Clichy-Batignolles Ateliers Francois Grether
SÊminaire S9 - La Fabrique du territoire - Enseignants : Laurent Hodebert / Ondine Boetto / Jean-Marc Giraldi Etudiante : Julie Carrière
Existant avant-projet
Le projet de la ZAC Clichy-Batignolles est un vaste projet urbain de 50 hectares dans le 17ème arrondissement de Paris. A l’origine, ce terrain était essentiellement composé de halls et entrepôts qui servaient à l’activité ferroviaire. Il occupe une place particulière dans le paysage parisien puisqu’il se situe Porte de Clichy, en bordure du Boulevard Périphérique qui délimite clairement Paris des communes voisines.
1
Plan masse avec projet
La mairie de Paris a lancé en 2002 une première étude pour reconvertir ce site dont la SNCF ne se servait plus, dans le but d’y réaliser un projet qui pourrait se dérouler en deux phases. Le terrain était en effet pressenti pour loger les athlètes dans le cadre de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2012, qui aurait ensuite été reconverti en quartier d’habitation et parc urbain. Suite à la défaite de la candidature de Paris, le projet a tout de même été lancé pour répondre à une réel manque en termes de logements dans le Paris intra-muros. Les premières opérations de travaux sont lancées en 2005, et devraient se terminer en 2019. 2
Plan du maillage des voies
3
La ZAC se situe dans un périmètre particulier du centre de Paris, c’est-à-dire qu’elle se situe au centre d’un réseau de voies importants : au nord-ouest, il y a le boulevard périphérique, au nord-est l’avenue de Clichy, au sud la rue Cardinet et au sud-ouest les voies ferrées. Ces infrastructures ont une place déterminante puisqu’elles génèrent de fortes coupures et imposent à la ZAC de grandes orientations géométriques. Au niveau de l’organisation du projet, le site se compose de deux types de réseaux : à l’extrémité se trouvent les réseaux automobiles, et au centre les réseaux piétons. Les deux types de réseaux se complètent pour établir la connexion entre les quartiers. Les voies automobiles étaient pour la majorité déjà présentes avant le projet. Seules quelques voies on été rajoutées pour donner l’accès aux nouveaux immeubles. Les voies piétonnes, elles, correspondent à l’emprise du parc Martin Luther King. Elles permettent d’établir une liaison entre les quartiers d’est en ouest et du nord au sud.
4
5
Plan de l’emprise Emprisebâtie ZAC : 51.6 ha
100% Emprise ZAC : 51.6 ha
100%
Emprise bâtie : 15.9 ha
30.8 % Emprise bâtie : 15.9 ha
30.8 %
Emprise paysager public : 7.6 ha
14.7 % Emprise paysager public : 7.6 ha
14.7 %
Emprise paysager privé : 1.5 ha
2.9 % Emprise paysager privé : 1.5 ha
2.9 %
Emprise chaussée + trottoir : 25.7 ha
49.9 % Emprise chaussée + trottoir : 25.7 ha
49.9 %
Emprise eau : 0.9 ha
1.7 % Emprise eau : 0.9 ha
1.7 %
Plan des espaces ouverts
La séparation entre le parc et le bâti se perçoit très nettement dans le tracé du bâti qui s’ancre tout autour du parc . Le bâti s’adapte à la densité haussmannienne des quartiers qui jouxtent la ZAC pour proposer une ouverture progressive vers le parc central. Les nouveaux immeubles d’habitation ont été conçus sous la forme d’îlots ouverts qui permettent aux bâtiments de créer des points de vue vers le parc et les jardins depuis chaque appartement. Le parc, quant-à-lui, vient chercher des connexions aux quartiers voisins par des branches qui s’avancent vers le bâti dans le but de créer une zone d’entre-deux entre le parc et le bâti. 6
Espace dédié aux véhicules motorisés Espace vert public majeur Espace minéral public Plan des espaces publics
Sur le plan montrant les espaces publics, on y voit clairement la volonté d’étirer le parc jusqu’aux espaces de connexion puisqu’il se connecte aux routes de la ZAC qui elles-même se connectent aux rues des quartiers voisins. Ce parti-pris qui consiste à relier les divers quartiers est marqué dans le dessin du parc. De grands chemins sont différenciés des zones vertes à la fois pour relier les quartiers entre eux et pour conduire les habitants des quartiers voisins jusqu’aux activités du parc. Les « branches » du parc se voient aussi dans la forme du bâti. Si on s’intéresse de plus près au programme des zones bâties, on peut se rendre compte que la ZAC est sectorisée selon certaines logiques. Le long des réseaux se trouvent les équipements et les bureaux pour faire écran au bruit, dans le but de protéger les habitations et le parc des nuisances sonores. 7
Commerces Distribution programmatique
Commerces Bureaux Logement Equipement
13.2% 38.2% 48.5%
13.2% Bureaux Dans ce contexte-là, au nord, à proximité du boulevard périphérique, se trouvent des équipements 38.2% Logement tels que la DPRJ (Direction Régionale de la Police Judiciaire) et le nouveau Palais de Justice, des bu48.5% Equipement reaux on encore certains hangars industriels (centrale à béton, centrale de collecte pneumatique). Le Palais de Justice, conçu par Renzo Piano se place d’ailleurs comme un nouveau symbole de Paris du haut de ses 160 mètres, rivalisant ainsi avec les autres symboles de la capitale comme la Tour de la Défense ou la Tour Eiffel. Les bureaux sont quant-à-eux placés majoritairement de part-et-d’autre de la voie ferrée, ils sont situés à proximité des logements et des commerces pour créer une allée active entre la voie ferrée et le parc. Le projet de Clichy-Batignolles visait surtout à créer des logements supplémentaires, c’est pourquoi 3400 logements ont été réalisés ici. Ils sont essentiellement concentrés autour du parc et à l’ouest de la ZAC, à proximité de rues calmes comme la rue de Saussure. Ils sont surtout situés à proximité des zones voisines habitées et des transports en commun de courte distance. 8
B138 B173
Transilien B66 M13
T3
B31 M 14
Les transports en commun
9
B54 B74
La majeure partie des logements est ainsi disposée le long des voies de bus existantes pour favoriser leur utilisation au quotidien. Globalement, le site est d’ailleurs très bien desservi en transports en commun de par leur nombre, mais aussi de par leurs différentes échelles de desserte (bus – tramway – métro – RER – transilien). Le pôle multimodal de la Porte de Clichy montre d’ailleurs l’importance des équipements situés à proximité comme la DPRJ et le Palais de Justice qui constituent des lieux générateurs de trafic. La ligne de métro et la gare du transilien desservent, eux, la rue commerçante et les bureaux. La répartition programmatique des îlots et les réseaux de transports ont donc été réalisés dans le but de rendre ce nouveau quartier vivant et attractif. Il se place en véritable quartier urbain où les centres d’intérêt donc à disposition de la ville.
« Je n’ai jamais su enfermer mes analyses et propositions dans un rôle ou un périmètre prédéfinis, et je ne crois pas possible de transposer aux démarches urbaines les fonctions bien distinctes d’assistance à maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’oeuvre. » (1)
(1). La ville sur mesure : François Grether Grand Prix de l’urbanisme 2012, hommage à Marcel Roncayolo - Ariella Masboungi, Olivia Barbet-Massin – Editions Parenthèses, Marseille, 2012 p.17
10
Les voiries et la gestion du stationnement
Les voies automobiles ont été réalisées au minimum afin de créer un véritable quartier urbain, un quartier où les habitants se déplacent surtout à pied et en transports en commun. Ce parti pris vise à réduire l’espace perdu par les places de stationnement et à réduire la place de la voiture au sein de la ville. Ainsi, les seules places de parking sont des places qui étaient auparavant existantes le long de l’avenue de Clichy et dans le quartier Saussure. Elles font office de places de substitution. 11
Toits végétalisés
Les arbres d’alignement et toitures végétalisées
Afin de rendre les routes plus agréables, des arbres d’alignement ont été rajoutés aux arbres existants. C’est ce vocabulaire qui a été réemployé pour l’élaboration du parc Martin Luther King. Les chemins qui relient les quartiers sont bordés d’arbres pour les placer au rang de réseaux à part entière. Afin d’atteindre l’objectif d’éco-quartier « zéro émission de CO2 », des arbres d’agrément ont aussi été placés dans le parc et certains bâtiments ont été dotés de toitures végétalisées. 12
Les espaces verts publics
13
Le parc Martin Luther King, dessiné par Jacqueline Osty est aussi une réponse aux préoccupations écologiques du quartier. Au-delà de ses 10 hectares d’espaces verts, le parc accueille diverses activités destinées à la détente contemplative et à la promenade ou au sport. Le parc est équipé d’équipements sportifs et de paysages changeants pour révéler l’alternance des saisons.
« Espace collectif par excellence, le parc urbain à la fois ludique et naturel peut devenir le symbole du bien-être en milieu humain dense. » (2)
De plus, le parc se compose de plusieurs types d’espaces qui correspondent à la variété des activités proposées : - des espaces verts gazonnés, des espaces verts avec beaucoup d’arbres, un belvédère, des espaces avec différents types de végétation qui donnent des ambiances diverses. - des espaces plus minéraux, des espaces de jeux, des espaces de promenade. - des espaces d’eau avec des bassins biotopes, des bassins d’agrément, une place avec des jets d’eau. Jacqueline Osty a créé un parc qui ne se satisfait pas d’être un espace vert, mais qui incite tous les publics à venir profiter des activités, et ainsi favoriser la mixité au sein de la ZAC.
« Nouveau venu dans la famille des parcs et jardins de la capitale, le parc Martin Luther King s’y impose par son originalité autant que par sa taille (10 hectares). C’est une vision très contemporaine de la nature en ville qui s’exprime ici, non plus domestiquée et circonscrite comme au 19e siècle, mais proche et libérée. Le parc s’insère entre les volumes bâtis, au plus près des immeubles et se diffuse vers la ville existante. Il combine des paysages et des ambiances variées avec, chose rare dans les parcs « historiques », une offre très généreuse d’équipements ou de lieux permettant de pratiquer des sports urbains. » (3)
(2) Brochure «Clichy-Batignolles - dossier initial» – éditée par la Mairie de Paris – Août 2009 - Paris - p.9 (3) Brochure «Le Parc Martin Luther King» - éditée par la Mairie de Paris – 13/05/14 - Paris - p.3
14
Les connexions
15
Dans le projet de la ZAC Clichy-Batignolles, l’Atelier Grether a pris soin de créer des continuités entre les quartiers existants et le nouveau quartier, il tente de tisser des liens entre quatre quartiers très différents, séparés par des axes structurants et très utilisés. Il crée un nouveau quartier qui veut réunir ces quartiers, là où se trouvaient d’ancien hangars de chemins de fer qui ont justement divisé ces quartiers pendant de nombreuses années. Il s’agit ici de « tirer parti des contraintes pour en tirer des réponses positives, malgré l’importance des voies ferrées à hauteur de 200 trains par jour et de l’importance de l’automobile. » (4)
A plus petite échelle, l’objectif des îlots ouverts était de donner aux immeubles une vue sur le parc donc vers le centre du projet. Il est alors intéressant de voir comment est-ce que des bâtiments ouverts vers le centre arrivent en même temps à s’ouvrir vers l’extérieur.
« J’aime l’idée qu’un projet urbain s’impose de fait. J’ai eu plusieurs fois ce commentaire : « On ne voit pas le projet. » C’est que le projet aboutit à exister par lui-même, sans effets démonstratifs, sans artificialité apparente. Je prends ce commentaire comme un compliment. Je défends le principe que les espaces urbains ne sont pas œuvres d’auteur. En effet, l’organisation urbaine se pratique, elle ne se regarde pas. C’est l’architecture qui représente les aménagements urbains, qui donne forme à leurs ambitions. L’architecture revêt une importance considérable pour la ville. » (5)
(4) Vidéo Youtube « Le territoire du projet » – Compte Clichy-Batignolles – 3/07/13 – projet présenté par François Grether https://www.youtube.com/watch?v=q1vXHAc1zcM (5) La ville sur mesure : François Grether Grand Prix de l’urbanisme 2012, hommage à Marcel Roncayolo - Ariella Masboungi, Olivia Barbet-Massin – Editions Parenthèses, Marseille, 2012 - p.46 Chapitre «l’urbanisme fait place à l’architecture»
16
Préambule – Le Contexte
20
1 – Plan des quartiers voisins 2 – Plan Etat-Major 3 – Plan des remparts 4 – La situation actuelle du projet 5 – Plan des parcs dans Paris Problématique
28
I – Le maillage linéaire
30
1 – La construction sur dalle 2 – Le système de passerelles 3 – La liaison entre les rues 4 – Les cônes d’ouverture vers le parc 5 – La liaison par les arbres II – Le maillage spatial
38
1 – Les types de bâtis 2 – La largeur des îlots 3 – La largeur des voies 4 – Les hauteurs de bâti 5 – Les densités III – Les activités
50
1 – Les transports en commun 2 – Les commerces et activités 3 – Les activités et transports en commun 4 – Le système de parcs 5 – Les usages du parc Conclusion
62
Bibliographie
66
18
Preambule - Le contexte Contexte et histoire du site
20
CLICHY
Les Epinettes
Saussure
Les quartiers voisins
21
Batignolles
Le site du projet Clichy-Batignolles possède de grandes particularités : -d’une part, le site était un terrain qui appartenait à la SNCF et qui se composait de grands hangars et de voies de chemin de fer. Lorsque le terrain a été cédé à l’état pour y réaliser un projet, il était une réelle frontière entre quatre quartiers très différents parce qu’il était très grand, cloisonné et qu’il ne pouvait pas être traversé. -d’autre part, de par son passé et sa situation géographique, le site est encerclé et traversé par des voies majeures qui créent de réelles frontières linéaires autour du site. C’est dans ce contexte que l’architecte urbaniste François Grether a imaginé ce projet : Il s’agit ici de renverser la situation actuelle, c’est-à-dire de transformer les espaces-frontière et les frontières en des éléments de connexion afin de réunir des quartiers sur le lieu qui les a pendant longtemps séparés. 4 quartiers bordent le périmètre de la ZAC : - est : quartier populaire des Epinettes (dense et vétuste) - ouest : quartier Bd Péreire (cossus) - nord : Clichy (récent et populaire) - sud : Batignolles (ancien et familial) Pour comprendre l’origine de ces frontières, il est intéressant d’en comprendre l’histoire.
22
Le plan d’Etat-Major La vue aérienne de la situation actuelle avec projet
Sur le plan de l’Etat-Major (1818-1824), on peut voir que les tracés ancien ont largement influencé les tracés actuels. Parmi ceux-là, on retrouve l’emprise du Boulevard Périphérique, de l’Avenue de Clichy et des voies de chemin de fer. Ces voies ont été et sont toujours des voies structurantes puisqu’elles sont des portes d’entrée dans Paris. Par ailleurs, ce plan révèle aussi un élément de composition du projet actuel. Le chemin en diagonale, qui a été repris dans le projet de parc, était auparavant un chemin de campagne qui reliait la gare à Clichy. Dans le projet, ce chemin a été modifié puisqu’il relie aujourd’hui le Square des Batignolles à Clichy, mais la symbolique reste présente. Pour François Grether, il est important d’être constamment en accord avec son temps, donc le projet doit s’établir dans une lignée historique, il doit s’adapter avec son temps, mais il doit aussi pouvoir évoluer dans le futur. 23
boulevard périphérique de 1973
enceinte fortifiée de 1840
enceinte des Fermiers généraux
enceinte des Fossés jaunes
enceinte de Charles V enceinte de Philippe Auguste
enceinte Xe-XIe s. enceinte gallo-romaine
Le plan des remparts successifs de Paris
Quelques décennies plus tard, en 1840, Adolphe Thiers impose la construction de fortifications pour protéger Paris. L’enceinte de Thiers sera alors bâtie entre Paris et ses communes voisines. Entre les Batignolles et Clichy, l’enceinte sera bâtie légèrement en retrait du Chemin de la Révolte qui est aujourd’hui une partie de Boulevard Périphérique . Le boulevard Berthier est quant-à lui la forme persistante de l’ancienne enceinte de Thiers. Ces deux empreintes linéaires ont figé des limites avec une épaisseur importante qui ont eu un impact lourd dans le paysage parisien.
24
Porte de Clichy
Gare St Lazare
Le plan des portes et gares de Paris
Ces limites marquent le quartier des Batignolles, mais aussi la ville à plus grande échelle. Dans le plan du Paris d’aujourd’hui, on peut voir qu’elles sont toujours présentes, elles séparent des tissus denses. Le site de Clichy-Batignolles a été rattrapé par l’importante urbanisation de Paris, mais il conserve sa place à proximité de zones de transport majeures : il se situe au bord des limites de la ville, à l’intérieur d’un tissu dense, à proximité des portes d’entrée de la ville et l’une des six gares le traverse. « Quelles qu’en soient les formes, je vois toujours mon travail sur les transformations urbaines comme une même aventure persévérante, celle d’une démarche constamment renouvelée, reconstruite selon les enjeux, en fonction des différentes dimensions territoriales et temporelles impliquées. » (6)
25
(6). La ville sur mesure : François Grether Grand Prix de l’urbanisme 2012, hommage à Marcel Roncayolo - Ariella Masboungi, Olivia Barbet-Massin – Editions Parenthèses, Marseille - 2012 - p.16
Le plan des parcs de Paris
Le parc Martin Luther King est l’élément essentiel du projet de François Grether. Il a une position centrale à l’intérieur du projet de par l’atmosphère qu’il apporte aux quartiers du 17ème arrondissement, et dans l’ensemble de Paris parce qu’il fait partie des parcs majeurs de la ville. Le parc Martin Luther King apporte un espace de loisirs, de détente, de verdure dans un quartier où les espaces verts par habitant était très faible par rapport aux autres arrondissements de Paris.
26
Problematique L’histoire et la situation actuelle de la ZAC Clichy-Batignolles montrent qu’elle est encerclée par beaucoup de frontières spatiales et linéaires qui en font un site à la base enclavé. Ces frontières sont fortes parce qu’elles séparent quatre quartiers très différents qui s’ignoraient. C’est dans ce contexte particulier que le projet de François Grether intervient afin d’inverser la tendance. On peut alors se demander quels sont les moyens mis en œuvre dans le projet pour créer des continuités avec les quartiers voisins.
28
I - Le maillage lineaire Le travail du sol et des traces pour connecter
30
1 - La construction sur dalle
La zone avant projet
Avant, le périmètre de la ZAC appartenait majoritairement à la SNCF et à la RFF. Le site se composait essentiellement de lignes de chemin de fer et de hangars destinés à la maintenance des trains. Ils étaient une zone inaccessible qui formait une réelle frontière entre les quartiers qui bordent ce terrain.
31
La zone avec le projet
Le projet de l’Atelier Grether a donc consisté à retravailler le sol pour que les quartiers de part-etd’autre de la voie ferrée puissent communiquer. La construction sur dalle s’est alors imposée dans le projet. Cette dalle de 35 000m2 qui a coûté 120 M€ s’élève à 10 mètres au dessus des chemins de fer. Cette dalle permet de recouvrir une partie des chemins de fer encore en activité, d’y maintenir l’activité et de pouvoir y construire par-dessus des immeubles de bureaux. Le système construction sur dalle-passerelles décloisonne le site et vient créer une myriade de nouvelles connexion. Tout cela dans le but d’apporter une activité nécessaire à la vie de ce nouveau quartier.
32
2 - Le système de passerelles
+27
+33
+27 +33
+33
+33
+44
+33
+27
+33
+44 +33 +41
+35 +41
+33
+36
passerelles automobiles
Passerelles piétonnes
+33
Niveaux des terrains franchis
La construction sur dalle a apporté une hauteur certaine aux espaces qui bordent la ligne ferroviaire. Pour amortir le changement brutal de niveau de sol et pour que les passerelles ne soient pas perçues comme un obstacle, l’Agence Grether a adouci ce passage qui permet d’apporter du relief au parc et d’accompagner progressivement les gens vers les passerelles. Le but des passerelles est de rapprocher les quartiers au maximum pour que la connexion entre les quartiers ne soit pas trop longue et qu’elle puisse fonctionner. Le projet contient en tout trois passerelles, deux piétonnes, et une pour les automobiles. Les voies piétonnes sont installées sur la partie nord. Celle qui raccorde le parc aux décors de l’opéra est la passerelle qui permet de franchir les vestiges de l’enceinte de Thiers. Celle qui traverse la voie ferrée permet de faciliter l’accès au pôle multimodal et au parc depuis le secteur au sud-ouest de la ZAC. La voie automobile permet de relier le grand boulevard au quartier des commerces et des bureaux. 33
3 - La liaison entre les rues
Routes de continuité nouvelles
Voies piétonnes de continuité nouvelles
Plans d'eau de continuité nouveaux
Routes existantes bases de la continuité
Le projet de l’Atelier Grether a donc consisté à retravailler le sol pour que les quartiers de part-etd’autre de la voie ferrée puissent communiquer. La construction sur dalle s’est alors imposée dans le projet. Cette dalle de 35 000m2 qui a coûté 120 M€ s’élève à 10 mètres au dessus des chemins de fer. Cette dalle permet de recouvrir une partie des chemins de fer encore en activité, d’y maintenir l’activité et de pouvoir y construire par-dessus des immeubles de bureaux. Le système construction sur dalle-passerelles décloisonne le site et vient créer une myriade de nouvelles connexion. Tout cela dans le but d’apporter une activité nécessaire à la vie de ce nouveau quartier.
34
4 - Les cônes d’ouverture vers le parc
Cônes de vision qui s'élargissent vers le parc
Les cônes d’ouverture vers le parc s’associent au traitement des matières pour donner du sens aux connexions qui traversent le parc. Les entrées dans le parc sont traitées par des obliques qui permettent d’ouvrir progressivement le champ de vision vers le parc et ainsi amplifier la perspective que l’on a sur le parc depuis l’extérieur. C’est à cet endroit-là que la végétation communique avec le bâti pour entrer progressivement dans le parc. Les cônes agissent donc comme des seuils du parc où, après avoir été cloisonné entre deux façades bâties parallèles, on passe dans un espace qui nous apprête à changer d’univers. Les façades parallèles s’éloignent peu à peu pour nous préparer à entrer dans le parc. C’est à ce moment-là que les architectes et paysagistes ont choisi de donner de l’épaisseur aux connexions est-ouest.
35 Gymnase
5 - La liaison par les arbres
Arbres existants
Arbres de restauration de l'existant
Arbres de connexion du nouveau avec l'existant
Arbres d'agrément du parc
Comme les passerelles relient les bords des faisceaux Saint-Lazare, les rues et les chemins connectent les quartiers d’est en ouest et du nord au sud. Ainsi, la majorité des routes et chemins nouveaux se raccordent aux rues existantes. Ils se complètent avec une première épaisseur en périphérie de la ZAC constituée des routes, puis de chemins vers l’intérieur (du à l’emprise du parc). La richesse de ces chemins se trouve dans la diversité des paysages que les visiteurs peuvent rencontrer, dans l’alternance entre un paysage végétal, puis minéral, aquatique ou encore bâti. C’est cette diversité qui agrémente le parc et qui permet à Jacqueline Osty de proposer un parcours distrayant.
36
Le travail des connexions linéaires est la réponse aux frontières linéaires qui existaient avant le projet. Les architectes utilisent alors des outils adaptés tels que les passerelles, les routes, les chemins ou encore les arbres pour marquer une continuité entre les quartiers anciens et nouveaux. Ce langage se retrouve surtout dans le dessin en plan, c’est-à-dire qu’il s’agit des traits que l’on trace pour prolonger les rues. Ici, les traits ont une épaisseur, des matières, ils traversent des ambiances différentes pour donner du sens et de la fonctionnalité aux connexions.
37
II - Le maillage spatial Le travail des volumes pour connecter
38
1 - Les types de bâti
Ilots fermés
39
Ilots ouverts
Ilots d'équipements
Avant 2002, le terrain qui appartenait à la SNCF se composait de voies ferrées et de grands hangars clôturés qui, de fait, formaient un réel no man’s land. Il empêchait aux quartiers voisins de pouvoir communiquer tant sa taille était imposante. C’est de ce constat qu’est parti l’Atelier Grether pour recréer un maillage urbain.
Pour cela, le projet Clichy-Batignolles compose avec le bâti existant dans lequel on peut discerner trois types de bâtis : - les îlots fermés, qui caractérisent les îlots voisins à la ZAC, avec une importante masse bâtie et des cœurs d’îlots – ou du moins des espaces d’aération- qui se composent essentiellement de logements. - Les îlots ouverts, qui caractérisent la partie sud du projet, conservent l’épaisseur de bâti des îlots fermés, mais qui donnent plus d’importance aux espaces d’aération en cœur d’îlot et entre les immeubles. - Les îlots d’équipements, qui caractérisent la partie nord du projet, se composent d’éléments bâtis beaucoup plus épais et avec de grands espaces autour. Ces trois types d’îlots sont séparés par des axes d’infrastructures majeurs comme le Boulevard Berthier, l’Avenue de Clichy, la rue de Saussure ou encore l’Avenue Cardinet. Ils sont répartis par zones qui dialoguent avec les bâtiments voisins. Ainsi, les îlots ouverts sont placés dans la continuité des îlots fermés, et le Boulevard Berthier distingue nettement la partie sud du projet qui se compose essentiellement d’habitations de la partie nord essentiellement composée d’équipements. Notons aussi que dans la partie sud, la morphologie des îlots ouverts s’associe aux cônes d’ouverture de la vision pour permettre une ouverture progressive de l’espace depuis les quartiers haussmanniens jusqu’au parc. On a d’une part une modification de la forme des îlots lorsque le bâti est composé en diagonale pour laisser entrer le parc, et d’autre part une ouverture progressive des îlots par l’intermédiaire des cours intérieures qui établit un entre-deux entre les îlots fermés et le parc.
40
2 - La largeur des ĂŽlots
Ilots larges
41
Ilots haussmaniens
Lorsque l’on compare la taille des îlots, il apparaît nettement une différence entre deux types d’îlots : il y a ceux qui sont fins, c’est-à-dire le type d’îlots avec immeubles d’habitation possédant un faible espace de cœur d’îlot ou n’en possédant pas et il y a les îlots larges qui ont une grosse emprise au sol, larges parce qu’ils ont besoin de beaucoup de place autant en emprise bâtie qu’en espaces extérieurs. Ici encore, la place des infrastructures dans le paysage est déterminante. Les équipements ont été installés dans l’interstice établi par les boulevards passants : le Boulevard Périphérique et le Boulevard Berthier. Cette épaisseur due aux événements historiques est complexe à aménager, et permet d’y instaurer des équipements qui protègeront la partie sud des nuisances sonores causées par les axes majeurs. Cette épaisseur agit comme une couche de protection de la vie urbaine.
42
3 - La largeur des voies
Organisation diffuse
43
Organisation cĂ´nique Organisation stricte
Les types de voies sont à l’image des îlots. Ici aussi on peut voir une différence entre les rues des îlots haussmanniens, des îlots ouverts et des îlots d’équipements. Dans les îlots fermés, les rues sont parallèles et souvent perpendiculaires. Elles correspondent aux îlots habités avec une largeur régulière qui marque l’importance de l’ordonnance des voies, suivant un plan ancien qui valorisait la rigueur des îlots réguliers confrontés aux rues en étoile. Dans les îlots d’équipement, l’organisation est plus confuse lorsque les rues se dilatent et se desserrent au gré de la place dont l’équipement a besoin. Les grands monuments ont très souvent besoin d’espace au sol pour accueillir les visiteurs, pour offrir des espaces de pause ou encore des espaces de manœuvre pour les livraisons. Les îlots ouverts seraient alors un « compromis » entre des deux types d’espaces publics. Ces îlots reprennent la largeur des rues des îlots fermés, mais il prennent aussi une part de liberté des îlots d’équipement. En effet, à l’extérieur ils reprennent la largeur et la rigueur des îlots haussmannien quand ils créent des continuités. A l’intérieur, ils s’ouvrent pour laisser des espaces irréguliers, biais qui renvoient davantage aux espaces des équipements ou encore à la liberté des plans en étoile.
44
4 - Les hauteurs de bâti
De 20 à 25 m
De 25 à 30 m
De 30 à 40 m
Plus de 40 m
45
limite projet
Moins de 20 m
limite projet
hab/ha
Les hauteurs des bâtiments du contexte et du projet sont ici aussi réparties en trois zones : - Les îlots haussmanniens dont la hauteur des bâtiments est comprise entre 20 et 25 mètres. Ils confèrent au ciel parisien une homogénéité qui caractérise l’urbanisation parisienne. - Les îlots d’équipements qui sont très hétérogènes avec des bâtiments relativement bas – moins de 20 mètres – et d’autres qui s’en démarquent avec des hauteurs importantes – 35 mètres pour la DPRJ et 160 mètres pour le Palais de Justice. Le Palais de Justice doit son importante hauteur à son image d’emblème. Il se classe parmi les bâtiments les plus hauts de Paris, dans le but d’attirer les regards sur ce nouveau quartier décrit comme un « quartier exemplaire » par la mairie de Paris. - La transition entre ces deux types d’urbanisation se fait par les immeubles de la partie sud de la ZAC. Les îlots ouverts ont une hauteur régulière qui se situe entre 30 et 35 mètres. Ils conservent l’homogénéité des immeubles haussmanniens tout en voulant lui donner du relief à l’instar des immeubles de la partie nord. En regardant de plus près la coupe, on se rend compte que les bâtiments nouveaux (en gris) respectent l’altimétrie générale induite par les bâtiments existants (en blanc). Au vu du décalage architectural entre les anciens bâtiments haussmanniens du 19ème siècle et les nouveaux bâtiments contemporains, une affiliation en termes de hauteurs et de gabarits était indispensable pour s’intégrer dans le tissu existant.
46
5 - Les densités
Moins de 250 hab/ha
47
De 250 à 500 hab/ha
De 500 à 750 hab/ha
De 750 à 1000 hab/ha
Plus de 1000 hab/ha
Avant le début du projet, une étude avait été lancée par la mairie de Paris afin d’évaluer la densité des environs du périmètre de la ZAC. Densité de Paris : 209 hab/ha Densité du 17ème arrondissement : 287 hab/ha Au regard de ces résultats, la mairie de Paris a donc décidé de créer un parc pour décongestionner le 17ème arrondissement qui est l’arrondissement le plus dense de la capitale. L’Atelier Grether s’est alors appuyé sur ces données pour proposer un parc de 10 hectares qui permettrait aux quartiers denses de trouver un espace de respiration. La création de ce parc leur a permis de proposer un site qui avait une densité globale de 137 hab/ha. Concernant les bâtiments, l’agence a pris le parti de rester dans des densités qui ressemblent aux quartiers voisins. Le quartier se détache alors de la densité des immeubles de Clichy qui sont beaucoup moins denses au vu du niveau de vie de ses habitants et de la faible hauteur de ses habitations. L’avantage d’intégrer 50% de logements sociaux au sein de la ZAC est de pouvoir contrôler la densité de ces îlots. Le but d’avoir une densité homogène permet à ce quartier d’être accessibles à tous, et ainsi d’éviter d’accueillir une population réellement déconnectée de celle qui habite dans les quartiers voisins. Le but est toujours de favoriser une réelle connexion sociale.
48
Le travail des connexions spatiales est la réponse aux frontières spatiales qui existaient avant le projet. Les architectes utilisent ici des outils spatiaux qui permettent de reprendre certains codes du bâti environnant pour intégrer des bâtiments architecturalement très différents. L’objectif de François Grether est d’intégrer son projet dans le temps. C’est ce qu’il appelle la « ville sur mesure ».
« Quelles qu’en soient les formes, je vois toujours mon travail sur les transformations urbaines comme une même aventure persévérante, celle d’une démarche constamment renouvelée, reconstruite selon les enjeux, en fonction des différentes dimensions territoriales et temporelles impliquées. » (7)
49
(7) La ville sur mesure : François Grether Grand Prix de l’urbanisme 2012, hommage à Marcel Roncayolo - Ariella Masboungi, Olivia Barbet-Massin – Editions Parenthèses, Marseille - 2012 - p.16
III - Les activites Les interets qui amenent la vie au quartier
50
1 - Les transports en commun Arbres existants
Arbres de restauration de l'existant
Arbres de connexion du nouveau avec l'existant
Arbres d'agrément du parc
M 14 B B B B 173 74 54 138 T3
RER C
M M 14 13
B B 74 54
B B 74 54 B B 66 31 T3
M 14 B B 66 31 M 14 G
51
B
Arrêts de bus
M
Stations de métro
T
Arrêts de tramway
G
Gare du Transilien
RER
Station de RER (Réseau Express Régional)
M 13
Au-delà des facultés de connexion conçues par les outils classiques de l’architecte – les rues, les parcs, les alignements, les hauteurs, les connexions -, un quartier ne peut véritablement fonctionner que s’il est actif et s’il possède des atouts qui permettent de fédérer en son centre des quartiers qui s’ignorent depuis des décennies. L’Atelier Grether a donc pris en compte une part importante à la réussite d’un projet urbain : l’activité qu’il génère.
Les transports en commun sont très importants pour un quartier urbain. Ils permettent à tout un pan de ville de pouvoir se déplacer librement dans le reste de la ville. Les transports en commun sont ici importants tant par leur nombre que par leur diversité. Ils forment un vrai atout pour permettre le déplacement des habitants du quartier et pour attirer les habitants des quartiers voisins dans le quartier Clichy-Batignolles. L’offre de transports en commun est large puisqu’elle s’étend à plusieurs échelles, de la plus petite (bus, tramway), à l’échelle moyenne (métro) jusqu’à la grande échelle (RER, Transilien). Ces différentes échelles permettent alors aux habitants d’avoir un accès facile aux quartiers voisins comme au reste de la ville ou encore aux villes voisines. Le pôle multimodal de la porte de Clichy renforce la place majeure que ce quartier veut avoir dans Paris. Il permet l’accès au Palais de justice et à la DRPJ qui accueillent beaucoup de monde et génèrent beaucoup de déplacements. De plus, la gare joue le rôle d’élément pivot entre les deux parties de la ZAC et entre les deux quartiers de part-et-d’autre de la voie ferrée. Au même titre que les passerelles, la gare permet d’établir une connexion entre les quartiers est et ouest. Les transports en commun permettent donc de rendre ce quartier attractif à deux échelles : ils permettent aux personnes qui y vivent de facilement se déplacer, et ils permettent aux habitants des autres quartiers de pouvoir facilement s’y rendre pour profiter des activités et commerces que le site propose.
52
2 - Les commerces et activités
Cônes de vision qui s'élargissent vers le parc
Gymnase
Lycée - Collège Palais de Justice
Hôtel
Direction Régionale de la Police Judiciaire
Odéon Théâtre de l'Europe
Décors de l'Opéra Groupe scolaire
Pôle culture et loisirs
Hôtel
Groupe scolaire Ecole maternelle Crèche
Crèche Groupe scolaire Gymnase
Crèche Collège Gymnase Garderie Pôle commercial inter-quartiers
Bureaux
53
Equipements
Commerces
Le projet de la ZAC Clichy-Batignolles a été pensé comme un site attractif pour faire vivre le quartier. L’implantation de bureaux, d’équipements et de commerces sont les outils utilisés par l’Atelier Grether pour penser l’utilisation du quartier. D’une part, les équipements et bureaux placés au nord de la ZAC sectorisent ce secteur comme une zone d’activité. Le Palais de Justice et DRPJ (Direction Régionale de la Police Judiciaire) apportent beaucoup de travailleurs qui peuvent habiter le quartier et/ou venir s’y restaurer. Ils génèrent de l’activité pour les hôtels qui attirent une population venant de tout Paris. Dans la partie sud, les bureaux et commerces sont eux aussi sectorisés dans une rue qui longe la voie ferrée. Le but était ici de réaliser une rue commerçante qui conduit jusqu’à la passerelle qui mène à la zone d’activité au nord. Un autre choix a été fait pour attirer un public extérieur : il s’agit de diversifier les programmes. Le quartier se pare alors de commerces, d’un centre commercial inter-quartier et d’établissements culturels de centres scolaires / garde d’enfants. Les activités liées à l’enfance sont d’ailleurs très nombreuses, elle viennent combler un manque dans le quartier pour faciliter la vie des habitants qui habitent à proximité de la ZAC. Les commerces et activités de la ZAC sont donc importants à la fois pour favoriser l’attractivité économique du quartier, mais aussi pour combler les manques et ainsi favoriser la vie du quartier dans ses besoins de proximité.
54
Routes de continuité nouvelles
Voies piétonnes de continuité nouvelles
Plans d'eau de continuité nouveaux
3 - Activités et transports en commun Routes existantes bases de la continuité
M 14 B B B B 173 74 54 138 T3
RER C
M M 14 13
B B 74 54
B B 74 54 B B 66 31 T3
M 14 B B 66 31 M 14 G
B
Arrêts de bus
M
Stations de métro
T
Arrêts de tramway
G
Gare du Transilien
Bureaux
55
Equipements
RER
Station de RER (Réseau Express Régional)
Commerces
M 13
Il paraît important d’associer les activités et commerces avec les réseaux de transports en commun, puisque les deux ont été pensés ensemble. C’est l’union des deux éléments qui donne de la cohérence au tout. Dans la partie sud par exemple, les bureaux et commerces sont placés en bordure du faisceau Saint-Lazare, à proximité des passerelles. La combinaison de ces deux types d’activités apporte des flux importants de personnes autour de la voie ferrée. Elle correspond au leitmotiv du projet : créer un lieu de rassemblement là où les infrastructures séparent. Cette rue est aussi facile d’accès de par les stations de métro et de bus qui sont situées à l’extrémité sud de la rue commerçante. Le pôle actif de la zone nord a, lui aussi, été placé à proximité du pôle multimodal de la Porte de Clichy dans le but de générer une très bonne desserte de ces lieux où travaillent beaucoup de monde. La Porte de Clichy est d’ailleurs l’espace le mieux desservi du quartier puisque beaucoup de lignes y passent et qu’elle est connectée au reste de la ville. Les logements, enfin, sont surtout bien desservis par les lignes de bus qui circulent le long de la partie sud et est du quartier. Cependant, les deux stations de métro sont situées à proximité, en complétant la desserte des bus. Chaque programme est associé à une échelle de transports, qu engendre une organisation distillée en fonction des besoins de chacun.
56
Bureaux
4 - Le système de parcs
57
Equipements
Commerces
Le parc Martin Luther-King est lui aussi un symbole de réunification du quartier. Il est l’élément central du projet, il vient apporter un espace de détente dans le quartier le plus dense de Paris et il se connecte avec les autres parcs situés à proximité. Dans son tracé, le parc se veut ré-unificateur des quartiers voisins dans son axe majeur nord-sud qui relie le square des Batignolles (au sud) avec Clichy (au nord), c’est-à-dire les quartiers qui se trouvent en-dehors de Paris. Ce tracé reprend la route de campagne que l’on retrouve sur les plans de l’Etat-Major à la différence près que l’ancien tracé partait de la gare. François Grether l’a donc légèrement détourné pour qu’il puisse inclure le square qui est devenu, de fait, une partie intégrante du projet. L’une des « branches » du parc qui vont chercher les connexions avec les rues voisines va ici chercher le square Ernest-Gouin (à l’est) qui était déjà mis en valeur par le bâti qui compose une allée devant l’entrée. Les cimetières situés à Clichy et au nord-est de la ZAC participent à l’effet satellitaire d’un ensemble d’espaces végétalisés qui apportent une meilleure qualité de vie aux habitants du quartier. La liaison du parc Martin Luther King avec les autres espaces verts à proximité permet de donner plus d’ampleur à l’ensemble des parcs. Le parc de Clichy-Batignolles arrive donc à s’associer à l’existant pour s’étendre encore un peu plus dans le quartier.
58
B
Arrêts de bus
M
Stations de métro
T
Arrêts de tramway
G
Gare du Transilien
5 - Les usages du parc Bureaux
RER
Station de RER (Réseau Express Régional)
Equipements
Commerces
Parcours sportifs Jeux pour les petits Jeux pour les moyens Terrain de pétanque Plage verte Jardins partagés
Bassin biotope Place des jets
Jardins partagés Jeux pour les moyens
Skate parc Jeux pour les petits Terrain de foot
Plan d'eau
Coteaux Terrasse plantée
Halle ancienne remontée dans le parc Terrain de basket
59
Au-delà de se connecter avec les squares à proximité, le parc Martin Luther King propose aussi des activités pour tous publics afin d’attirer les populations. Différentes activités sont réparties dans chaque coin du parc. - Les terrains de jeux, ou encore la place avec des jets d’eau permet d’apporter un aspect ludique au parc. - Le skate parc, les terrains de sport ou le parcours sportif permettent de multiplier les activités sportives. - Les bassins, les jardins partagés qui apportent des connaissances aux usager du parc. C’est cette diversité de programme qui fait que le parc a été conçu pour attirer le plus de monde possible dans le plus d’endroits possibles. De plus, certaines activités liées à l’eau - places de jets, plage verte - rappellent l’initiative Paris plage qui réunit chaque année les parisiens au bord de la Seine. Ces activités sont destinées à réunir les habitants en période estivale. Le reste de l’année, les usagers peuvent aussi voir le parc changer puisque Jacqueline Osty a intégré les variations de saisons dans le choix des espèces pour que le parc ait toujours un aspect nouveau. C’est aussi une façon d’impulser une fréquentation tout au long de l’année. Le fait d’attirer les habitants en fait un parc qui cherche à connecter les gens. C’est le point de rencontre des quartiers. Les rencontres sont plus faciles lorsque le parc invite les gens à réaliser des choses ensemble.
60
Les commerces et activités sont un moyen pour François Grether de rendre ce quartier attractif et intéressant pour tous types de populations. Les activités permettent à la fois de faire vivre le quartier pour lui assurer une rentabilité économique, mais aussi pour lui assurer une mixité sociale qui permet d’établir les connexions entre les personnes.
61
Conclusion
62
Depuis longtemps déjà, le site du projet de la ZAC Clichy-Batignolles est encerclé de réseaux importants. L’histoire a accentué ces réseaux pour les transformer en frontières de par l’installation de la voie ferrée, de l’avenue rejoignant Paris à Clichy, puis par les remparts et le Boulevard Périphérique qui ont successivement fait de ce terrain un espace enclavé. L’implantation des hangars de la SNCF n’a alors fait que conforter cette situation de no man’s land. Lorsque le projet de ZAC a été lancé par la mairie de Paris, François Grether y a vu une opportunité d’inverser les codes pour créer un lieu de connexion sur le site qui avait séparé quatre quartiers pendant de nombreuses années. Pour réaliser cette opération, l’Atelier Grether a mis en place des outils répondant précisément à chaque problème posé. Lorsque les axes majeurs qui entourent le périmètre de la ZAC créent de véritables frontières linéaires, le projet répond positivement en multipliant les chemins perpendiculaires qui relient les quartiers entre eux. Il donne l’opportunité aux habitants de pouvoir enfin traverser la voie ferrée qui a séparé les quartiers pour donner accès à des espaces attractifs là où l’espace était clôturé et inutilisable par les habitants. Le parc, les logements, les commerces, les activités et les équipements redonnent de la vie à cet espace, ils sont accessibles au plus grand nombre pour que les gens puissent se retrouver dans cet espace que personne ne pouvait utiliser. L’intégration est aussi un élément important dans la tentative de réunification des secteurs voisins. Grâce à sa compréhension de l’histoire et du potentiel de ce site, F. Grether a réussi à implanter un quartier qui tranche avec l’existant mais qui s’intègre au reste parce qu’il reprend les codes des éléments existants pour les adapter ou les réinventer. En ce sens, François Grether se sert de ses connaissances du passé du site et des éléments existants pour proposer sa vision du Paris actuel et pour s’adapter aux évolutions futures.
64
Bibliographie
66
REVUES - AMC n°201 – « La vitrine du Paris Durable » - Novembre 2010 p.13-15 article de Gilles Davoine - Paris Projet n°36-37 – « Renouvellement urbain et jeux olympiques » - Septembre 2005 Atelier parisien d’urbanisme (Apur) – Paris - Paris Projet n°34-35 – « Paris 2020, éléments pour un plan d’aménagement et de développement durable » Apur – Octobre 2003 – Paris - Traits Urbains n°46 – « Eco-quartier Clichy-Batignolles : la nuit évolutive » - Avril/Mai 2011 Karine Grollier – Paris LIVRES - La ville sur mesure : François Grether Grand Prix de l’urbanisme 2012, hommage à Marcel Roncayolo -Ariella Masboungi, Olivia Barbet-Massin – Editions Parenthèses, Marseille, 2012 SITES WEB - clichybatignolles.fr Brochures utilisées : « Le parc Martin Luther King » éditée par la Mairie de Paris – 13/05/14 «Clichy-Batignolles-dossier initial» – éditée par la Mairie de Paris – Août 2009 «L’Atelier de conception de Clichy-Batignolles» - éditée par la Mairie de Paris - Septembre 2013 «Plan du projet» - éditée par la Mairie de Paris - Juin 2015 «Eco-quartier responsable» - éditée par la Mairie de Paris - Octobre 2015 «Transports et mobilité - éditée par la Mairie de Paris - Octobre 2015 - YouTube clichybatignolles
68