Bony Julien
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Nosce te ipsum Connais-toi toi-mĂŞme
Qui suis-je ? Je suis un simple oignon, un vulgaire épiderme. A la manière du projet architectural, je nais loin de la lumière céleste. Je suis cellules, matière. Et Je suis d’abord graine. Graine de génie, graine d’idée, je ne pousse et ne grandis que par l’énergie que l’on me donne. Or tu voudrais me fendre, me cisailler, me fractionner, toi, qui ne te connais même pas toi-même ? Qui es-tu pour vouloir me taillader ainsi ? Le sais-tu seulement ? Je te l’affirme, tu ne me toucheras pas. De quel droit pourrais-tu m’instrumentaliser, moi, ta mère nature? Démurge, tu voudrais pouvoir me rationaliser, m’amputer. Tu penses que par le simple fait de me fendre, tu pourras imposer ton ordre subjectif dans la nature. Laisser une trace, en somme. T’immortaliser. Regarde plutôt ce que j’ai à t’apprendre.
Qui es-tu ? Observe cette vrille. Un simple outil, de la matière. Prends-là. C’est un travail très personnel que je te propose. Un travail sur toimême. A la fois thérapeutique et émancipateur, lui seul te permettra de te connaître. Comment pourrais-tu prétendre rationnaliser le monde si tu ne sais pas même qui tu es ? Quelle est ton essence ? Laisse-moi te le dire. Je te donne l’outil et la matière pour te comprendre.
Cet outil, c’est moi. Tout est métaphore. Comme lui, je me distingue du simple ustensile par la valeur que tu me donnes. Regarde-moi. Je ne suis pas n’importe qui. J’ai une valeur, en-soi. Je suis art.
Ose te connaître toi-même Observe mes couches. Délecte-toi de ma couleur cristalline, de ma transparence. Elle est blanche, car elle comporte toutes les couleurs, comme je comporte tous les êtres. Creuse ces couches. Tu es le seul à pouvoir le faire. Au niveau de la première, la plus facile à enlever, tu découvriras les apparences que tu donnes au monde. Au niveau de la seconde, plus profonde, les images que tu te fais du monde. Si tu creuses encore, muni de cette vrille, tu toucheras ta sensibilité. Enfin tu parviendras à l’essence de ton être. Cette vrille te fait peur, elle t’angoisse, te tiraille ? Elle est à l’image du travail, parfois douloureux, que tu te dois à toi-même. Elle est l’outil qui te permettra de te connaître.
Je te l’avais bien dit, tu ne devais pas me toucher. Ne détériore pas ma sphère parfaite. Ainsi, après toi, des milliers d’autres pourront apprendre à se connaître, à intérioriser, à plonger au plus profond de leur âme. Je suis un simple oignon. Je suis l’âme de l’humanité.