Reconversion d'un territoire au bout du monde - Le Fort de Charlemont

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A LA RECONQUÊTE D’UN TERRITOIRE AU BOUT DU MONDE - LE FORT DE CHARLEMONT

JOANNA LAMBINET DIRECTEUR DE MÉMOIRE: MONSIEUR JEAN GRELIER

Reconversion du fort de Charlemont, Givet, Ardennes L’école Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage - Année 2012


MEMBRES DU JURY: PRÉSIDENT DE JURY: MONSIEUR CLAUDE EVENO

urbanistes, écrivain et enseignant en culture et histoire des paysages en 1ères et 2ème à l’ENSNP

DIRECTEUR DE MÉMOIRE: MONSIEUR JEAN GRELIER

paysagiste DPLG, architecte DPLG, enseignant de projet en 1ère année à l’ENSNP

PROFESSEUR ENCADRANT: MONSIEUR JEAN-JACQUES LYON-CAEN

urbaniste, architecte DPLG, professeur de droit en 3ème et 4ème année à l’ENSNP

PERSONNALITÉ REPRÉSENTANT LE MAÎTRE D’OUVRAGE: MONSIEUR DIMITRI OUDIN

chargé de mission cabinet du président de la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse

PERSONNALITÉ EXTÉRIEURE RECONNUE POUR SES COMPÉTENCES:

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REMERCIEMENTS Ce Travail de fin d’étude m’a amené à solliciter nombres de personnes que j’aimerais remercier ici. Tout d’abord les enseignants et membre du jury qui m’ont suivi cette année et montrer un réel intérêt pour cette étude: Jean GRELIER, Claude EVENO et Jean-Jacques LYON-CAEN. Également Dominique BOUTIN, enseignant en pédologie et géologie et les professeurs de communications: Bénédicte FLATET et Martine WINCKEL Je remercie également Monsieur Bernard DECKENS, président de la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse pour m’avoir permis d’utiliser ce magnifique site comme support pour mon travail de fin d’études et plus particulièrement Monsieur Dimitri OUDIN pour sa disponibilité et son réel intérêt vis à vis de cette étude. Je tiens également à noter que toutes les visites de terrain que j’ai pu effectuer faisaient l’objet d’une demande de la communauté de communes (via Monsieur OUDIN) à l’armée ayant la responsabilité du site à ce jour. Je tiens également à remercier la ville de Givet, plus particulièrement M.JORIS pour la mise à disposition et consultations de documents d’urbanisme et Mme MATTHON pour la mises à disposition de documents d’archives, ainsi que Madame LEFEBVRE, Monsieur MEUNIER, Monsieur ITTUCI et Monsieur JUSNOT. Je remercie Monsieur Bernard Gibout de l’association minéralogique et paléontologique de Bogny-Sur-Meuse pour sa disponibilité, la mise à disposition de documents très spécifiques et pour m’avoir permis de vérifier mes informations concernant le sol ardennais. Je remercie les personnes du PNR et du Conservatoire des Espaces Naturel de Champagne-Ardenne que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors d’événements. Enfin il y a nombre de personnes que j’aimerai remercier pour le soutien qu’ils m’ont apporté (consciemment ou non) par leur présence cette année. Tout d’abord mes parents, ma petite soeur Jessica ainsi que Loïc. Mes amis de l’école: Adeline, Hugues, Kévin et Julien. Mes amis de la danse: Valérie, JB, José, Béa et Joël, Romain..... 3


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INTRODUCTION AU SUJET 8

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SOMMAIRE

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2.Formulation de l’hypothèse générale, du fil directeur

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3.L’impact de la carte de révision des implantations de la défense sur le site de charlemont

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4.Quel fort pour demain?

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5.Extrait de textes support de réflexion autour du sujet

AU BOUT DU MONDE ET MALGRÉ-TOUT AU COEUR D’UN PAYS 18

1. Les ardennes aux portes de l’ardenne

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2. Echanges transfrontaliers

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3. Territoire fortifié

REGARDS CROISÉS SUR UN TERRITOIRE DE POTENTIELS 30

1.Saisir l’essence d’un paysage fuyant

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2.Géologie et stratégie orographique

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3. L’eau: scénographie d’une ressource indomptable

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4.Une sylve ardennaise aux multiples visages.

RECONQUÉRIR UN TERRITOIRE EMPREINT DE STRATÉGIE 56

1 Anthropisation stratégique

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2.Apogée de la fortification militaire, stratégie d’affirmation de la puissance politique d’un pays, d’un royaume

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3.Du territoire mené par la stratégie militaire à un territoire stratégique pour le développement économique.

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4. A la recherche d’un nouvel équilibre entre la préservation du patrimoine et le développement économique

PRENDRE LES FORTIFICATIONS 88 90 118

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1.Charlemont: l’éperon fortifié de la pointe 2.Comprendre l’esprit du site 3. État des lieux

VERS LE PROJET 150 152 154

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1.Pourquoi être allée dans les confins ardennais?

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1.Diagnostic et intentions de projet 2.Programmes 3.Orientations de projet

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CONCLUSION

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ANNEXES

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GLOSSAIRE

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BIBLIOGRAPHIE


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INTRODUCTION AU SUJET 1.POURQUOI ÊTRE ALLÉE DANS LES CONFINS ARDENNAIS? 2.FORMULATION DE L’HYPOTHÈSE GÉNÉRALE, DU FIL DIRECTEUR 3.L’IMPACT DE LA CARTE DE RÉVISION DES IMPLANTATIONS DE LA DÉFENSE SUR LE SITE DE CHARLEMONT

4.QUEL FORT POUR DEMAIN? 5.EXTRAIT DE TEXTES SUPPORT DE RÉFLEXION AUTOUR DU SUJET

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1.POURQUOI ÊTRE ALLÉE DANS LES CONFINS ARDENNAIS?

Dans la recherche du sujet d’étude, il n’y avait en moi aucune volonté d’aborder une thématique particulière, trop souvent révélatrice de tendances, d’intérêts généralisés. Juste l’envie de travailler dans les Ardennes. Tous les ardennais sont attachés à leur paysage, à leur territoire, même si, lorsqu’ils en parlent c’est parfois avec une pointe d’amertume voire d’aversion. De l’extérieur, c’est tantôt une vallée verte appréciée pour ses grands paysages, tantôt un territoire meurtri par le climat et le déclin industriel. C’est un territoire de caractère et de contradictions parfois difficile à comprendre et à apprécier. C’est dans l’optique de pouvoir découvrir et faire redécouvrir un espace trop souvent affligé par cette vision mitigée, que le périmètre de prospection a été défini en Ardenne. De manière assez fortuite, je me suis alors dirigée vers la vallée de la Meuse pour débuter la prospection de territoires aux potentiels non exploités. Et puis, au fil de ces prospections, j’ai fait la découverte physique de territoires que je ne connaissais jusque là que par les perceptions et représentations mentales que j’en avais, à travers la géographie, les paroles de personnes qui m’entouraient...Chaque territoires, villes, ou espaces auraient pu faire l’objet de projets tant il y a de choses à découvrir et redécouvrir ici. Mais mon regard s’est arrêté sur le territoire givetois pour ses paysages d’une beauté presque brute, avec la sensation qu’il y avait quelque chose ici d’important, susceptible de bouleverser cette image de bout du monde qu’on lui prête parfois. Impressions et sensations issues des premières prospections de sites. En complétant cette prospection par des recherches plus approfondies et des rencontres avec les acteurs locaux, j’ai fait la connaissance de Charlemont : le fort surplombant la ville et la plaine de la Famenne. Le choix de ce site d’étude me donnait non seulement l’opportunité de travailler sur un espace proposant de réelles questions liées à la reconversion mais également l’opportunité de découvrir et comprendre ce territoire, et de plonger dans l’histoire de la stratégie militaire – Dévoiler le paysage par la stratégie.

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2.FORMULATION DE L’HYPOTHÈSE GÉNÉRALE, DU FIL DIRECTEUR Si je me suis attardée quelque peu sur ma démarche d’approche et de prospection du site, c’est parce qu’elle a influé et orienté ma vision et permis la formulation de l’hypothèse générale de l’étude. « A la reconquête d’un territoire au bout du monde – Le fort de Charlemont » pose évidemment le fort comme élément au bout du monde. Cette appellation de bout du monde n’est en rien péjorative, bien au contraire il y a derrière ce mot quelque chose qui relève du singulier, de l’incongru, de la surprise et pourquoi pas de l’exotisme !Cependant il est

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vrai qu’avec les représentations mitigées de cet espace, on pourrait le percevoir comme un territoire oublié, un territoire ennuyeux. Dans ce cas, partons à la re-conquête de ce territoire que l’on nomme « bout du monde », afin de découvrir autrement le territoire dont on parle. Il s’agira dans un premier temps de situer le territoire dont on parle, saisir les grandes forces qui émanent de ce territoire. La reconquête, c’est aussi redécouvrir et s’approprier le site, comprendre comment les composantes paysagères ont contribué à donner un certain type de paysage. Comprendre comment

l’Homme a utilisé ce terrain particulier. C’est la compréhension de ces potentiels et stratégies qui permettra de diriger la découverte du site de projet.


3.L’IMPACT DE LA CARTE DE RÉVISION DES IMPLANTATIONS DE LA DÉFENSE SUR LE SITE DE CHARLEMONT 2009 Fermeture du Centre d’Entraînement Commando (CEC) de Givet Contrat de Redynamisation des Sites de la Défense (CRSD) (1) Diagnostics territoriaux menés par Deloitte (2009) (2) Action à long terme: Appel à projet international (3)

Infructueux

+

Action immédiate: création d’une ferme photovoltéique (3)

Août 2011 la Communauté de Communes Ardenne Rives de Meuse a officialisé son intention de reprendre le fort (4)

Infructueux

Confier l’exploitation à un porteur de projet intéressé (projet soumis à validation du conseil) (5)

Piste de reconversion envisagée par le porteur de projet: - Création d’un parc de loisirs sportifs (VTT, paintball, lasertag...) - Visites historiques sur la partie surplombant la ville. - Espaces de vie à l’intérieur du fort: galeries, restauration, conférences...

Réalisation d’un diagnostic environnemental - Évaluer les potentialités ou non du site à accueillir le projet. - Étude de mesures compensatoires possibles. (diagnostic débuté en janvier 2012 et s’achevant en janvier 2013)

Début d’exploitation envisagée pour 2013 10


(1) CRSD: initié par l’état, il met en valeur les points positifs et négatifs liés au fort et à sa position géographique sur le territoire en vue de proposer des pistes de reconversions possibles et une aide aux collectivités touchées par la perte de nombreux emplois liés à la défense.

(2) Diagnostic territoriaux: Une évaluation de plusieurs scénarii de reconversion a été réalisée afin d’orienter et d’aider les porteurs de projets potentiels (parc de loisir/thème, centre sportif, centre de réception, musée, hôtel de luxe, et urbanisation) (3) Finalement, le projet de création d’une ferme photovoltaïque s’étant révélé peu rentable après évaluation de la surface disponible (selon l’étude environnementale) et de la chute du prix de revente du KW/h à EDF, le fort a ensuite été proposé à la vente. Tentative infructueuse aussi (4) Aujourd’hui, l’état envisage la cession au titre de l’euro symbolique à une collectivité locale intéressée. Ce fort représente certes une part importante de l’histoire de la ville, mais derrière se cachent de nombreuses contraintes : classé à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, inclus dans le périmètre de nombreuses zones de protections environnementales, vétusté de certains ouvrages, contraintes de sécurisation du site au public... les collectivités locales se montrent concerné autant qu’inquiètes par ce « cadeau empoisonné » (5) Conseil composé entre autre: - de la DREAL (Direction Régionale de l’équipement de l’Aménagement et du Logement) concernant la compatibilité du projet avec les contraintes environnementales. - de l’A.B.F (Architecte des Bâtiments de France) compatibilité avec les contraintes patrimoniales du site - la préfecture...

Ce que je retiens de cette longue route, ce sont les nombreuses contraintes du site ainsi que les démarches de reconversion qui finissent par cloisonner et réduire ce vaste projet à une ré-occupation. Si j’essaie de formuler la question posée au vue des démarches réalisées, on a : quelles structures- équipements - compatibles avec les différentes contraintes du site peuvent être développés dans le but de redynamiser le territoire ? Cependant, il me semble que la reconversion du fort ne devrait pas seulement être une question de réoccupation ou de redynamisation du territoire mais devrait être appuyée par un réel projet de territoire. Dans ce projet de territoire, les composantes paysagères et historiques sont les deux outils principaux d’actions qui ont établi ce site comme stratégique. La question qui doit se poser est liée à l’image que le site doit porter - et ce, bien au delà des propres frontières du site - dessinant et valorisant non seulement le fort- fort en tant que site indépendant- mais également l’image de la ville- lien fort/ville/territoire- auquel il est étroitement lié. Quelle(s) image(s) et quelle(s) fonctions doit porter le fort ? Sur quelle échelle ? C’est dans la volonté d’apporter ma contribution à ce projet vaste et complexe que je me placerai en tant que paysagiste-stratège.

(voir dans le glossaire pour les mots soulignés) 11


4.QUEL FORT POUR DEMAIN? Premières piste de réflexion et intention de projet

Quand on parle de reconversion, on évoque assez rapidement les questions liées à la ré-occupation à la ré-affectation d’usages. Mais au delà de ces aspects qui ont plus trait à une finalité d’actions qu’à de réels enjeux se pose la question de l’image que devrait porter un tel site. Ne serait-ce que lorsque l’on parle du territoire, on pose la question des échelles d’action. Le fort, de par son passé historique propose probablement un rayonnement bien plus grand que la simple plaine givetoise. À quelle échelle se place-t-on pour envisager la reconversion du site? Quelle place occupe le fort dans le grand territoire? Est ce que sa position parmi les autres sites de la défense le place en tant que site d’importance ou non? En d’autres termes: en quoi est il nécessaire d’envisager sa reconversion ou de ne pas le faire? De même, cette reconversion pose la question de la composition urbaine. Hier, absent du Plan Local d’Urbanisme pour des raisons liées au secret militaire, demain il sera réintégré en partie (ou complètement?) dans le droit commun. Cela suppose de définir la place et le rôle qu’il doit jouer dans la stratégie de construction et de développement du territoire. Espace isolé (autonome) ou rattaché à la ville basse (absorbé) ? Espace structurant ou espace structuré par la péri-urbanisation ? Quelle image, quels liens urbains et rapport de force doit-il y avoir entre le fort et la ville ? Finalement ces premières questions m’ont permis d’envisager des pistes d’action, de formaliser les premières intentions. Ce sont ces intentions et également les questions qui s’y rapportent qui me permettent d’orienter mes recherches, de définir un angle d’approche de cette étude. Toutefois, il ne s’agit ici que de grandes lignes directrices ressortant des premières impressions. L’étude de ces éléments permettra de conforter ces possibilités ou d’en définir d’autres.

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Identifier le fort de Charlemont comme partie d’une entité militaire plus vaste

Rattacher ce site militaire au réseau des sites militaires auxquels il est rattaché par l’histoire. Faire comprendre les enjeux et les contextes qui portent ces constructions, symboles aujourd’hui d’identification d’un territoire particulier. Trouver une zone de rencontre commune, une unité dans ce collier de fortification qui puisse être lisible.

Les

fortifications comme affirmation d’une orographie

stratégique et particulière?

Dessiner les frontières d’un paysage plutôt que d’un territoire géopolitique. Identifier les espaces stratégiques : limites, rupture, isolement, promontoires....les définir comme outils de composition du territoire (autant urbain, que culturel, industriel, agricole, militaire...)

Les trois Givet: Givet-Charlemont comme nouvel espace de vie? Donner de la valeur à cet espace en le considérant comme un nouveau quartier. Un quartier certes plus petit que ne le sont Givet Saint-Hilaire et Givet Notre-Dame, mais un quartier dans sa fonction, dans son organisation. Dessiner une nouvelle manière de vivre en profitant de toutes les qualités intrinsèques que le site propose.

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5.EXTRAITS DE TEXTES SUPPORT DE RÉFLEXION AUTOUR DU SUJET

Afin de faire progresser cette notion d’image, dans sa définition comme dans sa formalisation spatiale future, j’ai recueilli ici quelques propos relevant de sites militaires. Ces extraits sont pour moi comme des sortes de guides, objets de réflexion auxquels je me référerai dans toutes les étapes du projet (corpus de texte, analyse, projet...), comme des phrases, des mots clés à la conception comme à la formalisation d’idées dans mon travail de mémoire et de projet. J’ai l’impression que certains mots qui ne pourraient évoquer ici encore que des constats trouveront une force particulière dans le projet.

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« Les militaires ont utilisés ces sites comme vecteur d’identité (histoire, traditions, ordre et grandeurs non ostentatoire) à travers une architecture qui restitue la mémoire des lieux et des hommes, perpétue rationalité, rigueur, simplicité. » Nicolas Faucherre : à propos des fortifications « dialogue entre les moyens d’attaque toujours plus performant et des moyens de défense qui y répondent toujours avec retard. » Sous Louis XIV : « Fortifier, c’est construire l’état » Pour Richelieu, les fortifications contribuent à : « asseoir le royaume dans ses frontières naturelles » « Les nombreux ouvrages sont finalement les marqueurs des frontières, les repères territoriaux et marqueurs d’identités. De même, de part leur proportion,les ouvrages militaires sont une présence forte urbaine dans les villes. » Patrimoine militaire Max Querien : « rendre à la population une expression architecturale significative sur le terrain de l’histoire, voire même des savoir-faire, des métiers, des rapports sociaux ». dans Pour une nouvelle politique du patrimoine(la documentation française, remis au ministre de la culture) Patrice Beghain : « L’urgence de trouver de nouvelles ressources, par le biais du tourisme, la concurrence d’images entre ville, entre département, entre régions pour séduire les investisseurs sont aujourd’hui le plus sûr garant du consensus autour du patrimoine » dans Le patrimoine : culture et lien social , presse Sciences-Po, 1998

Alain Montferrand: « Les sites fortifiés sont indéniablement un des atouts de notre développement touristique, notamment dans les régions de l’Est de la France et des Alpes, moins bien partagées que d’autres en matière de patrimoine, de soleil ou de plages. » dans La pierre d’angle, n°24, décembre 1998 Marie-Paul Arnauld, Conservateur général du patrimoine : « Structuration des paysages frontaliers dans l’édification d’un patrimoine qui marque définitivement nos montagnes comme nos rivages et surtout, qui ordonnance nombre de rues et de ville »[...] « regards neufs sur le patrimoine qu’il faut comprendre et expliquer, mais aussi préserver, valoriser et insérer dans les problématiques actuelles .» Max Polonovski, Conservateur en chef du patrimoine et directeurs du musée de plans et reliefs : « il faut s’adapter à l’esprit qui a prévalu lors de la conception de cette architecture dont le caractère formel répétitif et et normalisé requiert des solutions audacieuses »[...] « Déjà quinze millions de visiteurs fréquentent en France les monuments et musées militaires alors que peu d’efforts de promotion sont faits. » Bernard Derosier, Président du conseil Général du Nord, Député du Nord : « Chapelet de villes fortifiées, sentinelles survivables du « Pré-Carré » œuvre majeur de Vauban, dont la trace marque encore, ici plus qu’ailleurs, le paysage urbain et révèle toute sa force à l’échelle du territoire »

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AU BOUT DU MONDE ET MALGRÉ TOUT AU COEUR D’UN PAYS

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1. LES ARDENNES AUX PORTES DE L’ARDENNE 1. Une position géographique stratégique et pourtant une distribution territoriale lacunaire 2.Noirceur de l’industrie dans un écrin verdoyant ou ardennes insaisissables.

2. ECHANGES TRANSFRONTALIERS 1. Un potentiel de l’autre côté de la frontière 2. acteurs territoriaux impliqués dans la valorisation de ce territoire.

3. TERRITOIRE FORTIFIÉ

Pour certains, positionner les Ardennes en France peut sembler un exercice assez complexe malgré la Pointe très accentuée du département qui vient indéniablement l’affirmer dans son territoire et dans le territoire belge voisin. Pour nombre de gens qui y sont allés, en visite, en vacances... la pensée dominante relate l’immensité de la forêt: un pays vert enchanteur au relief tourmenté, une terre et des habitants accueillants et bien sûr le sanglier son emblème. Mais lorsque l’on possède assez de recul sur le temps, cette terre verdoyante se transforme parfois en une vallée industrielle déchue suite à la crise initiée dans les années 1970; un territoire isolé, un bout du monde. Une appellation péjorative que les habitants de la Pointe, du centre ou du sud se targuent bien de se renvoyer. 17


1. LES ARDENNES AUX PORTES DE L’ARDENNE 1. Une position géographique stratégique et pourtant une distribution territoriale lacunaire

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Outre ces images et représentations mitigées évoquant à leur manière un territoire lointain, la réalité géographique place quant à elle ce territoire au coeur de l’Europe. Non loin de grandes villes d’influence, comme Bruxelles capitale européenne. Pourtant on parle d’isolement des problèmes que pose l’équipement. Il y a encore 10 ans, ni le TGV ni l’autoroute n’arrivait à Charleville. Aujourd’hui la fameux « Y » ardennais devrait donner une liaison autoroutière vers la Belgique en passant par l’Ouest de la Pointe. Ajouté à l’arrivée du TGV, c’est une nouvelle distribution du territoire qui s’amorce. Tant en ce qui concerne la périurbanisation croissante du Sud de l’Ardenne que le tourisme qui va être influencé par ces voies toujours plus rapides. Dernière commune avant d’entrer en Belgique par le Nord du département, Givet, devrait quant à elle rester en partie à l’écart si l’on s’appuie toujours sur l’équipement. La commune où se situe le projet est desservie par un axe de passage secondaire, équidistant de 30km des deux plus proches autoroutes et par la route longeant l’axe mosan. A l’écart du grand réseau viaire, oui, mais à l’écart aussi des grandes questions urbaines induites par ces infrastructures monstres. Et finalement, dans le site que l’on découvrira un peu plus tard, l’isolement du grand viaire n’est que bénéfique! Ce maintien en partie dans l’isolement donne à ce site tout son caractère. Qui n’a pas rêvé un jour de découvrir une ville (ou dans une commune semi-rurale) diminuée de l’impact routier ? Et si le véritable atout demain pour la pointe de Givet c’était au contraire d’être isolé dans sa plaine , retranchée dans sa plaine? D’autant plus que le réseau viaire n’est pas le seul moyen d’accéder à Givet. Il reste le chemin de fer dont la liaison avec Dinant n’existe plus à ce jour mais est à l’étude entre les deux pays. Givet, terminus aujourd’hui, lieu de passage entre Reims et Bruxelles demain! La Meuse est une porte ouverte sur le développement économique et touristique vers le nord de l’Europe. Aujourd’hui le port fluvial assure cette ouverture du département sur l’Europe en matière économique. Demain l’ouverture sur le Nord sera aussi touristique via les différents projets transfrontaliers qui voient le jour. A noter aussi que ce fleuve remontant jusqu’au Pays-Bas est d’un atout majeur lorsque l’on sait que ces pays sont en majeur partie liés à l’utilisation du fleuve. Touristes, industriels...Côté français l’utilisation du fleuve comme moyen de transport reste encore timide et notamment pour la partie touristique alors que c’est là qu’elle devrait exprimer tout son potentiel. Quelle meilleure manière existe t-il de découvrir les puissants reliefs ardennais et le calme de la sylve que par l’eau? Givet, un territoire difficilement accessible par le réseau viaire mais un véritable atout via le réseau fluvial qui relie le département au Nord de l’Europe. 19


2.Noirceur de l’industrie dans un écrin verdoyant ou ardennes insaisissables.

Chevalement, ancien site ardoisier, Rimogne

Musée de l’Ardoise, Rimogne

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Même si la vision noire de l’industrie et verte du paysage reflètent bien une part de vérité: la vision réelle de ce territoire est loin d’être binaire, surtout dans les Ardennes, monde de contradictions, de surprises...presque insaisissable. La crise industrielle de 1970 ayant marquée les pays du Nord et de l’Est n’a pas épargné non plus la Champagne-Ardenne (bémol pour l’Aube) qui affiche depuis cette date une diminution continue de la population. Les entreprises elles-aussi ont fermé tour à tour laissant de nombreux vides dans l’espace urbain ou à proximité. Dans cette histoire noire de l’industrie, la Pointe des Ardennes a, semble-t-il pu tempérer cette crise grâce a la construction de la centrale de Chooz A en 1962 (raccordée au réseau en 1967, arrêté en 1991, en démantèlement jusqu’en 2020 2025)et à la création d’un centre d’entraînement commando sur le fort de Charlemont dans cette même année. Longuement discutée, la construction de la centrale Chooz B en 1984 et 1985 a, elle aussi su mener les chiffres de la population de l’INSEE (pour Givet) à la hausse et maintenir ce territoire attractif malgré le chômage et les nombreuses fermetures alentours qui continuent encore aujourd’hui. 2000: fermeture de Cellatex, 2008 pour Gascogne, 2009 pour le CEC...et d’autres en vue avec la réorganisation de l’administration. Tout n’est pas pour autant noir dans les Ardennes comme dans la Pointe. Le territoire change rapidement sous l’influence de grands projets initiés ces dix dernières années par différents acteurs, autant locaux que régionaux, nationaux ou encore européens et que nous verrons par la suite.


Mont Malgré-Tout, Revin

Usines, Revin

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L’Ardenne

L’autre réalité, c’est la vision aujourd’hui d’un territoire verdoyant agréable qui s’étend cette fois-ci au-delà du département dans le massif géomorphologique de l’Ardenne. Notons au passage la nuance entre Ardennes et Ardenne. Le « S » distingue le département que l’on dit parfois composé de trois ardennes du Nord au Sud en référence à la géologie: massif ardennais au Nord séparé du bassin parisien par les crêtes préardennaises. Ou bien on compte dans les Ardennes encore autant de pays en long, c’est-à-dire d’Est en ouest: Thiérache, Porcien, Argonne... L’Ardenne quant à elle relève de la formation géomorphologique que l’on découvrira plus tard dans la partie consacrée aux potentiels du territoire. Mais dans cette Ardenne aussi, encore de nombreux pays, nombreuses légendes et histoires. Mais lorsque l’on parle d’Ardenne, toujours on évoque son relief montagneux érodé, ses plateaux, sa sylve dont les clairières urbaines viennent en dessiner les limites, la Meuse bien sûr, avec ses nombreux vallons et méandres...et tant d’autres choses que l’on ne peut nommer. La prégnance du relief donne à cette entité toute sa grandeur, dans laquelle la sylve vient en complément dessiner et isoler de nombreux pays nous faisant imaginer un territoire probablement plus grand que ce qu’il n’est. Comme si il n’existait pas un, mais plusieurs bouts du monde. Si Givet est un bout du monde, ce n’est donc pas seulement aux confins des Ardennes mais c’est aussi au coeur de l’Ardenne. Il est bout du monde parce qu’il est d’Ardenne.


2. ECHANGES TRANSFRONTALIERS 1. Un potentiel de l’autre côté de la frontière

Boucle de Frahan depuis Rochehaut

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Sources: internet:ts-creative.net Sources: internet: skynet.be

Château de Bouillon

Ham-sur-Lesse

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On l’a vu, Givet, est une péninsule française en Belgique, un territoire enclavé que parfois le coeur du département à tendance à oublier faute de connaissances, pour cause d’éloignement dans le territoire...Et en sa qualité de commune frontalière, de site d’Ardenne et d’autres liens avec la Belgique, la Pointe à d’autant plus intérêt à renforcer son image de ville touristique semirurale mosane. Contrairement à la France, la Belgique a d’ores et déjà compris et exploité les atouts que l’Ardenne pouvait offrir en matière de développement territorial. Tant et si bien que les Ardennes belges sont très bien réputées aujourd’hui, autant dans l’offre touristique familiale mettant en avant les activités de nature (parcours aventure, visites de grottes, randonnées, descentes en canoë) que pour le tourisme de luxe dans des sites somptueux perchés sur les falaises (Ham-sur-Lesse). Un tourisme qui parfois peut être hivernal grâce aux pistes de ski de fonds. Les ardennes belges attirent de nombreux visiteurs que ce soit pendant la période touristique ou en dehors où l’on va plutôt rencontrer les riches flamands en week-end dans la région wallonne. A proximité de cet espace largement reconnu, la commune de Givet se positionne comme porte sur la vallée mosane française. Première ambassadrice de son département et a fortiori de son pays, elle a tout intérêt à faire parler d’elle en matière de tourisme si elle veut attirer dans ses pays les touristes du Nord. C’est un fait et un enjeu qui est bien établi aujourd’hui pour les différents acteurs territoriaux de la Pointe. Site d’importance historique majeur, Charlemont devrait jouer ici un rôle prédominant dans l’attractivité touristique. Une reconversion à la hauteur du site devrait permettre d’ouvrir une porte monumentale sur la vallée de la Meuse aux touristes du Nord.


2. acteurs territoriaux impliqués dans la valorisation de ce territoire.

Forts de leurs ressources et préoccupations communes, les Ardennes et l’Ardenne montrent un intérêt réel à travailler ensemble à sa valorisation. Du programme européen de coopération transfrontalière aux associations, en passant par l’Établissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI), de nombreux acteurs prennent part à la vie du territoire. La reconversion de Charlemont nécessite de porter à connaissances les différents intérêts et enjeux portés par ces acteurs. Il y a peut être d’autres problématiques, enjeux que pose cette reconversion. Peut être des connexions à établir entre Charlemont et le territoire Programme européen de coopération transfrontalière : INTERREG IV (programmation 2007-2013) agit à trois échelles de territoire différentes afin de renforcer les échanges économiques et sociaux entre le Nord-Pas de Calais, la Champagne-Ardenne, la Picardie en France et la Wallonie et la Flandre en Belgique. « Mettre en synergie les potentialités de la zone de coopération transfrontalière afin de favoriser un développement durable, coordonné et intégré des régions concernées au bénéfice des populations frontalières: Favoriser le développement économique de la zone par une approche transfrontalière, cohérente et intégrée. ; 24


Développer et promouvoir l’identité du territoire transfrontalier par la culture et le tourisme; Renforcer le sentiment d’appartenance à un espace commun en améliorant l’offre et en facilitant l’accès aux services transfrontaliers.; Dynamiser la gestion commune du territoire par un développement durable, coordonné et intégré du cadre de vie. ». http://www.interreg-fwvl.eu

PNR: Parc Naturel Régional de Ardennes La labellisation PNR est prise par arrêté et délimite un périmètre à l’intérieur duquel les acteurs s’entendent à la définition d’une charte commune. Le but donné ici est de « fédérer et coordonner un nouveau développement durable et sensibiliser visiteurs, habitants et touristes potentiels en prenant appui sur ces richesses qui se conjuguent au pluriel. » Rapport de Charte du PNRobjectif 2023. CCARM: Communauté de communes Ardennes Rives de Meuse: L’EPCI intégrant dans son périmètre la commune de Givet développe comme les autres acteurs du territoire des objectifs de développement orientés vers l’attractivité sociale, touristique et économique du territoire. Les objectifs du PNR et de la CCARM ne sont pas si différents dans la volonté commune de rendre ce territoire plus attractif, et pourtant dans la réalité, ces objectifs se déclinent parfois sous différents objectifs. Pour l’un, Charlemont devrait être résolument un ambassadeur vert du territoire, un parc alors que pour la communauté de communes cette reconversion ne devrait pas sanctuariser le site et empêcher le développement économique. Ces deux aspects devrait être vus en termes de possibilités et de programme et non en tant que divergences d’objectifs territoriaux. Et si Charlemont pouvait permettre de répondre à ces deux objectifs? D’importance complémentaire, des réseaux associatifs et touristiques existent de part et d’autre de la Frontière et permettent de renforcer son attractivité voir même de rêver à une grande unité paysagère (plutôt que territoriale). Citons l’existence d’un réseau cyclable d’ampleur: le Réseau Autonome des Voies Lentes (RAVeL) combiné à son homonyme français la Voie verte TransArdennes (à Givet). Les deux réseaux participant au projet du REVER (Réseau Vert Européen) permettent ainsi de relier le Nord de la Wallonie à CharlevilleMézières (et bientôt Mouzon) sur un itinéraire le long de la Meuse. La reconversion de Charlemont: un projet transfrontalier lié au tourisme, à la valorisation des ressources naturelles qui vient renforcer l’offre touristique existante.

RAVeL et Voie Verte Trans-ardennnaise

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3. TERRITOIRE FORTIFIÉ

Sources: Internet

Les Ardennes et a fortiori les départements frontaliers du Nord et Est de la France ne nous parlent pas uniquement au travers de la crise industrielle de 1970 ou des paysages verdoyants, ils évoquent aussi les guerres, les destructions, un territoire meurtri. Et derrière ces destructions massives subsiste un patrimoine militaire parfois peu ébranlé (considérant les guerres et l’oeuvre du temps). La frontière est un territoire fortifié vaste dont on a pris conscience aujourd’hui. Ce ne sont pas des ouvrages isolés les uns des autres, mais des lignes constituées de places fortes si l’on se réfère à Vauban et au XVIIème pour cette étude. Chaque ouvrage occupe une position stratégique dans le territoire mais aussi sur les lignes du « Pré-Carré de Vauban ». Chacune des places fortes raconte une histoire différente et en même temps liée à ses voisines comme on le verra par la suite. Les fortifications de Givet font partie de cette histoire et occupent une position stratégique double. Elles sont à un carrefour stratégique entre l’extrémité Est du réseau Vaubannien et en même temps sur la ligne de fortification de la Meuse. Son histoire récente la relie à Vauban tandis que son architecture est celle des citadelles mosanes de Wallonie: Dinant, Namur.

Citadelle de Dinant

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Sources: VAUBAN, bâtisseur du Roi-Soleil

Sources: Internet

Citadelle de namur


Sources: Internet

La question de la reconversion et de la valorisation de citadelles militaires a été initiée bien avant sur d’autres territoires, comme par exemple la ville de Namur qui a récupéré ce patrimoine pour le dédier à son peuple à la suite de son déclassement militaire en 1891. Pour les villes du Nord de la France la reconnaissance de ce patrimoine a été plus tardive mais est aujourd’hui au cœur des préoccupations. « En 1995, la France retient, sur sa liste indicative des dossiers de candidature au Patrimoine Mondial, les fortifications du nord de la France, correspondant au Pré Carré de Vauban. » http://www.septentrion-nwe.org

Sources: Galichet

Fortifications de Rocroi

Fort de Charlemont

L’association régionale des villes fortifiées du Nord Pas de Calais prend alors les initiatives pour constituer le dossier de candidature et lier au projet des villes fortifiées en Belgique (dont Namur, Liège et Charleroi non loin de Givet) et au Pays-Bas. Cette ambition d’échelle européenne est intitulée « Septentrion de la ville forte à la ville durable: son ambition est de concevoir un modèle vivant, évolutif et transférable de la ville durable, fondé sur la valorisation et l’appropriation par les habitants de leur patrimoine monumental, naturel et http://www.septentrion-nwe.org immatériel. » La reconversion qui débute à Charlemont devrait pouvoir être reliée aux grands projets à l’étude dans le Nord de la France. Son rayonnement et sa compréhension dépasse le simple ouvrage à l’échelle du territoire givetois: il est européen. Sans ce rayonnement et cette mise en relation, c’est l’ouvrage de Vauban qui perd de sa valeur et de sa puissance.

RETOUR SUR LES CONTEXTES Cette partie nous a permis de dresser les contextes généraux de l’étude, le positionnement de Givet et à plus forte raison celle de Charlemont. C’est un territoire aux nombreuses ressources induites par sa position stratégique, à la frontière entre deux pays et non loin de grandes capitales européennes. À Givet, c’est la Meuse plus que le réseau viaire qui la relie à son département et au Nord de l’Europe. C’est aussi une geomorphologie et une histoire commune qui fédèrent des acteurs autours d’une volonté commune: celle de valoriser son identité et ses ressources au delà des frontières. Quant à la place forte de Charlemont qui fait preuve d’autant de richesses et de complexités, nous avons pu identifier le territoire dans lequel elle s’inscrit ainsi que quelques enjeux en lien avec les partenaires territoriaux. Sa position de carrefour entre deux lignes de fortifications lui ouvre un rayonnement important vers le Nord de la France et le Nord de la Meuse. Quand à sa reconversion elle devrait être en lien avec le grand projet SEPTENTRION mais aussi avec les enjeux définis par les acteurs locaux: développement économique pour le territoire et prise en compte du caractère paysager et protégé du site. Les trois mots-clés de cette étude sont: Potentiels de ressources naturelles, Position stratégique, et Patrimoine fortifié. 27


REGARDS CROISÉS SUR UN TERRITOIRE DE POTENTIELS:

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1.SAISIR L’ESSENCE D’UN PAYSAGE FUYANT 2.GÉOLOGIE ET STRATÉGIE OROGRAPHIQUE 1.Un passé géologique tourmenté synonyme de richesses et de diversités paysagères. 2. Orographie stratégique

3. L’EAU: SCÉNOGRAPHIE D’UNE RESSOURCE INDOMPTABLE 1. la position particulière de Givet dans la scénographie mosane 2. Meuse: Un potentiel indomptable 3. Meuse: Paysage de Brumes

4.UNE SYLVE ARDENNAISE AUX MULTIPLES VISAGES. 1.Couleurs d’Ardennes 2.La sylve: outils de composition pour un paysage stratégique.

François-Georges, Histoires personnelles de France : « Les Ardennes sont des montagnes théâtrales: elles donnent le sentiment de la hauteur par une sorte de mise en scène... Quand on descend de cette ensorcelante contrée, on a l’impression d’atterrir à Charleville. » Ici commence la découverte des terres d’Ardenne. Découvrir dans cette vaste Ardenne, un territoire particulier. Identifier la manière dont il se détache ou se lie à sa grande région géo-morphologique. Définir les limites. 29


1.SAISIR L’ESSENCE D’UN PAYSAGE FUYANT

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La vallée de la Meuse nous dit-on est un long couloir étroit sillonnant l’Ardenne, pris dans les reliefs torturés d’un pays où les forêts bleues, sombres et profondes content leurs légendes, et désorientent les voyageurs. Et pourtant l’Ardenne ne saurait être peinte uniquement par cette tonalité tant il existe en réalité de couleurs et donc de pays qui la compose. L’Ardenne est une et multiple à la fois mais elle se lit également non sans une certaine dichotomie. Fuyante et disponible. Glaciale et brûlante, accueillante et rustre à la fois...

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Depuis CharlevilleMézières (préfecture des Ardennes), arpentant la vallée de la Meuse vers le Nord, on se laisse petit à petit submerger par la forêt. Théatrale, d’un vert tendre marginé de vert foncé aux reflets bleutés, elle semble fuir toujours d’avantage vers le Nord, son horizon sculpté par l’hydrographie mosane. Mais jamais l’horizon n’est atteint. Ce n’est qu’une suite de détours habilement rythmés, une course effrénée, ralentie par des obstacles naturels : une roche, une rupture de pente... Les méandres s’allongent. Le paysage s’ouvre enfin : la plaine givetoise.

Une respiration dans le couloir mosan fuyant. Mais ce n’est pas seulement une rupture dans le rythme mosan, c’est aussi un autre visage de l’Ardenne. La palette de couleur a changé. On perçoit une force de caractère dans ce paysage encore très complexe à appréhender aux premiers regards. Mais tout semble concourir à offrir un paysage presque exogène à l’Ardenne-Ardenne que l’on peint des couleurs bleues et froides du lointain- et au climat continental. Ici, les ambiances et les couleurs chaudes nous transportent dans une autre contrée...le soleil y est perçu beaucoup plus intense. Une impression d’ailleurs.


2.GÉOLOGIE ET STRATÉGIE OROGRAPHIQUE 1.Un passé géologique tourmenté synonyme de richesses et de diversités paysagères.

Les premières impressions sur ce paysage ont permis de définir le relief et la topographie comme éléments structurant l’organisation du territoire. L’Ardenne, des terrains anciens et tourmentés. Pour les Ardennes, la première roche qui nous vient à l’esprit, c’est le schiste. Sa couleur bleue, verte à violette, image d’une richesse patrimoniale issue de l’exploitation des ardoises dans de nombreux sites ardennais (proches de la vallée de la Meuse (Fumay, Château-Regnault et Bogny-Sur-Meuse) et sur le plateau (Rimogne). Plus timidement derrière l’ardoise viennent le Calcaire de Dom (jaune-façades de la place Ducale) et le Calcaire de Givet (bleu à noir). Si au niveau départemental le calcaire de Givet est moins reconnu, parfois oublié derrière le schiste et sa dimension culturelle; au niveau de l’Ardenne, elle trouve un autre terrain d’accueil, de l’autre côté de la frontière. Avec une autre roche calcaire dure et sombre nommée pierre bleue du Hainaut, elles dictent à elle deux, une identité urbaine en lien directe avec la géologie. Comprendre la géologique c’est donc comprendre ici l’organisation du territoire, sa richesse et la position de ce territoire comme point particulier et stratégique dans le département mais aussi dans son massif. Commençons déjà par préciser que la plupart des grandes étapes de la formation géologique de ce territoire a eu lieu durant l’ère primaire, ce qui fait de l’Ardenne un massif très ancien. (échelle stratigraphique en annexes Géologie)

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450 millions d’années : Orogenèse calédonienne Sous l’action d’une activité tectonique compressive, le continent dit des « Vieux Grès rouges » subit une surrection et des failles apparaissent. Aujourd’hui, le massif de Stavelot en Belgique, le massif de Rocroi (schistes et ardoises) et de Givonne dans le département sont parmi les plus anciens massifs de l’Ardenne mais aussi de la France. On comprend alors l’engouement pour cette roche, en dehors du simple facteur anthropique. (carte de synthèse page suivante)

Pricipes de formations du territoire

Calcaire récifaux

Autres coquilles du Givétien Sources: Guide géologiques régionnaux - Ardenne Luxembourg

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417 millions d’années : Transgression marine A la fin du Silurien et pendant toute la période du Dévonien et une partie du Carbonifère, la transgression marine entraine l’accumulation de nombreux matériaux : d’abord détritiques (issus de l’altération des roches en surface) puis à faciès terrigène(grès, poudingues, schistes que l’on observe respectivement à Vireux, Fépin et Chooz), carbonaté (calcaire et calcaires récifaux à Givet) et de nouveau terrigène. Suivant la finesse des dépôts, la mer envahit le continent (transgression) ou se retire (régression) mais de manière générale l’ancien continent reste submergé. Aujourd’hui, la quasi totalité des affleurements de roches observables en Ardenne témoignent de la présence d’une mer et de l’accumulation de sédiments. C’est durant cette période que Givétien, Frasnien, Faménien, que l’on observe sur le site se sont déposés en strates horizontales et ont renfermé de nombreuses coquilles.


d’après Guide géologiques régionnaux - Ardenne Luxembourg

327 millions d’années : Orogenèse hercynienne

Formation du Givétien

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Fluorine

Au Carbonifère et plus particulièrement au Westphalien, une deuxième activité tectonique - entraînant la formation d’une chaîne de montagnes du Portugal à l’Ardenne en passant par les Vosges – vient plisser et failler les dernières couches sédimentaires formées (dont les calcaires à coquilles de Givet!) ainsi que le massif cambro-ordovicien (Stavelot, Rocroi et Givonne) déjà tourmentés par l’orogenèse calédonienne. Dans ces plis et failles s’engouffrent des remontées volcaniques observables par exemple à Anchamps, Monthermé, Revin... ainsi qu’un thermalisme dont on observe par exemple la Fluorine sur le plateau de Foisches. Et certaines compressions très fortes du calcaire pendant cette période ont conduit à certains endroit à le formation d’un marbre dit bioherme de marbres rouges des Flandres. Ces biohermes sont des roches beaucoup plus dures et résistantes que le calcaire dans lequel elle s’inscrit. Ce qui explique la présence de certains micro-reliefs dans la région de Givet et que l’un deux soit aujourd’hui occupé une fortification militaire: Fort Condé. Plis, failles, schistosités, dépressions, synclinaux, anticlinaux rythment de nouveaux l’Ardenne rendant le paysage actuel difficilement lisible aux yeux d’un public néophyte comme d’un public averti. L’ancienneté et la complexité de ce massif n’ont pas encore été totalement lus et compris par les géologues. Ce sont donc plus des grands principes qui sont illustrés ici sous forme de coupes.


d’après Guide géologiques régionnaux - Ardenne Luxembourg

N

245 millions d’années : Erosion Pour ne rien arranger, le début d’une phase dite continentale entraîne une forte érosion de ces terrains, laissant ainsi émerger parfois quelques terrains très anciens comme le massif cambroordovicien. Cette époque nous a d’ailleurs amené aujourd’hui à parler de plateau et de pénéplaine: plateau de Rocroi, plateau du Condroz...pénéplaine de l’Ardenne. Quant à Givet, on se situe du fait des plissements de terrain dans une dépression de la Famenne (synclinal) entre deux plateaux (anticlinaux) qui ont donné leur nom aux régions naturelles du Condroz et de la Calestienne. L’Ardenne reste émergée telle une terre insulaire tandis que ses marges laissent aux mers du Secondaire et du Tertiaire accumuler des sédiments. Les limites de ce massif géomorphologique sont posées.

2 millions d’années : Creusement du Massif ardennais. Sans pouvoir réellement dire à quelle époque la Meuse a commencé à sillonner le massif ardennais et glisser vers le Nord, on peut cependant noter que son influence la plus forte sur ce massif ancien a été daté du Quaternaire, lors de l’orogenèse alpine. Aujourd’hui, on remarque des traces de cet épisode. Par exemple, sur le chemin de crête entre Foisches et Charlemont, on observe des dépôts alluvionnaires du Quaternaire. Hier c’était une plage alluvionnaire, aujourd’hui c’est un N balcon à plus de 100m d’altitude au dessus de la Meuse ! La Meuse continue encore aujourd’hui à creuser son lit, créer des falaises abruptes dans la concavité des méandres et des plages alluvionnaires aux reliefs plus doux dans la partie convexe. Autre fait que l’on peut également noter: la continuité orographique et géologique entre Charlemont et le Camp retranché du Mont d’Haurs. C’est la même assise géologique du Givétien, même si le pendage des roches est différent à cause des failles, plis redressements...étant donné la roche dure et compacte du Givétien et les falaises très abruptes observables aujourd’hui, la Meuse ne peut avoir utilisé qu’une fragilité de la roche (issu du plissement) pour se créer une porte monumentale vers la plaine de la Famenne. 35


2. Orographie stratégique Tous ces accidents de terrain qui ont formé les reliefs de la Calestienne, de la Famenne et du Condroz si on s’attache cette fois-ci plus en détail au site d’étude nous apporte également un territoire stratégique. Aujourd’hui, on ne peut s’empêcher en tant que randonneur de gravir les sommets, les balcons de Meuse pour espérer trouver un espace d’où l’on puisse dominer. Dans un temps récent, ce territoire se dessinait sous des traits beaucoup plus stratégiques: on cherchait aussi des promontoires rocheux assurant une visibilité vers l’horizon et une position stable pour défendre. On cherchait des abris, des lieux dérobés à la vue. Et tout cela est présent sur ce territoire qui ne cesse de nous perdre et dont toujours une partie se dérobe. Le macro-relief vient poser les grandes bases de la stratégie de site. La Calestienne et le Condroz délimitent et ferment par deux portes orographiques l’espace intérieur de la Famenne où sont venus se réfugier des Hommes. Les micro-reliefs composés des biohermes de marbre rouge et de la Roche du Hulobier entre autre viennent renforcer cette grande fortification naturelle de la plaine givetoise. De même la composition orographique laisse place à d’autres espaces stratégiques: les ha-ha paysager du côté des falaises de Chooz, des territoires complètement dérobés derrière l’éperon rocheux de Charlemont, ou encore des vallées enclavées impénétrable (ou presque) comme la vallée de la Houille. Ici point de hasard, toute l’organisation est déjà presque dictée... Foisches

Falaise de Chooz Carrière des Trois Fontaines

euse La M

e

Chooz

La

us Me

Territoire dérobé de la bloucle de Chooz: ha-ha paysager

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4 2

1

1 La roche du Hulobier

3

N Haut de la carrière depuis les falaises de Chooz

4 Micro-reliefs de marbre rouge dit des Flandres, vue depuis le Fort condé

2

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Micro-reliefs renforcé par le couvert boisé, direction de Chooz

3 Carrière de pierre bleue des Trois Fontaines


d’après Guide géologiques régionnaux - Ardenne Luxembourg

N

GIVET

Fort de Charlemont

38 Fort Condé AGIMONT Nord


Par son histoire géologique riche et complexe, le site d’étude se découvre sous la forme d’un grand territoire stratégique rattaché à la Belgique et composé de nombreuses richesses et curiosités géologiques locales. La première étant la reconnaissance mondiale connue pour le stratotype du givétien.

Calcaire à corail du Givétien observé à la couronne d’Haurs dans les éboulements des constructions

Grottes de Fromelennes

Bioherme de marbre rouge dit des Flandres

Falaises de Chooz depuis le village et depuis la roche à Wagne

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Le relief tourmenté de ce territoire est riche d’histoire ancienne mais il dénote aussi, dans la dépression observée une note d’inattendue de surprises, de curiosités géologiques auxquelles on n’oubliera pas de mentionner les grottes de Fromelennes. Cette formation est digne du système karstique concernant les roches calcaires mais rare toutefois à Givet puisqu’il s’agit d’un calcaire très compact (donc peu poreux). Ce sont des richesses complémentaires d’un réel intérêt qui viennent s’additionner à la reconnaissance mondiale que connaît le stratotype du Givétien. Bien avant l’établissement de l’Homme, il y a dans ce paysage la force et la capacité de porter de puissants projets de territoire que l’on trouve dans la composition orographique stratégique du site.


3. L’EAU: SCÉNOGRAPHIE D’UNE RESSOURCE INDOMPTABLE 1. la position particulière de Givet dans la scénographie mosane

Après la forêt et le relief, l’eau génère aussi un territoire et un paysage qui établit la liaison entre les différents pays (géopolitiques et naturels) dont il faut identifier la portée dans le cadre de l’étude. Les Ardennes et à fortiori Givet sont en effet marqués par un réseau hydrographique profond, entaillant le plateau ardennais, et dessinant les paysages de la Vallée de la Meuse. La vallée de la Meuse se dessine en plusieurs séquences : à la fois par la représentation mentale au travers des légendes et des récits et du dessin du paysage observable à travers l’hydrographique et la topographique. Afin de comprendre l’histoire, la symbolique de l’eau dans les paysages de l’Ardenne primaire et la manière dont les territoires givetois viennent s’inscrire parmi ceux-ci, j’ai choisi de définir les différentes séquences paysagères de Charleville-Mézières en France à Namur en Belgique, en descendant la Meuse (ou en remontant vers le Nord).

HEER

NAMUR DINANT AGIMONT GIVET

FROMELENNES

RANCENNES LANDRICHAMPS FOISCHES CHOOZ

HIERGES VIREUX

FUMAY REVIN LAIFOUR MONTHERMÉ BOGNY-SUR-MEUSE

Givet, une séquense paysagère de L’Entre-Deux-Méandres

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N CHARLEVILLE-MÉZIÈRES


3.1.1. Les méandres torturés des légendes et récits mosans La première séquence de la Vallée de la Meuse en Ardenne se dessine au travers des légendes et récits. Récits qui puisent évidement leur origine du dessin hydrographique particulier de la vallée et qui donne cette reconnaissance unanime des paysages ardennais. D’ailleurs, lorsque l’on parle et que l’on vends l’image des Ardennes, c’est bien à travers ses légendes, ses méandres tortueux et bien sûr la fameuse « boucle de Monthermé », le cœur des Ardennes (département). Ces boucles si connues de la Meuse donne de Charleville-Mézières jusque Revin, un rythme et une force, une dynamique presque étrange. Les méandres se suivent tels des lacets enchâssant le plateau. Mais au cours des méandres les reliefs changent : chaque boucle donne lieu à de nouveaux territoires, de nouvelles villes, de nouveaux récits, emmenant toujours plus vers le lointain. C’est au fil de ce long couloir mosan encaissé, torturé et aux versants si abruptes formant un V que l’on découvre dans chaque partie convexe des méandres (la plupart des cas) les villes mosanes. La Meuse est un axe structurant. Une boucle, une ville. Une ville, une histoire. 1.Bogny-Sur-Meuse – les Quatre fils Aymon Évoquation de 4 chevaliers fuyant en Ardennes sur le dos de leur monture, le cheval Bayard à la suite d’une querelle et d’une blessure mortelle infligée au neveu de l’Empereur Charlemagne. Légende immortalisée dans Trois rochers similaires devancés par un quatrième (Bayard).

2.Monthermé – la roche à sept heures Contempler l’image d’une boucle de la Meuse, image de référence des Ardennes depuis le point de vue de la Roche à sept heures. Nom qu’elle tire du soleil qui vient la baigner de lumière à sept heures au soir.

3.Laifour – Les Dames de Meuse

Trois grandes dames du Duc de Hierges pétrifiées dans 3 montagnes pour infidélités aux chevaliers partis en croisades

4.Revin – Le Malgré-Tout

Revin, la commune connue en Ardennes pour ses trois boucles mosanes mais également pour le Mont-Malgré-Tout, magnifique rocher sillonné par les forêts intempestives et surplombant la Meuse. Un monument naturel lieu et objet d’un récit de Georges Sand.

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3.1.2. Méandres à l’abri d’un relief abrupte Passé le dernier méandre revinien, on ne parle plus de vallée profonde parce que fermée. Les lacets s’étirent, la vallée s’ouvre légèrement adoucissant alors un des versants, et repoussant ainsi les limites de l’anthropisation. Vergers, menues cultures, pâturages ou aujourd’hui plus qu’hier l’urbanisation prend le pas sur la forêt. Seul subsiste ça et là quelques méandres encore bien torturés le long d’un fleuve aux aspects fuyants. Des villes isolées les unes des autres mais situées en un point particulier et stratégique du réseau hydrographique mosan. La Meuse ici n’est plus un élément structurant mais tant à devenir un élément affleurant, synonyme de douceur 1.Fumay

Ville prise dans une anse de Meuse, isolée des autres villes par le long fil mosan mais aussi par le relief encore abrupte de la partie concave du méandre.

2.Vireux-Wallerand et Vireux-Molhain

Ici, point de méandre, mais deux villes de part et d’autre du fleuve : l’une en rive droite, l’autre à gauche au pied du mont Vireux, à la confluence avec un affluent nommé Viroin. Toujours à l’abri d’un relief abrupt.

3.Chooz-

Toujours à l’abri d’un relief et d’un méandre très marqué, bâtie sur une rive convexe plus véhémente, plus douce, le paysage s’ouvre d’avantage. Ici, c’est le passage vers une nouvelle séquence paysagère que l’on perçoit.

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3.1.3. Plaine d’Entre-Deux-Méandres Depuis Chooz, l’eau qui apparaîssait comme un élément structurant est devenu un vaste miroir d’eau dans une plaine fortifiée au Sud et au Nord par les reliefs franco-bleges. Givet prend place dans une vaste dépression : la plaine de la Famenne. Mais ce sont deux Givet que l’on découvre de part et d’autre du fleuve et à la confluence de la Houille. Deux Givet adossés au Sud et contemplant la tranquillité d’un vaste espace ouvert au Nord.

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1.Givet Notre-Dame depuis le Mont D’Haurs

2.Givet Saint-Hilaire depuis Charlemont


3.1.4. Aplanissement d’un plateau vers les plaines du Nord A la sortie de la plaine, le relief reprends de plus belle, avec la région naturelle du Condroz où l’eau vient à nouveaux dessiner des méandres. Dans des territoires vallonnant, on observera l’aplanissement progressif du relief mosan jusque Namur où le fleuve continuera son cours avec la Sambre vers les plaines du Nord. NAMUR

DINANT

Sources: Internet

L’étude de ces scénographies rend compte de la particularité de Givet sur le territoire: c’est une ouverture, une plaine, une respiration dans un système hydrographique perpétuellement inscrit dans un couloir. 44

Sources: Maison du tourisme du pays de namur

2.Namur

1.Dinant


2. Meuse: Un potentiel indomptable Un bassin hydrographique européen La Meuse, au delà d’une scénographie théâtralisante dans les Ardennes, c’est aussi un bassin versant européen. Un fleuve dont la source est en France non loin du plateau de Langres, et l’embouchure au Pays-Bas dans la mer du Nord. Malgré son bassin hydrographique étroit en France, les crues centennales survenues en 1993 et 1995 ont occasionné de nombreux dégâts dans les espaces urbains amenant les politiques territoriales à mettre en place des moyens réglementaires et techniques pouvant limiter ou annihiler ses effets négatifs. Le PPRI défini des zones en fonction de leur degré d’inondabilité où l’utilisation de l’espace est réglementée. Cette préoccupation a amené des modifications sur le paysage et la vie du fleuve qui s’est trouvé contraint dans la hauteur ou l’épaisseur du territoire. A Givet, les conditions orographiques ont influencé une protection dans la hauteur avec une nouvelle ligne de fortification en aluminium cette fois autour des cités mosanes. Totalement démontables, ces fortifications ne sont effectives qu’en cas de crue et ajustables en fonction de la lame d’eau. Inauguré en septembre 2011, ce dispositif de protection n’a pas encore été testé en conditions réelles! En aval du cœur historique de la ville, une levée de terre prends le relais des fortifications contre le fleuve afin de protéger les habitations à l’arrière. Toutefois, cet autre dispositif contrairement au premier laisse entre les habitations et le fleuve un vaste espace humide inoccupé, non valorisé! Et pourtant, comme pour la zone humide derrière Cellatex, d’un point de vue végétal et animal, ce sont des espaces riches qui mériteraient d’être rattachés à la ville. Une nouvelle scénographie mosane à dessiner autour du caractère d’inondabilité d’une plaine.

Plan de Prévention des Risques d’Innondation

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Sources: SNNE

N

Sources: Ville de Givet

Sources: SNNE

BIBLIOGRAPHIE

Inondation de Givet Notre-Dame en 1995

Barrières de protection contre les crues de la meuse


3. Meuse: Paysage de Brumes

Brume se dissipant à Monthermé

Brume épaisse du matin à Givet

Arrivée de la brume au soir à Givet

Comment parler des Ardennes sans évoquer et nuancer l’impact atmosphérique sur la représentation mentale et notre sensibilité. Grisailles, bruines précipitations sont pourtant à nuancer. En tout point de cette vallée, la brume rythme le quotidien de ce territoire cloisonné, particulièrement en automne et au printemps où l’hygrométrie est plus importante. Le matin, la brume forme une épaisseur blanche s’emparant de toute la vallée. Elle se dissipe différemment selon l’altitude à laquelle on découvre le paysage donnant de ce pays une vision mystérieuse bucolique agréable. Je me souviens un matin avoir découvert ces effets alors en visite à Charlemont, vaisseau isolé de son territoire navigant dans les brumes de Meuse. Seules les fumées de la centrales, les forêts de Maurière et du Mont d’Haurs s’en détachaient telles deux îles vertes en mer de brume. Le soir, il est tout aussi agréable d’observer la brume redescendre dans la vallée et s’épaissir dans les ambiances urbaines et rurales sous les couleurs rougeoyantes du soleil d’Ouest. Une qualité sur laquelle on ne peut agir mais qui donne un caractère non négligeable à ces pays, que je tenais à souligner. Quant aux précipitations, elles dessinent des couleurs de paysages différentes d’un bout à l’autre de l’Ardenne, et cela est visible via la végétation. À la confluence de la Semois et de la Meuse, comme sur une grand partie de la Semois, on compte près de 1250mm d’eau alors qu’à Givet l’on est à 750mm! C’est une différence importante qui dessine les paysages de Semois plus humide et ceux de la Pointe plus secs au point où l’on puisse trouver quelques trésors floristiques.

Depuis Charlemont: ilôts de végétation découpé par la brume

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L’eau, un potentiel paysager indomptable ayant dessiné à Givet un paysage incongru de plaine dans un couloir étroit.


4.UNE SYLVE ARDENNAISE AUX MULTIPLES VISAGES. 1.Couleurs d’Ardennes

Jardins du château de Hierges

Nombreux sont les écrivains à avoir peint les couleurs de l’Ardenne et des ardennes tentant d’en appréhender toutes les subtilités, et variations. Mais c’est un territoire dont la palette floristique est bien large et complexe allant des fagnes des hauts plateaux ardennais(tourbières) évoquant pour Dhôtel : la Sibérie, aux coteaux calcaires des Ardennes du Sud dessinant pour lui les traits de l’Italie. Ces visions se sont pas si littéraires puisque les espèces végétales et à plus forte raison la végétation rend compte une fois de plus du carrefour que sont les Ardennes et l’Ardenne dans l’Europe du règne végétal. On a ici un climat continental qui permet grâce aux nuances géologiques, orographiques et hygrométriques de proposer un paysage aux nuances subboréales et subméditerranéennes. De fait, de nombreuses espèces sont dites en limite d’aires de répartition constituant ainsi en partie la raison de leur protection.

Bouleaux et fougères des Dames de Meuse

Hêtraie rougeoyante en hiver

Haut plateau et forêt de conifères

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Le début du plateau ardennais s’amorce avec la nuance subboréale des tourbières. On trouvera même en vallée de la Meuse des espèces telles que le mélèze ou le sapin (Picea abies) qui nous font directement entrevoir la montagne ou les pays nordiques. Difficile alors d’imaginer trouver des plantes subméditerranéennes plus au Nord. Pourtant, la nature de la roche changeant au niveau de Fépin permet au territoire lorsqu’il est exposé au Sud de laisser entrevoir des images plus chaudes, presque une sensation d’ailleurs. A Givet, et plus particulièrement sur la falaise Sud de Charlemont, les conditions de sol, d’hygrométrie, et d’exposition sont réunies chacune à leur paroxysme pour révéler l’existence de plantes et d’insectes subméditerranéens. Un coup d’éclat de l’Ardenne qui se refuse à n’être perçue que bleue, sombre et froide. Un besoin ardennais de contredire la pensée générale. Givet est dans ce territoire continental une des nuances exotiques du lieu. Tous ces espaces sont d’ailleurs aujourd’hui reconnus pour leur intérêts floristiques et faunistiques; et classés par différentes mesures de protections environnementales. Cependant la prise en compte et la valorisation de ce potentiel vert mais aussi de ce patrimoine n’est pas toujours à la hauteur du site. Outre, les quelques visites organisées par la Réserve Nationale et quelques panneaux informatifs succincts et de portée très générale, le touriste


ou promeneur lambda ne peut découvrir ce site que difficilement. A moins de savoir avec exactitude où trouver un chemin permettant de traverser la lisière forestière dense et accéder au site, le visiteur ne s’y engagera pas. Le manque de communication et valorisation de ces espaces reflètent différentes choses. Premièrement la volonté forte de restreindre l’accès au public par peur des nuisances qu’il pourrait occasionner. Deuxièmement le caractère privé de certains espaces protégés comme c’est le cas pour la partie basse du Mont d’Haurs. Cependant, l’existence à proximité immédiate de projets de valorisation* de la faune et de la flore protégée montre que valorisation et préservation ne sont pas antinomiques. Bien au contraire, une meilleure connaissance de ces milieux ne peut qu’amener les visiteurs à prendre conscience de leur qualité.( *Je pense aux projets de valorisation des tourbières à la Croix Scaille en Belgique.) Ces valorisations devraient permettre d’enrichir les potentialités touristiques existantes tout en amenant un public qui vient déjà en Ardenne (en Wallonie) pour trouver cette expérience de nature. De la même manière, ces espaces ne souffriraient plus de cette image de sanctuaire mais participeraient à leur manière à la vie du territoire.

1

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Végétation du Mont d’Haurs: pinède, fruticées, boulaie...influences des différentes expositions

2

Falaises calcaires et vallon de Maurière

1

Roche à Wagne: pelouse à orchidées

2

Falaise de calcaire Chooz, exposée au Sud

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Falaise de Charlemont exposées au Sud: buxaie

1

Dalles calcaires, fruticées...du fort Condé


ZNIEFF 1

ZNIEFF 2

Arrêté de protection de biotope Natura 2000, Habitats

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ZICO 1

Natura 2000, oiseaux

1

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Sources: internet, géoportail

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Un paysage largement reconnu pour ses nombreuses qualités floristiques

Orobanche

Genévrier commun

Gentiane Croisette

Plantes de valeur floristique et écologique inféodées au milieu

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Chêne chevelu

Thym serpolet (associé à l’azuré du Serpolet, un papillon- pas celui-ci)


2.La sylve: outils de composition pour un paysage stratégique. L’Ardenne, c’est une immensité verte ponctuée de clairières industrialo-urbaines. Un théâtre, un horizon vert qui se décline de diverses nuances et dont la sylve est l’outil de composition. Elle délimite les territoires autant visuellement que qualitativement. A chaque nuance végétale existe un début, une fin, et une composition d’ensemble. Le territoire givetois et ses nuances subméditerranéennes n’échappe pas à la règle. On distingue des limites franches comme les boisements fermant la Affirmation du relief: prolonger et affiner la monumentalisation que la pierre donne au site

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route de Beauraing et la route de Chimay ou des limites beaucoup plus diffuses comme le couvert arboré séparant le Mont d’Haurs de la Vallée de la Houille. La composition de cet espace est évidemment un jeu entre la nature de la roche, la profondeur de sol, l’exposition et la végétation mais c’est aussi un jeu auquel l’homme prend part via l’utilisation de l’espace.

Marquer ponctuellement des particularité de l’orographie


Barrière physique issue d’une densification végétale Affirmer les particularités du micro-relief par le contraste entre présence et absence d’un couvert arboré

Lissage et adoucissement du relief

Porte entre Vallée de la Houille et ilôt d’Haurs

Au dessus de Charnois - Un espace où la gestion agricole semble avoir donné un paysage jardiné

Souligner par l’alignement, Dissimuler et éloigner par une masse végétale

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N


RETOUR SUR LES POTENTIELS:

Eau, roche et orographie, couvert végétal: outils de composition pour un territoire stratégique

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Dans cette partie dédiée aux potentiels du territoire, on a pu comprendre que le paysage stratégique observable aujourd’hui est issu de la synergie de plusieurs facteurs (sol-exposition-climat-végétation-homme) réunis à leur paroxysme dans le territoire d’étude (exemple de la pente rocheuse en calcaire exposée au Sud). L’étude de ces différentes variables à l’échelle d’un territoire élargi et à l’échelle de Givet a permis d’identifier les qualités et les limites d’un territoire dans un ensemble bien plus grand qui est celui de l’Ardenne. Bien que largement reconnu par les dispositifs de protections environnementales, ces nombreux atouts paysagers de la pointe ne sont encore que largement sous-exploités, par manque de connaissances des richesses ou des moyens possibles de valorisation. Toutefois, si l’on veut renforcer l’attractivité du territoire de la Pointe autant au niveau touristique que social ou économique, il faut pouvoir affirmer ces richesses, les porter comme l’image d’un territoire au travers des différents projets envisagés. Les qualités paysagères qui ont été mises en avant ici doivent pouvoir être révélées sur Charlemont. Une stratégie. Des outils de compositions vecteurs d’identité locales pour cette forteresse.


RECONQUÉRIR UN TERRITOIRE EMPREINT DE STRATÉGIE

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1 ANTHROPISATION STRATÉGIQUE 1.Epoque gallo-romaine : La Meuse comme axe commerçant 2. Moyen-Age :le développement artisanal et marchand à l’origine de l’affirmation d’une ville.

2.APOGÉE DE LA FORTIFICATION MILITAIRE, STRATÉGIE D’AFFIRMATION DE LA PUISSANCE POLITIQUE D’UN PAYS, D’UN ROYAUME 1. Epoque domination espagnole : Givet-Charlemont comme verrou du territoire d’Entre-Sambre-Et-Meuse face aux Français de Louis XIV 2.Domination française : Ligne de défense et Point d’appui à la progression française

3.DU TERRITOIRE MENÉ PAR LA STRATÉGIE MILITAIRE À UN TERRITOIRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE. 1.Début d’une période de croissance économique 2.Ouverture de la ville sur son territoire à l’origine du déclassement militaire de la place-forte de Givet. 3. Xxème siècle: Début du tourisme, et stratégie de développement économique vers la grande échelle..

4. A LA RECHERCHE D’UN NOUVEL ÉQUILIBRE ENTRE LA PRÉSERVATION DU PATRIMOINE ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE 1. Le développement d’une conscience patrimoniale: 2. Vers un nouveau développement urbain

Les composantes ayant formé l’assiette du paysage actuel proposent aujourd’hui une réelle lecture stratégique de ce territoire à laquelle il faut ajouter l’utilisation stratégique faite par l’Homme. 55


1 ANTHROPISATION STRATÉGIQUE 1.Epoque gallo-romaine : La Meuse comme axe commerçant L’âme de la forêt; l’eau qui sépare. Ardenne, vaste pays de reliefs et de forêts voit ses premiers conquérants s’établir aux alentours de – 500 av. J-C. De nombreuses petites clairières se forment et se diffusent dans la forêt d’Ardenne sous l’impulsion des celtes : la forêt s’éclaircit. Ce sont les premiers qui impreignent les lieux de leur civilisation, de leur langue de leur culture particulière liée à Dea Arduina (divinité celte de la Chasse chevauchant un sanglier). Il y a derrière cette époque la reconnaissance d’une âme de la forêt : c’est un lieu qui intrigue, nourrit les Hommes, un refuge de vie, un lieu où nombres de mythes et de légendes naissent. Dans cet océan vert, la Meuse déjà sépare deux peuples celtes : les Aduatiques en rive gauche et les Trévires en rive droite au niveau de l’actuel Givet. On peut penser que la falaise de Charlemont pouvait constituer un éperon barré à cette époque, ce qui en ferait déjà un lieu stratégique ancien. Cependant, sa présence n’est pas avérée.

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N

LA MEUSE: VOIE DE PASSAGE ET DE COMMERCE

Lorsqu’au premier siècle av. J-C, les romains envahissent la Gaule, c’est le début du commerce qui est marqué dans les paysages par le dessin des voies romaines. Ainsi la Meuse devient un axe commerçant stratégique permettant d’éviter la « forêt profonde », nommée la première fois par Jules César dans la guerre de Gaule : Sylva Arduina. Il y reconnaît l’immense étendue de cette sylve. Cependant, cette invasion ne fait pas table rase de ce qui existait : certaines traditions celtes persistent, notamment les cultes et les mythes liés à la forêt. Il s’agit ici plus d’un apport, d’un complément à une culture déjà existante qui vient modifier le 57

rapport au territoire. Les paysages se transforment avec l’installation de la viticulture. Le calcaire et l’exposition Sud de certains coteaux permet de développer largement cette culture à cette époque où le climat est plus doux et chaud. Ces vignes ont persisté jusqu’au XVIIIème, période à laquelle le climat redevient plus froid. Aujourd’hui, on retrouve dans le paysage quelques reliques de cette héritage même si dans les mémoires collectives pas l’ombre d’une vigne à Givet. Dans la toponymie : le fort des Vignes à Givet, la montagne des vignes à Vireux-Molhain en sont un exemple tout comme le dessin des jardins du château de Hierges où on retrouve de la vigne, inspiré du passé du territoire.

Aujourd’hui, cette vaste forêt est toujours reconnue et étroitement dépendante du pays ardennais. Si l’on ne peut, par le manque de données historiques ou par l’accumulation urbaine retrouver le passage exacte des voies romaines, on suppose que deux voies romaines passaient par Givet. Ainsi, on retrouverait dans l’urbanisme actuel la trace de l’une d’entre elles sous la rue Thiers (appelée autrefois Rue d’Estrée).


Sources: http://meuse-histoire-balade.e-monsite.com/pages/dinant-son-histoire.html

2. Moyen-Age :le développement artisanal et marchand à l’origine de l’affirmation d’une ville.

Agimont par Beaulieu, 1667

Agimont par Beaulieu, 1667

Château de Hierges aujourd’hui, reconstruit en pierre de taille au Moyen-âge avant que les briques ne viennent au XVIème compléter la partie haute l’ouvrage

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Du territoire à la ville Vème siècle : les mérovingiens donnent une nouvelle impulsion au développement du territoire en introduisant les villas appellées aussi curtis dans les paysages ruraux. De nombreux noms de villages ardennais témoignent de cette époque ; la plupart se terminent en -court ou/et sont à consonance germanique comme Ham, Fromelennes ou Rancennes, autour de Givet par exemple. Une autre influence de taille sur les territoires est liée à la religion. Les terres de la vallée de la Meuse sont alors sous influence liégeoise, toutes morcelées en une multitude de comtés, duchés, principautés. Ainsi dans la Pointe, on compte la seigneurie d’Agimont (A-Givet-Mont) dont le château construit en 1267 est à l’état de ruine aujourd’hui et la seigneurie de Hierges (présence d’un château en bois depuis le IXème siècle probablement) Entre le IX et au XIIème siècle, les villes de Meuse se développent fortement grâce aux marchands et aux artisans qui exploitent déjà le métal: cuivre (dinanderie), l’étain, le fer (les armes liégeoises) jusqu’à l’orfèvrerie raffinée, aux émaux tricolores, l’ivoirerie... c’est l’art mosan. Pour des raisons malconnues, Givet ne prend pas autant d’ampleur (surface et développement) que ces villes du Nord; elle reste dans les tanneries. Influence sur la ville: On suppose que la ville d’aujourd’hui doit son nom à un établissement mérovingien dédié à l’impôt nommé Gablum ou Gavetum. Impôt perçu pour le passage des marchandises diverses (Winage par exemple). La présence du bourg fortifié semi-circulaire de Saint Hilaire ne sera avéré qu’aux alentours du Xème siècle. Aujourd’hui les rues Gambetta, des trois pigeons et des Récollets en arc de cercle sont les marqueurs de cette structure de défense contre les attaques des Normands. Il était déjà question de défendre ce point stratégique. L’urbanisation des rives droite et gauche, séparées par le fleuve sont indépendantes : on n’observe aucune symétrie entre ces deux bourgs anciens. De l’autre côté du fleuve, en rive droite, le bourg s’est développé le long d’un axe à proximité de la Houille vers le VIIIème siècle (actuelle rue du Luxembourg). Les trois tours présentes sur le blason de la ville : Grégoire, Victoire et Maugis sont aussi de cette époque. Cependant leurs origines et fonctions sont encore assez floues et discutées. Grégoire serait une ancienne tour de gué alors que Victoire est tantôt une tour-vestige d’une maison seigneuriale tantôt un établissement recevant les droits de passage. Quant à Maugis, elle se tenait autrefois sur la partie centrale du fort Condé. Le paysage givetois est imprégné par le chiffre 3 des trois tours du blason : les rues (rues des trois pigeons...), les noms de commerces....


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GIVET DE ÇA SOUS LA TUTELLE DE LA SEIGNEURIE D’AGIMONT 59


Sources: Archives de la CCARM

1 Givet de là: rue du Luxembourg

Sources: Archives de la CCARM

3 Tour Victoire

4 Tour Grégoire

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2 Noyaux médiéval: Givet de ça

Givet: une cité mosane marquée par les échanges commerciaux mais plus seulement. Elle devient une ville à défendre sur la Meuse, une cité prospère qui grandit avec le développement de l’artisanat et du travail des métaux et autres industries à l’abri de la seigneurie d’Agimont. Elle a donc su exploiter son intérêt stratégique lié à la Meuse comme ligne de passage pour se constituer une existence physique (et économique) dans le paysage.


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2.APOGÉE DE LA FORTIFICATION MILITAIRE, STRATÉGIE D’AFFIRMATION DE LA PUISSANCE POLITIQUE D’UN PAYS, D’UN ROYAUME 1. Epoque domination espagnole : Givet-Charlemont comme verrou du territoire d’Entre-Sambre-Et-Meuse face aux Français de Louis XIV

Sources: D’après fond documentaire wikipédia

Place de la ville dans le grand territoire: 1519 : l’héritage de Charles Quint dessine sur le territoire un vaste empire appelant les convoitises de puissances telles que la France, ou l’Angleterre. Dans ce territoire la vallée de la Meuse constitue une enclave par la nature même du terrain mais aussi un territoire morcelé par les petites possessions des ducs de Nevers à Charleville-Mézières, les souverainetés de La Marck (plus connu par son successeur Henri De La Tour D’Auvergne dit Turenne à Bouillon et Sedan). Cet héritage contesté signe le début des guerres de France opposant François Ier à Charles Quint. La frontière fait référence ici à une zone territoriale dont la possession est discutée et incertaine ; un espace de « transition » dans lequel on observe quelques enclaves françaises.

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Philippeville par Beaulieu, 1668

Sources: Vauban (1633-1707) entre Sambre et Meuse

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Mariembourg par Beaulieu, 1669

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Givet par Beaulieu, 1668

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Sources: Vauban (1633-1707) entre Sambre et Meuse

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Sources: Vauban (1633-1707) entre Sambre et Meuse

Sources: Vauban (1633-1707) entre Sambre et Meuse

En ardenne, cette guerre qui se joue à la manière d’un jeu d’échec allerretour entre France et Espagne est initiée par La famille des La Marck qui; fort du soutien du royaume de France attaque les espagnols en premier.

Sources: Vauban (1633-1707) entre Sambre et Meuse

Namur par Beaulieu, 1667

Dinant, Gravure du XVII d’après un dessin


Sources: Archives de la ville de Givet

Sources: Givet - Charlemont Agimont, Hierges, Foisches «La légende des pierres»

La percée de deux armées françaises jusque Givet et prenant Agimont pousse Charles Quint à contrôler cette trouée dans le territoire d’Entre-SambreEt-Meuse, arrêtant la progression des Français vers le Nord. Il fait alors appel aux ingénieurs italiens pour établir le lieu de la prochaine forteresse : l’arrête calcaire surplombant la Meuse et Givet. Charles Quint achète à la principauté de Liège les terres d’Agimont et Givet pour édifier Charlemont. Notons au passage que le début du XVIème siècle voit apparaître des modifications légères dans les fortifications (épaississement sensible des maçonneries doublées par une levée de terre battue ou encore les fortifications circulaires défléchissant le boulet) traduite vers 1530 par une lourde conversion dans la fortification dont les italiens en sont les précurseurs. On passe des hautes murailles moyenâgeuses, (fortification dans la verticalité) aux murailles abritées d’importants glacis et établies dans la profondeur du terrain (fortification dans l’horizontalité). Dans l’édification de cette forteresse, Charles Quint fait appelle à un italien nommé Donato di Boni. Les attaques française durant la construction de cette citadelle sont nombreuses mais jamais dans les nombreuses batailles Charlemont ne devint pas français. Sa construction sera renforcée par la famille Van Noyen à l’Ouest suite à l’attaque française en juillet 1555, les deux Givet seront lourdement détruites lors des attaques de 1675 (un siècle plus tard), mais Givet reste imprenable. C’est finalement le traité de Nimègue en 1678 qui donne au français cette citadelle tant désirée par Louis XIV et Richelieu dans le dessin des frontières que ce dernier veut «asseoir dans le territoire naturel ».

Cadastre Napoléonien de 1823, le village

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Vers 1555, un des plus ancien plan de Charlemont


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Après 1678: Traité de Nimègue

Influence sur la ville: Sous l’influence de cette construction, Givet prend des allures de ville militaire. Mais elle pâtit également de cette situation avec les attaques qui détruisent en grande partie la ville ainsi que les deux églises. Cependant aucun lien fort n’existe entre Charlemont et Givet : un début d’enceinte est construit autour de Givet Saint-Hilaire en 1640 après l’attaque du Maréchal de la Meilleraye.

FORTIFICATION DE CHARLEMONT ET GIVET DE ÇA EN RIVE GAUCHE MISE À L’ÉCART DE GIVET DE LÀ 65

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Sources: Mémoire en images - Givet

2.Domination française : Ligne de défense et Point d’appui à la progression française

Sources: Mémoire en images - Givet

1 Porte des Récollet, aujourd’hui disparue

3 Porte du Luxembourg, disparue aussi

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Sources: Mémoire en images - Givet

2 Porte de Sous Charlemont, disparue

Place de la ville dans le grand territoire: Si le XVIème est l’époque d’apogée pour le royaume d’Espagne ; le XVIIème siècle dessine l’apogée du royaume de France avec comme acteurs principaux de cette guerre de siège : Louis XIV et Sébastien Le Prestre de Vauban, ingénieur militaire. Charlemont n’est plus vu comme le verrou qui ferme l’Entre-SambreEt-Meuse mais comme un point stratégique faisant parti d’un réseau de places fortes réparties en profondeur sur le territoire du royaume de France : « Vauban retourne contre l’ennemi le réseau de places fortes espagnoles déjà constituée : Le « pré-carré » de Vauban concrétise donc la défense stratégique de la frontière en la rendant imprenable avec une double ligne de places fortes échelonnées en profondeur, fait unique en Europe. » Vauban bâtisseur du roi-Soleil Charlemont est à l’extrémité de la première ligne de ce « Pré-Carré » et sur la ligne de fortification de la Meuse : à la jonction de deux grandes lignes de défense. Charlemont est un point de défense de cette ligne en même temps qu’un point d’appui à la conquête de nouveaux territoires mosans (objectif entre 1689 et 1713).


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UNIFICATION ENTRE OUVRAGES MILITAIRE ET VILLE MILITAIRE: LE VÉRITABLE VERROU D’ENTRE-SAMBRE-ET-MEUSE Projet réalisé par Vauban, poursuivit et complété par ses successeurs

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67 Projet de Vauban pour Givet: ne sera jamais réalisé


Influences sur la ville Il y a un retournement de la vision et retournement de la frontière en plus d’une amplification du rôle stratégique de cette place. C’est la protection de la cité mais également la maîtrise du territoire dans sa grande échelle qui est au cœur de préoccupations. La stratégie de défense de la place est basée non seulement sur la citadelle de Charlemont mais aussi sur les fortifications de la ville et les fermes châteaux disséminées aux alentours et permettant d’avoir un œil à l’extérieur de la cité. C’est une place forte, un ensemble. Dans le soucis de donner à cette place une réelle cohérence géo-stratégique mais aussi par sa préoccupation des vies humaines, 68

Vauban fortifie la ville, le relief face à Charlemont après l’attaque de 1697, et construit des bâtiments pour accueillir les militaires (autrefois logés chez l’habitant et donc source de nombreux tracas). Ces projets prennent forme avec : - la reconstruction de l’église Saint Hilaire en 1680. - Les casernes : Charbonnier dit Petit Quartier en 1685, Rougé (500m, la plus grande de France en 1682)... - La tour de La Macq est transformée en une redoute entièrement taillée dans le marbre rouge dont l’intérieur est pourvu d’une salle circulaire. - les portes de villes, dont il reste aujourd’hui la porte de France, la porte de Rancennes et la porte

Charbonnière. - le camps retranché du Mont d’Haurs ou couronne d’Haurs construite par Vauban à la suite des attaques de Menno Van Coehoorn. Une défense globale sur les deux rives est envisagée par Vauban: « une défense non plus basée sur une forteresse convenablement fortifiée, mais une défense étendue qui englobe tout un site: naturel, bâti, fortifié... »Aw qui serait « une fois achevée , l’équivalent de trois ou quatre places ordinaires »Aw soulignant qu’elle était située dans « ...la région la plus disgraciée où la nature contrarie tout et n’aide en rien... » - un plan d’urbanisme pour Givet Notre-Dame en rive droite dont il

Aw: d’après Ardenne Walonne

Givet, XVIIème , huile sur toile, inscrite au titre des Monuments Historique et exposé à la mairie de Givet


Sources: Mémoire en images - Givet

Sources: Mémoire en images - Givet

4 Porte Charbonnière

6 Caserne Rougé

Sources: Mémoire en images - Givet

5 Porte de Rancennes

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Porte de France, aujourd’hui

Porte de France, avant l’arrivée du chemin de fer

dira : « C’est un petit village de 200 maisons et de quelques âmes, cernées par quatre ou cinq montagnes desquelles on peut plonger et croiser du mousquet de partout ». Il ébauche la construction d’un quartier neuf axé sur la rue Royale qui ne sera repris que bien plus tard au XVIIIème siècle. - fermes château : d’Aviette, Beauraing, Treignes, Hierges, Chooz, Aubrives, Foisches 69

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8 église Saint Hilaire, par Vauban

Mais Vauban avait également des projets bien plus grands pour la ville de Givet qui devait devenir un élément essentiel de la défense du « Pré-Carré » : allonger l’emprise de la citadelle sur le plateau de Foisches, étendre Givet Saint Hilaire sous Charlemont, fortifier les hauteurs alentours soulignant par la même occasion qu’ « il faudrait une enceinte aussi grande que celle de Paris », et encore ne serait-ce pas suffisant. Ces projets jugés bien trop coûteux par le roi n’ont pas été réalisés. Tout comme le camps retranché du Mont d’Haurs, seul exemple de ce type en France. Ces grands travaux permettent à l’économie de Givet basée sur les industries et tanneries de pouvoir se développer à l’intérieur des fortifications. Le lien Charlemont-ville Au XVIIème siècle sous l’influence de la pensée de Vauban, Charlemont forme avec Givet Saint Hilaire, le Mont d’Haurs et Givet Notre-Dame une place forte cohérente contrôlant le passage sur la Meuse. De même, la construction n’est pas vu uniquement comme moyen de défense mais également comme affirmation du pouvoir royal. L’ornementation architecturale est aussi importante que la technique. Ce qui explique que certaines portes et ouvrages caractéristiques fassent l’objet d’attentions particulières. Finalement, peu de temps après la mort de Vauban, le traité d’Utrecht en 1713 fixe presque définitivement les limites du pays. Les conquêtes de Louis XIV ont amené le développement d’une forme de patriotisme et de fidélité chez les populations concernées.


3.DU TERRITOIRE MENÉ PAR LA STRATÉGIE MILITAIRE À UN TERRITOIRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE. Entre le XVIII et XX ème siècle, l’image militaire de la ville s’estompe au profit d’un développement économique renforcé par la révolution industrielle, les nouveaux moyens de communication...Les conflits territoriaux interviennent ici comme des ralentissements dans une progression économique continue.

Sources: http://www.cr-champagne-ardenne.fr

1.Début d’une période de croissance économique

Piperie Gambier, Givet Notre-Dame

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L’accalmie qui suit ces deux siècles de guerre entre royaume d’Espagne et royaume de France permet aux villes de pouvoir retrouver un équilibre économique et même une période prospère avec toujours les tanneries et les industries: - dès 1780 les piperies Gambier (pipes d’argile) reconnues au niveau mondiale pour la finesse du travail à partir de 1848 (exportation en Angleterre, Hollande, Japon et Canada) et dont les bâtiments sont devenus aujourd’hui la Cité Scolaire Vauban - 1808: usine de colle permettant de réutiliser les déchets organiques d’animaux issus des tanneries. - 1822: construction du château de Mon Bijou par Toupet des Vignes dont les propriétaires sont les familles de fabricants de colle. Légué à la ville en 1949, le château est aujourd’hui un centre-aéré. - 1820: on compte 6 tanneries dont 5 étaient présentes bien avant la fin du XVIIIème siècle. - 1826: les crayons Gilbert, de renommée mondiale à partir de 1836 et médaillés d’argent en 1844 à l’exposition des produits de l’industrie française. Dans ce développement du bâti industriel en rive droite et des habitations des maîtres en rive gauche, on observe un fait historique mineur lié à la guerre. À la défaite de Waterloo le 18 juin 1815, le général comte Bourck a ordre de tenir Charlemont pour couvrir la retraite de Napoléon face aux prussiens. Il n’y a pas de réels affrontements, le prince Auguste de Prusse exige la capitulation de Charlemont qui par ruse du Général ne sera pas acquise avant 6 longs mois contrairement aux autres places qui tomberont rapidement (Philippeville, Rocroi, Mézières les 8,21 et 27 août de la même année). Cette période est marquée par l’occupation russe de la ville de Givet à partir du 1er janvier 1816 et jusqu’au 23 octobre 1818. Il reste de cette époque une cohabitation pacifique avec les habitants et une toponymie à Charlemont: douves des quatre russes, chemin des russes. Vers 1824, la ville décide la construction de l’esplanade et de la caserne Mangin destinée à accueillir un manège militaire. Le manège est classé depuis 1990 à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historique et transformé en 1994 en espace de spectacle. La gendarmerie de l’esplanade a été rasée cette année afin que soit aménagé une place.


1 Esplanade au XIX ème siècle, au pied de Charlemont (carte page suivante)

Forêt - écorsage des chênes pour récupérer le tanin

Esplanade en février 2012 après l’arasement du bâtiment de la gendarmerie

Tannerie de la Houille

Roche

Fours à chaux sous le Mont d’Haurs (extraction à partir du calcaire) Eau Nettoyage des peaux

récupération des rognures d’animaux pour la fabrication de la colle

Un développement de l’industrie en accord avec les ressources territoriales, un paysage façonné par l’utilisation humaine du territoire.

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3 Arrivée du chemin de fer à l’extérieur des remparts

Sources: Fonds documentaire de la CCARM

2 Tunnel sous Charlemont

Sources: Fonds documentaire de la CCARM

Sources: Fonds documentaire de la CCARM

2.Ouverture de la ville sur son territoire à l’origine du déclassement militaire de la place-forte de Givet.

Nouvelles avenues depuis la gare XIXème

Sources: Mémoire en images - Givet

Même avenue aujourd’hui depuis la Place Méhul

4 Tunnel Ham-Sur-Meuse, XIXème Sources: Fonds documentaire de la CCARM

Tunnel Ham-Sur-Meuse, de nos jours

5 Jardin public crée sur les anciens remparts, XIXèm

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Même jardin nommé aujourd’hui Square Viénot

La percée du tunnel sous Charlemont (480 m) entre 1860 et 1862 laisse arriver le chemin de fer en 1862. Cette nouvelle voie de communication entraîne une nouvelle donne pour la ville et une nouvelle ouverture dans la porte de France qui cerne toujours, avec les autres remparts, les villes de Givet fermées au soir comme toute ville militaire. En 1863, ce chemin de fer permettait de relier Givet à Liège via Dinant et Namur. 1870: la défaite de Napoléon III à Sedan entraine le réarmement de la place de Givet par l’utilisation des techniques militaires de Seré de Rivières. Charlemont se voit alors doté de nombreuses casemates enterrées en divers endroits stratégiques de la place. Cependant, réputée imprenable, la Citadelle de Charlemont n’a eu aucun rôle durant cette guerre: elle a été contournée! 1875: la croissance industrielle continue avec comme nouvel allié le fleuve canalisé qui permet un développement commercial vers l’Europe du Nord. La vallée de la Meuse fait l’objet d’important travaux pour permettre de raccorder toutes les villes par le réseau ferroviaire et fluvial: tunnel, pont...565 m sont creusés dans la boucle de Chooz à hauteur de Ham sur Meuse.


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Finalement les grands progrès techniques liés au chemin de fer ou à la canalisation, ajouté à cette révolution industrielle entraînent une nouvelle vision de la ville. En 1891 et jusqu’au début du Xxème siècle, le déclassement militaire de Givet modifie le visage de la ville: - au Nord, la place d’armes Méhul est construite sur les anciens glacis et deux boulevards sont crées en direction de la gare dont l’un sera nommé du nom du maire de la ville: Jules Lartigue. Aujourd’hui c’est un grand parking et une place accueillant des évênements tels que fête foraine, foires... - À l’Est, un jardin public est crée sur les anciens remparts. C’est un espace cloisonné aujourd’hui par les 73

grands arbres qui ne permettent plus une vue vers la Meuse. Malgré tout on ne saurait oublier de souligner la richesse patrimoniale que constitue la rotonde centrale de platane (à l’intérieur de laquelle se trouvait j’imagine le kiosque à musique). - Les matériaux des remparts sont utilisés dans le reprofilage des berges et autres aménagements. Aujourd’hui, il est difficile de remarquer les tracés des anciens remparts tant la qualité architecturale du bâti et des rues est hétérogène. Seul la Place Méhul et la rue en direction de Charlemont sont remarquables.

Sources: Mémoire en images - Givet

DÉCLASSEMENT MILITAIRE: LIENS ROMPUS ENTRE LES VILLES ET LEUR OUVRAGES MILITAIRES RESPECTIFS

6 Place d’armes crée sur les anciens glacis, fin XIXème

Aujourd’hui Place Méhul, nom du musiciencompositeur de la ville, (XVIIIème)


Sources: Mémoire en images - Givet

Sources: Mémoire en images - Givet

3. Xxème siècle: Début du tourisme, et stratégie de développement économique vers la grande échelle..

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Sources: Mémoire en images - Givet

Sources: Fond documentaire de la CCARM

Visites touristiques en bâteau

Les bains de Meuse, début XXème

Les bains de Meuse, début XXème

1 Quartier de la Soie: XXème et aujourd’hui

Le développement des moyens de transport apporte également le tourisme à Givet au début du Xxème siècle. On remarquera également l’influence de ce tourisme sur les modes de vie et l’utilisation de l’espace: fêtes du villages, concours de pêche sur les bords de Meuse, promenade en bateau, bain de Meuse construits entre les deux guerres...Givet est aussi une ville de plaisance.

Le tourisme est un atout économique complémentaire au développement industriel qui se poursuit même si une fois de plus une guerre est venue ralentir cette économie. La première guerre mondiale a eu pour conséquence la destruction de la caserne Rougé, du village de Charlemont jusqu’alors habité et l’occupation de Givet pendant plus de trois ans. 1903: usine de la Soie. Y était fabriqué la « soie au cuivre ». Pendant la guerre, les allemands détruisent les machines, utilise les bâtiment pour la fabrique de savon ou la mise en boîte d’aliment pour le front. L’économie repartira dans cette usine, plus connue sous le nom de Cellatex. 1921: construction des quartiers

de la Soie, quartier ouvrier sur près de 60 ha en rive gauche. Aujourd’hui, ce quartier est encore remarquable. 1907: Brasserie Van Amendel. Il existait également 3 autres brasseries réparties sur les deux rives de Meuse. Ces brasseries révèlent une activité du Nord ardennais autour du brassage de la bière. 1911: création de la première darse du port, 1949 deuxième darse. En 1955, c’est le deuxième port fluvial français après Strasbourg et le 1er avec un tonnage de 1 800 000 T en 1964. 1930: implantation des poêles Ciney (fondée en Belgique). 1930: usine Melotte fabricant de charrue pour la France entière. Givet est occupée pendant la seconde guerre mondiale, entre


1940 et 1944. cette guerre ne fait pas plus de dégâts architecturaux sur la ville ou Charlemont mais ruine toutefois les industries comme les crayons Guilbert par les pillages allemands. Une fois encore, le pont sera détruit, par les français afin de barrer la retraite des allemands. Le déclin industriel signe la fermeture de nombreuses industries dans les années 1970-80: céramique de Givet (associée aux piperies Gambier) en 1960, poêle Ciney en 1969, dépôt de bilan pour le port fluvial en 1994...Cellatex en 2000, Gascogne en 2008, le CEC en 2009...

Sources: Mémoire en images - Givet

Sources: http://www.cr-champagne-ardenne.fr

2 Usine de soie artificielle puis Cellatex (Carte page suivante)

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Ruine de la caserne rougé après le 31 août 1914

Brasserie Van Amendel, Givet Notre-Dame

Ancienne usine reconvertie en atelier et logements

Usine de Colle puis Gascogne

Ce déclin industriel est nuancé par la construction de la centrale nucléaire de Chooz A en 1962 et Chooz B en 1990 qui vient maintenir la vie dans la pointe avec Tréfimétaux à Flohimont. Givet et la vallée de la Meuse s’attachent aux industries qui sont le reflet de plus de 200 ans d’histoire et de vie. Pour certains c’est la fin d’une économie industrielle pour d’autres c’est seulement un déclin, une période moins prospère. Pour les habitants qui ont grandi et vécu de l’usine, c’est le bouleversement d’une vie. Pourtant des changements et des prises de conscience s’immiscent dans cette cité industrielle.


De la diversité architecturale, signe de richesse à une hétérogénéité d’espaces urbains

3 Mixité pavillonnaire franco-belge, fin XXème Matériaux de constructions plus proche de l’image du territoire mais qualité d’espace public inexistante

6

En ville, confrontation de grands ensembles immobiliers propres mais architecturalement pauvres, avec des quartier ouvrier du début du XXème à forte qualité architecturale

7 Confrontation urbaine sur les tracés des anciens remparts

5

Les anciens remparts: espace de rupture entre noyau urbain dense et pavillonnaire dilaté

Des tracés historiques en limite de noyau urbain: une qualité d’espace public moins soignée

Perte des repères du relief en tant que facteur de composition de l’urbanisation. Perte des repères historiques sous l’urbanisation croissante (ex: Tour Grégoire 8 et Fort des Vignes 9 )

Place Méhul avec en arrière le Fort de Charlemont

76

4 Influence des cités jardins, vers 1970 Matériaux de construction pauvres mais un espace public plus agréable à vivre


77

3.DU TERRITOIRE MENÉ PAR LA STRATÉGIE MILITAIRE À UN TERRITOIRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE.

2

1

6

9

5 4

7 3

8

ÉTALEMENT INDUSTRIEL ET URBAIN DANS LA PLAINE ET SUR LES HAUTEURS STRATÉGÉIQUES

N


4. PRISE DE CONSCIENCE PATRIMONIALE, ET DÉVELOPPEMENT D’UNE AUTONOMIE IDENTITAIRE DES VILLES

3.DU TERRITOIRE MENÉ PAR LA STRATÉGIE MILITAIRE À UN TERRITOIRE STRATÉGIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE.

1. Le développement d’une conscience patrimoniale:

78

La fin du Xxème et le début du XXI ème en Ardenne est marqué par la prise de conscience patrimoniale tant au niveau environnemental qu’architectural: - Arrêté de protection de Biotope falaise de Charlemont, 1990 - Fortifications de Givet inscrit aux Monuments Historiques en 1991 - Création de la réserve naturelle Pointe de Givet, 1999

1

Couvent des Récollectines inscrit Monuments Historiques en 1980

aux

2

Le manège militaire inscrit aux Monuments Historiques en 1994

3

Fort de Charlemont inscrit aux Monuments Historiques en 1927

La crise industrielle laisse bien sûr derrière elle des bâtiments, des friches mais également un patrimoine architectural. Aucun de ces bâtiments n’est aujourd’hui reconnu au titre des monuments historiques. Seuls sont reconnus les bâtiments antérieurs au XIXème s., antérieur au manège militaire de 1824-1826. Manque-t-on de recul sur l’ère industrielle pour reconnaître la qualité architecturale de certains bâtiments comme l’ancienne usine de la Soie? Patrimoine architectural dit héritage. Parler d’héritage évoque parfois la fin d’une ère ou d’une période. L’immersion dans développement industriel peut parfois faire oublier qu’il est aussi question de patrimoine. Le patrimoine n’est pas seulement dans les bâtiments ou les fortifications militaires mais aussi dans l’organisation urbaine. Connaissant l’histoire, il est aujourd’hui plus facile d’identifier cette richesse culturelle inscrite dans les tracés et les ambiances de la ville que dans les bâtiments.


4

N

Chapelle de Walcourt classĂŠe aux Monuments Historiques en 1984

5

Couvent des RĂŠcollet inscrit aux Monuments Historiques en 2006

4

1

3

5 2 3 3

79

3


N

HERITAGE DE L’HISTOIRE DANS L’URBANISME ACTUEL 80


L’identification de ces paysages urbains historiques révèle également une hétérogénéité dans la qualité urbaine. Cette hétérogénéité est d’autant plus visible que la superficie bâtie de Givet est restreinte. On a une opposition entre un centre ville historique largement reconnu et valorisé et des espaces plus délaissés en périphérie. Ainsi des espaces à proximité des grandes voies sont délaissés alors même qu’ils font parti de tracés historiques. Le manque de cohérence dans la qualité urbaine induit une compréhension difficile des tracés historiques qui ont mené l’urbanisation de la ville. Cette prise de conscience patrimoniale est souvent synonyme pour les collectivités de nombreuses restrictions dans le développement économique de la ville. Ces protections sont considérées comme un frein au développement alors qu’elles pourraient ici jouer un rôle essentiel. Ces « restrictions environnementales et architecturales » doivent aujourd’hui induire une nouvelle pensée de la ville. Ce n’est pas une contrainte mais une composante pour un développement économique soucieux des richesses patrimoniales d’un site d’exception. Compte tenu de la diversité de richesses que l’on a rencontré jusque là, ce n’est certes pas une mince affaire mais c’est aussi la garantie d’une attractivité territoriale plus importante autant pour les investisseurs, que les touristes... 81


Sources: L’Express: Les Ardennes dans 10 ans

2. Vers un nouveau développement urbain Malgré toutes les images de département sinistré que l’on prête aux Ardennes, on note tout de même d’importants changements ces dix dernières années dans tout le département et jusqu’à la pointe . A Givet, ces changements se sont traduits par: Requalification urbaine du centre historique Importants travaux de protection contre les crues PACOG: création d’une liaison du port fluvial au Parc d’Activité Communautaire 2008 création d’un centre commercial en rive droite à l’extérieur de la ville et qui attire de nombreux belges. Mise au normes européennes du port de Givet qui devient une plateforme multimodale de stockage de conteneurs relié aux activités du Parc d’Activité Communautaire. Aujourd’hui, compte tenu du changement d’activité sur le Fort de Charlemont, une révision simplifié du PLU a été réalisée afin de le faire passer en zone AuPl et permettre la création d’un parc de loisir. En parallèle, une étude AMVAP (Aire de Mise en Valeur Architecturale et Paysagère ) est en cours depuis 2011.

Sources: L’Express: Les Ardennes dans 10 ans

En janvier 2012 a commencé la révision générale du PLU de Givet.

82

Et demain: Création d’une zone d’activités à proximité du centre commerciale (clinique vétérinaire, hôtel...) Création d’une place et parking sur l’ancienne place de la Sourdille (esplanade devant le manège militaire) Requalification des berges afin de bénéficier d’un espace piétonnier plus agréable et sécurisé pour les restaurateurs et consommateurs. Ré-ouverture future de la ligne ferroviaire Givet- Dinant


Sources: Bulletin municipal de la ville de Givet: Février 2012

Périmètre de l’AMVAP en cours d’étude(d’après les documents de septembre 2011)

83

Requalification des quais

Extension des zones pavillonnaires

Sources: L’Express: Les Ardennes dans 10 ans

Centre commercial Rives d’Europe, route de Beauraing (2009)


84


RETOUR SUR L’HISTOIRE:

Sources: Givet- mémoire en Images

1/ Givet: clairière dans un ensemble boisé et voie de passage romaine et établissement stratégique pour le commerce et l’artisanat au Moyen-âge. 2/ Ville militaire sous l’influence de Charles Quint puis avec Vauban qui en fait une place forte d’importance sur la première ligne de son « Pré-carré ». 3/ Déclassement militaire: Une ville industrielle et touristique, rupture des liens avec les fortifications hautes mais maintien des tracés dans l’urbanisme qui évolue. 4/ Apogée de l’industrialisation, nouvelles formes urbaines et architecturales 5/ 1970: déclin de l’industrie, recherche d’équilibre en préservation du patrimoine et développement économique Bien que moins présentes dans le département, les industries seront toujours présentes et feront parties de la vie de la cité. Toutefois, on est dans une recherche d’équilibre entre développement économique et reconnaissance patrimoniale. On ne peut plus développer l’industrie en consommant toujours plus d’espace et de manière irraisonnée. La reconnaissance de richesses naturelles existantes doit permettre de proposer une autre pensée de la ville, un autre mode de vie pour les habitants. La force des tracés historiques doit permettre de mettre en valeur les différents éléments du patrimoine et donner une qualité d’espace à la hauteur des qualités architecturales existantes. Le développement de la ville au delà de la voie ferrée ne devrait pas non plus être pensé en rupture avec les tracés de la ville. La voie ferrée est un tracé de composition, non une rupture. Dans ce nouveau dessin urbain, Charlemont comme le Mont d’Haurs ou les autres fortifications de l’orographie doivent jouer un rôle dominant. Un autre projet pour une ville où les composantes paysagères évoquées organiseraient la scénographie de la ville. Pour Charlemont, l’enjeu est de contrôler ces perspectives et cette plaine, de percevoir où pourrait être les nouveaux tracés urbains.

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PRENDRE LES FORTIFICATIONS

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1.CHARLEMONT: L’ÉPERON FORTIFIÉ DE LA POINTE

2.COMPRENDRE L’ESPRIT DU SITE 1- Typologies de fronts variées pour une forteresse hors du commun 2- Excaver pour prendre 3- édifier pour défendre

3. ÉTAT DES LIEUX 1- Vétusté et état de conservation L’ancien village de Charlemont en ruines, mais une forteresse à l’épreuve du temps 2- Patrimoine bâti Un patrimoine dominé par les XVII et XIXème siècle, organisé de manière éparse sur le site 3- Pollutions pyrotechniques Une pollution de nature et de localisation méconnue 4- Richesses, floristiques

contraintes

et

envahissement

Commencer par s’immerger dans le lieu, comprendre les formes et l’espace généré avant de comprendre la pensée militaire qui les a initiées. Enfin, aller à la rencontre des problématiques et sur la piste de leur résolution. 87


1.CHARLEMONT: L’ÉPERON FORTIFIÉ DE LA POINTE 1.CHARLEMONT: L’ÉPERON FORTIFIÉ DE LA POINTE N

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Comment entrer sur le territoire de l’Entre-Deux sans être confronté, appelé, défié par cet éperon fortifié? Des falaises abruptes au Sud, coiffées d’un mur d’enceinte discret. La pregnance d’une pointe à l’Est. Pointe monumentale qui s’élève au dessus de la ville comme affront au territoire naturel. Pointe couronnant aussi l’éperon, prolongeant sa silhouette naturelle. Charlemont s’impose en seigneur sur la plaine de la Famenne. Et pourtant, cet emblème du territoire de l’Entre-Deux, horizon Sud de la ville et seul élément visible et appropriable de la fortification n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce n’est qu’une 89

vision de la forteresse. En venant du plateau, c’est un ouvrage tapi dans le sol et la végétation que l’on découvre. Une forteresse coupée, isolée du plateau par de multiples ruptures dans la topographie. En réalité, on pressent de nombreuses visions différentes de cet espace, témoignant de sa position orographique particulière. Arpenter ce site aujourd’hui, c’est remonter dans le temps à la manière d’un archéologue cherchant la cité perdue. La lecture est difficile, demande des exercices mentaux pour comprendre les ouvrages. Ces ouvrages disparates forment toutefois une cohésion stratégique. C’est un site d’exception doté d’une complexité

fine puisqu’élaborée et calculée par le génie militaire de plusieurs époques sur laquelle la complexité temporelle se surimpose. Les siècles succédant le XVIIème ont amené et disséminé sur cet espace une autre pensée, une autre utilisation de l’espace, une autre forme de richesse nommée aujourd’hui patrimoine. L’émergence et la dissémination de ces dernières dans une cohésion d’ouvrage patrimonial laisse poindre une lutte opposant végétal et architecture sur l’éperon rocheux. Deux ressources patrimoniales en lutte là où elles pourraient au contraire s’allier et décupler la force originelle du site.


Typologies de fronts variées pour une forteresse hors du commun

N

Suite aux premières impressions dégagées de ce site, il faut maintenant aborder les caractéristiques intrinsèques de ce site, comprendre dans quelle mesure il est site d’exception afin de pouvoir révéler ses richesses tout en résolvant les contraintes posées. Pour ce faire, la première étape consiste à comprendre l’organisation du site et de s’approprier l’esprit du site. Sur un lieu historique comme Charlemont, il est bien difficile de ne pas être sensible à la mémoire du site, aux émotions qui se dégagent lors de sa visite. 90


Vides dérobés au regard

Affirmation d’une fortification

Pleins et vides jouant dans l’organisation de l’espace

Charlemont est bien différente d’une citadelle telle que Neuf-Brisach, Lille ou Rocroi construites ex-nihilo par Vauban sur un terrain plutôt plan, permettant alors de donner aux ouvrages toute la force dans l’accomplissement de la technique vaubanienne pure. Ici, rien de tout cela: Vauban a remanié l’ouvrage de base dessiné par l’ingénieur italien Di Boni au XVIème siècle dans un contexte orographique tourmenté. L’application d’un modèle parfait et strictement organisé est inadéquate. Il fallait prôner l’adaptation technique de la pensée militaire du XVII ème aux deux composantes que ne comportent pas les citadelles parfaites citées: orographie et pré-existence d’un ouvrage bâti au XVIème (à la transition entre deux modes de pensées différentes). Le travail de composition a ici fait appel aux qualités d’ingénieur de Vauban qui témoignait son intention de « Réconcilier l’art et la nature ». La compréhension de cet ouvrage aujourd’hui en est d’autant plus compliquée et intéressante: ce n’est pas un modèle type de citadelle qui a été décrit et acquis, c’est au contraire un modèle de pensée à comprendre et s’approprier. Le fait qu’elle ne soit comparable à aucune autre fait de Charlemont un site à valoriser absolument. De manière élargie, les deux ouvrages en rives de Meuse permettent de comprendre la pensée et la composition. Mes visites de terrain me poussaient à aller et venir entre les deux ouvrages: l’un répondant aux questions de composition que l’autre posait. Le camps retranché du mont d’Haurs pour la simplicité visuelle de composition et une compréhension aisée; et Charlemont pour l’adaptation de cette pensée aux contraintes du terrain. Pour cette raison, les ouvrages ne doivent pas être pensé indépendamment mais conjointement et ce malgré les contraintes énoncées dans l’état des lieux à venir dans la prochaine partie.

La première chose dont on prend conscience à Charlemont c’est le jeu entre deux types de territoires et d’ambiances. La confrontation et le jeu induit par les pleins et les vides de l’ouvrage. L’un s’édifie sur l’éperon monumentalisant le site tandis que le second s’y dissimule, entaillant la roche, lui donnant ainsi plus de force. Les plateaux et fortifications sont les éléments visibles et affirmés de l’éperon tandis que les douves en sont le négatif, et la partie dérobée aux regards. Le jeu de ces vides et pleins dans l’architecture militaire s’organise lui même dans l’espace afin d’en assurer la défense. Ici, la défense a été fondée et remaniée sur la base du quadrilatère*, modèle simple se référant à la pensée du moyen-âge comme la place-forte de Mariembourg à quelques pas. C’est le XVIIème et le progrès technique de ces ouvrages qui amènent à penser la défense sur un nombre de fronts plus importants et étaler en profondeur sur le territoire (modèle pentagonal pour Lille et octogonal pour Neuf-Brisach). Donc ici 4 fronts coïncidant avec l’orientation de la rose des vents par la nature même du terrain, 4 natures de terrain différentes et autant de techniques pour répondre au besoin de la défense. *j’entends ici la défense de 4 faces et non la forme de la fortification principale qui est triangulaire. J’ai donc considéré que la Pointe Est, bien que restreinte dans sa superficie constitue un front. (on compte d’ailleurs 2 bastions, même petits sur l’ouvrage de Di Boni. De même, j’ai mis de 91 côté les deux bastions plats du front Nord qui pour moi appuient la défense des bastions d’angles


Sources: Galichet

BASTION

Sources: Galichet

COURSIÈRE DE CONTRESCARPE

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Pointe Est: Un promontoire sur la ville Une renommée C’est l’espace le plus connu et reconnu de la citadelle dans la ville, le grand paysage, les pensées, la mémoire...C’est la partie émergée et emblématique de Charlemont. Avec une hauteur cumulée proche 35 m sur un éperon plus imposant encore, c’est le site où sont rassemblés les enjeux militaires premiers : Affirmation du pouvoir royal, puissance et défense. Un promontoire Un autre fait qui distingue la face Est des autres fronts, et directement induit de sa position dans le site : son caractère inaccessible ! Aux pieds de Charlemont, après la barrière urbaine, c’est le relief et la pensée militaire qui occultent la possibilité de rencontrer un chemin d’accès. Frustré ou seulement ébahi devant cette monumentalité et son inaccessibilité, c’est à coup sûr le lieu vers lequel tout un chacun tend inévitablement à se rendre. Ce que l’on vient conquérir ici aujourd’hui, c’est la vue. Une vue La vue ouverte à presque 360° sur la vallée de la Meuse, la plaine de la Famenne, les plateaux belges du Condroz...Une grande respiration qui nous amène à découvrir le territoire sous un jour nouveau. Mais aussi une tranquillité appréciable à l’aurore parant la ville de nuances orangées et de rouges..

Fortifications de Charlemont et de Condé vu depuis le carrefour de Beauraing

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Passage enjambant la douve du château pour rejoindre la pointe Est

Poudrière de la pointe Est

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L’esprit du site Dominer Défendre. La défense est organisée par la succession d’ouvrages dans l’épaisseur de la pointe que Vauban est venu renforcer lors du remaniement de la place. L’intérêt se situe autour de l’enchevêtrement prononcé des ouvrages dans une épaisseur fine d’espace disponible, dégageant une monumentalité verticale, dans la hauteur du site. Dominer, on l’a vu c’est par l’orographie mais c’est aussi dominer dans la défense : par la manière de répondre et de répliquer aux attaques. On l’observe dans l’architecture discrète mais non moins précise et calculée des murets de courtines et galeries de contrescarpes percées de double sillons verticaux permettant une défense frontale. Plus haut, les galeries des bastions de Meuse dissimulent des ouvertures pour des tirs de flanquement assurant ainsi la protection des ouvrages contre l’assaillant. Enfin, arrivé au sommet, la poudrière : point phare et essentiel à la défense. Que dire quant aux liens de cet espace avec les autres fronts ? À première vue, on aurait tendance à raccrocher la pointe Est au système bastionné principal (comprenant les ruines du villages) par la hauteur similaire qui semble lier ces espaces. Pourtant la Pointe Est est bien un ouvrage de défense du cœur de site. Au même titre que les autres fronts avec leur propres ouvrages, elle s’en détache, ici par une série d’ouvrages travaillés dans la hauteur plus que dans l’épaisseur, ou dans la profondeur, de la douve du château isolant le front de l’ouvrage à défendre. Il serait aisé aujourd’hui de réaliser l’importance de cette rupture si le pont donnant l’accès au promontoire n’était pas hors-d’usage. Si de la ville et du cœur de la citadelle, on n’accède pas à cet espace plein de promesses, il reste encore 2 accès possibles. Un seul si on tient compte des normes d’accès au public: la route en enrobé sur la face Nord de Charlemont et dont la construction a probablement été initiée par l’armée. Fréquentable oui, mais sans aucune valeur historique ou paysagère et entaillant les glacis. Reste un autre chemin bordant les douves qui sera abordé dans la partie suivante consacrée au front Nord.

95


chemin d’accès à Charlemont depuis la ville

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Face Nord: Imposants glacis Une renommée à construire: Totalement dissimulée dans la végétation, la Face Nord de Charlemont ne présente aux visiteurs qu’une piètre image des richesses architecturales et stratégiques qui lui ont été données. C’est un espace trop méconnu, trop inaccessible aujourd’hui à cause de la végétation et pourtant c’est presque l’un des espaces où il serait le plus aisé de créer de la valeur aujourd’hui. Une vue La vue n’est aujourd’hui donnée que par le bastion de la Reine de Hongrie, ouvrage culminant à 210 m (110m au dessus de la Meuse). Cette vue contrôle un territoire qui s’étend du plateau (avec ses micro-relief ): la porte vers Chimay jusque la porte de Meuse en territoire Belge. Depuis Condé, la vue donne presque directement sur le manoir d’Agimont - de couleur clair qui se détache en hiver de la sylve. La vue n’offre pas la sensation aujourd’hui de dominer le site mais elle offre toutefois la possibilité de découvrir plus particulièrement certains espaces cités.

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Élévation du fort de Charlemont depuis le Nord (la végétation n’est pas représentée)


1

2

3

N

Bastion de la Reine de Hongrie Ouvrage de la Haute corne Ouvrage de la Basse corne

Étagement des ouvrages vus depuis la demi-lune d’entrée de Charlemont

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Des terrasses militaires: L’intérêt du Front Nord est dans l’affirmation du relief de l’éperon. La déclivité importante caractérisant le site organise une succession d’ouvrages, parallèlement au front, parallèlement aux lignes de niveau du terrain. Différents noms sont donnés aux ouvrages, majoritairement des demilunes, mais tous organisent l’espace sous forme de terrasses. Terrasses dont le rideau d’arbres ne semble pas s’ouvrir sur le paysage! Le Fort Condé, proche et dégagé aujourd’hui est à peine perceptible! L’esprit du site Ces terrasses pour nous, constituaient hier des obstacles organisés en dédales pour la progression des assaillants. D’ailleurs, les douves ont une moindre importance comparé aux murailles qui dictent l’organisation de la défense ici. Un peu à la manière de la pointe Est c’est la hauteur de la muraille dans le relief qui dicte la meilleure défense. Ce qui explique ici l’amas d’ouvrages en arrière du site. La muraille est d’autant plus haute que le relief à franchir est important. C’est l’épuisement de l’assaillant dans la confrontation frontale d’ouvrages hauts. Mais cette muraille ne devait pas non plus être un dédal pour les assiégés qui devaient y circuler rapidement et en sécurité. Un nombre restreint et stratégique de portes et de passages souterrains organisent cette circulation stratégique à l’abri des tirs extérieurs. Les assiégés ne connaissaient pas l’obstacle lié à la topographie: ils passaient à travers la muraille. C’est également pour cette raison qu’existe la route qui mène à Charlemont. Les militaires sortaient de la ville par la porte fortifiée de Sous Charlemont et pénétraient dans


1

Au premier plan, entrée de Charlemont puis ouvrages de la face Nord depuis le bastion de la Reine de Hongrie

Entrées Ouest des chemins couvert des demi-lunes 2 et 3

Chemin couvert de la demi-lune 2 dite de Saint Philippe

Chemin sous la Basse Corne

Glacis de la face Nord vue depuis la Pointe Est

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Voir écotone dans le glossaire Végétation

la citadelle par ce chemin en travers du relief. Cette route est aujourd’hui la seule voie d’accès ouverte. Tous les visiteurs entrent donc dans Charlemont par une voie à travers la muraille sans réellement pouvoir prendre conscience de la complexité architecturale et technique du lieu. On atteint directement l’ouvrage phare du site! Il est intéressant de constater dans cette construction l’existence de cette double lecture de l’espace, fonction de la nature du visiteur(assiégé, assiégeant). Que dire quant aux liens de cet espace avec les autres fronts ? Si cet espace possède ces propres règles de construction, on peut également rappeler qu’il fonctionne dans un système, propre à la pensée du XVIIème. Ils sont liés entre eux, même si aujourd’hui, cette vision est altérée. Pour relier la Pointe Est existait un chemin le long de la douve royale et des glacis au pieds de l’ouvrage principal. Cependant, plus enfriché que dégradé, cet espace est laissé de côté au profit aujourd’hui d’une route entaillant les glacis. Architecturalement, cessont des espaces riches faisant preuve d’une grande technicité, permettant de dissimuler le passage des soldats mais aussi de rattraper la déclivité du terrain vers l’Est. Le Fort Condé est relié à Charlemont par une caponnière et un passage à travers la muraille constituant ainsi une base de défense avancée du front Nord. C’est donc une unité quasi autonome juché sur un micro-relief de bioherme de marbre rouge. Le Fort Condé est quant à lui relier au reste du territoire par un chemin d’exploitation descendant vers la Chapelle de Notre-Dame de Walcourt. Relier la plaine d’Asfeld et donc le front Sud s’organise par des circulations dont on a déjà parlé ainsi que des circulations plus caractéristiques du plateau que l’on va découvrir. La rencontre des deux fronts de défense génère des espaces de transitions répondant aux caractères techniques et architecturaux de ces derniers. C’est une sorte d’écotone architecurale.


N

100


Face Ouest: S’isoler du plateau

Sources: D’après Galichet

Une renommée: Si on reconnaît la pointe pour sa monumentalité, on trouve au contraire toute l’empreinte de Vauban dans la conception de cet espace, marqué par des angles saillants, un tracé droit, des fossés, des ouvrages élaborés dans la profondeur du terrain, glacis discrets dissimulant les ouvrages...Pourtant sa visite vient bien après celle de la Pointe Est et du cœur d’ouvrage (avec le fameux hôpital de siège). La monumentalité de ce site reste difficile à appréhender à l’échelle humaine compte tenu de sa vétusté (reliefs aplanis par les herbes hautes et visibilité restreinte par les arbres). Une vue: Difficile de parler d’horizon observable en tout point des fortifications ici, la vue s’arrête assez rapidement sur les arbres aujourd’hui. A l’extrémité Ouest du site, la lunette de Foisches, ouvrage surélevé devait permettre une observation limitée du territoire à l’Ouest puisque l’on était vite arrêté par le relief (raison pour laquelle Vauban désirait prolonger la défense par une ligne supplémentaire au point culminant du plateau-vu dans la partie historique.)

101


Douve impériale

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Douve entre le bastion détaché du bastion du roi et la plaine d’Asfeld

Douves de la Haute Corne


Une plaine, un labyrinthe Aussi lisible que ce plateau puisse paraître vu d’avion, une fois au sol, il apparaît labyrinthique: on circule dans les douves qui se révèlent être un plateau surplombant d’autres douves plus profondes...les douves forment de nombreux couloirs qui nous isolent du plateau...les arrêtes saillantes constituent quant à elles les points de repères hauts. La plaine d’Asfeld s’arrête au niveau des douves des quatre russes par une suite d’ouvrages de Séré de Rivière: complexe et labyrinthique également mais à une échelle plus humaine. L’esprit du site La composition de cet espace s’appuie sur un principe simple: celui de multiplier les lignes de défense dans la profondeur du terrain afin d’exposer son adversaire, de l’user, gagner du temps dans l’attente de renfort. Selon Vauban qui calculait la prise d’une place en 48 jours, ce n’est qu’une question de temps et de moyens. Que dire quant aux liens de cet espace avec les autres fronts ? Adossé au cœur de Charlemont, le front Ouest on l’a vu se lie avec le front Nord par une complémentarité technique et architecturale; et avec le front Sud par des postes d’observations. Ce site est relié au plateau de Foisches par une route ainsi qu’un pont carrossable mais dont l’accès reste fermé aujourd’hui.

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104 Sources: Galichet

Sources: Galichet


Face Sud: une fortification naturelle parfaite Une renommée Sa renommé est celle d’un site escarpé inaccessible constitué d’une richesse floristique importante. On perçoit furtivement des pans de murailles entre la végétation où la roche avec laquelle le site semble parfois ne faire qu’un. Monumentalité d’une arrête rocheuse affirmée par la muraille et l’inaccessibilité d’un site d’exception.

D’après un dessin de Leriche

Fenêtre sur le territoire La qualité du site ainsi que la stratégie de composition place ce front comme crête architecturale de Charlemont. J’utilise le terme de crête architecturale dans le sens où cette ligne de front est la ligne qui appel à l’observation de l’horizon; la ligne liant le plateau de Foisches, le coeur de Charlemont jusqu’à la Pointe Est.

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Mont d’Haurs Camp retranché du Mont d’Haurs

Rancennes

Charnois

Forêt de Maurière

Carrière des Trois Fontaines

La Chapelle

Vue sur Haurs et ses villages depuis la face Sud de Charlemont

Vue de la face sud de Charlemont prise à proximité de la Roche à Wagne

Falaise avant d’arriver à Givet par la Porte de France

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Fortifications et chemin de Meuse depuis la Porte de Rome

Fort de Rome, rattaché à la fortification de la ville.


Une vue L’horizon est accessible par un système de fenêtre dans la muraille au niveau de la plaine d’Asfeld et d’espaces d’observation plus ouverts sur la plaine au niveau du cœur de site. L’esprit du site La composition de ce site est simple puisqu’elle s’appuie sur l’inaccessibilité de la falaise naturelle. Seuls des postes d’observation et de tirs ont donc été nécessaires à cet espace. Escarpements rocheux au dessu de la voie ferrée et routière

Que dire quant aux liens de cet espace avec les autres fronts ? Malgré l’escarpement du site, on note aujourd’hui deux chemins d’accès à chaque extrémité de Charlemont. Le premier est historique et permettait depuis la ville de se rendre au fort par le chemin de Meuse. Le second part des douves des quatre Russes et sillonne la falaise à buis sur un chemin caillouteux jusqu’au chemin de fer. Ces deux accès sont aujourd’hui fermés pour cause de dangerosité pour le premier (escaliers abruptes et non sécurisés). Quant au deuxième, il est peu accessible et dissimulé derrière le chemin de fer constituant une barrière physique.

Fort de Charlemont et habitations vus depuis le fort de Rome, bord de Meuse

Accessibilité difficile entre vétusté des voies et parties privatives

107

Chemin de Meuse


N

108


Charlemont 1555: coeur de l’ouvrage Une renommée: La reconnaissance qualitative de cette espace est liée au bâti militaire des différentes époques: de la caserne du XVIème, aux ruines du village et de l’église, et à l’hôpital de siège du XIXème siècle. C’est aussi le cœur de l’ouvrage protégé de part et d’autre par ses fronts comme on l’a vu. L’écrin du site rayonne en même temps en tant que point culminant sur les fronts rencontrés précédemment. Une vue: En tout point des remparts est observable le territoire, par le biais de vastes promontoires, d’échauguettes ou de petites percées. Toutefois, l’observation de l’horizon et du front est limité au Nord par la présence d’un rideau d’arbres.

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Sources: Galichet

Sources: D’après Galichet

Place minérale ouverte: Sa caractéristique, contrairement aux fronts de défense, c’est d’être ouverte. Il n’y a pas de défense organisée par des murailles ou des fossés puisque c’est un espace de vie: une place minérale abritant un village autrefois composé de boulangeries, de cafés, de boucherie, d’une petite caserne et quelques maisons d’habitations. Aujourd’hui, cet espace est durement marqué par les bâtiments du CEC, en complète contradiction architecturale avec l’esprit du site. De plus, l’implantation non judicieuse des bâtiments à l’entrée immédiate du site dissimule le point phare architectural de ce site: l’entrée de l’hôpital de siège. Quand aux ruines du village, la base a servi à construire un village de combat pour les besoins de l’armée (besoins de la défense qui selon les lois passent bien avant le patrimoine qu’il soit architectural, végétal...)


Pont et demi-lune d’entrée

Des bâtiments imposants et sans grande qualité architecturale

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Bastion à orillon de Saint Jacques

Une entrée du fort peu valorisée avec arrêt du regard sur les bâtiments du CEC

Après le village commando, vers la pointe Est

Fortification à l’intérieur duBastion à orillon de Saint Jacques


Sources: Mémoire en images - Givet

L’esprit du site : En tant qu’espace de vie, cet ancien village devait répondre aux besoins de la population dans la vie courante que comme durant les sièges. Le premier besoin de l’Homme est celui de l’eau. Comme Vauban l’avait remarqué sur cette place auparavant, l’eau était une réelle question sur ce site perché sur les falaises contrairement à la plupart des autres sites. C’était une des faiblesses possibles de la place. Plusieurs citernes de tailles variées permettaient de récolter l’eau de pluie donnant ainsi à Charlemont de quoi subvenir aux besoins de ses Hommes. Ces citernes devaient selon les calculs permettre l’approvisionnement de 3000 hommes pendant 59 jours à raison de 23 litres d’eau par jour. L’approvisionnement était également rendu possible après la construction du chemin de fer sous Charlemont par un escalier souterrain depuis la place-forte. Tenir un siège c’est aussi répondre aux besoins en approvisionnements d’armes et de poudres de l’armée: les poudrières. Compte tenu de leur dangerosité, ces espaces étaient autant que possible éloignés des habitations. On comptait la poudrière de la porte de Rome, poudrière sous roc de l’Hôpital de siège(non visité), la poudrière du bastion de la reine de Hongrie (non visité) et la poudrière du bastion de Berlaymont (explosée suite aux révolutionnaires y ayant pénétré avec leur chaussures à clous!)

Place d’armes

111

Que dire quant aux liens de cet espace avec les autres fronts ? Le premier lien visible et imposant du cœur de site avec les fronts c’est le pont vers le Nord, aujourd’hui carrossable et menant à un parking imposant à l’intérieur du site. C’est le seul accès ouvert aujourd’hui. On a vu cependant qu’il existait d’autres passages au Nord fermés actuellement pour cause de dangerosité. Compte tenu de son intérêt hautement stratégique, des nombreux Pas-de-souris le long de la douve royale, devait lmenéer à des poternes et sur la place. La découverte du site en compagnie d’historiens mais également de personnes ayant travaillé sur le site (militaire et civil) m’a permis de localiser un de ces passages et de supposer la présence d’autres. Ces passages sont fermés aujourd’hui. Je suppose qu’il doit s’agir de vétusté mais il peut être question aussi de simples choix militaires.


Vauban, traité de l’attaque des places, XIIè feuille: attaque régulière en terrain unis

3.COMPRENDRE L’ESPRIT DU SITE

Sources: VAUBAN, bâtisseur du Roi-Soleil

Siège d’Ath

Avant d’être ingénieur des citadelles, il fallait comme Vauban avoir fait l’expérience des sièges, avoir pris d’autres places fortes afin de pouvoir en mesurer les failles mais aussi les atouts, et ainsi parer aux stratégies d’attaques. Même si aujourd’hui ces fortifications nous paraissent monumentales et d’un entretien coûteux, elles étaient pourtant construites dans un grand soucis d’économie des ressources: toute pièce de défense était calculée et utile. C’est une fortification construite via tracés et calculs enseignés aux ingénieurs par un jeu de stratégie (formalisé sous l’aspect d’un jeu de l’oie) afin que ces derniers puissent « construire la cage de l’oiseau » comme le disait Vauban. Toutefois il n’y avait pas de modèles prédéfinis de citadelle, Vauban prônait l’adaptabilité de la fortification au terrain. Ce qui explique en partie que la conception et la compréhension de Charlemont soit si éloigné des citadelles parfaites comme par exemple Lille ou Neuf-Brisach construites en plaine. Construite dans une plaine marécageuse comme Lille ou sur un éperon rocheux comme Charlemont, chaque ouvrage tire pourtant sa force et sa composition dans sa position géo-stratégique.

Documentaire Arte+7: la Citadelle de Lille

Siège d’Ath

La précédente analyse (générale) des espaces nous a permis d’entrevoir certains aspects de la pensée militaire sur ce site et nous permet maintenant avec les données historiques relatives aux ouvrages militaires du XVIIème siècle d’en comprendre toute l’ingéniosité. Comme Nicolas Faucherre le remarque c’est aussi « un dialogue entre les moyens d’attaque toujours plus performants et des moyens de défense qui y répondent toujours avec du retard ». Comprendre la pensée militaire, c’est comprendre l’organisation stratégique de l’attaque avant d’envisager l’édification de la défense.

112


Vauban, traité de l’attaque des places, Xè feuille: les cavaliers de tranchés

Vauban, traité de l’attaque des places, Planche 7

Excaver pour prendre

progression d’une sape

113

Par préoccupation des Hommes, Vauban étudiait la prise de citadelles de manière à perdre le moins d’Hommes possible et de restreindre la durée des sièges à 48 jours disait il. Dans cette optique, il a développé l’attaque en sapes: chemins creusés en zig zag dans le terrain. L’infanterie progressait en ligne de quatre hommes protégés des tirs derrière un mantelet mobile (conçu par Vauban). De la même manière, des excavations dans les glacis appelés ouvrages de mines permettaient aux assaillants de réaliser des brèches dans la défense de ces places. Une brèche dans le mur de rempart annonçait généralement la capitulation. Cependant, les combats ont rarement été jusqu’à créer de réelles brèches et dégâts de masse dans ces fortifications: les citadelles se rendaient avant l’incident: moyen de sauver les ouvrages. Ces deux principaux outils de prise de citadelle étaient eux même compris dans un schéma d’attaque bien plus important comme nous le suggère le siège de Vauban à Ath en Belgique,1697. Les assaillants prenaient du terrain dans la progression en sape, lesquelles constituaient ensuite des lignes d’attaque, bases de la prochaine avancée. La progression continuait ainsi de suite à la prise des chemins couverts, eux-même bases à l’attaque des demi-lune et enfin des bastions.


Édifier pour défendre

3 2 4 5 1

Douve Traverses

Chemin couvert

Glacis

1

Lunette de Foisches

2

Poste d’observation

Demi-lune entrée Charlemont Ouvrage défensif

3

Fort Condé

Ouvrage défensif

Escarpe Contrescarpe

Douve royale

4

Demi-lune ou bastion détaché de Saint Philippe Poterne Pas-de-Souris

Fortification entre Demi-lune Saint Jacques et la demi-lune Saint Philippe 114


Tablette Cordon Parapet

Lice Banquette de Tir

Place d’arme saillante

P l a c e d’arme rentrante

Demi-lune

Bastion de la Haute corne Pas-de-souris

5

Front en crémaillère de la plaine d’Asfeld (1) (2)

(3)

(4)

Profil: multplication des ouvrages dans le terrain

Galeries de contremines 115

(5)

(6)

Dans la partie liée à l’histoire du site, on a pu comprendre que les fortifications caractéristiques du XVIIème répondent à l’artillerie par la protection et le renfort des ouvrages par la terre dans la profondeur du site. La guerre de siège s’organisait par un système fondé sur le bastion, chaque ouvrage ayant un sens dans sa relation à l’autre. Chaque ouvrage doit pouvoir assurer le tir frontal (défendre sa position par tir de canon ou couleuvrines) mais aussi assurer le flanquement d’autres ouvrages (protection des ouvrages adjacents par des tirs de canonnières- mitrailles- parallèles aux flancs des ouvrages). Un autre point essentiel dans cette pensée, c’est la construction d’un système de défense dans l’épaisseur du site de manière à ralentir la progression des assaillants et d’user leur défenses. Pour un même front, on multiplie les lignes de défenses en fonction des moyens d’attaques qui peuvent être mis en place sur une typologie de terrain particulière. - d’autant plus verticales que la topographie initiale du site est marquée – donne des fortifications étagées et d’une épaisseur relativement fine pour contrer l’infanterie. - d’autant plus horizontales que la topographie initiale du site est absente (plane) – donne des espaces fortement allongés, des plaines afin d’éloigner l’artillerie lourde du fort. Ces lignes de défense répondent elles même à une certaine organisation permettant l’attaque et la protection des hommes et ouvrages: - front en crémaillère - ensemble: glacis (1)- chemin couvert (2)- demi lune (3)tenaille (absente à Charlemont) - douves (5)- bastion (6) - galerie de contremines dans les ouvrages avancés afin de contrer le travail de mine des assaillants. Les assiégés faisaient sauter les contremines de manière à engager des pertes côté assaillants avant que ceux-ci ne réalisent la brèche dans la muraille


1

1

1 3

2 1 4

2

N 5

Poternes:

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5 Dans la contrescarpe


Pas-de-souris à l’arrière des ouvrages

Poternes:

1

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1 Proche de l’entrée du Fort

1 Dans les murailles,

Entrée à accès réglementé pour les soldats venant de la vile

2 les ouvrages détachés....

2 Demi-lune de la Haute corne

3 les ouvrages principaux....

1

Caponnière du Fort Condé

4 dans la roche....


3. État des lieux Etat des lieux: vétusté et état de conservation L’ancien village de Charlemont en ruines, mais une forteresse à l’épreuve du temps

N

Bien que ce ne soit pas l’élément impactant le plus la lisibilité du fort de Charlemont, la vétusté de l’œuvre de Di Boni et de ses successeurs est à prendre en compte. Lors de mes visites de site, j’ai pu ainsi remarquer différents stades de vieillissement des ouvrages influant sur l’esthétique de l’ouvrage, sa lisibilité, ou la compréhension de l’esprit du site.

118


Sources: Mémoire en images - Givet

Sources: Mémoire en images - Givet

Avant l’arrivée du CEC

Suite au travaux d’entretien du CEC en 1962

Poudrière de la Porte de Rome tombant en ruines

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Sources: Givet - Charlemont Agimont, Hierges, Foisches «La légende des pierres»

L’église Saint Charles de Boromée: des ruines en 1914 à la simple empreinte patrimoniale de nos jours

Porte de Rome, de nos jours

Sources: Galichet

Sources: Mémoire en images - Givet

Sources: Mémoire en images - Givet

La caserne Rougé: de Ruines suite aux bombardements de 1914 à la carrière de pierre et disparition

Charlemont: Ayant porté à connaissance plus tôt les différents états de guerre à travers lesquels Charlemont est passé, je suis assez surprise de constater aujourd’hui que l’ouvrage soit encore debout, arpentable et lisible. Malgré les reproches que l’on pourrait faire à l’armée concernant l’utilisation de certaines parties du site en inadéquation avec l’esprit du lieu, il faut cependant leur reconnaître la gestion et l’entretien de la plupart des parties du terrain. A leur arrivée en 1962, le fort est envahi par la végétation et certains ouvrages restent fragiles ou en mauvais état. Leur occupation du fort et leur conscience patrimoniale ont tout de même permis de nettoyer et d’entretenir certains espaces par une gestion et une utilisation fréquente. Sur ces 90 Ha, 12 hommes à l’année étaient chargés de l’entretien. De même, certaines murailles et ouvrages ont été rénovés. Maintenir le fort en bon état de conservation c’est également le faire vivre. Faire vivre le fort, les différentes charges imputables à son entretien ont un coût annuel compris entre 200 000 et 700 000 euro! Malgré tout, il reste un élément architectural et militaire d’une grande richesse auquel il faut redonner la lisibilité et sa compréhension. Dans le cadre du projet, il sera donc question de rendre à certains ouvrages leur lisibilité et compréhension afin que l’ensemble fortifié garde sa cohérence. Envisager la rénovation ou l’entretien en vue de la lisibilité de certains ouvrages sur une échelle de temps définie.


Sources: Galichet

Partie Ouest du Fort Condé après nettoyage

Avant et après nettoyage par le chantier d’insertion

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Fort de Condé: Un état de conservation partagé. En certains lieux, Condé semble totalement voué à la ruine, il semble difficilement imaginable qu’un tel ouvrage puisse un jour renaître de ses pierres tel que la Chapelle de Walcourt non loin d’ici. Et pourtant la communauté de commune Ardenne Rives de Meuse a entrepris ce projet important de rénovation dirigé en deux typologies de travaux différentes. Le site enfriché fait en premier lieu l’objet d’un nettoyage important par un chantier d’insertion avant que les pierres aux pieds de l’édifice ne soient réutilisées dans la rénovation par une entreprise spécialisée. Les deux travaux qui doivent redonner vie au fort sont d’ailleurs bien accueillis par la population qui prend note de l’intérêt patrimonial du site et de l’aide allouée à la réinsertion de jeunes sans diplôme et de personnes en difficulté sociale (environ 20 personnes). Ce projet qui doit s’échelonner sur une période de 10 ans (et ayant débuté en d’octobre 2010) a été financé par l’Etat, le conseil régional, la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse et par l’appel à souscription qui a été lancé auprès de la population et des communes voisines afin qu’ils puissent se réapproprier en partie ce patrimoine. Si je prends soin ici de faire un très léger aparté sur la manière dont cette rénovation est entreprise à proximité de Charlemont sur un site beaucoup plus restreint c’est aussi pour souligner la partie impliquant la population locale dans la rénovation et la réappropriation


Pendant et après les travaux de restauration

des lieux. Comme on l’a vu plus tôt dans le mémoire, la reconquête de Charlemont implique la reconquête d’un territoire au-delà des frontières de la forteresse: un territoire qu’il faut se réapproprier, que la population doit se réapproprier. Après tout, ce sont eux les premiers ambassadeurs de leur territoires, eux qui font vivre ce territoire. Cet aparté sur Condé me permet également de prendre connaissance de pistes concernant la mise en œuvre d’une opération de type historique (même si dans les faits, la surface traitée n’a rien à voir avec celle de Charlemont). Camps retranché du Mont d’Haurs: Des trois ouvrages, c’est celui qui a subi le plus les dégâts du temps. Subsistent quelques pans de murailles intacts, mais ils font l’objet d’un trésor précieux sur ce site, d’une découverte miraculeuse. Au pied des murailles, les pierres ont disparu, soutirées à son ouvrages au court du Xxème, utilisées en carrière d’approvisionnement de pierre de taille. En raison de cette grande vétusté, il est également difficile de savoir avec exactitude à quel stade et selon quels plans l’ouvrage du Maréchal de Vauban a été achevé. Certaines parties de l’ouvrages sont elles introuvables, n’ayant soit jamais existé ou soit par enfouissement sous le temps? Les seuls éléments en état de conservation correcte sont les salles dans la couronne d’Haurs et quelques souterrains permettant d’aller et venir à l’intérieur et à l’extérieur de l’ouvrage.

121


Etat des lieux: Patrimoine bâti Un patrimoine dominé par les XVII et XIXème siècle mais disséminé dans l’espace 1

3

2

2 1 3

1

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1

N

2

1

1

1 1 1 1 1 1

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3

L’appréhension du site dans son ensemble permet de se rendre compte de l’importance stratégique de certains bâtiments mais aussi de la qualité technique et architecturale de l’ensemble. On constate rapidement que ces périodes architecturales se surimposent sur Charlemont rendant la dissociation des époques difficilement lisible pour le visiteur néophyte. Les qualités architecturales hétérogènes viennent accentuer ce phénomène. La qualité architecturale des bâtiments du CEC sont bien loin de la pensée militaire évoquée


1 Époque espagnole, casernement XVI

1 Vauban, XVIIème, porte de la citadelle

précédemment. De la même manière, leur implantation et dimension n’ont absolument rien de cohérent avec la qualité exceptionnelle du site (implantés à la jonction entre l’entrée de l’hôpital de siège et la porte d’accès au fort). Ce décalage architectural est d’autant plus visible que le village de combat est encore « présent » dans l’urbanisme du site. Toutefois, on fera le même constat pour ce village dont les parpaings ont complété les ruines historiques. Pourtant il reste peut être une qualité architecturale sous-jacente avec les caves des anciennes habitations, les fondations de cet ancien village... qui mériterait d’être approfondie.

2 Ruine de l’église Saint Charles de Boromée, 1555

2 Galerie de contrescarpe, pointe Est 3 Galerie, XVIème siècle

3 Galerie, XVIème siècle

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3 Citerne

On compte cinq grandes périodes architecturales dans la vie de Charlemont: - XVI ème: domination espagnole avec début des fortifications bastionnées - XVII ème: domination française avec l’apogée de la fortification bastionnée (symbole de puissance) - XIX ème: réarmement type Seré de Rivières après la guerre contre les prussiens - Xxème: réoccupation allemande légère en 1940 - XX ème: constructions de bâtiments pour le Centre d’Entrainement Comando


2 Casemate et passage couvert

1 Casernement dit «Hôpital de siège», type Séré de Rivières, 1870

3 Casemate

1 Occupation militaire pendant la deuxième guerre mondiale par les Allemands

1 Bâtiment du CEC, année 1990

2 Bâtiment d’escalade

124

1 Village de combat du CEC sur les ruines du village de Charlemont


Sources: Fonds documentaire de l’armée

125 Sources: Fonds documentaire de l’armée

Sources: Fonds documentaire de l’armée

Sources: Fonds documentaire de l’armée

Sources: Fonds documentaire de l’armée

Foyers et pièces souterraines de l’hôpital de Siège

N


Camp retranché du Mont d’Haurs

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Les écuries de Napoléon

Poterne dissimulée dans la hauteur des murailles et accessible aujourd’hui grâce aux éboulements du terrain au pied de l’ouvrage.


vu depuis Charlemont

Fort CondĂŠ

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Redoute centrale avec dĂŠtail de la salle au pilier


Etat des lieux: Pollutions pyrotechniques Une pollution de nature et de localisation méconnue

N

Compte tenu de la nature et de l’utilisation militaire du site, il est directement question de pollution pyrotechnique. Aidée de l’étude historique de pollution pyrotechnique, de la rencontre de personnalités ayant été en lien avec le CEC et de mes observations de terrain, j’établis un état des lieu des pollutions suspectées et avérées sur le site. Toutefois, il est plus indicatif qu’exhaustif puisqu’aucun diagnostic précis sur la nature et la localisation de cette pollution n’a été établi.

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Ruines du village de Charlemont après les bombardements

Arrière du bastion Saint Philippe

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Sources: Givet - Charlemont Agimont, Hierges, Foisches «La légende des pierres»

Atteintes des boulets sur les remparts de la Demi-lune Saint Philippe ?

Entre le XVIème et le XVIIème siècle, les nombreuses attaques françaises sur Charlemont ont pu engendrer certaines destructions. Toutefois, compte tenu des destructions plus massives qui ont suivi, du remaniement de la place par Vauban et ses successeurs et de l’injure du temps, je suppose qu’elles sont anecdotiques et ne constitue pas de pollution.

Première guerre mondiale: : le 31 août 1914, les artilleries allemandes déversent près de 4000 obus sur Charlemont détruisant ainsi les bâtiments dits « de surface »: la poudrière de la porte de Rome, le village de Charlemont et l’église Saint Charles de Boromée, la Caserne Rougé de Vauban en contrebas et laissant de nombreuse entailles dans les glacis et ouvrages de Vauban. 25 obus ont été retrouvés entre 2001 et 2007 dont 17 dans le bastion de la Reine .Les travaux de voiries ont mis également à jour 8 obus de 90mm à mitraille pesant chacun pas loin de 12kg. Elles ne contenaient pas de charges explosives et étaient en état de stockage dans les douves attendant un chargement. Ces indications me laissent supposer que la découverte d’autres vestiges pyrotechniques de cette période qui pourraient être occasionnés par des travaux de fouilles ou de voirie ne comporte pas de risques majeurs d’explosion.


La deuxième guerre mondiale a induit des bombardements sur Givet avec plus de 21 tonnes d’obus mais aucune traces induisant une pollution possible n’est remarqué à Charlemont. La présence de postes de tirs dans la pointe Est et en arrière en direction de Chooz laisse penser que l’utilisation de munissions sur ces lieux aient pu entrainer une pollution (stockage) Excavations dans le béton, trace d’un ancien poste de tir (la pièce retirée est aujourd’hui dans un musée)

Lunette de Foisches convertie en polygone à explosif par le CEC

Espace de tirs au dessus des Douves des Quatre Russes

130

Sources: autre

Résidus de munitions

CEC: Enfin, les cinquante dernières années où le CEC a utilisé le fort ont également induit une pollution sur le site. Contrairement aux autres types de pollution, celle-ci pourrait être plus importante puisque localisée sur des espaces restreints: - lunette de Foisches appelée «polygone d’explosif »: des tests sur des explosifs de 70g, 3 et 5kg y étaient réalisés - des espaces de tirs à balle réelles: douve de la corne d’Asfeld, plateau précédant la corne d’Asfeld. Enfin, le village utilisé pour simuler des combats est probablement un espace contaminé où j’ai retrouvé quelques munitions (balles réelles?).


Trous laissés par des obus

Glacis Nord de Charlemont

Bastion de la Reine de Hongrie

Ces différentes pollutions occasionnées sur le site induisent des contraintes dans la concrétisation de projets. Il est dit que: les travaux de fouille supérieur à 50 cm (et qui pourrait être revenu à une valeur de 30) doivent faire l’objet d’une étude et d’un diagnostic pyrotechnique. Cependant cette valeur me semble plus déterminée par le besoin d’une valeur seuil que par la réalité. Si on ne peut donner la nature et l’emplacement des résidus pyrotechniques, alors comment peut-on supposer qu’ils soient présents à plus de 30cm sous la surface? Les obus retrouvés lors des travaux de voiries ne permettent pas de dire que tous les obus soient à cette même profondeur. De même, le terrain a pu évoluer différemment: on se trouve sur un site avec une forte pente, en particulier sur les glacis! De plus, les conclusions de l’étude historique précisent: « Nous estimons que ces faits de guerre ont induit une pollution pyrotechnique sur cette emprise, au point de nécessiter une campagne de diagnostic et de dépollution pyrotechnique, qui devraient se limiter au projet de l’acquéreur. » Considérant tout de même cette valeur comme effective, je note que la quasi totalité des éléments que l’on va amener sur le site dans le cadre du projet va induire le recours à cette étude et donc un coût (imputable soit au maître d’ouvrage soit au ministère de la défense selon l’article 4, alinéa I et III du Décret n°76-225 du 4 mars 1976 fixant les attributions respectives du ministre de l’intérieur et du ministre de la défense en matière de recherche, de neutralisation d’enlèvement et de destruction des munitions et des explosifs. Quelques exemples rapides: plantation d’arbres (120 à 150 cm de profondeur pour un arbre tige), la création de fondations pour ouvrages légers de type clôtures, bancs, garde-corps (min 80 cm pour être hors gel), la création de circulations légères pour piétons et cycles arrivent à la limite des restrictions (suivant typologie 20 cm pour un chemin gravillonné à 30 voir 40 cm pour poser un dallage). Malgré les différents bombardements, l’ouvrage entrepris par Di Boni constitue encore un site d’exception à découvrir. C’est plus qu’une ruine. Il y a même quelque chose qui se dégage de ces empreintes de guerre sur le site, une émotion qui naît. On prend conscience que ce site n’a pas été un simple ouvrage monumental mais qu’il a aussi vécu sous l’expérience du temps et de la guerre (au contraire des ouvrages italiens qui n’ont pas subi l’épreuve de la guerre). La découverte de sites en ruine comme la demi-lune Saint-Philippe à côté d’ouvrages en parfait état et de construction similaires (demi-lune Saint Jacques) nous donne la mesure du temps et des guerres qui sont passées. Ces observations nous laissent rapidement imaginer ce qu’a pu être cette pluie de bombes. Imaginer leurs sifflements au dessus de nos têtes. Les éclats, les glacis martelés. Le village qui s’effondre. Les demi-lune, les milliers d’hommes défendant et occupant les ouvrages de la forteresse … Toutefois, ce n’est ni la vétusté ni la succession de guerres qui ont rendu cet espace aujourd’hui illisible aux visiteurs, mais plutôt la végétation. 131


Etat des lieux: Richesses, contraintes et envahissement floristiques

N

Compte tenu des nombreuses restrictions impliquées par les classements environnementaux, un diagnostic a été lancé par la Communauté de Communes Ardenne Rives de Meuse permettant de mieux connaître, comprendre et gérer ces espaces dans le futur. En attendant, il faut tout de même prendre connaissance des espèces et habitats (potentiellement présents) ayant déterminé la création de ces zones, et de la réglementation applicable en vue de l’élaboration du projet. Je me suis également basée sur des diagnostics antérieurs réalisés sur 132


ces zones: étude d’incidence relative à la mise en lumière du Fort de Charlemont et le plan de gestion écologique du site de Fort Condé.

Arrêité de Biotope: « Rochers et falaises 1990

de

Charlemont », 16

juillet

Cette zone de 7 Ha est classée selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature en aire protégée gérée principalement à des fins de conservation, avec intervention au niveau de la gestion (UICN de type IV). L’habitat des « falaises continentales et rochers exposés » a été déterminant dans le choix de cette création auquel viennent en complément les fruticées de buis et les pelouses calcicoles sèches et steppes. Ces habitats comprennent notamment des espèces protégées au niveau national par la liste rouge (liste en annexes):

Sources: Frédéric Canon

Réglementation: Arrêté n° 90/413 portant sur la protection du biotope des rochers et falaises de Charlemont en date du 22 mai 2001. (Détails en annexes)

Corniches rocheuses et boisements thermophiles, falaise de Charlemont

133

Données à prendre en compte pour le projet: Dans le cas où cet espace serait en parti ouvert au public (chemin de Meuse donnant accès au fort ou sentier), il faut limiter le visiteur à un itinéraire délimité et éviter la surfréquentation de ces espaces afin de veiller à la tranquillité des espèces. De même, on ne pourra pas introduire d’espèces exogène au milieu.


NATURA 2000: La délimitation de zones dite Nautra 2000 concourt à la formation d’un réseau écologique au niveau européen, à la préservation d’espèces et d’habitats. Elle se décline en deux directives: oiseaux(ZPS) et habitats (SIC), toutes deux représentées sur ce site. 1/Sites d’importance communautaire (SIC directives habitats, faune, flore): 1-FR 2100 246: Pelouses, rochers et buxaies de la pointe de Givet Superficie: 673 Ha Caractères remarquables du site mis en avant par l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel): Intérêt géologique (stratotype du Givétien) Intérêt faunistique : présence de papillons en limite d’aire, de forts et grottes abritant souvent des gîtes de chauves-souris, d’importantes populations de Lézard des murailles et Coronelle lisse). Intérêt floristique lié à la présence de nombreuses espèces rares, subméditérranéennes et d’une végétation thermoxérophile qui représente ici l’ensemble le plus caractéristique de la région Champagne-Ardenne. (liste des formation végétale et plantes protégées à l’Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil en Annexes) Vue sur les pelouses mésophiles qui vont prochaînement faire l’objet de pâturage

Buxaie et boisements thermophiles avec vue sur Givet et la vallée de la Meuse

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Toutefois ces espaces sont dit vulnérables en raison de leur état de conservation variable. La disparition du pâturage entraîne la fermeture du milieu qui fini par s’appauvrir. On n’observe alors plus certaines espèces (valable pour les pelouses mésophiles-pelouse où l’on ne distingue pas d’espèces très spécifique puisqu’entre un milieu plutôt humide-hygromésophile- et un autre plutôt secmésoxérophile). L’INPN fait également état des populations de chiroptères dérangées par le tourisme et la spéléologie récréative. Réglementation: Code de l’environnement (version consolidée au 3 mars 2012): Article L411-3 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 241 Article L414-4 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 125 et Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 235 L’arrêté n° 2011 fixant la liste prévue au 2° du III de l’article L414-4 du code de l’environnement, des documents de planification, programmes, projets, manifestations et interventions soumis à l’évaluation préalable des incidences Natura 2000 dans le département des Ardennes. (détails en annexes)


Données à prendre en compte pour le projet: Étant donné la nature du projet développé sur cet espace, il débouchera obligatoirement sur une étude d’incidences Natura 2000 et si besoin sur des mesures compensatoires. Toutefois, on peut limiter le recours à ces mesures compensatoires: -en intégrant les éléments de la charte Natura 2000 (Document d’objectifs-DOCOB*), - par la connaissance approfondie des milieux présents sur le site (diagnostic et inventaires faunistiques et floristiques) , - en privilégiant une souplesse dans le dessin des éléments de projet (ex: possibilité de déplacer les chemins pour éviter le passage sur un lieu de nidification...). De même l’état de vulnérabilité mentionné par l’INPN est à prendre en compte dans le cadre d’une ouverture au tourisme et de la gestion de la qualité des espaces. Cela peut se traduire par la restriction d’accès pendant la période hivernale (période où les chauve-souris semblent être présentes dans la pointe Est où elles hibernent). La gestion des pelouses mésophiles est déjà en partie résolue par la ville de Givet envisageant le pâturage des ovins pour réguler la fermeture du milieu (embroussaillement). Enfin, comme pour l’arrêté de Biotope, on n’introduira pas d’espèces exogènes au territoire défini et qui de toute évidence constituerai une abbération dans le site historique présent. *Il ne semble pas exister de DOCOB pour les milieux concernés ici (le DOCOB existant concerne les zones humides en Champagne-Ardenne)

2/Zone de protection Spéciale (ZPS directives Oiseaux): 215-FR 211-2013: «Plateau ardennais» Caractères remarquables du site mis en avant par l’INPN: On rencontre 22 espèces d’oiseaux présentes sur ce périmètre et visées par l’Annexe I de la directive 79/409/CEE du Conseil. Les populations, leur état, et leur degré de rareté est mentionné cependant c’est un inventaire qui porte sur tout le périmètre de protection, donc tout l’espace boisé Nord du département qui mélange différents milieux boisés : humide, sec... (liste de quelques espèces en annexes) Réglementation: Code de l’environnement (version consolidée au 3 mars 2012) Directive 79/409/CEE du Conseil, du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages. (détails en annexes) Données à prendre en compte pour le projet: Dans le cadre du projet il faudra tenir compte des espèces dites vulnérables, menacées et considérées comme rares, ainsi qu’à leur habitat. Les sites où la présence de ces espèces a été avérée devront faire l’objet d’une attention particulière en vue de restreindre leur dérangement occasionné par la fréquentation humaine (et prévenir la destruction intentionnelle ou non des habitats, individus et oeufs).

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ZONE NATURELLE D’INTÉRÊTS ÉCOLOGIQUES, FAUNISTIQUES ET FLORISTIQUE (ZNIEFF): Les deux types de ZNIEFF englobe les deux périmètres de protection vus précédemment et comprennent donc la protection de mêmes espèces. La première est elle même incluse dans la seconde. 1/ ZNIEFF 210002014 de type I: « Escarpements du fort de Charlemont et Condé »: Surface de 137 ha Armoise blanche (Artemisia alba Turra, 1764) sur le mont d’Haurs protégtée au niveau régional

Orvet, à proximité du Fort Condé

Bioherme de marbre rouge dits «des Flandres»

Différents papillons

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Intérêts du classement: La Flore: La végétation de la ZNIEFF est constituée de différents types de pelouses calcicoles représentatives des groupements sur le calcaire de Givet, de buxaies et de bois thermophiles. Cette végétation thermoxérophile calcicole constitue le meilleur exemple régional de ce type. On y observe même des plantes sub-méditerranéennes. Les milieux et plantes (toutes inscrites sur les listes de végétaux de Champagne-Ardenne) qui ont déterminé ce périmètre de protection: - Fruticées à Buis (Buxus sempervirens L., 1753 ) - Pelouses médio-européennes sur débris rocheux (Hutchinsia petraea (L.) R.Br., 1812- protection régionale, Medicago minima (L.) L., 1754) - Prairie calcaire subatlantiques très sèches (Aster linosyris (L.) Bernh., 1800 protection régionale, Carex humilis Leyss., 1758, espèces en limite d’aire de répartition: Helianthemum apenninum (L.) Mill., 1768, espèces en limite d’aire de répartition : Festuca pallens Host, 1802 Coeloglossum viride (L.) Hartm., 1820 ) - Lisières forestières thermophiles (Anthericum liliago L., 1753 protégée au niveau régional) - Végétation des falaises continentales calcaires (espèces en limite d’aire de répartition et protégée au niveau régional Artemisia alba Turra, 1764 ) La Faune: Reptiles: Lézards des murailles, Orvet, Oiseaux:Pie-grièche écorcheur, Bruant jaune Site d’hivernage pour les Chauve-souris (toutes sur la liste rouge des mammifères de Champagne-Ardenne): vespertilion à moustaches, le vespertilion de Daubenton, la sérotine commune et le vespertilion à oreilles échancrées (figure à l’annexe II de la convention de Berne, aux annexes II et IV de la directive Habitats, dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie «vulnérable»)) La géologie: Stratotype du Givétien et Bioherme de marbre rouge dits des Flandres


2/ ZNIEFF de type II: « Ensemble de pelouses calcaires et milieu arboré et de la pointe de Givet »: Superficie de 1943 ha. Intérêts du classement: En plus des milieux et espèces décrite dans la ZNIEFF de type I, l’intérêt de cette ZNIEFF compte d’autres ensembles de végétation, espèces faunistiques (reptiles, nombreuses espèces de papillons diurnes, criquets, sauterelles, mante religieuse et cigales) ainsi que les fossiles les assises du stratotype du Givétien (voir liste en annexes): La zone est globalement en bon état mais souffre de la fermeture des milieux. Réglementation: Code de l’environnement, Article 411-1 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 124 (détails en annexes) Données à prendre en compte pour le projet: Il s’agira de prévenir la destruction, et dégradation de ces espaces ainsi que le prélèvement de spécimen en tout ou partie d’espèces végétale ou animales. Il va donc s’agir d’un travail sur la communication et la signalétique réglementant l’utilisation des espaces ouverts au public. D’autre part, la fermeture du milieu doit être prise en compte afin de maintenir la qualité de ces espaces. C’est ici une question de gestion. RÉSERVE NATURELLE NATIONALE (RNN): Une RNN est créée lorsque la conservation de la faune, de la flore, du milieu naturel présente un intérêt particulier à être soustraite à une artificialisation qui pourrait lui porter atteinte (domaine terrestre ou maritime). L’état prend en compte la qualité remarquable des faunes, migrations d’oiseaux, des flores qui y vivent, des milieu, la préservation des biotopes, l’intérêt géomorphologique et géologique en vue de former une sorte de collection de milieu naturel. L’idée aboutissant à la création de ce périmètre est la préservation stricte des choses et d’en réduire l’accès au public par la mise en place d’un dispositif de contrôle. Cette réserve est gérée dans la Pointe ardennaise par le Conservatoire des Espaces Naturel de ChampagneArdennes (CEN-CA dont une dans le Ardennes) et l’ONF. qui ont pour but de connaître, géré, valoriser ce patrimoine et sensibiliser le public à laur qualités. Un projet de sentier d’interprétation floristique est actuellement en cour d’étude sur les espaces publics du camps retranché du mont d’Haurs. Retour sur les protections floristiques Bien que les différents périmètres de protections mettent en avant la richesse du site en terme de qualités faunistiques, floristiques et géologiques, on a vu que certaines espèces sont menacées (population peu importante) et donc fragiles. De même, certaines espèces ne sont pas facilement identifiables (petits spécimen, petites fleurs discrètes, confusion possible avec d’autres espèces), d’autant plus qu’elles requièrent un œil averti. Tous ces aspects m’amènent à dire que même si la richesse est grande, il ne sera pas souhaitable de tout valoriser in situ auprès du public. Les espèces fragiles seront donc laissées en paix dans leur milieu, isolées de la fréquentation du public tandis que certaines espèces abondantes, facilement identifiables pourront être valorisées auprès du public. C’est par exemple le cas de l’armoise blanche que l’on retrouve déjà à proximité du village de combat abandonné par l’armée il y a plus de 2 ans. 137


Etat des lieux: Relevé de terrain concernant les grands groupements rencontrés

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RELEVÉ DE TERRAIN DES TYPES DE MILIEU ET DES ESPÈCES CARACTÉRISTIQUES. La complexité scientifique qualifiant les différents milieu et espèces protégées vues plus tôt n’est pas un élément qui pourrait aisément être valorisé auprès du public, amené à entrer dans le site. Et pourtant il pourrait être intéressant de restituer une partie de la richesse floristique du lieu afin de sensibiliser à sa qualité, de créer une richesse supplémentaire au fort. Je me suis attachée à relever la qualité et le stade d’évolution de la végétation ainsi que quelques plantes caractéristiques du milieu, facilement identifiables en vue d’une restitution aisée. 138


Dans des conditions édaphiques communes, on observe différents stades d’évolution de la végétation du sol nu au climax. On est capable d’associer à chaque type de sol (et suivant les conditions édaphiques données), une ou plusieurs formations de pelouse, une ou plusieurs formations de prairie,... landes, ...boisements. Ces stades sont tous présents sur Charlemont mais concernent des associations de plantes différentes en raison de la qualité des sols très hétérogènes (sols fins ou profonds plus ou moins riches en calcaire), de la qualité de l’exposition (Sud Nord) et de l’hygrométrie (sec ou frais). Cet éperon rocheux est bien plus qu’un camaïeu de milieu où une association végétale peut se décliner doucement ; c’est une mosaïque stricte regroupant en quelque sorte l’essentiel des panels existant sur les sols calcaires éclatés dans l’espace . A l’image du site et des ouvrages, le rapport entre les différentes associations est tantôt brutal, tantôt fluide autorisant alors un écotone d’une grande richesse. Ce qui m’intéresse dans cette restitution de terrain, ce n’est pas tant de poser un nom de formation végétale stricte à chaque stade d’évolution rencontré mais plus de communiquer globalement sur les strates végétales(muscinale, herbacée, arbustive, arborée) et les espèces végétales que l’on va rencontrer en milieu calcaire sur Charlemont en vue d’en donner la compréhension. Comprendre l’évolution et la qualité de la végétation in situ, c’est déjà se l’approprier, en faire un allier dans la reconversion du fort.

ROCHE MÈRE

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PELOUSE

PRAIRIE

LANDES, FOURRÉS

STADE INTERMÉDIAIRE

BOISEMENT


Roche mère: La présence de la roche par endroit sur la face Nord de Condé témoigne d’une régression de la végétation après l’occupation du terrain par les cyclomoteurs. Ce sont des espaces, qui, s’ils ne sont pas entretenus donneront des pelouses lichéniques puis des pelouses à orchidées voire prairies, landes et boisements si les conditions édaphiques le permette.

Roche mère calcaire: sol sec, bien drainé, se réchauffant rapidement

Formation d’un sol à partie de l’alteration de la roche mère.

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Pelouses à lichens et crassulacées: Premier stade de l’évolution de la végétation sur sol calcaire. Ce sont des lichens et plantes de la famille des crassulacées et quelques espèces herbacées peu exigeantes sur la quantité de terre et d’eau disponible. À ces pelouses peuvent succéder ou non (suivant les conditions édaphiques) d’autres pelouses, des prairies, landes...jusqu’au boisement sur une période de temps qui peut être plus ou moins longue. On rencontre cette prairie par endroit sur la face Nord du fort Condé et probablement sur les escarpements rocheux de Charlemont. On peut également les rencontrer sur les murets et murailles calcaires.

Pelouses à orchidées: Espace herbacé bas. Cette formation se rencontre sur des sols pauvres en nutriments et peu épais (roche mère proche). Le maintien de cette formation végétale spécifique aux sols calcaires est la résultante d’une gestion suivie du milieu: maintenir un espace ouvert tout en limitant les apports de matières organiques. Sur le site, on les rencontre à Charlemont sur le plateau de Foisches, à Condé (à confirmer) et probablement en d’autres lieux plus ponctuel. Ce sont des espaces largement reconnus pour leurs qualités floristiques (les orchidées) mais aussi pour leur fragilité. Toutefois, l’espèce emblématique de ce milieu n’est observable qu’environ un mois à l’année dans le meilleur des cas.

Lichens: Peltigère et plante grasse.

Lichens

Roserte de feuille en hiver: orchidacées?


Prairie: Espaces herbacés plus hauts et plus riches en espèces que les pelouses. On en trouve assez peu sur Charlemont et pour cause la majorité des espaces sont déjà boisés ou soit restreint édaphiquement à une condition de pelouse à orchidée (faible épaisseur de sol disponible). Par contre l’abandon des terrains au Nord de Fort Condé par les motocross a permis là où l’épaisseur de sol est assez conséquente l’établissement de prairies.

Landes: Les espèces arbustives côtoient les espèces herbacées et finissent par prendre le dessus. C’est le stade où l’on rencontre les fruticées (plantes pionnières mais pas nécessairement inféodées à ces milieu.) et des arbustes plus spécifiques aux sols calcaires.

Fruticée:

Cerisier Sainte Lucie: Prunus mahaleb, spécifique aux terrains calcaires

Cornus sanguin, Cornus sanguinea

Aubépines: Crataegus laevigata, et Crataegus monogyna

Euphorbia cyparissias: Euphorbe petit cyprès derrière les fruits de clématite

Clématite vigne blanche, Clematis vitalba L. Épine noire: Prunus spinosa

Campanules

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Fusain d’Europe : Euonymus europaeus L.

Églantier: Rosa canina L.


Boisements intermédiaires: Signe de la fermeture d’un milieu: strates muscinales, herbacées, arbustives et arborées se côtoient dans un espace encore ouvert. Les boisements ne sont pas assez âgés et haut pour dominer les autres strates et apporter l’ombre qui permettra à certaines espèces de s’installer et à d’autres de régresser. C’est donc un milieu très riche au niveau floristique. On va rencontrer toutes les espèces déjà citée dans les landes, des pelouses et prairies et les premières espèces qui formeront le bois: pin noir frêne pin sylvestre

Viorne lantane: Viburnum lantana L.

Pin sylvestre: Pinus sylvestris

Érable sycomore: Acer pseudoplatanus L.

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Pin noir d’Autriche: Pinus nigra Arn. subsp. nigra

Autres espèces vues dans le stade d’évolution précédant


Boisements sciaphiles : Ces boisements d’ombre et des milieu modérément humides sont complètement fermés par la végétation arborée qui ne permet pas ou très peu l’établissement d’une végétation arbustive et herbacée. La strate muscinale (mousses) quant à elle est largement présente. Compte tenu de l’absence de couvert arbustif il est assez aisé de pénétrer dans cette forêt d’ombre isolée sur les glacis et isolant les fortifications. On découvre quelques surprises au mois de février comme la floraison de l’hellébore fétide, espèce héliophile ou de demi-ombre des terrains calcaires. Toutefois, je suppose que le peu de stations ou cette espèce est présente témoigne de la grande influence de l’ombre sur leur développement. Dans ces boisements, on va notament retrouver: - Frêne commun: Fraxinus excelsior L. Érable sycomore: Acer pseudoplatanus

Envahissement végétal aux abords des douves sur les parties plus ensoleilées

Nombreuses mousses

Hélleborre fétide, Helleborus foetidus L. floraison en février

En se rapprochant des douves et donc de l’exposition Sud et d’un sol peu profond, on rencontre en de rares stations des alignement de pins noir adultes qui donne une dimension monumentale à une courtine dissimulées en haut de glacis. Mais ce sont aussi des espaces impénétrables, envahis de fruticées et ronces. Alignement de Pins noir d’Autriche proche des douves sur la droite, boisement sciaphile sur le glacis à gauche

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Boisements mixtes des carrefours édaphiques Ce sont des espaces de carrefour entre différentes types de végétations et conditions édaphiques. C’est la rencontre entre une végétation exposée au Sud (plein soleil) sur sol peu épais avec une végétation exposé à l’ombre et à l’humidité du nord sur un sol plus profond. Les boisements sont ici mixtes: on retrouve des espèces caractéristiques des deux ensembles citées. Ces boisements mixtes sont aujourd’hui impraticables compte tenu de la densité végétale. Ici aussi une gestion doit être associée au projet afin d’ouvrir ces espaces, permettre d’y accéder tout en permettant à la végétation de se régénérer. - Robinier: Robinia pseudoacacia - Pin noir: Pinus nigra - Pin sylvestre: Pinus sylvestris - Tremble: Populus tremula - Frêne commun: Fraxinus excelsior - Chêne pédonculé: Quercus robur - Églantier: Rosa canina - Clématite vigne blanche: Clematis vitalba. - Viorne lantane: Viburnum lantana (présence à confirmer)

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Boisement dominé par le pin sylvestre Les espaces observés ont déjà tendance à être très fermé, peu lumineux et pauvres en espèces arborés, arbustives et herbacées associés à cette formation. Ce sont des espaces en expansion sur le site. Il serait judicieux dans le cadre du projet d’ouvrir en partie ces espaces par la suppression de certains sujets afin de réenrichir le milieu et limiter l’acidification des sols. Espèces rencontrées: Arbres: Acer campestre (érable champêtre) , Acer platanoides (érable plane) , Fraxinus excelsior (frêne commun) , Pin sylvestre (Pinus sylvestris L.) Postpionnière nomade (colonise plutôt rapidement) Décomposition lente des aiguilles ayant tendance à acidifier les sols Arbre de pleine lumière reconnaissable à son tronc rougeâtre vers la cime

Acer campestre

Acer platanoides

Arbustes: Viburnum lantana (viorne lantane) , Clematis vitalba(clématite vigne blanche), Ligustrum vulgare (troène)

Depuis le début de ce mémoire, comme dans tous les diagnostics écologiques, on parle uniquement des plantes protégées, des restrictions environnementales qui leur sont associées...mais on ne mentionne pas les pestes végétales. Pourtant la renouée du Japon est une de ses espèces qui prolifèrent au détriment d’autres. Ainsi, les diagnostics environnementaux prennent en considérations l’impact néfaste des hommes et de leur utilisation du territoire sur ses espèces protégées en omettant de souligner que la prolifération de certaines plantes peuvent produire autant si ce n’est plus de dégâts. La renouée du Japon est une plante originaire d’Asie qui prolifère par le biais de rhizomes (tiges souterraines) et forment petit à petit des tâches qui s’épaississent rapidement sur les terrains. Si elle est considérée comme peste végétale c’est en premier lieu parce qu’elle prolifère rapidement sur les terrains au détriment des autres espèces qui disparaissent. Le milieu s’appauvrit et la biodiversité est en danger sur des espaces qui sont justement reconnus pour leur qualité floristique! Il est donc urgent sur ce site de se défaire de cette plante. La pollinisation de la plante est anémogame (par le vent) de juillet à fin septembre, la dissémination des graines est quant à elle barochore (par la gravité). Ce qui signifie qu’en supprimant les hampes florales au mois de juin, on empêche déjà cette plante de se reproduire. Ensuite on a vu que la plante proliférait également par ses tiges souterraines: chaque morceau de rhizomes pouvant donner lieu à une nouvelle plante. La solution pour défaire la plante consiste à arracher la plante et ses rhizomes la première année et surveiller les années suivantes la reprise. Arracher de nouveau l’année suivante...c’est un travail de longue haleine. Les tâches de renouée sont importantes sur le site mais localisées en deux stations précises: le plateau de Foisches et la douve impériale. 145


N

Ce que les plans révèlent des ouvrages fortifiés

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Ce que révèle lees analyses de site (ou recherches archéologiques!) des ouvrages fortifiés existants) 146


RETOUR SUR LA PARTIE A travers les différents points abordés dans cette partie, on se rend compte que cette citadelle atypique témoigne plus d’un manque de lisibilité que de potentiels. L’histoire et la pensée militaire sont toujours présents dans les murs du site, seul l’organisation et la structuration sont absents. La reconversion du site doit remettre en avant l’adéquation et la complémentarité de l’ouvrage militaire avec son site. C’est aussi un jeu entre édifications et excavations, monumentalisation et dissimulation, de lecture entre des circulations d’assiégés et d’assiégeants. La plus grosse contrainte de ce site est aussi sa plus grande force: la végétation. Utilisée de manière stratégique, elle a le potentiel de monumentaliser le fort dans un dessein intégrant les contextes et problématiques actuels (patrimonialisation, sécurité du public...) à la pensée militaire qui a prévalue. Une citadelle reste la réponse à un contexte politique porté par une époque particulière. 147


VERS LE PROJET

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1.DIAGNOSTIC ET INTENTIONS DE PROJET

2.PROGRAMMES

3.ORIENTATIONS DE PROJET 1.RÊVEZ-LES PARCS DE l’ENTRE-DEUX 2. LE PARC DE LA DAME VIREVOLTANTE

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1.DIAGNOSTIC ET INTENTIONS DE PROJET Diagnostic

Enjeux CONTEXTES:

- un site stratégique au carrefour de trois capitales - un réseau de sites fortifiés dense et reconnu (projet SEPTENTRION) mais dont Charlemont est encore exclu

> Intégrer le fort de Charlemont et la ville de Givet dans son réseau de site fortifié afin de préserver la cohérence stratégique de la place.

POTENTIELS PAYSAGERS - orographie stratégique et curiosités géologiques comprises et reconnues au niveau mondial mais exploitées de manière isolées. - des espaces sous exploités et sanctuarisés malgré la reconnaissance des richesses floristiques et faunistiques au niveau européen. -l’eau: un risque maîtrisé mais un potentiel paysager et historique encore sous exploité

> Valoriser (tout en préservant) ces richesses dans un dessin global et cohérent: influence du calcaire sur la vie d’un territoire orographique stratégique.

TERRITOIRE EMPREINT DE STRATÉGIE - Difficulté de lecture de l’héritage urbain (tracés et bâti) de la ville anciennement militaire, industrielle et touristique. - une qualité architecturale récente (industrielle) difficilement identifiable en tant qu’héritage patrimonial. - grande hétérogénéité dans la qualité des espaces urbains - Développement important du pavillonaire dans la plaine de la Famenne. - Développement de l’arrière port (PACOG) en rupture urbaine avec Saint Hilaire

> Dessiner la ville de demain dans l’affirmation des tracés historiques. > Valoriser les perspectives historiques en intégrant les composantes paysagères qui font la reconnaissance de cet espace.

FORTIFICATIONS - un bâti de qualité hétérogène et disséminé sur le site - un patrimoine environnemental reconnu et surprotégé au dépens du patrimoine architectural et à la lisibilité du site. - la grandeur et la bonne préservation du site permettent une immersion dans l’esprit militaire du XVIIème. - des milieu, pelouses et landes qui se referment par manque de gestion entraînant un appauvrissement du milieu. 150

>Rendre la lisibilité militaire et architecturale à Charlemont. >Concilier patrimoine bâti et floristique > mettre en place une gestion des milieu afin de veiller à préserver et valoriser leurs richesses.


La reconversion du Fort de Charlemont, c’est avant tout l’histoire d’un site hautement stratégique en Ardenne. Il tire de l’Ardenne son caractère théâtral, sa géologie, son orographie mais plus encore son isolement: Charlemont appartient à une clairière urbaine isolée des autres territoires par la sylve. Ailleurs l’isolement est négatif, ici c’est la raison d’être de tout site d’Ardenne, sa qualité. C’est n’est ni la plage, ni l’horizon bleu de la mer, ni même réellement les hautes montagnes que l’on vient chercher ici: c’est l’horizon vert et le bout du monde. La stratégie, le site la tien de toutes ses composantes paysagères: autant géographique qu’orographique, hydrographique, historique, floristique... que l’on a pu découvrir. Pour dessiner la ville et le paysage de demain, il faut comprendre ces différentes stratégies ainsi que leur synergie afin qu’elles deviennent non plus des contraintes mais des composantes. On a repéré également que ces stratégies donnaient des sites aussi exceptionnels que surprenant, incongru: une plaine dans un pays où l’orographie est pourtant marqué une bioscénose subméditerranéenne sous un climat continental... Et si Givet, fort de son histoire militaire et industrielle basculait dans l’incongru? Et si la stratégie urbaine de demain était dans l’affirmation des tracés militaires historiques de sorte que l’on trouve en Ardenne une plaine urbaine aux perspectives monumentales et aux tracés puissants ? Givet serait bien sûr à l’image de l’Ardenne théâtrale mais dans l’incongru concernant l’urbanisme. On est pas dans un développement rural organique ici. Prenant en compte les contraintes patrimoniales et les enjeux des différents acteurs déjà évoquées: Charlemont ne déroge pas à cette vision théâtrale, monumentale, aux perspectives et tracés puissants dans un espace où l’incongru à son rôle. De plus, il reste à Charlemont, une âme militaire encore présente qui ne demande qu’à ressurgir et être appropriable par tous. L’intention de projet pour Charlemont c’est de retrouver cette quintessence militaire dans le lien au grand territoire, dans la lisibilité des formes architecturales, mais également dans la découverte du site qui doit être le fait d’une expérience. On ne visite pas Charlemont, mais on vie, on prend la citadelle. Outre l’analyse qui a pu définir le territoire d’étude, ses qualités et donner ainsi des pistes de réflexion, d’orientations et de réponses pour le projet, la reconversion de ce site ne peut se faire sans un programme incluant des objectifs dont la rentabilité économique. Pour la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse (CCARM), future propriétaire des lieux, les enjeux liés à ce site sont ceux qu’elle développe au quotidien: développer l’attractivité du territoire autan d’un point de vue touristique, que social ou économique tout en veillant à la qualité de vie de ses habitants. La gestion du site devrait quant à elle être confiée à un porteur de projet dont le programme prévoit la création d’un parc aventure. Ce programme doit faire l’objet d’une validation en conseil apte à juger du respect des différentes règles et contraintes du site. Problématique: Comment concilier valorisation d’un patrimoine militaire et le développement d’une activité économique et en prenant en compte les richesses intrinsèques? 151


2.PROGRAMMES Parcours VTT: 5km

Pâturage extensif: 20ha

Paintball: 10 ha + 6ha

Via ferrata 1 ha

Parcours VTT technique: 0,2ha

Base vie et évênementiel

Lasertag 0,4ha

Visite historique 0,5ha

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Programme envisagé par le porteur de projet sur Charlemont 152

Plan général de Charlemont, Sources: Jan CUYLITS et Maria SPANVELLO


Les différentes parties d’analyse ont permis d’identifier Charlemont comme un site fédérateur, un point de repère, l’identité de la ville, quelque soi l’échelle de territoire à laquelle on se place. A l’échelle du réseau de sites fortifiés, Charlemont dans sa reconversion pourrait être appuyé ce carrefour entre fortifications mosanes et première ligne du « Pré-carré » et apporter sa valeur à celle de ces sites. Mais il s’agit plus ici de volontés qui relèvent d’une politique territoriale que de projet de paysage. A l’échelle du territoire givetois, cette fortification fédère un territoire arrêté par l’orographie et la végétation comme on a pu le comprendre. C’est aussi l’espace visuel contrôlé par la forteresse, l’espace visuel d’où Charlemont est observable. Cet espace prend en compte la France mais aussi une partie de la Belgique: c’est le territoire de l’Entre-Deux. Charlemont doit prendre place dans cet Entre-Deux, comme élément principal d’une scénographie à organiser. On doit pouvoir comprendre les stratégies qui ont dessiné cette plaine givetoise dans une organisation utilisant le vocabulaire et la logique militaire du XVIIème. Rêvez-les parcs de l’Entre-Deux

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Périmètre de la zone de projet ! Précision: le programme du porteur de projet n’a pas été validé en conseil à ce jour. Rien n’est encore établi, le diagnostic environnementale doit également jugé de la faisabilité du projet ! 153

Enfin le site de Charlemont, tout en répondant aux objectifs de cette échelle de « l’Entre-Deux » doit posséder ses propres règles et objectifs: valorisation du patrimoine et de l’esprit du site tout en incluant la possibilité de développer une activité économique. La reconversion de Charlemont doit prendre en compte les objectifs des « Parcs de l’Entre-Deux », et trouver un équilibre entre le programme du « Parc de la Dame virevoltante » et celui du parc aventure développé par le porteur de projet. Ce dernier programme prévoit comme on peut le constater un grand nombre d’activités sportives sur des espaces conséquents, des visites historiques mais également un espace vie à l’intérieur de la citadelle. (conférences, galeries, expositions, restaurations, hébergements...).


3.ORIENTATIONS DE PROJET 1.RÊVEZ-LES PARCS DE l’ENTRE-DEUX (méandres, anticlinal, pays, Ardenne) Donner de la valeur au territoire de l’Entre-Deux, à cette terre emplie de curiosités où tout semble finir et où finalement tout se rencontre et commence. Utiliser le vocabulaire militaire pour donner de la valeur aux éléments de ce territoire, leur donner une cohérence d’ensemble. Retourner l’aspect sanctuaire territorial suggéré par les dispositifs de protection environnemental en de véritables lieux de vie, de promenades et de découvertes à fortes valeurs ajoutées. Finalement cette terre franco-belge (au delà des frontières du territoire de l’entre-deux) empreinte des images qui sont celles de l’Écosse et de l’Italie, deux pays reconnus pour leur paysage surprenant et leurs jardins luxuriants. Si le climat et le sol ont permis à l’homme dans ces pays de révéler un certain type d’exotisme pourquoi ne serait-il pas possible à la Terre de l’Entre-deux d’en tirer parti ? Insuffler sa propre image de paysages jardinés, sa propre conception de jardin pour construire une nouvelle image (de) à la Pointe? Le territoire de l’Entre-Deux est un paysage jardiné valorisant les ressources de celui-ci et construit selon une pensée empreinte à son passé militaire. Tout ce territoire doit appeler à converger, à progresser visuellement et physiquement vers le cœur de site : triptyque fortifié : Condé-Charlemont- Camps retranché du Mont d’Haurs. Conquérir un territoire de bout du monde.

Révéler la stratégie et la lisibilité militaire dans la création du parc de la Dame Virevoltante (partie développée pour le projet) Rayonner. Apporter des curiosités à découvrir dépassant l’étendue du territoire de l’entre-deux. Amener à découvrir et conquérir d’autres espaces.

en glossaire «fortification»: Chemin de ceinture, fort d’arrêt (référence aux Parcs d’arrêt) et fort de rideau (en référence aux parc de rideau)

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faire l’expérience d’un territoire stratégique: la plaine de la Famenne

N

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Asseoir Asseoir le territoire de l’Entre-Deux, marquer ce territoire particulier, lui donner une existence. C’est un chemin de ceinture qui vient délimiter cette espace, organiser la scénographie de la plaine, les perspectives. Ce chemin de ceinture est ponctué de portes assurant la porosité de l’ensemble ainsi que d’espaces plus importants en surface et en qualité constituant par leur position dans l’espace des forts d’arrêt (première ligne avancée couvrant le système bastionné principal). La fluorine de Bois-Le-Duc Les chemins d’extractions de la fluorine constituent des chemins creux sur cette colline aujourd’hui boisée. On retrouve l’entrée de plusieurs galeries sur les 2 ha que compte le Bois. Il y a une histoire de mémoire, de richesse minéralogique à reconter et à restituier ici.

Traces des anciens d’exploitations

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chemin

creux Entrée de galeries d’extraction

La porte de la Roche à Wagne Anciennement des vergers, aujourd’hui un boisement calcicole dense qui occulte la double vision existante entre le territoire de l’Entre-Deux et la vallée des industriels mosans qui appelle vers le Sud des Ardennes. C’est un espace de transition et d’entrée de territoire qu’il faut restituer sur le chemin de ceinture.

Ouverture ponctuelle vers le Sud

Boisement fermé et dense vers le Nord


Valoriser Valoriser la diversité patrimoniale tout en dirigeant progressivement vers Charlemont. Renforcer la progression vers le cœur de site par des parc de rideaux et des espaces plus sobres où il est question de points de vue privilégiés d’observation du territoire et du cœur de site.

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Labyrinthe d’Haurs : Jouer avec les chambres crées par les prairies de fauches dans les fruticées et le bois calcicole pour créer un labyrinthe circulaire axé autour du sommet. On laisse ainsi la liberté d’utilisation d’espace aux chasseurs en hiver et aux loisirs et à la détente en été.

Parc d’interprétation du vallon de Maurière : Valorisation des espèces locales et compréhension de la phytostratégie calcicole en fonction de la typologie des espaces : fond de vallon, coteau, plateau. Un lieu dédié à la connaissance.

Barrière de fruticées entre les vides des Coeur d’Haurs: pinède dense prairies de fauches

Barrière de fruticées


2. LE PARC DE LA DAME VIREVOLTANTE N

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Citadelle connue initialement

Conquérir l’horizon du bout du monde Avant d’être une forteresse, ce site surplombant la plaine de la Famenne est un éperon rocheux dominant le territoire sur presque 360°. La pregnance du relief abrupt joue un rôle fondamental dans la reconversion de site, puisqu’au delà de la forteresse, c’est le point de vue que le visiteur veut découvrir. C’est le territoire qu’il veut conquérir et dominer. C’est la paix et la béatitude qu’il aspire à trouver au sommet. Un moyen de s’extirper de l’animation ambiante de la plaine et de la pesanteur des reliefs alentours. La crête de ce site, c’est à dire l’espace surplombant la Meuse, c’est sa respiration. Il n’y a point de conquête de l’horizon sans expérience initiatique, sans entreprendre un voyage à l’intérieur de ce site méconnu. L’ascension du site doit suivre une progression graduelle, permettant de faire la transition entre l’espace extérieur (plaine urbaine ou plateau agricole) et la crête. Au contraire de la paisible crête, l’espace ascensionnel est animé par l’esprit du site, des oppositions, des dédales, des combats notamment entre végétal et architecture. C’est dans cet espace que l’on fait l’épreuve du site: par son histoire mais aussi par les richesses qu’il a révélé au cours des temps.

Redonner de la lisibilité à l’ouvrage militaire L’objectif de la lisibilité est de rendre une double lecture forte entre Charlemont et son territoire. Gestion des richesses intrinsèques du site Restaurer certains milieu et espaces en ouvrant ponctuellement.

Experiences initiatiques Après la restitution de la silhouette de cette Dame de Meuse, il faut tenter d’en restituer la pensée afin qu’elle ne reste pas qu’une belle coquille vide. Vient la question des sensations, des ambiances que l’on découvre dans ce site, de l’expérience que l’on fait de cet espace.

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Lisibilité Ouvrir la Lisibilité vers le grand territoire La conquête de l’horizon nous amène indéniablement à poser le regard sur le territoire, ses limites, ses richesses. C’est donc une occasion de plus d’amener le regard du visiteur vers des sites du territoire de l’Entre-Deux et de ses frontières mais aussi suggérer des sites à conquérir au-delà de ce territoire, vers la vallée de la Meuse (fançaise et belge), la vallée de la Houille, les fagnes... Un travail de dessin et de perspectives doit cadrer ces vues, agrandir visuellement le territoire de Charlemont, et permettre la couture du site au territoire.

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Contrôler et dominer les reliefs alentours

Perspectives liant et ouvrant Charlemont sur son territoire

Vue sur le manoir d’Agimont depuis la plateforme intérieur du fort Condé. Guider le regard vers l’extérieur par un jeu de perspective , de cadrage à l’aide de la masse végétale

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Amener le visiteur sur les pistes d’autres territoires à conquérir. Découvrir le Château de Hierges construit de pierre bleue et de brique sur son éperon rocheux de grès rouge


Affirmer l’éperon comme fortification

Restituer l’esprit du site

La quintessence de ce site, c’est son histoire et son état actuel oscillant entre l’esprit du XVIIème – démontrer puissance, rigueur, démesure, ordre - et du XIXème siècle -escamoter les ouvrages sous les cimes- que je prends parti de développer dans sa reconversion. L’esprit du site c’est aussi cela : jouer sur la monumentalisation et la dissimulation qui s’opposent et travaillent ensemble dans la restitution de l’esprit du site et de sa lisibilité. La fortification imposante de l’éperon doit être restituée à la grandeur à laquelle elle a été pensée: monumentale. On doit retrouver sa lisibilité depuis le grand territoire et pas seulement la lisibilité de la pointe Est. Même si la pensée première pourrait être ici de raser l’ensemble du couvert végétal afin de restituer un paysage militaire du XVIIème, j’exclus cette piste pour deux raisons: esprit de l’époque (XVIIème siècle) et protection environnementale. Un: L’esprit de l’époque, c’est la démonstration de puissance à travers la monumentalisation des ouvrages, la finesse et le détail de l’ornementation, la démesure dont rend très bien compte Le château de Versailles bâti à la même époque. Le château de Versailles est rendu monumental non pas par sa seule construction mais par sa perspective qui le met en scène. À l’intérieur de Charlemont c’est aussi un travail sur les percées visuelles dont il va être question. Le maintien de certains boisements est essentiel. Deux: Les nombreuses protections environnementales (ZNIEFF, ZICO, Natura 2000...) couvrant le site ne permettent pas de supprimer le couvert végétal. Restituer la lisibilité des fortifications de ce site, c’est monumentaliser l’ouvrage par l’équilibre entre sa visibilité depuis le territoire et l’expérience qu’il propose au visiteur depuis l’intérieur où il est question de perspectives.

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Les chemins dits des « assiégés ».

Les chemins dits des « assiégeants ».

PRENDRE LA CITADELLE

Penser des expériences événementielles lucratives: - la découverte de Charlemont de nuit dans une visite encadrée - organisation de courses d’orientation pour adultes et scolaires

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Dessiner des expériences de site en lien avec les besoins de bénéfices économiques


Experiences initiatiques Après la restitution de la silhouette de cette Dame de Meuse, il faut tenter d’en restituer la pensée afin qu’elle ne reste pas qu’une belle coquille vide. Vient la question des sensations, des ambiances que l’on découvre dans ce site, de l’expérience que l’on fait de cet espace. Dessiner le parcours initiatique en lien avec l’histoire, la restitution de l’esprit des lieux. Comme dans l’affrontement entre la pensée militaire du XVIIème et celle du XIXème siècle, la manière de conquérir et vivre Charlemont est divisée entre deux perceptions différentes, deux expériences de site inspirées par l’époque de Vauban. N

Les chemins dits des « assiégés ». Permettant aux soldats assiégés de passer rapidement d’un espace à l’autre tout en étant à couvert, de passer à travers la muraille, ce sont des chemins peu nombreux et directe au possible. Ces chemins permettront de découvrir le site dans son aspect monumental en appuyant les tracés déjà existants. A l’image du parc, ce sont des boulevards qui permettent de drainer les groupes, de rassembler et de rendre le site accessible à un grand nombre de personnes.

Les chemins dits des « assiégeants ». Ce sont des chemins inspirés des sapes de Vauban qui zigzaguent, dissimulés dans le relief (et dans la densité végétale aujourd’hui) à la visibilité des assiégeants. Ils ne possèdent ni tracés directes, ni perspectives. Ils sont nombreux et disséminés dans le site, se heurtant par surprise aux imposants ouvrages militaires, avant de pouvoir enfin conquérir les hauteurs. Ces chemins permettent de confronter de manière frontal et directs le visiteur avec la monumentalité du site. À l’image du parc, ces chemins sont l’occasion de régler les problèmes de surfréquentation qui pourraient se poser. Par surfréquentation, je ne pense pas immédiatement aux espaces pouvant être noirs de monde mais à un site où la visibilité des ouvrages et l’immersion dans l’esprit du site pourraient être impactées par la vision de nombreux visiteurs. N’a-t-on jamais rêver d’être seul à découvrir certains espaces dans un tel site? N’a t-on jamais détesté la visite de certains sites trop surfréquentés et envahi d’une ambiance qui n’est pas celle du site?

Dessiner des expériences de site en lien avec les besoins de bénéfices économiques Après ces épreuves de site tournées vers la pensée stratégique du XVIIème siècle pourquoi ne pas rêver de prendre de la hauteur et découvrir les ouvrages imprenables par la simple visite pédestre offerte? Expérimenter le site en prenant de la hauteur et en découvrant les ouvrages non plus dans un rapport frontal mais dans une vision permettant d’apprécier la volumétrie des ouvrages. Créer des chemins dans la hauteur des cimes pour découvrir des espaces inexpugnables. Ces chemins seraient peu nombreux et d’une grande discrétion dans le site. Traduit dans un vocabulaire qui est celui des activités de loisir, ce sont des parcours aventure ou accrobranches. 163


SCÉNOGRAPHIE VÉGÉTALE:

Créer des clairières et zones de transitions Comment la végétation participe à la défense de la citadelle?

N

Comment la végétation participe à la monumentalisation de la citadelle?

Créer des percées et perspectives en utilisant la végétation

De quelle manière la végétation nous donne une expérience de site?

inviter à découvrir et comprendre l’organisation de la richesse floristique du fort

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Gestion des richesses intrinsèques du site

S’IMPREIGNER DE L’HISTOIRE DU GIVÉTIEN

Expérience autour des plantes calcicoles : Compte tenu du classement du site par différents dispositifs de protection de l’environnement et de la présence de nombreux stades d’évolution de la flore calcicole, il serait intéressant d’en proposer la lecture aux visiteurs. C’est un moyen de sensibiliser les visiteurs sur les richesses de ce site et laisser percevoir la valeur ajoutée que peut représenter les dispositifs de protection sur un site tel que Charlemont. La durabilité de cette expérience dans le temps suppose de mettre en place une gestion appropriée de cette richesse floristique afin que certains milieux ne viennent pas à se fermer et perdre de leur qualité. Certains espaces et stades d’évolution de la végétation sont d’ors et déjà figés par les contextes édaphiques dans lesquels ont se trouve. Les espaces se fermant et s’appauvrissant ont besoin d’être ré-exposés au jour. Enfin, d’autres espaces, vieux seront à régénérer en vue de maintenir une qualité arborée pérenne. Plan de gestion, de parcours Montrer des traduction d’espaces possibles Descendre dans les douves pour remonter dans le temps : Dans les douves de Charlemont se passent des histoires parfois lointaines, difficilement perceptibles à première vue. Pourtant, ici dans le stratotype du Givétien, on est une fois de plus dans un espace reconnu au niveau mondial. A l’intérieur des douves, on retrace l’histoire du site, écrite au cours des temps dans la roche.

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CONCLUSION Il n’y a ici aucune réelle conclusion à apporter puisqu’il ne s’agit que d’une partie de l’étude. Toutefois j’espère que ce mémoire et a fortiori ce voyage en Ardenne vers ce territoire aux allures de bout du monde aura permis de ré-interroger les perceptions et représentations mentales que l’on s’en fait, et découvrir les qualités dont on parle peu, ne parle même pas. Ce voyage en Ardenne n’est pas une simple promenade au fil de l’eau, de l’industrie et de la forêt, c’est un projet de reconversion pour le Fort de Charlemont qui se dessine. Le Fort, cet élément fédérateur du paysage qui doit porter en lui les couleurs et les richesses d’un département, d’une région naturelle dans un ensemble cohérent et appropriable par tous. C’est une reconversion qui doit permettre d’intégrer les potentiels du site, ses contraintes ainsi que les visions des acteurs territoriaux. Nombreuses volontés sont différentes mais en réalité peu d’entre elles sont incompatibles. Un poids énorme pèse sur les épaules de Charlemont et à plus forte raison pour les acteurs de cette reconversion. Mais dans le fond, cette incursion en Ardenne a permis de constater que la plupart des leviers de projet sont déjà in situ. Ce n’est pas une forteresse dans un lieu où rien ne se passe. NON, le site contient en lui toutes les réponses de projet: ne tient qu’à nous de savoir les lire et les interpréter pour réussir ce grand projet. De la manière de diriger la prise ou la défense d’une citadelle au XXIème siècle en retournant les contraintes du site en atouts pour demain? 167


ANNEXES GÉOLOGIE Échelle stratigraphique et charte graphique utilisée pour les schéma

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ENVIRONNEMENT, ÉCOLOGIE: Arrêté n° 90/413 portant sur la protection du biotope des rochers et falaises de Charlemont en date du 22 mai 2001.

Liste des espèces protégées dans le cadre de la protection de biotope Bromus bromoideus (Lej.) Crép., 1868 Brome des Ardennes, Brome de l’Ardenne nommé par la liste rouge mondiale de l’UICN (novembre 2011) côtée en EW et par le livre rouge de la flore menacée de France-Tome 1: espèces prioritaires (1995) Bromus grossus Desf. ex DC., 1805 Brome à fleurs nombreuses, Brome volumineux inscrite sur la liste rouge mondiale de l’UICN côté en DD (données insuffisantes) Gratiola officinalis L., 1753 Gratiole officinale, Herbe au pauvre homme Sisymbrium supinum L., 1753 Sisymbre couché, Braya couchée côtée LC sur la liste rouge mondiale de l’UICN et V dans le livre rouge de la flore menacée de France-Tome 1 des espèces prioritaires. 169


Liste des espèces protégées dans le cadre du SIC - pelouses xériques des sols superficiels - escarpements verticaux avec microcorniches - pelouses mésophiles - pelouses des dalles rocheuses et buxaies dans lesquelles on va retrouver une classe d’habitats spécifiques caractérisé par les landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana, Pelouses sèches, Steppes, Forêts caducifoliées Rochers intérieurs et Eboulis rocheux. Les plantes visées à l’Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil : Espèces mentionnées à l’article 4 de la directive 79/409/cee et figurant à l’annexe ii de la directive 92/43/cee et évaluation du site pour celles-ci Buxus sempervirens , Orobanche teucrii, Linum leoni, Biscutella varia, Geranium sanguineum Cotoneaster integerrimus, Hornungia petraea Anthericum liliago, Potentilla rupestris, Orchis simia, Aster linosyris Code de l’environnement (version consolidée au 3 mars 2012): L’Article L411-3 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 241 I. - Afin de ne porter préjudice ni aux milieux naturels ni aux usages qui leur sont associés ni à la faune et à la flore sauvages, est interdite l’introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence : 1° De tout spécimen d’une espèce animale à la fois non indigène au territoire d’introduction et non domestique, dont la liste est fixée par arrêté conjoint du ministre chargé de la protection de la nature et, soit du ministre chargé de l’agriculture soit, lorsqu’il s’agit d’espèces marines, du ministre chargé des pêches maritimes ; 2° De tout spécimen d’une espèce végétale à la fois non indigène au territoire d’introduction et non cultivée, dont la liste est fixée par arrêté conjoint du ministre chargé de la protection de la nature et, soit du ministre chargé de l’agriculture soit, lorsqu’il s’agit d’espèces marines, du ministre chargé des pêches maritimes ; 3° De tout spécimen de l’une des espèces animales ou végétales désignées par l’autorité administrative. II. - Toutefois, l’introduction dans le milieu naturel de spécimens de telles espèces peut être autorisée 170


par l’autorité administrative à des fins agricoles, piscicoles ou forestières ou pour des motifs d’intérêt général et après évaluation des conséquences de cette introduction. Article L414-4 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 125 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 235 Lorsqu’ils sont susceptibles d’affecter de manière significative un site Natura 2000, individuellement ou en raison de leurs effets cumulés, doivent faire l’objet d’une évaluation de leurs incidences au regard des objectifs de conservation du site, dénommée ci-après « Evaluation des incidences Natura 2000 « : 1° Les documents de planification qui, sans autoriser par eux-mêmes la réalisation d’activités, de travaux, d’aménagements, d’ouvrages ou d’installations, sont applicables à leur réalisation ; 2° Les programmes ou projets d’activités, de travaux, d’aménagements, d’ouvrages ou d’installations ; 3° Les manifestations et interventions dans le milieu naturel ou le paysage. II. - Les programmes ou projets d’activités, de travaux, d’aménagements, d’ouvrages ou d’installations ainsi que les manifestations et interventions prévus par les contrats Natura 2000 ou pratiqués dans les conditions définies par une charte Natura 2000 sont dispensés de l’évaluation des incidences Natura 2000. III. - Sous réserve du IV bis, les documents de planification, programmes ou projets ainsi que les manifestations ou interventions soumis à un régime administratif d’autorisation, d’approbation ou de déclaration au titre d’une législation ou d’une réglementation distincte de Natura 2000 ne font l’objet d’une évaluation des incidences Natura 2000 que s’ils figurent : 1° Soit sur une liste nationale établie par décret en Conseil d’Etat ; 2° Soit sur une liste locale, complémentaire de la liste nationale, arrêtée par l’autorité administrative compétente. IV. - Tout document de planification, programme ou projet ainsi que toute manifestation ou intervention qui ne relève pas d’un régime administratif d’autorisation, d’approbation ou de déclaration au titre d’une législation ou d’une réglementation distincte de Natura 2000 peut être soumis à autorisation en application de la présente section et fait alors l’objet d’une évaluation des incidences Natura 2000. Sans préjudice de l’application du IV bis, une liste locale des documents de planification, programmes ou projets ainsi que des manifestations ou interventions concernés est arrêtée par l’autorité administrative compétente parmi ceux figurant sur une liste nationale de référence établie par décret en Conseil d’Etat. IV bis. ― Tout document de planification, programme ou projet ainsi que manifestation ou intervention susceptible d’affecter de manière significative un site Natura 2000 et qui ne figure pas sur les listes mentionnées aux III et IV fait l’objet d’une évaluation des incidences Natura 2000 sur décision motivée de l’autorité administrative. V. - Les listes arrêtées au titre des III et IV par l’autorité administrative compétente sont établies au regard des objectifs de conservation des sites Natura 2000, en concertation notamment avec des représentants de collectivités territoriales et de leurs groupements, de propriétaires, d’exploitants et d’utilisateurs concernés ainsi que d’organisations professionnelles, d’organismes et d’établissements publics exerçant leurs activités dans les domaines agricole, sylvicole, touristique, des cultures marines, 171


de la pêche, de la chasse et de l’extraction. Elles indiquent si l’obligation de réaliser une évaluation des incidences Natura 2000 s’applique dans le périmètre d’un ou plusieurs sites Natura 2000 ou sur tout ou partie d’un territoire départemental ou d’un espace marin. VI. - L’autorité chargée d’autoriser, d’approuver ou de recevoir la déclaration s’oppose à tout document de planification, programme, projet, manifestation ou intervention si l’évaluation des incidences requise en application des III, IV et IV bis n’a pas été réalisée, si elle se révèle insuffisante ou s’il en résulte que leur réalisation porterait atteinte aux objectifs de conservation d’un site Natura 2000. A défaut pour la législation ou la réglementation applicable au régime d’autorisation, d’approbation ou de déclaration concerné de définir les conditions dans lesquelles l’autorité compétente s’oppose, celles-ci sont définies au titre de la présente section. En l’absence d’opposition expresse dans un délai déterminé, le document de planification, le programme, le projet, la manifestation ou l’intervention entre en vigueur ou peut être réalisé à compter de l’expiration dudit délai. VII. - Lorsqu’une évaluation conclut à une atteinte aux objectifs de conservation d’un site Natura 2000 et en l’absence de solutions alternatives, l’autorité compétente peut donner son accord pour des raisons impératives d’intérêt public majeur. Dans ce cas, elle s’assure que des mesures compensatoires sont prises pour maintenir la cohérence globale du réseau Natura 2000. Ces mesures compensatoires sont à la charge de l’autorité qui a approuvé le document de planification ou du bénéficiaire du programme ou projet d’activités, de travaux, d’aménagements, d’ouvrages ou d’installations, de la manifestation ou de l’intervention. La Commission européenne en est tenue informée. VIII. - Lorsque le site abrite un type d’habitat naturel ou une espèce prioritaires qui figurent, au titre de la protection renforcée dont ils bénéficient, sur des listes arrêtées dans des conditions fixées par décret en Conseil d’Etat, l’accord mentionné au VII ne peut être donné que pour des motifs liés à la santé ou à la sécurité publique ou tirés des avantages importants procurés à l’environnement ou, après avis de la Commission européenne, pour d’autres raisons impératives d’intérêt public majeur. IX. ― L’article L. 122-12 est applicable aux décisions visées aux I à V prises sans qu’une évaluation des incidences Natura 2000 ait été faite.

Liste des espèces protégées dans le cadre de la ZPS Espèces mentionnées à l’article 4 de la directive 79/409/cee et figurant à l’annexe ii de la directive 92/43/cee et évaluation du site pour celles-ci: Emberiza citrinella (Bruant jaune) Saxicola torquata Falco tinnunculus, Faucon crécerelle (site de reproduction) Accipiter nisus

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Directive 79/409/CEE du Conseil, du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages Article premier 1.La présente directive concerne la conservation de toutes les espèces d’oiseaux vivant naturellement à l’état sauvage sur le territoire européen des États membres auquel le traité est d’application. Elle a pour objet la protection, la gestion et la régulation de ces espèces et en réglemente l’exploitation. (...) Article 4 1. Les espèces mentionnées à l’annexe I font l’objet de mesures de conservation spéciale concernant leur habitat, afin d’assurer leur survie et leur reproduction dans leur aire de distribution. À cet égard, il est tenu compte: a) des espèces menacées de disparition; b) des espèces vulnérables à certaines modifications de leurs habitats; c) des espèces considérées comme rares parce que leurs populations sont faibles ou que leur répartition locale est restreinte; d) d’autres espèces nécessitant une attention particulière en raison de la spécificité de leur habitat. Il sera tenu compte, pour procéder aux évaluations, des tendances et des variations des niveaux de population. Les États membres classent notamment en zones de protection spéciale les territoires les plus appropriés en nombre et en superficie à la conservation de ces dernières dans la zone géographique maritime et terrestre d’application de la présente directive. 2. Les États membres prennent des mesures similaires à l’égard des espèces migratrices non visées à l’annexe I dont la venue est régulière, compte tenu des besoins de protection dans la zone géographique maritime et terrestre d’application de la présente directive en ce qui concerne leurs aires de reproduction, de mue et d’hivernage et les zones de relais dans leur aire de migration. À cette fin, les États membres attachent une importance particulière à la protection des zones humides et tout particulièrement de celles d’importance internationale. Article 5 Sans préjudice des articles 7 et 9, les États membres prennent les mesures nécessaires pour instaurer un régime général de protection de toutes les espèces d’oiseaux visées à l’article 1er et comportant notamment l’interdiction: a) de les tuer ou de les capturer intentionnellement, quelle que soit la méthode employée; b) de détruire ou d’endommager intentionnellement leurs nids et leurs œufs et d’enlever leurs nids; c) de ramasser leurs œufs dans la nature et de les détenir, même vides; d) de les perturber intentionnellement, notamment durant la période de reproduction et de dépendance, pour autant que la perturbation ait un effet significatif eu égard aux objectifs de la présente directive; e) de détenir les oiseaux des espèces dont la chasse et la capture ne sont pas permises.

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L’arrêté n° 2011 fixant la liste prévue au 2° du III de l’article L414-4 du code de l’environnement, des documents de planification, programmes, projets, manifestations et interventions soumis à l’évaluation préalable des incidences Natura 2000 dans le département des Ardennes

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Liste des espèces protégées dans le cadre de la ZNIEFF de type II pour la Flore: - pelouses calcicoles xériques, liées aux sols les plus superficiels et aux escarpements rocheux - pelouses calcicoles mésoxérophiles à mésophiles, sur des sols plus ou moins profonds - pelouses ouvertes à annuelles et orpins sur dalles rocheuses et sols squelettique - une pelouse sur éboulis fins à potentille des rochers (inconnu ailleurs en Ardenne) - groupements de lisières en bordure des chênaies thermophiles (Geranion sanguinei) - broussailles thermoxérophiles à buis ou plus mésophiles à prunellier - chênaies xérophiles à chêne pubescent. pour la Faune: Reptiles: orvet, coronelle lisse inscrite sur la liste rouge régionale Insectes: Papillons: Environ un vingtaine d’espèces rares de papillons diurnes (espèces méridionales ou continentale en limite d’aire de répartition) - le damier de la succise (protégé au niveau national, inscrit à l’annexe II de la convention de Berne, à l’annexe II de la directive Habitats, dans le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie «en danger de disparition») - le flambé, en limite d’aire, - l’azuré de la croisette présentant ici une station exceptionnelle, - l’azuré de l’esparcette, - l’hespérie de l’alchemille, - le petit collier argenté, - l’agreste, - le fadet de la mélique, - le thécla du prunellier(en limite d’aire) - le thécla du coudrier Orthoptères (criquets, sauterelles): Huit criquets et sauterelles sont inscrits sur la liste rouge régionale. On y trouve également la mante religieuse et la petite cigale des montagnes 177


Article L411-1 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 124 I. - Lorsqu’un intérêt scientifique particulier ou que les nécessités de la préservation du patrimoine naturel justifient la conservation de sites d’intérêt géologique, d’habitats naturels, d’espèces animales non domestiques ou végétales non cultivées et de leurs habitats, sont interdits : 1° La destruction ou l’enlèvement des oeufs ou des nids, la mutilation, la destruction, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle, la naturalisation d’animaux de ces espèces ou, qu’ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur détention, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ; 2° La destruction, la coupe, la mutilation, l’arrachage, la cueillette ou l’enlèvement de végétaux de ces espèces, de leurs fructifications ou de toute autre forme prise par ces espèces au cours de leur cycle biologique, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat, la détention de spécimens prélevés dans le milieu naturel ; 3° La destruction, l’altération ou la dégradation de ces habitats naturels ou de ces habitats d’espèces ; 4° La destruction, l’altération ou la dégradation des sites d’intérêt géologique, notamment les cavités souterraines naturelles ou artificielles, ainsi que le prélèvement, la destruction ou la dégradation de fossiles, minéraux et concrétions présents sur ces sites. II.- Les interdictions de détention édictées en application du 1°, du 2° ou du 4° du I ne portent pas sur les spécimens détenus régulièrement lors de l’entrée en vigueur de l’interdiction relative à l’espèce à laquelle ils appartiennent.

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GLOSSAIRE INTRODUCTION Sratégie L’art de préparer un plan de campagne, de diriger une armée sur les points décisifs ou stratégiques, et de reconnaître les points sur lesquels il faut, dans les batailles, porter les plus grandes masses de troupes pour assurer le succès, h t t p : / / w w w. m e d i a d i c o. c o m / dictionnaire/definition/strategie/1

GEOLOGIE: Anticlinal

Synclinal Faille normale après contraintes compressives:

Thermalisme et magmatisme peuvent d’engouffrer dans les failles

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Plis

Thermalisme : Eau chargée de minéraux comme le fluor ou le calcium qui cristalisent.


FORTIFICATION MILITAIRE Aile partie latérale des ouvrages à cornes, des couronnes, des queues-d’hironde et des bonnet-deprêtre, reliant ces ouvrages extérieurs à l’arrière Angle mort Espace non battu parle tir. Les angles morts tiennent non seulement à la configuration du terrain et de la fortification, mais encore à la nature de l’armement. Il y a théoriquement des angles morts au pied des enceintes sous le prolongement de la plongée des meurtrières ou des parapets Approches Ensemble des travaux exécutés par l’assiégeant pour avancer à couvert des coups de l’ennemi. Arsenal Atelier de fabrication et de réparation ou simple dépôt pour les armes et les munitions Banquette d’infanterie dispositif d’infanterie permettant au fantassin d’être à bonne hauteur pour tirer par-dessus le parapet. Bastion Ouvrage bas et pentagonal faisant avant-corps sur une enceinte Bastion détaché grande contre-garde placée devant un bastion peu développé en plan, qui est appelé tour-bastionnée Boulevard Terme générique désignant un ouvrage quelconque destiné à porter de l’artillerie, ajouté en avant d’une fortification plus ancienne qui n’avait pas été prévue pour le tir de canon Braie Enceinte basse enveloppant intérieurement une partie ou la totalité du corps de place dont elle 180

défend le pied et dont elle est séparée par un fossé ou par une lice Caponnière La caponnière est un petit ouvrage le plus souvent sur l’escarpe d’un fossé, qui sert à défendre un fossé, avec des armes légères ou des petits canons. Elle peut être simple, double ou triple, selon qu’elle défend un, deux ou trois fossés. Casemate Chambre voûtée à l’épreuve de l’artillerie Cavalier ouvrage en terre-plein, destiné à recevoir de l’artillerie, élevé au-dessus d’un autre ouvrage ou audessus des courtines du corps de place pour doubler les feux de ces ouvrages ou de ces courtines Chemin-couvert Chemin à ciel ouvert, établi sur la contrescarpe, défilé par un parapet. L’avant-chemin-couvert est un second chemin-couvert doublant, du coté de l’ennemi, celui qui est établi sur la contrescarpe Ceinture est une suite d’enceinte discontinue formée de forts Circonvallation Ligne de fortification entourant les positions des assiégeants, établie par ceux-ci pour tenir tête aux armées de secours. Citadelle Fort ou forteresse commandant une ville, souvent placé à cheval sur son enceinte, plus rarement à l’intérieur de celle-ci. La citadelle sert habituellement d’arsenal et de caserne, éventuellement de réduit, elle a quelquefois pour fonction de surveiller la ville elle-même et d’y réprimer les subversions internes. Contrescarpe :


Paroi d’un fossé du côté de l’assaut. Mur de soutènement couvrant cette paroi. Contrescarpe non revêtue Fossé discontinu, creusé aux endroits jugés les plus menacés, pour protéger une enceinte. Le ravin constituant par ailleurs un obstacle tout à fait acceptable le coffre de contrescarpe est une casemate construite dans la contrescarpe, formant généralement avant-corps et assurant le flanquement du fossé Contrevallation ligne de fortification des assiégeants entourant la place. Couronne ouvrage extérieur formé de deux fronts bastionnés accolés et compris entre deux ailes Couronne double (double couronne) ouvrage extérieur formé de trois fronts bastionnés accolés et compris entre trois ailes Couronne ouvrage extérieur formé de deux fronts bastionnés accolés et compris entre deux ailes Couronne double (double couronne) ouvrage extérieur formé de trois fronts bastionnés accolés et compris entre trois ailes Coursière d’escarpe ou de contrescarpe : Coursière ménagée dans le massif de l’escarpe ou de la contrescarpe. Coursière d’écoute (ou ouvrage de contre-mine) : Coursière construite pour permettre à la défense de reconnaître par le bruit les travaux de mine, c’est-à-dire les emplacements choisis par l’attaque pour pratiquer une brèche par la mine. De nombreuses coursières d’escarpes sont des coursières d’écoute. Courtine 181

Plan de muraille compris entre deux tours, entre deux bastions Demi-lune constitue, avec la tenaille située derrière elle, les éléments des fortifications classiques qu’on appelle les dehors. En effet, isolée du corps de place telle une île dans le fossé, elle alterne avec les bastions, pour croiser ses feux avec ceux-ci. Placée devant la courtine du corps de place mais moins haute qu’elle, elle la dérobe en partie aux vues et aux tirs directs de l’assaillant. Détachée du corps de place et non protégée sur l’arrière, sa prise ne constitue pas un avantage déterminant pour l’attaquant qui a des difficultés pour s’y maintenir et amener de l’artillerie pour attaquer la place elle-même. Double-caponnière chemin entre deux parapets reliant deux ouvrages fortifiés Échauguette Guérite en pierre, placée en encorbellement aux angles d’une muraille fortifiée ou d’une tour d’un château fort, d’un bastion, pour en surveiller les abords. Éperon barré : Promontoire rocheux dont l’isthme a été coupé dans un retranchement. Escarpe : Paroi d’un fossé du côté de la place. Mur de soutènement couvrant cette paroi. L’escarpe peut être non revêtue. La moulure régnant sur sur la partie haute de l’escarpe est appelé « cordon d’escarpe ». L’escarpe est généralement couronnée par une « tablette » qui tient le rôle de Chaperon. L’escarpe est dite « attachée » lorsque le mur d’escarpe est entièrement remparé. L’escarpe est dite « demi-détachée » lorsque la partie haute du mur d’escarpe forme parapet devant un chemin


de ronde L’escarpe est dite « détachée » lorsque le mur d’escarpe a deux parements : la levée de terre est aménagée en talus derrière ce mur. Esplanade : Espace dégagé et approximativement nivelé compris, à l’intérieur de l’enceinte d’une ville, entre le corps de place et les maisons, ou régnant à l’extérieur d’une place en avant du glacis. Face Côté d’un ouvrage opposé à l’ennemi Fausse braie Sorte de braie enterrée : l’espace entre le corps de garde et l’enceinte basse est rempli de terre Flanquement Un ouvrage est flanqué lorsqu’il est battu par le tir de flanquement des ouvrages voisins. (ex : courtine flanqué par une tour, canonnière flanquant un fossé). Le flanquement : c’est l’ouvrage flanquant, comme l’action de flanquer Il y a flanquement intégral lorsque toutes les parties d’une enceinte sont battues. Un ouvrage est flanqué lorsqu’il est battu par le tir de flanquement des ouvrages voisins. Fort Place forte contenant une garnison servant d’appui dans le système de défense d’une frontière ou d’une ville Forts de rideau : Forts disposés sur l’alignement d’un front et s’appuyant les uns aux autres. Le fort de rideau est généralement affaibli à l’arrière comme le fort de ceinture Forts d’arrêt : Fort isolé défendant un point de passage obligé sur une voie de communication Front bastionné : 182

Tracé particulier dont toutes les parties se flanquent réciproquement. Il comprend 5 lignes : une face et un flanc, de bastions aux deux extrémités d’un front. Ce tracé entre dans la composition de nombreux ouvrages (ouvrages à cornes, couronne...) Front en crémaillère Tracé en dents de scie. Chaque ressaut constitue un petit flan et assure un flanquement de la face contiguë. Glacis Ce mot désigne plus particulièrement le plan faiblement incliné qui raccorde la crête du chemincouvert avec le niveau naturel du terrain qui s’étend devant la place. Lice Espace compris entre deux enceintes ou entre une enceinte et un fossé Lunette ouvrage avancé, de même forme que la demilune, mais détachée du front bastionné Mine Cheminement souterrain construit par l’assiégé pour parvenir sous la muraille et y ménager une chambre de mine dont l’effondrement, sous l’effet de la charge des parties supérieures ou d’un explosif, doit provoquer une brèche dans la muraille Ouvrage à cornes Ouvrage extérieur formé d’un front bastionné, entre deux ailes Parallèle Tranchée réunissant deux attaques ou deux contre-attaques, servant aussi de place d’armes Parapets Le parapet défile les emplacements de tir


à ciel ouvert au sommet d’une enceinte, d’une tour, d’un rempart, sur un chemin-couvert. C’est un simple mur, souvent CRENELE, ou un massif comprenant habituellement un talus intérieur et une plongée, ellemême quelquefois soutenue par un talus extérieur.

retranchement c’est la ligne de fortification qui isole une partie de la place Sape Ensemble de travaux souterrains conduits pendant une opération de guerre

Pas de souris escalier étroit et raide appuyé sur un mur de fortification

Tenaille dehors bas placé devant la courtine d’un front bastionné et formé de deux faces en angles rentrants vers la campagne, qui sont généralement sur le même alignement que les faces des demi-bastions d’encadrement. Au sens strict, la tenaille est un tracé et non un ouvrage

Place d’armes Espace réservé dans le système d’une fortification pour permettre le rassemblement d’une petite troupe Place forte : Tout espace entouré par des fortifications et formant un ensemble indépendant : ville, forteresse, etc Redan (ou redent) Un décrochement sur une ligne de fortification , formant une avancée en forme de V et permettant la défense notamment d’un point de passage Redoute Ouvrage extérieur spécialement construit pour servir de réduit local et généralement pour porter une artillerie. Sa forme est souvent carrée. C’est un ouvrage de l’attaque comme de la défense : aussi est-ce quelquefois une construction provisoire Réduit Ouvrage construit à l’intérieur d’un autre, où l’on peut se retrancher pour prolonger la résistance. La citadelle sert de réduit à une ville fortifiée Rempart Enceinte formée par une levée de terre dont la poussée est souvent retenue par des bois ou par un mur de soutènement Retranché : Isolé, fermé du côté de l’intérieur de la place. Le 183

Terre-plein est la plate-forme supérieure du rempart servant d’emplacement de tir Tir fichant tir qui assure le flanquement vertical du pied des courtines Tir de flanquement est un tir sensiblement parallèle à la ligne des fortifications. (illustration page suivante) Tir frontal est un tir perpendiculaire à la fortification. (illustration page suivante)

ligne de

Tir d’écharpe est un tir à 45° de la ligne de fortification Tour d’artillerie Grosse tour à plusieurs étages casematés, spécialement conçue pour recevoir de l’artillerie Traverse Sorte de mur épais ou de massif en terre, construit en épi dans la largeur d’un chemin-couvert, d’un chemin de ronde, etc, ainsi barré dans presque toute sa largeur à l’exception d’un petit passage en chicante. La traverse


permet d’éviter que le chemin ne soit pris en enfilade. La traverse casematée est creuse et sert d’abri. La traverse en capitale est construite sur la capitale d’un bastion, d’une tour, etc VÉGÉTATION: Climax : se dit d’une association végétale lorsque l’état d’équilibre sol/végétation/climat est atteint. Note : le climax n’est pas nécessairement atteint lorsque tout l’espace est boisé mais lorsque l’on observe cette notion d’équilibre. Certains espaces peuvent trouver leur stade climacique dans la formation des pelouses : c’est le cas pour les pelouses alpines où le sol (roche) et le climat limite l’évolution végétale. C’est probablement le cas aussi pour certaines pelouses de Charlemont. Écotone : zone de transition écologique entre deux écosystèmes, deux milieux...Par exemple, un ourlet forestier ou une lisière est un écotone entre la forêt et la plaine. Ces écotones sont dits riches car ils contiennent les espèces faunistiques et floristiques des deux milieux qui le jouxtent. Limite d’aires de répartition: Limite géographique délimitant le territoire de présence pour une espèce.

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Principe de multiplication des ouvrages dans la profondeur du site pour la Citadelle de Lille

Bastions, courtines et poternes Tirs de flanquement - sources: dociumentaire Arte+7 sur la citadelle de Lille

Tenailles dissimulant les courtines (uniquement sur Haurs)

Tirs frontaux - sources: documentaire Arte+7 sur la citadelle de Lille Demi-Lunes

Glacis

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sources: documentaire Arte+7 sur la citadelle de Lille

Contregardes


BIBLIOGRAPHIE LITTÉRATURE LOCALE: Ouvrages: André Dhôtel, Lointaine ardennes, Terre écrite, Arthaud, 1979 HISTOIRE LOCALE: Ouvrages: Yanny HURREAUX, Le guide des ardennes, éd. La Manufacture, 1986 Hubert COLLIN, Guide des Archives des Ardennes, 1974 Historique de la ville de Givet, ville de Givet Daniel Higuet, Mémoire en images, Givet Diaporama des Journées du Patrimoine 2011 concernant les anciennes industries Givetoises, Ville de Givet, 2011 Sites internet: http://www.cartesfrance.fr/histoire/cartes-royaume-francs/Francs-traite-Verdun-843.html http://www.arte.tv/fr/La-salle-des-cartes/Histoire-et-frontieres/731154,CmC=731138.html http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Quint http://insee.fr http://www.chooz.com/memoire/moyenage.htm

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GÉOLOGIE: Carte géologique de Givet 1/50 000 , BRGM, 1970 Visite du musée de la minéralogie et des fossiles, Bogny-Sur-Meuse Ouvrages: Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques (extrait), Bibliothèque Nationale, 1978 G.WATRELOT, A.BEUGNIES, J.BINTZ, Guides géologiques régionaux-Ardenne Luxembourg, Masson &cie éditeurs, 1973 C.CAVALIER et J.ROGER, Les étages français et leurs stratotypes, comité français de stratigraphie, mémoire du BRGM n° 109 Sites internet: http://www.fossiliraptor.be http://www.geologie-info.com http://www.ac-reims.fr http://tresordesregions.mgm.fr http://environnement.wallonie.be

ARCHITECTURE MILITAIRE: Ouvrages: Jean-Marie PEROUSE DE MONTCLOT, Architecture-Méthode et vocabulaire ,Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, MONUM, éditions du Patrimoine, 2004 Isabelle WARMOES, VAUBAN, bâtisseur du Roi-Soleil, La cité de l’architecture et du patrimoine, SOMOGY édition d’art, 2007 François DALLEMAGNE et Jean MOULY, Patrimoine militaire, Ministère de la Défense, éd. SCALA, 2002 Vauban, entre Sambre et Meuse 1707- 2007, édition Les amis de la citadelle de Namur, 2007

ENVIRONNEMENT, ÉCOLOGIE: Ouvrages: Alain PERSUY, Le coteau calcaire, Belin éveil nature, 2004 J.C.RAMEAU, D.MANSION, G.DUME, Flore Forestière Française- Tome 1- Plaine et collines, Institut pour le Développement Forestier, 2005

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Publication internet: I.ZARLENGA, Les oiseaux du territoire du futur parc naturel des Ardennes, JM MEUNIER, octobre 2010 Direction Régionale de l’Environnement, Inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique en Région : Champagne-ardenne pour les Ensemble des pelouses calcaires et milieux associes de la pointe de Givet, décrit en 1984 et mis à jour en 2001. DIREN CA/SNSP/DFF, Prise en compte des ZNIEFF dans les documents d’urbanisme, 13 juillet 2007 études réalisées: Notice d’impact environnemental pour le projet de mise en lumière du Fort de Charlemont menée par le cabinet d’études BIOTOPE pour la Communauté de Communes Ardenne Rives de Meuse, 2006 Plan de gestion écologique du site de Fort Condé (Givet), étude réalisée par Biotope à la demande de la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse, 2007 Sites internet: http://inpn.mnhn.fr http://www.champagne-ardenne.developpement-durable.gouv.fr http://www.legifrance.gouv.fr www.haute-marne.equipement-agriculture.gouv.fr http://tela-botanica.org http://biodiversite.wallonie.be

AUTRES SUJETS Carte topographique de Givet série bleue, n°3007 O 1/25 000e , Institut Géographique National, 2007 Ouvrages: Jean-pierre THIBAULT(coordonateur), Petit traité des grands Sites - Réfléchir et agir sur les hauts lieux de notre patrimoine, ACTES USD/ ICOMOS-FRANCE, 2009 études réalisées: Contrat de redynamisation du site de défense de Givet, département des Ardennes, janvier 2009 Diagnostics territoriaux en vue de la revitalisation des sites affectés par les restructurations de la défense, Site de GivetFort de Charlemont, étude menée par Deloitte conseil en 2009. Fort de Charlemont: textes juridiques relatifs à la dépollution pyrotechnique, DATAJ, 2012 Étude historique de pollution pyrotechnique, Fort de Charlemont, par le Cabinet d’étude en Sécurité Pyrotechnique, 2009 Marchés publics de prestations intellectuelles intitulés «Diagnostic écologique sur le secteur de Fort de Charlemont à Givet», par CCARM, BDK, MHL,AP, octobre 2011 Étude en cours concernant l’AMVAP de Givet, version 2011 Rapport de présentation concernant la Révision simplifiée du PLU en rapport avec le site de Charlemont, Dumay URBA 188


Sites internet: http://www.cr-champagne-ardenne.fr/?SID=750 http://www.cr-champagne-ardenne.fr/patrimoineindustriel08/IA08001406.html http://www.culture.gouv.fr/champagne-ardenne/2culture/etablissements/mh08.html http://lunion.presse.fr http://ardennerivesdemeuse.com http://givet.fr http://hierges.com http://ardennes-insolite.com http://www.champagne-ardennes.developpement-durable.gouv.fr http://parc-naturel-ardennes.fr http://cen-champagne-ardenne.org http://vauban.asso.fr http://google.map Autres: - textes audio relatif à la visite de la Pointe Est de Charlemont, par Val D’Ardenne Tourisme - L’expresse, les ardennes dans 10 ans, n°91, octobre 2011

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POCHETTE CD

L’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage 9 rue de la Chocolaterie CS 2902 41029 BLOIS Cedex tél: O2 54 78 37 00 Fax:02 54 78 40 70 191

ensnp@ensnp.fr www.ensnp.fr

Lambinet Joanna joanna.lambinet@gmail.com


Un territoire encore isolé au nord des Ardennes françaises Pour André Dhôtel, c’est Le pays où l’on arrive jamais. Pour ceux qui l’habitent, le territoire du bout du monde fait référence à la pointe ardennaise ; isolée de tout par le relief du massif Ardennais sculpté par les méandres tortueux de la vallée de la Meuse. Mais ce territoire du confin ne pourrait il pas être synonyme de l’ailleurs pour d’autres? Un territoire largement enviable pour ses richesses, ses légendes et son paysage surprenant tant il est inattendu ? La pointe de Givet ne serait-elle pas un de ces paysages de l’ailleurs ? A chaque époque, un enjeux stratégique De tout temps la vallée de la Meuse a suscité des enjeux liés au contrôle du fleuve ; enjeux traduit différemment dans le temps et l’espace. Au XVIème siècle, la vallée de la Meuse est un axe stratégique de défense à travers les villes de Givet, Dinant, Namur... que Vauban n’a pas manqué de fortifier un siècle plus tard. Soulignons d’ailleurs que les forts et fortifications de Givet sont au croisement des lignes de défense de cette dite vallée avec la première ligne du Pré-Carré de Vauban. Le XIXème voient de nombreuses cheminées se disséminer le long des méandres mosans: de Namur en Belgique jusque Givet, Fumay, Revin, Monthermé.... en France ; les enjeux sont économiques et axé autour de la métallurgie et sidérurgie à l’ère industriel. Enjeux stratégiques de défense militaires au XVI et XVIIème. Enjeux économiques à l’ère industrielle (XIXs). Quels enjeux au XXIème siècle dans la vallée de la Meuse ? La perception de ce territoire est encore dans les mémoires entretenue par la nostalgie de l’histoire et des fleurissantes industries. Lorsque l’on regarde la pointe ardennaise, on évoque la diagonale du vide, le déclin industriel, le chômage, le climat peu clément, l’enclavement important dû entre autre au relief et à une accessibilité restreinte (ferroviaire, fluviale et routière). Il est vrai qu’en certains endroits le territoire, la civilisation apparaîssent comme finis : villages et routes en impasse, terminus de la voie ferrée à Givet... aussi fini et inaccessible que le sont certaines routes de montagne. Malgré-tout cette vision empreint de nostalgie ne saurait être entièrement révélateur du territoire tant il apparaît complexe en réalité. Depuis quelques années maintenant, la pointe de Givet est un territoire qui semble vouloir sortir de sa torpeur, de son retard économique. Parc Naturel Régional (PNR), Contrat de Redynamisation des Sites de la Défense (CRSD), création de la liaison ferroviaire Givet-Dinant, mise au normes européennes du port fluvial de Givet et création d’un arrière-port sont autant de projets qui voient le jour signant ainsi la volonté de redynamisation économique du territoire. Abandonné par l’armée en 2008, les 90 hectares du fort de Charlemont devraient également participer au redynamisme de ce territoire et contribuer à le rendre plus attractif. L’identité givetoise suspendue à un espace encore complexe à développer. Suspendu sur un éperon rocheux au dessus de Givet, les sites fortifiés (Mont d’Haurs, Fort de Charlemont et Fort Condé) offrent l’avantage de tempérer le contraste entre un espace agricole de plateau et un espace urbain de plaine. Ces espaces constituent de réelles portes d’entrée au Sud du territoire Givetois. Plus encore, le Fort de Charlemont couronnant l’éperon est la référence paysagère et identitaire de la ville. Dans l’enceinte propre de Charlemont, on dispose de différentes typologies d’espaces : urbain, militaire (fortifications), naturel...qui pourront être affirmé afin de rendre ce site emblématique du territoire. Cette friche militaire possède par ailleurs de nombreuses contraintes qui complexifient et limitent sa reconversion. Ce sont des contraintes d’ordre patrimoniales (inscription au titre des monuments historiques), environnementales (Natura 2000, ZICO, réserve naturelle nationale, ZNIEFF, ZPS, SIC), sanitaires (vétusté de certains bâtiments s’accroissant avec l’abandon et pollution pyrotechnique probable). Comment envisager que les contraintes évoquées aujourd’hui puissent constituer demain les attraits indéniables de ce(s) site(s) ? Comment renverser la tendance tout en permettant d’ouvrir rapidement le site au public (et ainsi limiter l’enfrichement du site et le vieillissement des bâtiments )? Une nouvelle stratégie mosane liée à la reconquête du fort de Charlemont Le fort de Charlemont tient son existence de la relation à grande échelle qu’il entretient avec les autres sites de défense, de la pointe de Givet comme des sites français ou belges des plans vaubanniens. Mais il existe aussi pour et par la ville de Givet à laquelle il donne son identité. C’est donc un site qu’il faut envisager dans un réseau de sites à grande échelle et comme point particulier du territoire givetois. Rester dans l’unité tout en laissant place aux différences qui font les qualités intrinsèques du site. Ces différentes qualités intrinsèques étant d’une grande richesse et complexité, il faudra pouvoir comprendre la part de chacune d’elle dans le paysage et la synergie qui s’opère entre elles pour conquérir cette terre de l’ailleurs. Comment rendre lisible et compréhensible par tous ce territoire comme le territoire de l’ailleurs à travers Charlemont ? Poser le fort de Charlemont comme ambassadeur de son territoire. Exploiter les différentes ambiances et typologies de ce site pour raconter 192 l’histoire particulière du territoire. Sensibiliser les visiteurs à la poésie et à l’ingénierie des ouvrages militaires.


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