LA FATALITÉ D'UNE ARCHITECTURE ?

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RAPPORT DE PROJET DE FIN D’ÉTUDES

LA FATALITÉ D’UNE ARCHITECTURE ? JULIEN RAPITEAU


illustration couverture // TRAVAIL DE KYLE BEAN et AARON TILLEY « IN ANXIOUS ANTICIPATION »

illustration 4ème de couverture // TRAVAIL DE KYLE BEAN « WHAT CAME FIRST »


école nationale d’architecture de nantes // PROJET DE FIN D’ÉTUDES atelier de projet // NOW équipe enseignante // SYLVAIN GASTÉ - PASCAL GONTIER SAWETA CLOUET - LUTZ SCHÔNE fpc 2015-2019 // JULIEN RAPITEAU remerciements // A L’ÉQUIPE ENSEIGNANTE, AUX INSTIGATEURS DE CETTE BELLE FORMATION QU’EST LA FPC, A MES PROCHES QUI ONT SU ME MAINTENIR MOTIVÉ


Réversible: adjectif (latin médiéval reversibilis, du latin classique revertere, retourner) Qui peut revenir en arrière, qui peut se produire en sens inverse Mutable: adjectif (latin mutabilis) Qui est sujet aux changements, à la mutabilité


AVANT PROPOS

Point final de quatre années d’études, ce Projet de Fin d’études est pour moi une mise au point entre la vie active et les études. En effet, tout ce que j’ai appris durant ces semestres est incommensurable dans ce milieu à mi-chemin qu’est l’Architecture: entre la pensée d’un être ou d’une équipe et le besoin d’une collectivité. C’est un soulagement pour moi car cette expérience est éprouvante, mais en même temps cela va être un déchirement car les rencontres humaines que j’ai pu faire sont uniques. Les mots sont un peu forts, rien n’est perdu et c’est même le commencement d’une nouvelle vie, celle du métier d’Architecte. Ce métier qui regroupe je le pense tout ce que j’ai pu ressentir durant ces quelques années en terme de bonheur, de rencontres mais aussi de dur labeur et de nombreuses heures de travail pour toujours plus de plaisir à la fin. Dans ce rapport j’ai décidé de mettre des mots précis sur cette option en particulier, qui m’aideront à l’avenir à me poser les bonnes questions. Je pense que ce type de rapport devrait presque faire partie intégrante de chaque projet de l’Architecte dans son métier, en vue d’une recherche et d’un retour critique sur les choses dans notre tête, parfois des à priori ou à l’inverse une doctrine et que ne le seraient peut-être pas avec le couchage des mots à tête reposée. Peutêtre verrais-je les choses différemment après l’écriture de ces quelques lignes.

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SOMMAIRE

AVANT PROPOS

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1- UNE POSSIBLE FRAGILITÉ

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UN PROGRAMME

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UN LIEU

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L’ARCHITECTURE DU MUTABLE

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2- DES SOLUTIONS À APPORTER

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PREMIÈRE APPROCHE

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DÉSORMAIS, QUE FAIS-JE ET COMMENT?

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INTENTIONS DE PROJET

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PROTOTYPAGE

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RETOUR CRITIQUE

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MÉDIAGRAPHIE

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Vitruve envisage l’architecture à l’aune de trois critères : firmitas, utilitas, venustas, c’est-à-dire pérennité, utilité, beauté


1 - UNE POSSIBLE FRAGILITÉ

illustration // TRAVAIL DE KYLE BEAN et AARON TILLEY « SAFETY FEATURES »



UN PROGRAMME Une programmation vient toujours des besoins d’un client. Bien souvent, ce programme devient « l’incontournable » de la réflexion du projet en question. Mon avis sur la question est différent. Le réversible doit venir d’une volonté à minima unilatérale, venant de l’architecte ou de son client. À mon avis, c’est de notre ressort, en qualité d’architecte, de penser et faire passer ce genre d’architecture et non une demande en amont. Le « devoir de conseil » reste un des éléments forts de ce métier. Je pense que l’architecte à un rôle de plus à jouer dans sa fonction. C’est de lui que viendront les possibilités de réversibilité ou de mutabilité. Dans de très rares cas le client viendra certainement à l’imposer. Pour le moment ce sont de bien rares cas, on y pense beaucoup mais en France très peu d’exemples de constructions neuves existent. L’agence CANAL ARCHITECTURE à réalisé un « book » relatant les informations importantes à prendre en compte lors de la conception pour la réversibilité. Mais actuellement ils n’ont que peu de réalisations en ce sens jusqu’alors. Dans mon projet, j’ai décidé d’intégrer cette variable à mon programme. Au lieu de créer des logements comme le programme du client le demande, je préfère concevoir un élément aisément mutable de bureaux vers logements et de conserver un Rez-de-chaussée transformable. Ainsi la vie du bâtiment n’en est pas réduite à sa seule fonction de départ. Les constructions existantes m’ont amené à réfléchir en ce sens. J’aurais aimé conserver le bâtiment ou tout du moins sa structure. Cependant, cela ne m’aurais été d’aucune utilité car cette dernière aurais été sous-dimensionnée par rapport à la construction neuve voulue et il

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aurais fallu doubler la structure existante par des poteaux bois par exemple, ce qui aurais annulé l’intérêt de conservation de l’existant. De plus, l’implantation du bâtiment neuf sur cette implantation existante n’aurais eu que peu d’intérêt au vu du programme. J’ai trouvé cela vraiment dommage et cela m’a fait me poser des questions qui sont je le pense dans l’aire du temps. Pourquoi ne penser que l’instant présent alors même que les envies, les besoins, l’architecture, la population et bien d’autres variables de la ville et de l’urbain changent bien plus rapidement que les constructions, que nous savons pourtant faire sortir de terre toujours plus vite ? C’est ce que j’aimerais commencer à comprendre et appréhender dans ce rapport qui m’amène à réfléchir chaque réflexion dans mon projet.



UN LIEU Le lieu est l’élément clé, car il fera que OUI ou NON, les envies, les besoins seront adaptés et en feront un projet viable. Chaque projet est différent en architecture et tout est histoire de lieu. C’est ce que nous apprenons tout au long de notre carrière et de nos études. Le pays, la région, la ville, l’environnement urbain, les réglementations font de chaque réflexion, une unique réflexion. C’est à mon avis l’intérêt du métier. Pour notre cas de mutabilité d’une construction, le lieu est très important. Est-il possible de le faire ici? Les réglementations m’autorisent-elles à le faire? L’emplacement est-il propice à ce type d’architecture?

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Légende carte page de gauche: - Points gris: AMAP, Paniers locaux - Points roses: Energies renouvelables - Points verts: Parcs, Jardins - Points bleus: Ecoles, Collège

Sur l’île de Nantes et particulièrement à cet emplacement, ce choix de mutabilité me semble judicieux car nous sommes en entrée de ville, dans un lieu qui à évolué très rapidement au cours des dernières années en passant d’une « île reconstituée » de friches au quartier nouveau et moderne de Nantes. Le lieu est à la croisée des principaux axes de l’île: l’axe Ouest / Est qui relie les deux extrémités de l’île de Nantes et l’axe Sud / Nord qui permet l’entrée dans le centre ville historique de Nantes. En ce lieu, les axes de circulation sont omniprésents d’où l’intérêt de cette construction, à mi chemin urbain entre bureaux et logements. Tout ce qui se passe dans ce quartier est pourtant justement l’inverse de ce que je viens d’avancer. Toutes les constructions sont vouées à la démolition si besoin de les revaloriser par un changement de destination. Les immeubles de bureaux neufs ne sont pas pensés pour leur mutabilité possible future et les anciennes tours de logements seraient peut-être adaptables mais à quel prix.

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« Concevoir des bâtiments totalement réversibles est architecturalement possible, mais cela implique d’inventer les nouveaux modèles économiques qui vont avec, et de dépasser les réglementations actuelles qui freinent cruellement l’innovation. » Philippe Chiambaretta, Architecte


L’ARCHITECTURE DU MUTABLE Les nombreuses « variables » que sont l’épaisseur du bâtiment, les hauteurs d’étages, les circulations et espaces extérieurs, le système constructif libre… énoncées dans les divers revues et ouvrages à cet effet ne feront-elles pas de cette architecture une architecture unique et répétitive, sans cette recherche et cette approche qui fait de l’architecte ce servant de la ville est des citoyens? Pourtant, il est certain que ces mêmes données font de chaque construction et chaque architecture un prototypage. Mais que représente réellement cette mutabilité?

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Illustration CANAL ARCHITECTURE

Bureaux


On remarque qu’en France comme dans la plupart des pays latins, l’architecture y est un idéal définitif et parfait qui peine à imposer la réversibilité à l’échelle urbaine. Les constructions y sont depuis longtemps réalisées tel des édifices massif et résistants, imposés par les matériaux utilisés. Alors que dans les pays scandinaves par exemple, on aperçoit une possible mutabilité liée à l’utilisation de matériaux plus naturels, plus léger, plus « malléables » dans le temps avec une économie de moyens et de matériaux. Alors que la vie évolue désormais à la vitesse des nouvelles technologies, nos constructions restent figées dans le temps et freinent l’accès au logement par la création de surface uniquement pensées pour du bureau si l’on prend

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Illustration CANAL ARCHITECTURE

Logements


un exemple. Ainsi on voit les villes certes évoluer, mais plus lentement qu’elles ne le pourraient réellement. Il est évident que la vitesse d’élévation visible de nos jours peut faire peur. Nous n’avons aucune envie de voir cette expansion s’accroitre et c’est ici que la réversibilité prend place: au lieu de passer notre temps à construire, démolir, puis reconstruire, pourquoi ne pas prendre en compte dès le départ les possibilités que nous offre cette découverte. Si l’on fait un point sur nos vies actuelles, elles peuvent-être résumées en quelques mots: se loger, travailler, étudier, se divertir, aimer, construire une famille, vieillir… Toutes ces activités ont fortement évoluées en un demi-siècle. Désormais, tout est lié à la mobilité. Là où « les anciens » vivaient toute leur vie au même endroit, travaillaient presque toute leur vie dans une seule et même entreprise, la technologie à fait évoluer les mentalités et induit directement notre façon de vivre. Tout doit aller plus vite, les villes ont ainsi pallié à ces évolutions, trop vite il faut croire. Nous avons construit des quartiers de ville entiers destinés soit à se loger, soit à

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travailler, soit à faire des achats avec les zones de grandes surfaces. Désormais, depuis quelques années et avec ce qui pèse sur le dos de notre planète, nous nous sommes rendus compte que la proximité des équipements est le futur. La majorité de la population semble intéressée par le fait de pouvoir, dans son quartier de résidence, travailler, trouver les services nécessaires au quotidien. Les moeurs changent, après la prise de conscience écologique mais également de qualité de vie et de gain de pouvoir d’achat. La mutabilité me semble être une variable importante à prendre en compte pour éviter de vivre en ayant conscience que l’on est arrivé peut-être à une évolution de l’architecture comme on la connais. Il faut rester mesuré bien sûr, la plupart des bâtiments ne sont pas directement concernés, je pense aux gares, aux aéroports, aux hôpitaux et aux maisons de retraite pour n’en citer que quelques uns. Une autre façon de voir les choses est de penser « évolutif », je pense aux habitations individuelles. L’évolution des envies, des besoins et de la


croissance d’une famille sont à mon avis trop peu souvent pris en compte. Il serait intéressant d’y penser également dans le cadre des logements collectifs, qui restent bien trop figés une fois construits et ne permettent aucune évolution des surfaces, qu’elles soient intérieures ou extérieures et ce sans avoir des travaux trop lourds à faire pour y parvenir. L’architecte Anne Demians (en charge du projet Black Swans d’Icade) estime « qu’ il faut projeter le bâtiment dans l’avenir, par exemple en prévoyant que des coursives extérieures puissent devenir des balcons pour les futurs logements ». On peut imaginer ces habitats conçus et imaginés dès le départ transformables au rythme de l’évolution et de la spécificité des foyers : familles classiques ou recomposées, familles monoparentales, célibataires, personnes vieillissantes, handicapées, ou inter-générationnelles. Toutefois, il existe des divergences sur ce procédé de « penser l’avenir du bâtiment », si l’on relate certains dires qui veulent que les anciennes usines et les immeubles Haussmannien ont du charme et

Illustrations CANAL ARCHITECTURE

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une certaine qualité une fois transformés en logements, justement car ces architectures n ’é t a i e n t p a s p e n s é e s p o u r c e s transformations. C’est à mon avis une très bonne remarque. Le risque de tout penser, c’est que l’on se retrouve avec des architectures sans âmes, aussi bien logement que bureaux, conciergerie comme commerces. Malgré cette nécessité, il est évident que chaque projet est différent et il faudra proposer ce procédé à bon escient et non le multiplier pour en faire perdre tout l’intérêt d’une ville par simple lassitude.

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C’est pourquoi il devra rester une part de folie en créant des éléments capables et non suffisants. Devant la baisse des taux de capitalisation suite à l’évolution des modes de travail qui ont engendrés l’obsolescence des bâtiments, Illustrations CANAL ARCHITECTURE

les entreprises restent ouvertes à toute proposition permettant de limiter le coup du

bâtiment qui représente 40% de leur coût d’exploitation. La réversibilité est une proposition alléchante car la valeur du bâtiment est évolutive au long de sa durée de vie, en fonction des besoins d’un quartier par exemple. Ainsi le bâtiment peut pallier à toute éventualité et devient produit financier au lieu de fardeau.




2 - DES SOLUTIONS À APPORTER

illustration // TRAVAIL DE KYLE BEAN « PROTECTING ASSETS »



PREMIERE APPROCHE Si l’on regarde la carte ci-dessous, qui représente le secteur lié au projet de la Poste pour lequel nous travaillons lors de cette approche, on remarque les deux espaces accessibles en 10 minutes à vélo (en bleu) et à 10 minutes à pied (en bleu). Cette relative centralité du secteur d’étude est intéressante à l’échelle de Nantes. D’entrée de jeu, on admet donc que des bureaux, des logements, des commerces sont possibles et seront facilement accessibles aussi bien depuis le centre-ville que depuis le bout de l’île.

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L’implantation en retrait du volume me semble intéressante, pour créer une grande place entre les deux bâtiments de la Poste, véritable lieu de rencontre public et privé à la fois. De plus cela permet de créer une frontalité entre ces derniers, mais également vis-à-vis de l’ensemble de De Portzamparc au Nord et également les logements à l’Ouest.

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Lors des premières esquisses, la volonté est de créer des espaces intérieurs largement éclairés par la lumière naturelle et également baignés de soleil. La problématique des bureaux ne permet cependant pas ces apport solaires de façon permanente, d’un point de vue de gêne, de qualité de travail et de consommations liées à la climatisation.


Quelques schémas permettant de comprendre la volonté d’apport, solaire, en amont de la précédente remarque remettant l’ensemble en …

…question sans la création de brisesoleil ou d’éléments masques. Cependant il faut prendre en compte les possibles futurs logements.

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Février_ 9h

Février_ 13h

Février_ 17h

Juin_ 9h

Juin_ 13h

Juin_ 17h

Octobre_ 9h

Octobre_ 13h

Octobre_ 17h

O R I E N TATest I Oégalement N O P T Iun MA L E à vérifier. Avec ces études L’importance de l’environnement point

rapides d’ensoleillement, on remarque rapidement les zones impactées par une telle construction.


Cinema

Concert

Exposition

Marché

SPORT U NlaEparticularité P L A C E de P Ul’espace B L I Qcréé U E entre DYN MIQ UE Compte tenu lesAdeux constructions, il convient

d’apporter une vie pour de pas créer un « no man’s land ». Après quelques remises en question, c’est justement ce que ce parvis en pente semble former. A l’origine créé pour déboucher sur la Halle test, vitrine de la fonction de la Poste, ce processus n’est pas adapté en tel lieu. Qui plus est pour une zone que la Poste veux plutôt isolée des regards extérieurs. On oublie!

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DÉSORMAIS, QUE FAIS-JE ET COMMENT ? Les notions de « Réversibilité » ou de « Mutabilité » sont larges et je vais faire de mon mieux pour en expliquer en quelques mots d’introduction ce que sont pour moi ses bases, son fondement ou du moins ce qui me semble le plus intéressant, du moins dans ce cas spécifique lié à mon projet, en mettant en relation les attentes liées à des études et mon choix et parti pris. Les attendus d’un bâtiment réversible ou mutable peuvent être définis par quelques points principaux mis en relation avec les données de mon projet. Ces points sont issus principalement d’études car peu de constructions en France donnent exemple. ÉTUDES ET RÉALISATIONS ACTUELLES

MON PROJET

1- Épaisseur du bâtiment : 13 mètres

1- Épaisseur du bâtiment : 15 mètres

2- Hauteur libre d’étage : 2,70 mètres

2- Hauteur libre d’étage : 2,70 mètres

3- Circulations : placettes et pontons

3- Circulations :

extérieurs 4- Procédé constructif : poteaux-dalles 5- Distribution des réseaux : sans reprise structurelle 6- Enveloppe : moins de 30% des composants à modifier 7- Doubles niveaux : RDC actif et toit habité

intérieures 4- Procédé constructif : poteaux-poutres 5- Distribution des réseaux : complexe de plancher épais 6- Enveloppe : murs préfabriqués rapportés sur la structure bois 7- Doubles niveaux : RDC actif et toit habité

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La largeur de 15m offre des espaces plus importants par niveau pour les bureaux et reste pour moi le bon compromis entre immeubles de bureaux de 18m d’épaisseur et celui des logements à 13m. La grande hauteur sous plafond permet de laisser entrer la lumière naturelle plus profondément sur les plateaux. De plus, l’ensemble des façades Nord et Sud sont largement ouverts. La longueur de 70m de l’ensemble bâti permet d’accueillir un grand Rez-de-chaussée ouvert d’une double hauteur sur toute la longueur de la Nouvelle place Viviani. Les 8 niveaux au-dessus de ce Rez-de-chaussée permettent de créer de nombreux espaces possiblement différents, comme les espaces de bureaux complémentaires dans les étages les plus hauts et de garder les premiers niveaux pour la Poste. Un système de plancher épais permet de distribuer de multiples réseaux, y compris lors de la future transformation de la construction en logements.

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« Il faudrait construire ample, sans programme trop dessiné, des volumes capables. » Bruno Fortier - Architecte-Urbaniste


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Illustrations CANAL ARCHITECTURE


« Un bâtiment dont la construction répond exactement à son programme est finalement un bâtiment qui n’est pas durable. La durabilité d’un bâtiment est d’abord structurelle. » Suzel Brout, Architecte


INTENTIONS DE PROJET

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Plan actuel de l’île de Nantes


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Plan projeté de l’île de Nantes


L’échelle urbaine m’a beaucoup aidé à appréhender l’implantation et la volumétrie de mon projet. La percée Ouest-Est de l’île de Nantes est coupée précisément par la parcelle de la Poste. Le plan d’Opérations d’Aménagement et de Programmation du site inclus les deux bâtiments actuels de bureaux de la Poste ainsi que celui de la Maison de l’Administration Nouvelle directement à l’Est. Il me semble donc idéal de profiter de ces orientations pour réouvrir cet axe et redonner à ce quartier une place plus « vivable » et appropriable que ce triangle sans vie coupé de voies de circulation qu’est actuellement la place Viviani.

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Extrait de plan de l’Orientation d’Aménagement et de Programmation du PLUM


Cette volonté d’implantation en fond de parcelle Nord m’amène, comme le fait comprendre le début de ce rapport, à concevoir un bâtiment compacte, monolithique et réversible. La forme générée s’y prête et le lieu semble également idéal de par son évolution rapide, comme la vie d’une entreprise et d’un bâtiment. Les niveaux de bureaux sont mutables en logements et la conciergerie ainsi que la halle test en Rez-de-chaussée le sont en commerces, toujours pour garder de la vie directement sur la Nouvelle place Viviani.

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Avec une telle implantation Sud, il est nécessaire de penser aux brise-soleil, car les bureaux souffrent plutôt d’un problème de confort d’été qui inciterait à orienter leurs façades au Nord. Les logements quant à eux, plutôt d’un problème de chauffage en hiver, qui inciterait à les positionner au Sud. Dans ce cas présent, une solution est à apporter pour permettre aux bureaux de se protéger du soleil et ainsi éviter tout apport de climatisation, mais également de prendre en compte l’ensoleillement nécéssaire aux futurs logements lors d’une possible future mutabilité du bâtiment. Lors de ma première étude concernant la protection solaire, j’avais imaginé une « forêt » de poteaux en bois, implantés de façon à bloquer principalement le soleil donnant directement sur cette façade entre midi et quatorze heures. Ainsi j’avais pensé plusieurs couches de poteaux, disposés de façon à couper ces rayons solaires, tout en laissant entrer la lumière et en permettant des vues sur la place. Cependant, en pensant les futurs logements, je me suis rendu compte que ce concept ne fonctionnerais pas, car il ne laisserais pas passer le soleil qui permet

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de chauffer en partie les logements l’hiver. J’ai donc été contraint de revoir ce principe. Voici cidessous quelques explications de mes premières recherches.

A gauche: à 11h00 en Avril, sans brise-soleil A droite: à 11h00 en Avril, avec brise-soleil fixes


A gauche: à 12h00 en Avril, sans brise-soleil A droite: à 12h00 en Avril, avec brise-soleil fixes

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A gauche: à 13h00 en Avril, sans brise-soleil A droite: à 13h00 en Avril, avec brise-soleil fixes


« Il ne faut pas cloisonner l’espace, c’est le mobilier qui fait l’espace. Dans une architecture réversible, je me demanderais d’abord où seraient les parties communes. » Matali Crasset, Designer


PROTOTYPAGE Dans une société en constante évolution, le travail à beaucoup changé cette dernière décennie. Les travailleurs passent beaucoup moins de temps assis devant un ordinateur. Tout est plus mobile, la ville, les bâtiments, les technologies. Le travail est désormais nomade en grande majorité, les échanges se font plus aisément et de façon plus informelle.

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Et pourtant, là où il y a 15 ou 20 ans deux personnes se seraient rencontrées, un simple appel téléphonique évite du temps de trajet et fait disparaitre toute forme de rencontre. C’est dans ce cadre que nous avons décidé en groupe de réaliser cet espace clos dédié à prendre place au sein d’un immeuble de bureau. La personne vient s’isoler pour passer un appel téléphonique, soit en lien direct avec l’espace où prend place ce mobilier, soit à l’abri des regards et isolé du bruit en fermant cette porte. Un éclairage naturel reste possible par le haut du « Tipi », comme nous l’appelons peut-être un peu vulgairement. Cette forme vient prendre place tel un objet presque sans appartenance directe avec le lieu et la fonction. Volontairement, on a plus l’impression d’entrer dans un espace voué au jeu. Les parois sont fermées par de la laine de bois, écologique, dans le thème et surtout très bonne isolante phoniquement. Sur la page de droite, l’objet final qui reste selon nous à l’état de prototype. Sa fonction principale de mise en scène d’un cocon fonctionne. On arrive à passer d’un espace environnant

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bruyant à 73dB à un espace clos dont les bruits sont réduits à 58dB seulement. Pour ce qui est du système d’ouverture, la poulie au sommet du Tipi n’a finalement pas assuré son rôle. C’est ici que les études sur papier ont montré leur limite. Le poids important de la porte ne nous a permis de l’ouvrir comme nous le souhaitions. Cela reste une expérience très intéressante de construction à l’échelle 1, pour permettre aux nouveaux espaces de travail de se voir aménagés de ses éléments particuliers et peu répandus pour l’instant.


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RETOUR CRITIQUE En l’état actuel d’avancement du projet, cette recherche de réversibilité est intéressante car elle apporte beaucoup de questionnements liés au fait qu’il faut concevoir le bâtiment sous plusieurs possibilités constructives. Des contraintes apparaissent ainsi et font remettre en question certains partis pris ou choix qui fonctionnent pour l’une mais pas pour l’autre des fonctions possible de la construction au cours de sa vie. Malgré un bâtiment compact et à l’apparence constructive simple, la complexité de la réflexion devra rester le plus imperceptible possible sur le projet final.

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MEDIAGRAPHIE https://www.ieif.fr/revue_de_presse/reversibilite-des-batiments-une-piste-a-explorer https://chroniques-architecture.com/reversibilite-de-la-theorie-a-la-pratique/ https://www.aucame.fr/web/publications/quen_savons_nous/fichiers/QSN088_reversibilte.pdf https://www.lemoniteur.fr/article/les-sept-principes-a-s-approprier.1953879 https://canal-architecture.com/sites/default/filesystem/files/publications/construirereversible-555/201704construirereversible.pdf

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LA FATALITÉ D’UNE ARCHITECTURE OU LE RÔLE DE L’ARCHITECTE POUR SA POSSIBLE MUTABILITÉ?

JR -2019


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