École Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val-de-Seine Master en Architecture Février 2016
Joséphine Poirier
Comment construire en préservant le paysage ? Les refuges de montagne directrice de mémoire : Caroline Rozenholc
SOMMAIRE Préambule
p.6
Introduction
p.10
I. Relation entre refuge et paysage
p.14
1. Paysage
p.14
2. Qu’est-ce qu’un refuge de montagne ?
p.20
3. Rapport entre refuge et paysage
p.24
II. Intégration dans les Alpes
p.34
1. Perception de l’échelle en montagne
p.34
2. Choix des matériaux
p.38
3. Influence des usagers
p.44
Conclusion
p.56
Remerciements
p.66
Glossaire
p.68
Bibliographie
p.70
Webographie
p.72
Iconographie
p.74
3
4
« Les bâtisseurs du refuge ont procédé comme procèdent les poètes : dans le rien, les uns avec les mots, les autres avec des pioches et des barres à mine, ils vous fabriquent un poème ou une maison, et c’est presque la même chose.» Jean-Louis Carribou, 2007
Le refuge du chant du monde
5
PRÉAMBULE J’ai grandi dans une famille où les espaces naturels étaient célébrés, bien plus que les espaces urbains. On m’a appris à apprécier la beauté et la majesté des paysages naturels et particulièrement ceux de montagne, encore souvent peu touchés par l’Homme. Depuis toujours, je vais régulièrement en vacances dans les Alpes, dans un petit chalet d’alpage familial en limite du Parc National de la Vanoise (fig. 2). Ces séjours m’ont appris à apprécier la nature qui nous entoure et un mode de vie simple. J’ai également travaillé comme aide au Refuge d’Avérole, un refuge de moyenne montagne en Maurienne, un été (fig. 3). Cela m’a particulièrement sensibilisée sur le rapport aux ressources, par exemple en eau ou en électricité, qui dépendent des éléments et qu’il faut ainsi consommer prudemment. À Avérole, par exemple, l’électricité provient de panneaux solaires et l’approvisionnement est donc dépendant de la météo. L’eau, quant à elle, est captée dans un ruisseau. En cas de sécheresse ou de très grosse pluie, le captage est perturbé. Habiter plusieurs semaines dans un refuge donne également une nouvelle perception sur le cadre qui l’entoure : l’isolement malgré tous les randonneurs qui passent, le silence, l’immensité de la montagne, … Cela donne aussi une nouvelle perception de son évolution aux différents moments de la journée et au fil des jours.
Malgré cet attrait pour les espaces naturels, j’ai choisi de faire des études en architecture, un domaine qui s’intéresse de manière générale aux milieux urbains et que l’on assimile souvent à la maîtrise de la nature. Cette approche de l’architecture disparait peu à peu avec le développement d’une conscience éco-
6
1.
Page
précédente,
Coucher de soleil sur l’Aiguille Doran et le Rateau d’Aussois. Joséphine Poirier, 2015.
2.
Chalet Savoie.
familial
en
Joséphine
Poirier, 2015.
3. Refuge d’Avérole, Savoie-Mont-Blanc, 2015 Refuge où j’ai travaillé durant un été. Le point de vue est celui que l’on a en arrivant par le chemin depuis la vallée.
7
logique nouvelle, mais ses conséquences sont encore visibles à travers bon nombre de villes. C’est le cas par exemple de Naypyidaw1 (fig. 4), la nouvelle capitale de la Birmanie, où des hectares de forêt ont été détruits pour permettre la construction de la ville. On peut citer également l’agrandissement de la ville de Lanzhou, en Chine, pour lequel sept cent sommets ont été rasés2 (fig. 5).
Quand est venu le moment de réfléchir au mémoire, je me suis interrogée sur la manière de concilier cet amour pour les paysages naturels et cette vocation à construire des bâtiments que je me suis choisi.
1.
Wikipedia
2016,
Naypyidaw 2. PEDROLETTI 2013,
Quand la Chine déplace les montagnes pour créer ses villes
8
4. Naypyidaw, Robert Reid, 2007 Vue sur des résidences, dont la plupart restent vides.
5. Chantier de Lanzhou, Gansu, Chine. Pei Qiang LZ, 2013. Photo du chantier de terrassement qui a précédé la construction.
9
INTRODUCTION Depuis des millénaires, l’Homme construit pour s’abriter. C’est le mythe de la cabane de Laugier3 dans ses Observations
sur l’architecture (fig. 6). Ce besoin de s’abriter est encore plus vrai dans des milieux hostiles. Les refuges de montagne, qui portent bien leur nom, en sont une bonne illustration. Leur fonction première est d’offrir un abri aux randonneurs ou aux alpinistes dans l’environnement hostile que peut représenter la montagne. Ce sont ainsi, par nature, des constructions isolées, dans des lieux peu, voire très difficilement accessibles et qui n’ont pour seul contexte que la montagne, la nature. Ils sont pourtant indispensables à la pratique des sports de montagne telle qu’elle a lieu aujourd’hui, par des amateurs inégalement expérimentés.
La fonction première du refuge en montagne est de permettre une protection. L’ensemble des refuges d’un massif montagnard constitue un réseau qui assure la sécurité des randonneurs et alpinistes, en surveillant la météo, ou en prévenant les secours si des personnes n’arrivent pas à leur point de destination. Un exemple est le réseau des refuges qui ponctuent le tour des Glaciers de la Vanoise, représenté sur la figure 7. Force est de constater aujourd’hui que si l’utilité des refuges, situés en général dans des lieux encore peu altérés par l’Homme, n’est pas mise en cause, leur esthétique dérange maintenant souvent. En effet, les refuges modernes, d’architecture contemporaine, sont souvent considérés comme faisant « tache » dans le paysage. On les accuse de détruire l’environnement naturel, alors même qu’ils sont le plus souvent très développés en ce qui 3.
LAUGIER,
Observations l’architecture
10
1972,
sur
concerne le développement durable, les énergies renouvelables et propres, le traitement des déchets et, justement, la préser-
Le mythe de la Cabane, Marc-Antoine 6.
Laugier, Couverture de l’Essai sur l’architecture, 2nde édition, 1755. Le mythe de la cabane représente le besoin des Hommes depuis des millénaires de se fabriquer des abris.
7. Carte du réseau des
refuges du tour des Glaciers de la Vanoise, refuges-vanoise.com Les refuges, plus ou moins espacés entre eux, ponctuent le sentier de randonnée du tour des Glaciers de la Vanoise.
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vation de l’environnement, comme schématisé sur la figure 8. C’est donc bien leur apparence qui est remise en cause. Il faut ainsi concilier cette nécessité de la présence des refuges dans la montagne et la volonté de conserver intacts les paysages naturels. L’architecte théoricien Christian Norberg-Schulz a écrit dans son livre L’art du Lieu (1997) : « Lorsqu’on rencontre un lieu, son unité a pour premier visage une atmosphère. Chacun sait qu’un lieu exceptionnel se caractérise par une atmosphère ineffable qui émane de chacun de ses éléments et lui confère une personnalité propre, une âme. »4 L’objectif est de préserver cette personnalité, l’âme du lieu, mais comment y parvenir ? Comment nous est-il possible, en tant qu’architectes, de construire en préservant ce paysage naturel grandiose qu’est la montagne ?
Pour apporter un élément de réponse à cette question, nous allons dans un premier temps développer les éléments que nous étudions, en définissant le paysage naturel et le refuge de montagne et réfléchir à la relation entre les deux. Dans un second temps, nous nous pencherons sur le cas des refuges dans les Alpes. Nous nous interrogerons sur la question de l’échelle, primordiale en architecture et particulièrement dans ce contexte d’isolement et de rapports aux hauteurs si particulier de la montagne. Nous réfléchirons ensuite au choix des matériaux qui joue une part fondamentale dans la perception d’un bâtiment par le public, en mettant en rapport le traditionnel et le contemporain (fig. 9). Enfin, nous verrons comment la perception d’un refuge change selon les usagers qui le fréquentent.
4. NORBERG-SCHULZ 1997, L’Art du lieu, p.43
12
8. Le refuge dans son environnement, Base de données « Refuges », ARPE Midi-Pyrénées, 2006. Le refuge utilise son environnement pour la production de l’énergie.
Refuge du Fond d’Aussois, Sly 2010. 9.
L’ancien refuge au premier plan, le nouveau refuge (2004) au fond. En arrivant au refuge, on perçoit en même temps l’ancien bâtiment et le nouveau, à l’architecture très différente l’un de l’autre.
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I. Relation entre refuge et paysage
Lorsqu’on veut parler de l’intégration des refuges dans le paysage naturel de la montagne, il convient avant toute chose de définir les limites du discours. Nous allons ainsi parler de ce que l’on entend par paysage* et sa préservation. Nous allons ensuite expliquer ce qu’est un refuge*, qu’elle en est l’histoire et l’utilité. Enfin, nous étudierons la relation qui existe entre le refuge et le paysage et pourquoi il s’agit d’une question importante.
1. Paysage D’après le Dictionnaire d’Analyse Spatiale de Bavoux et Chapelon5, le paysage se définit comme une « traduction visible des interactions, tant matérielles qu’idéelles, entre un groupe humain et son milieu, exprimant l’unité physionomique d’une portion d’espace perçue depuis un point donné par un observateur. » L’étymologie du mot renvoie à l’italien paesaggio, littéralement « ce qu’on voit du pays ». Dans les deux cas, on définit le paysage par rapport à celui qui l’observe, le perçoit et l’interprète. La notion de paysage est intrinsèque à la perception humaine et personnelle : « le paysage […] [n’existe] que lorsqu’il est ressenti et considéré comme tel par une personne regardant son environnement avec une disposition d’esprit favorable. 5. et 6. BAVOUX et CHAPELON 2014,
Il naît de l’esthétisation du rapport à l’environnement »6 (fig. 10).
Dictionnaire d’analyse spatiale, p.426 et 428
Ainsi il s’agit d’une construction de l’esprit et du langage. Le mot
7. BERQUE 1995, Les raisons du paysage, p.37
14
paysage apparaît en France à la Renaissance. Il n’existait pas chez les Grecs de l’Antiquité7. Pour autant, ils possédaient les
10. ifolor.ch., 2016. La photo met en scène le point de vue personnel sur le paysage. Le point de vue de cette photo et celui du photographe représenté seront différents.
15
mêmes capacités que nous à observer leur environnement. Un mot apparait dans une langue lorsque le besoin se fait sentir de désigner un objet ou une idée. Si le mot paysage apparait à la Renaissance, c’est que l’idée du paysage que l’on observe est nouvelle et a été fabriquée par les codes de la société de l’époque. Ainsi, si elle parait aujourd’hui évidente, c’est toutefois une construction culturelle et sociétale.
Aujourd’hui, certains paysages, pourtant façonnés par l’homme, évoquent la nature et les mêmes impressions qu’un paysage naturel*. On peut citer comme exemple le Canal du Midi (fig. 11). Construit en 1681 pour permettre le transport facile du blé entre Toulouse et la mer Méditerranée, il a aujourd’hui perdu sa fonction économique. Il reste cependant un symbole du « paysage naturel » de la région. Un autre exemple emblématique est le paysage de rizières dans les régions montagneuses d’Asie (fig. 12). S’il est évident que les terrasses ont toutes été construites par l’homme et que leur rôle reste encore aujourd’hui pratique, économique et social, il n’en reste pas moins qu’elles apparaissent, aux yeux des touristes occidentaux, comme constituant de superbes « paysages naturels ».
Cependant, l’intervention de l’homme n’est pas incompatible avec la définition faite par Donadieu et Mazas du paysage naturel dans l’ouvrage Des mots de paysage et jardin : « Du point de vue des sciences de la nature, un paysage naturel est un espace comprenant une dominante d’éléments naturels et vu en tant que paysage, c’est-à-dire à l’échelle d’un grand territoire. »8. Ce qui prime ici sont les « éléments naturels ». On 8. DONADIEU et MAZAS 2002, Des mots de paysage et de jardin, p.225
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pense à la végétation notamment et à l’absence de bâtiments.
11. Canal du Midi, Attila Farkas, 2014.
12. Rizières à Banaue, Philippines. Joséphine Poirier, 2012. Les rizières sculptent la montagne dans une image typique de l’Asie du sud-est.
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Ce qu’on appelle « paysage » n’est pas quelque chose de fixé, d’immuable. Bien souvent, l’homme façonne le paysage en même temps qu’il façonne le territoire et rares sont aujourd’hui les endroits où l’homme n’a pas laissé de trace visible à l’échelle du paysage. De tels endroits peuvent encore se trouver en très haute montagne, là où les conditions climatiques et l’altitude créent un environnement hostile à une installation humaine et rendent très difficile toute entreprise de construction. Cependant, ces endroits vierges de toute construction humaine sont tout de même en constante évolution. Le réchauffement de la planète fait fondre les neiges « éternelles » des sommets et les glaciers, causant leur retrait progressif. Les avalanches et les éboulements transforment le décor des montagnes. La montagne se transforme aussi au fil des saisons : les neiges de l’hiver n’ont rien en commun avec les fleurs du printemps, les pâturages d’été ou la couleur dorée des mélèzes en automne. De même, la météo transforme la montagne, parfois changeant plusieurs fois dans la même journée : du ciel ensoleillé sans nuage, au brouillard intense empêchant toute visibilité (fig. 13). La montagne a ainsi autant de visages que de saisons et de conditions météorologiques et le paysage change en conséquence, comme le disent Bavoux et Chapelon : « des paysages qui semblent immuables changent en réalité sans cesse »9. Au-delà même de l’évolution visible des paysages, il faut envisager l’importance de la perception personnelle : « En un lieu, il y a autant de paysages que d’observateurs, chacun étant le produit d’une expérience sensorielle spécifique, une relation à un instant t, une impression. »10 En effet, chaque individu ressent les choses différemment, selon sa culture, ses souvenirs 9. et 10. BAVOUX et CHAPELON 2014,
Dictionnaire d’analyse spatiale, p.427
18
et les associations que la vision d’un paysage donné provoque, l’humeur de l’instant, etc.
8h53
9h37
9h51
10h29
12h05
12h40
14h23
15h14
13. Un seul point de vue
à plusieurs moments de la journée. Joséphine
15h45
16h30
Poirier, 2015. Même dans une journée au temps relativement stable, l’évolution du ciel transforme le paysage.
19
Ainsi, il est difficile de concevoir un paysage fixe. Et de la même manière que chacun perçoit un paysage différemment, chaque individu aura également une idée différente de ce que signifie l’intégration d’un bâtiment dans un paysage donné. Dans un paysage en perpétuel changement et perçu d’autant de façons différentes qu’il y a d’observateurs, que signifie « préserver le paysage » ? Il n’y aurait pas de sens à vouloir préserver une image fixe qui n’existe pas. De même, vouloir préserver le paysage revient à vouloir préserver une idée construite de ce que devrait être le paysage. Pour autant, même si le travail de l’architecte ne consiste pas à suivre les normes de la société, il n’est pas non plus question de les ignorer. Il s’agit alors de concilier la nécessité de la construction en milieu naturel et l’idée de ce à quoi le paysage qui en résulte doit ressembler.
2. Qu’est-ce qu’un refuge de montagne ? D’après le code du tourisme, un refuge se définit comme « un établissement d’hébergement recevant du public gardé ou non, situé en altitude dans un site isolé. […] Le refuge est situé en zone de montagne. »11 En France, dès l’Antiquité, des abris de secours rudimentaires avaient été construits sur les grands axes de communication traversant les Alpes et les Pyrénées. Dans l’environnement hostile que représente, encore aujourd’hui, la montagne, le besoin de pouvoir s’abriter en cas d’urgence ou simplement 11. Legifrance.gouv.fr 2016, Code du tourisme 12.
Wikipedia
2016,
Refuge de montagne
20
de se reposer en étant protégé des éléments s’est toujours fait sentir. Là où il n’y avait pas de construction, on utilisait des grottes ou des abris naturels sous des rochers12 (fig. 14). La
14. Refuge du Couvercle, Hélène Brandt, 1926. Refuge construit sous l’abri naturel d’un rocher.
21
Renaissance voit apparaître des hospices et des monastères sur les cols les plus importants (fig. 15). Les premiers refuges à proprement parler apparaissent dès le XVIIIème siècle pour abriter les premiers alpinistes, mais aussi les scientifiques, les peintres, les voyageurs, etc. Dans l’émission Il existe un endroit :
les refuges de montagne diffusée sur France Inter en 2014, l’écrivain Sylvain Jouty explique que « au début les refuges avaient une fonction uniquement pratique, faciliter les ascensions qui étaient très compliquées techniquement, pratiquement. »13 À la fin du XIXe siècle est créé le Club Alpin Français (CAF), dont le but est « d’encourager et favoriser la connaissance de la montagne et sa fréquentation individuelle ou collective en toute saison »14. L’un des moyens pour y parvenir est la construction et l’entretien des refuges (fig. 16 et 17.). Depuis sa création, le Club a poursuivi cette mission et équipé les massifs des Alpes et des Pyrénées de réseaux de refuges. Avec le développement du tourisme en montagne, particulièrement en été, leur rôle s’est développé et a évolué. Francisque Regaud, président du CAF, disait lors de son discours à l’inauguration du premier refuge des Évettes en 1907 : « Il y a un sentiment général qui pousse les touristes à plus d’exigences et de bienêtre qu’aux temps héroïques. » Aujourd’hui, ils sont « la porte d’entrée dans cet univers indéfinissable qu’est l’altitude [...] on arrive dans un autre monde où on est plus libre ».15 Il y a une portée symbolique aux refuges. On parle souvent du seuil qui, 13. JOUTY 2014, Il existe
en architecture, a une importance capitale dans l’expérience
un endroit : les refuges de montagne
que l’on fait d’un lieu. C’est le rôle que prend le refuge dans la
14. Club Alpin Français,
montagne : il est le seuil de nouvelles expériences.
Un historique des Refuges et de l’Aménagement de la montagne 15. et 16. JOUTY 2014,
Il existe un endroit : les refuges de montagne
22
On observe depuis les années soixante une distinction entre randonneurs et alpinistes16. Aujourd’hui, cette distinction
15. Le Col du Grand Saint-Bernard, Alexis Noël Clichy, 1835. Au fond, l’Hospice du Grand St-Bernard, bâti vers 1050.
16. Le Refuge de l’Aigle à sa construction en 1910 par la CAF Paris. Carte postale ancienne, E.R. Construit sur le lieu de bivouac classique pour l’ascension de la Meije orientale
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se retrouve entre les refuges dits de moyenne-montagne et ceux de haute-montagne. Les premiers, facilement accessibles, s’adressent à un public large, des familles, des randonneurs peu expérimentés, … Ils proposent en général un service de restauration indépendant de l’hébergement. Les derniers sont situés bien plus haut en altitude et nécessitent au contraire une expérience de la montagne pour y parvenir. Ils sont fréquentés par un public plus restreint d’alpinistes et randonneurs plus expérimentés. L’activité majeure y est l’hébergement (fig. 18). Ces refuges servent de point de départ pour accéder aux grands sommets alentour. Les deux types de refuges sont généralement gardés pendant la période d’été, parfois également au printemps pour la saison du ski de randonnée. Les gardiens ont un rôle logistique, pour gérer l’hébergement et la restauration au refuge. Leur rôle est aussi de sensibiliser les randonneurs à leur environnement et à la fragilité des écosystèmes de montagne. Enfin, ils sont aussi là pour dispenser des conseils, sur les itinéraires à suivre, le bon moment pour les ascensions selon la météo, etc. Les refuges constituent ainsi des réels points d’appui pour les usagers de la montagne, assurant confort et sécurité. Ils sont devenus indispensables à la pratique de la randonnée et de l’alpinisme de nos jours.
3. Rapport entre refuge et paysage Comme nous l’avons expliqué plus haut, les refuges sont isolés. Il n’y a pas d’autres constructions aux alentours. Ils se trouvent dans des environnements où la nature règne en maître. Il s’agit de plus d’un environnement de montagne, qui présente des paysages à l’échelle démesurée, avec laquelle l’homme ne
24
17.
Le
Refuge
de
l’Aigle,
CAF NiceMercantour, 2015. L’ancien refuge a été démonté et le nouveau est constuit en 2014.
18. Intérieur du Refuge de l’Aigle, anonyme, 1925. Photo historique. Plus de la moitié du refuge est occupé par des paillasses où les alpinistes dorment.
25
peut pas espérer rivaliser. Pour autant, une construction attirera le regard, comme un élément familier dans un milieu étranger. Comme élément d’attraction, si on veut préserver l’âme du lieu, toute construction se doit de s’intégrer à son environnement. Du point de vue du grand public, cela signifie que le refuge donne l’impression d’appartenir à son environnement, d’y avoir sa place. Mais cela ne veut pas toujours dire la même chose selon le milieu dans lequel on se trouve. Les refuges de montagne sont présents dans de très nombreux pays du monde. Tous ont relativement la même fonction, le même objectif. Cependant, les différences morphologiques entre les milieux rendent les manières dont ils sont perçus très différentes et leur intégration au paysage se perçoit nécessairement autrement. Pour illustrer cela, nous utiliserons deux exemples : les refuges en Islande et dans les Alpes.
L’Islande est une île volcanique, située dans l’océan Atlantique, à environ trois cent kilomètres du Groenland. Environ dix pourcents de son territoire sont couverts par des glaciers et on y trouve également de nombreux volcans. La partie centrale de l’île est principalement un haut plateau. Du fait de l’élevage qui a toujours été une des économies principales du pays, l’urbanisation est concentrée pour laisser de grands espaces libres pour les pâtures. L’autre moteur économique, la pêche, est la raison pour laquelle cette urbanisation s’est développée sur les côtes et particulièrement dans la région de Reykjavík au sud-ouest de l’île17. Cette disposition particulière laisse le cœur 17.
VALSSON,
2003,
Planning in Iceland 18.
la conservation de larges espaces naturels propices à la ran-
guideislande.com,
Les refuges montagne
26
du pays libre de tout développement urbain et permet ainsi
de
donnée. Compte tenu des conditions climatiques très rudes de
19. Carte de la répartition des refuges en Islande, Joséphine Poirier, depuis une carte de Landmælingar Íslands, National Land Survey of Iceland, 2014 Les refuges sont inégalement répartis, la plupart se trouvant dans la zone de la réserve naturelle Þórsmörk.
27
l’Islande, les refuges sont une nécessité. On en compte environ soixante-dix, répartis pour la plupart dans les zones isolées de l’île, le long des chemins de randonnée18 (fig. 19). La définition de refuge diffère un peu en Islande de celle donnée en France. Bien que la plupart des refuges soient très isolés, on en trouve certains dans des villages. De plus, un certain nombre de refuges est accessible par une piste ou même par le bus. Ils restent cependant des points d’appui aux randonnées et des escales bienvenues sur les longs circuits. La diversité des paysages islandais est contraire à l’idée d’un refuge-type qui s’intègrerait partout dans le paysage. L’idée que l’on pourrait avoir pour une intégration en tout lieu est celle de l’architecture traditionnelle. En Islande, cela se traduit par des bâtiments rectangulaires bas hérités de la Scandinavie, avec des murs de pierre très épais sur les longs côtés et un toit à double pente souvent couvert d’herbe. Bien que l’on trouve parfois des refuges se rapprochant de cette architecture traditionnelle, comme le refuge de Skaelingar (fig. 20), la plupart n’ont de traditionnel que le matériau utilisé pour la construction, ou la forme du bâtiment (fig. 21) mais cela n’a rien de systématique. Cependant, l’architecture traditionnelle n’est pas très représentée dans l’ensemble des constructions sur l’île. L’architecture islandaise n’a ainsi pas une identité aussi forte que celle que l’on retrouve dans les Alpes. Le développement de l’île ayant été en majorité rural, l’architecture n’occupe pas historiquement une place importante dans la culture locale, de sorte qu’elle passe en second plan, y compris pour la perception des refuges.
Lors des premières constructions en haute altitude dans les Alpes, la question de l’intégration au paysage ne se posait
28
20. Refuge de Skaelingar, Michel Blanc, 2010. Exemple de refuge islandais proche de l’architecture traditionnelle, très bas, avec des murs en pierre très épais.
Refuge Kerlingarfjöll, 21.
de Ellis
O’Connor, 2015. Ce refuge ne reprend comme code traditionnel que les murs bas et le toit à deux pentes.
29
pas. D’une part, toutes les constructions n’avaient qu’un objectif pratique et économique et l’esthétique passe alors au second plan dans ces conditions. D’autre part, les difficultés d’accès aux sites de construction ont eu pour effet que les matériaux utilisés étaient ceux trouvés sur place (fig. 22) ou à forte proximité. De cette manière, l’intégration au paysage se fait naturellement. Une partie des refuges suit encore ce modèle, affichant une architecture semblable à l’architecture traditionnelle locale et/ou utilisant des matériaux locaux. De nombreux refuges ont été construits sur le site de vieux chalets d’alpage, agrandissant les limites originelles, mais réutilisant la plupart des matériaux (fig. 23). Ainsi, l’intégration de ces refuges n’a jamais posé problème, apparaissant comme « l’évolution logique ». La majorité des refuges dans les Alpes font face à de hauts sommets, des pentes raides et cela quand ils ne sont pas eux-mêmes placés sur celles-ci. Aux dimensions restreintes d’un refuge de montagne s’oppose l’immensité des sommets et ce sont précisément ces hauteurs qui font apparaître un refuge petit, quelles que soient ses dimensions réelles. Ainsi, les deux critères qui ressortent dans la perception d’un refuge des Alpes dans son environnement sont le rapport à l’architecture traditionnelle et le rapport aux échelles.
Nous avons vu dans cette partie ce qu’on entend par paysage et refuge de montagne ainsi que les rapports qui existent entre les deux. La définition de ces éléments nous permet d’étudier la manière d’intégrer des bâtiments au paysage et ce que cela signifie concrètement.
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22. Chalet du Barbier, Geneviève Lédée, 2015. Chalet datant au moins du XVIIème siècle, construit avec les pierres présentes sur place, rénové de la même manière dans les années 1970.
23. Refuge de l’Aiguille Doran, Jean V., 2006. Refuge construit sur le site d’un ancien chalet des alpages de l’Orgère.
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« Les hommes dont les noms remplissent la période héroïque de l’histoire alpine étaient, pour la plupart, d’intrépides marcheurs. Les distances, les hauteurs semblaient fondre sous leurs pas (...). Si tout le monde était à même de procéder ainsi, les hôtels alpins installés dans les villages constitueraient des bases d’opérations suffisantes. Ils sont légion ceux qui ne se sentent pas la force de mener pareil train et qui sont cependant capables de jouir vivement de la haute montagne si l’on veut bien aménager des étapes intermédiaires. D’ailleurs, un peu d’expérience le montre bientôt, les splendeurs des grandes altitudes ne sont pas pour les sportsmen qui les traversent d’un pas rapide. Elles se prodiguent, au contraire, au touriste qui s’y attarde, qui voit les aurores naître et le couchant s’y éteindre. (...) Viennent la pluie, la mauvaise saison, ou simplement le déclin de l’âge, et le montagnard le plus épris de poésie et de liberté se convaincra vite que rien ne remplace l’abri d’un toit. » Pierre PUISEUX, 1899 Président de la Commission Centrale des Refuges du Club Alpin Français
32
33
II. Intégration dans les Alpes
Ayant une connaissance directe des refuges dans les Alpes, c’est le contexte que j’ai choisi pour étudier plus en détail comment construire en s’intégrant dans le paysage. Nous avons vu dans la première partie que la perception du paysage est subjective. De fait, l’intégration d’un bâtiment dans le paysage l’est aussi. Nous allons donc ici étudier les différents facteurs qui interviennent dans notre perception d’une construction par rapport à son contexte : l’échelle, les matériaux et le point de vue.
1. Perception de l’échelle en montagne En montagne, les échelles sont difficiles à appréhender. Les dimensions colossales faussent la perception des distances et des hauteurs. Souvent, la perspective crée des effets d’optique, qui déguisent les distances objectives. Selon le point de vue, un sommet peut apparaître bien plus bas qu’un sans que cela soit effectivement le cas. Il en va de même pour les distances à parcourir qui, sans expérience ou point de repère de taille connue, sont très difficiles à estimer (fig. 24). C’est exactement le rôle que peut prendre un refuge en montagne. Un bâtiment est un élément familier dont on peut facilement imaginer la taille pour peu qu’on en distingue un minimum de détails : une fenêtre, une épaisseur de toit, … Même sans ces détails, la simple présence de la construction donne des indications d’échelle, par l’idée que l’on se fait de la taille que devrait avoir un bâtiment dans une zone si isolée. En effet,
34
24. Vue sur la montée
au Col de la Masse. Joséphine Poirier, depuis une photo de Philippe Poirier, 2015 Il est difficile de percevoir la distance séparant le sentier balcon du col.
25. Refuge du Soreiller
devant l’Aiguille Dibona, Site internet du Refuge du Soreiller, 2011. Le refuge semble minuscule devant l’Aiguille. Il permet cependant d’estimer sa hauteur.
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même s’il s’agit d’un grand refuge, il n’atteindra jamais la taille d’un immeuble, d’un musée, … Il restera de taille modeste et c’est une indication suffisante. Un bon exemple à cela est le Refuge du Soreiller, au pied de l’Aiguille Dibona, en Isère (fig. 25). C’est à ce moment de la réflexion que la double perception des refuges entre en jeu19. Pour certains, les refuges dénaturent le paysage, comme une verrue humaine dans l’immensité de la nature. Cette immensité est alors un argument pour l’intégration de la construction : cette dernière est tellement petite par rapport à l’échelle de son contexte qu’il est facile d’argumenter qu’elle n’a pas de réel impact, qu’il est facile d’en faire abstraction. À l’inverse, pour d’autres, le refuge constitue un point de repère rassurant, une vision claire de la destination ou de la prochaine étape, tel un phare. C’est le facteur rassurant de l’échelle intimidante du contexte. Pour autant, être rassuré par la présence du refuge ne signifie pas être prêt à accepter n’importe quelle esthétique.
Selon les cas, les refuges peuvent être vus de très loin. On peut donner comme exemple le refuge d’Avérole, sur la commune de Bessans en Savoie. Il est visible pendant une très grande partie de la montée (fig. 26). À l’inverse, certains refuges ne sont visibles qu’au tout dernier moment, comme par exemple le refuge des Évettes sur la commune de Bonneval-sur-Arc en Savoie. Celui-ci est visible juste cinq minutes avant d’y arriver, après trois heures de montée (fig. 27).
La perception des bâtiments évolue en fonction de la distance à ce bâtiment. De loin, on distingue vaguement une 19. ARPE Midi-Pyrénées 2006, Guide de gestion
forme, parfois rien du tout si le refuge ne se détache pas du
environnementale des refuges gardés dans les Pyrénées, p.53
fond. Si le refuge est visible de très loin et de manière continue
36
26. Montée sur le Refuge d’Avérole, Altitude Rando, 2009. Le refuge est visible très longtemps avant d’arriver.
27. Refuge des Évettes, Jean-Marie Malherbe, 2004. L’angle de vue est à peu près celui que l’on a lorsqu’on découvre enfin le refuge.
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tout au long de la montée, on aperçoit les détails progressivement. On s’habitue à son apparence. Si, au contraire, on ne le voit qu’au dernier moment, quand on en est déjà proche, on est frappé par son image et son apparence prend d’autant plus d’importance qu’il n’y a pas de progression dans la découverte. Norberg-Schulz écrit que « l’emplacement de l’habitat dépend en général de la structure locale naturelle, qui trouve son unité centrale dans le paysage. »20 De cette affirmation, on peut penser que la position du bâtiment dans le paysage influe sur la perception qu’on en a. Nous sommes conditionnés à apprécier les paysages structurés des peintures (fig. 28) et on peut facilement imaginer que nous essayons de retrouver cette structure dans les paysages réels que nous voyons. Ainsi, un bâtiment peut nous sembler ne pas être à sa place si sa position dans le paysage ne nous permet pas de retrouver une structure dont nous avons l’habitude.
Que le refuge se voie de loin ou non, l’image qui reste en tête est celle du bâtiment dans sa globalité, à une distance suffisamment réduite pour qu’il soit le sujet principal. Ce qui ressort alors, avec une grande influence sur la perception, sont les matériaux dans lesquels le refuge est construit.
2. Choix des matériaux et culture locale À cause de l’inaccessibilité des sites, les premiers bâtiments en altitude en France étaient construits avec les maté20. NORBERG-SCHULZ 1997, L’Art du lieu, p.82
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riaux trouvés à proximité. Dans le cas des Alpes françaises, c’est souvent la pierre grise, plus précisément le schiste, le
28. Vue du Rosengarten, Toni Haller, vers 1930. La composition des peintures de paysages forme notre conception d’un « paysage équilibré »
29. Village de l’Écot, Haute-Maurienne. Michel Mirabail, Savoie Nature. Le hameau, construit en pierre locale, se confond presque avec les rochers alentours.
39
gneiss ou le granit, qui sert autant pour monter les murs que pour la couverture des toits sous la forme de lauzes. Cela vaut également pour le haut des vallées, comme le village de l’Écot au fond de la vallée de la Maurienne (fig. 29). Là où le bois était facilement accessible, le haut des bâtiments est en bois. Sinon, il ne servait que pour la charpente. Cette méthode de construction est restée pendant des siècles la seule possible et s’est donc inscrite comme la tradition de la région. Malgré toutes les options possibles dans le choix des matériaux de construction aujourd’hui, la pierre locale reste appréciée. Ainsi, dans le nouveau lotissement du village du Bourget, en Maurienne, un certain nombre de maisons affichent des murs en pierre traditionnels et des toits de lauzes. Ces bâtiments neufs (fig. 30) s’ajoutent aux maisons anciennes en pierre. Ils créent une continuité entre le passé et le présent et contribuent ainsi à former l’image de l’architecture typique de la région, sans rupture entre les époques. Au-delà de l’aspect traditionnel, il faut regarder ce que le matériau lui-même évoque. Un choix de matériau dans la construction n’est jamais anodin. Richard Weston, dans Formes
et matériaux dans l’architecture (2003), parle du « rôle crucial que les matériaux [jouent] pour promouvoir les qualités visuelles ou des textures, si importantes dans nos expériences sensorielles. »21 Si on ne voit que l’extérieur d’un bâtiment, ce sont ses matériaux et ses couleurs qui forgent notre opinion. La pierre naturelle renvoie à des « notions de stabilité, de puissance et de tradition. »22 Stabilité et puissance, ce sont les deux critères qui 21.
2003,
importent lors de la construction en montagne. En effet, si un
et matériaux l’architecture,
bâtiment doit nous protéger dans un milieu hostile, on en attend
WESTON
Formes dans p.100
qu’il puisse résister aux éléments. Le granit, en particulier, est
22. DREXLER, HEGGER et ZEUMER 2007, Matérialité, p.39
40
particulièrement adapté : « il est dur, résistant au gel et à toutes
30. Mairie de VillarodinBourget, Wikipedia 2014 La mairie n’est pas un bâtiment ancien, mais elle reprend les matériaux locaux.
Refuge Alphonse XIII en Espagne, pyré31.
nées-refuges.com, 2005. Dans les Pyrénées aussi la pierre est le matériau de prédilection pour la construction des refuges.
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les intempéries. »23 La pierre est ainsi un matériau de construction adapté au milieu de la montagne, en plus d’y être présent en abondance. On l’utilise également dans les Pyrénées, notamment dans les refuges de type ogival (fig. 31), inventés par Léonce Lourde Rocheblave à la fin du XIXème siècle pour limiter les portages et optimiser la quantité de matériaux nécessaires à la construction24. En plus d’avoir les caractéristiques physiques appropriées, la pierre évoque la tradition architecturale locale. Elle se présente donc comme une bonne solution à la mise en œuvre des refuges.
Cependant, les technologies modernes permettent d’obtenir des matériaux tout aussi résistants, qui présentent l’avantage d’être en général beaucoup plus légers. Cela est un atout non négligeable lorsqu’on sait que la plupart des matériaux pour les constructions en altitude ont longtemps été acheminés à dos d’homme ou de mulet. Aujourd’hui, ils sont héliportés et le poids reste la limite à la quantité transportable. Des exemples de ces matériaux se retrouvent dans de nombreux refuges. On peut citer par exemple les panneaux de mousse phénolique recouverts de gel coat du refuge des Évettes (fig. 32), conçu en collaboration avec Prouvé en 1971
25
. Un autre exemple plus
récent serait les plaques d’aluminium recouvrant les façades du refuge du Mont-Rose en Suisse (fig. 33), ou encore les pan23. DREXLER, HEGGER et ZEUMER 2007, Matérialité, p.40 24. Pyrénées-Passion. info, 2016, Historique des
refuges des Pyrénées 25. Piasa Rive Gauche 2014, Jean Prouvé dans les Alpes, p.3
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neaux à bardage en acier inoxydable du refuge du Goûter dans le massif du Mont-Blanc. La plupart des refuges construits avec ces matériaux modernes se trouvent dans des sites de haute montage, en général très haut en altitude et ils n’ont pas la même portée que les refuges en moyenne montagne. En effet, ils touchent des publics différents, avec des attentes différentes.
32. Refuge des Évettes, Savoie Mont-Blanc 2016 Les panneaux Matra blancs qui constituent la façade font du refuge un élément singulier du paysage.
33. Refuge du MontRose, Michael Kessler, 2013. Le refuge du MontRose associe architecture contemporaine et matériaux modernes, donnant au refuge des airs futuristes.
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3. Influence des usagers En moyenne montagne, les refuges sont, en règle générale, facilement accessibles. Ce sont des destinations de promenade, des objectifs pour les randonneurs peu expérimentés. Selon le degré de facilité d’accès, on peut s’y rendre simplement pour un déjeuner ou un goûter. La fréquentation de ces refuges se fait donc principalement par des touristes souhaitant profiter de la montagne pour leurs vacances et ces derniers attendent l’authenticité des lieux, la tradition de la montagne : les vieilles pierres et le bois. Se conforment aisément à cette image les anciens chalets d’alpage convertis en refuges, qui ont pour eux l’authenticité historique. C’est le cas par exemple du refuge du Plan Sec, sur la commune d’Aussois, en Maurienne (fig. 34). Il est constitué de trois anciens chalets d’alpage rénovés, transformés en refuge en 1982.
D’autres refuges plus modernes suivent également l’aspect traditionnel. On peut citer ici l’extension au Refuge de l’Arpont, sur la commune de Termignon (fig. 35), construite en 2013 par le cabinet Ritz Architecte. Bien que nécessitant plusieurs heures de marche pour y accéder, il reste dans la catégorie des refuges de moyenne montagne. Il n’y a pas besoin de capacités d’alpinisme pour y parvenir, la marche suffit. L’extension présente une architecture parfaitement contemporaine, loin des traditions locales, avec sa forme incurvée et son large toit terrasse. Cependant, la façade est parée de pierres prélevées dans les ruines de chalets environnants26 et de bois, collant ainsi parfaitement à l’image traditionnelle des constructions des Alpes. 26. Parc Nationaux de France 2012, L’Arpont,
Les refuges de moyenne montagne qui ne respectent
une démarche de développement durable pour un refuge de Vanoise
pas ces codes d’utilisation des matériaux traditionnels sont mal
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34. Refuge du Plan Sec, Gilles M., 2014. C’est un refuge privé, qui combine trois chalets rénovés.
35. Refuge de l’Arpont, K. Mandray, 2014. Les pierres de la façade permettent la continuité architecturale entre le refuge existant et son extension.
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reçus par le public, qui les accuse de dénaturer le paysage. C’est le cas du Refuge des Évettes (fig. 36). Les panneaux de façade, mentionnés plus haut, constituaient une approche très innovante à la construction des refuges. Ils sont très fins et très isolants27, avantages non négligeables pour la construction en montagne. Le refuge est un précurseur dans le domaine de l’autonomie énergétique : il est équipé du premier parc photovoltaïque en site isolé dès 1976
. Cependant, ces qualités
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ne compensent pas le ressenti sur l‘apparence extérieure du refuge. Lors de conversations avec des usagers du refuge, il ressort que l’accueil est agréable, le confort est assuré et que la vue du refuge est magnifique, mais qu’il est dommage qu’il ne soit « pas beau ». Il est ainsi qualifié de laid car non conforme à l’image traditionnelle du refuge de montagne.
Plusieurs expériences ont été menées pour optimiser la construction des refuges. On a déjà mentionné plus haut les refuges à forme ogivale des Pyrénées. Dans les Alpes, dans les années soixante, devant le besoin d’équiper la montagne pour un public grandissant, le Parc National de la Vanoise lance le programme des Chalets Chaloin (fig. 37). Ce sont des chalets préfabriqués, en bois, pouvant accueillir une vingtaine de randonneurs, pour lesquels le délai entre le début de la construction sur site et l’ouverture au public n’était que de trois semaines29. 27. Piasa Rive Gauche 2014, Jean Prouvé dans les Alpes, p.3 28. Refuge CAF des Évettes, 2016, Le refuge
Une des exigences pour ces refuges était l’ « insertion dans des sites dénués de références architecturales traditionnelles ». Il s’agissait d’un programme lancé par le Parc de la Vanoise, un parc national*, dont une des missions est la préservation du
29. Parc National de la Vanoise 2011, Le Chalet
patrimoine naturel et paysager30. Pour ce programme de refuges
Chaloin
préfabriqués, il fallait donc concilier cette mission de préservation
30. Parc National de la Vanoise 2014, Les mis-
et la construction rapide de bâtiments confortables. Cela s’est
sions d’un Parc National
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36. Vue de l’intérieur du Refuge des Évettes, refuges-montagne.info, 2011 Les panneaux constituent toute l’épaisseur de la façade, et apparaissent de la même manière à l’intérieur et à l’extérieur.
37. Illustration du Chalet Chaloin, Joël Valentin, 2010 L’organisation simple de ces chalets s’adapte aux besoins de chaque lieu. La forme rappelle le refuge de Kerlingarfjöll en Islande.
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traduit par des chalets au profil triangulaire en bois, présentant peu de lien avec l’architecture traditionnelle de la région. J’ai moi-même visité le refuge de la Femma en Maurienne (fig. 38), dont deux des trois bâtiments sont des chalets Chaloin. Ils sont aujourd’hui encore surprenants dans l’environnement de la montagne, car ils ne se rattachent ni à l’architecture traditionnelle, ni aux architectures contemporaines des nouveaux refuges. Leur aspect tout en bois dans un milieu où la pierre prédomine et leur forme atypique en font des cas particuliers étonnants qu’il est difficile de rattacher à un contexte familier.
On trouve des refuges utilisant les matériaux traditionnels en haute montagne, comme le refuge Adèle Planchard, sur la commune de Villar-d’Arène, en pierres (fig. 39). Cependant, ces refuges ne sont pas fréquentés du tout par les mêmes types d’usagers. Ils sont difficiles d’accès et ils requièrent de bonnes notions d’alpinisme pour les atteindre, comme par exemple la traversée d’un glacier. Cela implique que seules certaines personnes peuvent y aller, des personnes ayant une certaine habitude de la montagne. D’autre part, ces refuges se posent comme une nécessité dans un climat hostile. Ce ne sont pas des destinations de promenade, mais une réelle étape vers un sommet plus haut. Les alpinistes qui s’arrêtent dans les refuges de haute-montagne en attendent avant tout le confort pour se reposer entre deux journées d’activité physique intense. L’apparence extérieure du refuge passe alors au second plan. Pour autant, elle ne perd pas son importance, mais répond à des problématiques différentes. Pour illustrer cela, je vais prendre pour exemple le nouveau Refuge du Goûter dans le massif du Mont Blanc, construit en 2012 par DecaLaage Architecture (fig. 40).
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Refuge de la Femma, site internet du 38.
refuge Le refuge se compose de trois bâtiments, dont deux chalets Chaloin
Refuge Adèle Planchard, Aurélien 39.
Meignan, 2015. Perché au pied de la Grande Ruine, dans le Parc National des Écrins, le refuge a aujourd’hui deux bâtiments, dont l’ancien refuge qui n’accueille plus le public.
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Le refuge présente une architecture parfaitement contemporaine, très éloignée des standards traditionnels de la région. Il a une forme ellipsoïdale et une façade réfléchissante en inox. Dans la verdure des alpages, ce bâtiment ferait hurler au scandale. Mais sur son éperon rocheux, entouré de glaciers, à plus de trois-mille huit-cent mètres d’altitude, le refuge ne contraste pas si violemment avec son environnement. Un proche, qui a fait l’ascension du Mont-Blanc dernièrement en s’y arrêtant, m’a dit : « On ne le voit pas, les façades reflètent la neige autour et il se fond dans le paysage ». Ainsi, malgré son architecture résolument contemporaine, il ne transforme pas le paysage. Que l’on considère qu’il s’y intègre ou non, le paysage n’en est pas affecté et est ainsi préservé.
Il y a ainsi deux approches à l’insertion dans le paysage des refuges de montagne dans les Alpes. La première mise sur le regard bienveillant que le public porte à l’architecture traditionnelle locale tandis que la seconde consiste à se fondre dans le décor, en choisissant les matériaux selon les milieux. Dans les refuges de moyenne montagne, on observe parfois une prise de parti qui se situe entre ces deux approches. Dans certains projets, les architectes font le choix de dessiner des bâtiments dont la forme architecturale est très éloignée de la tradition, en réutilisant les matériaux traditionnels. Cela apparait comme un compromis permettant d’introduire en douceur l’architecture contemporaine dans la partie « grand public » de la montagne, sans rompre avec l’image traditionnelle de ses paysages.
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40. Refuge du Goûter, Groupe H, 2013 De la mêm couleur que la neige et les rochers, le refuge disparait dans son décor.
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Plusieurs éléments entrent en compte dans la perception des refuges dans le paysage. Le premier est l’échelle, à la fois du bâtiment et de l’environnement, ainsi que la relation entre les deux. Ce rapport d’échelle, qui a toujours une importance capitale dans l’architecture, est ici crucial dans la perception de la construction dans le paysage. Le second élément est les matériaux utilisés en façade, leur portée économique et symbolique. Enfin, l’élément ayant le plus d’influence est en fait le type d’usagers qui fréquentent le refuge et ses attentes particulières pour différents milieux.
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« Univers sans pareil, d’une telle densité, Gigantesque et puissant, beau et simple à la fois, Utopie d’un seul jour, j’ai voulu t’épater. Et pourtant je ne suis qu’un tout petit refuge, Taverne de montagne, à la chaleur ouatée, Témoin de mille exploits et de mille déluges. » Anonyme Espuguettes
Site internet du gîte de la Lountère
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CONCLUSION Lorsqu’on parle de l’intégration d’un refuge de montagne dans le paysage, plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Tout d’abord, il faut considérer ce qu’on entend par paysage et refuge. Nous avons vu, pour le paysage, qu’il s’agit d’une idée construite à laquelle nous cherchons à nous conformer. Les refuges ont quant à eux une double portée, pratique et symbolique. Cette double fonction n’a cependant que peu d’effet dans le ressenti que peut produire leur esthétique. Le rapport entre le refuge et le paysage dans lequel il s’inscrit est intimement lié à la culture locale, à ce que nous avons appris à voir comme s’inscrivant dans un lieu donné. Nous avons ensuite étudié les facteurs qui influencent la perception des refuges dans leur environnement : l’échelle, les matériaux et surtout l’observateur, pour qui le ressenti est étroitement lié aux attentes.
Le développement de l’architecture des refuges en montagne depuis la seconde moitié du XXème siècle montre une recherche technologique dans le développement durable, l’autonomie en énergies propres et renouvelables. On observe cette recherche, particulièrement poussée, dans la conception du refuge du Goûter (fig. 41). Du point de vue esthétique, on observe une constante recherche d’équilibre entre les modes et les principes de l’architecture contemporaines et les attentes des publics visés. Cet équilibre se retrouve notamment dans le refuge de l’Arpont (fig. 42), qui allie matériaux traditionnels et forme contemporaine. Les attentes esthétiques viennent à la fois des clients et commanditaires : communes, parc nationaux, Club Alpin ; mais aussi des futurs usagers des refuges, différents,
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Les énergies au refuge du Goûter, ener41.
zine.com, 2014 Le refuge du Goûter est autonome pour tout sauf le gaz et optimise et réutilise l’énergie.
Extension du refuge de l’Arpont, Ritz 42.
Architecte, 2013 Illustration de l’utilisation des matériaux traditionnels dans une architecture contemporaine.
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comme nous l’avons vu, selon les cas. Cette recherche d’équilibre semble avoir porté ses fruits, puisque dans l’ensemble, les refuges des Alpes françaises sont plutôt bien reçus.
Mais l’équilibre actuel permet-il la préservation de l’âme de chaque lieu ? Si l’idée de paysage est une construction de l’esprit, la même chose peut être dite de l’âme d’un lieu. C’est un ressenti, mais un ressenti basé sur une éducation, un apprentissage, qui fait que deux personnes auront deux ressentis différents pour un même lieu. On en revient alors aux observations faites plus haut sur ce que signifie préserver un paysage. Mais si on prend en compte le point de vue, je me suis concentrée dans ce travail sur le regard du grand public et des usagers, en laissant de côté l’œil de l’architecte. Nos études et notre sensibilité nous conduisent souvent à avoir un point de vue différent du grand public, principalement lorsqu’il s’agit de nouvelles constructions. Cela s’applique également pour le rapport entre une construction et le paysage dans lequel elle s’inscrit. De nombreux architectes ont travaillé sur la question de l’intégration au paysage. Au premier rang de ceux-ci, on peut citer Peter Zumthor. L’architecte, qui n’a jamais construit d’édifice dans une capitale, est connu pour l’extrême attention portée à tous les éléments du projet, notamment son inscription dans le contexte, à la fois historique, social et, bien sûr, paysager. Si le contexte des Thermes de Vals, pour lesquels il est principalement connu, se compare difficilement au contexte isolé des refuges en montagne, on peut cependant s’intéresser à sa démarche. Dans une interview donnée en 2003
, Zumthor déclare : « À Vals, c’était relativement
31
simple : une source chaude jaillit d’une montagne, de la pierre 31.
ZUMTHOR
2003,
interview par Andreas SCHIENDORFER
58
– montagne, pierre, eau, cavité, creuser la montagne » (fig. 43).
43. Les Thermes de Vals de Zumthor, artchidesign, 2013 Le bâtiment s’enfonce dans la pente, creuse la montagne.
44. Les Thermes de Vals de Zumthor, Kristina Butkute La pierre et l’eau de l’édifice répondent à la roche et à la neige de la montagne autour.
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Il se concentre ainsi sur ce que le site a à offrir et modèle les éléments pour créer un lieu, une atmosphère vibrante qui provoque une émotion (fig. 44). Pour l’architecte, à Vals, « l’enjeu est de parvenir à l’édifice qui soit perçu comme antérieur aux immeubles voisins qui pourtant le précédent, comme s’il avait toujours fait partie du paysage. »32 On retrouve là l’idée de la perception du bâti dans le paysage, qui doit s’intégrer à l’idée existante de ce qu’est le paysage donné.
Une autre approche de l’intégration dans le paysage, qui a émergé en 2007 en Allemagne dans le cadre d’un groupe de recherche universitaire, est le mouvement « Living Plant Architecture » ou Baubotanik33. Un des pionniers de cette approche est l’architecte allemand Ferdinand Ludwig. Il s’agit d’utiliser des arbres et des plantes vivantes pour former la structure d’édifices. Si les bâtiments habités ne sont encore que des projets à l’étude, on a déjà vu apparaître des plateformes et des tours d’observation, en Allemagne. Comme exemple, on peut citer une passerelle, ouverte en mai 2005, près de Stuttgart34. Une structure de métal est placée pour soutenir les saules qui, en grandissant, prennent le dessus et deviennent la structure porteuse. Par cette méthode, on obtient une construction qui se fond dans le paysage, comme une haie d’arbres qui évolue au fil des saisons. On peut comparer cette façon de faire avec la construction des chalets traditionnels en pierres trouvées sur place. En effet, si Baubotanik n’utilise pas d’arbres existants mais en plante pour former ses structures, ils apparaissent tout 32. HAUSER et ZUMTHOR 2007, Peter
Zumthor Therme Vals 33.
LUDWIG,
Living
Plant Architecture 34. LUDWIG, The Web
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de même comme des arbres parmi d’autres. On peut voir sur les figures 45 et 46 qu’ils s’inscrivent dans un paysage de bosquets et ils s’y fondent comme un bosquet de plus, à l’instar des chalets de pierre disparaissant dans les rochers alentour.
45. The Web, Spring, Bureau Baubotanik Au printemps, le feuillage camoufle complètement la construction, qui apparait comme un alignement d’arbres.
46. The Web, Winter, Bureau Baubotanik En hiver, la passerelle apparait plus, mais elle prend l’aspect squelettique des arbres sans feuilles.
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On a ainsi ici deux approches de la construction en rapport avec le paysage, qui renvoient à une question : l’intégration au paysage doit-elle faire disparaître le bâtiment, ou peutelle l’accepter comme un élément singulier ?
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« Si vous regardez la Terre sans architecture, c’est parfois un peu déplaisant. Il y a ainsi ce besoin humain basique de s’abriter au sens le plus large du terme, qu’il s’agisse d’un cinéma ou d’une simple cabane de rondins dans les montagnes. C’est là le cœur de l’architecture : de fournir un lieu aux êtres humains. »
Peter ZUMTHOR, 2009
On the Pritzker Prize, the essence of architecture and hope for young architects
Traduction faite par l’étudiante depuis : “If you look at the Earth without architecture, it’s sometimes a little bit unpleasant. So there is this basic human need to do shelter in the broadest sense of the word, whether it’s a movie theater or a simple log cabin in the mountains. This is the core of architecture: To provide a space for human beings.”
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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier ma directrice de mémoire Caroline Rozenholc pour son accompagnement et ses précieux conseils, sans qui ce travail n’aurait pu voir le jour. Je remercie également toutes les personnes qui ont permis à ma passion pour la montagne de se développer, notamment mes parents et les gardiens du Refuge d’Avérole qui m’ont permis d’avoir des connaissances de première main sur la vie en refuge. Je remercie également tous mes amis qui m’ont soutenue durant ce travail et en particulier Élodie Mélédandri pour sa relecture et ses conseils.
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GLOSSAIRE Paysage : « Traduction visible des interactions, tant matérielles qu’idéelles, entre un groupe humain et son milieu, exprimant l’unité physionomique d’une portion d’espace perçue depuis un point donné par un observateur. » (BAVOUX et CHAPELON 2014)
Paysage naturel : « Du point de vue des sciences de la nature, un paysage naturel est un espace comprenant une dominante d’éléments naturels et vu en tant que paysage, c’est-à-dire à l’échelle d’un grand territoire. » (DONADIEU et MAZAS 2002)
Refuge de montagne : « Un refuge est un établissement d’hébergement recevant du public gardé ou non, situé en altitude dans un site isolé. Son isolement est caractérisé par l’absence d’accès tant par voie carrossable que par remontée mécanique de type téléporté ouvertes au public et par l’inaccessibilité pendant au moins une partie de l’année aux véhicules et engins de secours. Le refuge est situé en zone de montagne. » (Legifrance.gouv.fr 2016)
Parc National : « Un parc national est un territoire sur lequel la conservation de la faune, de la flore, du sol, du sous-sol, de l’atmosphère, des eaux et en général d’un milieu naturel présente un intérêt spécial. Il importe de le préserver contre toute dégradation et de le soustraire à toute intervention artificielle susceptible d’en altérer l’aspect, la composition et l’évolution. » (INSEE 2016)
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II. INTÉGRATION DANS LES ALPES 24. p.35. Vue sur la montée au Col de la Masse. Joséphine Poirier, depuis une photo de Philippe Poirier, 2015 25. p.35. Refuge du Soreiller devant l’Aiguille Dibona, Site du Refuge du Soreiller, 2011. http://www.refuge-du-soreiller.com/#!le-refuge/aboutPage
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