Mémoire ASPU Juan Pradas - Label ÉcoQuartier

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MÉMOIRE DE STAGE En quoi les processus de labélisation favorisent le développement des écoquartiers ? Le cas du label ÉcoQuartier JUAN PRADAS sous la direction de madame RUDOLF Directrice de stage : Mme LINDER Master 2 ASPU : Architecture, Structures et Projets Urbains INSA STRASBOURG /// 27 10 2014


INTRODUCTION [p.3] 1.- STRUCTURE DE L’AGENCE

[p.3]

1.1.- L’AGENCE : LINDER PAYSAGE 1.2.- ÉQUIPE ET ORGANISATION DU TRAVAIL 1.3.- DEMARCHES DE PROJETS 1.4.- ROLES DES PARTENAIRES

2.- PRINCIPAUX PROJETS DEVELOPPES A L’AGENCE [p.9]

3.-LES ENJEUX D’UNE EVALUATION PAR INDICATEURS DE L’AMENAGEMENT URBAIN DURABLE: LE CAS DE LA DEMARCHE ÉCOQUARTIER [p.15] 3.1- LA VILLE DURABLE ET LE RECIT ÉCOLOGIQUE 3.2 PROCESSUS DE DIFFUSION : LA MOBILISATION DE LA CONSCIENCE ECOLOGIQUE 3.3.- L’ENJEU DE L’EVALUATION 3.4.- DEMARCHES ET INSTRUMENTS D’ANALYSE EXISTANTS 3.5.- LE LABEL ÉCOQUARTIER 3.6.- ANALYSE CRITIQUE DU LABEL ÉCOQUARTIER

4.- DECONTEXTUALISATION DES 4 PRINCIPES DE LA GRILLE ÉCOQUARTIER ET APPLICATION AUX OPERATIONS VISITÉS [p.45] 4.1- LA CITE MANIFESTE, QUARTIER DE LA CITE, MULHOUSE, 2005. 4.2.- ECO-QUARTIER VAUBAN, FRIBOURG, 1998. 4.3.- QUARTIER KILLESBERG, STUTTGART, 2007

CONCLUSION [p.55] REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [p.58]

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INTRODUCTION Ce mémoire est l’exercice final du Master 2 ASPU (Architecture, Structures et Projets Urbains). C’est un enseignement multidisciplinaire organisé par l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) et l’ENSAS (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg). Le processus d’élaboration et de réflexion autour ce mémoire a été suivi par l’enseignante chercheure Mme Rudolf, professeure des universités et directrice adjointe de l’équipe Amup, EA 7309. Actuellement, les écoquartiers sont devenus des formes urbaines attractives et développées. Cependant, il n’existe pas une définition claire de sa composition. Différents métiers interagissent pour contribuer à un concept qui puisse faire référence. Il s’agit d’une approche globale qui vise à s’implanter sur la ville existante, caractérisée par l’hétérogénéité. Afin de promouvoir son développement et d’esquisser une définition, le gouvernement français répond par une politique qui vise à favoriser l’implantation des quartiers durables. En plus des mécanismes normatifs, on note une démarche d’actualité qui exerce une pression sur les nouveaux aménagements urbains, le label éco-quartier. Le premier appel à projets « EcoQuartier » a été lancé fin 2008 afin de rassembler les projets de qualité au sein d’un club opérationnel, de les valoriser et de permettre la diffusion de bonnes pratiques. Des nouveaux appels ont été lancés les années suivantes avec plus de 350 dossiers de candidature par édition. Aujourd’hui, tous les projets de nouvelle construction aspirent à intégrer ce groupe honorifique. Ce mémoire vise à analyser l’influence des processus normatifs sur les quartiers durables. En quoi les processus de labélisation favorisent le développement des écoquartiers ? Le cas du label ÉcoQuartier, organisé par le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire (MEEDDAT).

1.- STRUCTURE DE L’AGENCE 1.1.- L’AGENCE : LINDER PAYSAGE L'atelier Linder Paysage, fondée en 1998, œuvre dans le domaine de l'aménagement des espaces publics (parc, places) ainsi que de l'aménagement urbain (projets d'urbanisme). Quatre années après sa création, le projet lauréat du quartier des Rives du Bohrie (reconfiguration d'un territoire de 55 ha, 1200 logements, 10 M€HT d'espaces publics) a marqué une étape clé dans le développement de la société. Composé de 5 collaborateurs, l'atelier se caractérise par Figure 1 M.ASPU STRASBOURG

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son approche transversale des projets, insufflée par les compétences mêlées de paysagiste, d'urbaniste et d'architecte de Catherine Linder. Le rayon d’action de l'agence se limite essentiellement à la région du grand Est, avec un développement important de projets au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg. Certaines expériences sont toutefois menées hors région (centre urbain autour de la nouvelle médiathèque de Grasse par ex). Les donneurs d'ordre sont essentiellement constitués par les collectivités publiques (Mairie, Conseils Généraux et Régionaux), mais également par le secteur privé (aménageurs et promoteurs). L'un des objectifs essentiels de l'atelier consiste à déployer une ligne directrice forte dans le projet, basée sur la recherche approfondie de thématiques nouvelles, tout en s'appuyant, ceci au bout d'une quinzaine d'années d’expérience, sur l'observation critique de la gestion et de l'appropriation des projets réalisés. L’ancrage dans le territoire, l’installation d’une géographie, l’utilisation de matériaux ordinaires et robustes, sobriété et minimalisme, font partie des objectifs de l’attitude projectuelle que développe l’atelier. Le projet doit raconter quelque chose, tout en procurant le sentiment d’une certaine évidence, du naturel.

1.2.- ÉQUIPE ET ORGANISATION DU TRAVAIL L’agence est actuellement composée de 5 membres : 1 architectepaysagiste responsable, 2 architectes, 1 dessinateur graphique, 1 secrétaire et un comptable extérieur. Installée à Strasbourg, l'agence possède également une antenne à Offendorf où a été fondée l'agence. En raison de problèmes de déplacement des employés et partenaires le siège principal fut établi à Strasbourg en 2002. Elle se trouve au 2 rue de veaux. La plupart des employés se déplacent à vélo ou en tram. L’agence dispose de 5 postes fixes, 2 ordinateurs portables, 2 imprimantes A3 et 1 traceur A0. Catherine Linder est la responsable et créatrice de l’agence. Son parcours est lié autant à l’urbanisme qu’au paysage. Après avoir fini ses études à l’école d’architecture de Strasbourg en 1990, elle a suivi une formation en paysage à l’école de Versailles. Par la suite elle est retournée à Strasbourg pour travailler dans la CUS. Enfin elle ouvrira l’agence en 1998 avec Thierry Linder, qui travaille toujours au sein de l’agence comme associé. Il est diplômé en architecture de l’école de Strasbourg. Il a également suivi une formation complémentaire en développement durable. Son parcours est lié à l’urbanisme et au paysage. L’agence compte également un autre architecte. Dans ce cas un jeune architecte de l’école de Strasbourg, Hervé Munsch. Il est arrivé à l’agence il y a 2 ans et il travaille maintenant en CDI. Son parcours est aussi lié à l’urbanisme et au traitement des espaces publics. Pour compléter l’équipe sur l’agence de Strasbourg on trouve un dessinateur graphique, Richard Jung. Après une M.ASPU STRASBOURG

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formation sur Paris il a travaillé avec diverses agences d’architecture. Il est arrivé à l’agence il y a 7 ans. Il est actuellement l'employé avec le plus d'ancienneté. Il part à la retraite cette année. Pour compléter l’équipe une secrétaire travaille 2 après-midis par semaine. Elle a son bureau à l’agence d’Offendorf. La comptabilité de l’agence est gérée par un comptable externe. L’organisme présente une structure hiérarchisée. Les 2 architectes travaillent sur des projets différents. Ils ont la responsabilité de gérer les processus de développement et les possibles problèmes. Ils travaillent autant dans le domaine urbain que dans le paysage. La responsable supervise de manière régulière tous les projets pour contrôler leur avancement. Elle s’occupe d’assister aux rendez-vous avec les autres acteurs. C'est à elle que revient l’importante tâche de dialoguer et échanger pour que les projets puissent s’en sortir. Après les réunions elle met au courant les responsables de chaque projet et donne de nouvelles indications sur lesquelles travailler. Elle a aussi la responsabilité d’accueillir à l’agence les différents représentants des produits, partenaires ou demandes de stage et emplois. Le dessinateur graphique travaille aussi suivant les indications de la responsable. Il est en charge principalement de mettre à jour des projets qui sont dans un état avancé, notamment ceux qui sont en phase de construction. Actuellement il travaille 3 jours par semaine. L’agence a 2 directions mails. Une direction est entièrement contrôlée par la responsable. L’autre direction est gérée à l’agence de Strasbourg via un ordinateur commun. Tous les mails qui sont envoyés depuis Strasbourg incorporent en cci l’autre direction mail. Pourtant l’ensemble des mails est contrôlé par la responsable. Donc il n’existe pas d'adresses unipersonnelles. Dû au petit nombre des employés ce système marche bien. L’organisme dispose d’un numéro de téléphone pour l’agence de Strasbourg et un autre pour celle d’Offendorf. Néanmoins le numéro portable de Mme Linder est public et elle est contactée très souvent par celui-ci. Les horaires des employés sont normalement de 35h par semaine. Généralement l’emploi du temps est de 8h par jour, de 9h à 18h, avec une pause de 1h pour le déjeuner. Le vendredi après-midi est libre. Des horaires flexibles sont possibles de façon que chacun puisse s’organiser un peu à sa manière. Bien que les 35h soient flexibles, il n'y a pas d'abus des deux côtés, notamment d'heures supplémentaires non payées. La sécurité du travail est respectée. Les chantiers sont généralement supervisés pas la responsable. Ce sont principalement des projets d’espace public donc le danger n’est pas comparable au chantier de bâtiments. L’ensemble de l’équipe possède la nationalité française. Le salaire moyen est environ 2000€. Les jeunes architectes qui commencent à l’agence sont employés sur un contrat à durée déterminée (CDD). Puis ils basculent vers un contrat à durée indéterminée (CDI). Le profil des employés qui sont passés par l’agence est

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généralement celui d’architectes qui sont passés par des études d’architecture, d'urbanisme et/ou une formation en paysagisme.

1.3.- DEMARCHES DE PROJETS Les projets arrivent à l’agence à travers de 3 procédures: Appel d’offre : La plupart des projets arrivent à travers ce système. Les organismes publics choisissent les attributaires, sans négociation, sur la base de critères objectifs préalablement portés à la connaissance des candidats. L’appel d’offre peut être ouvert ou restreint. L’appel d’offre est dit ouvert lorsque tout opérateur économique peut remettre une offre. L’appel d’offre est dit restreint lorsque seuls peuvent remettre des offres les opérateurs économiques qui y ont été autorisés après sélection. Normalement ces critères sont liés aux offres économiques et aux références déjà réalisées. Rarement l’appel d’offre comprendre un esquisse. Un seul participant est indemnisé. C’est le cas de projets comme l’aménagement de la rue de Wolfisheim. Privé : Quelques projets proviennent des collaborations avec des agences d’architecture pour réaliser des tâches spécifiques, notamment dans le domaine du paysage (Aménagement de missions africaines à Hagenau ou restructuration de la brasserie Cronenbourg). Des autres dans le domaine urbain sont proposés par des aménagements et promoteurs (Lotissement à Lipsheim). Enfin on trouve aussi d'autres commandes via des élus, comme par exemple les études de faisabilité. (Restructuration urbaine à Erstein) Concours : Le concours est la procédure par laquelle le pouvoir adjudicateur choisit, après mise en concurrence et avis du jury, un plan ou un projet avant d’attribuer à l’un des lauréats du concours un marché. Le concours peut être ouvert ou restreint. Les participants au concours sont indemnisés selon des modalités prévues par le règlement du concours. C’est le cas de projets comment Rives de Bohrie à Ostwald ou l’aménagement de la rue de Sélestat à Barr.

1.4.- ROLES DES PARTENAIRES L’agence est toujours en échange constant avec l’équipe extérieure. Principalement les bureaux d’études qui travaillent en étroite relation avec l’agence. Ils travaillent sur la dimension de mise en œuvre et les aspects économiques. De la même manière, ils doivent aussi superviser les détails des projets. Néanmoins, l’agence est présente pour toutes ces décisions. L’agence travaille principalement avec Lolier ingénierie et Arcadis. Un autre bloc important sur le marché de la construction, ce sont les aménageurs et promoteurs. Leurs intérêts et préoccupations ne sont toujours M.ASPU STRASBOURG

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pas les mêmes qu'à l’agence. Ils vont chercher les maximum de bénéfices économiques, par exemple en réduisant les espaces verts ou en favorisant la construction de maisons qui se vendent facilement. Enfin on trouve des élus qui ont un fort pouvoir de décision, notamment à l'échelle de la ville. L’agence doit développer des compétences en termes de marketing.

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2.- PRINCIPAUX PROJETS DEVELOPPES A L’AGENCE Pendant les cinq mois de stage passés au sein de l’agence Linder Paysage, j’ai suivi différents projets qui ont contribué à enrichir ma réflexion autour des quartiers durables. L’objectif de cette partie n’est pas de transcrire une analyse profonde des projets développés. Je me limiterai à transcrire les principales problématiques qui sont apparues au fur et à mesure de ma période de stage.

Analyse d’un projet sélectionné qui vise à être labellisé en 2014 Écoquartier Vieux-charmont : Il s’agît d’un projet situé dans les Pays de Montbéliard (Franche-Comté). Le candidat a été analysé par l’agence avec toute la démarche EcoQuartier (voir 3.5). Un tableau a été fait à partir des 20 critères en ajoutant des remarques subjectives. Ce projet de renouvellement urbain consiste à créer un quartier mixte à dominante d’habitat. En effet, cette partie représente près de 200 logements sur d’anciennes friches industrielles. Cette opération vise à établir 50 % des logements sociaux et à impulser la ville durable des petits pas. De plus, la question de la voiture a été traitée pour avantager l’utilisation de l’espace public comme lieu de partage. Actuellement le projet est toujours en phase d’analyse.

Figure 2. Écoquartier Vieux-charmont

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Projets urbains classés comme écoquartiers. Rives du Bohrie à Ostwald : Ce quartier durable est en développement depuis Juillet 2002. Il s’inscrit dans la démarche ÉcoCités Strasbourg-Kehl initiée par le MEEDAT en 2008. Le projet est composé par différents ilots qui sont toujours en phase de conception avec un total de 1.100 logements. On trouve diverses problématiques liées à la question foncière, aux ressources naturelles et aux transports en commun qui se sont lentement développés aux cours de ces dernières années. Personnellement, j’ai réalisé des esquisses de faisabilité et des images des futurs aménagements. J’ai également assisté aux réunions de travail et aux adjudications des futures maitres d’ouvrage, ce qui m’a permis d’identifier les différents acteurs et leurs préoccupations.

Figure 3. Écoquartier Rives du Bohrie. Linder Paysage

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Secteur nord de Reichstett : En 2009 l’ADEUS programme ce quartier durable. Il s’agît dans un premier temps de 200 nouveaux logements sur 8 ha. Une seconde étape prévoit 600 logements sur les 20 ha de la zone Ouest. L’agence est intervenue sur les études préalables en 2011. Actuellement, le projet est en phase de conception pour une meilleure définition du dossier de création de ZAC. Le travail a surtout été lié aux esquisses des typologies et aux réflexions autours des centralités urbaines. Il s’agît également d’un écoquartier placé en zone rural, dans la limite de la métropole strasbourgeoise.

Figure 4. Écoquartier Secteur Nord Reichstett. Linder Paysage

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Projets urbains de petite échelle en zone rurale Lotissement Lipsheim : Il s’agît d’un projet d’environ 30 maisons situées en zone pavillonnaire. Dans ce projet nous avons travaillé avec précision sur la problématique du foncier. Un autre aspect intéressent est la présence de pilônes de lignes de haute-tension qui interdisent la construction de maison dans un rayon de 15 mètres. Une étude sur les lignes a été faite et nous avons travaillé pour positionner des activités secondaires et de stockage sous ces dernières. Actuellement, le projet est bloqué pour des problèmes de la classification des sols et des zones non constructibles.

Figure 5. Lotissement Lipsheim. Linder Paysage

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Concours à Niederhausbergen : Des esquisses pour le développement de la zone au sud sont en cours d’étude. Les principales voies de recherche ont été liées à la problématique de la place des voitures, de la pression foncière, du souhait des maisons individuelles ou de la hiérarchie des voies.

Figure 6. Concours urbain Niederhausbergen. Linder Paysage

Etudes du domaine public des projets urbains. Quartier de la Houblonnière dans les anciennes brasseries de Cronenbourg : Le projet est situé dans les anciennes usines de fabrication de la bière Kronenbourg. L’agence réalise les aménagements extérieurs de ce projet. Actuellement, le dossier « Permis d’Aménager » vient d’être déposé. Egalement, diverses réunions ont été réalisées à la CUS avec les différents acteurs. Ce projet est intéressant pour la réflexion autour des reconversions des friches urbaines.

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Figure 7. Quartier de la Houblonnière à Cronenbourg. Linder Paysage

Quartier des missions africaines à Hagenau : Dans ce projet, l’agence a pris en charge l’organisation générale du tissu urbain, les aménagements publics et les esquisses d’un parc au sud de l’opération. Ce projet est intéressant pour le travail sur les hiérarchisations des voies et l’interaction entre domaine privé et public. D’autre part, suite à plusieurs réunions, j’ai pu reconnaitre les objectifs et problématiques des différents acteurs et la façon d’interagir entre eux. Fin Juillet, un dossier « Permis d’Aménager » a été élaboré.

Figure 8. Quartier de la Houblonnière à Cronenbourg. Linder Paysage M.ASPU STRASBOURG

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3.-LES ENJEUX D’UNE EVALUATION PAR INDICATEURS DE L’AMENAGEMENT URBAIN DURABLE: LE CAS DE LA DEMARCHE ÉCOQUARTIER 3.1.- LA VILLE DURABLE ET LE RECIT ÉCOLOGIQUE Situation actuelle de l’urbanisme français En regardant les statistiques françaises sur les désirs actuels de la population on distingue immédiatement que la maison individuelle avec jardin occupe la première position : 82 % des français souhaitent habiter une maison individuelle. Pour 80 % d'entre eux une maison individuelle est le symbole du patrimoine, pour 82 % un logement personnalisé se doit d'être une maison individuelle. (AS Architecture, 2009, p. 22) Alors pourquoi ne pas satisfaire le désir de la population et concevoir des maisons groupées en établissements pavillonnaires ? En effet, les espaces libérés par le repli de l’exploitation agricole sont devenus les terres d’élection du pavillonnaire, plébiscité par les plus grand nombre avec la démocratisation de l’automobile et le rêve de « maison avec jardin ». Mais attention, ni ville ni campagne, ces nouveaux quartiers constituent une forme d’urbanisation diffuse, très consommatrice de sol : le mitage, ou étalement urbain, entraîne un certain nombre de problèmes et dysfonctionnements à moyen et long terme. La multiplication des déplacements est l’un de ces problèmes. L’habitant est dans un automatisme qui consiste à sortir de la maison par le garage et prendre sa voiture quel soit le type de parcours. L’éloignement des centres d’activités et l’éparpillement des services rendent la mobilité obligatoire, d’où une pratique excessive de la voiture avec son cortège de nuisances. Les villes s’étalent et les centres deviennent inaccessibles à de nombreux ménages. En outre, l’habitat individuel dispersé génère des coûts élevés pour la collectivité (Heuillard, 2010). Les quartiers pavillonnaires uniquement dédiés au logement sont marqués par l’uniformisation du paysage, des populations et de leur isolement. Ne traverse le quartier que celui qui y habite. L’absence de qualité architecturale se double de l’absence de qualité urbaine. Ces territoires peu denses ne contiennent aucun élément de vie social. L’espace public en tant que lieu d’échange et d’interaction des pratiques individuelles et collectives n’existe pas. (AS Architecture, 2009, p. 25) Mais pourquoi alors la population est-elle si proche de cette vision de l’habitat ? Pourquoi les villes françaises se construisent sur ces principes ? Comme HEUILLARD (2010) l’expose, on peut retenir pour plusieurs raisons : la très mauvaise image du collectif entretenue par une qualité de construction souvent médiocre ; une architecture et un urbanisme fonctionnel, déconnecté des aspirations des citoyens; des objectifs de rentabilité de la construction dans lesquels les paramètres d’efficacité sociale passent à l’arrière-plan ; un sens civique, autrement dit une aptitude à vivre ensemble, en déshérence. Des élus qui, quand ils ne manquent pas d’ambition, ne sont pas toujours suivis par la population, et sont contraints par un cadre réglementaire rigide. Enfin, dernier M.ASPU STRASBOURG

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point mais pas le moindre, une spéculation sur le passage de terres agricoles en terrains à bâtir qui offre des coefficients multiplicateurs de prix allant jusqu’à 1000. D’un autre côté l’Ordre des Architectes s’accorde avec HEUILLARD pour dire « qu’il est grand temps d’inscrire la passation des marchés publics dans une problématique citoyenne de développement durable et de satisfaction de besoins de société culturels, sociologiques, environnementaux. Une des raisons de ce constat (la situation actuelle de l’urbanisme) est la recherche systématique du moindre coût immédiat. Les grands principes du code, liberté d’accès à la commande, égalité de traitement et transparence ne garantissent en rien l’efficacité de la commande et la bonne utilisation des deniers publics, ce ne sont que des conditions. C’est le bon choix et la mise en œuvre appropriés d’une procédure qui va le permettre. Il ne faut pas rechercher l’offre économiquement la plus avantageuse mais bien la satisfaction optimale du service public objet du marché. Une offre n’est pas qu’économique, surtout quand elle conditionne l’environnement et le cadre de vie de nos concitoyens ». (Fouquet, 2007, p. 60) Pourtant nous sommes en face d'une situation tolérée par la population mais qui attend une réponse sur le long terme. Le changement doit se développer à partir d'une vision globale : de nouvelles formes architecturales mais aussi de nouvelles démarches éloignées de la rentabilité économique et la spéculation doivent s’affirmer.

Le village dans la ville Les grandes villes attirent la population par ses possibilités et services. Dans un même temps sa population rêve de l’ambiance d’un village. Ce rêve possède plusieurs dimensions. On peut facilement reconnaître d’abord comment le village nous offre des opportunités liés à l’écologie. L’attrait de la maison réside en large part dans son jardin. Dans ce système les établissements pavillonnaires sont apparus comme la forme architecturale parfaite. Ils offrent aux propriétaires des espaces libres pour profiter d’une nature privée, avec la possibilité de potagers. Par contre ils exposent à une très mauvaise qualité urbaine et à de faibles équipements. D’un autre coté une des dimensions la plus importante a trait à la sociabilité. « Si l’anonymat des villes offre une grande liberté d’action et de penser, il peut aussi être angoissant. Dans la rue, on a parfois besoin de se sentir connu et de connaître des gens. Le rêve du village, c’est aussi le besoin d’un point d’ancrage dans la ville, le besoin d’habiter un lieu à l’échelle humaine et non pas seulement une mégalopole. La vie urbaine est certes tout sauf villageoise et le rêve du village relève en partie du fantasme. Quelques bonjours ou quelques signes de reconnaissance échangés dans la rue peuvent toutefois suffire à donner le sentiment d’habiter un village dans la ville ». (Souami et Charmes, 2009, p. 12) Par contre ces rêves appartiennent à un imaginaire collectif qui diffère de la réalité. Selon LE GOFF (2012), « le village comme collectivité rassemblant en M.ASPU STRASBOURG

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un même lieu habitation, travail et ce que l'on appelle aujourd'hui loisirs est mort. En général les villages sont devenus un bourg dans une zone périurbaine avec des services liés à la ville et il est composé majoritairement de personnes qui ne sont pas originaires du lieu. Les anciens sont devenus minoritaires. En même temps, on assiste à une grande nostalgie de l'ancienne collectivité et à une valorisation du patrimoine, comme si on cherchait à tout prix à retrouver des racines dans un monde que l'on ne reconnaît plus. Beaucoup de gens s'ignorent, ils ne se disent plus bonjour. Aujourd'hui, le village est devenu bariolé, composé de catégories sociales aux revenus fort inégaux mais surtout à la culture et aux univers mentaux extrêmement hétérogènes. Ils coexistent dans un même espace dépourvu de culture et d'avenir communs. On a perdu la dimension du collectif avec ce qu'il supposait de contraintes mais qui faisait que les individus n'étaient jamais seuls. On y a certes gagné en bien-être matériel, en confort du point de vue du logement, en infrastructures, en offre d'activités diverses, mais on y a perdu ce qui faisait l'âme de la collectivité ancienne ». SOUAMI (2009, p. 21) énonce que le rêve du XXe siècle est devenu un cauchemar. Pourtant on pourrait énoncer que le village n'existe plus et que l’imaginaire collectif n’est plus à jour. Nous sommes face à un autre système urbain plus individualiste, dilaté et gouverné par la voiture. Écoquartier et urbanisme durable L’alternative actuelle du système pavillonnaire se dirige vers l’urbanisme durable. Une nouvelle conception multidisciplinaire basée sur les principes du développement durable. Les professionnels, habitants, élus et responsables politiques commencent à bien avoir conscience des défis climatiques, sociaux et économiques. Dans ce nouveau laboratoire urbain, l’interaction des échelles contribue à l’identification du territoire, de la ville et du quartier. Une ville durable n’est pas le résultat de la somme des quartiers durables. Par contre le quartier apparaît comme l’échelle la plus malléable pour engager le territoire sur une logique de ville durable. Le quartier apparaît comme laboratoire de la ville durable. Un projet de quartier durable doit être conçu en assurant les futures mutations, dans l’évolution de la ville, du quartier, des acteurs et de leurs activités. Le projet se développe dans le temps et dans l’espace, en phase avec les transformations physiques et sociales de la ville. Ces démarches demandent de nouvelles méthodes de planification, de nouveaux systèmes de gouvernance, d’une cohérence spatiale et temporelle, afin de proposer des solutions nouvelles répondant aux enjeux du développement durable. « Les premières apparitions du concept écoquartier en France apparaissent au début des années 2000. Des tentatives ont été déjà réalisées dans des pays comme l'Allemagne, la Hollande ou la Suède. Parmi les premiers projets en France, beaucoup sont nés à la suite de visites effectuées dans ces quartiers devenus des destinations phares pour le tourisme écolo-culturel. En 2007 le Grenelle de l’Environnement, qui rassemble les associations, recommande la construction d’un écoquartier avant 2012 dans toutes les communes qui ont des

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programmes de développement de l’habitat significatif. Tous les maires, ou presque, convoquent leurs conseils, leur techniciens et leurs concitoyens pour parler de la réalisation d'un écoquartier dans la commune. La crise financière perturbe un peu la fête mais le bal est lancé » (Souami, 2009, p. 10). Dans l’actualité nous avons l’impression que l'urbanisme ne peut être que durable. Qu’est-ce qu’on comprend par urbanisme durable ? Selon VALDIEU et OUTREQUIN (2011, p. 22), un projet urbain est par définition un projet qui concerne la ville. Un projet urbain durable doit comporter les différentes dimensions ou composantes suivantes : urbanistique, aspects sociaux, aspects économiques, aspects environnementaux, la participation de tous les acteurs, une approche multiscalaire de ses composantes. D’un autre coté dans l’ouvrage Villes rêvées, villes durables (Souami et Charmes, 2009, p. 5), l’écoquartier se détermine comme une proposition davantage ancrée dans la ville compacte. Ces projets proposent de concilier le respect de l’environnement, la présence d’espaces naturels, le confort de l’habitat, la proximité des services urbains et l’accès à différentes activités sociales ou culturelles. Actuellement les deux termes les plus souvent utilisés indifféremment par le grand public comme par les professionnels pour désigner cette « chose urbaine » sont : quartiers durables et écoquartiers. Selon SOUAMI (2009, p. 20) « un écoquartier est un morceau de ville centré sur une approche exclusivement environnementale alors qu’un quartier durable serait davantage basé sur l’approche globale du développement durable ». Cette interprétation présente l’avantage pour ceux qui l’utilisent de mettre l’accent sur les réalisations présentant une certaine complétude au regard des principes du développement durable et celles centrées exclusivement sur la technique, moins complexes à mettre en place et en passe d’être banalisées. D’autres enfin préfèrent couper court à toute polémique en entérinant la proximité des deux notions. LEFEVRE ET SABARD (2009, p. 12) rappellent ainsi très justement qu’écoquartier est un terme qui permet d’éviter les querelles de spécialistes et d’attirer la curiosité de tous les autres. Cependant, entre une utilisation indifférenciée et une différenciation supposée, l’incertitude demeure à un moment où les projets fourmillent. (Boutaud, 2009, p. 2). Dans ces différences sémantiques résident une future voie de travail pour mettre en valeur des opérations durables intéressantes et complètes. Les termes doivent évoluer en même temps que les exigences. Les nouveaux termes seront, eux, toujours insatisfaisants, de la même façon que le sont les termes région ou quartier. De plus un même terme acquiert plusieurs sens avec le temps. Selon BOUTAUD (2009, p. 9) le terme écoquartier désigne à la fois une forme d’expérimentation urbanistique dès la fin du XXe siècle (histoire), un espace reconverti d’une ville (scientifique), un quartier d’une ville désigné comme tel par ses initiateurs (usuel) ou un terme labellisé par le gouvernement (institutionnel). Nous allons traiter l’approche institutionnelle avec les processus de labellisation.

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3.2.- PROCESSUS DE DIFFUSION : LA MOBILISATION DE LA CONSCIENCE ECOLOGIQUE Quels sont les principes de diffusion des nouveaux concepts ? Nous pourrions étudier comme exemple la conscience écologique. « Ces dernières années, le mot écologie a été associé à des projets architecturaux et urbains pour ajouter une plus-value. Parfois parce qu’effectivement de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux dispositifs, de nouvelles performances techniques permettaient d’en réduire l’impact, l’empreinte sur l’environnement » (Paquot, 2013, p. 26). Mais comment la conscience écologique vient-elle aux citoyens ? Les problèmes environnementaux sont difficilement perceptibles dans notre vie quotidienne. C’est quelque chose qui nous arrive principalement au travers d'acteurs extérieurs. Sa détection et sa mesure ne sont donc pas à la portée des individus ordinaires et sa prise en compte passe par des médiations extérieures aux citoyens. Ces promoteurs sont liés aux domaines scientifiques ou philosophiques. Par contre leur influence demeure assez limitée en raison des structures de diffusion. On utilisera le graphique médiation institutionnelle de la conscience écologique de BOZONNET (2007, p. 320).

Figure 9. Bozonnet, 2007, p. 320

Les tâches de diffusion des valeurs environnementales sont donc liées aux organismes normatifs, principalement au travers de la consommation. Le citoyen sera directement influencé par les valeurs d’un produit à acquérir. C’est l’exemple des contrôles des aliments, des informations de pollution urbaine et nucléaire, des classifications des bâtiments, des étiquettes de provenance pour les produits électroniques, vêtements ... Ces organismes sont composés M.ASPU STRASBOURG

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d’experts, liés aux domaines scientifiques. Par contre dans ces organismes il n’existe plus de diversification d’opinions. Il s’agit de trouver des valeurs universelles facilement applicables. De plus ils sont sous le contrôle du pouvoir politique et sous l’influence de grandes entreprises. On peut facilement identifier comment ces organismes deviennent des institutions entourées d’un environnement flou. Néanmoins une fois que les valeurs sont fixées par les organismes normatifs, elles commencent à diffuser dans l’opinion publique. C’est à ce moment que les médias et les institutions d’enseignement développent une mobilisation de l’opinion publique, en identifiant des leaders d’opinion. Le parcours de la conscience écologique naît dans le monde scientifique, se développe à travers des organismes normatifs pour arriver enfin au milieu de l’éducation et les médias. Enfin, on peut identifier comment les organismes normatifs effectuent une tâche central pour la diffusion et promotion des nouvelles tendances. Dans notre cas, ce mémoire se centre sur le concours Label écoquartier organisé par le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire.

3.3.- L’ENJEU DE L’EVALUATION Historiquement l’évaluation a été principalement liée aux secteurs politiques et de l’administration publique comment mécanisme pour juger sa gestion. D’un autre côté son utilisation est aussi associée au champ de la pédagogie. Dans tous les cas, comme nous avons vu avant, l’évaluation est toujours fondée sur des bases ou principes scientifiques. Pourtant nous pourrions dire qu’il s’agît d’un objet scientifique construit et communiqué en vue d’un usage politique ou pédagogique. Leur construction est soumise à trois exigences parfois difficilement compatibles : la rigueur scientifique, l’efficacité politique et la légitimité démocratique. (Boulanger 2004, p. 5) La finalité de l’évaluation sera la conversion d’informations en supports utilisables pour la prise de décision et orientée vers l’utilisateur. Cette traduction d’information ou de concept se fait à travers un outil permettant sa classification. Selon B. BOUTAUD (2009, p.5) « un outil est un système qualitatif à notation permettant de mettre en œuvre un projet en formulant des questions pertinentes. Les outils apparaissent alors comme une manière pratique de traduire des concepts de manière opérationnelle, tout en permettant la communication sur le développement durable et l’émergence du débat sur la transversalité». Les différentes étapes de la construction d’un outil sont identifiées par LAZARSFELD (1958)

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Figure 10. Lazarsfeld, 1958

Du concept aux dimensions. La première étape consiste à identifier les différentes dimensions qui constituent le concept, sachant que celles-ci sont toujours multidimensionnelles. Le développement durable est souvent décomposé en trois dimensions avec la même importance et pondération correspondant aux piliers économique, social et environnemental. Cette vision du développement durable en trois cercles concentriques est antérieure à ce même développement durable. Par contre il s'agit d'une vision de pays développés, à l'intérieur desquels les systèmes sociaux et économiques fonctionnent, et par le biais de laquelle on tente de ne pas trop changer les ressources naturelles. Cette vision n'est pas applicable à la mégapole d'un pays en voie de développement. Celle-ci réclamera de la nourriture et une aide sociale avant de penser à préserver les ressources naturelles – ce qui sera tout à fait justifié. Nous commençons à identifier les raisons pour lesquelles ces processus d’évaluation ne sont pas universels. Selon BIAU (Ifore 2009, p. 13) ces dimensions sont la base des démarches durables. Quels outils d'évaluation utiliser ? L’histoire de chaque quartier lui est propre. Il n'y a ni règles strictes ni principes urbanistiques. En revanche, il existe des principes et objectifs du développement durable, et dans le programme et dans le déroulement du projet, qui offrent la possibilité de qualifier un quartier de quartier durable. Diagnostiquer l’existant, prendre en compte localement les enjeux globaux, privilégier une approche systémique et faire participer les citoyens au choix du quartier durable, tels sont les fondamentaux. Des dimensions aux indicateurs. Les différentes dimensions sont ensuite décomposées en variables dont certaines seront retenues au titre d’indicateur, soit parce qu’elles paraissent particulièrement pertinentes soit parce qu’elles se prêtent plus aisément à la mesure. Entre la décomposition de M.ASPU STRASBOURG

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dimensions en variables on pourrait aussi identifier l’apparition des principes, à mi-chemin entre les deux. Ces principes seront toujours des éléments théoriques dérivés d’une dimension mais ne seront pas mesurables. Nous étudierons ce système lors de l’analyse de la démarche éco-quartier. Des indicateurs aux mesures. Une fois définis les indicateurs, ceux-ci doivent faire l’objet de mesures. Il reste alors à décider à quel niveau de précision, d’exactitude, d’échelle spatiale et temporelle, ainsi que dans quelles unités, les effectuer. Le plus souvent, les indicateurs n’auront pas le même degré de précision et ne seront même pas mesurés dans des unités semblables, ce qui complique évidemment le processus d’agrégation des mesures en un indice synthétique. Il en résulte qu’il s’avère souvent nécessaire de ramener les unités et échelles de mesures au niveau le plus élémentaire et le moins exigeant avec tout ce que cela implique en termes de perte d’information. Nous analyserons ces choix plus tard et la manière dont les évaluations et les acteurs impliqués. Des mesures à l’indice. La dernière opération – indispensable dans le contexte de l’opérationnalisation en vue du test empirique d’un concept scientifique – consiste à agréger les différents indicateurs en un indice synthétique. Seul ce dernier est considéré comme signifiant ; les indicateurs de base n’ayant pas de sens individuellement et ne constituant que les pièces d’un puzzle, dont seul le tout est significatif. Ce dernier processus n’est toujours pas présent dans les évaluations des démarches durables car il est difficile de quantifier dans un seul chiffre la limite qui sépare une démarche durable du pur récit publicitaire. Souvent cet indice est représenté à travers un graphique visuel. Pourtant à partir d’un même concept son évaluation peut évoluer à travers plusieurs chemins. Dans le cas du développement durable la diversité des outils et des contextes dans lesquels ils ont été créés nous empêche de tirer des conclusions nettes et définitives. Il n’existe pas un outil universel qui nous permet de synthétiser toutes les démarches. Divers systèmes qualitatifs à notation permettent de mettre en œuvre un projet en formulant des questions pertinentes. Mais comment tous ces systèmes peuvent être si discordants entre eux ? C’est l’effet de l’équilibre entre plusieurs variantes divergentes traités par A. BOUTAUD (2005, p. 8) : Complexité vs Simplicité : Plus le système d’évaluation est complexe moins le risque de subjectivité se trouve dans les réponses. La complexité est liée au nombre de critères, de questions, à l’approfondissement théorique ou aux aspects plus subjectifs ancrés au lieu. Un outil complexe permet de traiter de manière exhaustive une problématique. Par contre, le grand inconvénient est la difficulté à le manipuler. Un outil très complexe passera pour être réservé aux experts car ses aspects ne sont pas aisément lisibles et compréhensibles par tout le monde. En plus il demande énormément d’effort, de temps et risque de

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décourager les utilisateurs. Pourtant un équilibre entre ces deux facteurs est nécessaire pour ouvrir les marges d’utilisation de l’outil. Acteurs (groupe) vs Porteur du projet (individu seul) : Une utilisation participative implique une mise en débat du projet et donc la présence de contradicteurs et d’avis divergents. Une démarche collective est synonyme de transparence et de construction d’un bien commun à travers un consensus. Néanmoins la mise en place de cette démarche requiert des grands moyens humains et surtout de longues périodes de temps. En plus, la prise de décision risque de ne pas bénéficier aux entrepreneurs du projet car les démarches ne sont pas ancrées dans les habitudes. Pourtant, ces démarches sont souvent incorporées dans les projets actuels mais plus comme un moyen de publicité. Systématique vs Occasionnel : Une utilisation systématique ou habituelle de l’outil permet d’ancrer les pratiques durables dans les habitudes des citoyens. Il devient quelque chose de courant et non plus un facteur de marketing. Cependant, il risque d’être traité de manière superficielle sans mettre l’accent sur les vrais problèmes et de se conformer avec l’acceptation des grands principes. En plus, pour que cette pratique s’incorpore aux habitudes, il faut beaucoup de volonté, de temps et des moyens. Universel vs Particulier : Enfin, la question du choix d’un seul outil pour différents objets ou d’un outil plus spécifique se pose. La question de l’universalité, entendue comme outil appliqué à toutes les disciplines, permet une bonne transversalité entre elles. La possibilité d’un travail en commun impulse la synthèse des concepts et la comparabilité entre domaines différents. En même temps, elle favorise le développement d’un seul outil avec une forte transparence et lisibilité vers l’extérieur. Par contre, cet outil risque de rester à un stade trop conceptuel et général avec une grande difficulté pour son application. D’un autre côté, un outil universel requiert un processus très long dû à la nécessité de réinterpréter les questions ou critères selon les disciplines. En résumé, l’outil est conçu à travers un équilibre entre plusieurs facteurs qui sont liés de multiples manières mais peu évidentes. Les quatre facteurs (ou variantes divergentes) et ses antonymes exposés peuvent être considérés comme significatifs pour réfléchir autour d’un outil de référence pour les démarches durables. Ils permettent d’identifier, selon les choix retenus, les principales forces et faiblesses de l’outil. Ces questions doivent être posées le plus en amont possible, dès l’impulsion de la démarche, notamment afin d’éviter certains pièges qui peuvent aboutir à l’échec ou à la mise à l’écart de l’outil. Pourtant il s’agît de bien identifier les besoins et le degré d’occurrence d’utilisation de l’outil, ainsi que la nature de ses utilisateurs, afin d’adapter la forme à ces besoins. Nous pourrions établir deux groupes à partir des 4 facteurs. Dans un premier temps complexité, porteur du projet, occasionnel et particulier peuvent créer un groupe. Si l’outil s’approche de ces concepts, son efficacité sera

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majeure car il incorporera une analyse plus exhaustive des thèmes traités. Dans le cas contraire, il deviendra lourd à manipuler et difficile à s’approprier par les néophytes, avec le risque d’être manipulé et technocratisé. D’un autre côte, si l’outil s’approche à la simplicité, collectivité, systématique et universel, il sera accessible plus facilement aux citoyens mais il risquera d’être très superficiel. Approches complexité, porteur du projet, occasionnel et particulier Forces Exhaustivité des thèmes traités Aspects pédagogiques pour les personnes qui conçoivent l’outil Peu de moyens humains nécessaires

Faiblesses

simplicité, collectivité, systématique et universel Transparence et lisibilité vers l’extérieur Pédagogique pour les non experts, facile à approprier Plus facile à systématiser et à intégrer en amont de la prise de décision

Lourd à manipuler Plutôt réservé aux « experts » (porteurs de projets), difficile à utiliser en groupes Risque de technocratisation du dd

Risque de favoriser le consensus local au détriment des exigences globales Les outils utilisés sont souvent simples, le traitement superficiel (risques de Risque de rester à un stade trop manipulation) conceptuel et général, pas assez appliqué Figure 11

Comme CONTAL (2009, p. 277) le propose, la réponse ne se trouve pas dans un seul groupe, mais dans l’équilibre entre les deux. L’outil doit s’adapter aux collectivités mais avec une base solide et complexe, il faudra technocratiser aujourd’hui une démarche qui devrait rapidement devenir une évidence pour tous. Profiter de l’intelligence collective et mettre à la disposition de tous des informations fiables dans des centres de ressources, faciliter la formation continue des professionnels en exercice et généraliser les enseignements liés au développement durable dans les écoles d’architecture et d’ingénierie. Les clés de la généralisation de la démarche environnementale ne sont-elles pas dans le partage des connaissances ? Enfin, il faudra se demander si l’utilisateur préfère employer un outil existant, type application des principes ou un outil qu’il va créer à partir de ses propres besoins, plus créatif ? Sur l’appropriation des outils, CONTAL (2009, p. 279) énonce que beaucoup de cibles se prêtent facilement à une quantification, qui peut donner lieu à une certification. Le débat est intense entre les partisans de cette quantification et ceux qui préfèrent une certaine souplesse, laquelle peut parfois conduire, par manque de rigueur, à de l’auto satisfecit. Il existe des écueils à la quantification, qu’il convient de bien analyser. Toute

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méthode de mesure induit des comportements qui visent à obtenir le meilleur score en jouant sur ce qui rapporte le plus dans la méthode. Ainsi, toute méthode comporte un risque de standardisation et d’attitude stéréotypée. Il faut aussi éviter le risque de ne s’intéresser qu’aux critères quantifiables. Il ne faut pas chercher à tout prix le « meilleur score » mais au contraire trouver des solutions intelligentes aux différentes échelles, en tenant compte des équilibres et de la qualité d’un tissu urbain. D’ailleurs c’est à tort que nous parlons d’un bâtiment HQE ou d’un écoquartier Labélise. Nous devrions plus exactement parler d’un bâtiment, d’un quartier ou d’une ville qui nous permette d’avoir un mode de vie durable. Mais, est-il nécessaire d’institutionnaliser et de régulariser les démarches durables à travers des outils ? PONSART (Ifore 2009, p. 4) défend l’importance de développer des outils d’évaluation pour assurer sa continuité. L’écoquartier, la ville et l’aménagement durables sont des concepts encore en construction et c'est là tout leur intérêt, puisque chaque époque en connaîtra sa propre approche. La ville durable est en réalité l'application à la ville du développement durable, c’est-à-dire une analyse permanente des interactions et des arbitrages à prendre. Le développement durable n'est pas l'intersection entre l'économique, le social et l'environnement. Ce n'est pas dans un équilibre entre ces trois dimensions qu'il se trouve ; ce lieu improbable n'existe pas. Le développement durable est d'abord un ensemble de processus et de méthodes par lesquelles les conditions les plus favorables au mieux-être matériel, intellectuel et spirituel de chacun des membres de la société est recherché. Les outils d'évaluation mis en œuvre et les indicateurs retenus pour réaliser les meilleurs arbitrages possibles en matière d'aménagement sont les outils indispensables à une conception globale et pérenne du projet. Ces indicateurs permettent d’aborder les autres dimensions du développement durable, c'est-à-dire les questions de gouvernance et d'évaluation, qui sont aussi ses fondements. BERIAT (Ifore 2009, p. 12), pour sa part, expose que les grilles de référence et les labels permettront de diffuser des solutions au plus grand nombre, mais avec un risque de stériliser l’innovation. Pourtant, les outils d’analyses sont reconnus comme un objet efficace pour la diffusion de principes durables et permettant un contrôle des auto proclamations écologiques.

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3.4 DEMARCHES ET INSTRUMENTS D’ANALYSE EXISTANTS Actuellement beaucoup de systèmes d’évaluation ont été développés tout autour du monde. Ils sont connus comme Outil de Questionnement et d’Analyse de critères du Développement Durable (OQADD). Ces instruments ont été conçus depuis différentes échelles concernant le bâtiment, quartier, ville ou agglomération. Afin de bien analyser la démarche française, ÉcoQuartier a intérêt à avoir une vision globale des autres approches. D’abord les bases du développement durable ont été développées à travers des Agenda 21 locaux. L’agenda 21 local – ou projet territorial de développement durable -, est un programme d’action global porté par une collectivité locale, définissant les objectifs et les moyens dans le but de mettre en œuvre le développement durable à l’échelle du territoire. Il est basé sur la volonté de chaque pays, chaque ville, de répondre aux principes de l’Agenda 21 de Rio, programme d’actions pour le 21e siècle. L’Agenda 21 local marque la volonté d’intégrer aux projets locaux toutes les composantes du développement durable : équilibre entre le court et le long terme, conciliation des exigences économiques, sociales et environnementales, prise en compte des enjeux locaux et globaux (efficacité énergétique, effet de serre…), développement écologiquement et socialement responsable. C’est en adoptant cet Agenda, que les pays et villes, à chaque niveau des collectivités, s’engagent dans l’action pou élaborer les démarches et des projets propres à leur contexte territorial. Il s’agit principalement de faire part de ses bonnes intentions et de mettre en cohérence les différents projets d’aménagement et de développement de la collectivité : Plan local d’urbanisme, Plan local de l’Habitat, Plan de déplacement urbain… Les OQADD sont principalement développés autours des grilles d’évaluation. Nous avons recherché ceux qui nous paraissent les plus représentatifs en respectant les 3 piliers et centrés sur l’aménagement urbain. Le projet européen HQE2R ou Réhabilitation durable de bâtiments pour des quartiers durables nait de la nécessité de compléter l’approche principalement environnementale des bâtiments avec une dimension plus sociale dans une autre échelle. C’était un projet de recherche et démonstration cofinancé par la Commission Européenne dans le Programme Ville de demain et héritage culturel. Ce projet a démarré en juillet 2001 et s’est terminé fin mars 2004. Il associait 10 centres de recherche publics ou privés ainsi que 13 collectivités locales dans 7 pays européens. 14 quartiers ont été choisis par les partenaires locaux et différents outils ont été élaborés pour répondre aux besoins de ces quartiers. L’objectif du projet HQE2R était de fournir aux collectivités locales et à leurs partenaires une démarche composée de méthodes et d’outils (système d’indicateurs ISDIS, les modèles d’évaluation INDI, ENVI, ASCOT) leur permettant d’intégrer le développement durable dans leurs projets sur les quartiers. Le développement durable est conçu comme une triple évidence :

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efficacité économique, équité sociale et prudence environnementale. Son système d’objectifs et de cibles est plus axé sur des thématiques sectorielles, les buts ne sont précisés qu’aux sous-cibles. Les 21 cibles sont organisées autour de 5 objectifs : préserver et valoriser l’héritage et conserver les ressources, améliorer la qualité de l'environnement local, améliorer la diversité, améliorer l'intégration, renforcer le lien social. La démarche fournit un des premiers cadres de référence utilisable par les projets de renouvellement urbain mais aussi pour les projets d’aménagement ou pour l’intégration du développement durable dans des documents d’urbanisme. La synthèse se présente comme un schéma du profil de quartier à travers d’une figure géométrique (Figure 5).

Figure 12. Valdieu et Outrequin, 2006, p. 185

L’antécédent de la démarche écoquartier se trouve dans l’élaboration de la grille française RST02 par le réseau scientifique et technique du ministère de l'Equipement. Il s'agit d'une amélioration de la grille RST01 après 5 ans, outil pédagogique qui se veut « un cadre de référence, pratique et utile » destiné aux agents de l'Etat et des collectivités territoriales. Les mots clés de la grille RST01 ont été formulés par des questions dont les réponses servent à évaluer qualitativement les opérations d'aménagement ou d'équipement en construction ou existantes. La grille RST02 a été construite pour apprécier les divers projets de façon indépendante à leurs échelles ou état d’avancement, de leur conception à leur mise en œuvre. Cependant l’échelle des projets de la collectivité est plutôt proche de celle du quartier. Les critères sont distribués par quatre dimensions (gouvernance, sociale, économique, environnementale) et ses interfaces (équitable, viable, vivable) (Figure 6). Les 27 critères sont présentés en figure 7, chaque critère étant définis ensuite par des questions. Elles semblent plus compréhensibles pour la mobilisation des acteurs non professionnels autour du projet. La particularité de cette grille est la considération de la gouvernance, du M.ASPU STRASBOURG

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management, de l’évaluation et du suivi,... comme un des critères à évaluer. Comme la grille est à vocation généraliste, certains des critères n’ont pas de cibles concrètes à atteindre, donnent seulement des recommandations générales, considérées comme des « chemins potentiels» et « la direction à prendre » (CERTU 2006)

Figure 13 et 14. Certu, 2006, p. 10

La grille d’analyse de la Chaire en Éco-Conseil (Canada) est le fruit du travail de nombreux professionnels, bénévoles et étudiants universitaires, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean (Québec, Canada), à Strasbourg (France) et ailleurs dans le monde. Elle a été développée à travers une vingtaine d’années de travail sous la direction de Claude Villeneuve. L’objectif de la grille d’analyse est d’évaluer la viabilité d’un projet pour l’orienter, mieux fixer ses objectifs, identifier des indicateurs, caractériser l’avancement, évaluer l’amélioration des conditions humaines par son action sur le réel et trouver des compromis favorisant l'acceptabilité sociale d'un projet. Il s’agit d’un outil de questionnement selon 32 questions cadrées dans cinq dimensions (écologique, sociale, économique, éthique, de gouvernance) :

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La dimension écologique est entendue comme le maintien de conditions écologiques à l’intérieur desquelles les espèces et les écosystèmes peuvent continuer leur évolution en maintenant le niveau des services écologiques qu’ils rendent à l’humanité; La dimension économique vise à maintenir et améliorer les mécanismes qui permettent aux sociétés humaines de satisfaire leurs besoins par des échanges de leurs avantages comparatifs; la dimension sociale vise l’amélioration de la qualité de vie et la cohésion des sociétés; La dimension éthique vise l’équité entre les individus et les peuples, le partage des richesses et la création de marges de manœuvre pour les générations à venir; La dimension de gouvernance vise l’engagement, la participation et la responsabilisation du plus grand nombre d’acteurs pour la prise en charge des projets de développement durable.

Il s’agît d’un outil qui a évolué au long du temps. L’outil nait en 1988 à partir des 3 piliers du développement durable. En 1992 s’y ajoute la dimension « équité et justice ». En 1994 apparait la première version de la grille d’analyse de projets testée à l’Institut éco-conseil de Strasbourg. Les tentatives de pondération se situent entre 1997 et 2007 : la grille s’actualise avec la modification du visuel. Enfin, en 2011, au modèle à quatre pôles s’ajoute un cinquième concernent la gouvernance. Actuellement nous pouvons trouver la grille sur un format Excel en libre distribution sur internet (http://goo.gl/jh9EUa) après sa présentation au siège des Nations-Unies à New-York en juillet 2014. Le tableau présente cette image:

Figure 15. Villeneuve et Riffon, 2011

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L’outil avance dans un premier temps que pour réussir une bonne analyse il faudra porter une attention particulière à 3 éléments : la portée de l’analyse (identifier les limites du processus pour limiter la quantité d’informations), l’analyse des besoins (saisir les principaux enjeux et compromis) et l’acquisition de connaissances (compréhension la plus approfondie possible du problème et recherche des connaissances nécessaires). L’outil est ouvert à deux modes d’utilisation : l’analyse sommaire et l’analyse détaillée. L’analyse sommaire sert en premier lieu pour le diagnostic des points forts et des carences du projet. L’analyse détaillée est un processus qui accompagne le projet tout au long de sa réalisation. Elle permet d’apprécier précisément la performance du projet, la hiérarchisation des pistes de bonifications ou l’évolution de la démarche. Le nombre d’intervenants impliqués et le nombre d’itérations permettent de cerner les enjeux plus fins. C’est très intéressant comme un même outil présente différents niveaux d’approfondissement en fonction de sa temporalité. Un autre élément avantageux est le travail avec la pondération. Chaque question exige une pondération quantitative (1, 2, 3) de chacun des objectifs préalablement énoncés à leur évaluation. Cette pondération permet de calibrer la grille en fonction de la pertinence et de l’importance. Par contre une des particularités de cette grille d’analyse est qu’elle oblige la considération de l’ensemble des objectifs. Même si plusieurs objectifs peuvent sembler éloignés de l’application analysée, les utilisateurs ne peuvent en éliminer aucun. Enfin des représentations graphiques de la performance du projet ou de la démarche seront obtenues. L’outil principal utilisé pour représenter visuellement les résultats de l’analyse est le tétraèdre, qui présente sous forme d’un diagramme radar l’évaluation en pourcentage des dimensions éthique, écologique, sociale et économique. Avec ces graphiques en main, il est possible d’apprécier la performance générale du projet ou de la démarche, l’équilibre entre les dimensions du développement durable, la performance de chaque dimension et de chaque thème. Un autre outil d’analyse qui s’éloigne des grilles conventionnelles basées sur les 3 piliers du développement durable est le système SUSIE (System for Urban Space Information and Evaluation). C’est un outil open-source qui permet d’analyser des entités urbaines depuis un point de vue qualitatif et quantitatif. En même temps il permet aux acteurs d’établir des modèles de références et des voies de travail pour des projets futurs. Selon ses créateurs le système vise à capturer et communiquer des informations dans un nouveau mode de conception. Cet outil est en développement par le Centre for Sustainable Asian Cities (CSAC) [http://goo.gl/5RLceh] en collaboration avec des autres partenariats de Singapore. L’analyse est organisée autour de 5 valeurs : Nodal value, Spatial value, Perceptual value, Social value et Environmental value (Figure 9). La dimension et performance spatiale du projet est très présente avec une mise en valeur du contexte à travers du Nodal value. Ensuite la qualification de l’espace comme lieu M.ASPU STRASBOURG

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actif, entendu comme antonyme d’espace résiduel, est interprété au travers du Spatial value. Dans un troisième temps le Perceptual value évalue l’identité et image que le projet transmet. Ensuite la valeur sociale est conçue comme la capacité d’un espace à établir des liens tout en assurant l’intimité. Enfin l’environnement n’est pas complétement lié à l’écologie qui apparait seulement comment un indicateur. Les 4 principes se divisent dans un total de 25 indicateurs. Chaque indicateur est évalué sur 5 points.

Figure 16. Doherty et Mostafavi, 2010, p. 157

L’outil développe un principe d’adaptabilité aux différents projets avec la possibilité de situer des indicateurs comme mode de pondération. La typologie d’un projet sera définie au travers de 3 voies d’analyse : Géométrie, Utilité et Ecologie. Un système complexe permet d’établir un processus de classification au travers de diverses conséquences. Enfin avec chaque type défini par ces 3 variables (G, U, E) est associé à une grille pondérée. Pourtant les projets similaires pourront être analysés et comparés (Figure 10). M.ASPU STRASBOURG

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Figure 17. Doherty et Mostafavi, 2010, p. 158

C’est un système complexe qui requiert des connaissances spécifiques et pourtant il est loin d’être compréhensible par un public général. Par ailleurs, la dotation de points sur les indicateurs est assignée depuis une vision très subjective des indicateurs. Enfin la possibilité d’exprimer des impressions personnelles n’est pas mise en compte et l’outil suit une logique très mécanique. Par contre, le système est très intéressent comme démarche pour analyser et évaluer des références dans une phase initiale. Il s’agît plutôt d’outil qui nous permet de mieux lire un projet mais qui reste faible pour l’analyse de notre démarche. Finalement différentes démarches liées au mouvement écoresponsable sont en développement dans d’autres pays qui se sont engagés dans cette voie : le Royaume-Uni (et son ex-Commonwealth) avec la méthode BREEAM, puis les Nord-Américains avec la méthode LEED et enfin les Japonais avec la méthode CASBEE. Dans ce dernier pays ce sont les architectes de l’université de Tokyo qui mettent au point la méthode de quantification qui débouche sur une certification, étendue aux écoquartiers. Dans le cadre français Le plan Ville durable lancé en octobre 2008 vise à favoriser l’émergence d’une nouvelle façon de concevoir, construire, faire évoluer et gérer la ville. Quatre éléments illustrent bien ce plan : la démarche Écocités, l’appel au projet de Transports collectifs en site propre, le plan d’action Nature en ville et le concours Écoquartiers. Ces actions sont complémentaires bien qu’elles soient toujours connectées au travers des principes du développement durable. Ensuite nous développerons une analyse plus exhaustive de la démarche Écoquartiers. M.ASPU STRASBOURG

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3.5.- LE LABEL ÉCOQUARTIER Les appels à projets ÉcoQuartier sont une des principales initiatives issues du plan Ville durable, présenté en Conseil des ministres en octobre 2008. Le premier appel à projets ÉcoQuartier a été lancé fin 2008 afin de rassembler les projets de qualité au sein d’un club opérationnel, de les valoriser et de permettre la diffusion de bonnes pratiques. Des nouveaux appels ont été lancés les années suivantes avec plus de 350 dossiers de candidature par édition. Actuellement l’appel 2014 est fermé et en cours d’évaluation. La genèse du concours Écoquartiers, en juillet 2007, est l’un des résultats du Grenelle de l'environnement. En effet, il avait été proposé, lors d'une table ronde, que soient réalisés une quinzaine de grands projets d'innovation architecturale, sociale et énergétique. Un comité opérationnel d'urbanisme avait conclu qu'il fallait pour cela mettre en place un référentiel écoquartier. De cela a découlé la loi du Grenelle de juillet 2009, dont l'article 7 rappelle que « l'État encouragera la réalisation par les collectivités territoriales d'opérations exemplaires d'aménagement durable sur les territoires. Il mettra en œuvre un plan d'action pour inciter les collectivités territoriales à réaliser des écoquartiers, en fournissant à ces collectivités des référentiels et une assistance technique pour la conception et la réalisation de projets. » (Ifore 2009)

OBJETIFS DU LABEL (Faucheux, 2013) La charte ÉcoQuartier n’est pas qu’une grille d’évaluation. Un des principaux objectifs est d’engager et motiver aux collectivités pour promouvoir une nouvelle forme de faire urbanisme. La démarche impulse l’implication des divers acteurs : élus, équipes rédacteurs, expertises et évaluateurs. Bien entendu le citoyen est représenté et son engagement n’apparait pas un des points clés de cette démarche La démarche évolue au même temps que le projet. C’est un système d’évaluation continue dont le dossier est en actualisation. Les 20 principes de la grille font d’abord référence à un engagement de la collectivité. Ensuite ils deviennent des indicateurs d’évaluation plus concrêts du projet. Enfin quand le projet est en phase de construction, ces derniers permettent d’évaluer les résultats atteints. Ce processus est différencié en 3 étapes (Figure 11).

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Figure 18. Faucheux, 2013

CREATION DU LABEL Le ministère a mis en place deux commissions. L'une est technique, l'autre est en charge de l'analyse et de l’appui des projets. Chaque dossier a fait l'objet d'une triple lecture technique. Elle a d’abord été effectuée par les experts du service du ministère, le Commissariat général au développement durable et la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature, le CERTU, ainsi que par quelques experts des services déconcentrés. Une seconde lecture a ensuite été réalisée par une expertise externe au ministère, c'est-à-dire par d'autres ministères, tels ceux de la Culture ou des Finances, par exemple. Il a aussi pu s'agir d'organismes professionnels comme la Fédération nationale des agences d'urbanisme, le CSTB et Veolia, entre autres. Enfin, les dossiers ont été soumis à l’avis de la DDE locale, ce qui a permis de contextualiser les projets plus précisément et de vérifier que le lieu de construction était bien dépourvu d’obstacles qui n'auraient été pris en compte, comme les risques d'inondations, par exemple.

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PROCESSUS DE LA DEMARCHE  Etape n°1 : Signature de la Charte des ÉcoQuartiers. Premier remplissage du dossier. Afin d’encourager les collectivités françaises à s’engager dans la démarche, une Charte des ÉcoQuartier a été imaginée en tant que première étape du processus de Labellisation. A travers la Charte, la collectivité signataire montrera son engagement et sa motivation pour la démarche, même si ses projets d’opérations urbaines sont encore à un stade très amont. La Charte comprend 20 engagements que toute collectivité signataire s’engage à respecter pour ses projets d’ÉcoQuartiers. A titre d’exemple, l’engagement n°7 est rédigé de la façon suivante : « Mettre en œuvre les conditions de la mixité (sociale et intergénérationnelle), du bien-vivre ensemble et de la solidarité ». La Charte sera signée par la commune (ou l’Établissement public de coopération intercommunale - EPCI le cas échéant) après délibération du Conseil municipal ou de tout autre organe compétent en matière d’urbanisme sur le territoire. Après la signature de la Charte des ÉcoQuartier, les collectivités qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un accompagnement avant d’accéder à la démarche nationale. Il s’agit essentiellement d’un accompagnement technique et méthodologique : appui pour remplir le dossier et mise à disposition d’experts. Ces experts pouvant être des agents des services déconcentrés de l’État ou des experts issus du milieu parapublic (ADEME, CSTB, ANRU, agences d’urbanisme, CAUE...), universitaires, bureaux d’étude... Ces expertises ne se substituent pas à la mobilisation de l’ingénierie de la collectivité ou au recrutement de professionnels pour élaborer le projet mais permettent d’apporter un éclairage complémentaire aux élus et de garantir la transversalité et la cohérence de la démarche EcoQuartier.

 Etape n°2 : Admission à la démarche nationale. Actualisation du dossier. Une fois que le projet d’opération urbaine est défini, c’est-à-dire que la collectivité a décidé des principales orientations du projet et a arrêté la programmation définitive, elle peut soumettre son dossier pour l’admission à la démarche nationale. Cette étape permet de récompenser des ÉcoQuartiers qui sont encore au stade pré-opérationnel - qui n’ont donc pas encore de résultats définitifs -, mais dont le dossier affiche des objectifs ambitieux et réalistes. Il doit s’agir d’un signe de la pérennité socio-économique du projet et de la capacité du quartier à bien vivre et fonctionner sur le long terme. Cette reconnaissance pourra également fonctionner comme un élément déclencheur d’investissement Pour faciliter la réflexion des équipes porteuses ainsi que l’évaluation des projets, le dossier d’admission à la démarche nationale décline les 20 engagements de la Charte en 20 critères d’évaluation et 20 indicateurs chiffrés. Le dossier est évalué par un trio d’experts (un expert national, un expert local et M.ASPU STRASBOURG

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un expert externe à la fonction publique), dont au moins un doit effectuer une visite sur le terrain. L’admission à la démarche nationale donne à l’ÉcoQuartier le droit d’utiliser le logo « Démarche Nationale ÉcoQuartier », mais pas celui du Label. Egalement que dans la première étape, après l’admission à la démarche nationale, les collectivités qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un accompagnement avant d’accéder au Label. L’accompagnement se concrétise par un audit annuel (en plus de la rencontre annuelle avec le référent local mentionnée ci-dessous).

 Etape n°3 : Obtention du Label Une fois l’admission dans la démarche nationale effective, la collectivité rentre dans un processus de suivi annuel pour obtenir à terme le Label EcoQuartier. Ce suivi se concrétise notamment par une rencontre annuelle avec le référent local. Les ÉcoQuartiers dont la réalisation est suffisamment avancée (après approximativement la livraison de 50% des espaces et des équipements publics et de 30% des bâtiments), et qui bénéficient d’un avis positif de la part des auditeurs ou du référent local, peuvent postuler au Label ÉcoQuartier. Le dossier à remplir pour cette étape est le même que celui utilisé dans l’étape 2, comprenant les 20 critères d’évaluation et les 20 indicateurs chiffrés, mais la collectivité y inscrit les résultats atteints et non plus les objectifs. Le dossier est analysé via une triple expertise comprenant une visite terrain. Après passage devant une commission nationale de labellisation, si l’ÉcoQuartier obtient le Label, il est alors autorisé à utiliser le logo « Label National ÉcoQuartier ». Une fois le Label obtenu, il ne pourra plus être retiré à l’EcoQuartier. En revanche, il sera millésimé (et donc lié à l’année d’obtention).

DOSSIER Le dossier est fourni en 3 parties (A, B et C) bien différenciées afin de garantir une analyse la plus complète possible.  PARTIE A : Contexte et informations générales Cette partie A est composée de 3 documents principaux. D’une part « La Carte d'Identité du Territoire » recueille des informations générales à la grande échelle. Ensuite « La Carte d'Identité du Projet » se réfère à des engagements généraux commet le nombre de logements, le pourcentage de logements sociaux ou les surfaces de commerces et d’espaces verts. Enfin le dernier concerne le type de projet, les équipes rédacteurs ou les partenaires locaux.

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Pourtant, ces documents ont un caractère général afin de prendre conscience des surfaces, nombre des habitants, coûts, production énergétique, bilan financier ou phasage prévisionnel. On peut identifier comment les aspects socio-économiques reconnus par les principes de développement durables ont été mis de côté pour l’instant.

 PARTIE B : Présentation du projet La partie libre (B) du dossier de labellisation est un endroit qui offre aux villes la possibilité de présenter leur ÉcoQuartier comme ils le souhaitent, à travers deux textes libres. Le premier texte est une Présentation de l’ÉcoQuartier : le porteur de projet a toute la latitude pour raconter l’histoire de son EcoQuartier, décrire ses caractéristiques, expliquer ses choix, mettre en avant ses points forts, détailler les grandes étapes de sa construction (2 pages max). Un ÉcoQuartier est d’abord un projet de vie. Au-delà d’un panier d’équipements, il s’agit pour l’équipe d’imaginer un espace propice à l’émergence de nouveaux comportements; un ÉcoQuartier doit en effet être vecteur de principes et de valeurs reconnus et portés par les habitants : le « vivre ensemble », les mixités sociale, fonctionnelle et intergénérationnelle, la nature en ville, la nouvelle place de la voiture… Pour un élu, pour une équipe, il s’agit donc de promouvoir une nouvelle vision de la vie sur le territoire. Le discours autour du projet pour attirer des nouveaux habitants ou faire adhérer les riverains à de nouvelles pratiques ne peut se cantonner au discours technique (Faucheux, 2013). C’est pour cela que, dans le cadre du dossier de labellisation, il est demandé aux équipes de faire cet exercice de projection : « Racontez-nous comment vous imaginez une journée classique d’un habitant du quartier en 2030 (sur une page), dans un texte intitulé « 24 heures dans la vie d’un habitant de mon ÉcoQuartier en 2030 ». Dans cette partie la plus libre, le dossier présente son côté moins quantifié. Cela permet aux équipes de réfléchir à une nouvelle vision du territoire sur une feuille blanche. A mon regard ce processus permet se différencier d’une attitude stéréotypée propres aux autres grilles.  PARTIE C : Présentation du projet La Partie des 20 Engagements (C) du dossier de Labellisation, plus analytique, est la partie la plus longue du dossier, et celle pour laquelle la collectivité devra répondre à des questions précises pour chacun des vingt engagements de la Charte (Figure 12).

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Figure 19. Faucheux, 2013, p. 42

Chaque engagement se décline de la manière suivante : I. Une partie à remplir par la collectivité (Figure 13), qui se présente comme suit: • A chaque engagement se rattachent des notions clés. • A chaque notion clé se rattachent des questions ouvertes, auxquelles la collectivité doit répondre de manière synthétique, étayée et illustrée.

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Figure 20. Faucheux, 2013, p. 30

II. Une partie qui n’est pas à la charge de la collectivité (Figure 14), et qui se présente comme suit : • Des indicateurs chiffrés, qui se calculent automatiquement en fonction des données quantitatives renseignées dans la Partie A du dossier. • Des critères d’évaluation, notés sur une échelle de 1 à 3 par les experts en charge du dossier, après lecture des réponses données aux questions ouvertes et suite (éventuellement) à la visite de terrain ou aux échanges avec les membres du projet.

Figure 21. Faucheux, 2013, p. 30

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Nous pouvons différencier 2 principaux statuts de ces indicateurs: Une partie des indicateurs fera partie d’un socle commun. Il s’agira des indicateurs liés à un progrès sur des thèmes issus des lois ou d’engagements nationaux (le niveau d’énergie renouvelable, le % des logements sociaux, la lutte contre l’étalement urbain...). Les autres indicateurs restent incontournables mais la réponse est très contextuelle ou difficilement mesurable (la mobilité est incontournable, mais le panel des réponses est à l’initiative locale, la gouvernance et la parole des habitants sont incontournables mais difficiles à mesurer…). Il s’agira là d’un volet recherche et développement du Label.

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3.6.- ANALYSE CRITIQUE DU LABEL ÉCOQUARTIER Selon BONNER (Paquot 2013, p. 35) « le label a développé des nouveaux compromis. Le ministère de l’écologie travaille depuis quelques années maintenant, avec le label ÉcoQuartier, à faire en sorte que les quartiers qui en revendiquent le nom en soient dignes, expérimentent, inventent, avancent de nouvelles solutions. C’est un travail remarquable, qui a largement contribué à la fois à diffuser les principes, à susciter le désir chez de nombreux élus, à stimuler les concepteurs. Mais surtout, très en amont, le groupe de travail mis en place par l’État et nourri par de nombreux experts, a su insister sur l’indispensable articulation des échelles et la nécessité de dépasser les objectifs strictement environnementaux ». En effet, la démarche ÉcoQuartier a contribué à donner une certaine objectivité à la description et à l’expertise des quartiers durables. Il s’agit d’outils qui cherchent à informer plutôt qu’à évaluer. D’ailleurs le résultat Vu qu’actuellement la plupart des projets sont baptisés comme durables son utilisation habituelle permettrait de maîtriser ses déroulements. D’autre part il s’agit d’un outil facile à manipuler et pourtant accessible au citoyen. Selon CHARIGNON (Ifore 2009, p. 15) la réussite du label réside dans sa simplicité. On peut s’interroger ce qui fait force de loi dans l’élaboration de cette grille ? La démarche se veut opérationnelle. Dans l’optique choisie, les choses doivent être lisibles, rapides, synthétiques et pédagogiques – ce sont là les quatre mots-clés. Le compliqué est inefficient. Le pari est de parvenir à réaliser des outils extrêmement simples ; persiste en effet le goût amer de l’expérience HQE, « usine à gaz » inefficace, d’où l'émergence de nombreux labels très ciblés. En effet, vouloir embrasser trop de choses à la fois dépasse l'entendement et les ressources, notamment celles des petits maîtres d'ouvrage. Il s'agit donc de tenir un nombre réduit d'éléments appropriés et suivis. D’un autre côté, l’outil vise à favoriser les réponses ouvertes comme méthode pour garantir la liberté de l’évaluation. Chaque indicateur doit être accompagné d'un commentaire ou d'une remarque. Dans le même esprit, le texte sur « 24 heures dans la vie d’un habitant de mon ÉcoQuartier en 2030 » que nous pouvons trouver sur la partie B du dossier, est très intéressant. Ce texte est ouvert à l’innovation et permet au label de se rénover pour réussir à trouver les bons indices et références. Cependant tous les experts ne sont pas favorables au label. En s’appuyant sur ces récits nous pourrons identifier des possibles améliorations du label. D’abord la démarche n’offre aucune prime aux projets de renouvellement urbain notamment au recyclage des friches urbaines. Ces « poches » dégradées offrent des opportunités pour densifier la ville dans un contexte où l’engagement principal des SCOT est la lutte contre l’étalement urbain. MIRENOWICZ (Ifore 2009, p. 9) affirme « qu’il existe un potentiel de friches urbaines très important dont il serait peut-être possible de profiter pour concevoir des écoquartiers à l'intérieur de la ville déjà constituée,

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plutôt que de continuer à s'orienter vers l'extérieur, alors que préserver des terres agricoles en périphérie proche des zones urbaines ». D’un autre côté un des points les plus conflictuels est la question du contexte. Ce n’est pas possible de qualifier différentes entités urbaines avec la même étiquette. C’est le cas de la discordance entre un écoquartier dans une grande ville desservie par des bons transports en commun et un écoquartier en zone rurale entouré d'habitat individuel. Le label ne fait pas face à une dimension adaptable de son analyse en fonction de son contexte. Comment procéder et comment comparer les différents résultats en milieu urbain, en limite de propriétés rurales, sur une friche ou une extension urbaine ? Comment déterminer que le contexte a bien été considéré et s'assurer que le projet prend en compte tous les objectifs de cohérence des territoires ? Quelles formes urbaines et quels modes de vie proposer ? Comment faire en sorte que les habitants vivent bien dans une densité appropriée ? BIAU (Ifore 2009, p. 11) estime ne pas avoir la réponse à ces questions. Cette expérience enseigne qu'il n'y aura probablement pas un, mais plusieurs référentiels, en fonction du contexte économique, social, politique ou géographique. La réponse sera différente ; l'écoquartier sera différent. C’est la raison pour laquelle VALDIEU (Ifore 2009, p. 20) est opposée à la labellisation de l'écoquartier, estimant que, dans une même ville, les objectifs seront différents, tout comme le sera la pondération des indicateurs selon qu’il s’agira d’un quartier de renouvellement urbain, d’un quartier neuf, du nord ou du sud de la ville. D’un autre côté, liée à la problématique du contexte, apparaît la confrontation des limites de la démarche d’écoquartier par rapport à l’établissement d’une ville ou d’un territoire durable. Le quartier durable est-il la base pour la génération d’une ville durable ? SOUAMI et CHARMES (2009, p.3) répondent de façon négative à cette question, « les quartiers durables proposent des améliorations incontestables pour la préservation de l’environnement, mais aussi pour le confort de vie des citadins … mais pas tous. » En effet, le quartier est trop petit pour résoudre l’ensemble des problèmes environnementaux. Les cycles de l’eau et la qualité de l’air ne peuvent être maîtrisés qu’à des échelles régionales, voire globales. De même, l’utilisation du vélo et du tramway (modes de transport dit « doux ») pour réduire le gaz à effet de serre est possible pour les déplacements réguliers et de proximité (écoles, achats quotidiens notamment), mais s’avère plus difficile pour accéder aux lieux de culture, aux emplois, aux loisirs : la voiture, voire l’avion s’imposent souvent. Le citadin peut organiser une partie de sa vie, mais une partie seulement, dans son quartier. Toutefois, si l’offre de commerces et d’équipements de proximité est soignée, ces quartiers ne présentent pas toute la gamme de services et d’emplois offerts par les centres urbains. Les habitants des quartiers durables gardent une part de rêves irréalisés et continuent à chercher le bon compromis entre leur cadre de vie et leur relation à une ville parfois très proche, mais dont les avantages ne

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sont pas toujours faciles d’accès. Pourtant l’accumulation des quartiers durables n’est pas synonyme d’une ville durable. Le label pourrait questionner de façon plus élargie la relation d’échelle entre quartier et ville. Par ailleurs un autre domaine à développer serait l’éthique. Après l’analyse dans la partie 2.4 de la grille d’analyse de la Chaire en Éco-Conseil (Canada) nous pourrions identifier des problématiques qui n’ont pas été traitées dans le label écoquartier. Des questions intéressantes à considérer tournent autour des inégalités à l’extérieur de la commune, favoriser l’émergence de valeurs en commun, favoriser les droits de l’homme ou contrôler la sélection d’entreprises dans un écoquartier. Une multitude de problématiques peuvent surgir autour de ce nouveau pilier. Néanmoins le risque est d’évacuer des questions morales qui sont souvent traitées selon plusieurs visions divergentes. Un aspect faible est lié à l’innovation sociale des écoquartiers. Cette démarche s’intéresse aux nouveaux modes de faire la ville, loin de la conception de grands-ensembles ou de l’habitat individuel. Ce processus frappe tous les secteurs de la population, le particulier comme les professionnels – architectes et urbanistes –, en passant par les administrations publiques et les associations. C'est là une excellente nouvelle et une autre raison d'importance pour ne pas faire de l'écoquartier une seule question d'experts et d'ingénieurs. La participation et les nouveaux programmes de recherche apparaissent comment les objectifs pour l’avenir. En effet si la démarche ambitionne une plus grande participation, cela doit être lié à la promotion de la formation dans le domaine durable. Des nouvelles formes de sensibilité sont à développer, notamment des ateliers de travail qui approfondissent dans des formats plus réduits, un thème particulier. Un exemple de démarche participative est la ZAC centre 2 Grenoble. En 2010, quatre ateliers thématiques ont ainsi été programmés avec les habitants, sur les thèmes de l’éducation au développement durable, des déchets, des déplacements et de l’aménagement des espaces publics (Meunier, 2012). Selon MIRENOWICZ (Ifore 2009) il n'existe, par exemple, aucune étude sur l'influence des écoquartiers sur les attitudes et comportements des habitants. C’est là une lacune considérable qui en révèle une plus large, celle de la faiblesse de la recherche publique en matière de styles de vie vers la durabilité. Il faut alors se demander quelles sont les attentes d’un citoyen dans une écoquartier. Souhaite-t-il un habitat vert ou cherche-t-il plutôt une gestion partagée ? Les écoquartier sont souvent devenus des objets de consommation qui favorisent l’écologie de standing. Cela ressemble à une opération de communication, l’intérêt étant pour le maire et pour le promoteur de vendre des opérations plus vite et plus chères. Toutefois, le vrai défi des écoquartiers réside dans une nouvelle gestion partagée dirigée par la collectivité. Le label doit favoriser la création des infrastructures qui soient des supports satisfaisants à l'élaboration de ces habitudes différentes. Ce lieu qui stimule une expérimentation sociale intéressante est lié au concept de la mutualisation. D’abord la mutualisation des voitures est souvent présente dans les nouvelles M.ASPU STRASBOURG

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opérations urbaines sur des poches ou sous la forme de silos. De la même façon est incorporé le partage de l’espace public, dominé par les espaces verts, zones de loisirs et jardins potagers. Là, l'écoquartier est un lieu de vie où se crée une dynamique collective, où l'on n’habite pas seulement, mais où l’on cohabite, où l'on aménage ensemble. Le défi de l’innovation sociale réside dans l’échelle du bâtiment et les enjeux de propreté. Le label ne promeut pas des nouveaux modes de vies partagés dans le domaine privatif. Des nouvelles organisations architecturales pourront éclater la vision de maison privée où les habitants se limitent à partager des cages d’escaliers et des cours intérieures. Pourrions-nous habiter dans un bâtiment où des espaces comme le salon, la chambre d’amis ou même la salle à manger soient partagés ? Dans le même esprit des nouveaux systèmes à mi-chemin entre la location et la copropriété sont à développer sur la base des coopératives d’autopromotion. Enfin un autre aspect faible est l’analyse de l’avenir. Le label laisse libre cours à l’imagination, dans le dossier B, l’état du quartier en 2050. Par contre il n’est pas conçu avec l'idée d'une progression. Il se limite à certifier le processus qui va de l’état de conception à un point avancé (livraison de 50% des espaces et des équipements publics et de 30% des bâtiments). C’est-à-dire que le label définit des limites à l’instant « t » d’une opération que l’on juge exemplaire. BIAU (Ifore 2009) insiste sur le fait que le quartier est un projet urbain, qui a une programmation et une réalisation, mais qui a également une vie par la suite, par le biais de services techniques pour l'entretien de sa vie physique et par ses habitants. Serait-il possible d'imaginer des indicateurs basés sur l'après-construction et sur la vie du quartier elle-même, sa gestion et son utilisation ? Ne pourrait-on pas imaginer que les habitants euxmêmes et les services techniques s'approprient ces indicateurs ? Cette dimension modulable/évolutive du projet permettrait de s’adapter à l’évolution des besoins de stationnement, reconversion de surfaces, nouveaux systèmes de propriété et gestion partagée, réserves foncières pour implantation des transports doux, possibilité de démonter des silos ou autres équipements, évolution de l’utilisation de l’espace public …

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4.- DECONTEXTUALISATION DES 4 PRINCIPES DE LA GRILLE ÉCOQUARTIER ET APPLICATION AUX OPERATIONS VISITÉS 4.1.- LA CITE MANIFESTE, QUARTIER DE LA CITE, MULHOUSE, 2005. Visite 15/03/2014 Il s’agit d’une opération d’initiative privée pour l'édification de 60 logements HLM, comprenant de 2 à 5 pièces, lancée en 2003. Ce projet s'inscrit dans une friche industrielle en bordure du quartier de la Cité, un quartier à proximité du centre-ville, dans le secteur nord-ouest. Le projet a été découpé en 5 lots différents et chacun a été conçu par une équipe différente. Repenser le logement social et expérimenter de nouvelles formes d’habitat conduit à remettre au premier plan la notion de qualité de vie. Le défi consiste à prouver qu’il est possible de réaliser quelque chose d’extraordinaire dans un cadre économique ordinaire. Cette opération est annoncée pour un coût global de 6,22M€ et pour un coût moyen de 900€ hors taxe au m². D’autre part cette opération d’expérimentation autour du logement social laisse de côté une possible réflexion autour de la mixité sociale.

Figure 22 et 23. AMC, 2013

 FAIRE DU PROJET AUTREMENT Cette opération est intéressante pour sa réflexion autour des logements sociaux. Elle vise à développer un habitat intermédiaire et individuel dense. En opposition aux grandes opérations des logements collectifs, ce projet conçoit un habitat de moyenne densité. Elle offre aux habitants un habitat plus confortable avec l’appropriation des jardins et terrasses. En même temps la relation de voisinage devient plus proche. Par ailleurs nous trouvons le problème du client. Ces séries de logements ne sont pas adressés à des habitants concrets. En revanche les travaux des M.ASPU STRASBOURG

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équipes Poitevin-Reynaud et Lacaton-Vassal autour de cette question sont très intéressants. Le premier (Figure 17) conçoit des garages de 30 m2 intégrés dans la maison au fond de parcelles. Sa surface peut être annexée au séjour ou servir d’espace de bricolage. De l’autre côté le projet de Lacaton-Vassal (Figure 18) développe des espaces en jardin d’hiver. Chaque séjour se prolonge systématiquement avec un jardin d’hiver qui fait partie de l’immense serre orientée plein sud. Cette conception des espaces adaptables aux souhaits et pratiques des usagers permet à l’opération de bien évoluer dans le futur.

Figure 24 et 25

 AMELIORER LE QUOTIDIEN Une recherche autour des typologies et une bonne qualité des logements améliorent la vision traditionnelle dévalorisée des logements sociaux. Des nouveaux espaces qualifiants et des jardins permettent aux habitants d'améliorer leur quotidien. D’un autre côté le projet présente un déficit d’habitat en commun. L’espace de relation est réduit aux voies de desserte. Ces voies unidirectionnelles sont conçues comment un système de connexion entre les parkings, incorporés aux maisons et à la ville extérieure. Le trottoir n’existe donc pas : piétons, voitures et vélos partagent une même voie. Pendant ma visite ces voies n’étaient pas très utilisées et habitées. L’ambiance de petit village où on trouve une relation de voisinage forte et une utilisation de l’espace public n’apparaissait pas.  DYNAMISER LE TERRITOIRE Le projet est limité par rapport à la question du territoire car il s’agît d’une opération de renouvellement urbain. Les connexions extérieures à travers les transports doux ne sont pas présentes. Ces contraintes et l’incorporation de la voiture dans la maison développent une dépendance à l’automobile. Bien qu’une délimitation des pistes cyclables soit incorporée sur les voies de desserte, elles M.ASPU STRASBOURG

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restent anecdotiques. Le vélo n’est pas présent. Le stationnement devient un grand problème. Au cours de la visite, on remarque que le stationnement sauvage est très pratiqué. Les parkings aériens placés à côté de l’opération ne sont pas utilisés par les habitants. L’application du ratio de 1 voiture /personne parait insuffisant aux pratiques actuelles. Au niveau de la perception, l’opération de J. Nouvel crée une ségrégation visuelle. Tout un front avec des matériaux industriels enferme le projet. Ces matériaux ont été utilisés pour adoucir la perception. L’aspect est d’une propriété privée. Nous n’avons pas l’impression d’être dans un milieu urbain. Le projet n’incorpore pas une diversité fonctionnelle. La ville de courte distance et les commerces de proximité n’ont pas été pris en compte. Les alentours du projet présentent la même image monofonctionnelle. C’est une opportunité perdue pour dynamiser le territoire.  ECOLOGIE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE C’est très intéressant l’utilisation des jardins d’hiver dans le projet de LacatonVassal. Le travail avec les serres et les rideaux thermiques permet d’améliorer la performance de la série de bâtiments. D’un autre côté, le projet de Lewis-Block travaille avec une nouvelle définition de nature/maison. Les arbres incorporés à la parcelle sont enfermés par des boites très perméables. Au niveau de la perception ce n’est pas aussi intéressant qu’au niveau théorique. On a l’impression que c’est dommage de cloisonner cette nature. Le jardin privé est très présent. Chaque projet a conçu des espaces jardin. Ils fonctionnent comme des transits / passages / seuils entre extérieur-intérieur, incorporant parfois la voiture ou établissant une extension des séjours. En même temps ils permettent un bon contrôle du vis-à-vis. L’appropriation de ces espaces est un grand succès.

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4.2.- ECO-QUARTIER VAUBAN, FRIBOURG, 1998. Visite 19/04/2014 Le quartier Vauban s’est développé au sud de Fribourg, à 3 km du centreville, sur les 38 ha du site d’anciennes casernes de l’armée française, avec pour objectif d’y loger plus de 5000 habitants et d’y créer 600 emplois. La planification du quartier a démarré en 1993 et la phase de réalisation a débuté en 1997.

Figure 26

 FAIRE DU PROJET AUTREMENT Un des points clés le plus innovant est la participation des futurs habitants pour le développement du quartier. Ce n’est pas un projet adressé à un habitant imaginaire, sinon qu’il a pris en compte des pratiques des usagers. Dès le début, tous les problèmes (mobilité, énergie, logement, aspects sociaux, etc.) ont été discutés dans des groupes de travail ouverts aux habitants. Les idées, la créativité et l’engagement des gens qui se sont impliqués dans le processus avec l’objectif commun de créer un quartier durable sont des facteurs déclenchant. De plus, les habitants sont ouverts à d’autres politiques indirectement liées au processus de construction, comme par exemple le partage des voitures et l’usage des transports publics. Ces groupes de travail, désignés de « Baugruppen » en allemand, ont déposés des projets d’habitat collectif. Aussi, différentes coopératives et associations cohabitent au sein du quartier. Nous incorporons un schéma (Figure 20) des acteurs qui pourrait faire objet d’une recherche plus approfondie.

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Figure 27. BACHTOLD 2013, p. 67

 AMELIORER LE QUOTIDIEN Le quartier parait fonctionner par lui-même, des différents usages cohabitent. On peut trouver des bâtiments administratifs, des habitations, des supermarchés, des résidences pour étudiants, des hôtels ainsi que des marchés publics. Différentes typologies permettent des multiples adaptations des habitants. Tout semble idéal sauf quand on questionne la mixité sociale. Le quartier est incontestablement un quartier destiné à des classes aisées. C‘est un réflexe de l’écologie de standing. Après une première visite on peut reconnaître comment l’habitat quotidien diffère de la plupart de nos environnements urbains. Il s’agit d’une question d’intensité. L’utilisation de l’espace public est fortement liée à la vie en collectivité où les enfants jouent et les gens se baladent ensemble. Également on perçoit des regards qui nous font nous sentir comme des étrangers. Regards qui signifient que les habitants se connaissent, mais qui sont également le fruit des multiples visites dont le quartier est le but. Ces regards sont l’expression d’un sentiment fort d’appropriation du quartier par ses habitants (Figure 21).

Figure 28. Espace public M.ASPU STRASBOURG

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 DYNAMISER LE TERRITOIRE À mon avis, cette intensité est possible grâce à la réduction de la voiture et son statut de moyen de transport quotidien. Fribourg est devenue un des premiers scénarios de la ville sans voiture. Dans un premier temps grâce à une claire hiérarchisation des voies (Figure 22).

Figure 29. Hiérarchisation des voies

L’opération présente une bonne connexion avec la ville. Un axe central introduit le tramway et la voiture dans le quartier. Par contre cet axe n’a pas une connexion avec les deux extrémités, il se termine en impasse. C’est un bon choix car il évite une possible rupture et fragmentation de l’ensemble. Le tramway fait une boucle à la fin pour retourner sur le même axe. Néanmoins depuis la perception du visiteur on reconnaît la présence d’un monde extérieur et on tient à penser que c’est la fin de l’opération. Ensuite, les voies secondaires permettent principalement de créer un tissu interne et d’accéder aux endroits aménagés pour le stationnement. La disparition des places de parking devant chaque maison permet l’implantation d’une nouvelle pièce extérieure. Ces espaces deviennent des lieux de convivialité. Quatre modes de stationnement s’y trouvent : -Parking Silo : Le stationnement résidentiel ainsi que celui des visiteurs est assuré dans deux parkings en silo d’une capacité totale de 500 places. Un premier silo est situé dans l’avenue principale (Merzhauserstr.) qui traverse M.ASPU STRASBOURG

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l’opération et la connexion avec la ville. Le deuxième silo est placé à proximité du cœur de l’ensemble. Par contre l’acquisition d’un emplacement y coûte environ 17000 euros. Suite à une visite nous pouvons nous apercevoir que ces parkings ne sont pas très fréquentés bien qu’ils soient placés a moins de 500 m des habitations. Les habitants d’un logement dans le quartier on 2 choix. S’ils souhaitent conserver l’usage privé d’une voiture, ils doivent acquérir ou louer une place de stationnement dans un silo. Dans le cas contraire, ils doivent s’engager - par une déclaration écrite adressée à la Ville et renouvelée chaque année -, à ne pas posséder ni utiliser régulièrement d’automobile particulière.

Figure 30. Silo

- Parking aérien : Sa présence n’est pas habituelle dans le secteur. On peut identifier des petites bandes et des surfaces moyennes qui sont très pratiques pour le stationnement visiteur. Au niveau des traitements ils sont en concordance avec l’ensemble en utilisant des matériaux naturels (pavés gazon, stabilisé, …) - Parking en carport et rez-de-chaussée: Ils permettent de bien intégrer les voitures. Elles deviennent un objet en plus à aménager pour éviter sa forte présence. - Parking en sous-sol : On peut identifier des accès au sous-sol mais ça ne devient pas systématique. D’un autre côté les voies tertiaires se trouvent principalement après l’axe principal en bouclant les îlots. Elles ont une claire identité comme voies de desserte. Le stationnement est interdit tout au long de ces voies. Cette interdiction réduit les micro-trajets. En s’y promenant, on fait l’expérience singulière d’un lieu à la fois totalement urbain par la densité et l’architecture et plus villageois que bien des villages d’aujourd’hui par l’ambiance et la quiétude. Cependant nous pouvons aussi identifier comment les traitements ne sont pas en concordance avec son environnement. Nous avons l’impression que ces voies restent très urbaines au niveau des matériaux.

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Enfin, les chemins doux reflètent la grande qualité urbaine de l’éco-quartier où il n’y a pas de circulation automobile. À sa place on trouve des zones piétonne et cyclable, espace de jeu sécurisé et surtout un lieu de convivialité. Nous pouvons reconnaître l’usage commun de l’espace public à travers des aménagements comme barbecues ou des canapés publics. De plus le code de l’urbanisme du Land stipule que chaque logement doit disposer d’au moins un emplacement de stationnement, les foyers sans auto sont tenus d’adhérer à une association foncière. Chaque adhérent doit verser une somme de 3700€ correspondant à l’acquisition de 8m² de terrain (surface moyenne d’une place de stationnement). Cet organisme est le gestionnaire d’un terrain commun aménagé comme espace vert collectif, accessible à tous les habitants. Si à un moment donné il n’y a plus de places dans les silos ce terrain accueillera des places de stationnement. Bien entendu, il faut préciser que ce système n’est pas sans faille. Il est en conflit avec les abords du quartier. Par exemple, les places de stationnement en dehors du quartier sont utilisées par les habitants du quartier Vauban en raison de leur gratuité. Des habitants ont également mis leurs voitures au nom de leur entourage afin d'éviter l'acquisition d'une place obligatoire dans les silos.  ECOLOGIE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE On reconnaît facilement comment le quartier a été implanté dans un environnement vert. Le patrimoine naturel a été mis en valeur à travers une bonne intégration dans le projet urbain et une bonne conservation des espèces végétales. Quand on se balade dans le quartier on a l’impression d’être dans une ambiance naturelle. Des grands arbres centenaires contrastent avec une diversité de constructions contemporaines. Il n’y a pas de jardins privés, la nature est le lien commun à tous les habitants.

Figure 31. Espace public M.ASPU STRASBOURG

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4.3 QUARTIER KILLESBERG, STUTTGART, 2007 Visite 19/04/2014 Le quartier Killesberg est le résultat du concours international « Zukunft Killesberg – Think k ». Il est situé au nord de la ville de Stuttgart dans un contexte assez singulier. A l’ouest, le quartier Kohenhofsiedlung est constitué par un habitat pavillonnaire. La frontière entre espace public et privé est très présente et l’opération est dominée par la voiture. D’ailleurs nous ne trouvons pas des espaces partagés. A l’ouest nous trouvons l’antithèse, le quartier Weissenhofsiedlung est le produit d’une exposition réalisé en 1927. C’était un des premiers laboratoires du mouvement moderne avec la présence des bâtiments des architectes reconnus. Ici la mixité urbaine est présente, diverses typologies s’enchaînent avec des maisons en bandes et des immeubles collectifs. Le quartier Killesberg vient s’implanter pour réconcilier ces deux entités en opposition comme pour affirmer une cohésion territoriale. Il a été construit entre 2010 et 2012 avec une surface de plancher de 50 000 m² sous un plan directeur développé par Ortner & Ortner.

Figure 32. Ortner & Ortner [http://goo.gl/QXEHFG]

 FAIRE DU PROJET AUTREMENT La première impression que le quartier transmet est une grande ambiance de collectivité. Un front commercial et des espaces destinés aux bureaux composent un premier lieu de bienvenu très dynamique. L’espace public est partagé à travers des cafés, terrasses, restaurants et commerces de proximité. Ceux-ci sont favorisés par l’emplacement d’un arrêt de métro à proximité. Ce M.ASPU STRASBOURG

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premier front fonctionne comme membrane isolante des foyers qui sont placées à l’arrière, en s’éloignant des nuisances de la voie principale. L’opération est structurée par un parc linéaire qui fonctionne comme axe principal. Par ailleurs, toute l’opération s’appuie sur les ressources du territoire en conservant et promouvant le grand parc de Killesberg. Un autre point important est son image unitaire qui nous transmet une identité collective, c’est-à-dire que nous sommes dans un espace avec une grande mixité architecturale mais avec un même esprit.

 AMELIORER LE QUOTIDIEN Sans hésiter le quotidien est caractérisé par le partage en commun des espaces publics. L’axe vert a vraiment un fonctionnement exemplaire. Nous pouvons observer comment diverses activités sont réalisées dans cette bande. Les enfants ont des aménagements à eux, les parents peuvent attendre en tranquillité, les terrasses à l’extérieure sont bien occupées. En résumé, il s’agit d’un endroit où le sens de la collectivité se développe. Par ailleurs, il est entouré par des commerces de proximité, restaurants, supermarchés, boulangeries,… Ici c’est possible d’identifier la ville à petits pas où le citoyen peut bien organiser une partie de sa vie dans un espace pas très étendu.

Figure 33. Axe de l’opération

 DYNAMISER LE TERRITOIRE Si l’espace public est dominé par une ambiance verte partagée, c’est grâce au travail réalisé pour éviter l’utilisation systématique de la voiture. Dans l’opération, elles ne sont pas visibles. En effet, les voitures ont été placées dans un parking souterrain tout au long de l’opération. Nous pouvons identifier des conduits de ventilation des garages sur l’espace public mais la rampe d’accès a été placée dans la limite moins utilisée de l’ensemble. D’ailleurs nous pouvons bien déterminer qu’il s’agît d’un parking mutualisé pour tous les foyers. En même

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temps, un arrêt de métro permet de communiquer l’opération avec le centre-ville en 15 minutes. Ce fait favorise la réduction du nombre de places par habitant réservées aux voitures.

Figure 34. Ortner & Ortner [http://goo.gl/QXEHFG]

Bien que le projet soit proposé comme un exemple de cohésion territoriale, il apparaît tourné sur lui-même. Nous n’identifions pas une transversalité que viserait à réduire la ségrégation spatiale existante. La ville reste à être composée par différentes entités qui viennent se brancher sur la route principale (Am Kochenhof)

 ECOLOGIE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE Le projet est influencé par la présence du parc Killesberg avec une surface proche de celle de l’opération, environ 5000 m2. Le projet se sert de cet endroit pour réaliser des connexions piétonnes et l’intégrer à sa structure de voirie. Par contre ce grand parc reste avec une image très urbaine. Quand nous nous promenons à travers ce dernier, nous avons l’impression de rester dans un espace urbain. Ceci est impulsé pour une perception de la ville à tout moment, nous ne trouvons pas d’endroits où reposer à l’ombre des arbres. L’opération utilise aussi ce parc pour installer un bassin pour l’évacuation des eaux. Le projet développe une approche écologique avec l’implantation du corridor vert qui structure l’espace bâti. Il réduit également la pollution avec une diminution de la présence de la voiture sur l’espace public.

Figure 35. Transition parc – opération M.ASPU STRASBOURG

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CONCLUSION L’enjeu des outils de questionnement et d’analyse des politiques et projets en matière de développement durable (OQADD) est principalement l’aide à la prise en compte des démarches durables. La problématique de la définition de la durabilité et l’hétérogénéité des contextes locaux implique qu’il n’existe pas un outil universel de référence. La composition des OQADD est confectionnée par un équilibre entre lisibilité et précision. Quand un outil devient facile à manipuler par les collectivités, il risque d’être très superficiel dans son contenu. En revanche, un outil très précis risque d’être lourd à manipuler et reste lié aux experts. Au fur et à mesure, nous avons pu constater que les démarches de labélisation ne sont pas toutes présentées sous la forme d’une check-list. En effet, sa finalité n’est pas la création d’une classification qui vise à mettre en compétition les différents projets. En général, les indicateurs de développement durable ont pour objectif d’assurer un suivi régulier des actions initiées afin de déterminer les orientations à prendre. C’est cette logique pédagogique qui est la plus intéressante. Ces indicateurs fonctionnent comme des boussoles pour les maîtres d’œuvre et d’ouvrage. A mon avis il s’agît d’un outil didactique qui guide les citoyens et les élus pour une meilleure conscience et compression des problèmes urbains. Ce référentiel n’impose aucune obligation, il n’entre pas dans une logique normative ou dans un modèle standardisé. Au contraire, il est simplement un guide pour la mise en place d’un projet de développement durable. Le choix de la démarche Labélisation ÉcoQuartier fut d’aspirer à l’élaboration d’un outil simple et compréhensible. De plus, il s’agit d’un instrument pour réguler des processus d’auto-proclamations écologiques et l’instrumentation du mot écoquartier à des fins de greenwashing. Au niveau opérationnel les outils enchainent une hiérarchisation composée dans un premier temps des principes. Ces principes, comme ce mémoire l’a expliqué dans la partie 2, sont des applications faciles à mettre en place et ouvertes à une réinterprétation. Ensuite, quand ils sont sous la forme des indicateurs, les problématiques se concrétisent. En revanche, ces principes ne visent pas une analyse subjective mais plus ouverte. A ce moment-là, l’outil commence à s’approcher des mécanismes de la check-list. Après les visites des opérations, partie 3, nous avons pu constater que les principes développés par le label sont d’utilité hors de l’analyse. Nous pouvons bien les utiliser en tant que guide pour élaborer une réflexion. Le principal aspect qui a attiré mon attention après les visites est l’intensité de partage de l’espace public. A mon avis le facteur crucial qui permet de changer les règles du domaine public est la place de la voiture. Quand elle n’est pas présente nous avons l’impression que les habitants renforcent son identité.

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Figure 36. Bansky, 2010

Enfin, je pense que le label n’est pas assez innovant dans les questions les plus sensibles. Notamment la question du social se montre un peu superficielle. Un des principaux problèmes des écoquartier est l’appropriation par les classes aisées. Celles-ci n’utilisent pas le concept d’écoquartier comme une opportunité pour déployer de nouveaux modes de vie mais comme un objet de consommation. Le label ne développe pas des mécanismes pour favoriser la mixité sociale à tout prix. De la même manière, des nouveaux concepts entre espace privé et public ne sont pas présents, la vie en collectivité est seulement conçue dans le domaine public. De plus, les réflexions autours des systèmes des propriétés n’ont pas été prises en compte. De nouveaux processus entre la location et la copropriété sont en développement à l’heure actuelle, notamment celles des coopératives. Alors, serait-il nécessaire d’abandonner le terme écoquartier qui est actuellement déformé afin d’apposer un nouveau vocable plus progressiste ?

ESSQUISE DE PROLONGEMENT Après le développement de ce mémoire, deux voies de recherche s’ouvrent. D’une part, après les visites et le travail d’agence, une voie plutôt liée au domaine opérationnel concernant la place de la voiture dans les écoquartiers. D’autre part, à la suite des processus de labélisation, une voie liée aux aspects sociaux dans le domaine privé. M.ASPU STRASBOURG

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