DPLG Landscape Architect / Graduate Work / Julien Desagre/ Rediscover the "Marque"

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Entre rivière et canal, Retrouver la Marque. La reconversion de la «Branche de Croix», au coeur de la métropole Lilloise.

Julien DESAGRE - TPFE 2016 - ENSAP Lille

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Entre rivière et canal, Retrouver la Marque. La reconversion de la «Branche de Croix», au coeur de la métropole Lilloise.

Julien DESAGRE - TPFE 2016 - ENSAP Lille Soutenance le 5 juillet 2016 Domaine territoire // Directeurs d’étude : Annie Tardivon et Philippe Thomas

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Couverture : La Branche de Croix : Photo personelle du 25/11/2015

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Remerciements Je tiens à remercier ici toutes les personnes qui ont cru en moi depuis mon entrée à l’ENSAPL. En premier lieu j’ai un immense remerciement à adresser à Joëlle et Philippe. Merci à vous deux qui avez toujours été présents, en toutes circonstances, toutes heures et tous lieux. Merci pour votre soutien infaillible !! Je tiens à remercier également Thomas, Laurène et Lucie pour leur écoute et tous ces moments partagés. MERCI ! Merci à Fabien et Thibaut «Dylan» R qui, même à distance ont toujours répondus présents ! Pour ce Travail Personnel de Fin d’étude, je tiens à remercier Annie Tardivon et Philippe Thomas pour leur suivis et conseils avisés tout au long de l’année. Merci à l’équipe du service risque de la DDTM du nord sans qui je ne me serait pas tourné vers la Marque ! Et merci aux petites mains ! Je tiens enfin à remercier les promotions paysagistes 2011-2015 et 2012 -2016 de l’ENSAPL sans qui toutes ces années partagées ne garderaient pas la même saveur.

Clara, Merci pour tout !

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Tourcoing

Roubaix

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Communes du Bassin versant de la Marque. Source : Carte IGN Scan 25 et DDTM 59 N

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Préambule L'eau et la ville semble être intimement liés. A la fois source de développement et attirante, l'eau peut aussi se révéler dangereuse. Alors on s'en protège. C'est la raison pour laquelle j'ai effectué un stage au sein de la DDTM du Nord, au service Risques. En tant que paysagiste, j'aime penser que le risque peut en réalité être une force pour le projet de paysage. J'ai pu travailler à l'élaboration des Stratégies Locales de Gestion du Risque Inondation (SLGRI), application locale des objectifs de la Directive Inondation. Ces stratégies s'établissent sur des Territoires à Risque important d'Inondation (TRI). La stratégie Locale du Territoire Lillois se concentre sur la Marque, la Deûle et une partie de la Lys. J'y ai redécouvert la Marque et son territoire à larges zones inondables et aux paysages variés.

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Sommaire Introduction p.12 Partie 1: L’eau pour la ville: de l’utile à l’agréable. p.15 1. L’eau au coeur du développement urbain. p.17

1.1. La ville médiévale, l’eau vive. 1.2. La ville de l’ancien régime, l’eau stagnante. 1.3. La ville hygiéniste et industrielle, l’eau souterraine et contrôlée.

2. Les cours d’eau au 21ième siècle : vers de nouveaux enjeux. p.19

2.1. Prise de conscience environnementale. 2.2. Les opportunités résultant du déclin industriel : de nouveaux enjeux.

Partie 2 : La vallée de la Marque : territoire aux enjeux croisés. p. 22 1. Comprendre le territoire de la Marque. p.25

1.1. Une position centrale métropolitaine. 1.2. Inscrite dans un réseau hydrographique plus vaste. 1.3. Le socle : à l’origine de paysages riches. 1.4. Une rivière aux deux visages. 1.5. La Marque, un territoire à risque. 1.6. De la source à l’embouchure.

2. Un atout pour la métropole ? p.41

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2.1. La Marque défensive. 2.2. La Marque de l’ancien régime : autour des marais. 2.3. La Marque textile et l’essor de Roubaix et de Tourcoing. 2.4. La canalisation de la Marque. 2.5. L’eau industrielle et polluée. 2.6. La désindustrialisation : le bouleversement d’un territoire. 2.7. Une opportunité pour renouveler la ville ?


3. Continuités biologiques et pressions d’usages. p.57

3.1. La Marque face à la périurbanisation. 3.2. Enjeux paysagers métropolitains. 3.3. Une rivière de plus en plus contrainte. Conclusion partielle.

Partie 3 : Entre rivière et canal : la Branche de Croix. p.75 1. Les effest de l’industrialisation. p.77

1.1. Ville mosaïque bien desservie. 1.2. Le secteur d’étude. 1.3. Ville patchwork. 1.4. Trois structures de l’eau. 1.5. Quand la ville tourne le dos à la Marque. 1.6. Large présence industrielle complexifiant le rapport à la ville et à la vallée de la Marque. 1.7. Espaces publics peu connectés entre-eux. 1.8. Cours d’eau contraints. 1.9. Terrains pollués. 1.10. Peu d’équipements culturels.

2. Déprise industrielle pour d’autres dynamiques. p.99

2.1. Envisager la mutation de l’activité industrielle. 2.2. Un enfrichement généralisé. 2.3. Ruptures urbaines fortes entre habitat et industries.

Partie 4 : les enjeux de la reconversion. p.111 Rappel des enjeux. p.118

1. «Franchir les remparts et regagner la Marque». 2. Valoriser la Marque. 3. La friche, support écologique et récréatif.

Schéma d’intentions générales. p.129 Conclusion p.131 Bibliographie p. 133 Annexes p.134 11


Introduction Dans le contexte urbain d’une métropole à l’échelle européenne qu’est la Métropole lilloise MEL , les cours d’eau qui la traversent ou la bordent ont subi de fortes pressions urbaines et industrielles. Ce Travail Personnel de Fin d’Etude s’intéresse à la Marque, rivière de 37 km traversant la métropole et l’agglomération lilloise en son centre. C’est une rivière évoluant au rythme de la topographie et des sols. Accélérant sur les butes d’argiles de la Pévèle et dérivant vers Lille grâce à celles du Ferrain, la Marque traverse aussi les paysages crayeux du Mélantois, célèbres pour la bataille de Bouvines. Au pied de chaque colline, la Marque s’étale, laissant place à de vastes zones humides, riches pour leur diversité biologique. Aujourd’hui les zones humides de la Marque sont devenues de grands parcs gérés par la MEL : Le Parc du Héron et les Marais de Fretin. Tout comme la Deûle et la Lys, la Marque a attiré l’industrie grâce à sa canalisation en 1830 et la création du Canal de Roubaix à la fin du même siècle, permettant de relier la Deûle à l’Escaut puis aux villes et ports d’Europe du Nord. La Métropole lilloise semble donc s’être développée grâce à l’eau. Mais en lui tournant le dos : larges parcellaires, infrastructures enclavantes, pollutions… Du tracé du Canal de Roubaix, il y a eu une première ébauche dont il résulte aujourd’hui le Parc Barbieux à Roubaix et la Branche de Croix, bras canalisé mort entre Croix, Wasquehal, et Villeneuve d’Ascq. Ce dernier secteur a connu une forte industrialisation car il est situé à l’embranchement du Canal de Roubaix et à proximité d’une Gare. Mais ce qui fait la particularité et la singularité de ce secteur est qu’il situé à la confluence de la Marque « rivière » et de la Marque « canalisée ». Après les 30 glorieuses, l’industrie métropolitaine décline, laissant de nombreux terrains à l’abandon. Ils sont une grande opportunité foncière pour la métropole qui envisage de restructurer le rapport de la ville à l’eau. Les dynamiques biologiques et la richesse paysagère que porte la Marque depuis sa source à Mons-en-Pévèle s’essoufflent alors dans un tissu urbain ou les bâtiments ont leurs fondations dans l’eau.

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Ce diplôme ambitionne donc de questionner la place de la Marque dans la Métropole lilloise et d’envisager son évolution. Après avoir rappelé le rapport intime entre l’eau et le développement urbain, je m’attarderais sur la place particulière qu’occupe la Marque dans la Métropole puis sur les enjeux que porte la reconversion de ses abords à hauteur du secteur de la Branche de Croix, quand la rivière devient canal. Quel devenir pour les terrains industriels de bords d’eau métropolitains ? Quels enjeux représentent-ils pour la métropole ? Et pour le développement futur des communes qui la bordent ? La Marque a longtemps été contrainte, il est temps de penser à lui redonner de la place et à redécouvrir sa vallée. S’appuyant sur la création d’un projet urbain mêlant espaces publics métropolitains, espaces de proximités, et urbanisation mixte, le tout sur une surface d’environ 60ha, le projet ambitionne de faire de la Branche de Croix un exemple de reconversion urbaine post-industrielle tournée vers l’eau et rayonnant à l’échelle métropolitaine. . :

- Redynamiser le secteur de la Branche de Croix en diversifiant les usages et pratiques - Mettre en valeur la vallée de la Marque, la désenclaver. - Faire de la Marque un centre urbain, retourner les centres villes vers la marque. - Renouer le dialogue entre la ville et les espaces de nature portés par la Marque .

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Camille Pissarro Le Pont Boieldieu Ă Rouen, soleil couchant, temps brumeux, 1896, Huile sur toile.

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Partie 1 :

L’eau pour la ville: de l’utile à l’agréable. Paris, Marseille, Lyon, Lille, Strasbourg.... Ces métropoles ont été créées puis agrandies d’abord près de l’eau, en y développant souvent une relation intime, parfois conflictuelle avec elle. Avant les routes, la rivière ou le fleuve, tous deux des cours d’eau linéaires, sont les premières relations que la ville entretient avec son territoire. Ceci me paraît d’autant plus vrai pour un territoire où le relief est quasiment absent. Cette partie nous amène à nous interroger sur la manière dont l’eau a influencé l’installation des villes et comment la ville s’en est servie pour se développer. L’eau n’est plus perçue ni utilisée de la même manière qu’hier. Quels sont aujourd’hui les enjeux de l’eau pour nos villes ?

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1. L’eau au coeur du développement urbain Pendant des siècles l’eau a été au cœur du développement des villes. Principalement pour la défense ou le transport fluvial selon les époques. André Guillerme, ingénieur et historien né en 1945, identifie ces différents temps de l’eau en ville en 19833. Gérard Lenclud, anthropologue, directeur de recherche honoraire au CNRS et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale, en a réalisé une note critique 4 sur laquelle je me suis appuyé. On peut distinguer 3 grandes époques pendant lesquelles l’eau a eu un impact fort sur l’évolution de nos villes : La ville médiévale du Xème/ XIIème siècle, la ville de l’Ancien Régime jusqu’au XVIIIème siècle et la ville industrielle, puis moderne. Chacune des époques se succédant a apporté de nouveaux ouvrages qui, s’accumulant, ont façonné nos territoires.

1.1.1 La ville Médiévale: l’eau Vive : Durant la période du Xème au XIIème siècle, la cité médiévale restera la ville de l’eau vive. Les villes s’installent dans des lieux faciles à protéger et l’eau joue un rôle défensif important. Les fossés défensifs se multiplient donc. La ville protégée se développe. La présence de marais est alors stratégique. En dehors de la ville, le cours d’eau est restructuré pour répondre aux logiques d’exploitations agricoles. Une économie se développe grâce à l’eau courante, des métiers apparaissent en l’utilisant comme force : Ainsi des meuneries, des tanneries, des teintureries et draperies, nécessitant l’eau pour fonctionner. « Toute eau est bonne à prendre pourvu qu’elle coule ». (G. Lenclud, p.154). Les marécages sont asséchés. Le transport fluvial s’intensifie dans les cours d’eau les plus larges. Ceux plus importants sont équipés de ports, de quais et de chenaux de navigation, …). La société médiévale développe une politique visant à contrer l’apparition ou la propagation des maladies. Ainsi, les pollutions artisanales sont contrôlées et le rejet des eaux domestiques est réglementé.

3.André Guillerme, Les temps de l’eau; la cité, l’eau et les techniques, Ed. CHAMP VALLON, collection Milieux, Mâcon, 1983 4. Article : L’eau dans la cité. Techniques et milieu symbolique, [A. Guillerme, Les temps de l’eau. La cité, l’eau et les techniques.

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Nord de la France, fin IIIe-début XIXe siècle.], dans la revue études rurales année 1984, vol. 93, numéro 1, p.151-161. Numéro thématique sur l’eau.


1.1.2. la ville de l’ancien régime, L’eau stagnante. A partir de la Guerre de 100 ans, la ville de l’ancien régime marque un changement dans son rapport à l’eau. La ville de l’ancien régime est celle de l’eau morte. La logique militaire impose l’agrandissement démesuré des fossés de ceinture des villes, freinant en conséquence la cinétique de rivières. Les eaux urbaines stagnent. La ville quitte les marais et se replie derrière ses lignes de défenses, délaissant les faubourgs. A la limite des villes se forme un «No man’s land» humide, constituant une véritable barrière écologique entre ville et campagne et dans laquelle apparaîtront des épidémies. La société se sert alors de cette présence en eau pour développer l’industrie tôlière, les techniques textiles, la transformation des peaux, et la fabrication du papier. Le niveau de pollution croit fortement et les rivières s’asphyxient.

1.1.3. la ville hygiéniste et industrielle, L’eau Souterraine et contrôlée. A la fin du XVIIIème, la ville industrielle rejette la stagnation et la décomposition. C’est l’époque de l’hygiénisme. Les cours d’eau sont enterrés pour lutter contre leurs nuisances en ville et les pollutions qu’elles provoquaient. La Science s’y intéresse pour ses qualités physiques. « L’eau bouge, porte, freine, actionne » (G. Lenclud, p.156). La manufacture, structure propre est préférée à l’artisanat, sale et polluant. Dans les années 1830, l’hydraulique est de plus en plus étudiée pour le secteur des transports. L’eau doit être maîtrisée et en même temps, permettre de développer l’économie capitaliste. « On applique même à sa mesure l’une des expressions clé du capitalisme : débit » (A. Guillerme, p. 229). En ville, le réseau hydrographique n’est plus productif, vivrier, ou militaire mais devient industriel. Des canaux sont tracés pour le transport fluvial, accompagnés d’écluses, barrages et autres systèmes de contrôle. L’eau comme système de transport a permis à l’industrie, qui en a également besoin pour fonctionner, de se développer d’avantage et un habitat ouvrier dense s’est développé à proximité des usines, maintenant les employés à proximité. A. Guillerme a décellé une forte relation entre les idées de l’Homme d’une époque et la façon d’appréhender la problématique de l’eau. Au Moyen âge, il est attiré par tout ce qui est vif tandis qu’à l’époque de l’Ancien Régime, l’Homme reste obsédé par l’image de la chair et de la décomposition. La manière dont une société envisage ses cours d’eau est donc tributaire de son contexte culturel.

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1. Nauffrage de l’Amoco Cadiz. 1978. Source : Site internet Le monde, http://www.lemonde.fr/planete/ article/2012/10/17/ comment-les-mareesnoires-ont-fait-evoluer-la-surete-enmer_1776277_3244.htmlv 2. Oiseau mazouté suite au naufrage de l’Erika, en 1999. http://fr.euronews.com/

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3. Le réchauffement Climatique. Au dela de la catastrophe écologique ,la fonte des glaces entrainera un élévation du niveau des mers et oblige à repenser notre manière d’habiter. Source : leldorado.info


2. Les cours d’eau au 21ème siècle : vers de nouveaux enjeux. 1.2.1. Prise de conscience environnementale. Au début des années 1970, le modèle de société industrielle en usage est remis en question. Après les 30 glorieuses, en 1970, le rapport du Club de Rome alerte sur l’épuisement des ressources de matières premières par l’industrie (rapport Meadows « Halte à la Croissance»). Dans le même temps, le programme des Nations Unies pour l’environnement est créé et envisage les actions à mettre en œuvre pour assurer la protection de l’environnement naturel. Par la suite, plusieurs catastrophes environnementales telles les nombreuses marées noires ou encore la catastrophe de Tchernobyl en 1986 entraîneront une nécessaire prise de conscience de l’intérêt pour le respect de l’environnement. Ces événements rappellent à nos sociétés qu’elles sont vulnérables au risque industriel. Depuis la fin des années 1980 la prise de conscience du réchauffement climatique est apparue. Elle est aujourd’hui une certitude. En 1992, le sommet de la Terre de Rio fixe deux conventions cadres en matière d’environnement. Une première sur les changements climatiques pour limiter les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation d’origine humaine sur le système climatique ; et une seconde sur le maintien de la diversité biologique, reconnu comme une préoccupation commune à l’humanité. En 1997, le protocole de Kyoto engage les pays industrialisés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5,2% en moyenne par rapport au niveau de 1990 et d’ici 2012.. Aujourd’hui, il est admis que le réchauffement climatique sera au minimum de +2°C d’ici 2100. Cela entraînera, en France, de plus forts contrastes des précipitations saisonnières, avec d’avantage de pluies hivernales et une légère baisse des pluies estivales. La sécheresse sera donc plus forte en été. En hiver les cours d’eau se chargeront d’avantage, les écosystèmes seront bouleversés et le risque d’inondation sera multiplié en zone urbaine où la surface imperméabilisée ne cesse de progresser.

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Les quais de Bordeaux en 1900 et aujourd’hui. 1. Carte postale ancienne éditée par Phototypie Marcel Delbo. 2. Vue de quais de Bordeaux aujourd’hui. http://www.frys.fr/album-photos/belles-photos/projet-en-cours/frysassocies-fiches-references-a4-paysage-urba-09-2015-page-04.html


1.2.2. Les opportunités résultant du déclin industriel : de nouveaux enjeux. Dans le même temps, la logique industrielle a évolué et se restructure autour des axes de transport routiers forts. Les usines qui ont fait la gloire des villes des XIXème et XXème siècles ferment peu à peu, libérant du foncier en bord des cours d’eau. Dans ces deux dynamiques, les cours d’eau et leur emprise agro-industrielle libérée deviennent des territoires d’action pour les acteurs de la ville. Une nouvelle conquête est lancée : leur renaturation et l’investissement de leurs abords La ville industrielle avait écarté le cours d’eau de la dynamique urbaine, le considérant uniquement pour son intérêt économique. Le cours d’eau du 21ème siècle doit permettre de développer un cadre de vie de meilleure qualité pour les citoyens. Il devient de fait fédérateur. Depuis quelques années des projets de renaturation et de protection des cours d’eau apparaissent. Cependant, pour S. Dournel, docteur en géographie, aménagement, environnement à l’université d’Orléan 3, la requalification d’un cours d’eau ne doit pas uniquement considérer les aspects écologiques et naturels au risque de mener à une uniformisation des territoires. Ayant longtemps servis à l’industrialisation et ayant pendant longtemps été oubliés, les cours d’eaux et milieux humides urbains sont souvent situés entre deux tissus urbains non connectés entre eux alors même qu’ils sont porteurs d’un potentiel important de « couture urbaine » pour tenter de retrouver des échanges urbains. Il s’agit alors de conforter certains usages, d’en renforcer d’autres et d’en créer de nouveaux par le biais de programmes mixtes. La requalification d’un cours d’eau porte donc plusieurs enjeux urbains : - la démocratisation de l’accès à l’eau et la stimulation de nouveaux usages par la restauration de loisirs de plein air. - la maitrise des déplacements urbains par la mise en réseau des lieux d’eau ou le renforcement des continuités spatiales. - l’amélioration de la gestion du risque inondation pour limiter les impacts sur les milieux et améliorer l’efficacité des stations d’épuration. - la reconnaissance du patrimoine écologique et culturel des milieux d’eau: les Aires de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) peuvent être de bons outils réglementaires. 3. Conférence donnée à l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois (ENSNP) le 25 septembre 2013,

https://www.canal-u.tv/video/ecole_nationale_superieure_de_la_nature_et_du_paysage/requalifier_les_

milieux_fluviaux_et_humides.13341

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Ennevelin.

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Partie 2 :

La vallée de la Marque : territoire aux enjeux croisés. La Marque est une rivière changeante, parfois son parcours rapide s’étale dans de larges zones humides, créant une diversité de paysages. Comment ensuite a-t-elle contribué au développement métropolitain ? Comment de son rôle défensif, la rivière a ensuite joué un rôle économique alors qu’aujourd’hui on lui attribuerait des fonctions écologiques et sociales, de loisir. Avant d’en arriver au cœur de l’agglomération lilloise, il faut comprendre ce que la Marque traverse depuis Fons-en-Pévèles, à seulement 16 km de Lille. Comprendre la Marque, sa vallée, son évolution et enjeux. Cette partie s’articule en trois grand points à savoir la présentation du Bassin versant de la Marque, l’évolution de la vallée face au développement urbain de l’agglomération Lilloise, et enfin les dynamiques naturelles et de loisirs portées par la rivière.

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2.1. comprendre le territoire de la Marque 2.1.1 . Une position centrale Métropolitaine L’agglomération lilloise est une agglomération intense. Elle occupe une position centrale du «nord-Europe», à moins de 2h en train des plus grandes capitales européennes : Londres, Paris et Bruxelles. Au cœur de la Métropole lilloise, la Marque est une rivière de 37 km qui traverse 23 communes entre Mons-en-Pévèle et Marquette -les-Lille. Elle traverse la Métropole entre Lille et Roubaix/Tourcoing. Son bassin versant s’étend sur 227 km² et traverse 2 communautés de communes : - La Communauté de Commune Pévèle Carembault (CCPC) : entre Mons en Pévèle et Fretin.

Lille au coeur de l’Europe. Temps de trajet en train. Source : document personnel.

- La Métropole Européenne de Lille (MEL) : entre Fretin et Marquette-Lez-Lille Le bassin versant de la Marque couvre 39 communes et concerne environ 250 000 habitants. Ceux-ci sont plus densément répartis dans le nord du bassin qui est plus urbain. Limites communales Densités de population : 499 > densité (d) > 4999 199 > d > 499 19 > d > 199 4 > d > 19 1> d>4 Densités de population en 2009 Document personnel. Source de la donnée : DDTM 59

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La Marque dans le bassin hydrographique Artois-Picardie Source : Agence de l’eau Artois-Picardie.

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La Marque à Mons-en-Pévèle, ruisseau timide et sa petite ripisylve Source : Google Street View

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2.1.2 . Inscrite dans un réseau hydrographique plus Vaste Plus largement, le bassin versant de la Marque fait partie des bassins versants de la Deûle et de l’Escaut. Eux-même faisant partie du grand bassin Artois Picardie. Une goutte d’eau tombant à Mons-en-Pévèle à 56 m d’altitude parcourra la Marque non canalisée puis alimentera le Canal du Nord à Marcq-en-Baroeul, où elle rejoindra la Deûle à Marquettelez Lille et enfin la Lys à Deûlémont au nord de la métropole lilloise, à la frontière belge. Elle traverse alors de nombreux paysages urbains et périurbains. Si elle poursuit son tracé le long du Canal de Roubaix, cette goutte d’eau devenue canal rejoindra le Canal de l’Espierre à Wattrelos puis l’Escaut à Espierre Helchin, en Belgique. La Lys et l’Escaut guideront cette goute d’eau jusqu’à Gand ou le Canal s’agrandit. A partir de là il rejoint la Mer du Nord et ses grands ports soit à Terneuzen, soit à Anvers. Ainsi cette goutte d’eau aura parcouru depuis Mons en Pévèle, pas moins de 260 km entre la France et la Belgique avant de rejoindre la Mer du Nord.

L’Escaut à Anvers, avant son embouchure dans la mer du Nord: un fleuve de près d’1 km de large. Source : Google Street View

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Topographie Francais, la Marque au bord des collines de l’Artois. Source : image topographique de France : http://www.educol.net/image-topographie-de-france-i17050.html

2.1.3. Le socle : à l’origine de paysages riches. Le bassin versant de la Marque se situe au nord et en contre bas des collines de l’Artois (jusqu’à 180 m d’altitude) et du bassin minier. Les reliefs sont plus bas (102 m pour la Pévèle) et descendent progressivement vers les plaines de la Lys et de l’Escaut. La Marque s’écoule sur un relief relativement plat, passant au fil de ses 32 km, de 55 m d’altitude à Mons-en-Pévèle, à 20 m d’altitude au niveau de Marquette-Lez-Lille. Sa forme en demi-lune autour de Lille est remarquable car elle constitue surtout une barrière naturelle au nord, à l’est et au sud de Lille.

Bassin Minier

On remarque que la Marque traverse différentes entités géographiques d’amont en aval. La rivière traverse les hauteurs de la Pévèle, du Mélantois et est cadrée par le Ferrain et la butte de Bondues. Entre ces hauteurs, la Marque évolue sur des zones humides.

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Craie Sables Argiles Pont-à-Marque

Mons-en-Pévèle

Coupe géologique de la vallée. On distingue aisémment les ruptures de pente. Source de la donnée : Histoire de la vallée de la Marque - de Paul Delsalle

La Marque prend sa source en Pévèle, colline aux paysages légèrement vallonnés et dont le point culminant s’élève à 107m d’altitude. La Pévèle se caractérise également par ses sols argileux. Sur ce secteur, la pente est supérieure à 1,5%. A Pont-à-Marque, la Pévèle laisse place à une première plaine humide, sableuse et s’étalant d’Est en Ouest entre le Mélantois et la Pévèle. C’est une première rupture de pente. Le passage d’une pente de 1.5% à une pente de 0.2% dans cette première zone humide favorise l’étalement des inondations de la Marque. Elle se charge notamment des eaux de la « petite Marque » de Mons. Puis la Marque traverse le Mélantois, elle change légèrement d’orientation pour couler alors du sud au nord. Son lit est bien défini et fixe. Le Mélantois est un pays de craie, légèrement surélevé, par rapport aux zones humides du Sud et Nord. A Tressin, la Marque débouche une nouvelle fois dans une plaine humide sableuse, marquée par la présence de quelques marais au niveau de Villeneuve d’Ascq. Buttant sur les hauteurs du Ferrain, elle changera de nouveau de direction pour s’orienter vers l’Ouest. La Marque continue son parcours dans la plaine humide, selon une pente de 0.5% en moyenne. Après un resserrement dû à la présence de la butte de Bondues, elle se ré-élargit progressivement jusqu’à son embouchure avec la Deûle. La Marque est donc une rivière qui traverse une diversité intéressante de pays et de paysages sur une distance relativement faible rappelons le : 37 km du nord au sud. Evolution du relief de la vallée de la Marque. Source : Atlas des zones inondables de la Marque.

31


Ruisseau du Gland Le Riez Le ZĂŠcart Courant du pont Tissart

La petite Marque (ruisseau)

N

32

0

5

10

15

20


2.1.4. Une rivière aux deux visages

Entre Marque rivière et Marque canalisée.

Canal de Roubaix Marque « Canalisée » Secteur d’étude Marque « rivière »

La Petite Marque

Comme mentionné précédemment, la Marque traverse le cœur de l’agglomération lilloise. Il est important de préciser maintenant et pour la suite, qu’au niveau de cette rencontre à hauteur de Wasquehal, un nœud hydraulique marque le passage d’une Marque au profil de rivière vers une Marque canalisée. Ce changement de profil influence les débits, la biodiversité des milieux, mais surtout rend la Marque navigable de Marquette à Marcq-en-Baroeul, avant l’embranchement avec le Canal de Roubaix. Le débit hydraulique de la Marque varie donc selon les secteurs et les saisons. En moyenne, il se situe à 0.37 m3/s (soit 370L/s) en hiver alors qu’en été, il chute à 0.10m3/s (soit 100L/s). Ce qui est faible par rapport à la Deûle (Deûle aval : 6,417 m3/s soit 6417 L/s) ou à la Lys (25,75 m3/s soit 25750 L/s). Sur son parcours, la Marque se charge du débit de nombreux petits affluents (ci-contre pour les principaux). Associés aux variations topographiques, ils en influencent le débit. Cependant, il existe de fortes variations selon les secteurs. Ainsi, en amont de la Marque « rivière », au niveau d’Ennevelin, les débits vont de 400L/s en hiver à environ 100 L/s en été alors qu’en aval de la Marque rivière, à Bouvines, les débits hivernaux sont de 1400 L/s pour descendre à environ 350 L/s en été. A la confluence avec la Deûle, sur la partie de la Marque canalisée, le débit est stabilisé à 450 L/s en hiver pour 150 L/s en été. La variation de débit est moins importante sur le secteur de la Marque canalisée, certainement car il est complètement artificiel. Son débit est donc contrôlé grâce à la présence de nombreux ouvrages hydrauliques. Les débits hydrauliques sont plus importants en hivers et en aval de la rivière. Source de la donnée : DDTM 59

33


N

0

Plan de zonage réglementaire du PPRI de la Marque. Source : DDTM 59

34

Secteur d’étude

5


Secteur de la Branche de Croix

2.1.5. La Marque, un territoire de risque La Marque est le cours d’eau le plus largement et fréquement inondé de la Métropole lilloise pour plusieurs raisons : 1- Comme mentionné précedemment, le relief relativement plat et les quelques ruptures de pentes ont pour conséquence d’agrandir la zone inondable de la Marque.

Le Parc du Héron et la Chaine des Lacs

Marais de Fretin

2- Cette rivière est canalisée uniquement dans sa partie supérieure, contrairement à la Deûle ou à la Lys métropolitaine, complétement canalisées. La rivière sort donc de son lit par débordement suite à de fortes intempéries ou lors de fontes importantes des neiges. Dans le cadre de l’application locale de la directive inondation, une Stratégie Locale de Gestion du Risque Inondation (SLGRI) est menée par la DDTM et ses sections locales sur le Territoire à Risque Important (TRI) inondation de Lille et ses environs. C’est un périmètre de 77 communes concernant essentiellement la Deûle, la Marque et la Lys. La Deûle ne présente pas une forte menace pour le risque inondation compte tenu de sa canalisation, tout comme le secteur de la Lys métropolitaine (secteur en revanche soumis aux inondations par ruissellements) et de la Marque canalisée. En revanche la Marque «rivière» est largement inondable par débordement. Des crues importantes ont notamment dévasté les territoires de la vallée de la Marque comme celle de 2003. Cette SLGRI vise à rassembler les acteurs du territoire concernés par le risque inondation afin de concrétiser des actions d’interventions concrètes et collectives. C’est aussi pour cela qu’un Plan de Prévention des Risques Inondation a été approuvé en Octobre 2015, réglementant l’urbanisme autour de la Marque et dans les zones qu’elle inonde de Mons-en-Pévèle à Wasquehal, quand la Marque devient canal sur le secteur de la Branche de Croix (voir carte ci contre).

10

Les enjeux des inondations sont ici d’abord humains, environnementaux ( destruction/protection des milieux) , patrimoniaux (dégâts sur ouvrages et bâtiments) et économiques. (arrêt temporaire de l’économie d’une région, coûts des reconstructions diverses..... ). Le caractère inondable de la Marque conditionne donc des paysages et enjeux variés que j’aborderai plus loin dans ce rapport.

Inondations à Hem et Fretin, en 2003. Source de la donnée : DDTM 59

35


2.1.6. de la source à l’embouchure

La Pévèle

Zone Humide Sud plaine inondable

Zone Humide Sud Marais 36

Le Mélantois


La Marque est donc une rivière qui traverse une vaste diversité de paysages du plus rural au plus urbain, sur une distance relativement faible rappelons le : 37 km du nord au sud.

Zone Humide Nord

Le Ferrain

Le canal à wasquehal

Le Canal à Marquette

Photos : Google Maps; Sauf Zone humide Sud- arais et Canal à Wasquehal : Photos personelles.

37


et

Espaces non exploités et nons habités le long de la Marque. Source DDTM du Nord. N

380

5

10

15

20


Entitées paysagères reconnues par le CAUE du Nord Marque résidentielle Marque industrielle et commerciale Bois de Warwamme

Marque boisée et habitée

Plaine humide et jardinnée Parc du Héron

Vallées prairiales

Marais de toutes formes Marais de Fretin

1. La Marque rivière et rurale. 2. La Marque canalisée, urbaine et industrielle

Campagne et domaines

Forêt de Phalempin

Source entre Monts et forets Tissu industriel

Boisements

Tissu d’habitat

Prairies

Crédit Photos : Patrick Genty, Appercu de son ouvrage : « PAYSAGE(S) # LA MARQUE 2015 » par Patrick Genty. ou : http://patgenty.ultra-book.com/book

Le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) du Nord, travaille actuellement sur les problématiques de «la Marque face aux enjeux du XXIème siècle», c’est à dire face à l’augmentation de la population urbaine métropolitaine et périurbaine, faces aux problématiques de réchauffement climatique, mais aussi face aux enjeux agricoles. Cette réflexion s’articule autour d’une exposition photo-reportage de Patrick Genty. Espaces à dominante Loisir

Périmètre inondable

Vallée de la Marque

39


L’évolution de l’agglomération Lilloise autour de la Marque.

40


2. Un atout pour la métropole ? La Lys

Tourcoing

Canal de Roubaix Roubaix Marquette-lez-Lille

La Deûle L’Escaut Lille

La Marque

Comme on a pu le voir précedemment, la Marque s’écoule entre les hauteurs de la Pévèle, du Mélantois, et du Ferrain. C’est ce qui lui donne cette forme particulière de demi-lune. On observe que la Marque a pu jouer un rôle certain dans la manière dont la Métropole lilloise s’est développée. Lequel ? Pour comprendre ce rapport entre la Marque et l’agglomération lilloise, abordons la manière dont la métropole s’est développée et dans quelle mesure ce développement a pu être conditionné par la présence de l’eau. Cette sous-partie s’appuie essentiellement sur l’ouvrage «l’histoire de la vallée de la Marque : de Mons-en-Pévèle au coeur de la Méropole Lilloise », écrit en 1985 sous la direction de Paul Delsalle , archiviste de la ville de Tourcoing, docteur en histoire, président de la Société Historique du pays de Pévèle.

Urbanisation : 1830

Secteur canalisé entre la Deùle et l’Escaut. Réseau hydrographique principal

1910

Zones inondables

1950 1990 2001

Mons en Pévèle

Limite MEL La Marque dans l’agglomération lilloise. La Marque (source: Atlas des paysages du nord. Sauf pour 1830 : Carte de l’état Major)

N

0 km

20 km

41


Comines

Tourcoing

Roubaix Armentières

Lannoy

Lille

Haubourdin

Seclin

Carvin N

0

42

5

10

15

20

Orchie


2.2.1. La marque défensive

Chatellenie de Lille au Moyen Age3

Pont de Marcq Breucq Hempempont Hem Sailly les Lannoy Willem Forest Tressin Pont à Tressin

Pont à Bouvines Cysoing Peronne Fretin Ennevelin

Pont à Marcq

Au Moyen-age, la Chatellenie de Lille est composée de 5 quartiers : le Mélantois, quartier du milieu; le Carembaut au sud; le Pévèle, signifiant «patûres», au sud-est; le Ferrain au nord et les Weppes à l’ouest du Mélantois. Ces régions, établies par rapport à la géographie naturelle du territoire, en délimitaient les principaux reliefs. Les limites entre ces territoires étaient donc les cours d’eau.

Depuis le Mélantois où était installée la ville de LIlle et le siège de la cour féodale du comte de Flandres, la Deûle marque la frontière avec le pays des Weppes et la Marque avec les pays du Ferrain et de Pévèle. Le demi-cercle que forme la Marque entoure donc Lille sur 180° au nord, à l’est et au sud. Ce demi-cercle est complété par la Deûle à l’est et la vallée de la Scarpe au sud. Lille est entouré de cours d’eau et de zones humides et marécageuses : la «nasse» de Lille. La Marque fait donc partie jusqu’à la moitié du XVIème siècle du système défensif de Lille. Ces zones humides font que l’on ne peut pas longer la Marque mais uniquement la traverser en divers points. Ses 7 ponts sont donc des points stratégiques de la défense du territoire et des péages y avaient été instaurés. Le passage du pont du Breuc a été fortifié au XIème siècle par les seigneurs qui l’occupaient. Ils y ont édifié une motte entourée par deux bras d’eau à savoir la Marque et la vieille petite Marque. Au delà des zones humides, on trouve quelques hameaux le long de la Marque. Cette population vivait directement de l’exploitation des éléments naturels : l’eau et la forêt, moulins et bûcheronnage. Les églises étaient alors implantées en hauteur, à distance de la Marque tandis que le village se développait à proximité.

Les traversées de la Marque Routes majeures rayonnant depuis Lille Réseau hydrographique « naturel » de la Marque. Zones de Marais 3- Ouvrage : La Marque du Nord - Jean-Louis Pelon et Michel Chopin, ed. apourainsidire.

43


Localisation des chateaux, mottes, grandes censes et de l’habitat à la fin du Moyen âge et sous l’ancien régime. (Carte : Paul Delsalle, Histoire de la vallée de la Marque , p.95).

Le village d’Anstaing au XVIII ème. On peut observer que des fermes se situent à proximité des marais. (Cliché Archives départementales du Nord : Terrier de Fives, 1733).

44


2.2.2. La Marque de l’ancien régime : autour des marais En temps de guerre, la Marque continue de jouer un rôle défensif, dépendant cependant fortement des crues même si des projets sont apparus, mais ne dépassant jamais ce stade. Au XVIème siècle, la peste fait des ravages à Lille. Au rythme de nombreuses invasions, la ville s’appauvrit, jusqu’au milieu du XVIIème siècle. Concquise par Vauban sous le règne de Louis XIV, elle deviendra française en 1668. Malgré tout : « La Marque, ou plus légitimement l’ensemble du bassin de la Marque, a fortement influencé la répartition du peuplement : l’eau, sous toutes ses formes, a attiré l’homme. La rivière, ses minces affluents, les fontaines, les sources et les marais ont drainés vers eux l’habitat. Les villages, les hameaux, les abbayes, les châteaux ne pouvaient pas vivre sans eau.. » Paul Delsalle, histoire de la vallée de la Marque. p.88 Le long de la Marque, les villages se rassemblent au bord des marais. La Marque bénéficiait d’une large zone de crues. Les zones marécageuses s’étalaient sur 1110 ha au minimum. Les marais ont su capter les populations autour de reliefs ou de mottes féodales. Au XVIIIème siècle, «d’agromanie» (selon la terminologie de Paul Delsalle pour définir ce siècle où l’agriculture était au centre des préoccupations), afin de lutter contre les inondations de la Marque, un projet d’assèchement de la vallée et de restructuration du cours d’eau fut imaginé puis ordonné par le conseil d’état du roi. Cette restructuration doit permettre de faciliter l’exploitation agricole de la vallée. Seuls les villages de Templeuve, Ennevelin, Fretin et Péronne ont refusé d’assécher leur marais, lequel existent encore aujourd’hui. Ensuite les marais ont petit à petit été partagés en « portions ménagères ». Auparavant les marais étaient donnés à bail, ce qui permettait de sélectionner l’exploitant du marais. Après la révolution française, grâce à ces portions, ils sont redécoupés et redistribués. Les « humbles » peuvent alors en profiter. Cette restructuration a attiré de nombreux nouveaux habitants dans ces villages de bord de marais. A cette époque, l’exploitation de la tourbe, d’abord anarchique puis réglementée vers la fin du XVIIIème siècle, permettait de faire vivre et de chauffer les plus pauvres, tout en maintenant les marais en eau. C’est pour cela que son exploitation fut interdite à la fin du XVIIIème. Dans les faits, son exploitation durera jusqu’au début du XIXème siècle, quand cette source d’énergie fut remplacée par le charbon.

45


2.2.3. La Marque «textile» et l’essor de Roubaix et de Tourcoing. C’est sous l’Ancien Réginme également, que Roubaix et Tourcoing, villes du pays du Ferrain se développent grâce à l’exploitation du textile. Les deux communes travaillent de manière artisanale. Elles apportent leur productions à la ville de Lille, cité drapière. Celles ci seront vendues aux industries. Les populations augmentent dans les deux cités ainsi qu’à Lille. A titre d’exemple, Tourcoing comptait 12000 habitants en 1730 et Roubaix 8000. En 1776, un édit royal permet aux villes non fortifiées de prendre leur indépendance et de se lancer dans l’industrie lainière. L’eau est une matière première importante dans les métiers du textile. Le long de la Marque on rouissait le lin et le chanvre: il s’agit de la macération des plantes textiles pour en faciliter l’extraction de l’écorce filamenteuse. le lin et le chanvre. Cette activité était très polluante pour le cours d’eau. Les habitants ne peuvent plus utiliser le cours d’eau, ni pour leurs propres usages, ni pour leurs bêtes.

« La rivière pour Lille de l’ancien régime laissa place à la rivière pour Roubaix et Tourcoing au début du XIXème siècle » Paul Delsalle, histoire de la vallée de la marque. p.89

1830

46

1910

N 0 km

20 km

1950

1990

L’évolution de l’agglomération Lilloise autour de la Marque.


Dans la majorité des villages, on tisse à domicile pour Roubaix et Tourcoing. C’est avec l’invention de la machine à vapeur qui nécessitant de l’eau pour leur fonctionnement, que les premières industries se sont implantées le long de la Marque, notemment des tanneries et des briquetteries. Très rapidement des blanchisseries apparaissent et aussi vite, la rivière fut d’avantage polluée. Ce sont ensuite des brasseries, sucreries et des distilleries qui s’insatallent le long de la Marque,. profitant de la proximité de l’eau et des terrains agricoles. Afin de permettre la liaison de la Deûle à l’Escaut et ainsi d’exporter l’activité textile de Lille jusqu’à Tournai, mais aussi d’acheminer les matières premières nécessaires aux productions, la canalisation de la Marque a été imaginée et prévue au XVIIème siècle. Ce n’est qu’au début du XIXème siècle, avec l’essor de Roubaix et Tourcoing, que la Canalisation de la Marque fut entreprise, transformant profondément les paysages qui la bordent, essentiellement en aval. 1 . Echarnage de Croupons. Travail au sein d’une Tannerie. On y voit l’importance de l’eau. (Archives municipales de Marcq, dans Histoire de la vallée de la Marque , p.95, de Paul Delsalle 2. Dessin fleur prairies champs ou bois d'après "Atlas de poche des plantes des champs, des prairies et des bois à l'usage des promeneurs et excursionistes" par R. Siélain - Paris 1895

2001

1.

2.

47


2.2.4. La Canalisation de la Marque. Photos Parc Barbieux

Un premier tracé avait été imaginé jusqu’à Tressin mais il n’a jamais abouti. Un second, profitant de la présence d’un talweg, fut tenté vers Roubaix à partir de Croix. Des travaux furent entamés mais ne purent être conclus, victime de longues discussions et de catastrophes techniques. Il en reste cependant aujourd’hui des traces dans le tissu urbain : le parc Barbieux et la Branche de Croix. Carte de Cassini : 18ème siècle

La première section du Canal entre Marquette et Croix fut inaugurée en 1831. Au nord, la canalisation du Canal de l’Espierre fut terminée en 1843. Le tronçon intermédiaire, l’actuel canal de Roubaix, fut quant à lui terminé en 1892. Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que la jonction entre la Deûle

http://www.lilletaitunefois.fr/ Croix

Wasquehal

Photo branche de Croix

et l’Escaut est rendue possible.

D’après Paul Delsalle, les fonctions du canal de Roubaix sont triples:

Photo personelle

Carte de Cassini : 18ème siècle

- transporter des marchandises pour Roubaix et Tourcoing. Il s’agit notamment de charbon provenant du bassin minier, mais aussi de sable, de céréales et de produits chimiques. Croix

Carte de l’état Major : 1820 - 1866

Wasquehal

Croix

Barbieux

Source : schémas personnels d’après : Histoire de la Vallée de la Marque de Paul Delsalle Wasquehal

- amener l’eau aux entreprises et recevoir leurs rejets. - faire jonction entre Deûle et Escaut. Le long de la Marque, les premières usines s’implantent vers 1930. Tourcoing

Tourcoing

Roubaix

Tourcoing

Roubaix

Roubaix

Carte de l’état Major : 1820 - 1866

1er essai de Canalisation

Carte de Cassini : 18ème siècle

Marque canalisée Croix

Croix Wasquehal

Méandres zones humides

Wasquehal

Canal de Roubaix

Carte IGN actuelle

Tracé rectifié Barbieux

Croix

Coupure de méandre Wasquehal

Lille

Moyen âge : La Marque, rivière au cours naturel. Système rivière. Zones Humides.

48

N

1820-30 : Première tentative de Canalisation. Par le Parc Barbieux. Création de la Branche de Croix.

N

1892 : Canalisation finale. N Création du Canal de Roubaix. Abandon de la Branche de Croix.

Marque souterraine


A Marcq, l’usine CORDIER ET DAULLE est spécialisée dans la filature de la laine peignée. Ayant fait faillite, elle est reprise par la filature SCRIVE qui mène une grande industrialisation du secteur et crée puis développe la quartier de Pont à Marque. Au milieu du XXème siècle, l’usine HOLDEN s’implante à Croix. Son fondateur était l’inventeur de la peigneuse mécanique de la laine. En moins de 20 ans, l’usine est passée de 600 à 2000 employés. Elle a également contribué à développer progressivement d’autres usines.

Le Parc Barbieux de Roubaix, aujourd’hui parc urbain majeur.

Si les premières industries à s’être installées sont des industries textilles, d’autres activités suivront telles la métallurgie et la chimie. Au delà du nouveau potentiel transport de la Marque, si les industries se développent particulièrement à Croix, Flers, au Breucq et à Wasquehal, c’est en raison de la présence de ce secteur le long de la route Lille-Roubaix qui franchissait la Marque au niveau du Breucq mais aussi parce que la rivière est située entre les deux pôles industriels que sont Lille et Roubaix-Tourcoing.

La Branche de Croix a Wasquehal

Dans le même temps, la voie ferrée est construite entre Lille et Courtrai, passant par Roubaix et Tourcoing.

La liaison Deûle- Escaut.

C a n al d e l’E s

pier

re

La Deû l

e

N

La liaison Deûle- Escaut

5km

Photo : 1890 : La Marque Canalisée à Marcq en Baroeul Source: Histoire de la vallée de la Marque , p.95, de Paul Delsalle

49


1910

50

N 0 km

20 km

1950

L’évolution de l’agglomération Lilloise autour de la Marque.


2.2.5. L’eau industrielle et polluée. Les ouvriers venaient parfois de loin pour travailler dans les usines, le patronat construit donc des logements pour les travailleurs. Regroupés dans les cités, ils vivent désormais à proximité de l’usine. D’un autre coté, les industries utilisant l’eau pour leur fonctionnement, s’en servent également pour rejeter leurs déchets, savons, eaux usagées... l’eau de la Marque en était blanchie. A d’autres endroits, les eaux étaient devenues noires à cause des teintureries. Fin XIXème, la pollution industrielle de la Marque est si forte que du bétail en est retrouvé mort (p.159). Dans ce contexte où l’eau est un égout à ciel ouvert, la ville, même quand elle est très proche, s’est développée dos au canal ou à la rivière.

1 .1987. Cheminée de l’usine Holden à Croix 2.La traversée de la Marque par la voie ferrée issus de l’ouvrage : Histoire de la Vallée de la Marque, dir. Paul Delsalle 3. l’industrialisation de Roubaix au XXèmeS. 4. Profil du Grand boulevard - début XXème Siècle issu de l’ouvrage : Liassez vous conter le Grand Boulevard, ed. par la ville de Roubaix

«Par son passage entre les trois villes, la Marque a joué un rôle considérable dans l’industrialisation de la région et la constitution d’une véritable «conurbation». C’est la Marque qui a attiré les premières industries, nées d’activités préindustrielles et c’est la Marque qui, par un phénomène classique d’attraction économique (effet « boule de neige ») a provoqué l’installation pendant deux siècles, d’établissements industriels. Ceux-ci ont capté et maintenu sur place une importante population. Il y a fort à parier que, sans la Marque, il y aurait, non pas une communauté urbaine mais deux : celles de Lille, d’une part, et celle de Roubaix-Tourcoing (versant nord-est) d’autre part .» Paul Delsalle, Histoire de la vallée de la Marque. p.161

Au début du XXème siècle, afin de favoriser le transit des hommes et des marchandises, le Grand Boulevard a été créé. C’est Alfred Mongy , ingénieur des Arts et Métiers qui en est à l’origine . Cette artère, en lien étroit avec l’histoire industrielle de la métropole devait être résolument moderne. C’était un moyen d’accéder depuis Lille à l’Exposition Universelle de Roubaix en 1911. C’était un lieu de vie offrant de larges promenades. Petit à petit le Grand Boulevard s’est construit une face architecturalement riche, en faisant une entité territoriale à par entière. Aujourd’hui cependant, le rôle de catalyseur urbain laisse à désirer sous la forte présence des axes routiers.

51


1990

52

N 0 km

20 km

L’évolution de l’agglomération Lilloise autour de la Marque.


2.2.6. La désindustrialisation : Le bouleversement d’un territoire. Depuis les années 1960-70, et l’après « 30 glorieuse s» , l’activité industrielle et textile subit les effets de la crise. N’ayant pas assez anticipé le passage au textile synthétique, le matériel de production devient obsolète et ne parvient plus à concurrencer les pays du Sud. Cette crise de désindustrialisation s’étendra de 1975 aux années 2000. Les industries ferment les unes après les autres le long des cours d’eau, provoquant une vaste vague de chômage. C’est aussi l’essor du transport routier. Ayant également moins besoin d’eau, les logiques d’implantation évoluent et les industries se regroupent le long des autoroutes ou des gares de marchandises.

1. Les Grans Moulins de Paris, à la confluence de la Marque et de la Deule, à Marquettes-lez-Lille // Photo : David Bardel

2. La voie rapide urbaine le long de la Marque. Goolge Maps 3. Localisation des friches de la métropole Lilloise. Source : MEL

Se pose alors la question du devenir de la Marque canalisée. En 1985, le Canal de Roubaix n’est plus exploité. Un projet de déclassement du canal était prévu pour y installer une voie rapide. Le canal fut finalement maintenu et cette voie fut construite sur berges. On notera que si le développement de l’industrie dans la métropole lilloise lui fut à l’évidence bénéfique, sa désindustrialisation l’a considérablement traumatisé.

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N Terrains enfrichés Terrains en reconversion.

0

5

Les friches de la Marque urbaine : Une large réserve foncière : L’opportunité de porter les enjeux de la Métropole. Notons la forte concentration de secteurs en mutation à hauteur de laBranche de Croix, située entre Rivière et Canal.. Source : Lille métropole. Utilisée dans le PFE de Cyrielle Douage, architecte.

1 . Canal de Roubaix en 1900 2. Canal de Roubaix aujoud’hui pour la navigation de plaisance et les loisirs. Google image.

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N 0 km

20 km

L’évolution de l’agglomération Lilloise autour de la Marque.


2.2.7. Une opportunité pour renouveler la ville ? Le principal enjeu, urbain, social et économique concerne ici le rapport de la ville à l’eau, que l’industrie a fortement occulté. Comment alors envisager l’avenir de ces territoires qui ne se sont toujours pas complètement relevés de cette crise industrielle ? Pendant longtemps, les Voies Navigables de France (VNF) avaient en gestion les canaux. Depuis le 1er septembre 2002, la Métropole a pris la compétence «espaces naturels métropolitains». Cela a conduit à créer le syndicat mixte des Espaces Naturels Lille Métropole (ENLM) ayant pour mission de préserver et de valoriser les milieux naturels, mais aussi de les ouvrir au public. Les objectifs de cette démarche sont de proposer de nouveaux espaces de nature en ville, de créer des promenades vertes et bleues, et d’imaginer de nouveaux grands espaces de nature. Ayant conscience de l’interêt de la requalification des cours d’eau pour les populations, en 2011, un programme transfrontallier Fance/Belgique est lancé. Il s’agit du programme Blue Links. Ce programme vise à requalifier les canaux pour la remise en navigation de la liaison Deûle Escaut pour les ouvrir à la navigation de plaisance. Les objectifs de Blue Links sont : - d’ouvrir le canal à la navigation de plaisance. - d’assurer une continuité écologique et paysagère sur le linéaire, en lien avec la Trame Verte métropolitaine. - d’aménager et de développer les villes autour du canal, en activant des leviers culturels, économiques, touristiques et sociaux.

2001

En 2011, 47 bateaux de plaisance empruntent le canal de Roubaix, contre 150 en 2012. Une forte augmentation qui confirme l’intérêt que portent les populations à regagner les cours d’eau. Plus largement, le plan bleu Métropolitain ( Voir annexe) , rédigé en 2013, localise 9 sites dont la reconversion présente des enjeux urbains majeurs dont 1 le long de la Marque. Il s’agit du secteur de la Branche de Croix.

55


56


2.3. Continuités biologiques et pressions d’usages. Si la Marque a permis le développement industriel et urbain de la métropole aux XIXème et XXème siècles, elle attire aujourd’hui une nouvelle population néorurale cherchant à habiter un morceau de «nature» loin des villes. La Marque traverse ces campagnes. L’image de nature qu’elle renvoie est pour de nombreuses communes qu’elle traverse un argument permettant d’attirer une population plus jeune et dynamique. Ces nouveaux habitants apportent avec eux de nouvelles attentes de loisirs, déplacements, de manière d’habiter. Les communes sont alors à la recherche de nouveaux terrains constructibles. Ces terrains correspondent souvent aux prairies de bord de Marque. De plus, la Marque, même si elle fut et reste en partie polluée, est reconnue pour la richesse de ses continuités et réservoirs biologiques. La MEL a récupéré en 2000 la compétence de gestion des espaces naturels et a depuis engagé de nombreux travaux pour rendre les bords des cours d’eau plus dynamiques et ouverts au public tout en valorisant la richesse écologique des milieux. Comment concilier continuités biologiques des milieux avec une demande croissante de loisirs ? La dualité de ce questionnement permettra d’introduire les enjeux que porte la Marque dans sa partie rurale. Pourquoi cet intérêt pour les territoires ruraux ? Quelle est la richesse biologique de la Marque? Quelles sont les différences de gestion du cours d’eau ? Quels enjeux pour la Marque amont ? Ce sont les questions que cette sous-partie abordera.

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Habitations en zone inondables

Les projets d’urbanisme en zone inondable. Source : DDTM Nord

PPRI de la Marque a Fretin

58


2.3.1. La Marque face à la périurbanisation. Depuis plusieurs années, c’est l’amont de la Marque qui attire le plus d’habitants. De nombreux citadins quittent la pression et l’agitation que peut représenter la ville pour s’installer en campagne et ainsi bénéficier d’un vaste terrain et de loisirs de plein air à coté de chez eux. La Marque répond à ces attentes. L’image de nature est incarnée par la rivière et ses ripisylves calmes. Ainsi, les villages bordant la Marque rivière sont ceux présentant les plus grands soldes migratoires de la métropole (voir carte ci-dessous). Paradoxalement à cette ambiance naturelle recherchée , le développement périurbain consomme de l’espace, souvent en prairies pour se rapprocher la Marque. Ainsi une double dynamique semble se dessiner : la première est la privatisation progressive des bords de Marque due à l’avancée des constructions vers la rivière parfois en zone inondable, alors que la seconde est la diminution des zones d’expansions de crues de la Marque malgré récentes constructions. En effet, ces nouveaux obstacles à l’eau ont tendance à augmenter le périmètre inondable . Il est bon de préciser ici que de nombreux projets d’extensions urbaines se prévoient encore en zones inondables, malgré les inondations majeures passées (2003...). La validation du PPRI a donc été pour la métropole une chance de limiter les expansions de crues. Il permet en effet de remettre en cause ces projets d’extensions urbaines en zones inondables au profit des Zones d’Expansion des Crues (ZEC). C’est par exemple le cas pour la commune d’Ennevelin qui a longtemps envisagé ses extensions vers le sud et vers la Marque. Le PPRI les oblige à réviser certains projets.

La Vallée de la Marque : territoire attractif.

http://www.geographie.ens.fr/Population-evolution-demographique

59


1

60

1

2


Ces nouveaux habitants néo-ruraux ont de nouvelles attentes des campagne, tout comme les citadins ils souhaitent s’évader et leurs attentes sont d’avantage de l’ordre des loisirs. Déjà en 1970, l’idée d’un parc de la Marque, d’échelle métropolitaine était présente. Ce parc devait s’étaler sur une superficie de 500 à 800 ha entre le Grand Boulevard menant à Roubaix et Sainghain en Mélantois / Bouvines. Il devait alors équiper les bords de Marque de sentiers de randonnée, d’aires de repos, le long desquels des sites d’observation de la faune et de la flore seraient aménagés. Le projet ne s’est jamais concrètement réalisé, mais a impulsé une dynamique d’aménagements. Lorsque la Métropole a pris la compétence de gestion des espaces naturels métropolitains, elle a entrepris d’aménager de grands parcs métropolitains mêlant utilité technique et demande de loisirs. C’est en effet dans cette optique que la chaine des lacs à Villeneuve d’Ascq a été aménagée en parc naturel métropolitain, pour offrir un espace récréatif aux citadins de l’agglomération métropolitaine. Le Parc du héron a été aménagé comme un bassin de rétention des eaux, permettant ainsi de limiter le débit et la quantité des eaux arrivant aux portes de la métropole. Mais aussi à l’instar du parc de la Deûle, permettant entre autre de protéger les champs captants au sud de Lille. En accord avec le Schémas Régional de Cohérence Écologique(SRCE; voir annexe) envisageant le développement de la trame verte métropolitaine le long des linéaires d’eau, l’ENLM gèrent une surface d’espaces «naturels» d’environ 1300 ha, pour la plus part le long de cours d’eau. Ainsi, les bords de Marque, quand ils sont circulables, prennent de nouvelles fonctions. On y randonne, on y fait du vélo, on y court... Ils peuvent être vus comme un « jardin pour le métropolitains », Sur le bassin versant de la Marque, les espaces gérés sont le parc du Héron (1) mais aussi les Marais de Fretin (2).

2

Parc du Héron (1)- google image Cheminement aménagé au Marais de Fretin (2) Photo personelle

61


2.3.2 Des enjeux paysagers métropolitains. a. Enjeux de gestion La Marque étant répartie entre deux communautés de communes, les modes de gestions diffèrent. En effet, comme dit précédemment, le sud de la Marque est géré par la Communauté de commune Pévèle- Carembault jusque Fretin. A partir de Fretin, la Gestion est assurée par la MEL. Et il n’y a actuellement pas d’accord pour une gestion commune de la Marque. Cette diversité de gestionnaires influe surtout sur la qualité et la cohérence des aménagement le long de la Marque. et en particulier sur les cheminements. On remarque que la MEL, via l’ENLM, a réalisé des travaux parfois importants pour requalifier les bords de Marque, à l’image du marais de Fretin ou encore du linéaire de la Marque à Sainghain en Mélantois. Mais le jeu d’acteurs sur la Marque ne se limite pas qu’au différentes communautés de communes qu’elle traverse. La Marque étant canalisée en amont, les logiques de gestion diffèrent également. Ainsi, les 17 communes de la marque rivière et métropolitaine, de Fretin à Wasquehal viennent de se réunir en association pour la valorisation de la Marque comme territoire et pour s’unir autour des problématiques que sont l’inondabilité, les cheminements et la biodiversité face à leurs développements urbain, mais ces communes restent celles de la Métropole Lilloise. Des documents et démarches tendent cependant à considérer la Marque dans son ensemble et ainsi à entamer un travail amont/aval. Il s’agit du SAGE Marque Deûle, de la Stratégie Locale de Gestion du Risque Inondation Marque Deûle et du PPRI de la Marque. Ces documents concernent avant tout les zones inondables et ont donc tout intérêt à considérer l’amont de la Marque.

62


Le SAGE dégage entre autres enjeux la nécessité d’améliorer la qualité des cours d’eaux en limitant les obstacles à l’écoulement des rivières, ceci en mettant en conformité les réseaux d’assainissement, mais aussi la nécessité de préserver les zones humides locales en les identifiant, les qualifiants et les protégeant, mais également en sensibilisant les populations sur leurs fonctionnalités. Le SAGE dégage aussi l’enjeu de développer le transport fluvial commercial et de plaisance et de valoriser le développement des loisirs liés à l’eau. Enfin, pour lutter contre les inondations, ces trois documents mettent en avant la nécessité de limiter l’imperméabilisation des sols par l’étalement périurbain ou encore de préserver les zones humides des cours d’eau pour garantir leur rôle d’expansion de crues. Ces enjeux s’inscrivent clairement dans une dynamique de retour aux cours d’eau par les loisirs, mais aussi dans la préservation des milieux qui leurs sont associés.

63


Tourcoing

De moins en moins de surface de boisements et de parcs d’Amont en Aval.

Roubaix

Lille

Villeneuve d’Ascq

Mons en Pévèle N

64

0

5

10

15

20


B. Enjeux paysagers et de loisir Bois de Warwamme Chaine des Lacs/ Parc du Héron

Face à la pression foncière et d’usage métropolitaine, nous pouvons nous poser la question de la préservation de la diversité écologique et paysagère de la Marque. Après avoir déterminé les différentes entités paysagères de la Marque (p.36-37), le travail que le CAUE a effectué est d’avoir déterminé 4 grandes familles d’enjeux. Ces enjeux sont extrèmement liées au rapport entre les activités humaines le long de la Marque face à son comportement «Naturel».

Dans sa partie rurale, les enjeux identifiés sont :

- La préservation et la protection des prairies le long de la Marque - Le renforcement et la mise en cohérence des cheminements.

Marais (Fretin...)

- La préservation des drèves, alignements d’arbres le long des routes reliant les lieux d’importance: grandes propriétés patronales et grandes fermes. - Dans cette partie, j’ajouterais également la préservation des zones humides.

Forêt de Phalempin Bois Prairies Zones inondables Réseau hydrographique Communautés de communes

65


Prairies Mosaiques

Prairies Vallée

Prairie Ecrin

Prairie Cordon Typologies de prairies le long de la Marque, déterminées par le CAUE du Nord. Source : Schémas : CAUE du Nord, Photo personelle

Une66 drève au niveau de Pont-à-Marque Source : Photo CAUE du Nord.


Prairies permanentes Sont appelées prairies permanentes toute surface dans lesquelles l’herbe ou d’autres plantes fourragères herbacées prédominent depuis cinq années révolues au moins. Leur rôle est essentiellement agricole. Selon le relief, la nature du sol ou l’activité exercée le long de la Marque, la forme des prairies permanentes est variable. Elles caractérisent les paysages de la Marque.

Ces prairies sont aujourd’hui sous pression et menacées par l’expansion périurbaine mais aussi agricole. Car ces prairies permettent aussi de tamponner les inondations par ruissellement ou par débordement, sur un terrain déja argileux et donc propice aux écoulements. Les enjeux de leur préservation sont donc forts.

Pr ai rie

si

no

nd

ab

le

s

Elles peuvent être mosaïques, finement maillées par des canaux d’irrigation; s’étaler dans la vallée et permettre l’expansion des crues; elles s’étalent parfois également autour des villages et font office d’écrin végétal mais peuvent aussi prendre une forme de cordon linéaire dans la vallée, lorsque la nature du sol ne permet pas à la rivière de s’étendre. Dans tous les cas, ces prairies jouent un rôle primordial pour les dynamiques biologiques de la Marque. Elles représentent un habitat et un abris pour la petite faune (amphibiens, canards, oiseaux, petits gibier....) mais aussi pour la flore.

Les drèves Un autre enjeu associé aux paysages de la Marque sont les drèves et les alignements d’arbres le long des cours d’eau. Les drèves sont des alignements le long des routes reliant les importantes propriétés ou fermes. Leurs implantations témoignent du passé industriel de la métropole. En effet, déjà à l’époque industrielle, les riches industriels possédaient une résidence secondaire en campagne. Les drèves étaient plantées sur les axes y conduisant. Mais face aux problématique de remembrement parcellaire et de pressions agricole, les drèves ont disparues de plus de moitiés, et avec elles, une partie du patrimoine industriel de la région. Il en existe cependant encore quelques unes aujourd’hui.

Diminution du nombre de drèves et d’alignements entre 1830 et les années 2000. Source : CAUE du Nord

67


E

Sou

Espaces verts recensés Parcs et jardins, squares, plaines de jeux Espaces naturels ouverts au public Bases de loisirs Promenades vertes Jardins familliaux Golfs Cimetières militaires et paysagers

Hydrographie Limites communales Itinéraires de promenades et randonnés ( PDIPR)*

Sources : ADULM,* Conseil général 59

68

L’évolution de l’agglomération Lilloise autour de la Marque. N

0

http://www.panoramio.com/phoo/108444744

5

Une drève au niveau de Pont-à-Marque Source : Photo CAUE du Nord.


Les Cheminements Les cheminement sont une problématique importante pour la vallée de la Marque puisqu’ils permettent à la fois de la découvrir mais aussi de se rendre de villages en villages sans nécessairement emprunter des routes trop passantes. Si j’ai précisé plus tôt une différence de gestion entre l’amont et l’aval en termes de cheminements, on remarque aussi qu’à l’approche de l’agglomération métropolitaine, ils ont tendance à fortement diminuer, voire à quasi- disparaitre dans le tissus urbain dense. Si cette différence peut s’expliquer par une augmentation progressive des parcelles privées le long de la Marque, l’un des enjeux aujourd’hui est de retrouver cette dynamique de mobilité permettant d’unir un territoire. Aujourd’hui, les espaces de bord de Marque sont donc surtout utilisés par les habitants des villages périurbains et non ceux de la métropole. En multipliant les accès à la Marque depuis les centres urbains entre Lille et Roubaix/ Tourcoing, la prise de conscience du territoire de la Marque peut être retrouvée.

Espaces verts recensés Parcs et jardins, squares, plaines de jeux Espaces naturels ouverts au public Bases de loisirs Promenades vertes Jardins familliaux Golfs Cimetières militaires et paysagers

Hydrographie Limites communales Itinéraires de promenades et randonnés ( PDIPR)*

urces : ADULM,* Conseil général 59

es

g sa y Pa

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Les Zones humides Au même titre que les prairies, les zones humides sont des structures paysagères de la Marque importantes à conserver. Trop longtemps malmenée par des assèchements successifs puis par l’industrialisation, elle regorgent d’ailleurs d’une riche diversité biologique. Certaines zones humides le long de la Marque sont d’ailleurs des Zones d’Naturelles Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristiques (ZNIEFF, de type 1 et de type 2). Si elles jouent parfois un rôle d’expansion des crues primordial pour la sécurité du territoire, elles ont aussi été contraintes par les extensions urbaines et passages d’infrastructures de transport.

N

0

5

10

15

20

69


A Avelin

Traversée par des routes et acces agricoles mais pas longée

1

A Fretin

Commence à être longée. Beaucoup plus boisée.

2

A sainghain en Mélantois

3

Gestion de l’ENLM : Les cheminements sont structurés et entretenus.

Au Breucq, Villeneuve d’Ascq. La Marque serpentine dans un tissus habité dense.

4

A Marquette-Lez-Lilles

5

70

Source : Google Maps

Devennue Canal, la Marque est bordée d’habitat et peut être longée sur le chemin de hallage.


2.3.3.Une rivière de plus en plus contraintee

3m

On observe qu’au fil de son tracé, la Marque est de plus en plus contrainte dans le tissu urbain mais prend de plus en plus de place. Cette série de coupe montre l’évolution du tracé de la Marque ainsi que le positionnement des cheminements qui la longent.

6m

5 4

3

7m

2 7m

1

18 m

71


72


Conclusion partielle : A la rencontre de deux dynamiques. Pour conclure cette partie, il faut retenir que la Marque traverse de nombreux paysages sur une courte distance. Une grande partie aval de 27 km sous forme de rivière laisse place à une Marque canalisée sur environ 10 km. Passant au coeur de la Métropole, cette rivière a fortement contribué au développement industriel et urbain métropolitain. Mais paradoxalement, ce développement lui a tourné le dos et les dynamiques biologiques et paysagères riches de cette rivière sont étouffées à son entrée dans l’agglomération lilloise. Le développement industriel étant en déclin, de nombreuses friches sont apparues depuis les années 90-2000. Travaillant sur deux échelles différentes, je me suis donc intéressé à cet entre-deux : - Entre-deux métropolitain dans un premier temps. Entre Lille et Roubaix Tourcoing. Sur ce secteur, comment la Marque existe encore aujourd’hui ? Comment est-elle utilisée et quel rapport entretien -t-elle avec les villes la bordant? - Entre-deux hydraulique. Ou plutôt rencontre hydraulique entre le canal et la rivière. Aujourd’hui les modes de gestion donnent l’impression de deux rivières. (La Marque, dans son secteur canalisé est d’ailleurs injustement appelé Canal de Roubaix). Or il n’en existe qu’une. Dans ce secteur fortement industrialisé, a quoi ressemble cette situation particulière et que va t-elle devenir ? C’est ce que je propose de traiter dans la seconde partie.

Restructuration de l’urbanisation en direction de la Marque Renforcement de la Marque et de son cortège biologique et écologique dans la ville

Quelle nouvelle interface ?

73


N

74

0

5

10

15

20


Partie 3 :

ENTRE RIVIERE ET CANAL : LA BRANCHE DE CROIX. Bénéficiant de la présence du canal, le secteur de la Branche de Croix s’est développé grâce à l’industrie, aujourd’hui déclinante et en mutation prochaine pour les restante. La Marque y a été fortement contrainte et semble aujourd’hui occulté du paysage urbain (du moins pour la rivière). D’un autre coté, les villes de Croix et de Wasquehal se sont développés tournant le dos à une rivière «égout». Cette partie tente de distinguer comment l’industrialisation a influencée le développement du site, quels en ont été les apports mais aussi quelles contraintes persistent ? Ensuite cette partie cherchera à comprendre les dynamiques que la désindustrialisation a apportée sur le plan urbain comme sur le plan écologique.

75


Roubaix Roubaix

AA

Croix Centre Wasquehal Hôtel de ville

B B

Lille Lille N 0 km

4 km

L’entre-deux métropolitain est traversé et structuré autour des grandes infrastructures de transports. Source : Etude urbaine Branche de Croix - Mel , document simplifié.

Villes majeures Transport : Tramway

Centralités de l’entre-deux.

Transport : Métro Voie ferrée Routes structurantes

Industries Espaces agricole et de Loisirs

A

D656

76

Canal de Roubaix

Branche de Croix Voie ferrée Lille - Courtrai

D112

D14

Grand Boulevard


1.Les effets de l’industrialisation 3.1.1. Une ville Mosaique bien désservie.

A22 Grand Boulevard vers Tourcoing

Métro ligne 2

L’industrie nécessitant de nombreux moyens de transports, les voies de circulations se sont multipliés dans l’axe de développement métropolitain, entre Lille et RoubaixTourcoing. La topographie relativement plane n’y a pas opposé beaucoup d’obstacles. C’est ce qui explique leur grande linéarité.

Grand Boulevard vers Roubaix

«A chaque fois que l’homme a voulu aller plus vite, il a diminué la vitesse de ses déplacements transversaux»

D60

A hauteur de la vallée de la Marque, ces infrastructures ont malgré tout nécessité de longs remblais et sont de fait de larges obstacles aux dynamique est/ouest provenant de la Marque amont; qu’elles soient humaines ou animales. Les points de passages en sont largement réduits et les infrastructures s’accompagnent généralement de vastes enclaves intermédiaires.

D656 Voie ferrée Lille-Courtrai

Yves Hubert, paysagiste, cité dans la publication de l’Atelier Public de PaysageENSAPL / 2015-2016

Concernant l’urbanisation, la ville ouvrière se mêle aux zones industrielles et aux ensembles modernes sans structure claire, limitant les dynamiques de la Marque. Pourtant, dans ce patchwork d’habitat, de zones industrielles, d’infrastructures et d’espaces boisés, la Marque, seul linéaire traversant d’Est en Ouest devient alors un axe fédérateur. Wasquehal est une ville intermédiaire entre Lille et Roubaix/ Tourcoing, située en plein axe de développement urbain bénéficie d’une très bonne désserte en transports en communs. Son centre est situé à 10 minutes de lille en métro.

B

0

Talus infra-structurel

Espace principalement industriel.

Canaux

Espace principalement constitué d’«habitat ouvrier».

Industrie et routes industrielles

Espace principalement pavillonnaire.

500 m

Les infrstructures à l’encontre des dynamiques est/ouest Source : Document personnel

77


Grand carte branche de Croix et niveaux. Canal, point cumlminant......

78

0 km

N 1 km


Trame batie Réseau hydrographique Vallée de la Marque

Un fond de vallée encombré... 79


Localisation du secteur de la Branche de Croix..

Gare de Croix Wasquehal

Canal de Roubaix Croix Centre Base de Loisir

61 ha Wasquehall centre

550 m

1 km

80

Gare de Croix Wasquehal


3.1.2. Le secteur d’étude. Le secteur de la Branche de Croix se situe donc entre la Marque rivière et la Marque canalisée, entre Wasquehal, Croix et Villeneuve d’Ascq. La Branche de Croix, comme précisé précedemment, est une résultante du premier tracé du canal de Roubaix datant de 1827. Parc Barbieux

Le périmètre d’étude, principalement situé entre les deux lignes d’eau, mesure environ 60ha et est constitué de zones en friches et d’espaces encore en activité. Ce secteur est situé à proximité du centre ville de Wasquehal, du centre ville de Croix, tous deux étant des points de centralité et d’entrée dans le site. Au nord se trouve également la gare de Wasquehal, située sur la voie SNCF reliant Lille à Roubaix/ Tourcoing puis à Tournai. L’accroche «métropolitaine» de ce secteur se situe au sud/ sudest/est. Elle est dûe à la présence du Grand Boulevard LilleRoubaix, entité à part entière des paysages métropolitains; mais aussi du Parc Barbieux, autre résultante du premier tracé du canal de Roubaix, aujourd’hui transformé en parc urbain d’une superficie de 34 ha.

N

Périmètre d’étude

81


Un développement urbaiin dabord lié à l’industrie : Le grand Boulevard et les bords de Marque sont de plus en plus urbanisés

1930

1950

1971

N 0 km

0

Industrie

1 km

1

2

3

4

5 km

Habitat

0

1

Parc Barbieux

2

3

Routes

4

5 km

N 0 km

82

1 km

0

1

Voies ferrée

2

RDC / R+C

Hauteurs baties en Bord de Marque : faibles hauteurs liées aux structures industrielles.

3

R+1/2

4

5 km

R+2/3


3.1.3. Ville Patchwork Autour de ces nombreuses infrastructures, les tissus urbains sont variés et sans grande cohérences, ce qui a pour conséquence d’accentuer les contrastes urbains, devenant parfois ruptures urbaines. L’habitat pavillonnaire s’étale dans les zones boisée assez hautes à l’est du Grand Boulevard. C’est le quartier du Beaumont. Les parcelles sont larges et la limite privé/ public est très opaque.

2015

L’habitat ouvrier est mitoyen et possède souvent un long jardin arrière. A Wasquehal et près de la Marque, il est accompagné de longues rangées de garages. 0

1

2

3

4

5 km

L’habitat collectif mesure environ 12 à 15m. Son large parcellaire est souvent traversable, constituant des espaces semi-publics accessibles à tous. Les zones industrielles s’élèvent sur de grandes surfaces et sur plusieurs niveaux, parfois jusqu’à 15-20 m de haut.

Habitat ouvrier maisons mitoyennes

La composition du Patchwork urbain. Il n’y a pas de grande cohérenc.

Industrie

Habitat pavillonnaire

N

Habitat collectif

0 km

4 km

83


La Branche de Croix, Photo ou dessin.

84


3.1.4. Trois structures pour l’eau

La Marque rivière

La Branche de Croix, Canalisée.

La Marque rivière avant la confluence, contrainte dans un système canal..

85


Gare

Croix Centre

Wasquehal Centre

Quartier du Breucq

0 km

1km

PĂ´les urbains

N

Large parcellaire industriel

86

Bati industriel


3.1.5 Quand la ville tourne le dos à la Marque. : Un secteur enclavé, des limites proches et opaques. Même au plus près de l’eau, la ville a tourné le dos à la Marque à cause de l’activité industrielle. Aujourd’hui, le secteur de la Branche de Croix est constitué essentiellement d’arrières. Ce sont principalement des dos d’habitats à la fois individuels et collectifs au sud, vers Wasquehal et le quartier du Breucq, d’industries au nord . Mais ce secteur est aussi enclavé par la présence prégnante et oppressante de talus infrastructurels à l’est.

Les arrières industriels : Larges bâtiments ou hangars de tôle à coté desquels s’accumulent containers, palettes et engins de manutention.

Les arrières collectifs où Marque sont de larges barrières.

de logements les accès à la limités, forment et imposantes

Les arrières de logements individuels. souvent arrières de jardins, leurs limites avec l’espace de la Marque est souvent opaque. Cachée par une haie ou par une grille recouverte.

Les limites infrastructurelles. Surtout à l’Ouest, les talus ferroviaire, même plantés, représentent une limite opaque et imposante. Voie ferrée

Limites végétales

87


Tissus moderne

Grand Boulevard

Tissus habitat ouvrier

Constructions légères / Culs de sacs

Friche

Place

Place

A’

B’

C’ Espace Public Espace semi public Espace privé habitat Espace privé industriel Friche

+22m

12 m

88

Rivière

D’ +20,5

Canal Crue Centennale


3.1.6. Large présence industrielle conplexif ant le rapport à la ville i et à la vallée de la Marque La large présence industrielle dans le secteur de la vallée de la Marque a occulté le rapport de la ville à l’eau de diférentes manières. C’est en limite sud que la ville est la plus proche. L’industrie était présente jusque dans le cœur de Wasquehal. De l’habitat ouvrier, réunis en cités s’est développé jusqu’au bord de Marque. S’étant installées contre la Marque rivière, ces cités on gagné les bords de l’eau , en lui tournant le dos, compte tenu de la qualité du cours d’eau à l’époque. Aujourd’hui l’industrie proche du centre ville de Wasquehal a laissé place à de l’habitat collectif, pas plus tourné vers l’eau. En limite ouest la voie férrée bloque l’urbanisation et les continuités piétonnes. Un peu plus loin, le Canal de Roubaix puis le passage de la voie rapide urbaine terminent d’enclaver ce morceau de ville. Au nord, la présence industrielle s’est développée jusqu’à la Branche de Croix. Son large parcellaire obstruait les accès à l’eau depuis Croix, ne les rendant possibles qu’au niveau de la rue du professeur Perrain et de l’avenue Jean Paul Sartre. C’est à l’est que le tissu urbain est peut-être le plus tourné sur la marque. Et pourtant, c’est en cet endroit qu’elle est le plus contrainte. Comment retourner ces quartiers sur la Marque pour propulser le projet unificateur sur le devant de la scène métropolitaine ? Croix

Ru

ej

ea

nJ

au

res

Axes majeurs et traversants Axes piétons interrompus le long de la Marque Axes secondaires, bloqués par l’industrie Interruption du tissus habité.

rue du professeur Perrain Wasquehal

Jean Paul Sartre. Breucq

La zone industrielle au nord de la Branche de Croix, est une plus grand rupture urbaine. Le Large parcellaire bloque les accès, ne laissant passer que deux voies principales.

N 0 km

4 km

89


Ruptures entre espaces publics sur les deux berges Ruptures entre espaces publics sur une seule berge

Gare

Liaison à améliorer Espace public en lien avec l’eau Espace public en lien avec la ville et sa trame viaire Espace public privé ouvert au public.

5

3

Croix Centre

2

4 Wasquehal Centre

1

6

Quartier du Breucq

Espaces publics peu nombreux et peu reliés entre eux. N 0 km

4 km

Foncier Public

Source : Urban Act

90

Grand Boulevard

Foncier Semi-privé

Foncier Privé


3.1.7. Espaces publics peu connectés entre eux. Le long de la Branche de Croix et dans sa proximité immédiate, il y a environ 20 ha d’espaces publics. Ceux-ci peuvent être répartis selon deux catégories : les espaces publics liés à l’eau et les espaces publics liés à la ville. Dans le premier cas, les espaces publics sont d’avantage orientés vers une activité de loisirs : promenade, jeux, sports. Dans le second cas, en ville, les espaces publics sont des lieux de rencontre, ce sont les centres villes ou de quartier. Hormis le quartier de la Gare, ils concentrent commerces de proximité, bars, restaurants...mais ne sont pas pour autant très qualitatifs. Dans les deux catégories les espaces publics ne sont pas ou peu reliés entre eux. Les villes de Wasquehal et de Croix s’étant développés en tournant le dos à l’eau, elles sont aujourd’hui introverties, sans relations les unes aux autres. Il est ainsi difficile de passer de l’un à l’autre sans faire de détours ou en étant à son aise. Si l’on regarde ces espaces publics en négatif, soit une carte des espaces privés, on remarque surtout qu’il y en a beaucoup. Et même si certains offrent un accès sur la Marque, celui ci ne s’étale que sur la largeur de la Parcelle. Faut-il alors reconnecter ces espaces publics entre eux ?

Si oui, l’enjeu est alors d’anticiper les mutations à partir du foncier privé.

Parc Barbieux

1 Parc public et terrains sportifs - 2,7ha

4 Centre ville de Wasquehal - 1ha

5 2

Centre ville de Croix - 1 ha

Port du Dragon - 1,2 ha

3 chemin de halage - 1,7km x 5m

6 Mairie de quartier du Breucq - 0,2 ha

91


Une forte contrainte hydraulique, liée aux nombreux ouvrages

3

2

N 0 km

1

1

1 km

2

3

Schéma de synthese hydraulique.

Niveau d’étiage saisonnier

92


3.1.8. Cours d’eau contraints La canalisation de la Marque et l’industrialisation sur ses abords ont fortement contraints la rivière. Elle serpente en effet dans le tissu bâti dense du Breucq avec un jeu de libertés et de contraintes de plus en plus fort vers la dernière écluse. Les constructions ont les pieds dans l’eau , avant de se relibérer légèrement mais pour très vite être canalisées . De plus, la Marque commence a être ponctuée d’ouvrages hydrauliques permettant d’ en réguler son débit et ainsi de maintenir un niveau d’étiage (tirant d’eau minimum) suffisant. Juste après avoir franchi le Grand Boulevard, la rivière est ponctuée d’un déversoir récupérant le surplus d’eau en cas de crues mais envoie aussi de l’eau vers la Branche de Croix et lui maintient un niveau d’étiage suffisant. Ce bras d’eau autrefois découvert passe aujourd’hui en souterrain jusqu’à ce qu’il rencontre une station de relevage, remontant les eaux et les envoyant dans la Branche de Croix. Enfin, à la confluence de la Branche de Croix et de la Marque rivière, deux ouvrages forment une large barrière hydraulique. Il s’agit d’un seuil maintenant la Branche de Croix à niveau, puis d’une lame déversante permettant de réguler le niveau d’eau arrivant dans la Marque canalisée, mais aussi de conserver l’eau à un niveau suffisant dans le secteur rivière. En été, la lame sera plus basse qu’en hiver car moins d’eau alimente la rivière. Le problèmes de ces ouvrages est qu’ils sont aujourd’hui a priori caduques. Même s’ils sont identifiés dans la SLGRI Marque Deûle comme des ouvrages pouvant réguler les inondations, ils sont un barrage à la circulation fluide de l’eau et donc de la faune aquatique.

Zone inondable

93


B

A

N 0 km

1 km

La présence industrielle polluente, le nord du site d’étude est d’avantage pollué. Seules les pollutions des zones rouges sont confimées (BASOL). le reste est supposé.

La marque canalisée

- 16 m

Alluvions quaternaires

Sables d’Ostricourt Argile de Louvil

A

Senonien/Turonien

a la soude

94

La marque canalisée


3.1.9. Des terrains pollués L’industrialisation a amené son lot de déchets, elle a pollué les sols. En effet, les industries s’étant installées sur le site ont eu des activités polluantes. Deux secteurs sont aujourd’hui classés BASOL et classés «n» dans le Plan Local d’Urbanisme Métropolitain.. Il s’agit de la friche Rhone Poulenc, usine chimique, pharmaceutique et de transformation de produits pétroliers; ainsi que de la friche friche Cornu, également classée BASIAS. On y stockait des matériaux ferreux. Des pollutions aux hydrocarbures et aux métaux y sont donc légères, sur une profondeur d’environ 50 cm. Cette friche est aussi recensée dans les ICPE (industrie classée pour l’environnement). A ce titre et dans le cas d’une reconversion, ils est recommandé de suivre une démarche ERC (Eviter, Réduire, Compenser l’impact des projets sur l’environnement). Deux zones de la friche Rhône-Poulenc sont classées «n1» dans le PLU. Il s’agit d’anciens bassins de rétention d’eau, confinés lors d’un premier traitement de la friche en 2000. Ces zones sont dites «traitées avec restriction d’usage». Ce qui veut dire qu’elles ne sont ni constructibles, ni escavables. Comment alors concilier la présence de ces sols pollués avec l’ambition d’ouvrir ces sites au public ? Différentes techniques existent (voir annexe) dont l’enfouissement, le déblaiement, l’exportation et le traitement à l’extérieur; le traitement sur site ou encore la préméditation. D’une manière générale, au plus le traitement sera rapide, au plus il sera coûteux. Dans un contexte économique sensible et dans des régions où la pression urbaine reste raisonnable (contrairement à Paris, et fonction du cout très élevé), l’exportation et le traitement à l’extérieur doivent êtres évité.

Anciens bassins de Le noir ruisseau rétention connnés Ancien bassin de rétention, faisant office de bassin de confinnement. il est Inconstructible

A

Source : MEL

95


Tourcoing

Roubaix Centre Croix

Centre Wasquehal

Villa Cavrois

Lille

L’entre-deux métropolitain est traversé et structuré autour des grandes infrastructures de transports. N

96 0 km

5 km


3.1.10. Peu d’équipements culturels

La particularité de l’agglomération métropolitaine lilloise est d’être une ville multipolaire, dont les noyaux sont Lille, Roubaix et Tourcoing. C’est aujourd’hui dans ces villes que se concentrent les équipements culturels d’importance : Zénith de Lille, Musée des beaux arts, Tripostal, maisons folies... à Lille; Musée des Beaux Arts de Tourcoing (MUBA), la Piscine de Roubaix mais également des maisons folies en ce qui concerne le nord de la métropole. Dans l’entre-deux métropolitain, pourtant bien désservi, on trouve peu d’équipements culturels d’envergure ormis la Villa Cavrois, résidence patronale de l’époque industrielle, oeuvre de l’architecte Robert Mallet Stevens, aujourd’hui classée au Monuments Historiques et ouverte au public depuis juin 2015. L’entre deux métropolitain comporte uniquement des équipements culturels locaux, a savoir école de danse, de musique ou encore médiathèque. Mais il existe pourtant un riche patrimoine. Roubaix et Tourcoing sont classées Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine pour leur patrimoine industriel. Roubaix est également une ville labellisée ville d’Art et d’Histoire et tente à ce titre de renforcer le caractère patrimonial du Canal de Roubaix, mais aussi du Grand Boulevard d’Alfred Mongy datant du début du 20ème siècle. Est ce que la Branche de Croix, héritage de l’époque industrielle aujourd’hui en désuétude, peut devenir un élément patrimonial fort et ainsi rendre le secteur plus attractif ? Eléments patrimoniaux

Roubaix ville d’Art et d’histoire Eléments patrimoniaux

http://canalderoubaix.bn-r.fr/ pdf/plaquettecanal.pdf

MJC Eléments patrimoniaux ponctuels Equipements culturels

Parcs métropolitains

La villa Cavrois http://www. lillelanuit.com/

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Coeur de la friche Rhône Poulenc, entre la Branche de Croix et la Marque rivière. 98 écologie pour les friches industrielles ? Quelle


3.2. Déprise industrielle pour d’autres dynamiques Amorcée dans les années 1970, la désindustrialisation, comme de nombreuses autres villes françaises, européennes ou internationales, aura profondément traumatisé la Métropole lilloise. Cette sous-partie pose la question de ce qu’aura apporté la désindustrialisation du secteur de la Branche de Croix, sur le plan urbain, mais aussi en termes de dynamiques écologiques et humaines. Quel a en effet été l’impact en termes d’usages et de pratiques ? Quelles dynamiques biologiques se mettent en place le long de la Marque et dans la friche ? Sont-elles intéressantes à conserver ? Quel nouveau statut prend le secteur de la Branche de Croix et la Marque dans la ville mosaïque ?

Une autre dynamique remplace les espaces agricoles et paysagers de la Marque : les espaces verts infrastructurels, orientés nord / sud, ils sont des barrières aux dynamiques biologiques portées par la MArque

99


Une présence industrielle encore forte mais appelée à muter

Activité industrielle en fonctionnement appellée à muter

100


3.2.1. Envisager la Mutation de l’activité industrielle L’industrie autour de la Branche de Croix est encore présente aujourd’hui mais la MEL prévoit sa mutation. Au total, dans un périmètre élargi (cf. série de plans cidessous), ce sont pas moins de 40 sites plus ou moins vastes qui sont appelles à muter à court, moyen ou long terme. Les mutations à court terme renvoient ici jusqu’à l’horizon 2018 maximum. Les mutations à moyen terme sont prévues jusqu’à 2020 alors que les mutations dites à long terme seront effectives à l’horizon 2025. Les emprises mutables à long terme concernent à priori les parcelles les plus polluées et à emprise SNCF. Même si elle peut être remise en question par le projet cette temporalité est une base solide sur laquelle s’appuyer pour anticiper la reconversion du site.

Les différents termes de la mutabilité industrielle.. Source : urban Act

101


Le site aujourd’hui

Berges de Marque rivière à l’approche de la confluence. La canalisation entrave les dynamique écologiques.

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Les alluvion, écologiquement riches


3.2.2. Un enfrichement généralisé Depuis la fermetures, les terrains appartenant aux usines Rhône Poulenc, UIOM et Cornu s’enfrichent, représentant une surface d’environ 23 ha. On peut alors se poser la question de la nature des sols et du niveau d’évolution de la friche, de sa composition, et de la dynamique dans laquelle elle s’inscrit. Quels paysages sont ainsi créés?

Le Noir Ruisseau, totalement enfriché

Boisements de Boueleaux, Une structure paysagère pionnière

Cet enfrichement en est aujourd’hui au stade de hautes herbacées pour la plus grand partie. En bordure de la Branche de Croix cependant, la friche a atteint des proportions plus hautes et des boisements de bouleaux structurent l’espace entre la rivière et la canal. Dans le cadre d’une étude menée par la MEL, certains espaces de ces parties enfrichées ont été repérés par une agence d’études environnementales comme Zones d’Intérêt Écologique (ZIE), preuve que l’enfrichement, même en zones polluées, peut apporter une nouvelle écologie. Ces zones ont été repérées pour leurs capacités à accueillir des stationnements d’oiseaux ainsi que pour la présence d’une diversité de végétation hélophytique (en berges de la Branche de Croix : habitat de poules d’eau, Rousserole effarvate...). Le cœur de la Friche Rhône Poulenc, en partie zone humide à proximité de la Branche de Croix est considéré comme zone d’intérêt patrimonial, tout comme le noir ruisseau. Enfin, entre la friche UIOM et la friche Cornu, une bande boisée d’environ 30 m de large est porteuse d’une espèce protégée comme l’Ophrys abeille, espèce rare d’orchidées. Les bords de la Branche de Croix et de la Marque canalisée sont identifiés quant à eux comme des axes de dispersion de ces dynamiques biologiques. Avec le temps et sans exploitation fluvialde la branche de croix des alluvions se sont déposées au fond de la Branche de Croix, réduisant le niveau d’étiage. Mais ces alluvions sont aujourd’hui le support d’une végétation de roselières servant d’abris écologiques. Dans le cadre de la reconversion urbaine du secteur , il est important de ne pas déplacer ces alluvions au risque de déranger les milieux. Cependant, comme leur accumulation contribue à réduire les zones d’expansion de crues et donc à augmenter le risque, il sera nécessaire de trouver un juste milieux.

Berges pleines d’alluvions de la Branche de Croix,

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La friche, un vide mettant en tension les centres urbains : Des vues Ă travailler.

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la désindustrialisation a provoqué une nouvelle dynamique écologique. Entre ces deux lignes d’eau, aux végétations bien spécifiques, le vide laissé par le départ des industries est remarquable. Il met en exergue deux biotopes différents et marque la limite entre les deux communes aux clochers bien distincts Après toutes les séquences paysagères en amont, la figure de la Friche correspond-elle aux séquences paysagères de la Marque aval? Faut-il la rendre fréquentable? A quoi devra donc se limiter l’intervention? Le foncier disponible est donc une opportunité pour la métropole mais aussi pour la ville de Roubaix. Elles ont identifié, chacune à leur échelle respective, l’importance de s’appuyer sur le secteur de la Branche de Croix pour renforcer leur trames verte et bleue.

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Le batit industriel bouche les perspectives.

ILe traitement des abords de la Marque, ici à Croix, ne s’arrète qu’à l’entrée de ville. On observe ici l’ambition des communes de regagner la Marque.

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3.2.3. Ruptures urbaines fortes entre habitat et industries L’enfrichement généralisé et la présence industrielle persistante contribuent à créer d’importantes et de franches ruptures urbaines, dissuadant ou n’encourageant pas le piéton à s’y rendre ou à traverser. Où y a-t-il ruptures urbaines et quelles sont les solutions pour tenter de les atténuer, ou même d’en tirer parti? Rupture urbaine signifierait un manque de continuité au sein du modèle urbain. Je pense que l’on peut recréer des liens entre les entités sans en dénaturer pour autant l’identité? Quelles sont les structures ou espaces publics qui gagneraient à être reconnectés pour sortir de de l’impasse ?

Rue reli Jean a P cen nt wa aul Sa squ r tre eha tre, à la gar l ed eC roix .

La rue J.P. Sartre entrant et sortant du centre de Wasquehal: une structure à requalifier en priorité.

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Jeunes jouant au foot sur le stade municipal de Wasquehal.

Percée dans le grillage permettant d’acceder à la friche depuis Wasquehal

Un habitat de fortune dans les boisements de bouleaux, sur la friche Rhone Poulenc.

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Waskland : Terrain d’Airsoft sur la friche UIOM.


Quel est l’impact sur les pratiques de ces ruptures urbaines et de ce manque de continuité spatiale ? Pour mon mémoire d’initiation à la recherche de troisième année, je travaillais sur la question du rapport formes-usages et de la manière dont l’organisation spatiale influence ou non les pratiques. J’en ai conclu que ce rapport est cyclique. C’est à dire que l’activité humaine a modifié un espace sur lequel elle s’est installée, apportant des usages et induisant des pratiques dans un cadre plus ou moins contrôlé. Il s’avère que dans les espaces les moins contrôlés et les plus opaques du tissu urbain se développent des pratiques marginales ou dites déviantes, sortant du cadre, modifiant à leur tour formes et pratiques spatiales. Ce cycle se répètera jusqu’à ce que la volonté de changement émerge, du bas (bottom up) ou du haut (top down) , conduisant à un projet spatial à plus ou moins grande échelle. Sur le secteur de la Branche de Croix, il existe trois types d’espaces: l’industrie en activité, les secteurs en friche, et les espaces publics aménagés. La principale activité se concentre dans les espaces publics aménagés entre voiries et espaces publics. Sur les deux voieries traversant du nord au sud, il passe 12000 véhicules/jour (source MEL, PDU 2010) sur l’avenue J.P Sartre et 8000 véhicules/Jour sur la rue Jean Jaurès. Un peu plus à l’est, le Grand Boulevard voit passer 25000 véhicules par jour. Concernant les espaces publics et les circulations piétonnes, les secteurs les plus dynamiques sont le centre ville de Wasquehal et le centre ville de Croix, tous deux bénéficiant d’une station de métro et de commerces répondants aux besoins journaliers. Le GR121b attire des joggeurs en semaine et d’avantage de promeneurs le week-end, surtout par beau temps. Mais les pratiques ne sont pas plus diversifiées. L’industrie encore en activité contrôle beaucoup ses accès en clôturant ses parcelles et en surveillant ses entrées, les pratiques se limitent donc aux entrées et sorties. Enfin, dans les zones de friches les pratiques sont plus marginales. La friche UIOM a été réappropriée pour la pratique de l’airsoft (sorte de paintball avec armes à billes). Spatialement, le terrain est donc quadrillé de structures en bois servant d’abris lors des parties de jeu. Lors de mes excursions sur site, j’ai observé des traces d’occupation des sites en friches à savoir cabanes de palettes et tentes dans les bois de bouleaux, vêtements ou excréments.

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Terrains en friches en mutation le long de la Marque canalisĂŠe

Terrains enfrichĂŠs Terrains en reconversion. N 0 km

110

4 km


Partie 4 :

Les enjeux de la Reconversion Comme traité dans la partie 1, depuis les années 1970, l’industrie textile dans la métropole Lilloise diminue fortement, libérant du foncier au bord des cours d’eau. Le long de la Marque canalisée, de nombreuses friches sont donc apparues. Cet espace urbain au repos, sans fonction précise représente cependant une opportunité de «réparer» la ville en renouant le contact avec l’eau. Ainsi, comme le montre le plan ci-contre, si la Marque canalisée est accompagnée par de nombreux projets de reconversion, le secteur de la Branche de Croix représente le plus grand secteur à reconvertir. Identifié dans son plan bleu comme secteur à enjeux, la MEL s’y intéresse de près et a lancé un appel d’offre en 2013 pour une étude pré-opérationnelle pour la reconversion du secteur de la Branche de Croix. Si la métropole ne sait pas encore aujourd’hui quelle forme juridique donner au projet, celuici sera un projet urbain avec l’objectif de recomposer la ville. Cette reconversion doit parvenir à redonner une dynamique urbaine à la Marque tout en recomposant et en accentuant les dynamiques écologiques et paysagères qu’elle amène et qui s’étouffent actuellement. Aujourd’hui, la MEL se sert de cette étude pour relancer un appel d’offre : celui de la reconversion écologique et paysagère de la Branche de Croix. Quels enjeux cette étude fait émerger et comment prennentils forme? Je reprendrai et aborderai ensuite les enjeux de la reconversion de la Branche de Croix aux différentes échelles : métropolitaine, au niveau de l’entre-deux métropolitain et enfin à l’échelle de la Branche de Croix. J’en dégagerai alors des intentions de projet et des outils.

111


Retourner la ville vers l’eau.

1/10 Commerces

Traverser les infrastructures

Parc 14ha

1

ed

Espaces publics autour de l’eau.

Renforcement des centres anciens

112

Urbanisation en zone inondable.

Restructuration hydraulique

7414 m²

71876 m²

3860 m²


Connexion au Parc Barbieux

2

Après la désindustrialisation de la Branche de Croix, et depuis qu’elle a récupéré la compétence de gestion des cours d’eau, la reconversion de ce site particulier en cœur de métropole est envisagée par la MEL qui y voit l’opportunité de renforcer les dynamiques de loisirs et de biodiversité le long de la Marque, mais aussi et avant tout de recomposer la ville. Plus précisément, la demande provient des villes concernées par la Branche de Croix. La MEL porte le projet. A 15 min en métro de Lille, les enjeux économiques sont considérables. L’équipe ayant travaillé sur cette étude est composée d’ Urban Act architecture et écologie territoriale en tant que mandataire du groupement de maîtrise d’œuvre, Alfred Peter, Paysagiste co-traitant, MAGEO-Morel co-traitant spécialiste VRD et Hydrologie, ALFA co-traitant spécialiste écologue, TETRA cotraitant spécialiste programmation, IDRA Environnement soustraitant spécialiste pollution et Euromapping sous-traitant expert en voies navigables. - Enjeux urbains et d’habitats. C’est autour d’un projet urbain que la Métropole Lilloise souhaite reconquérir ces terrains. Les 3 communes souhaitent retrouver un rapport fort avec l’eau et «sortir de leurs remparts», soit restructurer leurs espaces publics autour de l’eau.

Ouverture de la marque souterainne retrouver un écoulement gravitaire d. r a lev u Bo d n Gra

Equipe urban Act /Alfred Peter.

Il y a de plus l’enjeu hydraulique qui consiste à retrouver un écoulement gravitaire de la Marque depuis la chaine des Lacs. Il est sensée permettre de diminuer les risques de crues, mais aussi d’améliorer les dynamiques biologiques de la Marque. Cela se traduit donc par la suppression des ouvrages hydrauliques, surtout du seuil au niveau du Port du Dragon; mais aussi par la réouverture du secteur souterrain de la Marque entre le déversoir au niveau du Grand Boulevard et la Branche de Croix. Pour cela, cette étude prévoit 71900 m² de logements pour 7400 m² de commerces et 3860 m² de bureaux. Ce qui représente environ 1000 logements (68,7m²/logement en collectif) (source : INSEE-enquete sur le logement 2013) et 2500 habitants supplémentaires sur environ 50ha, ce qui correspond à la densité de population de Croix étant de 5000 hab/km²

113


La colline, structure paysgère uniquement en vue de dépolluer les sols.

N 0 km

114

100 m

Reconversion du quartier au croisement de l’avenue Jean Jaurès et de l’avenue Le notre. Un quartier mixte en bordure d’une Marque redécouverte


Le groupement de projet prévoit d’urbaniser en partie en zone inondable, le long de la Marque alors que cette rivière est déjà particulièrement enclavée et contrainte entre le Grand Boulevard et la Branche de Croix. Un parc naturel métropolitain de 14 ha est également prévu. Ce qui reste relativement peu comparé à la surface foncière disponible et à l’ambition métropolitaine de ce secteur. (Le Parc Barbieux mesure 38ha!) Ce parc semble surtout être le moyen de répondre aux problématiques de dépollution des sols. Dans une optique plus rapide que la phytoremédiation, les déchets pollués sont excavés, traités sur site pour être ensuite répartis dans le parc. Le risque est augmentés par une épaisse couche de terres inertes et de déblais provenant de l’extérieur. Le tout forme une «colline» pour reprendre le terme utilisé par Urban Act et Alfred Peter. Mais si elle accueille un belvédère permettant de contempler la diversité et la complexité des paysages métropolitains, cette colline réduit fortement les possibilités de pratiques et d’usages, ne proposant qu’une «promenade» avant d’accéder au sommet. Elle occulte le rapport visuel préexistant entre les différentes communes et ne valorise pas l’entité géographique qu’est la vallée de la Marque. La réouverture de la Marque accompagne deux autres projets urbains, plus aboutis et en phase de concertation que sont la reconversion du secteur 3 Suisses et un projet urbain à l’angle de la rue Jean-Paul Sartre et de la Branche de Croix.

115


N 0 km

4 km

- UA : «Zone urbaine Mixte à caractère central» , à dominante d’habitat et pouvant compter des commerces, services, bureaux, activités artisanales, équipements publics, compatibles avec un environnement urbain plus dense. La hauteur maximum des constructions ne peut dépasser 15,5m et le coefficient d’occupation du sol ne peut excéder 0.80 en UAb.

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- UF : Zone occupée pour tout ou en partie de zones industrielles et dont la vocation doit être renforcée. Le Règlement du PLU stipule également que toute construction à usage d’habitation est interdite. L’indice «n» ne permet pas de construire de nouvelles installations recevant du public ou de l’ habitat.

-E : Zone d’activité organisée ou à organiser : commerces, bureaux et services sont limités et la création d’habitat y est interdite.


L’étude du PLUi (i : intercommunautaire) de la MEL est un bon moyen de comprendre les orientations du secteur de la Branche de Croix que la métropole a déterminé en 2004. Le périmètre d’étude regroupe 5 grandes catégorie différentes : - UA - UF - UE - UG - UP On remarque, en étudiant le PLU que la quasi totalité des espaces constituants la zone d’étude sont classés UF, UE, ou UG. Ces espaces sont destinés à devenir des zones industrielles ou d’activité, sur lesquelles toute construction d’habitation est interdite. Les zones UP, récréatives sont existantes et vieillissantes. Mais elles sont surtout très peu représentées alors que le Schémas de COhérence Territoriale (SCOT) de Lille métropole préconise pour ce secteur d’au moins doubler le nombre d’espaces publics. Si l’urbanisme se poursuit comme le PLU le préconise, le centre ville de Wasquehal se retournera peut-être vers l’eau, mais pas le centre de Croix, ni le quartier du Breucq. Mais le PLU peut être révisé. et dans le cadre de cette révision, les orientations des sols pourront être modifiées pour y intégrer d’avantage d’habitat et d’espaces publics. C’est du moins ce postulat que je fait pour le projet. Je pense que la ville peut s’étendre au moins dans les limites de l’aire d’influence des transports (cercles rouges) : métro, TRAM, Gare.

- UG : Zone économique bénéficiant d’une situation privilégiée par sa proximité avec le centre ville ou par sa bonne desserte. Ici, la zone d’activité est comprise entre la Gare de Croix/Wasquehal et le centre ville de Croix. Les objectifs de ces zones sont d’implanter à terme une mixité d’activités tertiaires: bureaux, commerces, services, hôtels, résidences services; et activité industrielle compatible avec l’existant.

- UP : Zone urbaine récréative et d’animations de plein air pouvant éventuellement être destinée à recevoir du public, à vocation sportive, touristique, ludique, ou de promenade. Peut participer à la création de «poumon vert» dans le tissu urbain. La constructibilité y est admise mais très modérément.

Le « n » en indice indique que les sols sont pollués et le « n1» indique une inconstructibilité totale tenant à la pollution des sols.

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Rappel des Enjeux Dans la partie 2 ( cf Partie 2 : p. 66-69 et p.72), j’identifiais les enjeux que porte le bassin versant de la Marque mais aussi les enjeux qu’elle porte au sein de la métropole a savoir : - Le Renforcement de la Marque et de son cortège biologique, écologique et récréatif dans la ville - Le Renforcement de la Marque et de son cortège biologique et écologique dans la ville. A la rencontre de ces deux dynamiques, la Branche de Croix articule 3 entités, chacunes porteuses d’enjeux différents à savoir la ville et son retournement vers la Marque, le réseau hydraulique et l’affirmation du système singulier rivière / Canal et la friche, relais écologique en devenir.

Enjeux à l’échelle de la Métropole. 1. Urbains.

Se saisir des espaces libres pour recomposer la ville autour de l’eau et éviter l’étallement urbain

2. Ecologiques

Concilier développement urbain, loisir et continuités biologiques

3. Ecologiques

Faire de la Vallée de la Marque un repère dans le paysage de la métropole Lilloise

4. Hydrauliques

Désenclaver la Marque et donner plus de place aux zones d’expansion de crues.

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«franchir les remparts et regagner la Marque» 1. Renforcer les relations douces entre les pôles urbains. 2. Augmenter la surface des espaces publics en bord de Marque. 3. Multiplier les accès à l’eau et atténuer les ruptures urbaines. 4. Anticiper le phasage du projet. Valoriser la Marque 1. Valoriser le système hydraulique de la Marque. 2. Désenclaver la Marque. 3. Améliorer la qualité de l’eau et renforcer les berges.

La friche, support écologique et récréatif. 1. Valoriser la richesse écologique présente. 2. Réintégrer la Branche de Croix dans les continuités écologiques métropolitaines.

3. Faire en sorte que les infrastructures ne soient plus un

obstacle aux dynamiques biologiques est/ouest de la vallée de la Marque. 4. Dépolluer les sols.

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Enjeux à l’échelle du bassin versant et de la Métropole. Constats : 1.

Le passé industriel de la métropole Lilloise a laissé place à de nombreuse friches qui mittent son tissu urbain

2. La vallée de la Marque est soumise a de fortes pressions foncières et de loisir. 3. Une rivière naturelle dont les dynamiques écologiques et de mobilité s’estompent à l’approche de la Métropole.

4. Une rivière urbaine contrainte et qui présente un grand risque inondation . Enjeux : 1. Urbains.

Se saisir des espaces libres pour recomposer la ville autour de l’eau et éviter l’étallement urbain

2. Ecologiques

Concilier développement urbain, loisir et continuités biologiques

3. Ecologiques

Faire de la Vallée de la Marque un repère dans le paysage de la métropole Lilloise

4. Hydrauliques

Désenclaver la Marque et donner plus de place aux zones d’expansion de crues.

Intentions : 1. Aménager les espaces de friche ou en mutation en faisant des espaces attractifs pour le logement, le travail et les loisirs.

2. Renforcer le réseau de cheminement à l’échelle de la métropole et limiter l’urbanisation en zone inon-

dable.

3. Travailler les vues, la matérialité des projets, les structures végétales et les cheminements. . Trouver un vocabulaire urbain permettant d’identifier la vallée de la Marque et travailler les transitions entre les espaces publics métropolitains et ceux de la marque.

4.

Profiter de la libération du foncier en bord de Marque pour retravailler les berges dans un soucis de résilience hydraulique.

120


121


1

«franchir les remparts et regagner la Marque»

Constats : 1. Les centres villes se sont développés sur eux même, il y a peu de relations entre eux. En effet, les villes se

sont développées en tournant le dos à la Marque.

2. Un réseau d’espaces publics discontinu et peu d’espaces publics de proximité. 3. Le large parcellaire industriel, des limites urbaines brutales et la voie ferrée limitent les accès à la Marque. 4. Un grand nombre d’industries est en phase de mutation, prévue à différents termes Enjeux : 1.

Renforcer les relations douces entre les centres villes et les ouvrir sur la Marque

122

2.

Augmenter la surface des espaces publics en bord de Marque.


3. Multiplier les accès à l’eau et atténuer

Croix centre

les ruptures urbaines.

Wasquehal centre Restructurer le parcellaire industriel

Aténuer le contraste entre entités urbaines

4. Anticiper le phasage du projet.

T1

T2

T3

A wasquehal centre, retrouver les continuités de circulation le long de la Marque

Intentions : 1.

Proposer une nouvelle urbanisation pour recentrer la Marque dans le tissu urbain. Restructurer également les relations existantes et multiplier les liaisons douces entre les pôles urbains, en facilitant les traversées de la Marque rivière et de la Marque canalisée. 2. Aménager les bords de Marque afin de proposer un nouveau maillage d’espaces publics de proximité et de qualité en les intégrant à un nouveau parc métropolitain.

3.

Proposer un nouveau quartier à proximité des centres villes pour recentrer la Marque dans le tissus urbain, en requalifier les accès à la Marque, divisant le parcellaire industriel et en investissant le réseau de veinelles existant afin de

4.

Installer les actions prioritaires sur les parcelles rapidement libérées et développer une stratégie d’appropriation temporaire des parcelles mutables à plus long terme.

123


2

Valoriser la Marque

Constats : 1. Un système hydraulique particulier composé d’une rivière et d’un canal. 2. La Marque est contrainte dans un tissu bâtit et privé dense, mais aussi par ses ouvrages

hydrauliques perturbants son écoulement.

3; La Marque est un cour d’eau de mauvaise qualité dont une partie des berges est dégradées Enjeux : Entre rivière et canal : declinaison d’espaces

1. Valoriser le système hydraulique de la Marque. Croix he nc Bra ix Cro de

Wasquehal e

rqu

ma

2. Désenclaver la Marque. Supprimer les ouvrages hydrauliques Croix

Wasquehal

124

Découvrir la Marque

Désenclaver la Marque


3. Améliorer la qualité de l’eau et renforcer les berges.

Au niveau de la confluence, l’ouvrage aura disparu, le rapport à l’eau sera plus progressif et interactif

Intentions : 1. S’appuyer sur les deux caractères hydrauliques pour requalifier le secteur de la Branche de Croix. 2. Simplifier le système hydraulique et Anticiper les mutations du site à partir du foncier privé mutable.

3. Retravailler le profil des berges en fonction de leurs usages en tennant compte de la résilience face au risque inondation et en mettant en place une stratégie de traitement des sédiments.

125


3

La friche, support écologique et récréatif.

Constats : 1. Malgré la pollution de ses sols, le site présente des zones d’intérêt écologique mais discontinues.

2. La présence industrielle et la densité urbaine autour de la Branche de Croix ont diminués les continuité biologiques métropolitaine portées par la Marque.

3.

Les infrastructures orientées nord/sud sont vectrices d’une richesse biologique mais contraignent les dynamiques Est/Ouest.

4. Les sols du secteur de la Branche de Croix sont

pollués.

Enjeux : 1. Mettre en valeur la richesse écologique présente. 2. Réintégrer la Branche de Croix dans les continuités écologiques métropolitaines.

3. Faire en sorte que les infrastructures ne soient plus un obstacle aux dynamiques biologiques est/ouest de la vallée de la Marque.

4. Dépolluer les sols.

126


Ferme Dehaut 0 km

4 km

Parc Barbieux

Ripisylve de la Marque Centre équestre Talus de voie ferrée

Grand Boulevard N

Bois de Warwamme

Espace boisé support de la TVB.

Végétation Moyenne dense de talus

Zone d’intéret écologique

Ripisylve de la Marque et de la Branche de Croix.

Alignements

Continuités biologiques de la Marque

Sols pollués «n»

Etirer la dynamique écologique jusque dans le tissus urbain

Sols pollués «n1»

Intentions : 1. Mettre en valeur la richesse écologique présente. 2. Aménager un parc qui s’intègre dans les continuités biologiques Est/Ouest de la Vallée de la

Marque, en s’appuyant sur les dynamiques déja présentes sur le secteur de la branche de Croix.

3. S’appuyer sur la linéarité de la Marque, renforcer ses sylvestres pour retrouver une cohésion écologique Est/Ouest entre la vallée de la Marque et la plaine agricole de Bondues.

4. Mettre en place une stratégie économique de dépollution sans export des sols et permettant d’accueillir un public de tout age.

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Les invariants du Projet

Programme B.V de la Marque - Parc s’inscrivant dans la chaine des parcs métropolitains. - Promenade métroplitaine. - Création d’une fabrique artistique et culturelle proposant résidence d’artistes,

128

expositions et ateliers.

- Qualifier les accroches des espaces métropolitains et centralités proches vers la Marque - Valorisation le premier tracé du Canal de Roubaix. - Rendre accessible le talus infrastructurel. - Urbanisation Mixte depuis la Ville vers la Marque, plus densémment vers les centres bourgs historiques (proximité des transports). 70000 m² d’habitat, 7500 m² de commerces, 3800 m² de bureaux.


.

Schéma d’intentions générales Encourager l’urbanisation vers la Marque

Mettre en place une stratégie de dépollution des sols

Redonner plus de place à la Marque

Valoriser le système Rivière/Canal Découvrir la Marque.

Restructurer le centre de Wasquehal autour de la Marque Restructurer les espaces publics en bord de Marque

Concevoir un parc métropolitain.

Qualifier les accroches urbaines.

- Restructurer les espaces de proximité vers la Marque et les rendre plus accessibles depuis la ville. - Proposer la gestion des sols et des deux bassins de rétention pollués dans une optimisations économique. - Intensifier les usages et les ripisylves en bord de Marque entre ouvertures et fermetures.

En s’appuyant sur les espaces publics porteurs de la Trame Verte et Bleue et sur les ripisylves de la Marque, recomposer les continuités végétales est/ouest.

N 0 km

4 km

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Conclusion Le rapport de présentation m'a permis d'appréhender et de présenter le "petit" territoire de la Marque, la richesse de ses paysages et les risques qu'elle provoque ou supporte. Au fil du temps le développement de la métropole s'est liée à cette dernière, de la nécessité des industries d'un accès à l'eau, au transport fluvial. Aujourd'hui dans la période de transition de la ville industrielle à la ville résidentielle et servicielle la Marque continue de jouer son rôle d'attracteur. Mon arrivée sur le site de la Branche de Croix revêt un caractère particulier par la découverte de deux morceaux de territoires qui se rencontrent entre la rivière et le canal, au passé industriel fort et en pleine mutation. Ce projet s'inscrit dans une dynamique de reconversion que la MEL a entamé dans les années 2000. Il va se poursuivre pendant de nombreuses années encore, et est la marque

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du temps long du projet urbain et du projet de paysage. L’idée d’un parc de la Branche de Croix répond à la nécessité de rendre sa valeur à un espace malmené par la présence industrielle. Valorisant le système hydraulique au centre de la ville, il permet de rendre attractif les bords de Marque et de redécouvrir le territoire de sa vallée dans la ville. Il permet aussi d’augmenter la surface d’espaces publics dans un territoire qui n’en a que trop peu. Il s’agit alors de retrouver une Marque dynamique, grâce à un programme urbain mixte, une diversification des espaces publics et en y proposant de nouveaux usages. Composer un parc au sein duquel se développeront à la fois des programmes métropolitains et locaux répond à la nécessité d’inscrire la Branche de Croix dans les dynamiques récréatives de la Marque, de pouvoir aisément « sortir » de la métropole sans voiture, ni transports en communs pour atteindre la chaîne des lacs, le marais de Fretin et pourquoi pas prolonger jusqu’à Mons-en-Pévèle. Composer ce parc répond aussi à la nécessité locale, plus proche des attentes des communes, de trouver à côté de chez soi des espaces publics riches et variés, lieux de passages ou de pause en rentrant de l’école, pour faire une partie de foot ou même déjeuner. Ce projet, qui met la Marque au cœur de la réflexion mais aussi de l'action, devient un générateur de nombreux projets autour de cours d'eau métropolitain. C'est une étape de la reconstruction du corridor écologique dans la Métropole lilloise.

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Bibliographie Ouvrages

Personnes rencontrĂŠes

Documents rĂŠglementaires

Exposition

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Annexes 1. Extraction du plan bleu métropolitain.

Marque urbaine :

Secteur de la Branche de Croix. - Développer un front urbain sur l’eau. - Espace de nature lié à l’eau. - Renouvellement urbain.

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Source :Plan bleu métropolitain.


2. Synthèse d’état des milieux actuels

Source étude Branche de Croix - Urban Act.

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3. Techniques de dépollution. étudiées

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Entre rivière et canal, Retrouver la Marque. La reconversion de la «Branche de Croix», au coeur de la métropole Lilloise. La question de la relation qu’entretien la ville avec un cours d’eau est ancestrale. Ils ont été une chance pour les villes de se défendre puis de développer grâce à l’industrialisation. Mais leurs caprices représentent aussi des risques majeurs et parfois décisifs dans l’organisation urbaine. Le cas de rivière de la Marque est intéressant. Grâce à sa canalisation début XIXème, cette rivière a fourni à la métropole les moyens de développer son industrie puis de s’étendre. Cette dynamique industrielle s’est interposé entre l’eau et la ville, surtout dans l’axe de développement métropolitain, mais aussi en travers des nombreuses dynamiques naturelles et récréatives portées par la rivière et ses abords. Riche de cet héritage, ce diplôme s’intéresse à l’interface de ces dynamiques métropolitaines, quand la rivière devient canal ! Comment alors envisager la reconversion urbaine du secteur de la Branche de Croix, dévalorisée et déconnectée des différents tissus urbains, pour retrouver une dynamique de développement tournée vers la Marque et ses abords ? Et comment restructurer et renforcer les dynamiques paysagères et biologiques du territoire de la Marque ? Ce présent rapport traitera de l’évolution de la relation de la ville à l’eau et des nouveaux enjeux qu’elle porte, puis de la double dynamique métropolitaine du territoire de la Marque. Le projet ambitionne de faire de la branche de croix un espace dynamique porté par la ville et par l’eau.

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