européenne (UE) paie certainement un lourd tribut à son désarmement nucléaire unilatéral. Le traité Euratom a peu à peu été détruit Dans quelques jours, les 1er et 2 juin, cela fera 67 ans que les fondateurs de l’UE ont lancé le concept du traité Euratom, qui était destiné à promouvoir — promouvoir ! — l’utilisation pacifique de l’énergie atomique ; l’idée sous-jacente était simple : mettre à disposition une énergie abondante et bon marché pour la relance économique et le bien-être des citoyens. Pendant environ 50 ans, cette promotion a été efficace, à tel point que l’énergie nucléaire représente 26 % de la production d’électricité dans l’UE et dépasse toutes les autres formes de production d’électricité (par exemple, l’énergie éolienne ne représente que 13 % et l’énergie solaire 4 %). Si la production d’énergie nucléaire devait être remplacée par la combustion de gaz naturel, la quantité de gaz actuellement utilisée dans les centrales à gaz devrait être multipliée par 4,3, ce qui compromettrait encore davantage notre sécurité d’approvisionnement énergétique. Mais progressivement, les écologistes ont réussi à effrayer la population et à ralentir, voire à bloquer, le développement de cette industrie. Nous avons vu récemment que la Russie a financé les opposants au gaz de schiste ; de même, dans les années 1960, l’URSS a financé des groupes pacifiques pour s’opposer à l’avancée des pays de l’OCDE
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en matière de technologie nucléaire. Que ce soit l’URSS ou la Russie, leur stratégie a réussi, car aujourd’hui l’UE doit acheter du gaz de schiste aux États-Unis et a pratiquement détruit son fleuron industriel nucléaire. Bien entendu, l’Allemagne étant responsable de la politique énergétique de l’UE, elle est la première responsable du désarmement nucléaire de l’UE. Obsédés par l’exemple de l’Allemagne, François Hollande et Emmanuel Macron ont décidé de désarmer la France. La conversion tardive du président français ne doit pas masquer sa responsabilité. Son argument selon lequel le maintien en activité de la centrale nucléaire de Fessenheim aurait coûté trop cher ne tient pas, car il porte la responsabilité d’avoir fait le nécessaire pour que les travaux de maintenance ne soient pas effectués lorsqu’il était encore temps. On est en droit de se demander comment il va concilier politiquement la planification écologique avec la relance du nucléaire, puisque le cœur de métier du mouvement écologique est justement la haine du nucléaire, puisqu’il contredit leur vision du déclin économique et démographique. L’électricité nucléaire est illimitée en quantité, quoi qu’on dise au sujet des réserves d’uranium et sans compter les réserves de thorium, quatre fois plus abondantes que celles d’uranium et avec un ‘cycle’ beaucoup plus performant du point de vue neutronique. L’électricité nucléaire permettra à la population mondiale de croître en nombre et en qualité de vie grâce à la mise à disposition d’une énergie abondante et bon marché, ce qui est précisément ce que les écologistes ne veulent pas. Les faits l’ont maintenant montré clairement. L’offensive russe Mais la Russie n’a pas désarmé. Elle a continué à développer des centrales nucléaires dans toute la gamme des réacteurs du futur (Gen-IV), y compris les systèmes modulaires (SMR) dans lesquels la France en est aux balbutiements et les surgénérateurs dont Macron a arrêté la recherche. Rosatom, une société contrôlée par le Kremlin, sert de vecteur au développement nucléaire mondial. La Russie sait que la Chine, les États-Unis, la Corée du Sud et le Canada font de même, et possède aujourd’hui une longueur d’avance. Rosatom a même fourni des microréacteurs dans de nombreuses universités du monde entier afin que les étudiants et les chercheurs s’habituent à manipuler la technologie russe. Je ne leur en veux pas. Ils ont choisi de ne pas désarmer comme nous l’avons fait. Rosatom construisait la centrale nucléaire de Hanhikivi en Finlande, car à qui d’autre le consortium industriel Fennovoima pouvait-il faire confiance ? Les Français qui avaient annoncé qu’ils allaient réduire de moitié leur production nucléaire ? Les Allemands, qui ont abandonné l’industrie ? La guerre en Ukraine a obligé le consortium à rompre le contrat avec Rosatom, qui était lui-même actionnaire à 34 % du projet. Que va-t-il
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advenir de ce projet en cours ? Il est probable que les besoins en électricité de la Finlande seront satisfaits par la combustion de gaz naturel importé, ce qui accroîtra la dépendance énergétique de l’UE. Rosatom continuera à vendre des centrales nucléaires ailleurs dans le monde. Nous ne le ferons pas. Les erreurs de géopolitique énergétique se paient cher et pendant longtemps. Nous n’aurions pas dû nous désarmer unilatéralement. Le pire est que la Commission européenne — pourtant « gardienne des traités » — qui est censée « promouvoir » l’énergie nucléaire dans son plan de réponse à la Russie (RePower) du 8 mars mentionne la science-fiction (l’hydrogène, que j’ai décrit comme une utopie) et ne mentionne même pas le mot nucléaire. Le désarmement nucléaire unilatéral de la Commission européenne nous coûtera cher et pour longtemps. Va-t-elle se ressaisir dans la nouvelle version de RePower annoncée pour les prochains jours ? Par : Samuele Furfari Partager sur: Vous souhaitez nous signaler une erreur ? Contactez la rédaction
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