Jornal francês destaca Tomar e os Templários

Dimanche

ITINÉRAIRE CULTUREL EUROPÉEN

Saint Bernard et l’ordre du Temple ont eu un rôle primordial dans la naissance du royaume du Portugal, explique Joao Fiandeiro, ardent promoteur du projet d’itinéraire culturel européen « Templier ».

Les Templiers et la naissance du Portugal

P. X et XI

CAHIER SPÉCIAL

« Justice League », énième film de superhéros décevant P. V

Au jardin, c’est Pour arrêter le moment de donner le tabac, à manger et un abri faites-vous aider !

P. VII aux oiseaux P. IV

DIMANCHE

PATRIMOINE

X

19 NOVEMBRE 2017

DIMANCHE 19 NOVEMBRE 2017

PATRIMOINE

XI

ITINÉRAIRE CULTUREL EUROPÉEN TEMPLIER

De Troyes à Tomar, l’axe historique

Joao Fiandeiro, promoteur du projet d’un « Itinéraire culturel européen », devant le Couvent du Christ.

TOMAR. Saint Bernard et les

Templiers ont eu un rôle fondamental dans la création du royaume du Portugal, rappelle Joao Fiandeiro.

Quand est née cette idée d’itinéraire culturel européen sur les Templiers ?

Ma thèse porte sur la « marque » des Templiers à Tomar, je l’ai soutenue en mars 2011. S’est ensuivie une série de réunions et d’événements pour réfléchir à l’intérêt de développer cette thématique en termes de promotion locale et de développement économique, en lien avec ce fort héritage local, ces traditions et cette culture. Il s’agit naturellement d’attirer davantage de visiteurs, qui apporteront davantage d’emplois et davantage de services pour la région. ..............................................................

« L’exposition de Troyes, “Templiers, une histoire, notre trésor”, mise en œuvre par le conseil départemental de l’Aube, a été un événement capital. » J’ai fait plusieurs voyages dans les lieux templiers emblématiques en Europe, j’ai pris des contacts, rencontré des personnes intéressées par cette problématique, et ce, dans les contextes les plus divers… J’ai commencé à me dire qu’il y avait réellement matière à une Route européenne des Templiers.

Après l’exposition de Troyes, en 2012 (la manifestation « Templiers, une histoire, notre trésor » mise en œuvre par le conseil départemental de l’Aube, NDLR), qui a été un événement capital pour tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, s’intéressent au monde templier, et après la première Fête des Templiers qui a eu

Point fort de la « Reconquista », Tomar devint Couvent de l’ordre du Christ, ordre du Temple refondé.

lieu à Tomar en mai 2014, le sujet a été pris très au sérieux par les acteurs locaux. En octobre 2014, les élections à la chambre municipale ont conduit au pouvoir une équipe intéressée par la question.

Nous avons organisé une rencontre entre toutes les villes concernées par ce projet de route templière. Si Tomar et l’Aube – alpha et oméga de l’histoire templière – étaient leaders de ce projet, il y a bien d’autres villes qui sont marquées par l’histoire templière, comme Ponferrada en Espagne et Pérouse en Italie.

Quel est l’enjeu culturel et économique, aujourd’hui, pour votre ville de Tomar ?

En quoi le Couvent du Christ, déjà classé patrimoine mondial de l’humanité, nécessite-t-il d’être l’aboutissement d’un tel itinéraire ?

Le Couvent du Christ, qui comprend le château des Templiers de Tomar, constitue le patrimoine le mieux conservé, le plus important et le plus emblématique au monde sur les Templiers. Nous possédons ici, l’un des plus grands bâtiments templiers du monde resté dans son état d’origine. Le château de Tomar a résisté au temps et à l’érosion de l’histoire.

D’autre part, la chapelle templière de Tomar (aujourd’hui le chœur de l’église abbatiale, NDLR) est directement inspirée par le dôme du Rocher à Jérusalem, au cœur du mythique Temple de Salomon.

C’est le monument templier le plus grand et le mieux préservé au monde, puisqu’il est resté dans ses dispositions initiales de la fin du XIIe siècle.

C’est ce qui explique que le Couvent du Christ a été classé patrimoine mondial par l’Unesco, en 1983, comme héritage templier, pour sa dimension symbolique, en raison de son intime imbrication

ropéen Templier est né des liens entre l’Aube et Tomar, mais il ne sera efficace, réel et pertinent que s’il correspond à l’univers templier dans son entier, en Europe et existant encore dans quelques îles de la Méditerranée.

La route est ouverte à d’autres sites, pourvu qu’ils partagent cette identité qui nous est commune. Aujourd’hui, bien sûr, ces lieux qui portent l’identité templière sont beaucoup moins nombreux, ils sont dispersés sur tout le continent européen, mais c’est peut-être ce qui doit nous motiver plus encore : les rassembler en un projet commun.

Cœur du Couvent du Christ et chœur de son église abbatiale, la chapelle du château fondé par les Templiers, à Tomar, à la fin du XIIe siècle. Sous le décor baroque, la « rotunda » conserve la pureté de l’architecture templière. avec l’histoire du Portugal.

Précisément. À découvrir l’histoire du Portugal, on réalise l’importance de l’ordre du Temple : les Templiers ont été essentiels dans la libéra-

tion du pays et la création du premier royaume portugais…

La création du royaume du Portugal est l’une des histoires les plus intéressantes dans l’étude de

TROYES ET TOMAR, ALPHA ET OMÉGA DE L’HISTOIRE DU TEMPLE Troyes et Tomar constituent l’alpha et l’oméga de l’histoire de l’ordre des pauvres chevaliers du Temple, de l’histoire des Templiers. Fer de lance dans la « Reconquista », le château de Tomar devint couvent et siège de l’ordre du Temple au Portugal.

C’est dans cette petite ville, dans ce Couvent du Christ, que l’ordre se perpétuera sous une nouvelle forme après son abolition en France et dans la majorité des pays de l’Occident médiéval. Depuis 2012, le département de l’Aube et la cité portugaise sont porteurs du projet d’un « itinéraire culturel européen Templiers » qui associe deux sites templiers dans deux autres pays d’Europe… Pourquoi, comment et dans quels délais ? Réponse avec Joao Fiandeiro, élu de Tomar fier de sa ville et spécialiste des problématiques du tourisme. « Je suis un consultant externe non rémunéré pour la promotion, l’intégration et le développement touristique de la Route. » Titulaire d’un master en tourisme culturel, il possède déjà une belle expérience dans la valorisation du patrimoine templier à Tomar.

l’histoire des Templiers. Les Templiers ont participé aux Croisades en Terre sainte, certes, mais ils ont également participé à la Reconquista – la croisade ibérique –, la reconquête chrétienne.

Alphonse VI de Castille, à la tête du royaume de Castille, de León et d’Aragon, ne reconnaissait pas son cousin Afonso Henriques, comte du Portugal comme légitime prétendant à la couronne d’un royaume du Portugal indépendant à naître, mais il admettait la reconquête de l’ouest de la péninsule ibérique sur les Maures. C’est en 1128 ou 1129 – sitôt la reconnaissance de l’ordre au Concile de Troyes –, que les premiers Templiers s’installent dans les terres alors reconquises sur les Maures, dans la vallée du Mondego, au

château de Soure, près de Coimbra. Et ce sont les Templiers qui vont aider Afonso Henriques dans la célèbre bataille d’Ourique, en 1139, dont il sera victorieux. ..............................................................

« Nous pensons même que la création du royaume du Portugal était un projet des Templiers. » En 1143, sous l’influence de saint Bernardo de Claraval (Bernard de Clairvaux), Afonso Henriques et le roi Alphonse VII se rencontrent à Zamora, au royaume de Castille, où ils signent un traité reconnaissant la création d’un royaume in-

Cloîtres gothiques et azulejos du Couvent du Christ rappellent à la fois Maures et Templiers. dépendant et chrétien, le Portugal.

Plus tard, ce sont les Templiers qui conquièrent Santarém, en mars 1149, ouvrant les portes à la conquête de Lisbonne, en octobre de la même année. Ainsi s’établit un royaume bien identifié entre les rivières Tejo au sud et Minho au nord, à l’ouest, l’océan Atlantique et à l’est, l’Espagne.

Le rôle de l’ordre du Temple est fondamental à cette époque, mais son action culmine au XIIIe siècle avec la conquête de l’Algarve, définissant ainsi les plus anciennes frontières de l’Europe.

On pense aussi que l’un des neuf premiers chevaliers de l’ordre du Temple, envoyé au Portugal par Hugues de Payns, était portugais et peut-être cousin de notre pre-

mier roi. Bernard de Clairvaux a eu un rôle déterminant dans la création de ce nouveau royaume, et ce nouveau royaume – le Portugal – est une terre où les Templiers se sont donc profondément enracinés.

Payns dans l’Aube et Tomar au Portugal constituent l’alpha et l’oméga de l’histoire des pauvres chevaliers du Temple. Mais cet itinéraire se ramifie dans l’ensemble de l’Europe…

Il est logique de créer un itinéraire templier entre Tomar et Troyes, sites les plus emblématiques de l’ordre. Mais selon certains auteurs, on compte environ huit cents sites châteaux templiers dans le monde chrétien, en Europe et dans une partie du MoyenOrient.

Le projet d’itinéraire culturel eu-

Notre grand défi est aujourd’hui d’affirmer cette marque « Templier » dans notre territoire, d’en faire le catalyseur de produits touristiques et identitaires. De fait, beaucoup d’entreprises utilisent le nom templário associé même dans des secteurs qui n’ont rien à faire avec le tourisme, le nom jouit d’une certaine popularité chez les hommes d’affaires et la population en apprécie l’image.

Culturellement, ce sera la continuité des événements connexes et un grand pari avec la création d’un centre de documentation sur les Templiers et l’ordre du Christ, l’ordre qui est son héritier. Il faudrait aussi créer un musée à Tomar ou centre d’interprétation, où les biens, les publications et les divers travaux dispersés pourraient être rassemblés dans un espace dédié et accessible à tous. ..............................................................

« Si nous y réfléchissons, l’ordre des Templiers a créé une Union économique européenne à sa manière… » Le tourisme apportera plus de visiteurs et la croissance économique qui s’ensuivra est l’objectif principal.

Au-delà de l’économie et du tourisme, n’est-ce pas une page d’histoire commune que se pro-

pose de valoriser un tel itinéraire ? Un élément identitaire fort pour une Europe aujourd’hui bousculée ?

Évidemment. Nous sommes 100 % européens. L’Europe elle-même et ses organisations dirigeantes sont susceptibles de favoriser de tels projets, en mobilisant des territoires très différents tout en respectant les identités locales.

Si nous y réfléchissons, l’ordre des Templiers a créé une union économique européenne à sa manière…

Certes, il n’est pas question de ça, mais d’une culture partagée par de nombreux pays européens. Il y a un besoin extrême d’élever l’esprit européen par la culture, l’intégration et la connaissance commune.

L’Europe doit s’appuyer fortement sur ces projets éducatifs et culturels axés sur une identité commune, partant de l’histoire de petites villes ou cités dispersées sur différents points de son territoire.

Le nationalisme et les divisions se nourrissent de l’ignorance de ce qui nous rapproche.

Ou en est le projet et par qui est-il aujourd’hui mené ?

Le projet en est encore à un stade précoce de développement. Il intègre quatre villes, quatre pays aux cadres politiques et administratifs variés, où l’on parle quatre langues…

La diversité de l’administration territoriale, des options politiques et des stratégies locales est parfois défavorable à la conduite de projets communs d’intérêt européen.

Beaucoup de projets ne sont développés et définis que lorsque les acteurs reçoivent un soutien ou qu’il y a une incitation financière visible. Ces projets culturels sont généralement considérés comme importants mais non prioritaires dans l’exécution.

Il est essentiel, pour le succès du projet, de promouvoir cette idée auprès des populations. Je suis l’un des fervents promoteurs de cette Route et je crois que ça deviendra un jour une réalité, mais sans doute pas aussi rapidement que souhaité. L’important est que nous le voulions tous…

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MICHEL VAN HOUTTE