Croissance, énergie et paix durable Par Michel Gay Le 27 octobre 2016 N°237 Tel qu'il est défini actuellement, le développement durable est incompatible avec une paix durable. Il existe pourtant une autre vision de l’avenir fondée sur le savoir et l'énergie pour converger vers la paix1. L’économie peut se définir comme "la science de l'administration des ressources rares" selon Raymond Barre. Les théories économiques "académiquement correctes" actuelles postulent que la Terre étant un système isolé au milieu de l’Univers, ses ressources minières, énergétiques, aquifères, agricoles, etc,… sont limitées. Il faudrait donc restreindre leur utilisation afin de préserver la planète pour nos enfants. C’est dans ce cadre de pensée que se situe le concept de "développement durable". Il a été inscrit dans le marbre du rapport Brundtland de 1987, après le rapport du Club de Rome « Halte à la croissance » de 1972. Une multitude d’experts a ensuite considéré ce dogme comme un remède indispensable pour soigner les maux dont souffre la planète. L'idée générale est que, compte tenu du caractère limité des ressources planétaires, vouloir assurer à tous les habitants de la planète un niveau de vie comparable à celui des citoyens des pays développés aurait pour effet d’accélérer la venue de la catastrophe finale. Ce concept de développement durable "écologiquement correct" n’a donc pas pour objectif d’éviter l'anéantissement (inévitable ?) de l’humanité, mais d’en retarder l’issue fatale par une gestion optimale… de la pénurie. C'est le dernier avatar de la pensée malthusienne qui imagine qu'une élite éclairée pourra contraindre l'homme à une paupérisation généralisée, rebaptisée cyniquement "frugalité" ou "sobriété", afin de ralentir sa course vers l'abîme. Cette idéologie dominante est devenue la référence obligée des décideurs politiques. Elle est censée concilier les trois impératifs de croissance économique, de réduction de la pauvreté, et de préservation des écosystèmes. Ainsi, depuis le premier "Sommet de la Terre" à Rio de Janeiro en 1992, le développement durable fait l’objet de grandes messes internationales, appelées COP (conférences des parties) qui se tiennent annuellement à grand renfort de trompettes. Mais la pénurie et le partage des maigres ressources disponibles dégénèrent toujours en conflits. Seuls les plus forts survivent aux dépends des plus faibles, souvent obligés de fuir la misère et la mort. "Quand le foin manque au râtelier, les chevaux se battent". Prétendant corriger ces désordres, le développement durable "écologiquement correct" ne fait que les aggraver. Dans ces conditions, l’avènement d’une paix durable est toujours durablement repoussé.
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Voir par exemple : André Maïsseu (2006) « Sustainable development or sustained decay? The question facing the 'with or without nuclear energy' world” Atoms for Peace: an International Journal 2006 - Vol. 1, No.2/3 pp. 125 - 136
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