ARCHITECTE DU PARTICULIER

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A R C H I T E C T E D U

P A R T I C U L I E R

D E L A J U S T E VA L E U R V E R S L A VA L E U R J U S T E

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE NANTES Habilitation à la Maitrise d’Oeuvre en Nom Propre Sous la direction de Frédéric PÉCHEREAU Par Julien RAPITEAU 2020



Pourquoi ĂŠthique et dĂŠontologie font-elles si peur au particulier ?



SOMMAIRE AVANT PROPOS…..………………7 INTRODUCTION.....………………9

CHAPITRE 1 - L’HABITAT INDIVIDUEL, POURQUOI ?….……………10

1-1- LA MAISON INDIVIDUELLE, UN SYMBOLE…...……………11 1-2- ÉTAT DES LIEUX DU MARCHÉ DE L’HABITAT INDIVIDUEL EN FRANCE…………………13

CHAPITRE 2 - LA PRIMORDIALITÉ DE LA COMPRÉHENSION BIPARTITE….……………22

2-1- UNE DIFFÉRENCE D’ORDRE MORALE…......…………23 2-2- MIEUX CONNAITRE POUR MIEUX COMPRENDRE…...……………26

CHAPITRE 3 - LE RÔLE DE L’ARCHITECTE [AUPRÈS DU PARTICULIER]…….…………30

3-1- LES ARCHITECTES FRANÇAIS FACE À LEURS CONFRÈRES EUROPÉENS, UNE PRATIQUE DIFFÉRENTE CHEZ NOS VOISINS ?…...……………31 3-2- L’USAGE ET L’USAGER…………………33 3-3- UN MÉTIER MARQUÉ PAR DES ENJEUX.…..……………37 CONCLUSION……...…………45 REMERCIEMENTS….…..…………47 GLOSSAIRE….…..…………49 MÉDIAGRAPHIE……...…………51 ANNEXES…………………54



AVANT-PROPOS Toute cette histoire débute à mes 9 ans. C’est à cet âge que j’ai accompagné pour la première fois mes parents dans les bureaux de l’architecte qu’ils avaient choisi pour réaliser la conception de leur future maison, leur deuxième construction. Au début, ce n’était pour moi qu’un samedi ennuyeux, obligé de les suivre dans un endroit bien peu intéressant pour moi et mes frères, alors âgés de 4 et 7 ans. Que pouvions-nous bien faire à part courir partout dans leurs locaux ? Avec un peu de recul cela me fait sourire, m’imaginant à la place de ces deux architectes, associés et mariés. Lors de notre deuxième rendez-vous, j’essayais de comprendre comment mes parents pouvaient bien réussir à s’asseoir dans les fauteuils club de cette petite agence, faits de divers assemblages de carton alvéolé. Puis rapidement je fus très intéressé par ce projet de construction, que mes parents prenaient très à cœur. Régulièrement, je les voyais dans le salon avec toutes leurs photos de références imprimées, leurs catalogues découpés et les nombreux plans réalisés sur des calques ou même de vulgaires feuilles de papier à carreaux. Cela leur permettait de mettre péniblement une échelle à leur dessins et ainsi positionner les petits bouts de papier qui pouvaient bien représenter une baignoire ou un canapé. Cette maison de famille sera un an et demi plus tard terminée. Rien n’aura été laissé au hasard et les nombreux échanges entre mes parents et l’architecte leur auront permis d’obtenir une maison qui leur convenait à eux ainsi qu’a leurs trois enfants. Nous étions mis à contribution, ce qui me semblera quelques années plus tard être un véritable atout. C’est à ma sortie du lycée que je m’engage dans cette voie, qui est celle qui m’enchante le plus. La jeunesse que j’ai eue dans cette maison avec mes parents et mes frères est pour moi inoubliable. Nous pouvions nous approprier de nombreux espaces, telles nos très petites chambres possédant de grands volumes hauts, permettant le rêve; les grandes baies pour pouvoir observer la campagne Castelthébaldaise; ou bien nos bureaux encastrés dans des niches, réunis dans une grande pièce dédiée tantôt au travail, tantôt aux jeux. De nombreuses autres particularités ont toujours ravis les invités et j’étais moi-même fier de montrer cette maison à mes amis et d’observer leurs réactions : la bouche ouverte en voyant la grande porte d’entrée de deux mètres cinquante de large, entièrement vitrée, pivotant sur un axe avec une cinématique d’ouverture un tiers / deux tiers. C’est aujourd’hui encore ce qui m’attire dans ce métier d’art, de conception, de réflexion, de rencontres, de communication, de construction et d’échange. C’est ce qui fait que j’ai envie de pratiquer cette profession au quotidien, afin de faire découvrir à d’autres ce que j’ai pu vivre il y a bien longtemps et qui me fait encore vibrer.

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INTRODUCTION La vocation de ce mémoire est d’interroger la pratique de l’architecte au sein du secteur d’activité de l’habitat individuel. À l’heure où la plupart des architectes sont à la recherche de l’accès à la commande publique pour une visibilité et une reconnaissance, la profession perd de sa valeur auprès du particulier, alors même qu’une part importante de notre environnement quotidien est constitué de ces ouvrages. Je vais dans un premier temps revenir sur l’histoire de l’habitat au sein du secteur de la construction pour en comprendre son évolution et ses variations connues. L’état de santé de ce secteur d’activité a une influence directe sur celui de l’architecture. Un état des lieux plus approfondi permettra de mettre en évidence des informations à l’échelle Française et Européenne pour comparer les différentes pratiques et mettre en avant les évolutions possibles face à la réalité actuelle. Pour approfondir la compréhension de la situation, je vais revenir sur les droits, les devoirs et les obligations qu’impose l’inscription au Conseil National de l’Ordre des Architectes pour le bien commun et celui du client. Je me pencherai également sur le rôle d’accompagnement de l’architecte à son commanditaire, qui se déroule bien souvent dans un climat d’incompréhension réciproque entre un sachant et un non-initié. Suivra un développement du rôle et des enjeux de la profession dans l’environnement actuel de la maison individuelle. Le métier d’architecte requière des qualités qui ont toutes leur importance pour un projet, pour une famille, pour un lieu, dans un paysage donné, pour un quartier, une ville et la société. L’objectif de ce mémoire est de comprendre les attendus de la profession, pour me permettre une pratique future saine et pérenne. Divers entretiens et un questionnaire, disponibles en annexes, m’ont aidé dans cette démarche.

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CHAPITRE 1 - L’HABITAT INDIVIDUEL, POURQUOI ?


À L’ORIGINE…

La maison est née des besoins de l’homme. Tout n’est parti que d’un simple besoin d’abri, réalisé avec les matériaux à proximité immédiate (on n’évoque même pas le mot « local ») afin de se protéger des aléas climatiques et des animaux sauvages. On parle ici d’habitat individuel, chaque individu construit pour lui et sa famille. Ces constructions précaires vont suivre l’évolution de l’Histoire. Au départ, si on ne peut vraiment employer le terme de « maison », les différentes techniques de construction évolueront de la construction bois, à la construction en pierre, avec de nombreuses variantes liées aux matériaux locaux, aux zones géographiques et aux techniques de construction développées et apprises. Aujourd’hui on parle communément de régionalisme, de style architectural ou de mouvement architectural pour décrire ces nombreuses phases d’exploration au fil des siècles. Voici comment un simple besoin de l’homme est devenu une pratique : l’Architecture.

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1-1- LA MAISON INDIVIDUELLE, UN SYMBOLE

… DES ÉVÉNEMENTS SIGNIFICATIFS DE LA CONSTRUCTION EN FRANCE … Pendant la période d’après-guerre, la standardisation est un procédé révolutionnaire permettant de re-construire de façon économique et rapide les centres-villes et de créer de grands-ensembles, pour reloger la population lors de cette forte croissance économique appelée «Les Trente Glorieuses». Le volume de construction dans le secteur du bâtiment quadruple entre 1949 et 1973, avec une croissance d’activité annuelle de 7% pour les architectes. Le choc pétrolier de 1973 brise cette dynamique et entraîne un repli spectaculaire dans la construction. Au moment même où, la profession, sous l’effet du baby-boom, du progrès de la scolarisation et de la suppression du numerus clausus dans l’enseignement de l’architecture amorce une multiplication de ses effectifs qui passent de 14 500 en 1970 à environ 30 500 aujourd’hui. C’est dans cette même période que la popularité des Cmistes1 va soudainement arriver au devant de la scène, avec une production de maison individuelle passant « entre 1960 et 1979 de 25,4% à 67% des mises en chantier. »2 Les architectes sont eux focalisés sur les projets urbains de reconstruction des villes détruites et sur les grands-ensembles. Au début des années 80, cette réduction d’activité du bâtiment fait chuter la proportion des travaux réalisés par les architectes de 38 % dans les années 70 à 26,3 % en 1982. Entre 1985 et 1991, ce volume d’activité du bâtiment explose avec une hausse de 45% et le montant des travaux commandés aux architectes dépasse celui des années 70 avec une hausse de 122%. À partir de 1991 et jusqu’en 1996, le secteur est à nouveau touché avec une baisse de 2% pour une baisse de 15% pour les architectes. La Mutuelle des Architectes de France évalue à 22 % la diminution des travaux commandés à ses adhérents sur la période 1991/1997 et à 30 % pour les montants moyens par architecte.

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Abréviation permettant de définir les Constructeur de Maisons Individuelles, voir Glossaire. Séminaire de 2013 à l’ENSAPB sur la maison « La Girolle : Salier Courtois Lajus Atelier d’architecture », page 13.

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… ET AUJOURD’HUI Malheureusement, le paysage français, principalement pavillonnaire, fait perdre tout intérêt à l’habitat par sa standardisation et son manque de personnalisation. Les lotissements en zones périurbaines ressemblent à ceux du film « The Truman Show »3, caricature du monde actuel où tout est identique par la forme, les matériaux, le recul des maisons, les jardins, les clôtures… Tout semble comme copié puis collé à côté. Alors même que les CMistes développent de façon exponentielle leur œuvre à une vitesse pharaonique, l’architecte fait face à un manque de reconnaissance en France qui le relègue au rang d’artiste élitiste. Bien sûr, l’obligation de passer par un architecte pour construire sa maison ne résoudrait pas ce problème d’ordre culturel; il ne ferait qu’imposer un système qui ne peut être accepté de tous, à juste titre. Depuis des années, la flambée du prix de l’immobilier n’arrange pas la situation. Le prix des terrains est désormais très important, y compris dans les villes en deuxième couronne. En conséquence, le prix est maintenant presque identique entre un terrain de 400 m2 et la construction d’une maison de 90 m2. Le client va à « sa » facilité, « le constructeur de maison individuelles, moins cher que l’architecte ». Les CMistes savent ce qu’ils veulent : si un terrain est trop en pente, avec une forme trop compliquée ou tout autre particularité allant à l’encontre de leur standardisation et de la rentabilité recherchée, cela ne les intéresse pas. C’est pourquoi, très souvent, ils démarchent ou accueillent leur clients avec des terrains qu’ils ont choisis. Si selon la volonté des CMistes, seules les « miettes inintéressantes » sont laissées aux architectes, c’est selon moi bien plus que de simples restes car ils représentent l’essence même du métier : la recherche perpétuelle pour se réinventer et prototyper à l’infini.

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Figure 1 - Photographie « Land Aspect » de l’artiste Aaron Tilley. Source : www.aarontilley.com

UN SECTEUR D’ACTIVITÉ A RE-DYNAMISER Malgré un manque certain de reconnaissance de l’architecte envers la maison individuelle au profit de la commande publique et des concours, ce choix me semble judicieux pour ma pratique future. Ce secteur d’activité m’intéresse car l’habitat est bien l’un des édifices les plus importants de notre vie 3 Le film « The Truman Show » date de 1998, du réalisateur Peter Weir. Il met en scène un homme qui vit dans une ville très standardisée et caricaturale, réalisée pour filmer un jeu de télé-réalité à l’insu du personnage principal.


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et est souvent un investissement pour la famille. À l’origine lieu de vie nécessaire à la survie, aujourd’hui produit de consommation, la maison individuelle est un pilier de notre existence qui reste aujourd’hui en perdition. Mais les commandes montrent que l’architecte est trop peu souvent présent dans ce secteur, qui représente un réel intérêt de mise en valeur et de dynamisation des villes aussi bien que des zones péri-urbaines ou des campagnes.

1-2- ÉTAT DES LIEUX DU MARCHÉ DE L’HABITAT INDIVIDUEL EN FRANCE Pour bien comprendre la façon de travailler que je vais essayer de développer lors de ma pratique, une approche factuelle sera indispensable. Elle se base principalement sur les études d’Archigraphie4, qui vont m’être utiles pour la suite, dans le but de comprendre l’état de la profession et de son évolution au cours des dernières années.

ARCHITECTE, UN TITRE QUI EFFRAIE ? Pour débuter, regardons le nombre de diplômés en France. La suppression du numerus clausus en 1981 a entraîné une multiplication du nombre d’architecte par 2,5 en seulement 10 ans en passant de 10 000 à 25 900. Depuis 1990, le nombre d’architectes inscrits à très peu évolué et se stabilise à environ 30 000. Seulement 6,4% des architectes inscrits a l’ordre exercent en qualité de salarié ou de fonctionnaire, contre 90% qui exercent en libéral ou bien en tant qu’associés. Depuis 2004, l’effectif des architectes associés a grandement augmenté du fait des risques juridiques et financiers qui sont plus abordables à plusieurs. En Europe, 71% des bureaux d’architecture sont constitués d’une seule personne alors qu’en France ce même chiffre s’élève à seulement 18%. On remarque ici une plus grande frilosité des architectes français, peut-être dû à la culture entrepreneuriale française. Elle n’invite pas toujours à la création et à la prise de risque lors de la création d’une entreprise. On constate dans les chiffres que l’architecte fait parti des professions les moins rentables en terme de bénéfices (voir Figure 1). Le métier tient avant tout de la passion, comme le montre la précarité de la profession, notamment pour les inscrits seuls et en libéral. Ce n’est donc pas étonnant de voir que trois ans après l’obtention de leur diplôme HMONP, seulement 35% des architectes sont inscrits à l’ordre. Selon « Développement Construction », spécialiste des études de marché dans le secteur du bâtiment, « la maison neuve type en France possède une surface moyenne habitable de 131 m² ». La profession reste protégée par rapport à d’autres pays car le recours à un architecte est obligatoire à partir de 150 m2 de surface de plancher5 pour une maison. Pourtant, cela n’induit que rarement l’obligation de passer par un architecte. En comparaison, en République Tchèque, il n’existe pas de seuil qui oblige un client à passer par un architecte. En Belgique, à l’inverse, pour chaque construction ou transformation nécessitant un permis d’urbanisme, il faut obligatoirement engager un architecte. Celui-ci se charge tant de la conception que du contrôle de l’exécution des travaux. Malgré cette protection de la 4 5

Études Archigraphie de 2015 à 2018. LOI n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine.

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CHAPITRE 1 Figure 2 - Rentabilité nette observée en moyenne dans certaines professions réglementées. Source : Calculs IGF, d’après les données de l’INSEE et de la Direction Générale des Finances publiques (IGF).

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profession par ce seuil en France, les constructeurs de maisons individuelles occupent 59 % du marché au-dessous du seuil moyen des 131 m2 de surface habitable, et 38 % au-dessus du seuil6. Quant aux architectes, ils occupent, en mission complète, 3 % du marché au-dessous du seuil et 13 % au-dessus. C’est pourquoi on fait appel à l’architecte pour concevoir du logement collectif mais très peu pour de l’individuel, de par les lois qui l’imposent seulement à partir d’une certaine taille d’ouvrage. Ainsi, la potentielle concurrence de l’architecte s’est focalisée sur un secteur d’activité ouvert à tous, celui de l’habitat individuel de moins de 150 m2, seuil déjà rabaissé de 20 m2 depuis le 1er Mars 2017. En 2016 en France, seulement 5% des maisons individuelles neuves sont réalisées par des architectes (voir Figure 3). Ce chiffre est toujours valable et n’a cependant pas évolué depuis 2006. Les CMistes raflent 58% de ces mêmes marchés à la même période (50% en 2008). Le reste est principalement réparti entre les entrepreneurs ou artisans et les particuliers. Toutefois, il existe en France 35,4 millions de logements dont 20 millions construits avant 1975, avec 140 000 logements individuels neufs par an en moyenne. Si l’on considère que le constructeur peut être un concurrent, à mon avis c’est plus entre architectes que l’on peut parler de « concurrence » même si le mot parait mal adapté dans ce cas. Les architectes et les CMistes ont donc une clientèle différente. Une plus grande connaissance du métier d’architecte permettrait qu’une part plus importante de la population y ai recours. Les études réalisées pour l’obtention d’un tel diplôme, durant 6 années, le sont pour leur bien et le bien commun et non pour le simple porte-feuille du-dit diplômé. En face, certains constructeurs n’ont aucun scrupules à construire de la quantité plus que de la qualité afin d’obtenir des rentabilités hors d’échelle face à une profession réglementée trop « mal-connue ». Mais qu’est ce qui a engendré une perte de confiance des clients pour l’architecte au profit des CMistes? Est-ce vraiment une perte de confiance ou bien un simple manque d’information ? Dans les pays nordiques (Pays-Bas, Danemark) la population est bien plus sensible à la place de l’architecte au sein de la société. On voit fleurir partout à Amsterdam des constructions très modernes à côté de constructions centenaires qui s’intègrent parfaitement et qui ne choquent personne. La France, de son côté, possède une culture de conservation du patrimoine architectural beaucoup plus stricte, rendant plus rare ce genre de cohabitation entre ancien et moderne. La France compte en moyenne 45 architectes pour 100 000 habitants, contre 98 en moyenne dans l’Union Européenne et même 133 en Allemagne. Si le métier n’envahit pas le paysage français comme dans certains pays, il en va de chacun d’apporter une petite contribution, en essayant de mieux expliquer le métier que l’on fait à nos commanditaires. À titre 6

Selon le rapport de la mission conjointe mandatée respectivement par les Ministères du Logement et de la Culture.


Figure 3 - Évolution de la répartition de la maîtrise d’œuvre concernant la maison individuelle (pour l’ensemble des maisons). Source : SOeS, données issues de l’Enquête sur les prix des terrains à bâtir (EPTB), ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer.

UNE PROFESSION PEU VISIBLE DU « GRAND PUBLIC » Le marché de la maison individuelle ne semble pas être nécessairement une spécialisation pour une agence en France car la réalisation des logements individuels isolés et/ou groupés se répartie à part égale entre les agences libérales et les sociétés d’architecture. En 2014, le montant total de travaux en commandes privées représente le tiers de la commande totale en France8. Cela montre que l’accès à la commande publique n’est pas une obligation pour vivre de la profession. Le plus grand avantage des petites sociétés, c’est la facilité à répondre à tout types de projets, même les plus petits; au contraire une grande agence qui fait également du public aura tendance à aller vers de la maison individuelle à gros budget, pour avoir une rémunération plus adaptée à son fonctionnement. Les clients potentiels ne savent pas comment trouver un architecte alors que des outils existent : depuis plusieurs années le site architectes-pour-tous.fr à été créé par le Conseil National de l’Ordre des Architectes et il permet d’orienter les clients dans leur recherche. En effet, il n’est vraiment pas aisé de comparer les différentes agences et surtout de connaitre leurs secteurs d’activité sans éplucher leurs sites internet. Comme le montre mon sondage en ligne, certaines personnes ne savent pas où et comment choisir un architecte pour réaliser leur projet. La publicité et la mise en avant de la profession fait clairement défaut à notre métier qui reste dans ses carcans, alors que celle-ci est autorisée depuis 7 8

Voir en Annexes, panel sondé : 173 personnes. Selon les études Archigraphie.

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d’exemple, l’association, « Les Architectes d’aujourd’hui » a été créée pour relancer la profession vis-àvis de la clientèle du « particulier ». Le client doit être rassuré, ainsi le contrat assure un montant fixe à la signature du marché, avec l’engagement de l’architecte et des entreprises. Selon mon sondage7, seulement 34% des personnes seraient rassurées de travailler avec un architecte qui fait parti d’une association ou d’un groupe avec des confrères, quand 23% ne savent pas si cela peut changer quelque chose pour eux.

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des années : « Les architectes peuvent recourir à la publicité dans le cadre de la législation et de la réglementation en vigueur, notamment l’article 44 de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973 d’orientation du commerce et de l’artisanat modifié. »9 Il est pourtant rare de voir des publicités allant dans le même sens qu’un constructeur avec son panneau de 4x3 mètres en pleine rue, ou bien à la télé ou la radio. Souvent, la publicité de l’architecte reste assez rare et se résume simplement à un site internet et à se montrer sur les réseaux sociaux. Pour autant, cela ne fait pas de la publicité aux yeux du grand public mais plutôt une vitrine pour les gens du métier, qui sont susceptibles de jeter un coup d’œil autour d’eux pour voir ce qui se fait. Mais on ne nous apprend pas à être des commerciaux et ce n’est pas là l’intérêt du métier, d’attirer et de promettre autrement qu’en réalisant correctement son travail. Le problème vient plutôt de la difficulté à cerner le métier pour le client. La diversification des acteurs de la construction avec l’apparition de bureaux d’étude, d’économistes ou encore de conducteurs de travaux, vient complexifier le métier aux yeux du plus grand nombre. Le constructeur semble savoir tout faire car le client a en contact une seule personne qu’il paye et tout est géré en « sous-marin »10. Dans notre métier, le client à l’impression de toujours devoir payer des missions non comprises dans la base du contrat. L’architecte est un homme d’orchestre et n’est payé que pour sa prestation intellectuelle et le suivi des travaux : il n’y a pas de réelle production autre de sa part. Les entreprises, les bureaux d’étude structure ou thermique, l’économiste, le conducteur de travaux sont payés en plus par le commanditaire (s’ils ne font pas partie intégrante de l’agence d’architecture). Même si la finalité des choses est la même, il faut bien avouer que cela semble sans fin et doit mettre à rude épreuve notre crédibilité vis-à-vis des autre acteurs de la construction en France ou comparé à l’étranger. En terme de certification, en France, les agences d’architecture offrent deux fois moins de services que

Figure 4 - Prix moyen et prix médian de la maison en euros/m2. Source : SOeS, données issues de l’Enquête sur le prix des terrains à bâtir, ministère de la Transition écologique et solidaire. 9 10

https://www.architectes.org/la-publicité J’utilise le mot « sous-marin » car c’est pour moi ce qui défini le mieux le CCMI.


Figure 5 - Prix moyen (en euros/m2 de surface de plancher) et surface moyenne (surface de plancher en m2) des maisons en 2016 selon le type de maître d’œuvre). Source : SOeS, données issues de l’Enquête sur le prix des terrains à bâtir, ministère de la Transition écologique et solidaire.

UNE VÉRITÉ MÉCONNUE L’architecte semble trop élitiste, trop cher pour le client comme le prouve en partie mon sondage réalisé auprès d’un panel de 173 personnes. On peut remarquer que les honoraires de l’architecte sont clairement annoncés (ainsi que son taux horaire)12 et sont de l’ordre de 12 à 15%, alors que ceux du constructeur sont noyés dans le Contrat de Construction de Maison Individuelle et tournent souvent entre 20 et 25%. Encore une fois, la méconnaissance des clients fait passer la profession pour le mauvais garçon. Aujourd’hui en France, 66% des honoraires sont calculés au pourcentage de la valeur du contrat, 24% sont sous forme de forfaits, 5% sous forme de taux horaire alors que ces taux sont respectivement de 32%, 28% et 13% en Europe. Selon moi, le taux de rémunération au pourcentage à été éprouvé et permet de s’assurer une certaine sérénité face à un temps de conception plus difficile à évaluer au taux horaire. Mais il est quand même aberrant de voir la clientèle accepter de payer 3 à 5%13 de commission au commercial d’un constructeur juste pour une vente quand certains architectes vivent avec précarité à 10% sur une mission complète. 11 Étude de Secteur du Conseil des Architectes d’Europe (CAE), https://www.ace-cae.eu/fr/activites/publications/etudede-secteur-2018/, 2018. 12 Article L221-1 du Code de la consommation. 13 Pourcentage de commission du commercial sur le prix de vente hors taxes d’une maison.

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la moyenne européenne11 pour l’évaluation énergétique des bâtiments (14% en France contre 41% en Europe), pour la certification en matière de santé et de sécurité (13% contre 29%) et en certification finale de l’ensemble du bâtiment (11% contre 37%). Cela confirme le fait que le travail avec des bureaux d’étude spécialisés est très répandu en France mais peu intégré aux structures. Cette vérité l’est aussi pour les petites agences qui réalisent de la maison individuelle. Qui de nos jours est capable en plus de la conception, de faire l’étude thermique ou l’étude de structure ? Peut-être est-ce un des effets des envolées du prix au m2 depuis des années en France. La part de marché de l’architecte en pourcentage de la construction est l’un des plus faibles en France avec seulement 0,35%, contre 0,77% en moyenne européenne. En comparaison, au Danemark, il est de 1,28%, en Allemagne de 1,62% et 0,93% en Suède. Seuls la Hongrie (0,32%), la Pologne (0,20%) et la Lituanie (0,34%) font moins bien que la France. La profession d’architecte semble moins bien ancrée dans notre quotidien que chez nos voisins du Nord de l’Europe.

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LA MAISON INDIVIDUELLE, UNE SPÉCIALISATION POSSIBLE ? En France, le logement individuel représente 33% des commandes déclarées pour seulement 13% du montant des travaux. La moyenne européenne est à 36% des commandes, ce qui montre

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Figure 6 - Architecte ou homme orchestre : les différents aspects du métier. Source : Dessin de Sol Ehlrich.


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l’importance du secteur. En 2016, la part de logements autorisés en France est de 53% pour les logements collectifs, 40% pour les logements individuels (comprenant individuels purs et groupés) et 7% pour les logements en résidence. Sur la même période, les montants de travaux dans le logement individuel correspondent à 43,7% des travaux totaux dans le logement confiés aux architectes. Entre 2010 et 2016, le montant moyen des travaux dans le logement individuel pur à augmenté de 26% contre une baisse de 2% sur la même période dans le logement individuel groupé. Toutes filières de production confondues, le prix moyen d’une maison hors foncier ressort à 177 000 € H.T. en 2019 pour une surface moyenne de 123 m² (contre 141 000 € H.T. et 124 m² en 2010). Pour les seuls constructeurs de maisons individuelles, le prix moyen est de 168 000 € H.T. pour une surface moyenne de 114 m² 14. Il existe donc un très faible écart entre architectes et constructeurs en terme de tailles et de budgets pour la réalisation de maisons individuelles en France. A l’inverse de ce que l’on pourrait croire, l’architecte n’est pas « l’exécutant des riches », il sait répondre à des attentes précises et reste en permanence à l’affût de nouveaux matériaux, de mises en œuvre différentes… qui lui permet de palier à chaque demande sans partir dans la standardisation. Le secteur de la maison individuelle reste bien un pilier du métier et un marché important. Si une grande majorité des agences d’architecture françaises travaillent dans ce secteur d’activité, seules les plus petites agences en font leur spécialisation. Volonté ou conséquences financières ? Dans le chapitre suivant, je vais mettre l’accent sur la pratique telle que je la vois et telle qu’elle devrait être perçue de tous.

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Source : LCA-FFB.



« Si l’architecte est considéré comme étant dans son monde ou sa bulle, il n’est pas nécessairement imbu de sa personne. Bjarke Ingels, lorsqu’il voyage au Japon, n’écoute pas nécessairement à tue-tête dans sa voiture la chanson de 1984, « Big in Japan » du groupe Alphaville. » Julien Rapiteau


CHAPITRE 2 - LA PRIMORDIALITÉ DE LA CO M P R É H E N S I O N B I PA R T I T E


LE CODE DE LA DÉONTOLOGIE L’architecte est tenu, par sa profession, à respecter divers obligations : en France, l’Architecture fait partie des professions dites réglementées. Ces législations protègent le métier en le rendant accessible sous condition de l’obtention de certains diplômes. Pour exercer le métier, il est obligatoire d’être inscrit à l’Ordre des Architectes qui régit certaines règles. Ces différentes règles sont éditées dans le Code de la Déontologie1, pour le bien de la profession, de l’architecte, des clients, des rémunérations et des devoirs qu’impliquent cette inscription. Par ces obligations, c’est l’ensemble du processus qui est réglé pour une pratique la plus seine possible. Ce Code de la Déontologie pour moi, va aussi dans le sens de la profession qui doit être protégée de sa concurrence en restant ce qu’elle est. La remarque suivante me parait vraiment pertinente dans un environnement pollué par la rentabilité : « La Commission a recherché, dans l’exercice « normal » de la profession, les possibilités d’intervention sans renoncer à l’essentiel, sans « vendre son âme. »2

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2-1- UNE DIFFÉRENCE D’ORDRE MORALE

L’OBLIGATION DE MOYENS ET DE RÉSULTATS L’architecte, par son statut se doit d’obtenir tous les droits de construire puis d’édifier un bâtiment répondant en tout point à la destination et la demande du client. Tout au long du processus de conception puis tout au long de la vie du bâtiment, l’architecte est engagé. Par la réticence de la clientèle, qui assure que l’architecte construit comme il l’entend un ouvrage qui lui plaît (à l’architecte), on remarque à nouveau le manque de connaissance des obligations que le port du titre induit envers le client. Ce dernier se sent pourtant plus en sécurité avec un CMiste ou un Maître d’œuvre. L’architecte n’a aucun intérêt à construire pour lui car un bâtiment impropre à la destination serait contraire à ses obligations et pourrait entrainer des poursuites. Pour résumer les obligations définies par différentes lois : avant la réception l’architecte a une obligation de moyens, après la réception il a une obligation de résultat. A cela s’ajoute les compétences que l’architecte est sensé apporter au projet; une valeur ajoutée que certains CMistes ne prennent pas ou peu en compte et qui sont les suivantes : • l’orientation de la maison et des pièces; • leur principe de fonctionnement vis-à-vis de la vie de la famille; Figure 7 - Illustration Loft de l’artiste Klaus Kremmerz. • les matériaux mis en œuvre, la pérennité, la Source : www.klauskremmerz.com qualité environnementale et visuelle; 1 Journal officiel du 25 mars 1980 et rectificatif J.O. – N.C. du 21 juin 1980. 2 Remarque évoquée lors d’un questionnement des méthodes à adopter pour obtenir une commande plus récurrente dans la maison individuelle, Michel BODIN, Président de la Commission maison individuelle, dans l’ouvrage « Les cahiers de la profession », n°22, 1er trimestre 2005, page 21.

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• le dialogue avec l’environnement direct et le paysage en général; • la qualité architecturale par ses formes, ses volumes, ses matériaux, les lumières que cela provoque; • le bien être par le bien vivre et les sentiments, l’éveil des sens engendré; • le relationnel avec les entreprises, pour obtenir le résultat recherché et « promis » (sans avoir à faire du partenariat avec les mêmes entreprises dans le seul but de resserrer les prix et faire de meilleures marges); • le devoir de conseil qui engage l’architecte pour bien plus longtemps que les 18 mois d’un projet de construction de maison individuelle. Comme me le confirmait Philippe Martial3 lors de notre entretien, l’architecte est le seul a avoir une garantie sur la conception et la réalisation, quand les constructeurs de maisons individuelles en ont sur la réalisation seulement. Nous sommes donc bien dans le cas d’une profession qui va presque plus dans le sens du client-consommateur que dans celui de l’architecte.

DES DIFFÉRENCES APPARENTES, POURTANT… « Dans le cadre de la maison individuelle, la loi autorise à se passer d’un architecte pour des constructions en dessous de 170 m2 , laissant le champ libre aux promoteurs et autres vendeurs de maisons qui font là où ils peuvent faire, c’est-à-dire partout, pourvu que le client ait de quoi s’offrir la même cabane que son voisin de terrain. »4 24

Il faut bien sûr rester avant tout architecte, avec tout ce que cela implique, sans chercher à imiter les autres acteurs et sans forcer la pratique avec des clients qui ne seraient pas dans la démarche. Cette différence de l’architecte est bien un point fort et il n’est pas question de l’oublier. Le prototypage induit par la façon de travailler de l’architecte, d’appréhender le projet, en fait un risque plus élevé que la standardisation maîtrisée du CMiste mais également une vitrine individualisée des connaissances et de la vision du monde réel et actuel. Pour éclaircir les relations entre Architectes et CMistes, voici les échanges courants que l’on peut retrouver entre architectes et constructeurs et qui, il faut bien l’avouer sont l’un et l’autre viables dans certains cas, relatés ici dans une revue : « Les architectes accusent les constructeurs de défigurer nos paysages et de ne songer qu’à conclure toujours plus de promesses de vente. Pourtant, « le chômage technique des architectes les mèneraient bien vers ce type de commande, qu’ils refusent souvent de façon dogmatique. Les constructeurs eux, trouvent les architectes arrogants et pointent du doigt leur irréalisme budgétaire en construisant des objets architecturaux pas toujours vivables. »5 Si l’on prend cas de nombreuses remarques de CMistes ou même d’Architecteurs, vivre du métier pourrait bien donner quelques sueurs froides. Pierre-Luc Langlet, directeur de la structure coopérative des Architecteurs affirme en 1998 que, « Rémunérés au pourcentage du montant des travaux, l’architecte ne gagne pas assez sur chaque maison, à moins de commandes à plus d’un million 3 Président du l’Ordre des Architectes des Pays de la Loire. 4 « L’architecture est un sport de combat », Rudy Ricciotti, page 59, 2013. 5 Archicree, Maison individuelle 2 : Du logement social à la maison individuelle, Constructeurs…Architectes, pages 74 à 79, 1er trimestre 1998.


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de francs. Les chantiers sont longs, les propriétaires exigeants qui demandent la présence de l’architecte et souvent des modifications. On ne peut réussir dans la maison individuelle qu’en proposant du clé en mains ». Cette remarque est selon moi infondée car elle est certainement liée à une certaine facilité et rapidité d’exécution des tâches, qui est à l’encontre de la qualité architecturale. Selon mon expérience en agence et les prévisions que j’ai pu réaliser, il est tout à fait possible de vivre de ce métier en exerçant seul avec 3 à 4 projets de maison individuelle par an. Cela laisse le temps de prendre soin des commanditaires, de les accompagner correctement et de concevoir avec eux leur lieu de vie sans avoir à trop se soucier du temps passé à chaque phase du projet. Il existera longtemps, à mon avis, cette constante « tension du secteur » entre architectes et CMistes, même si je pense que dans ma pratique future, c’est bien la relation avec les confrères qui va primer. Comment vais-je réussir à sortir un peu du lot, sachant qu’au début, la potentielle clientèle viendra quelque peu à l’aveugle, sans références notoires ? Par la chance que l’on a d’avoir une profession si bien réglementée, qui implique que tout le monde est sur le même pied d’égalité, il faut réussir à mettre en avant la plus-value qualitative de l’exercice qui est censé l’être par ces seules lois. C’est ce que je vais essayer d’expliquer dans la partie suivante, par la mise en avant des divers rôles et enjeux de l’architecte dans le contexte actuel.

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Figure 8 - Illustration humoristique de la concurrence des honoraires entre architectes. Source : Dessin d’Anthony Jeamet.


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« Alors pourquoi tant d’acharnement ? Les architectes travailleront toujours avec les entreprises pour construire une maison ! En quoi l’intervention d’un professionnel compétent peut-elle engendrer un tel hallali ? N’est-il pas de l’intérêt de tous de bénéficier de territoires mieux aménagés et de maisons de meilleure qualité ? Comment se fait-il que tant d’acteurs de l’acte de construire s’imaginent pouvoir impunément se passer d’architectes pour concevoir des maisons ou des lotissements ? Quels intérêts cela sert-il ? Sûrement pas l’intérêt général ! Il suffit de regarder ce que sont devenus en 40 ans les périphéries des bourgs et des villes en France : alors que les centres sont à l’abandon, on couvre les terres agricoles et naturelles d’ensembles stéréotypés : maisons implantées au milieu de leur parcelle desservies par les voies en raquette… On ne peut se résigner à cela ! L’habitat est un bien culturel au moins autant qu’économique et sa valeur patrimoniale est le bien commun de tous les citoyens. Cessons de répandre des chimères, et œuvrons, chacun pour notre part, en faveur de la qualité ! Pour transformer et rénover l’aménagement des territoires, l’architecte ne peut en aucun cas agir seul. Tous les acteurs de l’acte de construire - paysagistes, bureaux d’études, entreprises et artisans - doivent s’engager dans cette démarche de fabrication de ces quartiers d’habitation que sont les lotissements de maisons individuelles. Au lieu de vouloir sauvegarder des pratiques d’un autre temps, saisissons ensemble la nécessité de la mutation de l’écosystème de toute la filière bâtiment pour concevoir et aménager autrement nos bourgs et nos villes. Le véritable enjeu est là, les élus des collectivités territoriales et les parlementaires le savent. »6

2-2- MIEUX CONNAITRE POUR MIEUX COMPRENDRE LA MÉCONNAISSANCE DE L’ARCHITECTE ENVERS SON CLIENT Si je parle depuis le début de manque de compréhension du métier, il faut aussi remettre les choses dans leur contexte : les architectes prennent parfois trop peu cas de leur commanditaire, étranger à toute connaissance dans la construction et le métier. Cela va donc en partie être à moi de m’adapter au client dans ma pratique future. Dans mon entretien avec David Juet, architecte à Nantes, dont la maison individuelle représente environ 50% de son activité, il m’avoue qu’il explique rarement à ses clients le parcours qu’ils vont faire ensemble, en collaboration. Pourtant c’est un rôle important de l’architecte, de faire un premier pas dès le départ pour expliquer les différentes phases, les différents acteurs et le travail que va devoir faire le demandeur pour que l’architecte puisse avoir des objectifs. Aucune des phases du contrat n’est anodine, pourtant, par habitude, l’architecte à tendance à aller parfois un peu trop vite. C’est pourquoi, je pense qu’un document clair et concis, reprenant les informations les plus importantes, est à prévoir pour le Maître d’ouvrage. Il existe bien sûr des guides réalisés par l’Ordre des Architectes, qui reprennent tous ces éléments. Je pense dans mon cas à un document plus formel, qui permettrait aux deux partis de pouvoir valider ensemble les points à l’avancement. C’est ainsi que ce document prend sens, dans le but de 6 Interview de Catherine Jacquot le 10 Novembre 2015, diffusé sur le site de l’Ordre des architectes : https://www. architectes.org/actualites/ensemble-pour-l-excellence-de-l-habitat-individuel


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centraliser les informations pour l’architecte et le Maître d’ouvrage, tel un outil « Carnet de bord » ou « Personnal book ». C’est un document qui peut être remis à chaque client, dans le but de lister toutes les phases et d’expliquer ce qui doit être réalisé dans chacune d’elles. Ainsi l’architecte et le client ont la même base de donnée sur le travail qui est fait et à faire sans en être trop stricte pour autant. Ce classeur doit permettre la centralisation d’un ensemble de documents, que le client peut regrouper, tel les informations concernant l’architecte, les coordonnées du client, les échanges écrits, les photos de références mais aussi le contrat de l’architecte et les notes d’honoraires. Il peut regrouper également les informations qui peuvent être remplies par chacun des futurs occupants de la maison, telles les vues souhaitées, les lumières, les surfaces nécessaires, les couleurs et textures aimées, le budget maximal, la façon de vivre de la famille… Cela permet principalement de créer du lien et de l’engagement envers le projet et de connaitre la famille qui va y habiter. Travailler avec un architecte est un rêve pour 86% des particuliers, pourtant ils ne sont que 5% à aller jusqu’au bout. Ils sont nombreux à penser qu’un petit projet et un faible budget n’intéressera pas l’architecte. Le client n’est pas toujours acquis et le lien qu’il va ressentir avec l’architecte, qui doit devenir « son architecte », est primordial. La communication avec un client s’apprend, elle n’est pas innée. Le client n’est pas un professionnel, ni un sachant et donc sa façon d’appréhender les choses est différente. Cette communication est importante pour attirer le client, mais également pour lui faire comprendre l’approche de l’architecte, parfois difficile à percevoir. La notion de conseil, d’écoute, de réaction, de langage avec le client sont autant d’éléments qui doivent le rassurer et créer une confiance, pour faire disparaitre la distance : l’architecte est là pour concevoir et faire construire la maison du client et non lui construire une « maison d’architecte », comme on l’entend encore trop souvent. Il y a de nombreuses années déjà, la volonté de Yona Friedman était de réintégrer l’usager au cœur du processus de conception. L’erreur de l’architecte est peut-être de ne pas avoir répondu de manière significative à cette volonté, qui est aujourd’hui toujours d’actualité. Il faut également répondre aux attentes de ce futur Maître d’ouvrage. Pour y arriver il est nécessaire de cerner la demande et diagnostiquer avant de prescrire.

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« L’architecture est un art qui doit-être perçu des 5 sens que l’homme possède. Ainsi, n’importe qui peut y être sensible . » Julien Rapiteau


C H A P I T R E 3 - L E R Ô L E D E L’ A R C H I T E C T E [ A U P R È S D U PA R T I C U L I E R ]


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A lui seul, le secteur du bâtiment consomme 50 % des ressources naturelles et 40 % de l’énergie mondiale. Il existe différents processus en possession de l’architecte pour penser au mieux les constructions neuves ou à rénover et leur offrir en tout points une exemplarité dans leur conception, leur construction et leur maintenance pour une durabilité accrue et une enveloppe financière maîtrisée dans la durée. Dans cette dernière partie, je vais aborder les étapes, toutes indispensables, qui donnent à la profession sa plus-value, dans le cadre de la maison individuelle et du particulier : oubliés de ce secteur, alors qu’acquis dans la commande publique.

3-1- LES ARCHITECTES FRANÇAIS FACE À LEURS CONFRÈRES EUROPÉENS, UNE PRATIQUE DIFFÉRENTE CHEZ NOS VOISINS ? LES FRANÇAIS, BONS ÉLÈVES ? En regardant l’étude de secteur du Conseil des Architectes d’Europe (CAE) datant de 2018, il est intéressant de comparer les façons de travailler entre plusieurs pays et la résultante qui en ressort. Si la France est le 5ème pays le plus fourni en nombre d’architectes, après l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, la taille du marché de la construction et la valeur estimée du marché de l’architecture sont respectivement 3ème et 4ème d’Europe1. Malgré un à priori assez répandu, la durée hebdomadaire de travail en France reste dans la moyenne haute. Dans les chiffres, l’architecte français semble donc être en capacité de réaliser son métier dans un environnement sain. Pourtant, la réalité est autre. Essayons de comprendre comment par les chiffres, car il n’existe pas de réelle étude ou de véritables dires d’architectes dans l’Europe pour expliquer ces différences. Si l’on prend la moyenne des bénéfices avant impôts du revenu total en pourcentage, la France se retrouve en très mauvaise posture avec 41% contre 64% de moyenne en Europe. On peut imaginer que les revenus en France sont plus limités du fait d’un des taux d’imposition les plus élevés d’Europe (2ème après le Danemark et avant la Belgique). A titre de comparaison, les danois ont un taux horaire (non-ajusté à la parité du pouvoir d’achat) de 128€ contre 74€ chez nous. Bien entendu, le seul regard de ces études financières ne peut expliquer le rejet ou l’envie de travailler avec un architecte mais elles montrent une réalité du métier, différente et indépendante des honoraires pratiqués. Les architectes ne sont pas hors du champs des possibles et leur concours à la construction en France reste accessible financièrement, en comparaison de ce qui se fait à côté de chez nous.

Figure 9 - Estimation du nombre d’architecte par pays. Source : Étude CAE de 2018. 1

Entre 2008 et 2019, la France compte parmi les pays qui ont connus les plus gros changements en terme de construction, tout comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne en moindre mesure. Cela a touché directement le marché de l’architecture. En France, cette baisse de régime suite à cette crise

Étude de Secteur du Conseil des Architectes d’Europe de 2018.

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de 2008 vient à peine d’être égalée en terme de chiffres. Mais durant ces années, l’Ordre des Architecte n’a cessé d’œuvrer pour le bien des architectes français afin de relever la situation; par la création d’un site internet pour rechercher aisément un professionnel en France, par le développement des Maisons de l’Architecture partout en France pour offrir cette culture en toute simplicité et par la création de documents disponibles au public pour expliquer la pratique et les avantages de la sécurité apportée par cette profession réglementée. Le Ministère de la Culture aide de son côté, avec la création des Journées de l’Architecture, pour ouvrir au plus grand nombre des ouvrages conçus par des architectes. Selon moi la différence européenne repose bien plus sur la quantité des services qu’apporte l’architecte français, au regard de nos confrères : c’est ce qui doit nous amener à nous poser de réelles questions. L’architecte français semble bien moins enclin que la normale en Europe à proposer des certifications lui permettant d’avoir plus la main sur sa conception du début à la fin. Il est devenu courant de faire appel à des bureaux d’étude pour tout ce qui est hors du champs de l’architecte mais cet aspect fait perdre à la profession une partie de ses compétences.

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Figure 10 - Bureaux d’architecture offrant des services de certification, analysés par pays. Source : Étude CAE de 2018.


Les choses sont en train de changer depuis 2016, avec l’obligation pour l’architecte de déclarer ses heures de formation tout au long de sa carrière à raison de 20 heures par an, auparavant obligatoire mais non contrôlée (Loi n° 2004-391 du 4 mai 2004 relative à la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social).

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DES CONNAISSANCES A ENTRETENIR

Cette formation régulière est une véritable nécessité et une opportunité que chacun doit prendre en compte pour maîtriser ses compétences; gagner du temps à long terme; garantir des prestations toujours de qualité à ses clients et se maintenir à jour dans les nouvelles normes, les nouveaux attendus du métier et perpétuelle évolution. La pluralité des fonctions de l’agence, qui passe par la formation entre autres, peut aussi se faire par extension de la pratique courante avec l’introduction de toutes les professions nécessaires. Ainsi certaines agences peuvent avoir un économiste, un designer, un maquettiste, un psychologue… S’il est vrai que la profession change, elle a perdu trop rapidement un certain savoir-faire et de la connaissance comme le dénonce Rudy Ricciotti : « En 1930, il y avait cent mots pour décrire une façade. A l’aube du 21ème siècle, il en reste une dizaine. Si l’on a perdu les mots, on a perdu les signes associés. Et avec ces signes, les savoir-faire, ce qui fait de nous des analphabètes de l’art de construire. »2 Les voyages, les lectures, l’ouverture de soi, de son esprit, la curiosité, l’accès à la formation sont selon moi des obligations pour rester en éveil dans cette merveilleuse profession et pour éviter que l’affirmation suivante reste trop longtemps une vérité : « La conception et le management ont remplacé la connaissance et le savoir-faire des métiers de la construction. Les détails sont toujours dans le dessin mais la question, à l‘heure actuelle, est : qui dessine ? »3. Dans le but de rester maître de notre pratique, il est primordial de s’intéresser à tout et de toucher à tout, ce qui sera le cas de ma pratique future en solitaire.

3-2- L’USAGE ET L’USAGER DERRIÈRE LE MASQUE, UNE PROFESSION DE SERVICE A l’occasion du lancement de la nouvelle formule du magazine AMC, une enquête auprès de 900 personnes âgées de plus de 18 ans à montré que 73% des Français estiment que l’architecture est une discipline compliquée à cerner alors que 95 % de ces mêmes Français estiment que les architectes ont une profession d’avenir. Loin d’être une contrainte, le recours à l’architecte constitue une véritable garantie de qualité pour le consommateur, lors de la collaboration avec un professionnel qualifié diplômé par l’État; assuré et contrôlé annuellement par l’Ordre des architectes; dont les honoraires sont clairement identifiés et dont l’indépendance vis-à-vis des entreprises de construction est un atout. 2 « L’architecture est un sport de combat », Rudy Ricciotti, page 21. 3 Cahiers 3 RAMAU, « L’architecte comme concepteur de composants du bâtiment dans les nouveaux réseaux du secteur de la construction », Niels Albertsen, page 42.

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Malheureusement, la qualité apportée par ces expertises parait loin de la réalité4, quand en face on retrouve une concurrence sans obligation de diplôme, considérée comme plus compétent techniquement5. Il est préjudiciable de voir que la population se sent, pour une fois, plus à l’aise avec une personne certainement moins habile dans son métier que n’est censé l’être l’architecte. Qui irait voir un praticien en chirurgie sans diplôme plutôt qu’un véritable professionnel expérimenté par sa formation même ? Personne ! L’architecte, par ses connaissances et son appréciation de chaque demande différente, apporte bien plus que ce qui lui est reproché par son manque de technicité. Quel particulier est capable de dire qu’un CMiste est plus technique qu’un architecte, quand bien même il connait son sujet par la multiplication de ses tâches qu’il répète des dizaines voire des centaines de fois par an. Il est bien malheureux de se rendre compte qu’une majorité des potentiels clients a peur de voir l’architecte arriver pour lui construire une maison aux formes futuristes et dont les prises de courant sont mal placées6. C’est une pensée qui parait loin de nos écoles et de notre pratique mais qui semble bien ancrée. Heureusement, certains, y compris dans mon sondage, comprennent ce qui va faire la différence : - la qualité de vie; - le confort d’usage; - la pérennité d’un bâtiment durable; - la performance d’usage comme objectif autre que la simple performance énergétique; - la lutte contre l’étalement urbain et la préservation de la cohésion sociale; - le « durable » et « l’écologique »; - une responsabilité sociale, déontologique, culturelle.

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Les agences d’architecture ont beau parfois être de tailles très conséquentes, il restera toujours une part « d’artisanat » par le prototypage permanent qui fait l’intérêt du métier. Peu d’éléments peuvent être reproduits d’un projet à l’autre en préfabrication de masse, quand bien même certaines détails ou techniques de mise en œuvre peuvent être réutilisés à bon escient. C’est ici que je rejoint la remarque du président du CAE en 2018 : « A mes yeux, cette citation d’une institution de l’Union Européenne constitue un pas en avant très important dans la compréhension du rôle de l’architecture et des architectes dans notre société. Les institutions européennes nous considèrent généralement comme faisant partie des secteurs des services aux entreprises ou de la construction. Nos intérêts diffèrent pourtant de ceux de l’industrie – nous travaillons pour la qualité architecturale, pour des environnements bâtis de meilleure qualité et une vie meilleure des utilisateurs. Cela se reflète d’ailleurs dans la structure de la profession : nous ne sommes ni une industrie, ni une partie de celle-ci ; nous sommes en très grande majorité de petites et même de micro-entreprises. »7

4 Voir remarques concernant l’architecte face au constructeur et leurs compétences respectives, dans mon sondage en ligne en Annexe 1. 5 Ibid. 6 Ibid. 7 Avant propos de Georg Pendl Président du CAE (Conseil des Architectes d’Europe), dans l’étude de « La profession d’architecte en Europe en 2018, une étude du secteur ».


Cette notion d’architecture m’intéresse tout particulièrement car à elle seule, elle est en mesure de répondre à tous les enjeux de la profession. L’économie de moyens, trop souvent assimilée au budget d’un projet a une définition très simple qui est la suivante : « Utiliser le moins de moyens possibles pour atteindre un but donné. »8

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L’ÉCONOMIE DE MOYENS AU SERVICE DE LA RATIONALITÉ

L’économie de moyens est bien plus nécessaire et réfléchie que le simple regard énergétique et son calcul final, avec l’objectif de répondre en tout point à la stricte nécessité pour le bâtiment. Si le bâtiment est entièrement conçu ainsi l’architecture en devient intelligible. Cet objectif est louable et donne tout son sens à l’architecture d’aujourd’hui, qui se doit d’être exemplaire dans ses consommations quelles qu’elles soient. En réfléchissant chaque élément (matériaux, principe constructif, plans, façades, usage(s)…) d’une construction avec un processus de rationalisation, on est capable d’aboutir systématiquement sur des constructions respectueuses de leur environnement, du paysage, sans prendre en compte les seules règles, lois ou normes comme des obligations restrictives. Le fait de penser « économie de

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Figure 11 - Photographie de l’immeuble de bureaux de Christian Kerez à Lyon, dont la structure est dimensionnée au plus juste pour les charges. Source : http://www.kerez.ch 8 Éric Lapierre, ELEx, dans la conférence « Quel futur pour l’architecture ? Économie de moyens versus nouvelle économie », Juin 2020, avec Stéphanie Bru de Bruther, Anne Démians, Umberto Napolitano de LAN.


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moyens » amène à penser qualité dans le sens où chaque chose a sa place, son utilité et n’est donc plus critiquable pour sa « beauté » au sens premier du terme. Par exemple, le principe constructif de maison Dom-ino de Le Corbusier est peut-être « laid » visuellement pour certain, mais par sa frugalité constructive et ses réelles raisons, il est peu critiquable, encore aujourd’hui. Le formel y a sa place, pourquoi ne pas avoir un volume uniquement dicté par l’usage, avec des matériaux locaux, bio-sourcés ou simplement « naturels », tous utiles aux fins de la construction. Dans la mesure où rien de non nécessaire ne sera ajouté, on produit une relative « beauté nécessaire » , au lieu de créer de la beauté par les formes, les matériaux mais sans but réel, à part subjuguer et mettre une distance, non-voulue, entre l’architecture et la population. Comme le dit Eric Lapierre, « Tout bon bâtiment a une image forte, simplement, aucun bon bâtiment ne peut se réduire à une image ». Toutefois, on peut émettre l’avis que le système constructif reste peut-être une exception, dans une logique actuelle de mutabilité possible des constructions réalisées. La création d’une structure calculée au kilogramme près serait ubuesque dans une démarche d’économie de moyens car elle contraindrait le bâtiment à une seule utilisation possible tout au long de sa vie (voir figure 11, qu’en penser ?). A l’inverse, la création d’œuvres, de porte-à-faux à couper le souffle reste également hors du champ de cette pratique. Pour exemple, la Fondation LVMH de Franck Ghery à Paris dépense une matière conséquente en structure métallique, en habillages d’éléments de verre cintrés, pour n’accueillir qu’un beaucoup plus petit volume fonctionnel en son intérieur, une spécialité de l’architecte.

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Tous ces exemples qui définissent cette pensée sont bien utiles et indispensables pour penser l’architecture différemment, qu’elle soit à l’échelle d’énorme équipements publics, de petites ou grandes maisons individuelles. Auparavant, l’utilisation massive des matériaux était possible et nécessaire par le manque d’information et de capacités à calculer des « anciens bâtisseurs » (murs très épais pour être certains d’avoir une résistance supérieure à l’objectif recherché et obtenir de l’inertie, charpentes surdimensionnées car le matériau n’est pas onéreux…) mais surtout par l’épuisement de certaines ressources naturelles qui tend à nous raisonner dans nos pratiques. Désormais tous les outils sont à notre disposition pour concevoir comme il faut le faire au 21ème siècle, en ayant certainement perdu de nos savoir-faire ancestraux. Mais cela à mené à créer de nouveaux bâtiments plus respectueux de l’environnement et avec une volonté d’évolution de la pratique architecturale comme de toutes les pratiques de l’homme. Etant passionné d’automobile, les véhicules anciens procurent une sensation impossible à retrouver aujourd’hui, mais l’automobile moderne a aussi apporté son lot de sécurité, de silence, de confort, une certaine écologie recherchée… que l’on retrouve selon moi également dans l’architecture : un bien pour un mal, l’évolution est ainsi.

DE LA RÉALITÉ, VERS UNE ÉVOLUTION CERTAINE En matière de maison individuelle, les français apprécient l’architecte pour sa capacité à tenir compte des exigences écologiques (40%), tandis que pour ce dernier, la priorité est de tenir compte du mode de vie des habitants dans la conception de l’habitation (40%). En terme d’innovation dans l’habitat, les français jugent que c’est le savoir-faire des entreprises du bâtiment qui est le plus important (88%), devant les matériaux et équipements (83%) et les architectes (76%). Alors que pour les architectes, ce sont eux-mêmes qui ont un rôle primordial dans l’innovation en matière de logement (96%), devant


3-3- UN MÉTIER MARQUÉ PAR DES ENJEUX … « L’accent sera mis sur l’architecture en tant que discipline supposant un juste équilibre entre les aspects culturels, sociaux, économiques, environnementaux et techniques pour le bien commun. »10

… RÉGLEMENTAIRES La profession d’architecte, par son cadre réglementaire, est fortement influencée par les lois, qui sont parmi les plus nombreuses en Europe. Selon Rudy Ricciotti toujours, « c’est ce qui fait de la France un pays peuplé de bons architectes. »11. En effet, ils ont su s’adapter à une demande grandissante et exponentielle d’informations quotidiennes sur les évolutions de la profession. C’est toujours le cas et cela en fait un métier qui nécessite beaucoup d’investissement de temps et de curiosité tout du long de la carrière. Au delà des lois, les normes et les Documents Techniques Unifiés (DTU) notamment, s’ajoutent à une liste déjà longue. Comme évoqué précédemment, cela implique un besoin primordial pour l’architecte de se former en continue avec ces 20 heures obligatoires par an (soit dit en passant, c’est assez peu au vu des évolutions constantes) et de façon quotidienne et autonome. L’objectif est ici de rester toujours dans une démarche de qualité avec l’opportunité de ré-interroger ses pratiques tant réglementaires, 9 Enquête Ifop/Cnoa, présentée lors des Universités d’été de l’Ordre, et menée auprès d’un échantillon de 807 personnes, représentatif de la population des architectes inscrits à l’Ordre et en activité ; ainsi qu’auprès d’un échantillon de 997 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administrés en ligne du 23 au 26 juin 2014 pour les architectes, et du 11 au 16 juillet 2014 pour l’échantillon de Français. 10 Phrase extraite du nouveau Plan de Travail pour la Culture adopté par le Conseil européen en décembre 2018. 11 Remarque que l’on peut retrouver dans son livre « L’architecture est un sport de combat ».

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les matériaux et équipements (85%). Enfin, ce sont les prix élevés des terrains (70%), le coût élevé des matériaux et des prix de construction (65%) et les procédures administratives et réglementaires trop contraignantes (55%) qui constituent des obstacles à la construction, selon les français. Chez les architectes, le ressenti est presque identique, ils y ajoutent les normes urbaines et les règles de construction trop nombreuses à prendre en compte (57%). Dans une enquête réalisée en 2014 auprès d’architectes et d’un échantillon de français, « Pour la moitié des Français interrogés, l’apport de l’architecte est important dans le domaine du respect des normes et règlements qui s’appliquent à la construction. La qualité environnementale et la consommation d’énergie (46%) sont aussi des sujets qu’ils sont censés maîtriser et appliquer lorsqu’ils construisent, de même que les particuliers leur font confiance pour tenir compte de la solidité du bâtiment et de sa capacité à résister dans le temps (46%). De leur côté, les architectes estiment qu’ils ont leur rôle à jouer dans la prise en compte des désirs de modes de vie des habitants ou des usagers (65%) ou encore dans la qualité esthétique et l’intégration dans le paysage (62%). »9 Il y a bien une réelle confiance en l’architecte, ou bien un espoir de ce qu’il doit savoir faire, sans forcément y croire comme le montre la réalité des choses dans la commande privée de maison individuelle. « L’architecture est un sport de combat », tel est le titre d’un des livres écrit par Rudy Ricciotti, le combat pour ce métier d’art est permanent et en fait certainement, en grande partie, son intérêt. Sans ce combat permanent, l’architecture perdrait, à mon avis, de sa qualité, par la facilité.

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techniques, que d’organisation et de management. Si les lois sont allées dans le sens de la profession, les choses ont peu évolué en terme de commande, si l’on revient à ces mots de 2017 : « Contraints, sinon écartés d’une grande partie de la commande publique, les architectes sont, en presque totalité, absents de la commande privée, tout spécialement du marché de la Figure 12 - Dessin humoristique sur les lois Françaises. Source: Dessinateur Péhel. maison individuelle que se partagent les maîtres d’œuvre en bâtiment et les constructeurs de maisons sur catalogue. C’est pourquoi la question du seuil sera si importante et qu’elle restera un sujet sensible jusqu’à la loi Création, Architecture et Patrimoine. »12 Cette loi s’est bien entendu vu réduire le seuil de recours obligatoire à un architecte, sans en changer réellement les règles du jeu, en passant de 170 m2 de Surface Hors Œuvre Nette (SHON) à 150 m2 de Surface de plancher, ce qui revient au même. Mais il ne s’agit pas exclusivement des lois pour l’architecte, mais bien aussi des lois pour l’architecture, pour les villes, pour les usagers, leur sécurité et leur bien être. Par exemple, la loi Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) existe depuis 2015 et travaille sur la qualité environnementale de la construction à grande échelle, avec les transports, les déchets… Depuis 1974 on travaille avec la Réglementation Thermique. J’ai personnellement débuté lorsque la RT 2005 était encore la norme, puis la RT 2012 et enfin arrive la Réglementation Environnementale 2020 (RE 2020) à l’horizon 2021. Je ne parle pas ici des règles qu’impose cette profession réglementée. Ce qui est cependant préjudiciable c’est la façon que les constructeurs de maisons individuelles ont parfois de jouer avec ces lois, leur concurrence est déloyale en proposant à leurs clients des terrains, ou en imposant leur construction sur des terrains vierges qui ne leurs appartiennent pas. La pratique est légale mais trompeuse et bien ficelée.

… ÉCOLOGIQUES Depuis 2017, l’objectif est d’atteindre le chiffre de 500 000 rénovations par an, mais il n’est pas tenu, avec un peu plus de 330 000 rénovations en 2019. Sans rentrer dans le détail de la rénovation des logements existants, il apparait que ce marché est très important et nécessaire à l’avenir de la construction. Rénover le parc de logements n’est pas qu’un enjeu environnemental. C’est aussi un enjeu social avec près de 4 millions de ménages qui ont des difficultés à régler leur facture de chauffage ou se privent de chauffage. Ce chiffre n’a rien d’étonnant puisque sur les 34 millions de logements que compte la France, 30 % ont été construits entre 1949 et 1974, soit avant l’entrée en vigueur de la première réglementation thermique (RT 1974) mise en place au lendemain du premier choc pétrolier. Au delà du déjà présent, ce qui m’intéresse ici plus précisément, c’est la manière de concevoir le logement 12 Ouverture donnée par Florence Contenay, inspectrice honoraire du Ministère de l’Équipement, membre du Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication, lors de la journée d’étude « 1977-2017, les quarante ans de la loi sur l’architecture » du Mercredi 11 janvier 2017.


Il faut avoir à l’idée qu’être architecte c’est prendre en compte les données naturelles, économiques, techniques et politiques d’un territoire. Il faut Figure 13 - Tableau mettant en avant les principales différences entre la RT sans cesse s’adapter aux 2012 et la RE 2020. Source : www.magazine-des-notaires.com nouvelles connaissances et aux évolutions sociétales qui induisent des enjeux d’ordre écologique désormais. Très prochainement c’est un nouveau pilier de l’écologie en construction qui doit voir le jour avec la RE 2020. Aux qualités déjà acquises aujourd’hui du bâtiment, comme doivent l’être l’isolation, les énergies…, viendront s’ajouter avec la RE 2020 la prise en compte de l’empreinte carbone notamment. Les nouveaux bâtiments devront dans le pire des cas avoir un bilan énergétique neutre; le contrôle de la qualité de l’air va être primordial et nécessaire avec la crise actuelle liée au COVID 19 par exemple. Les énergies renouvelables devront être prises en compte de façon autre que la mise en place d’un simple ballon d’eau chaude thermodynamique pour rentrer dans le calcul; les matériaux devront être bio-sourcés; l’enjeu des Labels aura une place importante. Toutefois, que penser d’un bâtiment qui a obtenu des labels, qui est bien isolé, avec une qualité saine de l’air, mais qui se verrait affublé d’une façade de milliers de tonnes de béton ou de milliers de kilogrammes de bardage métallique ? Je pense qu’il est ici important de comprendre l’enjeu architectural d’un point de vu pragmatique dans sa conception, sa construction, sa mutabilité et sa maintenance, tout au long de sa vie et de le transmettre ainsi.

« Ainsi, pour certains, la qualité est inénarrable parce que relevant principalement des émotions produites par l’objet bâti ou, au mieux, par l’avancée que cet objet représente dans la pensée et le savoir-faire architecturaux. Pour d’autres, elle est enracinée dans la performance concrète, que celle-ci soit motivée par une demande socio-économique directe (rendement énergétique, qualité environnementale, qualité d’ambiance et confort, rentabilisation du foncier...) ou indirecte (nouveauté d’un procédé constructif, défi technologique…). »13

13 « La qualité architecturale, Acteurs et enjeux », ouvrage publié avec le concours du Plan Urbanisme Construction Architecture et du Bureau de la Recherche Architecturale, Urbaine et Paysagère, DAPA, Ministère de la Culture et de la Communication, Cahiers RAMAU 5, sous la direction de Véronique Biau et François Lautier, page 17.

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neuf comme nous n’avons pas l’habitude de l’entendre, par la plus-value réelle que l’architecte doit apporter, au delà de la vision architecturale et de ce qui va entourer cette « qualité visuelle ».

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… DURABLES Par sa formation et sa vision, l’architecte possède de nombreuses capacités au service du développement durable qu’il met naturellement en œuvre régulièrement dans sa conception. Ainsi par la valeur qu’il donne à l’ancrage local et culturel de chaque lieu, il valorise les formes urbaines existantes et intègre le bâti créé au territoire, il valorise les ressources, les savoirs faire et les matériaux locaux. Ces termes peuvent paraître excessifs, mais sa non-appartenance à un groupe d’artisans défini est un réel atout pour tous les acteurs. Il n’existe pas de relation obligée impliquant de rogner à certains principes. La recherche de la qualité d’usage permet une réflexion sur les pratiques du bâti et sert l’ensemble des propriétaires sur la durée de vie de la construction. On parle d’ailleurs souvent d’usages, au delà de la simple fonction d’un édifice. De plus, chaque lieu étant unique, avec ces spécificités, l’intégration du caractère social y est primordiale, dans le but de faire vivre un ensemble environnement naturel rural ou urbain avec la construction qui est prévue pour une durée de vie la plus longue possible. Si les lotissements sont durables, dans le sens de la résistance relative de leurs constructions (le parpaing est solide, l’enduit aussi, le PVC ne nécessite pas d’entretien, l’ardoise synthétique est facile à entretenir…), ils vont à l’encontre même de tout ce qui fait notre monde. Désormais, presque tout le monde sait construire solide, ce n’est pas le problème. Mais pourquoi tout le monde se plaît à avoir la même maison que son voisin pour un montant aussi élevé que si elle était différente et mieux pensée ? Oui, pourquoi, alors que ces mêmes personnes tendent aujourd’hui à acheter une voiture, une montre, des chaussures ou des lunettes ultra-personnalisables pour toujours se différencier et prouver leur caractère unique ?

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Le durable fait directement face aux enjeux d’ordre environnementaux et écologiques. Ces prises de conscience permettent un apport indispensable à l’avenir de toute construction. Il est aberrant de nos jours de construire des toitures en bacs métalliques ou d’utiliser des isolants fabriqués chimiquement. Nous savons maintenant produire des éléments naturels et les mettre en œuvre pour limiter l’utilisation à outrance d’énergies, réduire la consommation des ressources naturelles et la production des déchets. En effet, il est beaucoup plus polluant d’utiliser un isolant en polyuréthane qu’un en chanvre par exemple (voir figure 14). Cette prise de conscience est malheureusement compliquée à faire comprendre quand un CMiste annonce un prix défiant toute concurrence, mais ne prend en compte que ce qui est obligatoire, soit la RT 2012 aujourd’hui. On construit du « bas de gamme » mais cher comme « du qualitatif, du durable ». Comme l’affirme Philippe Martial dans l’entretien que j’ai eu avec lui, « je ne comprend même pas pourquoi il n’y a pas 100% des maisons qui sont faites par les architectes ? » Mais la remarque suivante, issue d’une enquête que l’on retrouve dans Les cahiers de la profession nous montre qu’il existe un fossé entre notre réalité et celle qui est perçue : « Tout d’abord les Français reconnaissent l’apport de la profession sur les sujets essentiels : respect des normes, solidité des bâtiments et qualité environnementale. En second lieu, alors Figure 14 - Graphique de l’énergie grise de différents principes que les architectes en font un domaine de construction. de compétence privilégié, moins d’un Source : www.tera-terre.org


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quart de la population identifie comme essentielle la plus-value esthétique qu’ils apportent, un sujet par essence subjectif. Ensuite, en matière de qualité environnementale et d’économie d’énergie, les Français attendent beaucoup plus des architectes. En effet 41 % des personnes interrogées nous demandent de mieux tenir compte des nouvelles exigences écologiques et seulement 9 % nous reconnaissent comme acteurs indispensables pour répondre au confort et aux économies d’énergie. Les réponses des Français questionnent à la fois les pratiques professionnelles des architectes, leurs domaines de compétences mais également la communication d’une profession bien souvent focalisée sur les questions esthétiques et peut-être insuffisamment sur les savoirs, les savoir-faire et sur le fait que les architectes sont des maîtres d’œuvre. »14

… TECHNIQUES L’architecte formé en école est souvent considéré comme faible dans cette discipline qu’est la technique. « Les bureaux d’études s’en chargeront » peut-on entendre même de la part d’architectes ayant de l’expérience. Au yeux d’une éventuelle clientèle, c’est un mal qui abaisse le niveau de l’architecte sous celui d’un constructeur de maisons individuelles en terme de capacité à suivre un chantier, comme les personnes que j’ai sondées me l’on souvent fait remarquer. Toutes ces données qui sont aujourd’hui délocalisées et abandonnées aux bureaux d’études me semblent indispensables à l’appréhension de toutes les phases d’un projet. Aussi, je me suis souvent intéressé (aidé par les nouvelles technologies) à comprendre comment on peux pré-dimensionner des structures en bois ou en béton, comment on calcule un BBIO, comment utiliser un logiciel de calcul d’éclairement et en comprendre les données récupérées, ou encore s’essayer à la représentation de système de ventilation. C’est selon moi autant d’informations qui font un seul et même projet, pensé et conçu comme une globalité et non un projet revu de nombreuses fois pour y intégrer des données qui s’ajoutent sans avoir été pensées. C’est ma vision des choses et qui plus est, un objectif à tenir. En effet, dans la réalisation de maisons individuelles, il est souvent compliqué de faire passer trop d’honoraires de collaborateurs et parfois un aveu de faiblesse des incompétences de l’architecte, déjà trop acquises pour une vérité auprès de nombreux particuliers. En terme de formation dans le métier, la Formation Professionnelle Continue en ENSA me semble être une solution idéale. Elle implique d’avoir une expérience solide en agence d’architecture avant d’intégrer une ENSA. Le travail se fait à l’inverse du cursus « normal ». Ayant déjà une solide expérience dans le monde du travail, on nous amène dans la direction opposée en apprenant à se libérer des obligations, des normes, du temps passé, du nombre de fois où il faut refaire, pour arriver à un objectif donné. Avec une formation réalisée en ce sens, je pense qu’il est beaucoup moins anxieux de parler de mise à l’épreuve dans la réalité du travail que représente la profession. En parallèle, les fameuses heures de formation obligatoires de l’architecte par année sont à mon avis indispensables pour conforter le professionnel architecte dans un métier qu’il réalise généralement tout au long de sa vie. L’appartenance à des groupes d’architectes, l’intérêt des salons et autres organisations liées au bâtiment sont autant d’expériences enrichissantes pour un apport de connaissances jamais trop fourni et sans limite. 14 François Rouanet, Vice-Président du Conseil national (2014) dans l’ouvrage « Les cahiers de la profession », n°51, 3ème et 4ème trimestre 2014, article « Une enquête sur le métier d’architecte et les attentes du public », page 10.

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… FINANCIERS Ces deux ou trois dernières décennies, le prix du foncier s’est envolé et se retrouve aujourd’hui à un point de non-retour, face à des taux d’emprunt défiants toute concurrence. Une fois ce fait accepté, le client donne sa confiance au professionnel qu’il a choisi pour concevoir sa maison. Dans un présent où les prix au m2 tendent toujours à augmenter, le commanditaire se retrouve quelque peu démuni avec une habitation à faire construire pour un montant identique à celui que lui à coûté son terrain. Encore faut-il avoir à l’idée qu’une construction a un coût de construction mais aussi un coût d’entretien et de maintenance. Un bâtiment coute tout au long de sa vie. Il est parfois compliqué d’avoir en tête un tel facteur, qui parait secondaire lors de la conception, mais qui va jouer indirectement sur la qualité de vie et d’usage. On ne peux pas parler ici d’un avantage pour l’architecte face au CMiste. C’est plutôt une prise de conscience que ce qui est mal mis en œuvre et de piètre qualité va certes être moins coûteux au départ mais ne va pas tenir dans le temps. Pour autant, toutes les maisons conçues par des constructeurs ne peuvent être réduites à cela, bien qu’il n’y ai aucune volonté de chercher à s’adapter aux époques et aux nouvelles façon de construire : du parpaing enduit, une couverture en ardoises artificielles, des doublages en polystyrène et un carrelage en grès émaillé feront l’affaire pour une durée de vie toute relative.

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Parlons du prix de construction d’une maison. Souvent le calcul est fait à l’envers. Si on retourne ce fameux calcul en ce sens, on soulève un écueil. Pour donner l’exemple d’une maison à 100 000€ compris honoraires : il y aura 75 000€ de construction pure facturée pour un CMiste (avec des honoraires de 25%) contre 85 000€ pour un architecte (avec des honoraire de 15%), si l’on prend les moyenne hautes d’honoraires. Ainsi, automatiquement, le prix ramené au m2 en est plus élevé avec l’architecte, mais la clientèle ne verra jamais cette différence car les contrats ne sont pas réalisés de la même façon, avec la même lisibilité. Le client doit comprendre qu’un architecte est également capable, au même titre qu’un constructeur, de lui proposer une maison qui répond à ses attentes dans son budget. Je n’irai pas jusqu’à me spécialiser comme l’a fait Mickaël Tanguy15 dans la maison abordable, avec le client qui a la mainmise sur le projet par le budget, car malheureusement cela fait perdre un peu d’âme aux avantages de la pluridisciplinarité qui nous est offerte. Même si ce procédé est tout à fait louable car honnête envers la personne qui vient le voir, je reste persuadé que travailler principalement dans l’habitat individuel reste déjà une belle spécialisation de la pratique que je souhaite réaliser, sans avoir à me spécialiser de façon encore plus précise dans une niche ou l’autre. Je me suis rendu compte par l’expérience que j’ai pu avoir en agence ou lors d’entretiens pour trouver du travail, que l’on peut rapidement être catalogué, et rangé dans une spécialisation pas toujours souhaitée. C’est pourquoi, je pense qu’il est primordial de débuter en travaillant sur des projets que l’on souhaite réaliser. Il est trop « risqué » de débuter en touchant à tout, même ce qui ne nous intéresse pas, pour en vivre.

15 Mickaël Tanguy est un architecte breton, qui exerce le métier de façon assez différente de ce que l’on rencontre généralement dans la profession, en permettant avant même de rencontrer le client de télécharger sur son site internet un document expliquant le fonctionnement de son agence et un autre, un fichier Excel, qui permet aux client de simuler, maîtriser et appréhender les coûts liés à chaque prise de décision.


… QUALITATIFS La qualité et la beauté sont délicats à définir. Ils sont à l’appréciation de chacun, par le ressenti, les émotions, les souvenirs… En toute franchise, il est compliqué de dire que telle architecture est de meilleure qualité que telle construction. Les modes viennent souvent peser dans la balance, on aime être dans l’air du temps. Mais cela ne fait pas tout. Une architecture dont les matériaux sont chers, les formes agréables à regarder, réalisée par un architecte mondialement connu n’en fait pas obligatoirement une architecture de qualité et belle. A titre d’exemple, la Sagrada Familia n’est, selon moi, pas particulièrement belle par ses formes parfois « extraterrestres ». Si elles me mettent mal à l’aise, je trouve pourtant que c’est une œuvre remarquable par la qualité du travail, la finesse des détails et l’immensité de la construction. La remarque suivante me parait toute trouvée pour définir cette idée, voulant que « La qualité de l’objet architectural se situe à un point d’équilibre entre ces trois parties : pérennité, usages, formes. Lorsque, dans un bâtiment, un de ces termes est laissé pour compte, on ne peut le considérer comme un chef d’œuvre architectural ; même s’il a fait la « une » de toutes les revues d’architecture. »17 L’architecture, tout comme le cinéma, la musique ou la peinture, ne pourra jamais satisfaire pleinement à l’unanimité. Ce qui compte c’est la recherche de sensation et d’émotion. Le photographe américain David LaChapelle transmet des images colorées, très marquées qui me parlent, mais beaucoup n’ont pas le même avis. Ce qui est juste en revanche, c’est que le message à passer le soit et qu’il le soit de la bonne manière vis-à-vis de la pratique en question. La qualité vient à mon avis de ce qui est perçu comme étant juste au milieu d’une multitude de données, regroupées pour donner une cohérence d’ensemble.

Figure 15 - Dessin de personnage, tel que les représente chaque architecte. Une représentation différente, retrouvée dans chaque architecture. Source : www.laboiteverte.fr 16 Thierry Van de Wyngaert, Conseiller national de l’Ordre des Architectes (2011) dans l’ouvrage « Les cahiers de la profession », n°40, 1er trimestre 2011, article « Les architectes demandent la mise en place urgente d’une politique cohérente de l’habiter... dès le premier m2 ! », page 6. 17 Ibid, page 89.

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« Leur niveau de savoir-faire (aux architectes) leur permet d’organiser au moindre coût l’ensemble des contraintes techniques, environnementales et réglementaires, tout en offrant des garanties de responsabilité et d’assurance. Le recours à un architecte n’est pas une contrainte supplémentaire, mais le moyen de protéger le consommateur et d’assurer sa sécurité. »16

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CONCLUSION Mon attirance pour l’habitat individuel et le Maître d’Ouvrage « Particulier », vont me faire tendre vers une spécialisation en ce sens. Par ces diverses remises en question et cette expérience, je souhaite arriver à un processus idéal pour me permettre une pratique saine de la profession. Je sais que cette recherche de qualité reste la seule façon de pérenniser la pratique, ma pratique, en mettant en avant la qualité plus que la quantité. La déontologie et la passion agissent à l’unisson pour arriver à cet objectif. Il ne s’agit pas de révolutionner un des métiers les plus anciens que le monde ait connu mais de l’adapter aux pratiques et mœurs actuelles. La pratique réelle amène à améliorer sa façon de travailler et c’est avec le temps et les différentes expériences que la profession s’apprend, se transmet et évolue de manière singulière au fil des années. Ce mémoire à eu pour intérêt de me rendre compte des réalités et des enjeux de la création d’une agence d’architecture. Le long processus pour en faire un outil au service des Maîtres d’ouvrage et du bien commun, n’est que le début d’une longue histoire.

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REMERCIEMENTS Mes meilleurs remerciements vont à ma conjointe Céline, qui m’a toujours soutenu durant ces dernières années et qui porte notre enfant alors que je termine ce mémoire, Je tiens à remercier Frédéric Péchereau, mon directeur d’étude qui a été très présent et a prit le temps de m’écouter, de me lire et d’échanger avec moi, Un grand merci à David Juet, Marie Severe-Pinson et Philippe Martial, pour les précieuses minutes qu’ils ont bien voulu m’accorder dans ma démarche, Un énorme merci à toute la promotion PFC de 2015 pour ces magnifiques années en votre compagnie, vous m’avez beaucoup apporté et seul je n’en serais pas là aujourd’hui, Mille mercis à toute ma famille et mes amis qui soutiennent ce projet de reprise de mes études depuis 5 ans déjà.

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GLOSSAIRE ARCHIGRAPHIE

Le Conseil national de l’Ordre publie tous les deux ans son observatoire démographique et économique de la profession d’architecte, avec un zoom différent à chaque édition sur la profession.

ARCHITECTES

Personnes qui sont reconnues comme architectes par la directive qualifications professionnelles de l’Union Européenne, et sont professionnellement ou académiquement qualifiées et enregistrées / licenciées / agréées en vue d’exercer l’architecture dans la juridiction dans laquelle elles résident et qui sont responsables de la défense d’un développement juste et durable, de la prospérité et de l’expression culturelle de l’habitat de la société en terme d’espace, de forme et de contexte historique.

ASSOCIATION « LES ARCHITECTES D’AUJOURD’HUI »

Association qui promeut la profession auprès du particulier avec comme objectif de les rassurer principalement par un budget fixé dès le départ pour leur apporter une sécurité financière.

CONSEIL DES ARCHITECTES D’EUROPE (CAE)

L’un des principaux objectifs que s’est fixé le CAE est de promouvoir le respect des standards les plus élevés en matière d’éducation et de formation des architectes en accord avec la directive sur la reconnaissance des qualifications professionnelles, dans le respect aussi de l’intérêt du consommateur, afin de garantir le niveau le plus élevé d’aptitude et de compétence parmi les architectes tout au long de leur vie professionnelle. Il veille à apporter des conseils aux architectes quant à la meilleure manière de fournir des services d’architecture de grande qualité à leurs clients, tout en veillant à s’assurer dans le même temps que la législation soit favorable à l’accomplissement de cet objectif. Le CAE veille également à affirmer le rôle de l’architecte au sein des équipes, afin que celui-ci puisse mettre à profit son savoir-faire d’expert dans le développement d’approches intégrées, en faveur d’une conception et d’une construction de qualité. Le CAE s’efforce de favoriser la libre circulation des architectes et des services d’architecture à travers l’Union européenne dans le contexte des directives et des politiques européennes existantes. Il favorise la mise en œuvre de principes de développement durable dans la conception architecturale et l’urbanisme. A cette fin, il encourage l’adoption d’approches holistiques par rapport aux questions complexes et aux interactions qui caractérisent le cadre de vie bâti. Ainsi, l’objectif est de s’assurer que générations futures pourront disposer d’un patrimoine bâti équilibré et respectueux des ressources. Il s’agit pour le CAE d’encourager, de développer et de promouvoir la qualité de l’architecture, en tant que facteur de prospérité et de bien-être pour tous, et aussi comme support de la cohésion sociale.

CMISTE

Le Constructeur de Maison Individuelle est une personne physique ou morale bâtissant des logements individuels à délais et prix convenus dans un CCMI (Contrat de Constructeur de Maisons Individuelles), signé par les deux parties co-contractantes : le Constructeur et le Maître d’Ouvrage.

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MÉDIAGRAPHIE ETUDES

- Archigraphie, Etude réalisée par le Conseil National de l’Ordre des Architectes sous la direction de François Rouanet, 2015. - Archigraphie 2, Etude réalisée par le CREDOC sous la direction de François Rouanet, 2016. - Archigraphie 3, Etude réalisée par le Conseil National de l’Ordre des Architectes sous la direction de François Rouanet, 2017. - Archigraphie 2018, Etude réalisée par le CREDOC sous la direction d’Elizabeth Gossart, 2018. - Etude de Secteur du Conseil des Architectes d’Europe (CAE), https://www.ace-cae.eu/fr/ activites/publications/etude-de-secteur-2018/, 2018. - Fascicule de l’Ordre des Architectes, Construire avec l’architecte, Conseil National de l’Ordre des Architectes, 2019.

SITE INTERNET

- Article du site de la Maison Régionale de l’Architecture des Pays de la Loire, https://www. ma-paysdelaloire.com/single-post/2020/02/20/Imaginons-lhabitat-périurbain-de-demain, 20 Février 2020. REVUES - Archicree, Maison individuelle 2 : Du logement social à la maison individuelle, Constructeurs… Architectes, pages 74 à 79, 1er trimestre 1998. - Les cahiers de la profession, n°22, Conseil national de l’Ordre des architectes, 1er trimestre 2005. - Les cahiers de la profession, n°40, Conseil national de l’Ordre des architectes, 1er trimestre 2011. - Les cahiers de la profession », n°51, Conseil national de l’Ordre des architectes, 3ème et 4ème trimestre 2014.

MÉMOIRES

- Badique Elliot, Mémoire HMONP sous la Direction de Romain Rousseau, L’art et la manière - Ou la mise en avant du savoir-faire et des compétences comme stratégie de communication pour l’accès à la commande, 2017. - Cocks Leah, Mémoire de Master sous la Direction de Betina Horsch, L’architecte et la maison individuelle : une profession indicible, illisible et invisible, 2020. - Dréno Thomas, Mémoire HMONP sous la Direction de Françoise Coulon, Le choix du particulier, Architecte, constructeur ou maître d’oeuvre?, Réponse : un architecte (bien sûr), 2016. - Frétier Margaux, Mémoire HMONP sous la Direction de Diego Rodriguez, Rencontrer l’ordinaire - Itinéraire mouvementé de l’architecte sur le marché de la maison individuelle, 2015. - Lebeau Justine, Mémoire HMONP sous la Direction de Céline Drozd, Communication architecte / particulier - A chacun son langage : quelles méthodes et quels outils de travail pour mieux se comprendre, 2016.

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- Rein Jennifer, Mémoire HMONP sous la Direction de Josiane Trible, Communication d’une entreprise d’architecture - Méthodes et outils adaptés aux architectes, 2015. - Thomazo Marion, Mémoire HMONP sous la Direction de Maële Tessier, Les stratégies de communication en agence d’architecture, 2016.

LIVRES

- Moriceau Benoît, Bien choisir son architecte, Fleurus Editions, Paris, 2010. - Possompès Michel, Mes clients et moi : un architecte raconte, Editions Eyrolles, Paris, 2018. - Ricciotti Rudy, L’architecture est un sport de combat, Editions Textuel, 2013.

AUTRES OUVRAGES

- Cahiers 3 RAMAU, Activités d’architectes en Europe nouvelles pratiques, Editions Paris Lavillette, avec le concours du Plan Urbanisme Construction Architecture et du Bureau de la Recherche Architecturale, Urbaine et Paysagère, DAPA, Ministère de la Culture et de la Communication, 2004. - Cahiers 5 RAMAU, La qualité architecturale : Acteurs et enjeux, Editions Paris Lavillette, avec le concours du Plan Urbanisme Construction Architecture et du Bureau de la Recherche Architecturale, Urbaine et Paysagère, DAPA, Ministère de la Culture et de la Communication, 2009.

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RAPPORT DE SÉMINAIRE

- Ricros François, La Girolle : Salier Courtois Lajus Atelier d’architecture, sous la tutelle de Françoise Fromonot, Marie-Jeanne Dumont et Mark Deming, Séminaire Faire de l’histoire, ENSA ParisBelleville, 2013.

TEXTES DE LOIS

- Code de déontologie des architectes, (Journal officiel du 25 mars 1980 et rectificatif J.O. – N.C. du 21 juin 1980), www.ordredesarchitectes.fr - Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture (Version consolidée au 14 mars 2020), www. legifrance.gouv.fr

ENTRETIENS

- David Juet, Dirigeant de l’agence Koï Architecture à Nantes, entretien téléphonique le 2 Juin 2020 à 18h22, 47 minutes. - Marie Severe-Pinson, Chargée de missions à la Maison Régionale de l’architecture des Pays de la Loire à Nantes, entretien téléphonique le 25 Août 2020 à 16h55, 10 minutes. - Philippe Martial, Président de l’Ordre des Architectes des Pays de la Loire, entretien en dans leurs locaux à Nantes, le 9 Septembre 2020 à 16h36, 22 minutes.



ANNEXES


ANNEXE 1 - SONDAGE EN LIGNE SUR GOOGLE FORMS : 173 SONDÉS QUE PENSEZ-VOUS DE L’ARCHITECTE ? Bonjour, je suis étudiant à l’École d’Architecture de Nantes. Je termine mes études à la fin de l’année 2020 et je souhaite me mettre à mon compte par la suite. Dans le cadre de ma recherche actuelle, qui correspond à mon mémoire de fin d’études, je suis intéressé par le conseil, le dialogue et les échanges de l’architecte au sein de la société et avec son client. Dans mon cas, c’est essentiellement le cadre de la maison individuelle qui m’intéresse. Je vous remercie énormément de bien vouloir répondre à ce questionnaire qui vous prendra 5 à 10 minutes de votre temps. Il me sera pourtant d’une grande aide pour voir avec plus de sérénité ma création d’entreprise, dans le but de rendre cette profession plus visible et moins méconnue du particulier. N’hésitez pas à faire suivre ce lien à votre famille, vos amis, vos collègues… ou même des connaissances, qu’ils aient fait appel ou non à un architecte, pour que mon étude soit la plus représentative possible. Merci à vous. Commençons !

1- Avez-vous fait appel à un architecte ou connaissez vous des personnes qui ont fait appel à un architecte pour faire construire leur maison ?

2- En étiez-vous ou en étaient-il contents ?

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3- Pour quelles raisons ? - Oui, adapté au terrain, originalité, nouveauté, orientation. - Oui, pour la qualité de vie et des espaces. - Oui, l’architecte a bien réalisé les travaux. - Non, c’était une connasse qui ne surveillait pas le chantier et montait les ouvriers contre nous. - Non, beaucoup d’erreurs dans la réalisation de l’ouvrage (2 membres de ma famille ont chacun fait appel à deux architectes) : il y a eu dans les deux cas de gros soucis et le bâtiment livré ne correspondait pas tout à fait à ce que le client voulait. - Oui, ils ont été globalement contents, mais déçus du manque d’intérêt de l’architecte pour la gestion des finitions, ou pour sa désinvolture sur certains détails qui se ressentent pourtant au quotidien dans la maison. - Non, pour le prix de la prestation. - Oui, pour la délégation des tâches hors de la portée des propriétaires, notamment la gestion des ouvriers et les propositions d’aménagement nouveaux. L’architecte apporte clairement une nouvelle vision de l’espace et organise l’accomplissement des travaux. - Non, il imposait trop ses idées et sa conception personnelle du projet contre des idées et une conception propre du client qui reste le principal décideur. - Oui, pour la qualité des espaces. La maison répond à toutes leurs attentes et demandes (processus du projet à leur image…). - Non, très souvent des erreurs de chiffrage ! - Non, il était peu technique, peu artistique. - Oui, pour ses connaissances techniques, ses idées originales et les artisans utilisés. - Oui, pour sa réponse aux besoins. - Oui, pour les réponses techniques apportées à leurs questions. - Oui, ils n’auraient pas su organiser la rénovation complète de leur maison sans l’aide d’un professionnel. - Oui, ils semblaient apprécier au début l’implication de l’architecte. Mais dans un second temps, l’architecte était moins présent donc ils étaient plus déçus. De manière globale, ils l’avaient tout de même trouvé compétent. - Oui, pour son écoute et ses idées originales. - Oui, pour le plan de leur maison atypique et d’une grande superficie. - Non, il n’a pas respecté leurs demandes. - Non, pour des problèmes de communication et de prises de décisions. - Non, mais la surface habitable était de plus de 150 m2. - Oui, pour l’organisation des éléments dans l’espace. - Oui, le résultat correspond à leurs attentes. - Oui, le terrain était petit mais les volumes de la maison et du jardin sont corrects et agréables, seul un architecte peut nous créer cela. - Oui, pour ses bons conseils. - Oui, il était à l’écoute. - Oui, il était à l’écoute de ses clients. - Oui, le projet correspondant à mes attentes. - Oui, il y a eu un vrai dialogue, avec une personne très ouverte. - Non, à la base, ma maison a été conçue avec un constructeur et sous prétexte qu’elle faisait plus de 170m2, il a fallu payer une signature d’un architecte qui m’a coûté très cher.


- Oui, pour la conception et le respect du budget. - Oui, la maison est unique. - Oui, possesseurs d’idées. - Non, mauvaises surprises de finitions à la fin des travaux de rénovation d’une maison (maison de mon frère). - Non, l’archi est venu deux heures, a bu 3 pastis et lâché les plans définitifs, qui pour mon frère étaient de toute confiance puisque c’est un archi qui les a conçus. - Oui, pour les échanges avec l’architecte. - Oui, pour le très joli projet, fidèle à nos attentes. - Oui, ce sont les personnes a qui j’ai acheté ma maison. - Oui, l’attention et le résultat répondaient à leurs souhaits. - Oui, l’aide à la préparation du dossier, la réalisation des plans et le suivi du chantier étaient satisfaisants. - Oui, cela correspondait à leur demande. - Oui, ce qui a été convenu a été réalisé sans entourloupes. - Oui, ces conseils nous ont servis. - Oui, le résultat était dans ses attentes et ses délais. - Non, car il n’y avait pas de suivi du chantier. - Oui, pour le conseil et le soutien. - Oui, pour le suivi du projet et les idées apportées. - Oui, pour la personnalisation du projet. - Oui, pour le conseil et la gestion des entreprises. - Oui, bon constructeur, bon matériaux, le seul hic dans notre dossier, le mauvais suivi de notre conducteur de travaux. - Oui, le propriétaire avait fait un plan de la disposition. L’architecte, les amis, la famille, avaient apportés des idées et conseils.

4- Feriez-vous appel à un architecte pour construire votre maison ? 4- Feriez-vous appel à un architecte pour construire votre maison ?

Oui, pour ses connaissances, ses conseils

22,6%

Oui, pour sa créativité

20,4%

Oui, pour avoir une maison unique, à mon image

17,2%

Oui pour la qualité de vie de la maison

14,0%

Oui, pour son écoute

8,0%

Non, ses honoraires sont trop élevés

7,1%

Non, ses maisons sont trop chères Non, il est trop artistique

6,3% 1,9%

Non, mon mari est maçon

0,5%

Non, je le ferai tout seul

0,5%

Non, j'habite en centre-ville donc c'est compliqué 0,5% Non, car mon budget ne va pas l'interesser

0,5%

Non, car je préfère l'ancien

0,5%

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5- Un architecte est-il selon vous plus ou moins compétent qu’un constructeur pour réaliser une maison / votre maison ?

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6- Pour quelles raisons ? - Plus compétent. Créativité, disponibilité et sensible aux attentes. - Plus compétent. Le constructeur est basé sur des plans types « copier, coller ». L’Architecte n’est pas sensé reproduire deux fois le même projet grâce à sa créativité qu’il a normalement développée pendant ses études et sa propre expérience. - Plus compétent. Chaque projet d’architecte est différent. - Moins compétent. Sur la partie technique. - Difficile de parler de différence de niveau de compétence; pour moi il s’agit de 2 métiers différents. - Plus généraliste. - J’ai dans l’idée que le constructeur est là pour une rentabilité rapide. Pour moi les architectes mettent un peu plus d’»âme» dans leur travail... - Les techniques de construction reste les mêmes que ce soit via un architecte ou un constructeur. - Certains constructeurs sont des spécialistes de la maison individuelle, ils ne font que ça et ils travaillent avec des archi ou des dessinateurs pour avoir des projets uniques. - Personnellement je pense qu’ils ont le même but mais pas la même façon de travailler. - Les deux sont habilités à construire. L’architecte est plus innovant à mon avis. - Plus compétent. Par son professionnalisme. - Pour moi, ils n’ont pas les mêmes compétences, j’ai mis « moins » car il n’y a pas autre chose mais en fait, pour moi, un architecte est plus dans la créativité et un constructeur dans l’action, ils se complètent. - Plus compétent. Maison plus personnalisée qui ne ressemble pas à celle du voisin. - Moins compétent. Les constructeurs ont eux même leurs architectes. - Plus compétent. Créatif et sérieux. - L’architecte va être de meilleurs conseils, va prendre en compte ce que veut l’acquéreur et prendra plus de temps pour finaliser la maison. Le constructeur mettra moins de temps a bâtir la maison donc plus de soucis lors de la remise des clés. - Plus compétent. Je pense qu’il est plus spécialisé. - Les deux ont les compétences pour construire une maison et un réseau pro, la seule chose qui les différencie, c’est le fait qu’un est limité en grandeur de structure, pas l’autre. L’Archi a moins les mains liées. - Plus compétent. Il engage sa propre responsabilité, son nom... elle / il a fait de longues études, connaît de nombreux domaines.


- Plus compétent. Il crée une maison à la demande du client mais peut aussi apporter des idées, des volumes souvent plus grands que le constructeur, une forme de maison originale, adapter la maison au terrain et à l’exposition du soleil. - Plus compétent. Législation, connaissance des matériaux, diagnostic, étude du bâti et connaissance des pathologies dans le cadre d’une rénovation ancienne. - Je ne connais pas suffisamment les compétences de l’un et de l’autre. Je pense que je me renseignerais avant si je devais faire appel à ce type de profession. - Plus compétent. Plus de propositions architecturales. - Plus compétent. Plus créatif, moins de malfaçons. - Le constructeur par son expérience concrète, l’architecte par ses idées innovantes. - Plus compétent. Moins standardisé. - Plus compétent. L’architecte prend en compte l’environnement et s’adapte. - Plus compétent. Plus créatif et il encadre bien les travaux lorsqu’il en a la mission. - Plus compétent. Pour ses idées créatives. - Maintenant, les constructeurs autorisent les modifications de leurs plans types de maisons. - Plus compétent. Un suivi et des conseils plus personnalisés. - Plus compétent. Plus à l’écoute, les créations et solutions sont multiples alors qu’avec un constructeur, on ne fait pas ce qu’on veut. - Plus compétent. Ses études lui permette normalement d’avoir une meilleure créativité. - Plus compétent. Plus créatif, moins de malfaçons. - Les ouvriers du bâtiments sont chaque jour sur le terrain avec une expertise et un ressenti qui est la leur. Ils vivent vraiment le chantier. - Plus compétent. Je pense que l’architecte allie la créativité à la technique. - Moins compétent. Plus dans l’organisation de la maison. - Moins compétent. Il peut réaliser le plan. Mais n’a pas le réseau d’artisans / entreprises. - Plus compétent. Il a appris des choses qu’un pavillonneur ne connaîtra jamais. - Plus compétent. Notion artistique en plus. - Plus compétent. Certainement plus impliqué dans la réalisation. - Mêmes compétences mais pas le même point de vue. - Plus au courant des innovations. - Plus compétent. Plus à l’écoute des demandes et souhaits des clients, plus ouvert à la discussion. - Moins compétent. L’architecte est compétent pour la réalisation du projet (plans, dépôt PC...) par contre pour le suivi de chantier... - Les deux sont complémentaires. - Plus compétent. Produit non formaté. Prise en compte du contexte. - Plus compétent. Connaissance des matériaux et de la gestion de l’espace. - Je pense que les architectes sont beaucoup plus imaginaires et créatifs. - Plus compétent. Car il y a un suivi plus rigoureux. - Plus compétent. L’architecte réalise différents projets contrairement au constructeur qui réalise toujours les mêmes projets. - Plus compétent. Défense de l’intérêt général et de celui du client, inscrit à son code déontologique. - Plus compétent. Pour sa vision d’ensemble. - Moins compétent. Certains archi sont tellement satellisés et artistiques qu’ils font n’importe quoi, des trucs chiadés et complexes alors que non, personne ne veut ça.

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- Plus compétent. Le rapport à l’espace, la lumière, le concept d’habiter... - Plus compétent. Meilleure conception, habitude du suivi de chantier, à l’écoute des clients. Le constructeur semble motivé par la construction de pavillons moches pour encaisser un maximum d’argent. - Un bon constructeur est un technicien hors pair, alors que l’architecte est un artiste et un designer qui saura réaliser les volumes adéquats et nécessaires. - Les deux ont l’expérience du terrain qui détermine la compétence. - Plus compétent. Les notions de vie dans un espace, l’adaptabilité en plus. - Plus compétent. Conscience de l’importance de la qualité de la construction. - Plus compétent. Ses connaissances dans le bâtiment et son analyse de l’environnement sont plus larges. - Plus compétent en terme de conception mais les mêmes compétences en terme de construction, si l’architecte est souvent sur le terrain bien sur. - Plus compétent. Un constructeur répond à une demande rapide et commerciale. Acheter ou construire une maison est devenu une promenade au supermarché. Cela est vrai seulement pour le marché du particulier dit ‘‘Commun’’. - Architecte compétent = architecte de 50 ans, un artiste technicien et réaliste. - Plus compétent. Parce que les constructeurs sont des escrocs. - Moins compétent. L’architecte est moins connecté au bâti que le constructeur. - Autrement compétent c’est la bonne réponse. Le constructeur a un savoir précis, poussé sur la mise en œuvre. L’architecte organise, coordonne la mise en œuvre en réalisant un projet suivant un programme, des besoins, en respectant des coûts et en proposant des choix esthétiques et techniques. 60

7- Savez-vous qui a les honoraires les plus élevés ?

8- Comment connaissez-vous les architectes dont vous avez déjà entendu parler ? 8- Comment connaissez-vous les architectes dont vous avez déjà entendu parler ?

Famille ou connaissances

39,1%

Réseaux professionnels

22,1%

Internet

14,5%

Médias TV / papier

11,1%

Réseaux sociaux Salon de l'habitat

8,6% 1,3%

Lors d'une formation

1,3%

Était dans le bâtiment auparavant

0,7%

Lors d'un achat d'appartement / maison

0,7%

Je n'en connait pas

0,6%


9- Selon-vous, en France, quel est la part de maisons individuelles neuves qui sont réalisées par des architectes ?

10- Pensez-vous que le fait de faire appel à un architecte pour concevoir votre maison vous apportera une meilleure qualité de vie au quotidien ?

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11- Pensez-vous que le fait de faire appel à un architecte pour concevoir votre maison y apportera une plus-value lors de sa revente ?


12- Lorsqu’une personne vous dit qu’elle a fait appel à un architecte pour construire sa maison, vous pensez qu’il a : 12- Lorsqu’une personne vous dit qu’elle a fait appel à un architecte pour construire sa maison, vous pensez qu’il a : Une maison conçue par un architecte, un cocon familial personnalisé à sa façon de vivre Une maison d’architecte, un objet d’art invivable

80,3% 4,5% 3,1%

Les moyens, dis-donc! 2

Une maison de plus de 150 m , l'obligation de passer par un architecte

2,3%

Une maison

1,7%

Une maison atypique, particulière voir éventuellement avec ses secrets

1,7%

Une maison personnalisée avec des traits de caractère ou de l’originalité

1,7%

Une maison construite sur mesure et de qualité

1,7%

Pas une maison catalogue

0,5%

Une maison fonctionnelle

0,5%

Une maison dont l’espace est optimisé dont l’organisation est plus agréable, plus jolie

0,5%

Il a fait ce qu’il lui semblait le mieux

0,5%

Une maison moderne, design

0,5%

Une maison plus chère et plus grande que ce que 0,5% je peux m'offrir

13- Lorsque vous entendez parler d’un architecte, vous pensez plutôt :

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14- Dans quel cas seriez-vous le plus tenté de faire appel à un architecte ? 14- Dans quel cas seriez-vous le plus tenté de faire appel à un architecte ?

Pour réhabiliter ou rénover une maison

36,4%

Pour construire une maison neuve

35,3%

Pour faire une extension ou une surélévation

21,9%

Aucun Pour construire un bâtiment professionnel Pour avoir des idées différentes

3,9% 0,8% 0,8%

Pour de la promotion ou un équipement public

0,3%

Pour une maison de plus de 150 m 2

0,3%

Dans tous les cas

0,3%


15- Quel(s) type(s) de représentation vous permet le mieux de comprendre un projet de maison ? 15- Quel(s) type(s) de représentation vous permet le mieux de comprendre un projet de maison ? Des images réalistes

24,0%

Un plan et des façades à l’informatique

22,6%

De la réalité virtuelle ou augmentée

19,8%

Une maquette physique

12,8%

Des croquis explicatifs à la main

10,8%

Une explication orale

10,0%

16- Seriez-vous plus rassurés de travailler avec un architecte s’il fait partie d’un groupe ou d’une association d’architectes pour promouvoir les qualités du métier et en expliquer les fondements ?

17- Comment définiriez-vous le mieux l’architecte ? 17- Comment définiriez-vous le mieux l’architecte ?

Un artiste

20,6%

Un dessinateur

19,8%

Un ingénieur

15,7%

Un bâtisseur

15,7%

Un urbaniste

10,2%

Un décorateur

9,1%

Un économiste Un vendeur

5,4% 3,5%

18- Quels sont les efforts que l’architecte doit faire pour que vous ayez envie de travailler avec lui plutôt qu’avec quelqu’un d’autre pour la réalisation de votre maison ? Ou quelles sont les qualités que vous souhaitez retrouver ? - Écoute des besoins du client, apport de conseils, originalité du projet, respect de l’environnement. - Il doit être créatif et à l’écoute des attentes des clients. - Écoute. Apporter solutions. Imagination. Anticipation. - Respecter les goûts des clients et non les siens ! - Originalité du projet / l’écoute / le suivi des travaux. - Écoute des besoins, conseils pour une adaptation à ces besoins et présentations des nouvelles façons de construire pour un habitat écologique. - Qu’il sache comprendre ce dont je rêve et le traduire dans la réalité. - Les bonnes idées. - A l’écoute ! - Qualité d’écoute et soutien administratif.

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- Qu’il donne envie de vouloir faire notre projet, qu’il soit là pour nous conseiller sans prétention. Savoir s’adapter au client et au budget que nous lui proposons. Les qualités sont : humble, ouvert aux compromis, rassurant, souriant. - Projet cohérent au budget du début à la fin, une première approche gratuite avant l’engagement même simpliste. - Tenir parole sur la réalisation unique du projet, donner son avis sur le projet (investissement +++++). - Essayer de trouver les solutions les plus en adéquation avec notre mode de vie. Qualités : l’écoute, le conseil. - La confiance. - A l’écoute de ce qu’on veut. - Personne accessible, à l’écoute, force de proposition. - Art et technique. - Force de proposition. Originalité. - Accompagnement très personnel, être à l’écoute des clients, proposer des choses innovantes, respect des budgets. - Honoraires moins élevés. - Rapport qualité / prix. Être à l’écoute. - Être à l’écoute du demandeur, prendre du temps pour analyser ce que l’acheteur souhaite. - Écoute, adaptation, créativité, surprenant. - Honnêteté. Si c’est demain, ce n’est pas dans un mois. - Baisse de tarif. Adaptation et écoute des besoins. De l’Innovation. - Nous rassurer. - Maison écolo. - De bonnes idées et de bons conseils. - Le prix. - Ce qui est important c’est la sécurité, trop de client se retrouvent avec des maisons non terminées. Exemple 2 sur 25 là ou nous sommes et comme je le disais un bon archi ne se la raconte pas, il faut rester humble et technique face au progrès, c’est ce qui permet d’être crédible. - La singularité de ses idées, un aménagement optimisé, des conseils avisés. - Écouter les demandes du client. - Être bien renseigné sur les prix des artisans pour réaliser les projets. - Surprendre dans les attentes du client, avoir un réseau d’artisans. - Être le plus accessible possible. - L’écoute pour répondre au mieux à mon projet. Un bon suivi du projet. - Des idées qui changent de l’ordinaire à moindre coût. - Ses conseils, son écoute. - Qu’il soit correct au niveau tarif. - Des coûts presque identiques à celui d’un constructeur de maison individuelle. - Un apport original, innovant et pratique. - S’adapter au besoin précis du client, chaque maison doit être différente. - Mettre en avant ses réalisations. - Tarif raisonnable. - L’écoute pour faire évoluer le projet jusqu’à mes attentes et les propositions originales que l’architecte pourra me faire.


- Qu’il soit créatif, à l’écoute et force de propositions. - L’honnêteté, l’originalité, le sérieux. - Qu’il soit humain et à l’écoute de ses clients. - Un tarif avantageux et un suivi des travaux parfait. - Humble, proche de ses clients, patient, ouvert d’esprit. - De l’écoute et de la pédagogie. - Présenter plusieurs projets différents avec le même budget. - Outre le créatif et le design pouvant être très sympa j’en conviens, à la base une construction bien conçue qui soit fiable sur un terrain donné. La créativité arrive après. - L’écoute, la créativité et les propositions d’amélioration. - Il devra adapter et comprendre ma vision de la vie et la transposer dans sa construction. - L’écoute de ma façon de vivre. - Esprit ouvert, créativité, réalisme économique. - De l’écoute pour bien comprendre le projet. - Confiance et expliquer clairement les étapes, les choses qui sont à risque ou pas, les risques de délais ... Pour éviter d’être surpris le cas échéant. - L’écoute et la pédagogie. - Écoute, personnalisation de la demande, écologie. -L’architecte doit se rendre plus accessible auprès du grand public. Il parait souvent inaccessible. - Qu’il s’entoure d’artisans sérieux pour une construction ou une rénovation sans problèmes. - Capacité d’optimisation de l’espace. Apport d’idées esthétiques (mélange des matériaux, éclairage...). Éventuellement inclusion de la domotique. - Écoute, honnêteté, professionnalisme. - Se faire connaître avec ses propres réalisations en publicité. - Écoute, proposition, entouré d’un réseau d’artisans locaux et fiables (petite échelle, pas de gros groupe bulldozer) où l’on peut voir les précédentes réalisations et échanger avec les précédents clients de leur ressenti (projet, travaux, résultat). - Optimisation des espaces, conseils, optimisation des budgets... - Être à l’écoute du client, le conseiller, lui montrer des précédentes réalisations et tenir au courant le client de l’avancement du projet, bref un véritable accompagnement. - Être à l’écoute des professionnels du bâtiment. - De l’écoute quant à mon projet. - Clarification de la tarification. - Écoute. - Proposer des solutions originales. - Créativité. - Qu’il se démarque des autres archi, qu’il apporte le petit plus ! Plus une bonne écoute des besoins, des conseils judicieux. Qu’il soit au fait des nouveautés (matériaux, …). - Avec les constructeurs il est facile de se projeter de suite puisqu’ils ont un catalogue de maisons déjà réalisées. Il faudrait que les architectes aient autant de visibilité que les constructeurs afin de permettre aux gens de se projeter. - Maîtrise du temps et des coûts, confiance, écoute fine, explication et conseils. - Ses références et qualité des entreprises avec qui il travail. - Refuser un contrat si le client lui paraît chiant. Pas accepter tous les contrats puis se venger contre le maître d’ouvrage en faisant de la merde.

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- Avoir une formation plus terre à terre et proche de la réalité. - La passion. - Une écoute absolue, pour tout type de question ou de requête, même si ça doit être l’emplacement d’une prise électrique. Il aura beau concevoir le logement, ce n’est pas lui qui va y vivre. - Bonnes compétences techniques. - Faire comprendre ce qu’est l’architecture au plus grand nombre. - L’écoute des intentions du client. - L’écoute par rapport à la demande du client. - La facilité d’exécution / le coût. - Ce serait un acte purement commercial : savoir se vendre en tant qu’individu, traduire mes idées de façon unique, me présenter des croquis et planches de projet tape à l’œil... A côte de ça, j’espère retrouver une personne réellement à l’écoute, force d’initiative et compétente (qui sait ce qui est le mieux pour moi). - Patience et réactivité. - La précision. -Il doit être à l’écoute et s’adapter à la demande précise du client. Il doit savoir répondre à toutes leurs questions, même les plus complexes. Et surtout, il doit arriver à trouver des solutions à tout afin de répondre au besoin de la clientèle. - Respecter le budget, pouvoir avoir confiance : maîtriser savoir et savoir faire et coordonner les artisans, vérifier la bonne mise en œuvre. - Qu’il soit à l’écoute, qu’il comprenne mes besoins et puisse les retranscrire fidèlement, qu’il soit classique, qu’il ne prévoit pas de tout plat. - Professionnel réaliste.

19- Vous pouvez ici apporter d’autres remarques, votre retour d’expérience de travail avec un architecte ou toutes autres précisions. - L’Architecte est désigné en grande partie aujourd’hui grâce à son réseau ! Je pense qu’il faudra beaucoup communiquer et ne pas être « radin » sur le marketing ! Partage d’infos sur Linkedin, Instagram, panneau de PC avec gros logo, interventions à ton école pour les futurs Archi... #RÉSEAU ! - Ne pas faire d’appel d’offres mais toujours avoir les mêmes artisans de confiance. - Avec un architecte, il y a plus de transparence sur la facturation, le client paye directement l’artisan. - Pour un budget équivalent, les prestations seront plus importantes qu’avec un constructeur dont la marge est plus élevée. - Faire beaucoup plus attention à la partie structure de la maison. - Pour moi, les architectes peuvent prendre un créneau dans la maison individuelle. Il faut pour cela que le client n’ai pas à sortir directement de l’argent pour voir quelque chose, cela rebute plusieurs personnes. Beaucoup de clients font des projets avec très peu d’apport et sortir 2 ou 3k€ dès le début peut être un frein. Surtout que beaucoup de constructeurs ou bien maître d’œuvre ne font pas payer l’esquisse, donc les clients comparent. - Attention à faire des projets en accord avec le budget, bon chiffrage. - J’ai travaillé avec plusieurs Architectes, j’en ai aussi formé surtout sur les logiciels de dessin et sur de la relation client et aussi sur du technique. J’en ai assez dis l’important, garde les pieds sur terre reste humble bosse et ce sera la clef de ta réussite.


- Nous sommes dans un lotissement et nous ne regrettons pas du tout d’avoir fait appel à un architecte. - Un travail d’équipe avec une architecte qui a donné naissance à une maison parfaite et le travail avec un collaborateur d’architecte qui a donné naissance à un permis de construire pour une maison géniale, un plan abouti, qui n’a pas pu être construite pour des raisons personnelles. - L’architecte doit penser aussi au côté pratique et fonctionnel des habitations. - Un archi est arrivé habiter près de mon domicile et s’est autorisé une maison de plus de 6m en surplomb d’un terrain déjà accidenté. Le vis-à-vis est total. Bilan : perte de valeur de mon domicile, perte de lumière et surtout, inconcevable que le maire ait accepté ce type de construction… Idée de l’archi dans son propre projet : de s’entendre harmonieusement avec son voisinage et pourquoi se cacher des autres, un peu comme le monde des bisounours ... D’ailleurs, une des très grandes fenêtres de leur salle de bain, opaque pourtant et en hauteur, sans volet ni rideau fait en sorte que l’on voit si il s’agit de monsieur ou de madame qui sort de sa douche ! Ceci sans aucun voyeurisme j’insiste bien ! La lumière attire l’œil et surtout la nuit et puis voilà que depuis ma terrasse en contrebas, tranquille, me voilà plombé et scié de devoir apercevoir une telle intimité qui est la leur ! Pas futé pour un archi j’en suis navré. Il faudrait au moins 5m de parpaings ou des cyprès pour être tranquille mais ce n’est pas lui qui viendra compenser les pertes sur la vente de ma maison. De futurs potentiels propriétaires vont même réfléchir à deux fois pour acheter. - Comment trouver un architecte ? Comment le choisir ? - Bien penser à prendre en compte les contraintes techniques des autres corps de métiers (passages techniques, espaces de maintenances...) Une remarque surtout valable pour le tertiaire. - Quand on voit la façon dont sont construits les nouveaux immeubles, bureaux, logements (trop vite, malfaçons, mauvaise conception, aucunes considérations pour le confort d’été, mauvaises implantations, trop éloignés des axes de liaisons ou du travail, ou trop proches d’une voie ferrée, de gros boulevards, de pistes d’aéroport, de lignes haute tension...) on n’a plus envie de construire ni d’acheter neuf. Construire ne fait plus rêver, de peur que le rêve ne tourne au cauchemar. Les architectes ou promoteurs doivent impérativement arrêter de se faire plaisir avec de belles façades, de jolies surfaces vitrées qui ne s’ouvrent pas, qui sont invivables en été avec les fortes chaleurs. Pour réussir, c’est la clé : renforcer les isolations, prévoir les occultations solaires (même si ce n’est pas beau), du rafraîchissement nocturne plutôt que de la clim... - Mes réponses proviennent d’une expérience malheureuse avec un architecte… - Je pense que beaucoup n’osent pas franchir le pas, de demander à un architecte pensant que cela occasionnera un surcoût important. - Le constructeur est meilleur dans la communication c’est tout. - Peu de personnes font appel aux architectes car je pense que la population à peu de connaissances sur les missions et qu’elle pense qu’ils sont plus cher. L’architecte envoie l’image de la personne qui construit un projet unique donc plus cher. Je pense que c’est l’idée que se fait la population par manque de connaissances. - Je pense que les gens regardent les prix. - Faire construire c’est un gros investissement, alors il faut apporter aux clients de la sécurité sur tout et aussi ne pas faire des tarifs surdimensionnés comme certains le font. Trop de créativité tue le porte-feuille, alors il faut apporter des solutions simples et économiques. Bonne chance pour la suite, c’est un beau métier mais pas facile. - Faire de la publicité en mettant bien le plus de l’architecte. Que les volumes sont différents, le terrain est plus optimisé et le grand atout : l’originalité. Bon courage à vous.

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- Pour la prochaine maison on pensera à toi. - Peut être un coût financer supplémentaire. - Dans l’esprit des personnes les architectes ne veulent pas travailler pour le particulier mais pour des logements collectifs ou répondre à des concours. - C’est aussi un prix que tout le monde ne peut pas se permettre. Que ton rêve devienne réalité Julien. - Beaucoup de gens pensent que l’architecte n’est pas accessible au porte-monnaies de tout le monde par le manque de communication explicative des missions et du savoir faire de l’architecte. Ça reste flou. Même pour moi qui ai fait une formation dans le dessin du bâtiment. Je dis toujours aux gens d’aller voir un archi plutôt qu’un constructeur ou un maître d’œuvre, c’est plus sûr et plus sérieux. Bon courage Julien, mon fils aussi veut être architecte. Je croise les doigts. - L’architecture est l’art premier et pourtant tous le monde connaît le 7ème. L’architecte promeut trop peu sont métier et personne d’autre ne peut le faire à sa place. - Tout simplement la démesure de certains projets plus dans un esprit de conquête, de reconnaissance, que dans le vrai projet de base. - Les gens ont peur du prix. - Je pense que la plupart des gens pensent qu’une maison d’architecte revient beaucoup plus cher et que la démarche est plus complexe. - Le meilleur reste à venir avec tous ces projets qui innovent la relation architecte / particulier. - On a peut être tort mais on à l’impression que ça va être plus cher. - Passé le cap du budget qui peut freiner, il faut faire confiance et se projeter, ce n’est pas le plus simple. - Peut être que les gens pensent que de passer par un archi est plus cher. Maison d’archi bien particulières. Faire comprendre et faire connaitre la profession d’archi. - C’est probablement lié au prix des terrains qui explosent et laissent finalement peu de choix quant à l’élaboration de la maison. Et toute économie étant bonne, c’est forcément le «poste architecte» qui en pâtit au bénéfice des constructeurs. - Pour notre part, nous sommes passés par un architecte car la maison faisait plus de 170 m2 mais au départ nous pensions passer par un constructeur de maison individuelle qui sont souvent imposés avec la vente du terrain. En effet, il est de plus en plus difficile de trouver un terrain libre de constructeur - Le pas à franchir reste le coût supplémentaire du projet. - Bonjour Julien, pour avoir construit ma maison il y a peu de temps. Je me suis tournée vers un constructeur (du bouche à oreilles) . Peut être que les gens sont un peu septique par rapport au tarifs des architectes. Il y a les réseaux sociaux pour se faire connaître également. Merci Julien et bon courage pour la suite ! - Le coût de l’architecte : 10 % du projet. C’est cher ! Mais l’architecte se démarque ! Il vaut mieux avoir moins de clients mais apporter de la qualité et confiance. - Des retours que j’ai d’amis et de la famille qui ont fait appel à un architecte, le même problème se pose constamment : il-elle est trop concentré sur le projet, le concept, au détriment du détail. Des éléments bêtes comme des emplacements de prises électriques, des va-et-vient cohérents pour allumer les luminaires, des artisans qui réalisent des menuiseries avec des détails vagues. Son rôle n’est pas censé s’arrêter au conseil mais il doit aussi aider son client à piloter les travaux. - Selon moi les personnes souhaitant construire une maison et qui font appel à des constructeurs plutôt qu’à des architectes ont leurs raisons. Ils choisissent leur maison à la carte, tout est déjà modélisé,


plus qu’à disposer cette maison sur le terrain acheté. Hors l’on sait qu’un projet d’architecture prend vie dans son contexte (social, environnemental et urbain) mais il prend vie également suivant les envies de ses propriétaires. Il s’agirait alors de séduire ces personnes, de les convaincre de la plus-value de l’architecte. Peut être expliquer l’importance de l’implantation d’un bâtiment dans son contexte... - Chaque architecte est différent comme chaque client. Il faut trouver ça place. - Moins de 3D bidons qui se ressemblent toutes et ne correspondent pas à la future réalité, plus de dessins à la main, ( croquis d’ambiance, incarner le projet).

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ANNEXE 2 - ENTRETIEN AVEC DAVID JUET, DIRIGEANT DE L’AGENCE KOÏ ARCHITECTURE À NANTES - ENTRETIEN TÉLÉPHONIQUE LE 20 JUIN 2020 À 18h22, 47 MINUTES - Pouvez-vous m’expliquer votre parcours ? « Je suis diplômé depuis 2001 et j’exerce depuis 2005. » « Le sujet de la maison m’a toujours intéressé, je suis allé à L.A. pendant mes études visiter les maison californiennes. L’histoire des granges m’intéressait également. » - Est-ce une volonté de faire principalement de la maison individuelle ? « Je me suis installé sans le vouloir vraiment et j’ai débuté par deux extensions, pour des amis d’amis mais je ne pensais pas m’installer à ce moment. » « Je pensais reprendre en paysage et en design pour approfondir certaines choses. » « Ces deux projets d’extension ont eu des prix d’architecture au Salon du bois d’Angers, cela à été une surprise. En parallèle j’avais fait la formation HQE, qui était aussi le thème de mon diplôme. » « Ces prix m’ont permis d’être publié partout, ce qui m’a donné énormément de visibilité et les commandes ont affluées. Je suis passé de 1 à 6 personnes en 3 mois. » - Quels sont vos moyens d’échange, de communication vis-à-vis du public ? « Ce n’était quasiment que du réseau et de la maison individuelle mais, très vite, on m’a mit en relation avec une mairie et j’ai été sélectionné pour le projet alors que je n’avais aucune référence. » «L ’agence est passée de 1 à 6, puis à 10, à 6, à 12 et j’ai voulu réduire la voilure car le management ce n’est pas trop mon truc, c’est un autre métier. Puis je suis revenu à 5 et c’est l’échelle qui me va bien. » - Comment démarchez-vous et vers qui vous tournez-vous pour obtenir de nouvelles commandes ? « Au début le bouche à oreilles, puis la presse écrite nous a permis d’être connus, car nous avons été publiés vraiment partout. Ensuite on a fait un site internet, mais le site n’est pas terrible, tout est à reprendre. » « Nous avions une autre société avant, Kenenso mais nous avons eu un problème avec un client et nous avons dû fermer. J’ai ensuite essayé de me refaire une notoriété avec Koï. » « Les clients sont attirés, sur le site, par la philosophie de l’agence, ses références d’une architecture assez proche de la nature sur le fond et la forme. Et les références uniques les intéresse, certains disent qu’ils reconnaissent les projets de l’agence. Cela a été une critique un moment dans les concours, avec le CAUE et depuis ces problèmes je n’ai jamais répondu à nouveau à un concours. » - Expliquez-vous toutes les phases et votre façon de travailler au client ? « A l’agence j’ai un document de présentation que j’appelle « Le cahier de rêves », qui présente ce qu’on attend d’eux. A priori construire une maison c’est peut-être plus que seulement se loger. Je leur donne une trame. Ensuite il y a un document qui explique les missions et le contrat. Et ensuite j’ai un document qui explique les honoraires : pourquoi, comment ? »

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- Vous dit-on que l’on viens vous voir pour une compétence particulière (maison bois, style architectural…) ? « Souvent les clients pensent que ce n’est pas pour eux (l’architecte), ils appellent parfois mais pensent pour certains que c’est un trop petit projet. Il faut souvent « faire rentrer le pied dans la chaussure et le pied est souvent trop gros ». Mais j’essaye de leur dire qu’il est possible de faire quelques missions, jusqu’au permis par exemple. » - Selon-vous, est-il important d’appartenir à un groupement d’architecte, particulièrement dans le cadre de l’habitat individuel ? « Non les groupements d’architectes, on ne m’a jamais dis que ça les rassurerai particulièrement. C’est notre petite équipe qui les rassure plutôt, avec moi, le chef de projet et le Maître d’œuvre. Ils aiment le rapport privilégié avec leur architecte et sont contents de tomber sur le chef de projet qui est plus disponible. » « Le fait d’avoir un partenaire, qui suis nos chantiers, nous garantie le résultat, surtout que l’on bosse main dans la main depuis 2012. Mais ce qui les rassure c’est le rapport normal, naturel. Je me balade pieds nus ou en tongs à l’agence. Il faut être soi-même, on est dans un métier créatif. Il faut une relation sincère, c’est la base. Il ne faut pas avoir de codes, juste vivre. »

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- A quel type de représentation les gens sont le plus réceptifs (maquette, croquis, images…) ? «L es maquettes conceptuelles, je vais en faire avec une imprimante 3D que je souhaite acheter. J’aime bien présenter avec ça. Cela reste assez abstrait et cela ne dessert pas le projet. Mais on n’en fait pas pour tous les projets, que si ça sert et que le client est sympa. » « Quand on a un client vraiment sympa, qui sort du lot, on n’hésite pas à en faire un peu plus pour leur faire plaisir et faire passer au mieux le projet. » « Les images ils adorent aussi, elles ne sont pas trop dégeulasses. Le problème c’est que c’est de l’ultraréalisme et on refait tout, ils ont des idées tous les 2 jours et on ne s’en sort pas. Du coup on précise le nombre d’images, 1 intérieure et 1 extérieure et ça limite un peu. » « On a fait aussi une vidéo dernièrement, mais ça prend du temps et je ne suis pas super convaincu. » « Moi j’aime bien travailler avec des images de référence, de projets que je choisi, qui sont connus, pour parler d’une matière par exemple et puis faire venir des échantillons. » « Je n’ai pas besoin de faire de maquettes d’études. Les proportions je les vois dans ma tête, je ne sais pas c’est peut-être inné, je le sais s’il manque quelques chose, en volume, en ambiance ou en lumières. » - Comment préférez vous travailler avec les différents types d’honoraires ? Qu’est-ce qui est le plus simple pour les deux partis ? « Les petits projets sont au forfait, les plus grand au pourcentage car sinon cela devient ridicule. Ils repartent avec ces documents là. Avant je montrait un book et des projets mais plus maintenant. Je prend parfois un magazine pour parler un peu d’un projet que j’aime bien. » « Je parle souvent des constructeurs pour justifier les honoraires, on prend 10% et on ne fait plus de chantier depuis 2012, on a un partenaire qui fait le chantier qui prend 5%, ça fait 15%… BAM. Et on ne négocie jamais ça. On a pas des dossiers simples et c’est compliqué après de proposer des missions complémentaires, je préfère enlever des honoraires plus tard si j’enlève du temps de travail. »


- Qu’est ce qui a engendré une perte de confiance des clients pour l’architecte au profit des constructeurs ? « Je fais venir les gens à l’agence car j’ai remarqué que chez eux ça part dans tous les sens, avec le gamin qui chiale. Les faire venir ça les met dans une démarche active. » « S i on commence à bosser pour de la merde, on vient vite vous chercher pour faire des projets pas cher, vite fait. Il faut bosser avec une bonne qualité, éthique; on le sait vite. Le mec qui commence à négocier ses honoraires, tout le monde va en parler. » « Il faut être sûr de soi, faire des choses sensées pour que cela nous serve et que l’on puisse être respectés. La prestation intellectuelle n’est pas toujours reconnue mais le fait d’être ferme cela rassure et permet d’être respecté. » « Nous le fait d’avoir scindé la conception et le chantier, ça les a rassurés, car ils voient qu’on est concentrés sur le projet et le Maître d’œuvre connait bien sa partie aussi. Et ça nous a enlevé une épine du pied avec les entreprises au téléphone toute la journée. »

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ANNEXE 3 - ENTRETIEN AVEC MARIE SEVERE-PINSON, CHARGÉE DE MISSIONS À LA MAISON RÉGIONALE DE L’ARCHITECTURE DES PAYS DE LA LOIRE À NANTES, ENTRETIEN TÉLÉPHONIQUE LE 25 AOÛT 2020 À 16H55, 10 MINUTES. - La Maison régionale de l’architecture a-t-elle un rôle à jouer dans le paysage pour promouvoir le métier vis-à-vis du particulier ? « Parfois des gens viennent me demander des informations pour choisir un architecte, mais je ne peux pas leur donner le nom d’un architecte en particulier car déjà il y en a beaucoup à Nantes et je n’ai pas forcément le droit d’en citer un plus qu’un autre. Donc bien souvent je les renvois vers le CAUE44. » « Dans les autres Maisons de l’architecture de France, je ne sais pas comment cela fonctionne, mais nous, en général on voit surtout venir des architectes, des élus ou des gens du métier ou proches du secteur de l’architecture. Nous n’avons pratiquement jamais un public de novice. » - Selon moi le rôle des Maisons régionales de l’architecture est plus culturel que d’ordre « p ublicitaire » mais je voulais être certain de ne pas être passé à côté d’informations ? « Oui il n’y a presque pas de particulier qui vient nous voir. Par contre, cette année nous avons réussi à entrer dans le circuit du Voyage à Nantes, ce qui nous a permis d’accueillir des gens qui ne seraient pas venus autrement. C’est un plus qui est intéressant pour nous donner de la visibilité. »

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ANNEXE 4 - ENTRETIEN AVEC PHILIPPE MARTIAL, PRÉSIDENT DE L’ORDRE DES ARCHITECTES DES PAYS DE LA LOIRE, ENTRETIEN DANS LES LOCAUX DE L’ORDRE DES ARCHITECTES À NANTES, LE 9 SEPTEMBRE 2020 À 16H36, 22 MINUTES. - Quel est le rôle du Conseil National de l’Ordre des Architectes vis-à-vis du public ? « L’architecte à un vrai rôle auprès du client, cela peut être sécurisant pour l’architecte de se valoriser auprès de son client par le biais de cette profession réglementée. Le CNOA n’intervient que dans l’intérêt du consommateur, c’est l’inverse d’un syndicat. Ça, c’est mal compris, l’ordre ne va, par les lois et les textes, que dans le sens de la protection de l’architecture et du consommateur. On peut arbitrer s’il y a un conflit, de manière impartiale. » - Quels sont les processus mis en place par le CNOA pour faire découvrir l’architecture au plus grand nombre ? « Le CNOA et l’Ordre des Architectes des Pays de la Loire ne mettent pas à disposition des fichiers, ni d’architectes, ni de clients : si ce n’est le site Architectes-pour-tous qui valorise les architectes. Il y a des flyers, des livrets, sur lesquels j’ai fait un petit mot bref en rappelant l’intérêt du métier, il y a ce type d’élément pour le grand public et qui sont pré-ciblés « public de particulier ». On a fait une campagne de communication qui n’a pas une ampleur équivalente à tous les grands majors de la construction, mais c’est existant. » - Selon vous, quels sont le rôle et les enjeux actuels de l’architecte pour le client ? « Ces processus que l’on a vu avant permettent d’inviter le consommateur lambda, qui ne vient pas faire appel à l’architecte pour sa créativité, parce que ça c’est déjà de l’acquis, mais pour sa compétence. C’est quelques chose que les jeunes architectes oublient de mettre en avant. Car cette créativité, personne n’en doute, mais on ne parle que de ça. L’architecte est au service de. Il est l’avocat de son client, face aux entreprises, il doit le conseil, il est chef d’orchestre de toute l’opération et il va participer à transformer. C’est peut-être un peu prétentieux, les rêves et réalités : transformer la réalité. L’architecte peut partir de rien, sachant qu’il sait décoder les éléments cachés que peut avoir le client. C’est un peu compliqué à expliquer au client particulier, qui n’est pas averti. Cependant ça permet de dire que c’est de la personnalisation. » - J’ai réalisé un questionnaire en ligne pour évaluer ce que pensent les gens qui sont extérieurs à la profession. Il en ressort parfois un manque de confiance, un sentiment d’incompréhension. Qu’en pensez-vous ? « Il y a peut-être un problème de communication, les clients ont souvent l’impression que l’architecte travaille 24h/24 sur leur projet, alors même que cela représente des honoraires, pas grand chose. Sur le pourcentage de gens mécontents, certains sont les râleurs, il y en a partout en France. Cependant, on peut affirmer que le reste est certainement dû à des architectes peut-être pas à la hauteur, on peut l’assumer parfaitement. »

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- Selon vous, pourquoi l’architecte est autant mis à l’écart dans ce secteur d’activité ? Qu’est ce qui manque pour créer le déclic faisant comprendre la position de la profession, à l’opposé de ce qu’elle renvoie ? « Il faut déjà se dire que ce n’est pas parce que cela fait 50 ans que c’est comme ça qu’il ne faut pas changer les choses. Il y a 5% des gens qui passent par un architecte, 95% qui passent à côté. Il faut quand même que le client ai envie de qualité. Il y a de la tricherie, la loi sur l’architecture permet au public de ne pas faire appel à un architecte en dessous de 150 m2. Il y a des gens qui se sont engouffrés, qui sont sans foi ni loi. Ils sont vendeurs de produits prêt-à-l’emploi, en vendant des produits chers qui leurs coûtent le moins cher. Quand je parlais de garanties tout à l’heure, l’architecte peut avoir la trentennale sur de gros défauts de conception, que personne d’autre n’a. C’est le seul qui a une garantie sur la conception, les constructeurs de maisons individuelles c’est sur la réalisation. L’architecte porte peutêtre une casquette qui est trop lourde. En réalité faire appel à un architecte c’est faire des économies. Je ne comprend même pas pourquoi il n’y a pas 100% des maisons qui sont faites par les architectes ? »

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- Que pensez-vous que l’architecte doit travailler individuellement dans sa pratique pour améliorer la vision de la profession ? « Avant tout un architecte a un savoir. Il faut aussi inviter nos nouveaux confrères à se former au delà de la formation initiale mais pas seulement à la culture architecturale. Il y a tout un apprentissage à faire, en discutant, en observant, en faisant des erreurs, en allant voir d’autre confrères, en ayant une curiosité nécessaire. Architecte, en sortant de l’école ça se fait dans la tête, mais il faut aussi roder les mains, comme si un sportif ne faisait pas son entraînement ! » « Ce qui tue la profession, c’est les confrères, certains que je ne voudrait plus avoir en confrères, qui font de la signature de complaisance. Si on laisse perdurer ça on vous assassine avant d’avoir votre diplôme. »




ANNEXE 5 - RÉSUMÉ DES SÉANCES DE HMONP RETOUR SUR LA SÉANCE DU 11 JUIN 2020, SUR « LA GESTION COMPTABLE D’UNE AGENCE » Une agence d’architecture est une société comme les autres à gérer, avec peut-être l’avantage de pouvoir travailler à domicile ou dans de petits locaux pour débuter. Ainsi il est possible de limiter les frais liés à un loyer (qui représente 7 à 8% du chiffre d’affaire d’une société), même s’il est important de pouvoir recevoir ses clients. Les débuts dans le métier n’induisent pas de frais importants à part de la papeterie et du matériel informatique, ce qui évite d’avoir recours à une banque pour un prêt. Les bénéfices qui représentent 35% du chiffre d’affaire pour une société de taille moyenne peuvent parfois décourager un jeune qui s’installe, mais ce chiffre est différent pour une personne seule tel que je le serai. Le métier est assez précaire si l’on prend cas de la disparition d’une agence d’architecture sur deux ou bout de 3 années seulement. C’est pourquoi je suis pour l’instant intéressé par le statut de micro-entrepreneur qui laisse du temps pour se faire au métier par la simplification des déclarations et les aides disponibles la première année. Si la TVA doit être déclarée pour un auto-entrepreneur au delà de 34 400€ de chiffre d’affaire à l’année, ce statut permet de déclarer jusqu’à 72 500€ de chiffre d’affaire à l’année, seuil qui à été revu à la hausse il y a quelques années. Pour ce qui est de la gestion des projets de l’agence, je pense qu’il est primordial de travailler avec un logiciel comme il en existe aujourd’hui, spécialement conçu pour les architectes ou les bureaux d’étude. Ils permettent de gérer aisément les données client, les notes d’honoraires, les facturations, le temps passé, d’avoir une analyse financière de la société… autant d’informations qui sont pénibles et chronophages à traiter en utilisant des documents Word ou des tableurs Excel. Cette centralisation est judicieuse pour se simplifier la vie quotidienne, ne pas passer plus de temps qu’il ne le faut à réaliser ses documents et se laisser du temps pour le travail pur de conception et de réalisation. Le « Personnal book » dont je parle dans mon mémoire est selon moi un outil intéressant aussi bien pour l’architecte que pour le client et doit permettre la gestion et le classement de façon rapide de tous les documents. La gestion d’une agence passe avant par la bonne organisation, si les documents ne sont pas rangés il y a un risque de pertes d’informations qui peuvent influer sur l’ensemble d’un projet de construction.

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SYNTHÈSE DE L’ENSEMBLE DES SESSIONS DE HMONP 2020 La profession d’Architecte est un métier complet, complexe qui nécessite de longues études puis une longue expérience pour en apprécier tous les principes. Ainsi, on peut définir diverses étapes dans la vie professionnelle d’une personne qui souhaite se mettre à son compte. Cela passe par des études qui sont un commencement pour tout métier. Après ces années de formation, le diplômé est sensé savoir ce qu’est réellement « Être architecte ». C’est avant tout être inscrit à l’ordre des architectes, qui est le contrôleur d’une profession réglementée et le garant de la bonne pratique. Cela implique certaines obligations et droits que l’on retrouve principalement dans la Loi n°77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture. Il existe un Code de déontologie qui lui, protège principalement le consommateur : le Maître d’Ouvrage.

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Exercer le métier, suite logique des études, implique bien d’autres facteurs plus pragmatiques. Comment accéder à la commande lorsque l’on débute ? Cela passe par la visibilité que sont un nom, un logo et un site internet bien référencé à minima, qui doivent refléter les valeurs de l’agence. Pour être toujours actif, il est primordial de ne pas travailler en solitaire. Les associations, les collaborations, l’inscription à des sites internet de référencement ou aux Chambres des Métiers et de l’Artisanat sont autant de possibilité pour développer une jeune entreprise d’architecture. Les implications du métier passent nécessairement par la souscription à une assurance spécifique qui assure le professionnel sur ce qu’il construit. La pratique est encore une toute autre affaire. La profession implique obligatoirement à travailler en collaborations avec un Maître d’Ouvrage, des bureaux d’études bien souvent, des entreprises… Un engagement est de toute façon prit par écrit entre les différents partis. L’architecte signe un contrat avec son Maître d’Ouvrage, ce dernier signe avec les entreprises et ainsi de suite : tout le monde est lié à l’un ou l’autre dans une action de conception et de construction d’un bâtiment. Toute création d’une entreprise impose l’organisation du temps à prospecter, à gérer, à transmettre son savoir, à réaliser les phases de chaque projet. Parfois, par manque de temps et pour ne pas refuser d’affaires, un recrutement est nécessaire, ce qui implique à nouveau de former la personne, de la manager, de la payer. Lorsqu’il n’est pas possible d’inclure une pratique (structure, économie…) dans l’agence en question, la sous-traitance est possible mais elle implique que l’architecte reste responsable de cet accord. L’architecte est toujours responsable de tout ce qu’il fait, et le reste pendant 10 années pour tout dommages matériels qui atteignent la construction, compromettent sa solidité ou le rendent impropre à sa destination. La transmission d’une société d’architecture vient souvent à l’approche de la retraite d’un ou de la totalité du ou des gérants. Mais cette transmission d’entreprise ne se joue pas sur la simple signature d’un document, elle vient bien en amont par la transmission d’un savoir, d’une façon de travailler et d’une vision des choses. Les repreneurs de là-dite société se voient dans l’obligation de faire des choix pas toujours évidents pour pérenniser la structure. Doivent-ils changer de nom et de logo, comment fidéliser les salariés, associer d’autres personnes, conserver ou changer le cap de l’agence ? Autant de questions qui ne peuvent être résolues qu’au cas par cas, avec toutefois un certain poids sur les épaules, celui des années d’expérience et de reconnaissance à ne pas faire disparaitre.




ANNEXE 6 - CURRICULUM VITAE - BREVET DE TECHNICIEN « COLLABORATEUR D’ARCHITECTE » : Septembre 2007 à

Août 2009. Compétences acquises : Connaissances techniques dans le métier de la construction, en abordant tous les lots techniques que l’on peur retrouver dans le secteur de la construction.

- ALTERNANCE CHEZ « BCF INGENIERIE » : Septembre 2007 à Août 2009.

En qualité de Dessinateur apprenti. Compétences acquises : La découverte du monde du travail à l’âge de 19 ans m’a permis de perdre ma timidité très tôt et de m’adapter à des demandes que l’on ne retrouve pas sur les bancs de l’école.

- EN CONTRAT CHEZ « DOMUS ARCHITECTURE » : Mars 2010 à Septembre 2020.

En qualité de Dessinateur / Collaborateur d’architecte. Compétences acquises : Ces 10 années en agence d’architecture ont été très bénéfiques car ont m’a laissé, au fil des années, prendre des décisions. Désormais, j’ai déjà touché à toutes les phases d’un projet : du rendez-vous client au DCE pour les phases de conception; de l’estimation à l’analyse des offres pour l’économie et la phase chantier sur quelques projets. L’intérêt de toucher à toutes les phases d’un projet, c’est d’en comprendre le déroulement et d’assimiler les conséquences de chaque acte.

- « DIPLÔME D’ÉTAT D’ARCHITECTURE » en FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE (FPC) : Septembre 2015 à Juillet 2019.

Compétences acquises : Ouverture d’esprit, lâché prise et développement personnel. Cette formation a changé ma vision de l’architecture telle que je l’avais assimilée en agence.

- NOMBREUX VOYAGES EN EUROPE, EN ASIE

Compétences acquises : Ouverture sur la pluralité offertes par les différentes cultures. Compréhension de l’architecture liée aux différents usages (climat, lieu, utilisation...); envie de découverte et de nouveauté, indispensables pour faire évoluer les pratiques.

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D ans un contexte f ra nça i s , da ns l e q u e l l e s archi te cte s e t l e « g ra nd-p u bl i c » o nt du mal à commun i q u e r , i l e s t né c e s sa i re de met tre e n ava nt l e rô l e de l a p ro fe s s i o n pour l e bi en commu n. Le t i t re d’ a rc h i te c t e e st souve nt u n « ba dg e » q u i ca ta l o g u e de façon cari ca tu ra l e u ne p e r s o nne q u i œuvre pour tan t ave c e nv i e e t o bl i g a t i o ns . D ’une prati qu e sa i ne e t ré g l e me nté e , quel s sont le s p ro c e s s u s q u i do i ve nt ai de r l ’archi te c tu re à p re ndre l e de s s u s sur l ’urbani sa ti o n ex p o ne nt i e l l e de no s terri toi re s ? Qu e l l e s s o nt l e s ré f l ex i o ns sur l ’ave ni r ?

Achevé le 29 Septembre 2020 Julien RAPITEAU 20, boulevard Jules Verne - 44300 NANTES 06.30.47.19.81 julienrapiteau@gmail.com


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