Au fil du temps - PFE ENSAPL 2018 Clarisse et Juliette

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AU FIL DU TEMPS Accorder l’école d’architecture et de paysage aux temps longs de la ville et du territoire

Clarisse Marchand & Juliette Muller


AU FIL DU TEMPS

Accorder l’école d’architecture et de paysage aux temps longs de la ville et du territoire

Clarisse Marchand et Juliette Muller Rapport de projet de fin d’études Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille Printemps 2018 Domaine d’étude : Conception & société Enseignants : Francesco Cingolani, Cédric Michel et Juliette Pommier


REMERCIEMENTS

Tout d’abord, nous tenons à remercier Francesco Cingolani, Cédric Michel et Juliette Pommier pour leur accompagnement et leurs remarques avisées et précieuses tout au long de ce semestre, qui ont contribuées à nourrir notre réflexion et notre démarche. Nous tenons à remercier, à nouveau et plus particulièrement, Juliette Pommier pour le suivi de ce rapport. Nos remerciements s’adressent également aux étudiants, amis et intervenants de ce studio pour leurs encouragements et leur soutien au cours de ce semestre. Enfin, un grand merci à Adrien, Louis, Lucile et à nos familles qui ont su nous conseiller, nous interroger et nous encourager.

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Avant-propos

p.7

Introduction p.17

1. Faire connaissance avec le territoire

p.29

1.a

Reconsidérer le déjà-là

p.33

1.b

S’intéresser aux ressources latentes

p.60

2. Interroger et activer le territoire

p.83

Une programmation liée aux potentiels du territoire 2.a

Favoriser l’ancrage territorial de l’école : mise en place

d’un phasage p.86

2.b

L’école comme levier culturel et social pour activer le

territoire p.99

2.c

L’école comme nouveau pôle d’excellence du recyclage :

circuit-court, co-rénovation et artisanat

4

p.108


3. Composer avec le territoire : une école d’architecture et de paysage au Marais

p.129

Une programmation liée aux besoins de l’école 3.a

Vers une pédagogie de la transition écologique pour

former des architectes citoyens

3.b

p.134

L’école comme un laboratoire de l’écologie

environnementale p.149 3.c

L’école comme un laboratoire social par la participation

p.155

3.d

L’école comme un laboratoire, dès la conception

p.159

Conclusion p.167 Lexique p.170 Bibliographie Annexes

p.175

Table des figures et annexes

p.184

5

p.179



AVA N T - P R O P O S

Vivre à l’ère de l’Anthropocène « Le 2 Août 2017, nous avons consommé, depuis le 1er janvier, plus que ce que notre Terre ne peut créer dans l’année. En sept mois, nous aurons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres et consommé plus d’eau que ce que la nature ne peut nous procurer au cours d’une année. En d’autres termes, l’humanité utilise les ressources naturelles 1,7 fois plus vite que les écosystèmes ne peuvent se régénérer »1

Le jour du dépassement global est calculé chaque année depuis 1986

par Global Footprint Network. En 2017, ce jour était le 2 août ; les 151 jours restants ont alors été des jours où nous avons puisé dans nos ressources non renouvelables pour nous déplacer, nous divertir, nous loger. Ainsi, l’humanité a entamé cette ère de l’Anthropocène définie par le chimiste Paul Crutzen comme « l’époque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. »2 Cette nouvelle ère soulève la nécessité d’un nouveau paradigme avec lequel repenser nos modes de vie, de consommation et de conception. En effet, comment concevoir et penser la ville de demain face à la finitude des ressources ?

1 2017 WWF, consultable sur : https://www.wwf.fr/overshoot-day-2017, consulté le 20/03/18 2 CRUTZEN Paul, définition consultable sur : www.cnrtl.fr, consulté le 25/02/18

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Vers un nouveau paradigme pour inventer des stratégies soutenables

Dichotomie entre surproduction de déchets et prise de conscience de la

finitude des ressources non renouvelables, artificialisation des sols, obsolescence architecturale, transition écologique, circuit court, souci du viable, équitable, adaptable, zéro déchet … Ces conceptions et pratiques remettent en question le fonctionnement de la société contemporaine et interrogent ses capacités à se métamorphoser. Aujourd’hui, il s’agit de repenser toute installation humaine et d’envisager une nouvelle alliance entre l’homme et son milieu : cela semble être le défi de tout architecte. Envisager la pratique de l’architecte comme un acte engagé et positif travaillant davantage en lien avec le contexte environnemental et social semble être une stratégie incontournable et soutenable. Ainsi, introduire le terme recyclage dans l’urbain, nous permet d’acquérir une méthode garantissant un changement sémantique attribuant un autre statut au déchet. En effet, recycler c’est transformer un élément obsolète, un reste de mais aussi un reste pour3, en lui donnant ainsi une connotation positive et une seconde vie. C’est-à-dire que l’élément obsolète considéré comme déchet devient la ressource latente à recycler ou à réutiliser. Cette vision positive garantit une remise en cycle de ces ressources, jouant un nouveau rôle, qui favorise l’adaptation comme action prédominante. À ce jour, le recyclage urbain semble une réponse à l’ère dans laquelle nous vivons. Face à ce constat, il est nécessaire d’effectuer un changement de paradigme dans l’acte de construire, de faire la ville. Recycler la ville, c’est considérer le cycle de vie de 3 D’ARIENZO Roberto, YOUNÈS Chris, Recycler l’urbain, pour une écologie des milieux habités, Italie, Métis Presses, « vuesDensembleEssais », 2014, p.10

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ce qui existe que ce soit des matériaux, des objets, des constructions, des villes d’un point de vue environnemental, social et économique. Recycler signifie aussi considérer l’existant comme porteur d’une signification culturelle et sociale partagée. Ce vocable correspond au commencement d’un nouveau cycle en partant d’un reste, le suffixe « re »4 pouvant se décliner en différentes stratégies et filiations : réemploi, reconversion, récupération, réutilisation... Alors il s’agit de rentabiliser ou de prévoir la quantité de ressources dépensées depuis ou dès la conception jusqu’à la déconstruction éventuelle du projet à travers ces différentes stratégies en re. Pour aller plus loin, il s’agit d’adopter une méthode de conception circulaire : un recyclage en boucle vertueuse.

Métamorphose de la posture de l’architecte

Un souci du viable, du vivable et de l’équitable. Envisager le

territoire comme un gisement ? Notre environnement est composé de ressources : matières déchues, espaces construits, savoirs, pratiques culturelles, qui sont des opportunités ouvrant de nouvelles pistes d’action pour accompagner nos sociétés vers cette transition écologique. Déceler ces potentialités est une nouvelle responsabilité pour les architectes. Il s’agit d’apprendre à voir le latent, l’imperceptible, mais aussi à concevoir autrement. Alors, l’architecte peut adopter une posture : - d’éco-concepteur : penser en cycle de vie, au cycle 1, au cycle 2, au cycle X du projet ainsi qu’à la possibilité de recycler à travers un projet circulaire. Anticiper l’obsolescence de ces constructions, - de re-concepteur : révéler et remettre en cycle de manière durable 4 signifiant retour vers

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en dévoilant lentement et avec délicatesse les ressources latentes, - de dé-constructeur : déconstruire pour utiliser cette matière autrement, penser le chantier différemment et tendre vers le zéro déchet.

Une écologie sociale, agir ensemble

Ces trois postures correspondent à l’architecte d’aujourd’hui et de

demain que nous aspirons à être, selon une vision écologique environnementale. En effet, nous avons coutume de croire que les pratiques écologiques ne sont qu’environnementales, cependant, elles peuvent aussi être envisagées sous leur forme sociales puisque l’écologie est la science des relations selon Ernst Haeckel5. Ainsi l’écologie réside dans la création de liens entre des individus au sein d’une société qu’ils créent et à laquelle ils participent : de la communauté à la ville, à la planète. Aujourd’hui, nous devons évoluer, coexister, cohabiter et construire notre monde ensemble. Adopter une posture de concepteur écologique relève d’une attitude relationnelle, celle d’un concepteur accompagnateur des humains dans leur désir d’habiter6. Cette posture pour l’architecte comme pour l’habitant semble offrir un nouveau rôle et une nouvelle responsabilité : concevoir ensemble. L’architecte adopte une figure de co-concepteur qu’il partage avec l’habitant. L’architecte co-concepteur ou l’architecte de la participation habitante ? 5 Biologiste, philosophe et libre penseur allemand (1834 - 1919). On lui doit le terme écologie (du grec oikos, demeure, et logos, science) proposé en 1866 pour désigner la science qui étudie les rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent. 6 BOUCHAIN Patrick (dir. publication), Simone et Lucien Kroll : une architecture habitée, Arles, Actes Sud, 2013, p. 280

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Il s’agit alors de donner davantage d’importance aux habitants, ils quittent une position d’observateur passif pour dialoguer, négocier, décider de la conception et de la réalisation du projet. Dans certains types de commandes, les usagers deviennent leur propre maître d’ouvrage, avec un rôle clé dans la maîtrise d’oeuvre.

Caractériser la société contemporaine pour adapter notre méthode de conception

Nous envisageons les spécificités de la société contemporaine sous

trois aspects : la complexité et l’incertitude que nous lions intrinsèquement à l’imprévisible. Ainsi, nous considérons notre société comme étant un mécanisme complexe, conséquence de son hybridité, de son pluralisme et de son cosmopolitisme. Ensuite nous envisageons l’incertitude comme un élément représentatif de notre époque contemporaine. Nous sommes dans une société en mouvement, la méthode se doit dès lors de composer avec les temps de la ville et de la vie. Elle doit permettre le changement et la flexibilité vis-à-vis d’un territoire déjà-là et doit pouvoir identifier les éléments pérennes résistants aux modifications et y adjoindre des éléments éphémères adaptables le temps d’un cycle de vie. Ainsi la méthode d’intervention mise en place se doit d’accompagner les processus de transformation du territoire dans le temps. Enfin, l’imprévisible est à envisager comme une opportunité pour le territoire de s’exprimer ; ainsi, la méthode de révélation et d’activation doit composer


avec les « actions spontanées »7 et les « savoirs oubliés »8 pour autoriser une appropriation et une traduction des désirs ainsi que des aspirations des usagers. Pour cela, nous allons concevoir le projet à l’aide d’une frise chronologique. Cet outil permet de penser de manière simultanée différentes temporalités, différents cycles ainsi que le rôle à jouer de tout à chacun dans la conception et la réalisation du projet. Ces nouvelles manières de faire le projet sont à mettre en résonance avec de nouvelles pratiques urbaines à engager. Le contexte sociétal appelle à redéfinir nos modes de vie en ville pour proposer de nouvelles manières de faire. Les acteurs territoriaux apparaissent comme le point d’orgue pour insuffler de nouvelles dynamiques mouvantes. L’idée étant de faire de ces nouvelles villes, des villes productives, plus conviviales et vivables.

7 D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, YOUNES Chris, ROLLOT Mathias, Ressources urbaines latentes : pour un renouveau écologique des territoires, Paris, Métis Presses, «VuesDensembleEssais », 2016, p.16 8 Ibidem

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Fig. 1 Localisation de la presqu’île Boschetti



INTRODUCTION

Prendre connaissance du contexte historique de l’enseignement de l’architecture en France

L’enseignement de l’architecture en France peut être désigné comme

un enseignement mouvant en raison de ses nombreuses modifications au cours de l’histoire et notamment du divorce qui a eu lieu en 1968 avec l’institution des Beaux-Arts qui fut qualifiée d’enseignement sclérosé. Ce modèle pédagogique semblait enfermer les étudiants dans des codes archaïques, loin des mutations sociétales et des enjeux urbains de l’époque. Suite à cette rupture, les étudiants revendiquent de nouvelles considérations pour un enseignement plus en lien avec la société, leur permettant de se forger une valeur éthique et de définir des engagements personnels. Ainsi l’apparition des unités pédagogiques en 1968 permet aux étudiants français de se libérer des pesanteurs académiques et de se positionner en tant que futur architecte entretenant un lien étroit avec le contexte environnant. Malgré les évolutions pédagogiques constatées depuis 1968, nous pouvons formuler un constat sur nos années d’études aujourd’hui qui est celui d’un enseignement encore trop décontextualisé des problématiques majeures de notre société. Une enquête, réalisée par le périodique Architecture d’aujourd’hui9 recense 9 PICOUT Laurie, « Enseignement : le point de vue des étudiants », Architecture d’Aujourd’hui, n°420, 09/17, p.56

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460 réponses d’étudiants en cinquième année d’architecture dans les écoles françaises et confirme cette sensation. Les étudiants y expriment le besoin de ne plus simplement penser et concevoir l’architecture mais de la vivre, sous toutes ses formes pour devenir acteur de leur formation et répondre à leur vision de l’architecte. La profession s’adapte constamment aux enjeux sociétaux, il doit en être de même pour l’enseignement.

Un contexte favorable au requestionnement de la pédagogie de l’architecture et du paysage Le sujet du semestre, pédagogies de l’architecture et architectures

de la pédagogie s’inscrit idéalement dans ces questionnements. Il s’agit de s’interroger et de requestionner la pédagogie de l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. Au-delà d’envisager une nouvelle école, il nous faut ouvrir les questionnements sur les nouvelles manières d’enseigner l’architecture aujourd’hui, ainsi que les espaces pédagogiques associés. Ce semestre apparaît, de ce fait, comme une opportunité pour repenser et redéfinir la pédagogie mise en place à l’ENSAPL10, en prenant comme point de comparaison, notre parcours en tant qu’étudiant en architecture. La pédagogie est ici à comprendre comme un « ensemble de méthodes dont l’objet est d’assurer l’adaptation réciproque d’un contenu de formation et des individus à former»11. Ce semestre s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche inter-écoles d’architecture en France, nommé Hensa 20 qui a pour objectif de constituer un socle de connaissances commun sur l’histoire 10 ENSAPL : Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille 11 Définition tirée du séminaire exploratoire encadré par Juliette POMMIER et Véronique PATTEEUW, 09/17, consultable sur http://www.cnrtl.fr/

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des pratiques pédagogiques au cours du XXe siècle. Cette démarche nous permet de profiter des problématiques soulevées au sein des diverses interventions, et notamment au sein du séminaire exploratoire « Enseigner l’architecture, pédagogies de l’ENSAPL : 1968-2008 » encadré par Juliette Pommier et Véronique Patteeuw pour nourrir une compréhension globale du sujet. Dès lors, nous sommes en mesure d’engager une réflexion prospective sur l’exploration d’une nouvelle pédagogie, en requestionnant le projet d’établissement mis en place actuellement. Pour ce faire, nous allons porter une attention particulière aux enjeux sociétaux actuels.

S’inscrire dans un territoire expérimental

Le site alliant la presqu’île Boschetti et le Silo Standard S.A., à la

frontière entre le quartier de Bois-Blancs à l’ouest de Lille et la quartier du Marais à Lomme, nous semble intéressant dans le cadre de ce projet, en le considérant comme un terrain d’expérimentation d’une nouvelle manière d’envisager la ville. Depuis 2015, la ville de Lille a considéré ce territoire, à proximité immédiate de la Deûle et du port, comme un potentiel à affiner puisqu’elle y a lancé deux concours d’idées engageant une problématisation des enjeux sociétaux. Ainsi, le concours bas carbone, lancé en 2015 par EDF 12 invitait les équipes à concevoir une transformation durable du territoire local dans la perspective d’une réduction massive des émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir. Le concours Europan 14, quant à lui, s’intéressait particulièrement à la thématique de la ville productive en questionnant 12 EDF : Électricité de France

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les relations entre l’habitat, le travail et la production, en réponse à la désertification et à l’éparpillement des secteurs industriels. La ville de Lille et la MEL13 semblent envisager ce territoire comme un laboratoire d’idées où différentes hypothèses concernant le futur de nos villes peuvent être projetées. Ainsi, les attentes du concours Europan sur le site lillois ont été exprimées comme suit : « Deux siècles après la révolution industrielle, la notion de développement durable ouvre un nouveau cycle de la fabrique de la ville et de l’évolution des territoires urbains, ruraux ou métropolitains. Cette mutation nécessite de mobiliser les pratiques architecturales pour offrir plusieurs vies aux édifices et aux ensembles urbains, aux équipements et aux espaces publics. »14 Envisager la ville comme un territoire durable semble alors être au coeur des enjeux de la métropole. Le caractère expérimental de ce territoire a déjà été considéré comme potentiel à activer dans le domaine d’étude conception et société15 du semestre précédent, à l’école de Lille. Les étudiants ont travaillé sur le site de la presqu’île Boschetti et du Silo Standard S.A. avec la mise en place d’un récitfiction, leur permettant d’intégrer une vision prospective pour l’avenir de la ville de Lille : l’intégration au réseau international Fab City dès 2020. Ils ont ainsi travaillé le territoire comme le prototype d’une ville productive, le plan guide proposé par les étudiants sur lequel nous allons nous appuyer est donc à comprendre sous la forme d’un projet manifeste. 13 MEL : Métropole européenne de Lille 14 Stratégie nationale pour l’architecture, 10/15, tiré de Europan 14, Dossier de site, Lille : île des bois blancs, consultable sur https://www.europan-europe.eu/media/default/0001/14/e14_sb_fr_lille_fr_ pdf.pdf, consulté le 01/03/18 15 Semestre encadré par Antoine Béal, Jean-Marc Ibos et Frank Salama, domaine d’étude conception et société

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Le réseau international Fab City compte aujourd’hui dix-sept villes membres, réparties sur l’ensemble des continents. Il permet de se questionner et de se positionner quant à l’avenir durable et soutenable de nos villes en définissant un objectif commun : tendre, en 2054, à des villes autosuffisantes. Pour ce faire, le réseau Fab City propose une stratégie commune pour définir un nouveau modèle urbain, la transformation de l’économie industrielle actuelle fonctionnant autour d’un processus linéaire, de l’importation des produits à la production de déchets. Il s’agit dorénavant de s’appuyer sur les forces locales pour développer une production à l’échelle de la ville tout en se connectant à un réseau global de connaissances économiques et sociales pour échanger avec d’autres territoires. Une complémentarité s’installe entre le local et le global, transformant le modèle traditionnel de l’économie industrielle défini par le schéma du Products in trash out16 pour tendre vers des villes responsables sur le modèle du Data in data out.17 (Fig. 2) Dès lors, les déchets sont considérés comme des ressources pour le fonctionnement de ces villes autosuffisantes avec l’objectif de réutiliser ce qui est consommé au sein même du territoire.

Une école d’architecture expérimentale

Dans la perspective de concevoir une école d’architecture et

de paysage au sein de ce fragment de ville expérimentale, nous nous questionnons sur la pertinence d’envisager une pédagogie en lien avec le réseau international Fab City. Celui-ci nous mène à proposer une nouvelle vision du territoire et à considérer la conception de la ville sous un 16 PITO : Products in trash out 17 DIDO : Data in data out

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Modèle du PITO

Modèle du DIDO

Fig. 2 La Fab City : vers des villes responsables, du PITO au DIDO

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nouveau jour. L’enseignement se trouverait dès lors ancré sur un territoire local, les quartiers de Bois-Blancs et du Marais, et donnerait les clés d’un nouvel apprentissage centré sur la question des ressources pour envisager le territoire sous un aspect durable. Nous pouvons dès à présent formuler la problématique qui va guider l’ensemble de notre réflexion : Quelle pédagogie définir pour inscrire l’école dans les enjeux sociétaux contemporains et envisager le territoire sous son aspect durable ? Peuton concevoir l’école sous la forme d’un laboratoire pour répondre à cette pédagogie ?

Trois phases de travail pour la mise en place du projet

Le projet se met en place sous différentes temporalités, faisant appel

à diverses postures d’architecte. Ces postures sont complémentaires pour définir et former l’architecte contemporain soucieux des problématiques actuelles, à savoir : - l’architecte re-concepteur : révélateur des ressources latentes, - l’architecte éco-concepteur : penseur des relations écologiques environnementales et sociales, au sein de laquelle se distingue deux pratiques : - l’architecte dé-constructeur : penseur de la matière autrement, - l’architecte co-concepteur : penseur des nouvelles alliances entre les hommes et entre l’homme et son milieu.

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Ces temps requestionnent les phases habituelles du projet. Il s’agit ici d’expérimenter de nouvelles manières de faire, en mêlant les postures aux différents temps du projet. Nous définissons trois phases de travail, au sein desquelles nous développons une méthode propre ainsi que des outils spécifiques. Cette réflexion en trois phases n’est pas linéaire, elle est constituée d’allers-retours perpétuels. Phase 1, l’architecte re-concepteur Dans un premier temps, il s’agit de faire connaissance avec le territoire, c’est à dire de comprendre et d’analyser dans quel contexte nous allons nous introduire. Pour cela, nous mettons en place une approche territoriale couplée à une analyse visant à révéler les potentialités de ce territoire. C’est-à-dire déceler, identifier ces ressources latentes urbaines avec délicatesse. Dès lors, notre méthode consiste à mettre en place une étude par couches thématiques des ressources urbaines latentes. Nous envisageons de prendre connaissance de ces dernières à l’aide de différents outils tels que des cartographies fonctionnant par calques et trouvant une complémentarité dans un travail photographique de recensement sous la forme de tableaux des délaissés. En parallèle, nous développerons un carnet méthodologique sur les possibles déconstructions environnantes. Ces diverses études sont à confronter avec le programme. Il est alors question de reconsidérer l’image actuelle que l’on se fait d’une école d’architecture. Peut-être s’agit-il de la mise en place d’une pédagogie expérimentale autour des ressources latentes du territoire ?

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Phase 2, l’architecte éco-concepteur : architecte dé-constructeur et architecte co-concepteur, à l’échelle du territoire Après avoir identifié et révélé ces ressources, il s’agit de les remettre en cycle : déconstruire pour ré-utiliser cette matière autrement et penser à la possibilité d’autres cycles de vie. Cette prise en compte du déjà-là, du contexte socioéconomique de Bois-Blancs et du Marais est à développer pour envisager l’école comme un activateur du territoire et un démonstrateur d’une nouvelle pratique ainsi que d’une nouvelle pédagogie écologique. Notre approche écologique environnementale et sociale s’appuie sur un outil principal : une frise chronologique permettant d’établir un phasage de mise en cycle de l’école.

Phase 3, l’architecte éco-concepteur : architecte dé-constructeur et architecte co-concepteur, à l’échelle de l’école Dans cette phase, nous confrontons le territoire à l’implantation d’une école. Comment faire cohabiter ces deux entités et comment les lier, pour envisager une pédagogie spécifique à l’école de Lille, influencée par son territoire ? Nous envisageons ainsi la mise en place d’un projet d’établissement axé sur la transition écologique. Pour ce faire, nous nous appuyons sur le projet d’établissement existant que nous questionnons, ainsi que sur les usagers actuels de l’ENSAPL, à l’aide d’entretiens et de fiches usagers, pour concevoir une école d’architecture et de paysage en lien avec la réalité. Ainsi, nous pensons l’école suivant la méthode écologique, sous deux aspects. Soit,

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une vision écologique environnementale envisageant l’école comme un laboratoire d’expérimentation partagé autour des thématiques des circuits courts, de la co-rénovation et de l’artisanat. Mais aussi, une vision écologique sociale qui s’intéresse à la parole des usagers. Ecouter, tenter de comprendre les usagers et les habitants, c’est-à-dire établir une relation avec eux et chercher à leur donner davantage d’importance. Nous envisageons une co-conception, voir une co-construction partielle avec les habitants du quartier et les usagers de l’école. Pour cette méthode, nous mettons en place des outils favorisant une compréhension globale et collective du projet : un travail de définition d’ambiances, des discussions autour de plans annotés et la réalisation de maquettes manipulables. Il s’agit alors de requestionner la posture de l’architecte éco-concepteur : comment aller plus loin ? Quel rôle doit avoir un architecte aujourd’hui et plus spécifiquement dans un programme telle qu’une école d’architecture et de paysage ? Quelle vision de l’architecte transmettre ? Ainsi, ces trois phases constituent le développement de ce rapport. C’est pourquoi nous vous proposons dans un premier temps de faire connaissance avec le territoire. Pour ce faire, nous nous attelons à comprendre le site sous différents angles de vues, de son aspect sensible à son aspect historique en passant par ses usagers. Cette première rencontre avec la presqu’île Boschetti nous permet de reconsidérer ce déjà-là comme un futur potentiel pour l’école. Mieux comprendre son environnement pour composer et dialoguer avec lui par la suite. Nous nous intéressons ensuite spécifiquement aux ressources latentes présentes, enfouies et endormies. Nous tentons ainsi

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de définir la notion de latence pour la réintégrer dans notre processus de conception. L’idée étant de mettre en place une méthode d’indentification et de recensement de ces dernières, nous permettant de prendre appui sur cellesci pour les considérer comme de futurs supports de dynamiques urbaines. Dans un second temps, nous cherchons à interroger et à activer le territoire à partir des données préalablement requises. Pour ce faire, nous adoptons une méthode de programmation paradoxale pour l’école d’architecture et de paysage puisque nous débutons la programmation en s’intéressant en premier lieu aux potentiels du territoire. L’idée étant de s’appuyer sur ce site et sur ce futur programme pour envisager l’école comme un levier culturel et social couplé à un nouveau pôle d’excellence pour les quartiers de Bois-Blancs et du Marais. Ainsi, dans cette partie, nous mettons en avant les possibilités offertes par l’école en terme d’équipement public et d’espace fédérateur pour le quartier. Nous envisageons ce programme sous une double identité, un fonctionnement pour le public permettant une diffusion des connaissances et une intégration de l’école dans son territoire ; et un fonctionnement propre à l’école que nous verrons par la suite. Ainsi, dans une dernière partie, nous abordons le projet par sa programmation spécifique à l’école d’architecture et de paysage et nous tentons de composer avec le territoire. Pour ce faire, nous requestionnons la pédagogie actuelle de l’ENSAPL pour tendre vers un nouveau modèle de la transition écologique. Nous proposons une école laboratoire qui se définit sous deux axes d’apprentissage : un laboratoire de l’écologie environnementale et un laboratoire social par la participation.

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1 | FAIRE CONNAISSANCE AVEC LE TERRITOIRE



Avant d’engager toute démarche projectuelle, nous tenons à rentrer

en contact avec le territoire sur lequel nous allons nous inscrire pour tenter de le comprendre et d’en déceler ses subtilités. Nous considérons ce déjà-là comme postulat de départ dans notre démarche et de fait, nous tenons à adopter une attitude respectueuse par l’observation et la compréhension du site. Avec ce travail préalable, nous portons une connaissance plus précise du territoire sur lequel nous allons travailler, nous permettant ainsi de prendre en considération le génie du lieu et de le valoriser. Dès lors, notre travail porte sur le faire avec et pour le territoire, nous envisageons le déjàlà comme un élément intrinsèquement lié à notre démarche de projet. Suivant cette logique, nous allons, pour commencer, arpenter le site pour en comprendre ses subtilités et l’envisager sous sa forme sensible avant de comprendre les histoires du lieu sur lequel nous sommes amenées à travailler. Nous envisageons cette compréhension historique du territoire en lien avec la vision et le travail défendu, dans les années 2000, par Bernard Huet, architecte et urbaniste.

« La Ville est donc à lire en premier lieu comme une archive, non pas pour en retracer l’histoire, mais simplement pour comprendre ce que l’on transforme et surtout pour ne pas faire d’erreurs sur la manière dont on opère, afin de ne pas provoquer une rupture qui ne serait pas inscrite dans les gènes que toute ville me semble posséder. »18

18 HUET Bernard, « Une génétique urbaine », Urbanisme, n°303, 11-12/98, p.57

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Nous souhaitons considérer l’historique du site de la presqu’île Boschetti comme une accumulation et une succession de plusieurs histoires superposées, entrelacées et sans hiérarchie établie plutôt que comme une seule et simple histoire linéaire. D’après nous, ce sont ces différents temps et ces différents événements, mis en relation à l’aide d’ indices présents sur site, qui constituent l’identité de ce territoire. De ce fait, nous adoptons la démarche défendue par l’architecte et urbaniste Antoine Grumbach de « la ville sur la ville »19. Il s’agit de comprendre le territoire par sa sédimentation au cours du temps, de le considérer comme un palimpseste20 pour en comprendre sa généalogie. Dès lors, nous allons porter une attention particulière aux traces du passé qui peuvent s’exprimer sous diverses formes. Nous avons défini trois pistes de développement ayant pour objectif de déceler et de révéler l’historique du site. Dans un premier temps, nous allons tenter de reconsidérer et de comprendre les éléments du déjà-là ; dans un second, nous nous intéresserons aux ressources latentes soit aux éléments non visibles et à leurs potentialités et enfin, nous allons nous positionner quant à la reconsidération de ces ressources latentes comme un déjà-là enfoui. Comment envisager ces dernières comme un futur support de dynamiques urbaines ? Au cours de ce développement, nous envisageons l’architecte en tant que re-concepteur, soit un révélateur des histoires du site et donc des latences urbaines pour composer ensuite un projet ancré et respectueux du territoire dans lequel il s’inscrit. 19 GRUMBACH Antoine, « la ville sur la ville », Projet Urbain, direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction, n°15, 12/98, p.5 20 Le palimpseste est un manuscrit sur parchemin d’auteurs anciens que les copistes du Moyen-âge ont effacé pour le recouvrir d’un second texte (source : CNRTL). André Corboz introduit ce vocable dans l’urbain, il l’utilise pour décrire le concept de faire la ville sur elle même, voir CORBOZ André, «Le territoire comme palimpseste », diogène, n°121 01-03/83, p.25

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1.a Reconsidérer le déjà-là

Nous considérons le déjà-là, à l’image des architectes anglais Alison

et Peter Smithson, comme « l’art de recueillir, de restituer et de faire avec »21. Ces derniers définissent cette pratique par la notion de « as found »22, une pratique qui demande une sensibilité et une attention à l’existant. Ainsi, nous percevons ce déjà-là sous différents aspects, sur la presqu’île Boschetti, que nous allons exposer successivement au sein de ce développement : un déjà-là s’attelant aux éléments physiques du territoire qui le composent et un déjà-là s’intéressant spécifiquement aux usagers de ce lieu, mêlant ressentis et aspirations. En d’autres termes, nous pouvons définir ces deux axes d’étude par les questions suivantes. Quels sont les éléments qui composent ce territoire ? Quelles sont les volontés politiques pour impulser ce territoire ? Qui sont les usagers de ce territoire ? Nous allons introduire ce paragraphe par un arpentage du site permettant d’exprimer un ressenti sensible du paysage le composant. Nous imaginons ainsi la conception de ce quartier expérimental qui part du déjà-là en s’appuyant sur le plan guide réalisé au semestre précédent, dans le domaine d’étude conception et société. Il s’agit de s’inscrire dans la continuité d’un travail amorcé à l’échelle urbaine et territoriale durant le semestre d’automne 2017/2018 pour le préciser et y implanter le programme d’une école d’architecture et de paysage.

21 VAN DEN HEULEN Dirk, « Une dynamique générative », L’architecture d’aujourd’hui n°344, 02/03, p.34 22 Ibidem

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Fig. 3 La presqu’Île Boschetti, paysage insulaire entre Bois-Blancs et Le Marais 35


Arpenter le territoire

La presqu’île Boschetti, site que nous avons sélectionné pour réaliser

ce projet se situe à la frontière de deux communes, Lille et Lomme. (Fig. 5) Du fait de sa position presque insulaire, elle dégage un sentiment de solitude et de poésie. Nous avons ainsi fait le choix d’arpenter le site et le quartier pour en comprendre son ambiance, son paysage, nous permettant de formuler par la suite notre perception sensible. Pour ce faire, nous nous sommes imposées une contrainte, celle de toujours longer la Deûle. Un paysage urbain, portuaire et naturel s’est alors dessiné devant nous. (Fig. 4) Nous avons réalisé une boucle autour de l’île des Bois Blancs, débutant notre parcours au croisement de l’avenue de Dunkerque et de la rue des Bois-Blancs pour le terminer au même point. Samedi 26 Mai 2018, 20 heures Le soleil se refroidit. Nous allons vers la Citadelle. De vieux bateaux sont amarrés, ils semblent sans activité. Les péniches se reposent le temps d’un week-end, il n’y a, en ce samedi soir, pas de mouvement sur la Deûle. Elle est lisse, elle est calme, ses reflets s’affichent sur le béton brut des hangars du port. Elle joue avec les lumières et compose avec les rayons du soleil. Le port est vide, de grandes structures béton en porte à faux nous font face. Les rails lient chacun des hangars entre eux, ils se glissent sous leurs toits majestueux. Nous arrivons à la Citadelle, le paysage défile le long de l’eau, après le pont, ce sont les arbres. Les familles sont installées dans l’herbe pour pique-niquer, les enfants font du vélo, les plus grands courent. L’esplanade enherbée de la maison folie de Lambersart offre un large espace de détente et de loisirs, face à la citadelle, face à cette immensité végétale soulignée par le chemin de la Deûle. De la

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3

4

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Fig. 4 Une composition paysagère au fil de l’eau

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8 7 9

10 1 2

10 - Port de Lille

9 - Gare d’eau

8 - Port de Lille

7 - Silo Standard

6 - Presqu’île Boschetti

5 - Gare d’eau

4 - Quai de l’Ouest

3 - La Citadelle

2 - Port de Lille

1 - Port de Lille


pointe de l’île de Bois-Blancs, nous longeons le bras du canal de Canteleu. Des kayaks et des canoës attendent patiemment sous un pont. D’autres sont alignés le long d’un mur, ils sèchent au soleil. S’ensuit un alignement de petites maisons 193023, reflétant le soleil sur leurs briques. Elles sont identiques et poétiques. Les nouveaux bâtiments de la ZAC dialoguent plus ou moins finement avec les existants. Au bout du quai, une place. Une place en travaux qui accueille la jetée de la gare d’eau. Une dizaine de péniches sont amarrées. Elles sont transformées en habitation et sont investies de plantes et de tables sur leur ponton. Le soleil commence à se coucher, l’eau prend une apparence huileuse, multipliant ses reflets à la surface. Nous allons alors vers la presqu’île Boschetti. Nous changeons d’univers, nous changeons de paysage. Le temps semble s’être arrêté. Le silo Standard S.A. s’élève tel un phare, il est seul, il est grand. Les herbes folles envahissent son sol. Nous franchissons la barrière empêchant l’accès véhiculé à la presqu’île. Il n’y a personne. Nous semblons être dans un autre espace-temps, ici l’histoire a laissé ses traces. Cette sensation de bout du monde est renforcée par une solitude exacerbée. Nous déambulons dans la friche, faisons le tour des hangars existants. Nous nous arrêtons un instant pour observer la gare d’eau. Deux mondes semblent se faire face. La presqu’île est en attente, en attente de revalorisation. Nous reprenons le cours du temps en repartant dans le quartier de Bois-Blancs, rejoindre notre point de départ.

Reconsidérer le territoire

Ce fragment de ville a connu de nombreuses évolutions et se

23 Les maisons 1930 sont des maisons de ville, des habitats ouvriers qui datent de l'ère industrielle. Elles sont typiques du nord de l'Europe et très présentes à Lille.

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positionne aujourd’hui comme articulation entre les villes de Lille et de Lomme. La presqu’île semble encore souffrir d’un problème d’identification de la part des habitants des deux communes. Elle se situe actuellement dans le périmètre de la ville de Lomme, dans le quartier du Marais et constitue la seule façade fluviale pour la ville. Elle est à proximité immédiate du quartier de Bois-Blancs situé à l’ouest de Lille, le long du canal de Canteleu. (Fig. 3) Les quartiers de Bois-Blancs et du Marais ont des histoires communes, ce sont d’anciens faubourgs au passé ouvrier et industriel qui ont connu une prospérité au XXe siècle. L’industrialisation du quartier du Marais débute dans les années 1900 avec l’installation de différentes industries liées au pétrole et au soufre d’une part et au développement de l’industrie textile d’autre part, avec notamment l’apparition de filatures de coton et de lin. La main d’oeuvre est présente sur site et les quartiers ouvriers se développent, formant ainsi un terreau fertile au déploiement d’une activité industrielle conséquente. En 1950, la construction du canal à grand gabarit et l’aménagement du port de Lille permettent une urbanisation massive des activités le long de la Deûle. En contrepartie, l’apparition du canal constitue une séparation physique importante entre le centre ville de Lille et le quartier de Bois-Blancs, formant ainsi une île artificielle se développant de manière autonome en se forgeant sa propre identité. (Fig. 5) La désertification des activités industrielles et ouvrières dans les années 1960 et 1970 liée à la crise générale de l’industrie confère à ces quartiers une nouvelle identité. Les principales activités sont abandonnées et des mutations urbaines prennent place, laissant paraître de nombreuses friches à ciel ouvert. Les

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quartiers de Bois-Blancs et du Marais se retrouvent dès lors dans des territoires enclavés, difficilement connectés aux centres-villes de Lille ou de Lomme. Le site de projet, anciennement rattaché à l’île des Bois-Blancs, devient quant à lui une presqu’île suite au comblement d’une partie du bras de Canteleu en 1971 et appartient dorénavant à la commune de Lomme. La transformation du réseau fluvial est une conséquence de l’inadaptation du point de jonction entre le bras de Canteleu et le canal à grand gabarit. Celui-ci ne permet pas le passage des péniches les plus importantes, d’où la nécessité de créer un nouvel accès entre l’île de Bois-Blancs et la gare d’eau. La même année, la presqu’île est rachetée par l’entreprise de travaux public Boschetti, lui donnant son nom. Quelques années plus tard, le site passe aux mains de la société Arcelor Mittal qui va y construire dans les années 1980 cinq hangars, encore aujourd’hui présents sur le site de projet. La ville de Lille entrevoit au début des années 2000 la possibilité de s’appuyer sur ce patrimoine industriel laissé à l’abandon pour envisager une reconversion urbaine et économique pour le quartier de Bois-Blancs, et indirectement pour la quartier du Marais. La mairie souhaite donner une nouvelle spécialisation à ce territoire en le projetant comme un nouveau pôle d’excellence métropolitain, spécialisé dans les nouvelles technologies d’information et de communication. Pour ce faire, la ville va lancer un important chantier de reconversion des anciennes filatures Le Blan-Lafont en 2006, inauguré en 2009 sous le nom d’Euratechnologie qui accueille aujourd’hui plus de 300 entreprises. Derrière ce projet, la ville de Lille a souhaité démontrer qu’un renouveau était envisageable pour ce territoire, elle y a défini un projet d’envergure pour le requalifier. La mairie a couplé à la création de ce pôle d’excellence, la création

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Aménagement des quais pour l’amarrage des péniches Développement des industries à Lille et Lomme

Création du canal à grand gabarit Création de la gare d’eaeu Aménagement du port de Lille

Port zone 1 - zone 2 Construction A25 Construction halles au centre de la presqu’île par l’entreprise Lecoeuch

Comblement du bras de Canteleu Densification de Lomme Rachat de la presqu’île par l’entreprise Boschetti

Construction pont avenue Kulhman Densification de Lomme Elargissement canal à grand gabarit Rachat de la presqu’île par Arcelor Mittal et construction 5 hangars

Destruction extension de la filature Le Blan-Lafont

Presqu’île abandonnée par Arcelor Mittal, presqu’île devient friche

Lancement ZAC Rives de la Haute-Deûle Occupation des hangars de la presqu’île par la mairie et des associations

Lancement du chantier d’Euratechnologie

Lomme

Lille

Sequedin

Inauguration Euratechnologie Préemption du site de la presqu’île par la communauté urbaine

Logements en bordure Euratechnologie Achat de la presqu’île par la communauté urbaine

Préparation au lancement de la phase 2 de la ZAC Opérations logements et bureaux autour d’Euratechnologie Restructuration place de la gare d’eau

Fig. 5 La presqu’île Boschetti au fil du temps 41


d’une zone d’aménagement concerté, les Rives de la Haute-Deûle qui a comme objectif principal de requalifier l’ensemble des friches industrielles autour du bras de Canteleu et de proposer une programmation en lien direct avec le pôle d’excellence mis en place. Depuis le lancement de ce nouveau projet urbain en 2003, 1600 personnes ont emménagé dans le quartier de Bois-Blancs. La phase 2 de la ZAC est dans une phase d’étude engagée et comprend dans son périmètre d’étude, une partie de la presqu’île Boschetti24. Ainsi, le site est encerclé d’une dynamique urbaine de reconversion et de mise en valeur du passé industriel lui conférant un caractère de chantier perpétuel. Les grues se montent et se démontent formant un bal continu de constructions. Le chantier est devenu un élément marquant du paysage de Bois-Blancs. (Fig. 6) La presqu’île Boschetti se présente actuellement comme un potentiel pour participer au développement futur de ce territoire. Pas encore complètement touchée par les nouveaux projets engagés par la mairie de Lille, elle semble être un terrain en attente pour venir activer et relier ces territoires lillois et lommois. La communauté urbaine a préempté le site de la presqu’île en 2010 et l’a acheté en 2012 dans le cadre de la phase 2 de la ZAC des Rives de la Haute-Deûle. Le site est aujourd’hui occupé par une quinzaine d’associations qui utilisent deux des anciens hangars d’Arcelor Mittal pour y stocker du matériel. Certaines de ces associations sont très actives dans le quartier, à l’image de TCF25 qui propose diverses manifestations théâtrales autour de l’eau à l’échelle de l’agglomération lilloise. D’autres associations fabriquent, sur le site, des décors de théâtre, des marionnettes ou encore des 24 Cette nouvelle phase d’opérations comprend la construction de plus de 2000 logements dans les dix prochaines années. 25 TCF : Transport culturel fluvial

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Fig. 6 Bois-Blancs, le bal des grues 43


Fig. 6 Bois-Blancs, le bal des grues 44


Fig. 6 Bois-Blancs, le bal des grues 45


instruments de musique et y travaillent le bois, le métal ou la sérigraphie. Les trois autres hangars légués par Arcelor Mittal sont occupés par les services techniques de la ville de Lille pour y entreposer les équipements forains destinés à l’événementiel. Ainsi, la presqu’île Boschetti présente des opportunités d’activation du territoire à l’aide d’un déjà-là associatif et social très présent et d’une dynamique à engager à une plus grande échelle.

Impulser le territoire : les volontés politiques

Les enjeux liés à la mutation de la presqu’île Boschetti ne se limitent

pas seulement à son ancrage associatif et social déjà très présent, ce fragment de ville est positionné à un endroit stratégique, dialoguant avec les volontés politiques de la ville concernant la trame bleue et la trame verte ainsi qu’avec des potentialités de valorisation du territoire. La presqu’île se place à la rencontre entre le bras de Canteleu et le canal à grand gabarit, elle s’inscrit aussi à l’articulation entre la ceinture verte lilloise et le désir de continuité écologique énoncé par la ville de Lomme. Ainsi, de par son positionnement, la presqu’île apparaît comme un futur territoire clé pour mettre en place les schémas définis à l’échelle de la métropole. L’objectif de la métropole européenne de Lille et de la ville est de valoriser et de mettre en scène la présence de l’eau dans l’ensemble des aménagements réalisés le long du bras de Canteleu et à plus large échelle, au sein de la métropole. Alors, la presqu’île Boschetti pourrait devenir un territoire attractif et innovant en intégrant sur son territoire de nouveaux axes de développement. Nous pouvons nous questionner sur le développement du réseau navigable

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par le tourisme fluvial pour lui offrir un rayonnement international. Concernant la trame verte, la métropole s’intéresse particulièrement au devenir des 10 000 hectares de friches industrielles présentes dans la région. La presqu’île Boschetti semble être un cas d’étude pour répondre aux préoccupations actuelles de la conservation de la biodiversité. L’idée étant de faire de ce site une articulation écologique entre la ceinture verte établie autour de Lille et le maillage écologique se mettant en place dans un axe nordouest / sud-est au sein de la ville de Lomme. L’objectif étant de conserver au maximum les espèces de la faune et de la flore déjà présentes sur la presqu’île et de les articuler à la ceinture verte déjà existante. (Fig. 7) Enfin, la ville entrevoit la possibilité et l’opportunité d’installer un septième pôle d’excellence autour de la presqu’île Boschetti, abordant les problématiques de la co-rénovation, de l’artisanat et des circuits-courts. La ville de Lille perçoit un intérêt dans le développement de ce territoire par son artisanat déjà présent dans le quartier du Marais et par l’installation d’une nouvelle dynamique. (Fig. 8) La presqu’île Boschetti semble ainsi être au croisement de différentes volontés politiques importantes, impactant son développement et ses enjeux territoriaux. Chacun de ces axes de développement s’appuie sur le déjà-là : l’eau, la biodiversité et l’artisanat avec comme objectifs communs, la révélation et l’impulsion du territoire en valorisant les éléments déjà présents sur site.

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Parc naturel urbain Lomme

Cité Jardin Jardin la maison des enfants

Citadelle

Plaine de la poterie

MultiLom

Parc Matisse Jardin des Maguettes

Requalification plateforme multimodale

Parc de la mairie Jardin Vauban

Parc des dondaines

Parc du Rossignol

rbain

Stade Léo Lagrange

Les Jardin concorde

Cité Jardin

a maison ants

Citadelle

S’articuler à la ceinture verte

Parc Jean Baptiste Lebas

Lomme

Nouvelle accroche verte existante

Plaine de la poterie

MultiLom

Nouvelle accroche verte en projet

Jardin des plantes

Parc Matisse

Ceinture verte

Jardin des Maguettes

Requalification plateforme multimodale

Parc de la mairie

La Deûle

Jardin Vauban

Parc des dondaines

Parc du Rossignol Stade Léo Lagrange

Les Jardin concorde

S’articuler à la ceinture verte

Parc Jean Baptiste Lebas

Lomme Nouvelle accroche verte existante Nouvelle accroche verte en projet

Jardin des plantes

Ceinture verte La Deûle

Fig. 7 La presqu’île, une future articulation à la ceinture verte ?

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L’UNION Ecrin de filière textile

EURAALIMENTAIRE Consommation produits frais et locaux

EURATECHNOLOGIE Technologies de l’information et de la communication, filière numérique

EURALILLE Quartier d’affaires et pôle tertiaire

7e POLE : « CIRCUIT COURT, CO-RENOVATION, ARTISANAT »

EURASANTE Pôle d’excellence santé et biologie

HAUTE BORNE Parc scientifique haute environnemental

Fig. 8 La presqu’île, un futur pôle d’excellence de la métropole ?

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Habiter le territoire : les usagers

Dans cette partie, nous envisageons le déjà-là par les usagers de ce

territoire en nous questionnant sur leurs ressentis et leurs impressions en tant qu’observateurs des évolutions prenant place autour du site. Puisqu’un territoire ne peut trouver forme sans ses occupants, il nous semble important de porter une attention particulière à ces derniers. Pour ce faire, nous avons travaillé à partir d’une vidéo réalisée le semestre précédent par les étudiants du domaine d’étude conception et société 26. (Fig. 9) Ils ont effectué des entretiens avec différents usagers du quartier de Bois-Blancs, aussi bien des habitants, des employés que des promeneurs occasionnels. Les étudiants ont centré leurs questions autour de la notion du temps, en interrogeant les usagers sur leurs ressentis du quartier en fonction des temps de la ville et de l’environnement qui les entourent : les temps de latence, les temps d’évolution et les temps de vie. Les réponses se sont faites différentes en fonction des usages spécifiques développés dans le quartier. Cependant, nous pouvons retenir de manière conjointe quatre axes de questionnement qui nous ont particulièrement intéressés : la place de l’eau, le paradoxe des temps d’usages du quartier, les temps de production urbaine et la communication avec les habitants. La place de l’eau d’abord, elle semble participer à la beauté et au génie du lieu. Elle se traduit par un apaisement et une convivialité, support pour organiser différents événements culturels. La situation d’île artificielle du quartier de 26 LANCELOT Marie, Enquête urbaine, Bois-Blancs, 10/17, 9min42, consultable sur https://www.youtube.com/watch?v=uYygJSlJyPk&t=149s

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Bois-Blancs renforce ce sentiment de communauté et d’identité propre à un territoire, appuyé par le rythme lent des bras de la Deûle. Le second point relevé par les usagers du site correspond aux différentes temporalités du quartier, mis en avant par le paradoxe qui s’installe entre des temps lents ressentis par les habitants, notamment le week-end et les soirées et des temps très courts et rapides, en journée, avec les allées et venus à Euratechnologie. Cette distinction dans les temps d’usage du quartier se fait également ressentir au travers de la production urbaine. Les chantiers s’enchaînent les uns après les autres depuis quelques années, laissant l’impression aux habitants de vivre dans un chantier perpétuel. Alors, finalement, les usagers se questionnent sur leur place dans le quartier et la future identité qui va se construire avec l’arrivée de nouveaux équipements. Les habitants interrogés soulignent le manque de communication entre la mairie, les constructeurs et eux-mêmes quant au programme des nouvelles constructions. Ils semblent se positionner en tant que simple observateur de l’évolution de leur quartier, sans avoir connaissance ni de ce qui se construit actuellement, ni de ce qui va advenir pour ce territoire. Une dualité semble s’installer entre les usagers déjà présents dans le vieux Bois-Blancs et les futurs équipements et habitants. Nous sommes dorénavant en mesure de formuler différents questionnements suite à ces entretiens pour nourrir la réflexion quant à l’installation d’une école d’architecture et de paysage sur la presqu’île Boschetti. Comment la conception et l’installation de ce nouveau programme peut-il concilier les temps rapides de la ville soutenues par la mairie et les temps lents imposés par

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Employé dans un institut de recherche à Euratechnologie

« C’est plutôt sympa comme cadre de travail, on a tout ce qu’il faut

à côté pour manger, [...] on a un super espace vert à côté puis on a la Deûle à côté, on a un petit port, enfin on a vraiment plein de choses sympas et puis ça construit encore de plus en plus. [...] C’est en plein essor, ça va être un bon endroit pour travailler, c’est un bon cadre. »

Fig. 9 Recueillir la parole des usagers du quartier

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Habitant d’une péniche sur la gare d’eau

« La campagne à la ville quoi, c’est très clair. [...] On a une vraie

convivialité et solidarité que j’ai retrouvé nul part ailleurs. [...] C’est un quartier qui devient super à la mode [...] Avant on était un petit peu social, mixité maintenant on est carrément dans le standing et les bateaux gênent un peu si tu veux. [...] C’est dingue, quand tu parles à des lillois, il y en a très peu qui connaissent cet endroit. »

Fig. 9 Recueillir la parole des usagers du quartier

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Habitant du quartier des Bois-Blancs

« Le seul problème c’est qu’ils en bâtissent trop d’un seul coup. Il y a

dix grues à moins de 800m à la ronde. [...] Depuis trois ans et demi on est en travaux. [...] Ca fait beaucoup de problèmes dans le quartier, ça énerve les gens. [...] On ne connaît pas les nouvelles activités qui sont en place, on en connaît aucune. [...] Très peu d’appartements, beaucoup de bureaux. Après 18h c’est calme, on n’entend plus rien. Le week-end il n’y a rien, il n’y a pas d’activités. »

Fig. 9 Recueillir la parole des usagers du quartier

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Visiteur occasionnel

« J’aime bien le lieu qui est assez atypique et familial. La vie est à son rythme, c’est assez lent j’ai envie de dire, les gens vivent à leur rythme. »

Fig. 9 Recueillir la parole des usagers du quartier

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le territoire naturel et notamment par l’eau ? Comment trouver un rythme intermédiaire de développement pour ce territoire ? Enfin, comment intégrer les habitants à la construction et à l’évolution de leur quartier et comment les informer sur le devenir de leur territoire ? Ces pistes de réflexion trouveront écho, par la suite, dans notre processus de conception, en les considérant comme un postulat de départ, comme une prise en considération du déjà-là.

Concevoir un fragment de ville à partir de son déjà-là et de ses ressources

Le projet de l’école d’architecture et de paysage doit s’inscrire

dans une continuité, en s’intégrant à un plan guide dessiné par un groupe d’étudiants au semestre précédent, dans l’atelier conception et société. Le plan guide sur lequel nous avons décidé de prendre appui s’attèle à comprendre les spécificités du territoire. De ce fait, la Fab City lilloise est pensée sur mesure pour répondre aux problématiques locales. Un principe est à l’origine de la conception de ce nouveau fragment de ville : le déjà-là au sein duquel une grande place est apportée au paysage. La proposition du plan guide est à comprendre sous forme de calques qui se superposent et s’adaptent autour d’un déjà-là. (Fig. 10) Ainsi, le premier objectif consiste à mettre en valeur toutes les entités existantes conservées. La Fab City se traduit en premier lieu par une organisation en trois types de bandes, guidant différents usages. Les bandes productives encouragent le développement d’une production locale, les bandes paysagères mettent en valeur et développent la biodiversité déjà présente sur site et les bandes mixtes renforcent l’habitabilité de ce nouveau fragment de ville. Le plan

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guide est réparti en cinq pôles distincts et spécifiques destinés à se rencontrer, s’entrecroiser et se nourrir de leurs savoirs : un pôle naval, un pôle artisanat, un pôle bois, un pôle alimentaire et un pôle culturel. Cette répartition s’organise autour de deux nouveaux programmes majeurs pour le quartier, à savoir une ressourcerie et un FabLab, celui-ci étant à comprendre comme un atelier collectif de fabrication. Notre posture trouve écho dans ce plan guide en l’envisageant comme une opportunité pour dialoguer avec ce déjà-là territorial. Comment l’école peutelle s’atteler à mettre en valeur ces halles existantes ? Que faire de la biodiversité déjà en place sur la presqu’île ? Ainsi, les bandes paysagères, prônant le non faire, nous semblent intéressantes pour composer avec les histoires du lieu. Les différents pôles concentrent en un même lieu une quantité de savoirs locaux et artisanaux permettant des échanges de connaissances possiblement fructueux avec le quartier et l’école. De plus, deux programmes phares nous interrogent. Comment la ressourcerie et le FabLab vont pouvoir se connecter à l’école d’architecture et de paysage et comment vont-ils pouvoir échanger leurs connaissances et leurs recherches mutuellement ?

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Conservation de l’existant

Organisation du plan guide en bandes

Fig. 10 Le plan guide, un travail de composition par calques superposĂŠs

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Edification de nouveaux bâtis, emplacement réservé pour l’école

D

E

C B

A

Organisation en pôles

A Pôle naval B

Pôle alimentaire

C Pôle artisanat D Pôle bois E

Pôle culturel, emplacement réservé pour l’école

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1.b S’intéresser aux ressources latentes

Nos milieux habités constituent un déjà-là pour toute nouvelle

conception. Ce déjà-là regorge de ressources latentes : matières déchues, espaces construits, savoirs, pratiques culturelles oubliées et/ou invisibles qui sont des opportunités ouvrant de nouvelles pistes d’action pour accompagner nos sociétés vers une transition écologique. Déceler ces potentialités nécessite méthode et intelligence puisqu’il s’agit avant tout d’apprendre à voir le latent, l’imperceptible, mais aussi à concevoir avec et pour le territoire. Ainsi nous portons un intérêt particulier à la question des ressources dormantes, dissimulées. Nous cherchons à prendre conscience de leur existence en les rendant visibles afin de démontrer leur rôle fondamental vers une production urbaine soutenable. Travailler à l’identification de ces ressources n’est en aucun cas synonyme de leur exploitation ou de leur épuisement systématique. Il ne s’agit pas d’identifier la friche Boschetti uniquement comme une étendue à bâtir mais plutôt de mettre en lumière les qualités latentes de cet espace. Quelles ressources latentes habitent aux quartiers du Marais et de Bois- Blancs ? Comment construire une méthodologie capable d’identifier et d’entrevoir cet inexprimé ? Quelles potentialités et perspectives d’action ? Dans un premier temps, nous tâcherons de définir ce terme ressource latente, avant de chercher à entrevoir, à identifier et à recenser ces latences, pour enfin étudier leurs potentialités et leur révélation nous menant à une méthodologie de production urbaine écologique.

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Qu’est ce qu’une latence ?

La latence peut avoir différentes significations. Ce terme semble

décrire un état de dissimulation ou d’attente d’éclosion. Il vient du latin latere signifiant «être caché»27. Ce mot introduit aussi une période de «latence intermédiaire entre deux périodes successives de dynamismes différents »28. Nous considérons donc les ressources latentes comme des potentialités dissimulées en attente d’éclosion, elles semblent en suspens : momentanément figées entre un passé et l’imminence d’un futur. Elles se trouvent dans un présent incertain, dans l’ambiguïté du « reste de »29 ou du «reste pour»30, entre sous-produit d’un processus ou partie manquante pour accomplir un acte. À la manière de Roberto D’Arienzo, architecte et chercheur au GERPHAU31, nous allons présenter trois interprétations de la latence permettant d’introduire ce vocable issu de champs disciplinaires spécifiques - médecine, biologie, psychanalyse, photographie - à l’urbain. La latence comme cycle intermédiaire, La latence est définie ici comme une phase située entre la fin d’un cycle et le 27 Étymologie CNRTL, consultable sur : www.cnrtl.fr, consulté le 15/04/18 28 GOUHIER Jean, « La marge. Entre rejet et intégration », dans BEAUNE Jean-Claude, Le déchet, le rebut, le rien, Seyssel, Champ Vallon, « collection Milieux », 1999, p.22 29 D’ARIENZO Roberto, « Liminalité : des restes urbains inévitables, ambigus, précieux », dans D’ARIENZO Roberto, YOUNÈS Chris, Recycler l’urbain, pour une écologie des milieux habités, op. cit., p. 64 30 Ibidem 31 Groupe d’Études et de Recherches Philosophie, Architecture, Urbain. Ce laboratoire basé à l’ENSA La Villette s’interroge depuis 2014 sur le devenir des milieux habités sous l’angle du développement durable.

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début d’un autre. Par exemple, en médecine, la latence est un intervalle situé entre la petite enfance et l’adolescence (6-12 ans). Freud définit cette période comme une phase marquant un arrêt dans l’évolution de la sexualité infantile. L’enfant désexualise ses relations, son énergie est « détournée[...]et employée à d’autres fins »32. Cette période de latence permet à l’enfant d’édifier des sens importants tels que la moralité, l’amour propre, l’autonomie, la sociabilisation et l’amitié. Le potentiel de cette latence réside donc dans cette période refondatrice, ou temps de recomposition au cours duquel s’établissent d’autres fonctions qui pourront prendre le relais. La latence comme relation insoupçonnée, Dans le domaine de l’archéologie, il existe une analyse spatiale développée par André Leroi-Gourham33 fondée sur la mise en évidence des structures latentes. Celles-ci sont des témoins discrets, des objets délaissés puisqu’ils ne semblent pas de valeur. Mais après une mise en évidence, ils garantissent une compréhension globale. Ainsi, le potentiel de ces latences est leur présence, il s’agit de les identifier, tout est là en attente d’une valorisation et d’une mise en réseau. La latence comme entité cachée, En biologie, en 1859, Charles Darwin introduit le concept de gènes récessifs. Ces gènes possèdent des caractères qui ne se manifestent pas à la naissance, mais qui peuvent se révéler plus tard et permettre à l’espèce de s’adapter. C’est une pré-adaptation dissimulée qui s’affirme à un moment, dans un milieu 32 FREUD Sigmund, Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Gallimard, « folio essais »,1989, p.100 33 André Leroi-Gourhan (1911- 1986) est un ethnologue, archéologue et historien français, spécialiste de la Préhistoire. C’est aussi un penseur de la technologie et de la culture, qui cherche à allier précision scientifique et concepts philosophiques

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favorable. Son potentiel réside dans l’attente de s’exprimer, dans sa révélation. Ainsi, ce mot latence est capable de traverser différentes disciplines. Alors, introduire ce terme dans « les secteurs établis de l’architecture et de l’urbanisme signifie aborder les systèmes urbains comme des biotopes en évolution permanente, des véritables écosystèmes régis par des relations complexes, entrelacées, complémentaires, visant à valoriser les ressources endogènes disponibles »34. Le caractère latent de ces ressources peut s’avérer alors fondamental pour rechercher de nouveaux équilibres aux systèmes anthropiques. En effet, comment trouver un rythme intermédiaire au développement du territoire, à la création d’une nouvelle école d’architecture et de paysage dans les quartiers du Marais et de Bois-Blancs ? L’école comme révélateur de ces ressources latentes.

Vers une méthode d’identification et de recensement Comment appréhender et répertorier ces ressources latentes ?

Recenser ces latences est une tâche complexe, à effectuer par

observation et analyse fine du territoire en croisant diverses informations et arpentage in situ. Ces latences posent des difficultés de perception, d’identification et de représentation. En effet, comment percevoir cet inexprimé ? Tout réside dans la vigilance du regard, dans l’observation attentive et 34 D’ARIENZO Roberto, «Mutations, temporalités, relations. Ressources latentes et transition des milieux urbains » dans D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, ROLLOT Mathias, YOUNES Chris, Ressources urbaines latentes, pour un renouveau écologique des territoires, op. cit. p.210-211

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délicate du territoire, il s’agit d’adopter un regard neuf sur les territoires que l’on connaît déjà tels les Smithson avec leur notion de as found. Nous avons choisi de tenter une première identification via deux outils : la cartographie ici par couches thématiques et le portrait par photographie. Ceux-ci, nous permettent de dénombrer, de quantifier, d’illustrer et de localiser ces ressources. Dans un premier temps, nous avons établi différentes thématiques de recherche de ces ressources liées à une vision de l’écosystème urbain comme gisement d’occasions à saisir. Nous avons identifié trois thématiques majeures, l’urbain comme ressource paysagère, l’urbain comme gisement de matière et l’urbain comme ressource sociale et culturelle. Ces trois thématiques offrent un regard particulier sur l’urbain que nous allons développer dans diverses cartographies et portraits, les considérant comme des outils d’identification. Des ressources paysagères Nous avons effectué plusieurs arpentages sur le site de projet, en découle toujours les mêmes sensations : celles d’un paysage insulaire, industriel et portuaire à la fois poétique et chaotique. (Fig. 11 - Fig. 12 - Fig. 13) Nous allons réaliser ici, un texte exprimant notre perception des ressources paysagères, sur site et dans le quartier. La presqu’île Boschetti est aujourd’hui peu désservie, une arrivée est possible à pied ou à bicyclette en remontant la rue Hegel depuis la station de métro. En longeant un bras de la Deûle, cette ballade est scandée par des séries de maisons 1930, de nouvelles constructions et des chantiers. Enfin une

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respiration, Euratechnologie posé sur sa grande pelouse témoigne du paysage industriel du site. S’ensuit la gare d’eau, étendue d’eau lisse et tranquille presque apaisante, nous quittons alors le quartier de Bois Blancs pour rentrer dans le Marais, impression de bout du monde. Nez à nez avec la presqu’île, se dessine le profil des halles Arcelor Mittal suivit d’une ample masse verte interrompue au loin par une émergence verticale du port de Lille qui vient perturber le paysage horizontal. Alors cette presqu’île apparaît comme une résistance au changement, un temps de jachère pour la ville. Cette péninsule est isolée et semble délocalisée, son existance est une respiration utile qui redonne du sens aux notions de temps. C’est un paysage sans ordre apparent où se joue le mouvement du plein biologique et du vide architectural. Notre ballade se poursuit, nous longeons toujours ce bras de la Deûle, entre maisons 1930 et friches, à nouveau, un retrait : nous observons le silo Standard S.A. posé au centre d’une vaste étendue herbacée, témoin d’un passé industriel. Le trottoir disparaît, la végétation foisonnante prend le dessus, peupliers, arbustes et herbacées, nous sommes arrivées à destination. La traversée de la presqu’île offre une sensation de pause et la découverte d’un paysage portuaire lillois en mouvement : tas de gravas, pont roulants, grues, péniches en action et entrepôts en débord sur l’eau de l’autre coté de la berge. La presqu’île Boschetti forme alors un paysage remarquable tel un tableau. Un paysage à dévoiler avec délicatesse et poésie, mais surtout à respecter puisqu’il contribue au génie du lieu. Nous identifions par le biais de ces arpentages une ressource latente paysagère insoupsonnée.

65


Fig. 11 Un paysage insulaire


Fig. 12 Un paysage industriel


Fig. 13 Un paysage portuaire


L’étude de l’urbain comme gisement de matière Nous réalisons quatre cartographies à savoir :

- le chemin de la matière à Bois-Blancs/ Lomme,

- les futures démolitions ou déconstructions,

- le réseau fluvial des restes ressources,

- le plan guide (conservation des ressources bâties).

Quels types de latence sont présents dans nos milieux habités ? Des ressources latentes du savoir autour de l’artisanat, (Fig. 14) Le chemin de la matière, Cette cartographie identifie les différents acteurs et entreprises installés à Bois-Blancs et au Marais dans le domaine des matériaux et leurs cycles de vie. En effet, il existe un bon nombre d’entreprises liées à la transformation de la matière, à son transport et à sa distribution, à son recyclage et aux outils nécessaires. Aujourd’hui ces acteurs cohabitent ensemble mais ne travaillent pas conjointement, alors comment créer un cycle vertueux de la matière ? (Fig. 15) Le réseau fluvial des restes ressources, Cette cartographie identifie les acteurs de la remise en cycle de la matière au sein de l’Eurométropole. L’atout majeur de ces ressources est leur mise en réseau via l’eau. La desserte fluviale permettrait de créer des connexions et donc des liens entre chaque entité, cette cartographie montre le réseau possible à mettre en place des restes ressources. Les quartiers de BoisBlancs et du Marais pourraient s’inscrire dans cette démarche notamment

69


39

37

11

Transformation de la matière

38

48

10

Transport du matériau 46

35 36

Distribution du matériau

9

33 8 49

47

31

34

Outils à disposition

15

7 16 32

45

6

Recyclage de la matière

17 1 2

23 18

29

50

28

40

27

30

3

24

19

26

25

3 42

41

51

2 1

5

54

4

14

12

15 16 17 18

Fig. 14 Envisager le cycle de vie de la matière 70

200m

ENECSOL : équipement photovoltaïque

19

Ternois fermetures porte de garage Art couture : tissus

40

Haesebrouck Ets : Fabricant outils

Bricorama : magasin bricolage

41

A. Novreze et Fils : Outillage de précision

25

Isoldry : magasin isolation thermique

42

Diatek : location matériel

26

DMS : bois de chauffage

Bollen Sté : tôlerie

27

Nord Carrelage : Carreleur

Diguet Pascal : Menuisier

29

Strada : fabricant meubles

53

0

23

7

14

13

Panalpina France : transport international de marchandise

First pack : fabrication emballages

9

21

22

Unostra : transporteur marchandise

37 38

Comar Lambersart : carrelage

6

13

44

Smart module concept : fabrication de logement en kit

Scanroad : transport marchandise à l’international

39

Transfo plastique

12

43

21

FRT : feraillage

11

22

Refinal Industries : Fonderie

4

10

52

20

5

8

20

Cashmetal Sequedin Métallurgie

Kalysse : métallerie

Amanite Roses : couturière

Cémex Bétons : unité de production de Loos Coats : fabricant textil, fil

Briqueteries du Nord : fabricant matériaux de construction et récupération déblais chantier

24

28

30

Asturienne : fournisseur matériaux construction TITC : négociant bois De-Ruyter : Couvreur

31

Favier : équipement climatisation

32

Favier Setrem : équipement chauffage

Worms Services maritime : transport inter. marchandise

33

Bibi : magasin meuble

New LOG : service transport

34

DT Froid : système climatisation

CMDU : centre multimodal de distribution urbaine

36

CIGL : logistique et transport

Sogetra : Logistique et transport

35

Waeterloos Stéphane : Menuisier Lille mini centre : pièces automobiles

43

Nord benne : mise à disposition équipements lourds

44

CGL : location de matériel

45

TechShop Ateliers Leroy Merlin

46 47 49

SARL Garage Paunet : réparation automobile

Ligier microcar : carrosserie

Vancar : carrosserie

48

Garage Matléo

50

Garage Chahed

51

Galloo : recyclage métaux

52

Triselec : entreprise de recyclage

53

Bartin recycling : recyclage et valorisation déchets

54

Briqueteries du Nord : fabricant matériaux de construction et récupération déblais chantier


LIEU DE DÉPOSE CONNU DES HABITANTS ET ANCRÉ SUR LE TERRITOIRE Déchetterie et centre de tri

Antiekbouw NV déchetterie Leper déchetterie Ledegem déchetterie Zonnebeke déchetterie déchetterie Wervik Kortrijk

Emmaüs et ressourcerie

déchetterie Kortrijk déchetterie Kortrijk

déchetterie Harelbeke

LIEU DE TRANSFORMATION ET DE RECONDITIONNEMENT

Euro-recycling

Entreprise déjà spécialisée dans le réemploi

déchetterie Kortrijk déchetterie Kortrijk Westviaamse Steencentrale déchetterie Menen déchetterie Menen déchetterie Kortrijk déchetterie Wervik déchetterie Comines

déchetterie Halluin

centre de tri Halluin

unité territoriale Tourcoing Armentières

Emmaüs Wambrechies

déchetterie Quesnoy-sur-Deûle

déchetterie Chapelle d’Armentières

déchetterie Roubaix

déchetterie Spiere Helkjn

Briqueterie du Nord

Remy MotteUnité territoriale

Emmaüs Saint-André

Unité territoriale de la Métropole Européenne de Lille

déchetterie Mouscron

ressourcerie Mouscron déchetterie déchetterie Mouscron Tourcoing déchetterie Mouscron Emmaüs Tourcoing

Matériaux authentiques

Emmaüs Armentières

LIEU DE STOCKAGE POSSIBLE

déchetterie Estaimpuis

déchetterie Roubaix Villeneuve d’Ascq La Madeleine Briqueterie du Nord déchetterie Mons-en-Baroeul ressourcerie Froyennes Briqueterie Briqueterie déchetterie futur déchetterie Unité territoriale Tournai du Nord du Nord Villeneuve d’Ascq Marcq La Bassée déchetterie Fromelles déchetterie Lille ressourcerie Tournai centre de déchetterie Unité territoriale tri Loos déchetterie Lille Seclin Tournai déchetterie Marquilles déchetterie Lille

Strada

Dorchies & Cie

Recyclage Matériaux du Nord déchetterie Seclin

Tournai

déchetterie Antoing déchetterie Rumes

0

10km

Fig. 15 Envisager une mise en réseau fluviale des restes- ressources 71


avec l’installation d’une ressourcerie au sein du plan guide de la presqu’île Boschetti. Nous identifions alors deux premières ressources latentes aux relations insoupçonnées, dont le potentiel ne doit pas être négligé. Ce sont des ressources latentes du savoir autour de l’artisanat, leur potentialité réside dans l’idée de cycle de fabrication de la matière jusqu’à son recyclage. Des ressources latentes architecturales (Fig. 16) Les futures démolitions ou déconstructions, Actuellement, la volonté de la mairie vis-à-vis des bâtiments existants consiste à s’interroger sur le potentiel matériologique des édifices avant même de songer à une réhabilitation ou bien à une démolition… Il s’agit d’établir un protocole de déconstruction pour envisager la ville comme un gisement de ressources renouvelables. Comment réemployer, recycler l’urbain ? La mairie pousse ces réflexions à partir d’un projet phare : l’ancien lycée hôtelier Michel Servet35. Nous avons souhaité prolonger cette initiative par la mise en place d’une cartographie cherchant à repérer :

- les futures démolitions pour les envisager comme des

déconstructions,

- les veilles foncières et les projets de l’ANRU36 afin d’établir une

prospection des déconstructions à venir sur un plus long terme.

Via cet outil cartographique nous ne nous cantonnons pas à envisager la ville comme un gisement. Nous effectuons un recensement sélectif d’opportunités à proximité du chantier de l’école. Enfin la déconstruction est une alternative 35 Se situe à proximité de la presqu’île Boschetti (au n°1 rue Michel Servet 59000 Lille), comme vous pouvez le voir sur la cartographie. 36 Agence nationale pour la rénovation urbaine

72


Projet modèle : l’ancien lycée hôtelier Futures déconstructions possibles Prospection des déconstructions à venir

1

9 10

Aujourd’hui : ancien lycée hôtelier Michel Servet Projet en cours : Centre hébergement SDF en attente de projet

8

7

2

11

Aujourd’hui : station essence Total Access marchand de meubles Projet en cours : logements et activité en rez-de-chaussée

3

3 Aujourd’hui : Activité tertiaire

4

Projet en cours : future mairie de quartier

4 Aujourd’hui : ancien halle Transpole, site EDF Transpole

2

Projet en cours : nouveau parc urbain + 400 logements 1

5

Aujourd’hui : ancien collège Madame de Staël et son gymnase Projet en cours : centre de secours et logements

6 Aujourd’hui : cité HLM Concorde Projet en cours : rénovation des logements HLM

7 Aujourd’hui : ancienne usine de grillages Netten

5

Projet en cours : université de l’innovation

8 Aujourd’hui : Etablissements Millon & Construction (fourniture et outillage industriel) Projet en cours : 74 logements

9 Aujourd’hui :

6

Manque d’informations

Projet en cours : 14 logements

0

200m

Fig. 16 Ressources latentes bâties, potentiels de déconstructions. 73

10 Aujourd’hui : Demeco déménagement Projet en cours : en attente de projet


Fig. 17 Conservation des ressources bâties 74


à la démolition pour une conception favorisant la transformation plutôt que la tabula rasa. Il s’agit d’apprendre à voir les entités recyclables. Ce sont donc des futurs ressources matériologiques en attente. (Fig. 17 / Fig. 10 - p.58) Le plan guide Il a pour objectif de mettre en valeur les entités existantes conservées qui correspondent souvent à des restes urbains, en attente de s’exprimer, de se révéler. Par le biais de ces deux dernières études, nous avons identifié deux ressources latentes architecturales qualifiables d’entités cachées. Ainsi, nous accordons un intérêt particulier aux bâtiments qui vont être détruits, aux bâtiments en ruine. Comment reconsidérer ces destructions, ces fins de vie ? Des ressources latentes sociales et culturelles L’étude de l’urbain comme ressource sociale et culturelle aboutit à la réalisation d’une cartographie identifiant les diverses associations sportives, culturelles, sociales et paysagères de Bois-Blancs et du Marais. Celle-ci illustre la présence d’un grand nombre d’associations dans ces quartiers témoignant d’un désir et d’une volonté de partage, de participation et de rencontre. (Fig. 18 - 19) Nous considérons ces associations comme des ressources latentes sociales assurant un renouvellement urbain via une participation citoyenne. Nous souhaitons concevoir le projet avec ces acteurs encore trop peu souvent sollicités. Nous envisageons de travailler avec l’incertitude et l’imprévu de notre société, avec les pratiques et les savoirs locaux comme ressources latentes, c’est-à-dire : « Réinterpréter les actions spontanées, les savoirs oubliés, les pratiques locales, en tant que ressources territoriales spécifiques, sousjacentes, [permettant] de réassocier la planification urbaine véhiculée

75


24

ASSOCIATIONS SPORTIVES 19

1

6

9

2 3

18

23

4 5 14

6

12

17

7 8 16

9

13

5

8 4

25

10

3

11

10

1

Futsal Club Bois-Blancs

Boxing Club Lille Bois-Blancs Racing Club des Bois-Blancs

Lille Basket Club

Association La Deûle ACBB Football

Complexe Youri Gagarine Iris Hockey Lambersart

ASSOCIATIONS CULTURELLES ET SOCIALES

20

2

Association sportive des Bois-Blancs

11 22 7 15

12 13

21

14 15 16

Maison de quartier des Bois-Blancs

Association du Chalet des Bois-Blancs

Centre d’insertion des Bois-Blancs Epricerie solidaire

Banque Alimentaire du Nord Association Eclats

Association AFOC

17

FCP Lille Bois-Blancs

18

Rencontre et loisirs

19 20 21

Colysée : Maison Folie Lambersart Espace Pignon

Transport culturel fluvial

ASSOCIATIONS JARDINS 22

0

Fig. 18 S’appuyer sur les ressources latentes sociales et culturelles 76

200m

Jardin des Papillons

23

Jardin du Sourire

24

Les Jardins du Colysée

25

Smart Pots Gare d’eau


Fig. 19 L’association la Deûle, une volonté de partage et d’échange 77


par les institutions avec les désirs et les attentes des habitants »37. Nous venons d’identifier quatre catégories de ressources latentes autour du site : paysagères, artisanales, architecturales et socio-culturelles. Ce travail ébauche la mise en place d’un inventaire de certaines ressources, il ne s’agit pas de toutes les identifier et les dévoiler. Ainsi, après l’identification et la définition des potentialités de ces latences, nous pouvons nous interroger sur leur visibilité et leur utilisation pour concevoir le territoire et accueillir une nouvelle école.

Les ressources latentes comme futur support de dynamiques urbaines ?

Il s’agit désormais de problématiser les potentiels des latences pour

leur donner une valeur et un nouveau rôle à jouer dans le projet de l’école. Nous allons voir comment révéler ces ressources latentes pour un fonctionnement urbain circulaire-valorisant au sein d’un écosystème citadin. Adopter une posture de dévoilement du latent, c’est opter pour « une capacité renouvelée à regarder le projet de la ville à partir du non visible ou du négligé »38, la force du projet n’est plus seulement dans l’apparence, elle est aussi dans le latent. Il s’agit alors de mettre en place une pensée lente de dévoilement de ces ressources. Peut-être faut-il utiliser et s’approprier ce 37 D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, ROLLOT Mathias, YOUNES Chris, Ressources urbaines latentes, pour un renouveau écologique des territoires, op. cit.p.16 38 TUFANO Antonella, « Les clés de la latence : dispositifs conceptuels pour la fabrique du projet », dans D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, ROLLOT Mathias, YOUNES Chris, Ressources urbaines latentes, pour un renouveau écologique des territoires, op. cit.p.147

78


temps de latence comme en photographie, comme un temps de révélation d’une image, pour ensuite favoriser sa future remise en cycle. En effet, il ne s’agit pas de faire rentrer ces espaces ressources dans un cycle de productionconsommation (très rapide et linéaire-dissipant) mais de les utiliser comme « levier de changement des démarches de conception »39 ; tel un recyclage de la pensée urbaine, c’est-à-dire penser la ville de manière écologique. Nous envisageons la presqu’île Boschetti comme un fragment de « ville de 3e génération »40, une cité qui « croît sur une ruine organique de la ville industrielle : une forme ouverte, une machine organique liée aux savoirs locaux et aux actions communautaires auto-organisées »41. Ainsi les ressources et les savoirs latents architecturaux, sociaux et paysagers sont présents dans la ville et ne demandent qu’à être révélés par de micro-interventions spécifiques. Alors nous concevons cette école d’architecture et de paysage comme levier pour articuler et inaugurer le dévoilement de ces ressources sur le long terme par acupuncture urbaine42. Nous agissons sur un territoire spécifique par de micro-interventions tactiques43 cherchant à obtenir des répercussions et une transformation en série de l’écosystème urbain, pour un renouveau global. L’acupuncture urbaine est alors notre moyen pour mettre en place un recyclage urbain. C’est un moyen spécifique et souple garantissant une série 39 TUFANO Antonella, « Les clés de la latence : dispositifs conceptuels pour la fabrique du projet », dans D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, ROLLOT Mathias, YOUNES Chris, Ressources urbaines latentes, pour un renouveau écologique des territoires, op. cit.p.147 40 CASAGRANDE Marco, «Milieux urbains : activer l’inclusion, De l’acupuncture urbaine à la ville de 3e génération », dans REVEDIN Jana, La ville rebelle – Démocratiser le projet urbain, Paris, Editions Gallimard, 2015, p.38 41 Ibidem 42 Théorie bio-urbaine, qui conjugue la sociologie et l’aménagement urbain avec la théorie médicale chinoise de l’acupuncture, source : Ibidem 43 Ibidem

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d’interventions opportunes.

Pour éveiller ces ressources dormantes, la nouvelle école d’architecture et de paysage doit être conçue comme un événement fédérateur dans le quartier qui va impulser ce territoire. Cette école serait le premier levier d’une série d’actions ponctuelles et spécifiques à Bois-Blancs et au Marais, que nous développerons par la suite. Il s’agit de révéler « le territoire [qui] n’est pas un emballage perdu ni un produit de consommation qui se remplace [...] d’où la nécessité de «recycler», de gratter une fois de plus (mais si possible avec le plus grand soin) le vieux texte que les hommes ont inscrit sur l’irremplaçable matériau des sols, afin d’en déposer un nouveau, qui réponde aux nécessités d’aujourd’hui avant d’être abrogé à son tour »44. Puisqu’un territoire ne peut exister sans ses habitants, il nous semble important d’inclure ces derniers dans notre démarche et de leur accorder une attention particulière. Pour ce faire, nous souhaitons mettre en place comme toute première micro-intervention, une mise en visibilité des potentialités de leur quartier. C’est-à-dire une sensibilisation, une redécouverte de ces ressources par révélation, tout simplement par le fait d’habiter quelques heures ces espaces, d’y passer, de les reconsidérer. Nous adoptons une posture, dans un premier temps, similaire à celle du groupe Stalker45, observatoire nomade italien, qui dès 1995 met en place des initiatives comme des marches à travers 44 CORBOZ André, «Le territoire comme palimpseste », diogène, n°121, 01-03/83, p.25 45 Groupe d’artistes et d’architectes créé à Rome en 1995, composé de : Francesco Careri, Aldo Innocenzi,Romolo Ottaviani, Giovanna Ripepi, Lorenzo Romito, Valerio Romito.

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les vides urbains sensibilisant le grand public à ces territoires latents - une mise en visibilité de ces ressources. Ce collectif a conscience d’agir sur des espaces fragiles, qui ont longtemps été abandonnés, cachés. Stalker a toujours considéré « les espaces latents, non pas comme une ressource à utiliser en vue des prochaines transformations de la ville, mais plutôt comme quelque chose à aborder poétiquement dans l’immédiat. C’est pourquoi nous laissons ces espaces dissimulés, à l’usage de ceux qui savent y accéder, comme une ressource à abandonner avec soin pour les générations à venir. »46 Stalker envisage ces ressources pour un futur, et non une intervention immédiate. Aujourd’hui, notre approche consiste en une sensibilisation et une redécouverte de ces latences à Bois-Blancs et au Marais pour, dans un futur, envisager leur remise en cycle délicate sur le long terme. À la manière de Stalker, à travers des marches dans les quartiers de Bois-Blancs et du Marais, nous avons dessiné une géographie du latent via ces diverses cartographies. À travers ces outils, nous cherchons à capter et à synthétiser les informations et les ressentis accumulés lors de ces différents parcours, en essayant d’établir un portrait de ces latences. Finalement notre démarche s’attèle à requestionner les temps et la manière de concevoir la ville en reconsidérerant les potentialités des quartiers de BoisBlancs et du Marais. Il s’agit d’adopter comme méthode le recyclage urbain via une prise en compte du déjà-là et un dévoilement de certaines ressources 46 CAERI Francesco, « Latitants métropolitains », D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, ROLLOT Mathias, YOUNES Chris, Ressources urbaines latentes, pour un renouveau écologique des territoires, op. cit.p.342

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2 | INTERROGER ET ACTIVER LE TERRITOIRE

Une programmation liée aux potentiels du territoire



latentes. Ces potentialités offrent la possibilité d’ancrer la future école dans un territoire spécifique pour une nouvelle pédagogie.

La révélation du territoire doit, d’après nous, se dérouler en

relation étroite avec les usagers et de ce fait, nous portons un intérêt particulier au déjà-là social et économique de Bois-Blancs et du Marais pour développer une école activatrice de son territoire. Nous partons d’un postulat de départ énoncé par le psychanalyste et philosophe français, Félix Guattari, qui expose les « phénomènes de déséquilibres écologiques »47 se mettant peu à peu en place et conséquences directes du chemin que suit notre société. Ainsi, « les modes de vies humains, individuels et collectifs, évoluent dans le sens d’une progressive détérioration »,48 nous questionnant quant aux possibilités de repenser un usage commun de la ville. Comment concevoir ce nouveau fragment de ville par la révélation des liens unissants les usagers ? Comment rendre possible l’appropriation de ce territoire ? Comment concilier ces modes d’actions au respect des rythmes du territoire déjà présents ? Nous allons pour ce faire, convoquer notre outil principal de travail, une frise chronologique, qui nous a permise de mettre en place une méthode adaptée aux différents temps de la ville et du territoire. Celle-ci nous a ensuite guidé dans l’énonciation des principes directeurs de l’organisation spatiale de la future école. Pour cela, nous affirmons notre position forte de penser l’école à la fois pour les habitants du quartier et pour les étudiants de l’école. Pour renforcer l’ancrage de la future école dans son territoire, nous définissons 47 GUATTARI Felix, Les trois écologies, Paris, Galilée, « L’espace critique », 1989, p.11 48 Ibidem

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deux volontés claires et distinctes au sein de ce programme : envisager l’école d’architecture et de paysage comme un levier culturel et social et, en parallèle, comme un nouveau pôle d’excellence du recyclage, avant de l’envisager sous son angle de l’enseignement.

2.a Favoriser l’ancrage territorial de l’école : mise en place d’un phasage Une méthode adaptée au respect des différents temps de la ville

La posture d’éco-concepteur que nous mettons en place dans cette

partie s’affine ici en considérant l’architecte comme un accompagnateur pour impulser le territoire. Accompagner les transformations au fil du temps induit forcément une attention particulière portée aux cycles de vie passés et à venir. Ainsi, nous nous interrogeons sur la méthode à adopter pour engager une démarche lente et respectueuse du territoire, une démarche pour composer avec. En effet, « la ville n’est pas une nappe homogène où tout vit au même rythme, elle est composée de chantiers : de constructions, de temps morts, de déconstructions, de travaux de reconversion… »49, chacun exerçant des rythmes différents sur le territoire. Dès lors, ces amplitudes nous interrogent, comment les adoucir pour instaurer une transition nous menant à une révélation du territoire ? Pour ce faire, nous nous sommes appropriées un outil de conception, la frise chronologique permettant une connaissance fine du passé, une organisation en phases pour l’arrivée de l’école et une prospection quant aux cycles de vie du 49 LANGLAIS Adèle, (sous la direction de BARRÈRE Céline et ESTIENNE Isabelle), L’occupation temporaire des terrains vacants en transition urbaine : une nouvelle stratégie dans l’élaboration du projet urbain ?, 06/17, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, p.75

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futur projet. Nous traduisons et appliquons le principe de « l’ acupuncture urbaine »50 énoncé précédemment comme un moyen nous permettant d’envisager notre méthode de recyclage. Ce principe tente de mettre en valeur et de réunir les savoirs locaux et le déjà-là, présents autour du site. C’est un moyen doux et écologique qui favorise l’adaptation des territoires sur lesquels elle opère. Notre objectif est de tester le territoire sur sa réceptivité à accueillir un programme tel qu’une école d’architecture et de paysage via l’acupuncture urbaine. L’utilisation des temps courts dans l’aménagement de la presqu’île Boschetti permet l’expérimentation et la modulation du futur projet de l’école. Cette démarche fonctionne suivant le pas à pas et répond également à une volonté énoncée par la mairie de Lille, dans le cadre du concours Europan : « La mutation de la presqu’île Boschetti [...] doit être envisagée par étapes et par des usages éphémères qui ne pourront occuper le site que partiellement et éventuellement se pérenniser. »51 L’idée étant de promouvoir les temps d’écoute et les temps d’accueil du territoire pour adopter une démarche respectueuse. L’objectif de cette méthode est également de s’inscrire dans une reconquête du territoire avec les usagers et de les intégrer au processus de transformation. À l’image de Isabella Inti et de Roberto D’Arienzo, nous pouvons comparer cette méthode de projet par analogie à la croissance d’une espèce végétale dans la nature. Les temps d’attentes peuvent être assimilables à des temps de 50 CASAGRANDE Marco, «Milieux urbains : activer l’inclusion, De l’acupuncture urbaine à la ville de 3e génération », dans REVEDIN Jana, La ville rebelle – Démocratiser le projet urbain, op. cit., p.38 51 Europan 14, Dossier de site, Lille : île des bois blancs, op. cit., consulté le 01/03/17

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floraison, laissant le temps aux occupations et aux événements de se tester sur le territoire, de mourir ou de germer. Les pratiques les plus résistantes vont pouvoir s’enraciner pour ensuite être récoltées et soignées par l’ensemble des usagers du territoire. Ainsi, une communauté va se créer autour de ce processus lent de croissance et de révélation du territoire.

Un projet étape par étape

Nous allons dorénavant nous intéresser plus précisément à la

réalisation de cette frise comme outil de conception, celle-ci mêle différents champs d’intervention sur le site afin d’envisager une reconquête globale du territoire. (Fig. 20) De ce fait, nous allons commencer par nous intéresser aux cycles de vie présents ou à venir sur la presqu’île Boschetti. Nous portons une connaissance attentive au site de la future école et pour ce faire, nous avons réalisé un historique d’occupation des cinq halles constituant le déjà-là du site. Ce travail nous a permis de nous questionner quant aux bâtiments présents et à l’attitude employée vis-à-vis de cet existant. Ainsi, nous avons défini différents cycles de vie du site de projet. Nous envisageons le cycle 0 comme étant la première acquisition par une entreprise privée, ici l’entreprise Boschetti, de la presqu’île. Ce cycle se déroule entre 1971 et 1980. S’ensuit alors le cycle 1, correspondant à la construction des cinq halles sur site et à leur occupation. Le site est passé par différents propriétaires, les hangars sont aujourd’hui occupés par des associations dont TCF. Le cycle

2 est celui du projet de l’école d’architecture et de paysage, celui où nous intervenons. Nous l’avons recoupé en sept temps distincts correspondant à

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Cycle 0

Cycle 2 - T0

Cycle 1

1971

1980

Cycle 2 - T1

2018

2020

Objectif 2

Objectif 1

IMPULSER LE TERRITOIRE

IDENTIFIER LES ENJEUX DU SITE S N O I T N E V R E T N I

r e i t r a u q

Identifier les ressources latentes du territoire

S N O I T N E V R E T N I

e t i s

Acquisition de la presqu’île 1971 Site acheté par l’entreprise de travaux public Boschetti

S N O I T N E V R E T N I S E U Q I T A M E H T

Révéler le territoire et impulser une démarche participative

e l î ’ u q s e r p

Transformation des halles au nord-ouest du site

Occupations du site 1980 Site racheté par Arcelor Mittal - construction des halles 2002 Occupation des hangars par des associations et les services techniques de la ville de Lille 2010 Préemption du site par la communauté urbaine dans le cadre de la ZAC RHD 2012 Site racheté par la communauté urbaine

1ère réunion publique Réunion de concertation

Fête de la gare d’eau sur la presqu’île

Ecole de Villeneuve d’Ascq : Offre pédagogique centrée sur la participation et l’écologie Proposer des cours-outils pour permettre l’inventaire Développer un pôle de recherche : transition écologique

Début de l’installation de la ressourcerie dans le quartier

Site de la future école : Inventorier la friche Dépolluer les sols Identifier les ressources latentes paysagères et architecturales

PEDAGOGIE

INAUGURATION DE LA RESSOURCERIE

Installation de nouvelles stations V’Lille Mise en place d’une navette fluviale

Proposer des promenades thématiques pour appréhender le site Proposer des ateliers découverte sur la dépollution des sols

CONCEPTION

Inventaire de déconstruction + Déconstruction des éléments de remplissage des 3 halles nord-ouest

CREATION DE LA MAISON DU PROJET Exposition Rencontre Information

Planter la façade fluviale de la presqu’île et articuler le futur parc à la ceinture verte

CHANTIER

RESSOURCERIE

TRANSPORTS

S R U E T C A

Architectes

Ecologue

Associations

Etudiants

Mairie

Associations

Habitants

Etudiants

Ecologue

STB Architectes déconstructeur

Responsable ressourcerie

Prospecteur*

Etudiants

Fig. 20 Un outil de conception pour une reconquête globale du territoire 89

Architectes

Associations

Etudiants

Mairie

Habitants

Associations

Mairie

Etudiants

Habitants

Créa sur l Mise ligne


Cycle 2 - T3

Cycle 2 - T2

Cycle 2 - T4

2022

2021

2024

Objectif 4

Objectif 3

CONFORTER LE PROJET DANS LE TERRITOIRE

ANCRER LE PROJET DANS LE TERRITOIRE

Dynamiser et rendre accessible le site pour développer son attractivité

Objectif 5

INTENSIFIER LE TERRITOIRE

Assurer la diffusion, rayonner

Laisser le projet se révéler

Transformation de la halle centrale et déconstruction de la halle sud-est + déconstruction partielle de la dalle béton

Programmation Co-conception avec les futurs usagers

Co-conception Définition des ambiances avec les usagers

açade fluviale de e et articuler le à la ceinture verte

Associations

Mairie

Etudiants

Habitants

Création d’un arrêt fluvial sur la presqu’île Boschetti Mise en place de nouvelles lignes de bus

INSTALLATION D’UN CAFE DANS LA MAISON DU PROJET Création d’un partenariat avec les associations du quartier

Permettre du stockage temporaire dans la halle nord-ouest

Mairie

Ancrage de la ressourcerie dans un réseau fluvial à plus grande échelle

Architectes

Associations

Partenariat entre la ressourcerie et l’école de Villeneuve d’Ascq

Etudiants

Habitants

Construction des structures ossature-bois

Chantiers autour du site de la future école : Initiation à la déconstruction Apprentissage de l’expertise Apprentissage sur le cycle de vie des matériaux

Prospecteur*

Responsable ressourcerie

Etudiants

STB déconstructeur

Construction de structures Initiation au éphémères dans l’échelle 1 fonctionnement pour les transposer sur la de la ressourcerie presqu’île

Responsable ressourcerie

Etudiants

Habitants

COURS PUBLICS SUR LA DECONSTRUCTION ET WORKSHOPS AVEC LES ARTISANTS DANS LA MAISON DU PROJET

PARTENARIAT ENTRE LA MAISON DU PROJET ET LE CYCLE DE CONFERENCE DE L’ECOLE

Artisans Responsable ressourcerie Prospecteur* Asturiennes

Etudiants

Associations

Mairie

Architectes

Mairie

Réunion chantier publique co-construction

Ecole de Villeneuve d’Ascq : Réalisation du diagnostic de déconstruction de l’ancienne école Transformation ex ENSAPL ? Co-working ? Fablab ?

Architectes

Associations

Etudiants

Habitants

Architectes

Prospecteur*

Etudiants

LA MAISON DU PROJET ACCUEILLE LA MAISON DU CHANTIER Informer Suivre Diffuser au quartier

Site de la future école :

Déconstruction de la halle centrale et de la sud-est 3 jours initiation chantier : - type stage ouvrier - suivi de chantier Cours in situ

STB Responsable déconstructeur ressourcerie Architectes

Etudiants

Stockage- Revente matériaux déconstruction des halles Site de la future école :

Préparation du sol des bandes paysagères

Architectes

Etudiants

Habitants

Site de la future école :

Artisans Architectes Asturiennes

Etudiants

Site de la future école :

Lancement chantier : structure en ossature bois Co-construction Cours in situ

Responsable ressourcerie

Workshop co-construction Cours in situ Intallation des remplissages

Artisans Architectes Asturiennes

Etudiants

Responsable ressourcerie

Habitants

Habitants

90

Responsable Architectes ressourcerie

Etudiants


Cycle 2 - T5

été 2027

Septembre 2027

Objectif 6

Objectif 7

Objectif 8

PERIODE SCOLAIRE

PERIODE ESTIVALE

VIE DE L’ECOLE

DEMENAGEMENT

Laisser vivre le projet

Inauguration de l’école

Stockage- Revente matériaux déconstruction ENSAPL

Site de la nouvelle école : Inventaire et gestion des stocks

Site de la nouvelle école :

WE Conférence Débat

WE Cinéma

LA MAISON DU PROJET DEVIENT LA CAFETERIA DE L’ECOLE

Création d’un partenariat entre l’école et Les Asturiennes

Workshop mobilier

Workshop public à la ressourcerie : sensibilisation au réemploi

Objectif x

VIE DE L’ECOLE

Préparer l’ouverture de l’école

Worshop estival déconstruction partielle ENSAPL

Cycle 3

Cycle 2 - T7

Cycle 2 - T6

2027

FIN DE VIE DE L’ECOLE

Laisser vivre le projet

Atelier découverte du paysage au jardin expérimental

WE Exposition

Évènements au sein de la Fablab

Fête de fin d’année

Centre de Loisirs de Bois-Blanc

Penser un nouveau cycle

Worshop estival

WE Théatre

Site de l’ école : Partenaire des déconstruction aux environs Stockage et ressource de l’atelier expérimental

Site de l’ école : Evolutivité/ adaptabilité de la structure ossature bois

Site de l’ école : Vers une gestion environnementale

Démontabilité ? Nouvel usage ? Manque de place ? Plus besoin d’architecte et de paysagiste ? Innondation ?

Proposer des chantiers écoles aux alentours : une formation au contact des artisans

Exercices collaboratifs pour l’aménagement de la presqu’île

EVENEMENTS

STB Architectes déconstructeur

Responsable ressourcerie

Etudiants

Architectes

Responsable ressourcerie

Etudiants

Responsable ressourcerie

Associations

Etudiants

Artisans Asturiennes

Habitants

STB déconstructeur

Responsable ressourcerie

Etudiants

Associations

Mairie

Habitants

Habitants

91

Etudiants

Ecologue

Etudiants

Associations

Habitants

Responsable ressourcerie

Architectes

Responsable ressourcerie

Etudiants

STB déconstructeur


des temps d’actions successifs, aux objectifs différents. Le cycle débute ainsi en 2018 et s’étend, accompagnant le temps de fonctionnement de l’école. Nous envisageons ici un processus lent pour implanter l’école d’architecture et de paysage d’environ dix ans. Enfin, nous définissons un cycle 3 pour penser un nouveau cycle de vie après celui de l’école. Celui-ci nous permet d’aborder de nouvelles problématiques telles que la question de la démontabilité : comment favoriser un nouvel usage sur ce site ? Notre travail porte sur le cycle de vie numéro 2. Nous y avons défini différentes étapes pour impulser le territoire de manière respectueuse et donner des rythmes d’actions en fonction des résultats souhaités. Ainsi, nous avons exposé le chemin de notre pensée pour énoncer notre volonté de faire avec et pour le territoire. Nous débutons, dans le temps 0, par une phase d’identification des enjeux du site en s’intéressant particulièrement au déjà-là et aux ressources latentes. S’ensuit, une révélation du territoire, dans le temps

1, par l’impulsion d’une démarche participative. Suite à cela, nous envisageons l’ancrage du projet dans le territoire par une accessibilité autour du site pour développer son attractivité. Le temps 3, quant à lui, cherche à conforter le projet dans le territoire en lui laissant du temps pour se révéler. Le territoire s’intensifie dans le temps 4, assurant sa diffusion et son rayonnement. Le déménagement de l’école de Villeneuve d’Ascq sur la presqu’île Boschetti se déroule dans un temps 5 où l’objectif est de préparer le territoire à l’ouverture de l’école. Les temps 6 et 7, quant à eux, laissent vivre et se révéler le projet, en période scolaire et en période estivale. Nous avons accompagné ce travail par la réalisation de cartes schématiques, indiquant en rouge les impulsions et les modifications ayant lieu sur le territoire menant, pas à pas, à l’implantation

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de l’école. Nous avons ensuite mené un travail plus précis sur les cinq halles existantes, présentes sur la presqu’île Boschetti. Nous avons programmé des temps d’intervention distincts en fonction des halles et de leurs futurs usages. Ainsi, le chantier de l’école débute avec l’installation d’une maison du projet sous la halle centrale existante. S’ensuit la transformation des halles au nord-ouest du site, la structure y est conservée ainsi que la dalle, nous venons simplement y apposer une couverture permettant son utilisation rapide et sa préservation. Dans un second temps, nous envisageons de transformer la halle centrale et de déconstruire la halle située au sud-est du site. La maison du projet va se transformer au fil du temps en maison du chantier puis en cafeteria pour le quartier ainsi que pour l’école. Les éléments démontés sont récupérés et stockés, soit dans la halle nord-ouest pour les éléments de déconstruction réemployés sur site, soit à la ressourcerie pour les éléments non réutilisés sur le chantier. Une fois le traitement de l’existant effectué, nous envisageons de venir glisser des structures bois, sous les structures existantes. Nous avons fait le choix de déconstruire une halle présente sur le site pour diverses raisons. D’abord, pour permettre la mise en valeur des bandes paysagères définies par le plan guide et pour redonner une importance à la biodiversité de la presqu’île. Ensuite, car les surfaces disponibles étaient insuffisantes pour le programme. Nous avons donc fait le choix de construire à côté de l’existant un volume neuf, comprenant une tour tel un phare tenant la gare d’eau, un signal pour le quartier. En corrélation avec le travail effectué, la chronologie présente une approche par thématiques pour comprendre comment, au fil du temps, chacune d’entre elles ont pris place sur le territoire et ont permis de l’activer progressivement.

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Nous avons défini six thématiques : la pédagogie, la conception que nous mettons en lien étroit avec le chantier, les événements sociaux-culturels, les transports et la ressourcerie. Nous pouvons voir plus en détail sur la frise l’enchaînement et les relations établies entre chacune de ces interventions. L’objectif de ce travail est de convier les usagers à prendre part à la transformation en les invitant à porter un nouveau regard sur le quartier et en organisant des interventions collectives. Il s’agit d’activer un territoire par le faire-ensemble, à l’image du collectif Les Saprophytes qui définit « une posture de concepteur qu’[ils veulent] mettre à l’épreuve, une manière de rendre intelligibles et de partager avec les habitants les enjeux liés à la conception, l’aménagement et la gestion d’un territoire »52. Enfin, pour donner un ancrage au réel à ce projet, nous avons effectué un travail de définition des acteurs nécessaires à la mise en place de ces interventions. Nous avons réalisé une dissociation entre acteurs majeurs et acteurs mineurs permettant de définir les objectifs de chacun dans cette révélation du territoire. Nous avons ainsi défini différents rôles pour introduire la notion de participation citoyenne : les architectes, un écologue, un prospecteur53, la mairie, les déconstructeurs venant de l’entreprise locale STB,54 le responsable de la ressourcerie, le responsable du Fablab, les artisans

52 BONNET Claire, MUSSAULT Violaine et SKORUPINSKI Véronique pour Les Saprophytes, « Les Beaux Monts d’Hénin : chantier relationnel », Les Carnets du paysage, n°32, 09/17, p.137 53 Terme employé par l’agence d’architecture ROTOR, spécialisée dans la déconstruction et le réutilisation des matériaux de réemploi, pour définir la personne formée pour la prospection des matériaux de réemploi, soit une exploration méthodique. 54 STB Matériaux est une entreprise de construction située dans la quartier du Marais à Lomme qui propose à ses clients de déconstruire puis de valoriser la matière. Leur objectif est d’éliminer seulement les déchets non valorisables.

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de l’entreprise locale Les Asturiennes,55 les étudiants de l’école d’architecture et de paysage, les associations du quartier et enfin, les habitants.

Une composition avec le déjà-là Ce travail étape par étape nous a permis de définir des points clés dans la conception de l’école pour envisager d’activer le territoire dans sa globalité. Ainsi, dans sa relation au déjà-là, nous avons souligné trois thématiques clées que nous avons représentées sous la forme de trois bandes schématiques, abordant chacune une notion importante quant à l’implantation de l’école sur le site. (Fig. 21 - Fig. 22 - Fig. 23) Nous travaillons la spatialité de l’école autour de trois axes : le rapport aux espaces publics pour activer et fédérer le quartier en travaillant à partir des bandes qui nous sont proposées. Le rapport au plan guide environnant dans une structure de pleins et de vides permettant de générer des creux et des continuités écologiques propices au développement d’espaces publics partageables. Et enfin, le rapport avec la structure existante présente sur site qui permet d’envisager une reconquête du territoire par son histoire passée.

55 Les Asturiennes est une entreprise de construction située dans le quartier du Marais à Lomme, engagée dans le savoir accompagner en mettant à disposition des ateliers de façonnages ainsi que des outils et en promulguant ses conseils pour permettre un accès plus global à la construction. Les Asturiennes réalisent également des structures à ossature-bois.

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Fig. 21 Les espaces publics pour fédérer le quartier

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Fig. 22 Le rapport plein/vide pour générer des continuités écologiques

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ST

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CT

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RO

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AN

T

Fig. 23 Le travail avec l’existant pour révéler le passé du site

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2.b L’école comme levier culturel et social pour activer le territoire Reconstruire les rapports humains pour un « ré-usage »56 des espaces latents

La phase d’interrogation et d’activation du territoire a pour objectif

de réunir les usagers du quartier pour construire un socle de relations humaines avant l’arrivée du projet de l’école d’architecture et de paysage. Pour ce faire, l’idée est de s’appuyer sur les liens qui unissent les individus entre eux et à leur territoire pour chercher à les renforcer puis à les exprimer, à travers l’installation d’un nouveau programme. Ainsi, la méthode employée tente de composer et de faire vivre dans une harmonie le territoire et ses usagers avec l’objectif de « reconstruire l’ensemble des modalités de l’être-en-groupe »57. De là découle la posture d’un architecte co-concepteur que nous définissons par sa manière d’envisager l’alliance des hommes entre eux et entre l’homme et son milieu, c’est à dire la reconstruction des rapports humains pour une réappropriation collective de la ville. Suite à une nouvelle considération des usagers, la presqu’île Boschetti se présente comme un terrain expérimental permettant d’activer une nouvelle forme de ville à travers l’école d’architecture et de paysage. Cet espace latent peut être considéré comme une réserve urbaine « pour expérimenter les rêves collectifs »58. 56 INTI Isabella, « A usage commun », dans BIANCHETTI Cristina, Territoires partagés : une nouvelle ville, Paris, Métis Presses, « vuesDensembleEssais », 2015, p.196 57 GUATTARI Felix, Les trois écologies, op. cit., p.22 58 INTI Isabella, « A usage commun », dans BIANCHETTI Cristina, Territoires partagés : une nouvelle ville, op. cit., p.196

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L’idée étant d’engager une démarche de « ré-usage »59 des espaces délaissés ou abandonnés, couplés au déjà-là, pour activer un processus de régénération urbaine. Ainsi, nous envisageons l’école d’architecture et de paysage comme un véritable équipement culturel, pensé avec et pour le quartier, dépassant son simple programme prédéfini d’équipement pédagogique. L’ouverture culturelle et la mixité programmatique sont les principes directeurs menant ce projet. Nous nous appuyons en partie sur les réalisations signées par le collectif Les Saprophytes pour mener à bien cette vision humaniste, en se questionnant sur les procédés à mettre en place pour faire quartier à travers l’école. L’idée étant de considérer cette dernière comme « une centralité, un espace public fédérateur, accueillant, identifiable et identifié par tous »60. Pour ce faire, nous avons défini un axe majeur dans l’implantation de l’école, un axe que nous avons nommé la traversée, qui ouvre le regard sur la gare d’eau, qui permet de rejoindre la promenade urbaine autour de la presqu’île et qui crée des connexions au territoire en traversant la parcelle de projet. (Fig. 24) Cet axe permet également de desservir des équipements ouverts au quartier au sein de l’école, tels que la maison du projet devenue cafeteria, le FabLab, l’amphithéâtre, les locaux associatifs du quartier et de l’école ou encore l’espace dédié aux expositions. Elle s’implante sur le tracée d’une bande paysagère, définie par le plan guide61, intensifiant la biodiversité présente sur site. Elle s’insère sous la charpente métallique d’une des anciennes halles du site, révélant ainsi l’histoire du territoire, le passé industriel de la presqu’île, remis à jour par un nouvel usage, pour une nouvelle appropriation collective. 59 INTI Isabella, « A usage commun », dans BIANCHETTI Cristina, Territoires partagés : une nouvelle ville, op. cit., p.196 60 BONNET Claire, MUSSAULT Violaine et SKORUPINSKI Véronique pour Les Saprophytes, « Les Beaux Monts d’Hénin : chantier relationnel », op. cit., p.143 61 Voir les schémas du plan guide, Fig. 10, p.58-59

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Fig. 24 La traversée comme espace fédérateur pour le quartier

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Définir des temporalités d’usages de l’école pour une appropriation collective

Dans l’optique de reconstruire les rapports humains au sein du

quartier par la posture de l’architecte co-concepteur, nous envisageons ici d’adopter une méthode cherchant à définir différentes temporalités d’usages pour organiser l’école et permettre ainsi à chacun de s’approprier ce nouvel équipement public, en fonction de ses nécessités et de ses aspirations. L’organisation selon différents temps nous semble être une réponse pertinente pour s’adapter aux changements rapides de la société et permettre ainsi le «ré-usage»62 de ces latences urbaines. La traversée nous a guidé dans le choix de la spatialisation de l’école et elle constitue notre première couche de travail programmatique sur le site. (Fig. 25) Elle sera suivie d’une seconde en lien avec le fonctionnement de l’école dans la troisième partie. Nous dissocions deux temps majeurs dans la vie de l’école : la période scolaire, occupée par les étudiants et les enseignants et la période estivale où, dans une vision prospective, nous imaginons l’utilisation des locaux par le centre de loisirs de Bois-Blancs, par exemple. Au sein de ces deux temps majeurs, nous dissocions le week-end du reste de la semaine. En effet, en tant qu’équipement culturel pour le quartier, nous envisageons l’ouverture de l’école en fin de semaine pour les usagers du quartier, pour des représentations théâtrales, des séances de cinéma, des activités manuelles à titre d’exemples. (Fig. 26 - Fig. 27) Les occupations peuvent être plus diverses que variées et dépendent grandement de l’investissement et de l’appropriation exercées par les habitants du quartier. L’idée étant d’offrir des locaux disponibles pour 62 INTI Isabella, « A usage commun », dans BIANCHETTI Cristina, Territoires partagés : une nouvelle ville, op. cit., p.196

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E

B A

D C

A - Hall d’exposition B - FabLab C - Locaux associatifs D - Amphitéâtre E - Cafeteria

Fig. 25 1ère phase de programmation : une école qui interagit avec son quartier

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Fig. 26 L’amphithéâtre, différentes temporalités d’usages

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Fig. 27 La grande halle, différentes temporalités d’usages

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activer le territoire, laissant l’imaginaire des usagers du quartier et de l’école prendre les décisions en termes d’usages et d’activités proposées. Nous nous appuyons d’ailleurs sur les idées de Lucien Kroll qui énonce sa volonté de ne « pas terminer définitivement une architecture ou un urbanisme mais [de] lui proposer l’organisation la plus légère pour éveiller sa propre créativité »63. De ce fait, l’école d’architecture et de paysage ne se cantonne plus à sa simple fonction d’enseignement et de formation, elle s’ouvre sur l’extérieur, sur le réel et dialogue avec un territoire dans lequel elle s’ancre, au fur et à mesure. A titre d’exemple, nous avons dimensionné l’amphithéâtre de manière à ce qu’il puisse accueillir un plateau et des équipements techniques permettant diverses représentations. Pour cela, nous nous sommes renseignées auprès du cirque du bout du monde afin de connaître leurs besoins et leurs critères pour organiser des représentations. (Annexe I et II, p.180-181) C’est une architecture vivante, d’après les mots de Renzo Piano, elle ne doit pas être parfaite et ainsi nous envisageons cette école comme une construction pensée pour accepter le temps et ses changements, « pour inscrire l’usure, pour se prêter à des évolutions permanentes, à des retouches, à des reprises, à des adaptations qui se manifestent une fois le chantier terminé, au fil des jours [...]»64. Pour aller plus loin, nous allons même jusqu’à imaginer la réversibilité du programme de l’école. Si l’école, un jour, quitte le quartier du Marais, alors l’équipement culturel pourrait prendre le dessus, accueillant de nouveaux usages. Ainsi, nous envisageons le programme de l’école comme un usage 63 KROLL Lucien, Tout est paysage, Paris, Sens&tonka, édition augmenté de 2012, p.60 64 PIANO Renzo, Chantier ouvert au public, Paris, Arthaud, « Architectures », 1985, p.214

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temporaire, un moment dans la vie du bâtiment mais pas une fin en soi, permettant ainsi de s’adapter aux incertitudes et aux évolutions rapides de notre société. Cette volonté se recoupe avec les paroles de Patrick Bouchain qui envisage la ville comme étant en perpétuel mouvement et de ce fait, « être nomade, c’est faire partie de la ville. Aucun bâtiment n’est réellement pérenne »65. Ainsi, nous engageons une vision de l’école plus globale, dépassant son statut pédagogique pour entrer dans une relation directe avec son territoire et ses usagers. Nous venons d’exposer nos volontés pour envisager l’école comme un levier culturel et social, nous allons dorénavant aborder l’école comme un nouveau pôle d’excellence du recyclage, spécialisé dans les circuits-courts, la co-rénovation et l’artisanat.

65 BOUCHAIN Patrick, TAJCHMAN Alice, JULIENNE Loïc, Histoire de construire, Arles, Actes Sud, « L’Impensé », 2012, p.78

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2.c L’école comme nouveau pôle d’excellence du recyclage : circuit-court, co-rénovation et artisanat

Nous proposons d’offrir à la nouvelle école un double statut : celui

d’école d’architecture et de paysage et celui de nouveau pôle d’excellence circuit-court, co-rénovation et artisanat.

S’inspirer de la méthode « cradle to cradle »66

Dès lors, nous adoptons le concept cradle to cradle, c’est-à-dire du

berceau au berceau. Cette méthode de conception implique une prise en compte particulière de la matière dès son choix et son achat puisqu’il s’agit de maintenir la qualité de celle-ci tout au long des multiples cycles de sa vie. Cette pratique s’oppose au fonctionnement de berceau à tombeau qui tend vers une « fin programmée sous forme de déchets jetés (ou brûlés) et donc perdus à jamais pour l’industrie»67. Cette méthode de conception dépasse le recyclage étant donné que la notion de déchet est vouée à disparaître : en effet la matière ne subit plus aucune transformation et le principe de boucle de cycle de vie est adopté. Comment envisageons nous le recyclage ? Vers quelle méthode s’orienter ? Cette posture du cradle to cradle est similaire ou comparable à la pratique du bon jardinier, c’est-à-dire qu’elle ne cherche pas à sauver la planète mais 66 Concept inventé par William MCDONOUGH et Michael BRAUNGART, cherchant à redéfinir la manière dont nous fabriquons les choses, vers une transition écologique. 67 MCDONOUGH William, BRAUNGART Michael, Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini, Paris, Gallimard, 2011, p.13

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plutôt à apprendre comment y prospérer. Il ne s’agit pas d’adopter une attitude anxieuse vis-à-vis de notre environnement où il ne serait plus possible de reconstruire un milieu plus sain. Nous devons effectuer un bilan environnemental moins critique et faire preuve d’un état d’esprit coopératif : nous devons nous familiariser avec cette dernière. Il s’agit de requestionner nos méthodes de conception écologique et de dépasser ce qui se fait aujourd’hui : l’éco-efficacité, soit l’efficacité environnementale68, puisqu’elle « fonctionne à l’intérieur d’un système qui a initialement engendré le problème, et le ralentit à peine à coups de proscriptions morales et de mesures punitives. Elle [l’éco-efficacité] ne propose guère plus qu’une illusion de changement ».69 En effet, l’éco-efficacité se concentre uniquement sur « faire moins mal » et n’envisage que la réduction de notre empreinte environnementale. Dès à présent, à partir du cradle to cradle, nous devons imaginer et proposer un nouveau système de conception basé sur la notion de boucle de cycles de vie. Ainsi, il faut apprendre à penser les différents cycles d’utilisation de la matière. Dans cette optique, nous adoptons deux postures : la remise en cycle des ressources latentes et l’intégration d’un nouveau système dans un cycle 1 conçu pour X cycles. Dans cette première attitude, il s’agit alors d’une réutilisation ou d’un réemploi des ressources latentes identifiées. Pour la seconde pratique 68 c’est-à-dire eco-efficiency, terme inventé par Business Council for Sustainable Development, en 1992 69 MCDONOUGH William, BRAUNGART Michael, Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini, op. cit., p.17

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mise en oeuvre, il s’agit de penser réutilisable et démontable dès la conception, c’est-à-dire imaginer un nouveau système qui jouera le premier cycle de sa vie avant tant d’autres. Nous souhaitons agir sur ces deux fronts et établir un dialogue entre eux afin d’envisager à la manière de cradle to cradle le long terme et quitter le système de pensée du moins pire. Nous concevons ces deux prises de positions finalement de manière commune puisqu’elles sont complémentaires et doivent être menées ensemble pour concevoir durablement.

Recycler la presqu’île Boschetti

Nous devons considérer ce déjà-là et tâcher de réduire notre impact

environnemental par la remise en cycle afin d’éviter une finitude des ressources premières trop précoce. En effet, en France, en 2014, le secteur du bâtiment consomme 45.1% d’énergie, dégage 24% d’émission de CO270 et produit un gisement de déchets s’élevant à 227,5 Mt71. Il est donc très énergivore, consumériste et producteur de déchets. C’est pourquoi, nous adoptons le recyclage urbain pour optimiser la conception de nouveaux édifices en : - privilégiant des matériaux recyclés ou recyclables pour s’intégrer dans des mises en cycle des bâtiments. Nous adoptons une posture de transformation de l’existant à la manière de Patrick Bouchain comme l’accompagnement des éléments dans le temps en les traitant avec respect, douceur et tendresse. - tendant vers une conception zéro déchet. (Fig. 28) Il s’agit alors de 70 GESLIN Félicie, « L’alpha et l’omega du bâtiment vertueux », Les cahiers techniques du bâtiment, n°349, 03/16, p.30 71 données de 2014 publiées en 2017, consultable sur : http://www.statistiques.developpement-durable. gouv.fr, consulté le 23/04/18.

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réduire au maximum la production de déchets lors de la phase chantier et de concevoir l’ensemble des composants de cette réalisation comme recyclables, réutilisables ou réemployables pour une démontabilité garantie, en opposition au système de conception traditionelle.

S’interroger sur la forme que peut prendre le pôle d’excellence dans son territoire

Quelles potentialités existe-t-il à lier ce nouveau pôle à une école

d’architecture et de paysage ? Pour promouvoir cette école via ce pôle et l’adresser à la métropole lilloise, nous devons activer l’envie de construire et de se former ensemble en faveur d’une nouvelle manière d’envisager le territoire. C’est pourquoi, ce pôle d’excellence s’articule à différentes échelles pour lui conférer un ancrage réel dans son environnement : à l’échelle régionale et métropolitaine, à l’échelle du quartier et enfin à l’échelle de l’école. À l’échelle régionale et métropolitaine, Il s’agit de révéler les ressources latentes aux relations insoupçonnées du savoir autour de l’artisanat développées précédemment. (Fig. 14 - p.70) Il faut parvenir à mettre en relation les différents acteurs des restes-ressources de l’Eurométropole par des connexions et un maillage territorial fluvial plus important. Nous devons exploiter ces opportunités fluviales tel un réseau des cycles de vie de la matière pour ancrer et faire rayonner ce pôle d’excellence à l’échelle de l’Eurométropole. La presqu’île Boschetti, de part sa situation et son rapport à l’eau ainsi qu’au port de Lille semble être le site idéal pour installer ce pôle.

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APPROCHE ACTUELLE Conception traditionnelle Grande quantité de déchets

DECHETS Démolition

DECHETS

Seconde vie

Réhabilitation

DECHETS

DECHETS

Approche actuelle, conception traditionnelle Grande production de déchets

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APPROCHE OPTIMISEE

Conception d’un projet zéro déchet Prévention des déchets

DECHETS

Seconde vie

Diagnostic Chantier de déconstruction

DECHETS

Réhabilitation

DECHETS

Diagnostic Conserver Réutiliser

1. Conserver les éléments existants DECHETS

Phase 3 Participation des habitants

DECHETS

Structure métallique Dalle béton 2. Intégrer de nouveaux éléments au niveau 1 du cycle de vie du matériau

Phase 1 / 2 / 3 Participation des étudiants Participation des artisans locaux 1% Chantier - P. Bouchain

3. Réemployer des élements de seconde vie

Approche optimisée, conception zéro déchet Prévention des déchets

Fig. 28 Tendre vers une conception zéro déchet

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À l’échelle du quartier de Bois-Blancs et du Marais, Dans un premier temps, nous devons dévoiler les ressources latentes aux relations insoupçonnées du savoir autour de l’artisanat. Pour ce faire, nous imaginons mettre en relation certains acteurs liés au chemin de la matière (Fig. 15 - p.71) afin qu’ils puissent collaborer ensemble et former un cycle vertueux ainsi qu’un circuit court de la matière. Ce raisonnement se prolonge via l’exploitation des potentialités qu’offrent le plan guide par la mise en place de connexions entre les différents pôles, à savoir : le pôle bois, le pôle naval, le pôle alimentaire, le pôle artisanat et le pôle culturel. Ensuite, l’activation de ce pôle d’excellence ne peut se faire qu’à partir d’une dynamique collective autour de sa création et de sa construction. Les habitants du quartier et les futurs usagers doivent se sentir concernés et prêts à l’accueillir. Pour ce faire, nous concevons le chantier de cette école comme un espace d’apprentissage et d’expérimentation pour tous sur les thématiques du circuit-court, de la co-rénovation et de l’artisanat. Nous envisageons alors le chantier de l’école ainsi que les chantiers de déconstruction présents autour du site dans leurs dimensions constructives, mais aussi plus largement comme des tentatives de mise en mouvement d’un quartier, comme un élan.72 L’accueil et la construction de ce pôle font partie de l’activation du territoire mais ce sont aussi des moments de sociabilités, de cohabitations et d’échanges autour de savoirs locaux. Nous y voyons une occasion de transmission d’un savoir rendu public, à la manière de Patrick Bouchain en reprenant son modèle

72 Adapté selon la citation initiale : « dans sa dimension constructive, mais aussi plus largement comme une tentative de mise en mouvement d’un quartier, comme un élan », extrait de BONNET Claire, MUSSAULT Violaine et SKORUPINSKI Véronique pour Les Saprophytes, « Les Beaux Monts d’Hénin : chantier relationnel », Les Carnets du paysage, op. cit., p.135

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de la création du 1% formation73 (à l’image du 1% artistique), c’est-à-dire, définir sur chaque chantier un espace dédié à la pédagogie, à la transmission en faveur d’un apprentissage in situ. Il s’agit de dépasser le simple acte de construire car il est davantage question de rassembler et d’initier le plus de participants, dans le temps réel du chantier. Ainsi tout architecte, ingénieur, ouvrier ou autres professionnels devraient donner des cours publics auxquels les étudiants de ces futures professions, les habitants du quartier ou de la métropole pourraient assister afin de se former et être au contact d’une réalité. Alors cette construction serait certainement mieux comprise par tous dans ses modalités et ses motivations. C’est pourquoi, ce chantier relationnel, ou chantier participatif/ pédagogique est à appréhender comme un outil en faveur de l’appropriation de ce nouvel équipement public mais aussi comme un moyen « d’inviter les habitants à partager l’aménagement de leur cadre de vie »74. Cette stratégie du chantier comme lieu d’expérimentation et de transmission favoriserait ainsi l’ancrage dans le territoire de ce pôle au sein du projet de la nouvelle école d’architecture et de paysage, tout en pratiquant déjà les valeurs qu’il cherche à transmettre. La maison du chantier de l’école d’architecture et de paysage est à envisager comme le lieu de regroupement et de partage de cette vision du chantier. Elle cherche à fédérer cette envie de faire ensemble, c’est un lieu de rencontre, d’exposition, d’échange et de formation. Elle permet un point d’ancrage et de repère dans le quartier.

73 Entretien de BOUCHAIN Patrick par Annie ZIMMERMANN, « Pour un chantier lieu d’expérimentation», Urbanisme n°338, 09-10/04, p.20 74 BONNET Claire, MUSSAULT Violaine et SKORUPINSKI Véronique pour Les Saprophytes, « Les Beaux Monts d’Hénin : chantier relationnel », Les Carnets du paysage, op. cit., p.135

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La ressourcerie de la presqu’île Boschetti devient un véritable potentiel pour projeter les quartiers de Bois- Blancs et du Marais comme pôle d’excellence de circuit-court, co-rénovation et artisanat. Elle peut devenir un partenaire du réemploi pour l’école et le quartier. Intégration du pôle d’excellence à l’échelle de l’école, La construction de l’école se hiérarchise en trois entités plus ou moins pérennes et adaptables garantissant la mise en place d’un premier chantier relationnel en faisant intervenir divers acteurs, tel un chantier participatif ouvert à une formation tournée sur la co-rénovation, l’artisanat et le circuit-court. (Fig. 29) Ces trois entités correspondent à trois manières d’envisager le recyclage : - la structure existante des halles qui se trouve conservée, remise en état pour initier un nouveau cycle et abritée de nouveaux usages. En maquette, le carton gris représente cela, ainsi la structure et les dalles existantes sont conservées. - un système en cycle de vie 1, il inaugure son premier cycle de vie mais il est pensé pour son cycle 2, 3, X, c’est-à-dire qu’il est conçu comme adaptable et démontable. Ici, vous observez en maquette la création d’une structure, en fushia, qui vient dialoguer avec l’existant. - un remplissage en matériaux de réemploi, il s’agit alors d’une remise en cycle de ces matériaux de seconde vie pour un nouvel usage. Ces trois dispositifs correspondent aussi à trois degrés de participation. (Fig. 29) Le maintien de la structure existante est un travail trop spécifique et dangereux pour tout un chacun, c’est pourquoi il ne fera pas l’objet d’une participation hormis celle des artisans proches du site. Ensuite, le

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Structure existante

Système en cycle de vie 1 Remplissage en matériaux de réemploi

Fig. 29 Trois entités, trois degrès de participation Maquette du 29/03/18

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système en cycle de vie 1 doit répondre à trois critères principaux à savoir : une participation usagers, une adaptabilité et une démontabilité (remise en cycle). C’est pourquoi nous avons opté pour un système type ossature bois. (ici représenté en fushia, Fig. 29) Ce système en bois, matériau à durée de vie longue, est constitué de différentes pièces manuportables et d’un assemblage à sec qui lui confèrent une mise en oeuvre rapide, propre, simple et nécessitant peu de moyen favorisant ainsi son évolutivité mais aussi sa démontabilité. (Fig. 30) Ce système coïncide avec notre volonté d’intégrer une expérience participative à travers le processus de construction. Celui-ci nous semble être une opportunité pour mettre en place une co-construction de l’école par les artisans proches du site et une participation ponctuelle des usagers de l’école - sous forme de cours in situ, stage ouvrier, workshop. Enfin, (Fig. 29) le remplissage de ce système bois est l’occasion de mettre en place une participation ouverte aussi bien aux futurs usagers de l’école qu’aux habitants du Marais et de Bois-Blancs, voire de la métropole, afin de fédérer et d’achever ensemble la construction de ce nouveau pôle d’excellence lillois. L’utilisation de matériaux de réemploi permet d’initier cette démarche du circuit-court avec la ressourcerie située sur la presqu’île qui sera alimentée notamment par les chantiers de déconstruction voisins, créant ainsi une boucle courte et vertueuse de la remise en cycle des matériaux. C’est aussi une opportunité d’apprendre à concevoir et construire autrement dans un souci du viable pour tout le monde. Concevoir l’école comme un pôle d’excellence implique d’appréhender celle-ci comme un lieu fédérateur et démonstrateur de ces pratiques. C’est pourquoi nous allons penser l’école par couche de cycle de vie tel que Stewart

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Définition d’un système type ossature bois

Chantier n°1

Fig. 30 Un processus constructif pour une expérience participative 119

Chantier n°2


Brand75 avec son concept de pace layering, c’est-à-dire par hiérarchisation des différents composants en fonction de leurs durées de vie. Pour ce faire, dans un premier temps, nous devons établir une hiérarchisation des diverses strates du futur édifice en fonction de leur niveau de fonctionnalité et de leur usage car certaines s’usent davantage ou nécessitent une adaptation plus fréquente. (Fig. 31) Il s’agit d’éviter que la mise en rebut d’une couche entraîne la mise en rebut d’une autre. En parallèle, nous souhaitons intégrer la durée de vie des matériaux dans la mise en place de cette hiérarchie de strates successives . Cette configuration en couche garantit et favorise une conception de l’école en vue d’un désassemblage ou d’une déconstruction. Ce processus de conception rejoint des courants de pensées architecturaux tel que le structuralisme ou des reprises contemporaines tel que le design for longevity76 ou design and detailing for deconstruction77, mais aussi des concepts industriels tel que l’Analyse de Cycle de Vie (ACV). Depuis une dizaine d’année, l’ACV est en cours de perfectionnement et de structuration pour une application dans le domaine du bâtiment. C’est une manière de concevoir en limitant les impacts d’une construction sur les ressources et l’environnement tout au long de ses différents cycles de vie. Cette pratique se découpe en quatre étapes : la définition des objectifs et du champs de l’étude, l’analyse de l’inventaire, l’évaluation des impacts, et enfin l’interprétation. La première étape consiste à « établir le code génétique du

75 Auteur américain en 1994 de How building learn, dans lequel il dévoile son concept. 76 SASSI Paola développe une conception en vue d’un désassemblage. 77 MORGAN Chris et STEVENSON Fionn étudient depuis 2005 des possibilités d’assemblages démontables et utilisant le réemploi.

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Taule métallique de réemploi [70ans] Lattage bois [80 ans] Pare pluie [25 ans] Caisson de paille [75 ans] Panneau de contreventement OSB [75 ans] Ossature bois [100 ans]

Fig. 31 Hiérarchisation des composants du mur pour optimiser les cycles de vie

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bâtiment ainsi que ses conditions de naissance »78. Dans un premier temps, il s’agit de se poser deux questions : - la question du local et quel périmètre Le rôle à jouer de l’architecte pour favoriser l’émergence ou le retour de filières locales. C’est pourquoi, nous opterons pour un bois régional , le peuplier robusta et des éléments de réemploi venant de chez Vanhaelemeesh BVBA à Oostkamp79 (Belgique). Nous souhaitons aussi travailler avec l’entreprise Les asturiennes, situé à 550m de la future école. Cette entreprise locale est spécialisée dans la construction bois et elle a déjà travailler en tant qu’accompagnatrice

d’une participation habitante.

- la question des éco-matériaux : renouvelable et biodégradable Employer ce type de matériau pour leur faible impact environnemental sans oublier que « ce n’est pas le matériau qui fait un bâtiment vertueux, mais plutôt la manière raisonnée dont il est employé...»80, nous rappelle Pascal Gontier. La seconde étape cherche à établir un bilan des flux entrants et sortants générés par : « - la phase de ressources nécessaires à la conception et à la construction du bâtiment, - la phase de transport sur site de ces ressources, 78 BIGNIER Grégoire, «Cycles », dans BIGNIER Grégoire, Architecture et écologie : comment partager le monde habité ?, Paris, Eyrolles, 2012, p.47 79 Vanhaelemeesh BVBA est une entreprise fournissant des matériaux de réemploi. Elle est la plus proche de la presqu'île Boschetti, elle se trouve à 80kms du site par le réseau fluvial. 80 Entretien de GONTIER Pascal par GESLIN Félicie, « L’alpha et l’omega du bâtiment vertueux », Les cahiers techniques du bâtiment, op. cit., p.32

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- la phase de construction du bâti, - la phase de fonctionnement du bâti, - la phase de démantèlement et de son recyclage. »81 S’ensuit, l’évaluation des impacts, il s’agit de traduire les données récoltées précédemment en impacts environnementaux, « on peut alors parler de carbone embarqué, comme si le composant intégrait, en plus de la matière physique dont il est constitué, une sorte d’ardoise reprenant sa note en matière de participation à effet de serre »82. Enfin, la phase d’interprétation permet de prendre des décisions et d’opérer des changements dans les choix conceptuels initiaux si l’impact est trop important. Ainsi, ces quatre phases permettent de raisonner durablement et implique une nouvelle manière de concevoir l’architecture avec une vision présente et prospective. Cependant l’ACV reste une méthode complexe et un travail colossal. C’est pourquoi nous nous engageons à prendre en considération cette méthode pour notre projet en établissant une version simplifiée de l’ACV par le biais d'une fiche détaillée de chaque matériau de la conception à la déconstruction. (Fig. 32) Finalement l’ACV semble une méthode en faveur d’une interrogation sur la fin de vie des bâtiments, sur la posture à adopter : une mutation, une transformation, un démantèlement, une déconstruction ou un recyclage. Nous avons définis précédemment notre volonté de concevoir une école 81 BIGNIER Grégoire, «Cycles », dans BIGNIER Grégoire, Architecture et écologie : comment partager le monde habité ?, Paris, Eyrolles, 2012, p.44 82 GHYOOT Michaël pour Rotor, Déconstruction et réemploi, comment faire circuler les éléments de construction ?,Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2018, p.70

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Extraction de la matière première :

Structure BOIS type ossature

SOURCE : Bois local peuplier robusta issu du bassin populicole des Hauts de France à Audruicq. POPICULTURE : aménagement des forêts, entretien, coupe des grûmes, transport vers la scierie (2km). SCIERIE : Le chênelet à Audruicq, spécialiste dans le peuplier. Découpage des grûmes, écorçage, tri des bois, tronçonnage, délignage et test de résistance statique. Aucun traitement chimique, application d’huile naturelle. Stockage temporaire de CO2 sous forme de carbone organique. Chutes de bois réutilisées dans l’alimentation énergétique de la scierie.

Consommation d’énergie : - outils pour extraction de la matière - distance de transport (88,55 km, relativement courte) - chantier sec sans grand équipement

PRODUCTION D’ÉNERGIE GRISE FAIBLE

Autres matériaux associés aux montants bois : - chevilles de bois durs - connecteurs métalliques

Fin de vie :

PRODUCTION D’ÉNERGIE GRISE FAIBLE

Garantie centennale par les forestiers Démontable Réemployable Recyclable (création de palette, OSB, granulé de chauffage ...)

Transport : Par camions-remorques, environ 88km.

Pollution et déchet : - principalement dû aux émissions de CO2 du transport et des outils - déchets copeaux de bois réutilisables

PRODUCTION D’ÉNERGIE GRISE FAIBLE

Fabrication : Par les Asturiennes et le pôle artisanat de la presqu’île Boschetti.

Entretien : Pas d’entretien particulier

Impact global :

Découpe spécifique de l’assemblage. Chutes de bois réutilisées en pavé.

FAIBLE

Peu de production d’énergie grise et production très locale

Chevilles en bois.

Mise en oeuvre : Sur site, par les Asturiennes. Mis en place d’un chantier zéro-déchet, peu de grand équipement et les chutes de bois sont réutilisées en pavé.

Transport : Par camions-remorques, environ 550m.

Fig. 32 ACV des montants type ossature bois 124


démontable pour son évolutivité mais aussi pour réduire son bilan carbone et son impact environnemental. Alors, comment peut-on favoriser cette démontabilité ? (Fig. 33) Nous optons pour la réalisation d’une structure bois (matériau biosourcé) type ossature mais sans clous ni vis. Nous envisageons la mise en place d’une première structure de montants portants à intervalle de 3m et de lisses assemblées par un double moissage et maintenues par un connecteur métallique. C’est une réinterprétation des assemblages traditionnels. Des montants plus légers s’insèrent dans la trame de 3m tous les 60cm par clavetage. Le plancher préfabriqué vient se glisser dans ce système et il sera maintenu par clavetage avec des chevilles de bois durs. Ce système se décompose en différents éléments qui s’assemble et se démonte facilement. Cependant le décalage temporel entre la conception et le démontage fait naître des incertitudes quant à l’état des techniques du futur. Comment transmettre et prévoir une démontabilité ? Il apparaît alors nécessaire de mettre en place une méthode de transmission d’informations adressés aux futurs opérateurs pour une adaptabilité et une déconstruction de l’édifice. Il s’agit alors de documenter les composants et les assemblages au sein d’une notice pour favoriser la transmission d’informations nécessaires à une déconstruction et un futur réemploi de la matière. Cela permettrait d’aider à identifier la valeur des éléments réutilisables tel quel ou autrement. Ce guide contiendrait des informations culturelles (origine et nature) et des informations techniques (utilisation, entretien, maintenance et remise en cycle) de chaque composant et système que nous mettons en

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Une structure adaptable, un assemblage simple

lier

ure rapportée mobilier

ure type ossature bois

A. Structure primaire Une structure montable/démontable facilement

au amovible

eau d’affichage

B. Structure secondaire Une structure adaptable, un assemblage simple

lier

Fig. 33 Un système adaptable, démontable et réutilisable 126


place. Enfin, il s’agirait d’établir une archive de son ACV, en y intégrant toutes les informations nécessaires pour un nouveau cycle. Finalement, l’école est conçue comme un lieu fédérateur et activateur du territoire par ses habitants. Il s’agit de révéler la presqu’île Boschetti en la rendant accessible notamment par l’arrivée de l’école. Ensuite la programmation mise en place dépasse celle d’une école puisqu’elle intègre le nouveau pôle d’excellence, le Fablab du quartier, un lieu d’expositions et de représentations, des locaux associatifs, un café-bar mais aussi une promenade urbaine. Ainsi la posture adoptée ici est celle d’un éco-concepteur environemental et social. Alors comment transmettre cette posture ?

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3 | COMPOSER AVEC LE TERRITOIRE

UNE ÉCOLE D’ARCHITECTURE ET DE PAYSAGE AU MARAIS Une programmation liée aux besoins de l’école



Après avoir dialoguer avec le territoire, nous cherchons dorénavant

à composer avec celui-ci. Nous détaillons, dans cette partie, une phase programmatique qui va au-delà de l’équipement public présenté précédemment. Il s’agit maintenant de se centrer sur les usagers de l’école d’architecture et de paysage et d’envisager une programmation en rapport avec les besoins définis par la pédagogie. Nous définissons cette future école au travers d’une dualité entre un fonctionnement ouvert au quartier et un fonctionnement propre à l’école. Ainsi, les programmes spécifiques à l’établissement prennent place à l’arrière de la traversée, de chaque côté, et se déploient en hauteur. (Fig. 34) Dans un premier temps, nous requestionnons la pédagogie mise en place actuellement, avec l’objectif de répondre plus justement aux besoins sociétaux. Ainsi, nous nous appuyons sur le projet d’établissement actuel de l’ENSAPL pour le comprendre et le requestionner afin de nous positionner dans la composition d’un nouveau projet d’établissement. Pour ce faire, nous convoquons également les demandes et les ressentis des usagers de l’ENSAPL, formulés lors d’entretiens préalables. L’ensemble de ce travail nous permet d’exprimer notre positionnement quant à la définition d’une pédagogie de la transition écologique pour former des architectes citoyens. Suite à cela, nous étudions plus spécifiquement deux situations pédagogiques induites par ce nouveau projet d’établissement. Une première liée à la pédagogie par l’expérience et une seconde, qui traite davantage de

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A

FIGURE 33

SCHEMA DE PROGRAMMATION B

A - pôle pour une pédagogie par l’expérience B - pôle pour une pédagogie par la participation

Fig. 34 Deuxième phase de programmation : une école qui répond à sa pédagogie

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la participation citoyenne. Dans chacun des cas, nous détaillons les objectifs pédagogiques et la mise en place spatiale d’un tel enseignement à travers l’étude de deux studios types. Enfin, nous nous questionnons sur la relation que peut entretenir cette nouvelle pédagogie avec la phase de conception et de construction de l’école. Comment dépasser le simple cadre scolaire et prendre part aux modifications et évolutions du territoire ? Ainsi, nous envisageons l’école comme un laboratoire se déployant sous deux axes, un laboratoire de l’écologie environnementale et un autre, social, par la participation.

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3.a Vers une pédagogie de la transition écologique pour former des architectes citoyens Requestionner le projet d’établissement actuel

Avant de requestionner le projet d’établissement de l’ENSAPL, il

nous semble important de se faire une idée du climat pédagogique présent actuellement en France dans le domaine de l’enseignement de l’architecture et du paysage. Nous nous appuyons sur nos expériences personnelles en tant qu’étudiantes pour orienter nos lectures sur le sujet. Ainsi, nous avons choisi la vision défendue par Marie et Keith Zawitowski, fondateurs et directeurs du Design / build LAB,83 comme postulat de départ pour conforter notre ressenti et notre prise de position. Nous partons du postulat que nous sommes actuellement dans un courant académiste, prônant un enseignement « qui tend de plus en plus à envelopper le processus architectural d’un voile de mystère et, du même coup, [qui] pousse les étudiants à sur-intellectualiser leur travail. »84 Le but ultime de ces études semble se fondre et disparaître au cours de notre enseignement, mais n’oublions pas que l’architecte doit avant tout avoir « un impact tangible sur le monde qui [l’]entoure ».85 L’enseignement est aujourd’hui, à nos yeux, trop vague et trop déconnecté d’une réalité sociétale, n’encourageant pas les étudiants à s’investir au-delà 83 Le design / build LAB est une initiative éducative, de recherche et de service communautaire du LabEx AE & CC de l’Ecole Nationale Supérieure de Grenoble. Ce programme de maîtrise en apprentissage expérientiel se concentre sur la recherche, le développement et la mise en œuvre d’une architecture écologiquement, socialement et culturellement responsable, consultable sur http://www.designbuildlab.org/, consulté le 24/04/18 84 ZAWISTOWSKI Marie et Keith, « Design / build LAB : une pédagogie au service de l’intérêt public », D’Architectures, n°250, 12/16, p.103 85 Ibidem

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avec une réelle envie de comprendre et d’explorer les possibles. Ces constats sont également partagés par les usagers de l’ENSAPL que nous sollicitons plus tard dans le développement (Fig. 35 - p.139 / p.142 ) Nous allons maintenant aborder l’enseignement à une échelle plus resserrée en nous intéressant à l’école de Lille. Le projet d’établissement actuellement en place devrait continuer jusqu’en 2019. Il énonce une volonté de « construire les spécificités de l’école en résonance avec ces territoires ».86 Ainsi, les axes pédagogiques développés sont en relation étroite avec l’environnement proche. Le projet d’établissement de l’ENSAPL se distingue par sa spécificité territoriale. Cependant, nous partons d’un postulat énoncé également dans le projet d’établissement qui a comme objectif de s’ouvrir à de nouvelles pédagogies et à de nouvelles méthodes pour répondre de manière plus adaptée aux problématiques actuelles de la société.87 Concrètement, l’idée semble être difficilement applicable puisque, après six années d’études au sein de l’ENSAPL, nous constatons peu de changements dans l’enseignement diffusé. Nous entrevoyons parfois des tests, des expérimentations mais cellesci, malheureusement, ne semblent pas modifier un système général encore trop déconnecté de certaines problématiques majeures. Ainsi, nous souhaitons nous appuyer sur cette directive émise dans le projet d’établissement pour établir une pédagogie plus en phase avec son environnement et sa société, en l’envisageant sous l’axe de la transition écologique. L’école de Lille affirme d’ailleurs son manque de compétence et d’offre pédagogique sur ce sujet comme nous pouvons le lire dans le projet d’établissement : « il est difficile 86 http://www.lille.archi.fr/ressources/20608/78/projet_ensap_les_objectifs.pdf,Projet d’établissement 2014-2019, consultable sur http://www.lille.archi.fr/, date de mise en ligne inconnue, consulté le 23/04/18 87 Ibidem

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de ne pas citer la question environnementale et écologique sur laquelle l’école doit ouvrir un débat pour ne pas dire un chantier de réflexion [...]».88 Ainsi, pourquoi ne pas envisager une nouvelle pédagogie centrée sur la transition écologique, explorant les disciplines et les approches non encore enseignées à l’école de Lille, mais présentes dans les volontés de l’établissement ? Les souhaits en attente de l’école de Lille confèrent un caractère moins utopique à ce futur projet d’établissement que nous pouvons également lier, pour un ancrage plus réel, à l’appel lancé par l’école d’architecture de Lyon pour un « enseignement de la transition écologique dans les écoles d’architecture et de paysage avec des pratiques collaboratives et bienveillantes. »89 L’appel de Lyon est une initiative lancée en Juillet 2017 par le réseau ENSAECO90 pour repenser les modèles pédagogiques en France, dans les écoles d’architecture. Il semble nécessaire de mener une réflexion sur les modes de faire au sein de l’école ainsi que dans la profession pour mener vers un travail coopératif basé sur l’entraide afin de prendre soin du territoire et des individus. Cependant, nous avons conscience qu’une telle ambition pédagogique n’est pas simple à mettre en place, il s’agit de requestionner un grand nombre de fondements présents depuis des années dans les écoles et de repenser les pratiques de manière générale. Nous nous appuyons sur les écrits de l’architecte Grégoire Bignier,91 enseignant à Paris Malaquais, à Versailles puis à Paris Val-de-

88 http://www.lille.archi.fr/ressources/20608/78/projet_ensap_les_objectifs.pdf,Projet d’établissement 2014-2019, consultable sur http://www.lille.archi.fr/, date de mise en ligne inconnue, consulté le 23/04/18 89 http://ensaeco.archi.fr/, Appel de Lyon, consultable sur http://ensaeco.archi.fr/, date de mise en ligne inconnue, consulté le 23/04/18 90 Réseau de l’enseignement de la transition écologique dans les ENSA en France, dépend du ministère de la culture 91 BIGNIER Grégoire, Architecture et écologie : comment partager le monde habité ?, op. cit., 159p

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Seine autour des questions de l’écologie et de l’architecture pour cerner les difficultés d’une telle pédagogie. Il énonce deux problèmes majeurs : le premier, l’évolution rapide des sciences de l’environnement qui impose une veille et une mise à jour régulière des connaissances et le manque de retour d’expérience d’une telle pédagogie par rapport à des disciplines plus ancrées dans les écoles d’architecture. Cependant, malgré ces difficultés, nous sommes convaincues de l’intérêt d’un tel modèle pédagogique. Nous allons maintenant écouter, comprendre et intégrer les critiques et les envies des usagers de l’ENSAPL. En effet, nous considérons ces individus comme les futurs acteurs pour la mise en place d’une nouvelle pédagogie et de ce fait, leurs avis et leurs préoccupations nous semblent incontournables dans la conception de la future école. Nous avons réalisé des enquêtes d’usagers, au sein de l’atelier. Nous avons réparti les profils en différents groupes : les étudiants, les enseignants en paysage, les enseignants en architecture, le pôle recherche, l’administration, le personnel de la bibliothèque, le personnel informatique, le personnel de l’entretien et les associations de l’école. Au total, nous avons interrogé 28 personnes. Une fiche type a été établie intégrant une présentation rapide de l’usager interrogé et son parcours à l’ENSAPL. Nous nous sommes ensuite intéressées à sa journée type à l’école pour comprendre ses habitudes et lui avons demandé de faire un parcours commenté lui permettant ainsi d’exprimer ses ressentis et ses critiques sur des lieux précis. Suite à une première partie de l’entretien qui s’attèle à comprendre la vie quotidienne de l’usager au sein de l’école, nous proposons, dans une seconde partie de s’intéresser à son avis critique tant sur l’école comme dispositif architectural que comme dispositif pédagogique. (Annexe III, p.182) Ne

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pouvant pas exposer ici l’ensemble des informations récoltées, nous avons choisi l’outil audio pour communiquer ces paroles usagères. (Annexes IV, p. 183) Nous avons fait le choix de nous appuyer, dans ce rapport, sur quatre profils types interrogés (Fig. 35) : deux enseignants de projet, un enseignant de STA92 et une étudiante en dernière année d’architecture. Le montage audio a permis de révéler des questionnements communs, notamment sur l'échelle 1 qui ne semble pas positionné judicieusement dans l’école et donc pas exploité à sa juste valeur. Mais aussi sur la relation entre le penser et le faire dans la conception architecturale et paysagère, formant d’après eux des architectes ne sachant pas concevoir à travers la fabrication, mais seulement via le dessin. Ainsi, nous avons formuler une problématique majeure, sur la base des données des usagers : comment articuler le penser et le faire au sein de la pédagogie et comment révéler et mettre en valeur cette articulation au sein de l’école ? Cependant, nous pouvons noter que peu d’usagers ont abordé la question de la participation citoyenne dans leur idéal pédagogique. Nous ne sommes pas en mesure de donner une réponse à cette absence de considération mais ne pouvons pas la considérer comme étant une donnée objective, au vue de notre échantillonnage non représentatif de l’ensemble des usagers de l’école.

92 STA : Sciences et techniques de l’architecture

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Mathieu Berteloot enseignant de projet à l’ENSAPL « Moi ce que je trouve le plus dommageable sur la partie Seraji c’est l’atelier échelle 1 qui n’a pas de visibilité, qui est loin, qui est enfoncé… qui est un outil extraordinaire mais qui est malheureusement loin et pas connecté au reste de l’activité de l’école » «[...] c’est vraiment quelque chose qui manque à l’école, l’articulation au faire, l’articulation à une matériauthèque. » «[...] avoir un cohérence entre ce qu’on enseigne et la façon dont on pratique [...]» « Je pense que le coeur d’une école d’architecture, si c’est une bibliothèque, une matériauthèque et un atelier de maquette avec les ateliers qui tournent autours c’est, en tous les cas je trouve, un espèce de modèle idéal. Le faire au centre, avec les ateliers en relation direct avec cela. »

Fig. 35 Diffuser et prendre en considération la parole des futurs acteurs de l’école

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Adrien de Bellaigue enseignant de projet à l’ENSAPL « La conception se poursuit tout au long du processus de production du bâtiment [...] Le chantier est une phase de conception, ce n’est plus la même nature mais c’est une phase de conception » « Moi ce que j’essaie d’enseigner c’est plutôt une démarche, s’intéresser ou introduire très tôt dans la conception des choses qui ont à voir avec le faire, ça nourrit le projet » « Moi ce qui me faudrait, c’est des ateliers qui soient directement liés à l’atelier échelle 1 et aux espaces extérieurs et peut-être un atelier échelle 1 beaucoup plus accessible [...] Faudrait faire une école et juste garder l’atelier échelle 1 » « Le chantier c’est une expérience humaine »

Fig. 35 Diffuser et prendre en considération la parole des futurs acteurs de l’école

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Jean-Christophe Laurent enseignant de STA* à l’ENSAPL

(STA : Sciences et techniques de l’architecture)

« En tant que enseignant STA, je n’arrive pas à activer les questions constructives dans le projet et ça j’y parviens pas parce qu’en fait les enseignants de projet n’ont pas ces préoccupations. » « L’existence de l’atelier échelle 1 [...] Il est totalement excentré. On ne peut pas tout mettre au même endroit, il est totalement en dehors de l’école. » « Articuler le penser et le faire qui est au coeur de l’architecture [...] »

Fig. 35 Diffuser et prendre en considération la parole des futurs acteurs de l’école

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Stessy Martin étudiante niveau PFE à l’ENSAPL « Je trouve ça hyper intéressant de travailler avec les machines etc. [...] je ne suis pas là pour faire parce que l’on me l’a dit, je suis là parce que j’ai vraiment envie. » « Pour moi faire les choses c’est complétement différent que de les dessiner. »

Fig. 35 Diffuser et prendre en considération la parole des futurs acteurs de l’école

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Vers une pédagogie expérentielle de la transition écologique

L’articulation entre le penser et le faire pour une transition écologique

doit se faire, d’après nous, par la mise en place d’une pédagogie expérentielle. Nous définissons celle-ci comme un outil pour impliquer et confronter les étudiants et les enseignants à une réalité sociétale et à une réalité constructive. Nous souhaitons établir une pédagogie encourageant les étudiants à s’investir dans le devenir de notre planète, et de ce fait, l’expérimentation a le pouvoir d’agir sur un environnement direct. L’objectif étant d’offrir aux usagers de l’école, « une occasion de déployer leur créativité pour proposer des solutions à des problèmes concrets, avec une incidence mesurable »93. Dès lors, la pédagogie que nous proposons se confronte à une réalité de la future commande et de la future construction pour envisager un nouveau système écologique. Pour ce faire, nous envisageons de multiplier les situations pédagogiques, allant de l’école comme laboratoire, à l’atelier de fabrication, au FabLab jusqu’aux chantiers comme lieux d’apprentissage. L’idée étant ainsi de développer des connaissances spécifiques pour les étudiants, leur permettant de dépasser la barrière mentale entre l’acte de concevoir et l’acte de bâtir. L’aspect expérimental de cette pratique doit également se comprendre sous son aspect novateur. En effet, peu de personnes sont formées à la transition écologique et de ce fait, nous envisageons l’école comme un lieu de recherche et d’exploration formulant ainsi une pédagogie par tâtonnement, ouverte à l’inattendue pour s’adapter à l’incertitude de la société. Nous nous appuyons d’ailleurs sur la vision des Saprophytes et sur leur pratique expérimentale 93 ZAWISTOWSKI Marie et Keith, « Design / build LAB : une pédagogie au service de l’intérêt public », op. cit., p.103

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définie comme une « pratique tâtonnante, très empirique, une pratique "en chantier " qui [répondrait] à une commande floue, atypique »94 pour envisager la future école comme un laboratoire d’expérimentation partagé. L’école, au-delà de son cadre pédagogique, doit porter un message éthique au quartier et à la ville pour insuffler une dynamique et former les citoyens à devenir acteurs de cette transition écologique. Nous envisageons l’école d’architecture et de paysage comme un élément incontournable pour engager cette transition, « l’enseignement du projet, la transmission pédagogique, peut donc être le seul lieu où cette transformation dans la manière de concevoir s’amorce, et il faut l’espérer, s’installe »95. Ainsi, ce projet doit se comporter comme un lieu d’exemplarité au quotidien. Nous souhaitons intégrer à cette pédagogie expérimentale, un lien très étroit avec son territoire et lui conférer le rôle de révélateur des savoirs locaux pour redéployer de manière durable les savoirs de l’acte de bâtir sous une dimension écologique.

Une pédagogie qui naît de son territoire

Nous avons fait le choix de partir du territoire pour formuler,

en partie, les objectifs et les situations pédagogiques de ce nouveau projet d’établissement. Nous nous sommes posées la question suivante : comment le territoire peut-il influencer la pédagogie ? Celle-ci nous a permise de continuer le travail amorcé de composition avec et pour celui-ci. De ce fait, le 94 BONNET Claire, MUSSAULT Violaine et SKORUPINSKI Véronique pour Les Saprophytes, « Les Beaux Monts d’Hénin : chantier relationnel », Les Carnets du paysage, op. cit., p. 135 95 TUFANO Antonella, « Les clés de la latence : dispositifs conceptuels pour la fabrique du projet », D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, ROLLOT Mathias, YOUNES Chris, Ressources urbaines latentes, pour un renouveau écologique des territoires, op. cit., p.1

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modèle pédagogique défini pour la future école de Bois-Blancs et du Marais se portera sur l’environnement local, avec des convictions environnementales globales. Nous nous sommes attelées à reconsidérer le déjà-là comme une ressource pédagogique. Nous avons relevé les éléments composants le génie du lieu. Nous avons ensuite procédé à une phase d’identification des opportunités de ce déjà-là pour finalement, dans un dernier temps, définir des nouvelles situations pédagogiques découlant du territoire. (Fig. 36) Ainsi, le programme pédagogique propose des travaux portant, entre autres, sur la dépollution des sols, sur des prototypages de recyclage et de réemploi ou sur l’écoute de la parole habitante. Nous envisageons la pédagogie par le faire comme une confrontation au réel et au territoire local. L’école est à envisager comme un écosystème territorial en mutation constante, intégrant ses usagers. La pédagogie prend donc en compte les usagers de la ville pour travailler conjointement à la transformation du territoire. Le projet d’établissement définit ainsi deux axes majeurs écologiques qui sont les suivants : un premier centré sur l’écologie sociale autour de la collaboration et la participation, et un second porté sur l’écologie environnementale, sur la question du faire et du cycle de vie. Ces deux axes de travail sont à comprendre conjointement, pour tenir en équilibre l’écosystème territorial. Ce futur projet d’établissement intègre donc un nouveau fonctionnement interne des études, s’appuyant cependant sur l’organisation européenne, licence, mater, doctorat. (Fig. 37) Nous avons défini deux cycles aux objectifs pédagogiques distincts. Le premier vise à prendre conscience et connaissance des problématiques actuelles, il est réparti en trois thématiques. La première, correspond aux chantiers de déconstruction. Ceux-ci sont enseignés au

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LES OPPORTUNITÉS DU DÉJÀ LÀ POUR UNE NOUVELLE PÉDAGOGIE

B O I S - B L A N C S

PÔLE ARTISANAT

RÉSEAU RESTE-RESSOURCE

RÉSEAU FLUVIAL

Terrain d’expérimentation pendant la dépollution

Nouveau parc urbain

Possible partenariats

Possibilité d’accueil d’une ressourcere en lien avec l’école

Nouvelle façade fluviale pour Lomme

Continuité de la ceinture verte

PÔLE EXCELLENCE INNOVATION

IDENTITE DU QUARTIER

Possible partenariats

Nouvel espace public comme lieu d’échanges

S’inscrire dans un réseau existant

ECOLES ENVIRONANTES

Possible partenariats

Possible partenariats

Organisation workshop

Organisation workshop L’école comme articulation dans le quartier

L’école comme démonstrateur des possibles Etude paysagère comme chantier Phytoremédiation

Protection des berges

Prototypage

Dépollution des sols

Echanges avec corps de métier spécifiques

Acivation de bandes paysagères Perméabilité des sols

Réemploi, recyclage, réutilisation Nouvelle méthode de conception

PÔLES PLAN GUIDE

Dépollution de l’eau Inscription dans un réseau de redistribution et de recyclage

Prototypage

Apprentissage nouvelles technologies

Support de travaux collaboratifs

Mélange disciplines et savoirs

Connaissances des futurs collaborateurs

Influence de la pédagogie de l’innovation et de l’entrepreneuriat

Travail avec les associations de paysage et de sport

Connaissances des futurs collaborateurs

Mise en place d’évènements temporaires cultuels

Sensibilisation et transformation habitudes de travail

Mise en place d’évènements temporaires culturels type exposition

UNE PEDAGOGIE DU FAIRE POSSIBLE PAR LA CONFRONTATION AU REEL

MISE EN PLACE SOUS L’AXE SPECIFIQUE DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE

Fig. 36 Une pédagogie qui découle des opportunités offertes par le territoire

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Echanges avec corps de métier spécifiques

OPPORTUNITES POUR L’ECOLE

CEINTURE VERTE

MISE EN PLACE D’UNE NOUVELLE PEDAGOGIE

POLLUTION DES SOLS

GENIE DU LIEU

Comment le territoire influence-t-il la pédagogie ?


travers d’un arpentage dans le quartier sous forme de visites et de rencontres avec les acteurs concernés. La deuxième thématique se traduit par un apport théorique sur les matériaux, sous le visu de différentes disciplines telles que le numérique, la résistance des matériaux ou encore la sociologie. Enfin, le dernier axe d’étude est la manipulation, les premières expérimentations pour une pratique écologique. Le deuxième cycle s’inscrit, quant à lui, dans une continuité de l’enseignement proposé en abordant les thématiques de la démontabilité, du réemploi en lien avec la ressourcerie et de la pratique de la co-conception. Chacunes de ces thématiques s’accompagne d’un socle de connaissances et de pratiques plus générales que nous pouvons retrouver à l’ENSAPL, permettant ainsi la pratique des arts ou la connaissance de l’histoire, à titre d’exemples. Les deux cycles proposés envisagent une ouverture sur le réel par des partenariats et des liens étroits entretenus avec le réseau Fab City, avec les FabLabs, les artisans et les habitants du quartier.

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20 21

20 20

4

20 21

5

NOUVELLE PEDAGOGIE, NOUVEAU CURSUS Fab-city géstion stock

textiles

fibres

histoire

terre

bois

sociologie

économie

théorie

matériaux organiques matériaux minéraux

ressource rie

théorie

pierre

propriétés

verre

aciers

numérique

rendre des matériaux opérationnels

u ia

potentielles déconstructions

thé or ie

du

ma té r

béton

uction nstr déco er. nti cha

cours publics

matéria

CYCLE 1

re euv

ion cept con co-

(école de Ré-Emploi)

d é m on ta bi l

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En fonction des matériaux dispos

é it

définir les necessités propre au lieu

visites de chantier

m

co-conception

pratique exp érime ntal e

Habitants du quartier

connexion au quartier

on

pratique concrète du projet

déco

ruc nst ti

CYCLE 2

rut ub

prototypage

fab lab assemblages recherche

workshop projet long

manipulation expérimentation

workshop projet cours

Fig. 37 Les spécificités du nouveau cursus

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artisans du quartier


3.b L’école comme laboratoire de l’écologie environnementale

Apprendre à concevoir en cycle de vie

La pratique du recyclage et de ces filiation en « re » tel que le

réemploi nécessite un retour vers la pratique, le test ou le prototypage car nous devons identifier ce qu’il est possible ou non de réaliser avec les matériaux de seconde vie. Ainsi cette pédagogie du faire va de pair avec la conception en cycle. Mais une telle pratique influe sur l’organisation de l’école, quel espace a-t-on besoin pour comprendre et apprendre à concevoir ainsi ? Nous devons requestionner le programme d’une école d’architecture et de paysage pour envisager un nouveau modèle pédagogique.

Des dispositifs pour apprendre à penser en cycle

Nous définissons, dans un premier temps, un chemin de la matière

à l’échelle de la presqu’île. (Fig. 38) Une bande productive du plan guide relie l’école à la ressourcerie et donc au quai de déchargement des matériaux. Il s’agit d’apprendre à remettre en cycle et de ce fait, les matériaux de réemploi livrés par transport fluvial représentent une opportunité pour l’expérimentation et le prototypage par les étudiants. Une fois que la matière arrive à l’école, il faut adapter le programme pour lui offrir de la place et permettre le stockage ainsi que son tri. Couplé à cela, nous donnons de l’importance au pôle numérique qui semble apparaître comme un outil indispensable pour envisager l’avenir

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5 8

7

6

4

9 3 2

1

1 - Loges 2 - Salle de répétition 3 - Stockage du décor 4 - Arrière scène 5 - Rideau 6 - Fond de scène 7 - Scène 8 - Gradins 9 - Espace de rencontre

Fig. 38 Théatralisation du chemin de la matière, première intention Maquette du 29/03/18

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du réemploi et du recyclage. En effet, à titre d’exemple, le scanner numérique permet d’inventorier chacune des pièces pour une meilleure exploitation par la suite des matériaux. Suivant le chemin de la matière, vient ensuite la halle d’expérimentation en lien direct avec les studios expérientiels (Fig. 39), les laboratoires de recherche, la matériauthèque et un amphithéâtre amovible. La halle d'expérimentation s’étend sur l’extérieur à travers une terrasse, en lien direct avec la traversée. La halle d’expérimentation est à mettre en lien avec deux espaces dédiés aux étudiants de paysage : la traversée paysagère et la serre dédiée à la culture hors-sol. Ces deux entités sont à considérer commes des lieux d’expérimentation permettant également de tester et de prototyper le réemploi des matériaux dans des travaux paysagers. L’objectif étant de créer une communauté autour de l’expérimentation des matériaux de réemploi en mettant à disposition des étudiants toutes les ressources nécessaires. Différentes situations pédagogiques sont dès lors proposées. Deux types de studios prennent place le long de ce chemin de la matière. Les premiers sont en lien avec les zones de gestion et de stockage des matériaux de réemploi. Les seconds, que nous allons détailler plus précisément ici se trouvent au sein même de la halle d’expérimentation. (Fig. 40) Ils sont pensés selon une composition plein/vide : deux ateliers pour un espace libre au centre, propice à la rencontre, à l’échange et à la discussion. Ce sont des plateaux d’expérimentation qui communiquent avec la halle et avec l’extérieur puisqu’ils peuvent s’ouvrir entièrement. Ils définissent les entrées dans chacun des ateliers et sont à considérer comme des entre-deux expérimentaux. Les studios, quant à eux, sont conçus de plus petite taille puisqu’ils sont considérés davantage comme des lieux de regroupement et de discussion avant de partir dans la halle, tester et prototyper.

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Fig. 39 Des plateaux d’expérimentation 152


Fig. 40 Une conception plein/vide, création d’un entre-deux partageable Maquette du 30/04/18 153


Vers une pédagogie expérientielle

Dès lors, l’école est envisagée comme un laboratoire d’apprentissage

autour de la matière, au service d’un territoire. La pédagogie par l’expérimentation permet de s’ouvrir à l’inattendu et développe l’intuition chez les étudiants. L’objectif pédagogique étant de « décomplexer l’étudiant en l’incitant à laisser flotter son imaginaire à travers des exercices d’apparence inattendue pour lui »96. La pédagogie expérientielle libère et permet aux étudiants d’interroger l’impensable, à la recherche de solutions innovantes sur des thématiques aux enjeux sociétaux importants. De plus, l’apprentissage par l’expérience convoque de nombreux champs disciplinaires, permettant ainsi un croisement interdisciplinaires et un enrichissement plus important.

96 DOAT Patrice, « Vers une pédagogie dynamique et créative », D’Architectures, op. cit., p.78

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3.c L’école comme laboratoire social par la participation

Nous nous sommes ici intéressées à une situation pédagogique type,

entraînant la conception d’un studio permettant la participation citoyenne. Par participation citoyenne nous entendons l’instauration de nouveaux processus collaboratifs et interdisciplinaires favorisant la rencontre et les échanges informels entre étudiants mais aussi entre habitants du quartier, artisans et autres professionnels. Ainsi, à l’image de l’appel de Lyon, « l’atelier de projet doit être réinventé de manière participative et tisser des liens avec d’autres cultures ».97 Pour ce faire, les studios doivent permettre le partage de productions mais aussi de pratiques. Nous avons de ce fait débuté notre travail de conception par la mise en place d’un imaginaire au travers d’un collage d’ambiances. (Fig. 41) Nous avons envisagé des studios de superficie importante, permettant l’accueil d’un public extérieur. Les studios participatifs s’organisent autour d’un vide, un espace central, destiné aux étudiants pour se retrouver, échanger, apprendre et discuter. Au sein de cet espace partagé et partageable nous avons conçu un amphithéâtre pouvant accueillir quelques étudiants, permettant les réunions informelles et les présentations avec le public extérieur. (Fig. 42) Chaque studio est ensuite conçu suivant trois parties, instaurant une gradation de l’intimité. La première, à proximité de l’espace de rencontre central, est destinée à recevoir du public, à organiser des réunions en grand groupe et comprend de nombreux panneaux d’affichage pour favoriser les 97 http://ensaeco.archi.fr/, Appel de Lyon, consultable sur http://ensaeco.archi.fr/, op. cit., consulté le 23/04/18

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Fig. 41 Un studio pensĂŠ pour accueillir une expĂŠrience participative

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échanges. Les deux autres parties, quant à elles, sont destinées au travail quotidien des étudiants, telles des coulisses. Au sein de ces studios, nous mettons à disposition des cloisons amovibles permettant de structurer l’espace en fonction des besoins et des envies des étudiants. Nous avons conçu ces studios suivant divers dispositifs architecturaux permettant d’adapter et de proposer différentes situations pédagogiques. En effet, nous avons apposé une circulation filant le long du studio pour permettre d’étendre les zones de travail si besoin et d’offrir des espaces de déambulation et d’exposition supplémentaires. Les studios ont de grandes ouvertures coulissantes donnant sur la circulation, permettant si besoin d’effacer les limites et d’offrir des espaces plus larges. La déambulation permise dans cette organisation permet d’organiser diverses expositions et rencontres, tout en s’adaptant au public reçu, elle est propice à la mise en place d’une scénographie.

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Fig. 42 Gradation de l’intimité pour différents dispositifs pédagogiques Maquette du 30/04/18 158


3.d L’école comme laboratoire, dès la conception L’école comme démonstrateur d’une conception en cycle

Nous envisageons la conception de cet équipement en cycle,

notamment par la tentative de mise en place d’une conception en ACV. Nous allons jusqu’à imaginer l’évolutivité et la déconstruction de l’école par ses usagers et par les déconstructeurs voisins. Par cette démarche, l’école devient un exemple de bâtiment conçu en ACV. Il s’agit aussi de transmettre les valeurs de l’éco-conception ainsi que son paradigme le recyclage urbain. Nous avons mis en pratique ce dernier par l’emploi de deux de ces filiations via la reconversion des halles et la pratique du réemploi pour tendre vers la transition écologique. Cette pratique témoigne d’une recherche et d’une volonté de transmettre aux futurs étudiants la nécessité de concevoir en cycle. De ce fait, nous avons définis différents dispositifs pédagogiques permettant cet apprentissage. D’abord, l’école s’entoure de partenariats dès sa conception, comme par exemple avec la ressourcerie. Ces partenariats doivent exister dès le départ et être entretenus et convoqués au sein de cette nouvelle pédagogie pour les développer. Dans un second temps, la construction de l’école est à envisager comme un chantier école car elle est partiellement co-construite par ses usagers. Ainsi, les valeurs pédagogiques par le faire et l’expérimentation sont mises en place avant même le fonctionnement de l’école. Dans cette même idée, nous proposons l’instauration du « 1% formation », à l’image de Patrick Bouchain, qui permet d’établir des cours publics sur chantiers par divers corps de métiers et d’ouvrir le chantier à toute personne intéressée et curieuse.

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L’ensemble de ces pratiques prônent la rencontre et l’échange pour se former. L’objectif étant de se nourrir du savoir de chacun. Dans cette vision humaniste, nous allons dorénavant nous intéresser à la place des usagers lors de la phase de conception de l’école.

Une conception participative de l’école

Nous avons fait le choix d’intégrer les usagers à la conception

de l’école. Nous envisageons la participation comme un outil permettant d’exprimer la capacité des usagers à habiter un lieu, à se l’approprier. C’est pourquoi, nous mettons en avant le caractère de l’habitabilité résidant dans chacun d’entre nous à la manière de Lucien Kroll. D’après nous, l’école doit traduire une architecture habitée, appropriée. Ce n’est plus sa fonctionnalité qui nous intéresse mais son hospitalité. Nous adoptons ici la posture d’un architecte accompagnateur, guidant les usagers dans leur désir d’habiter cette école et ce quartier. Le futur établissement apparaît ainsi comme un laboratoire pour le quartier, un lieu d’expérimentation mettant en avant la « quête de la parole habitante »98, méthode de recherche et d’écoute développée par Lucien Kroll. L’école doit être le reflet d’une nouvelle manière de penser la ville et ainsi nous lui octroyons un caractère d’exemplarité pour insuffler un nouvel élan dans le quartier. Les habitants de Bois-Blancs et du Marais sont par conséquent invités à exprimer leurs envies et leurs attentes pour initier une nouvelle dynamique urbaine.

98 BOUCHAIN Patrick (dir. publication), Simone et Lucien Kroll : une architecture habitée, op. cit., p. 21

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Nous avons fait le choix d’exposer, dans ce rapport, une séance collaborative que nous avons organisé avec deux étudiants de l’ENSAPL. (Fig. 43) L’idée étant de présenter le projet aux usagers de l’école pour leur permettre d’effectuer des ajustements. Nous leur avons présenté une proposition, un projet dessiné. En effet, nous pensons que l’architecte doit définir un cadre fixe, tout ne peut pas être négocié et modifié par les usagers. Nous nous sommes placées ici dans une logique de négociation. Pour ce faire, nous avons défini des outils spécifiques permettant la compréhension du projet, l’échange et des propositions de transformation. Nous avons considéré le plan du projet comme base pour notre discussion. Nous avons également sollicité des images de références permettant un travail de définition d’ambiances ainsi que des post-it permettant de recueillir leurs avis, sur le moment. (Fig. 45) En parallèle, nous avions conçu des maquettes manipulables de studios pour permettre la manipulation, cependant elles ne semblent pas avoir été un outil aussi adapté que le plan. (Fig. 44) Les usagers ont mis en avant différents questionnements et ont proposé certaines adaptations. Ils ont notamment noté un manque d’espaces extérieurs réservés aux étudiants de l’école et ont souhaité réduire la part donné à l’espace public pour investir des lieux destinés seulement aux usagers de l’école. Ils ont questionné l’aménagement paysager de la traversée centrale qui leur paraissait trop dessiné et trop directif. Ils trouvaient également qu’il existait une trop grande variété de matériaux de sols dans les aménagements extérieurs de l’école, brouillant la lisibilité de l’aménagement paysager. Enfin, ils nous ont questionné quand à la visibilité de l’établissement depuis différents points de vue, autour du site. Nous avons ainsi, par la suite, ajustés

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Fig. 43 Requestionner le projet au travers d’une sÊance collaborative

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Fig. 44 Offrir un support de nĂŠgociation Maquette du 16/05/18

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Fig. 45 Un outil de nĂŠgociation et de suggestion

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les points suivants : la notion des limites du projet, l’aménagement paysager ainsi que la relation des façades avec leur environnement.

Les problématiques majeures actuelles auxquelles nous faisons face

en tant que citoyen et architecte nous interrogent quant à l’attitude à adopter, en lien avec notre environnement et notre société. Face à ce constat, nous proposons d’adapter la formation des futurs architectes et paysagistes en mettant en place une école laboratoire de l’écologie environnementale et sociale. Cette nouvelle pédagogie nécessite certains dispositifs évoqués précédemment, ainsi que la possibilité d’en accueillir des nouveaux, via un système adaptable. Cette école est pensée tel un démonstrateur de la pédagogie qui va y prendre place. Elle cherche à soutenir de nouvelles pratiques et à reconnaître de nouvelles expertises. Alors, de ce nouvel enseignement, émergent de nouveaux métiers tels que l’architecte éco-concepteur, le prospecteur (observateur et révélateur des ressources latentes) ou alors, par exemple, les spécialistes en déconstruction, en ACV, en élaboration de guide de déconstruction et de documentation des nouvelles constructions. Il s’agit dès lors d’adapter la vision de la profession d’architecte à notre vision de la société et à ses futures évolutions.

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CONCLUSION

De nouvelles postures en lien avec la société contemporaine

L'ère de l'Anthropocène est déjà bien entamée, alors se dégage la

nécessité de penser et concevoir autrement. Face à ce constat de départ et au sujet du semestre - pédagogies de l'architecture et architectures de la pédagogie - nous avons souhaité nous interroger sur la pédagogie à définir pour inscrire l’école dans les enjeux sociétaux contemporains et envisager le territoire sous son aspect durable. Dès lors il s'agit d'adopter le recyclage comme paradigme urbain et architectural. Recycler la presqu'île Boschetti nécessite l'utilisation de deux stratégies en « re », ici la reconversion des halles existantes et le réemploi de certains matériaux. Cette étude à partir du vocable recycler nous amène à mettre en place une méthode de conception circulaire avec pour concept clé : les cycles de vie. Notre démarche s'attèle alors à définir deux postures de l'architecte : celle de reconcepteur et celle d'éco-concepteur. À l’aide de celles-ci, nous nous positionnons quant à la pratique vers laquelle nous souhaitons nous engager. Ces attitudes garantissent une nouvelle manière de concevoir l’architecture et questionnent la pédagogie diffusée dans les écoles d’architecture et de paysage.

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Une pédagogie de la transition écologique

Nos postures envisagent l’écologie sous deux aspects : l’écologie

sociale et l’écologie environnementale. Ainsi, nous définissons une pédagogie en résonance avec notre prise de position en la considérant sous le visu de la transition écologique. Pour ce faire nous déterminons deux axes pédagogiques majeurs dans l’organisation de l’école, un premier centré sur l’expérience autour du recyclage et un second, sur la participation citoyenne. L’objectif étant de considérer le projet de l’école d’architecture et de paysage comme un démonstrateur de cette nouvelle pédagogie, un exemple destiné aux étudiants mais également aux habitants du quartier. À nos yeux, la pédagogie doit dialoguer étroitement avec son territoire. Dès lors, le projet devient un espace pédagogique à part entière et nous le définissons comme un laboratoire pour tester et expérimenter de nouvelles manières d’enseigner, de concevoir et de construire. En s’ouvrant au quartier, cette pédagogie tente d’effacer les limites d’un enseignement enfermé entre ses murs pour donner l’occasion à tout à chacun de se former sur les questions de la durabilité de notre territoire. Une méthode par cycles de vie

Pour mettre à l’oeuvre ce nouveau modèle pédagogique, nous avons

défini une méthode, comme énoncé auparavant, qui s’appuie sur les cycles de vie. Cette conception circulaire s'exprime au travers de différents niveaux d'interventions dans le projet, à savoir :

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- une réinterprétation des cycles de vie de la ville. Il s’agit alors de penser l’urbain durablement tel un écosystème, par des actions spécifiques d’accompagnement et d’impulsion des volontés citoyennes. - une programmation de l’école par ses cycles de vie. De là, nous définissons l’installation de l’école selon un phasage. - une différenciation des temps d’utilisation de l’école, au sein d’un même cycle. Une partie de l’école est à comprendre comme un équipement culturel pour le quartier, comme un lieu de regroupement alors que la seconde est destinée spécifiquement aux usagers de l’école. - la définition d’une structure permettant différents cycles, c'est-à-dire, un système conçu pour s'adapter à la pédagogie mise en place et à son évolution mais également pour envisager la vie post-école. Il s’agit alors de s’interroger sur l’adaptabilité et la démontabilité de la structure que nous mettons en place. Et après... Nous considérons ce semestre comme une opportunité nous permettant d’explorer et d’approfondir une thématique qui nous semble primordiale et que nous engageons avec grand enthousiasme : le devenir de notre planète. Celle-ci nous mène à repenser nos manières de faire et ce projet s’est présenté comme un moyen intéressant pour mener à bien cette réflexion, en y associant une dimension pédagogique. Nous nous sommes alors emparées d’un questionnement quant au devenir de notre environnement : comment former les futurs architectes pour concevoir le territoire durablement ? Cette interrogation devrait nous guider tout au long de notre profession et de notre vie puisqu’elle nous paraît incontournable, à l’ère de l’Anthropocène.

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LEXIQUE Acupuncture urbaine « Théorie bio-urbaine, qui conjugue la sociologie et l’aménagement urbain avec la théorie médicale chinoise de l’acupuncture. En tant que méthodologie de conception, elle opère des micro-interventions tactiques sur le tissu urbain, visant à obtenir des répercussions et une transformation en cascade de l’organisme urbain général. A travers ces points, l’acupuncture urbaine cherche le contact avec les savoirs locaux du site. Par nature, l’acupuncture urbaine est souple, écologique. » REVEDIN Jana, La ville rebelle – Démocratiser le projet urbain, Paris, Editions Gallimard, 2015, 154 p ACV « L’analyse du cycle de vie (ACV) d’un matériau ou d’un produit permet de mesurer l’impact de l’utilisation d’une ressource et donc d’orienter les choix de matériaux dès la phase projet, qu’il s’agisse de construction, d’infrastructure, ou d’aménagement. » JOURDA Françoise-Hélène, Les 101 mots du développement durable : à l’usage de tous, Paris, Archibooks, « 101 mots », 2011, 84 p Approche paysagère Approche globale, relationnelle, sur le long terme « Le paysage est à comprendre dans le sens de milieu complexe construit par des entrecroisements, multiples, tissés. Le long terme correspond à une longue durée. Partir de l’existant, du non-dit, comme la trame sur laquelle se pose un nouveau projet qui n’est qu’un moment dans l’histoire et qui continue à évoluer sans nous. » BOUCHAIN Patrick (dir. publication), Simone et Lucien Kroll : une architecture habitée, Arles, Actes Sud, 2013, 355 p Complexité Étymologie de complexité : qui vient de embrasser, cette pensée embrassante rassemble diverses éléments et idées. www.littre.org, consulté le 20/02/18 Déchets « Toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire » Directive européenne 2008/98/CE

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« le produit ou le résultat d’une déchéance, une chute qui fait tomber de, depuis, à partir de » Guéry François, « déchets », dans D’ARIENZO Roberto, YOUNÈS Chris, Recycler l’urbain, pour une écologie des milieux habités, Italie, Métis Presses, « vuesDensembleEssais », 2014, 525 p « Le déchet, c’est matière abandonnée, sans intérêt , qui rentre dans la déchéance. Pourquoi les nommer des restes ? Sans doute parce qu’ils résistent et que nous ne pouvons pas aller plus loin dans la suppression [...] ce qui subsiste, en somme, lorsqu’on a enlevé le meilleur ou l’utile, le quasi-cadavérique, lorsque la vie est partie. » DAGOGNET François, Des détritus, des déchets, de l’abject : une philosophie écologique, Le Plessis-Robinson, Synthelabo, « Les empêcheurs de penser en rond », 1997, 230 p Délaissé « Procède de l’abandon d’un terrain anciennement exploité. Son origine est multiple : agricole, industrielle, urbaine, touristique, etc. Délaissé et friche sont synonymes. » « En secteur urbain ils correspondent à des terrains en attente d’affectation ou en attente d’exécution de projets suspendus aux provisionnements budgétaires, aux décisions politiques. Les délais, souvent longs, permettent aux friches urbaines d’acquérir un couvert forestier (forêt des délaissés.)» CLÉMENT Gilles, Manifeste du Tiers paysage, Paris, Éditions Sujet/Objet, 2004, 69 p Démontabilité « Conception pour rendre démontables les éléments des parties ou l’ensemble du bâtiment. Cette pratique permet ainsi d’éviter les déchets en maximisant les possibilités de réemploi, de réutilisation, d’évolutivité, d’entretien maintenance. » http://www.bazed.fr/theme/demontabilite, consulté le 11/03/18 Impensé « L’impensé [...] s’appuie sur ces espaces de liberté dont nous avons besoin pour produire une architecture chargée de sens et non de normes » BOUCHAIN Patrick, Construire autrement, comment faire ?, Arles, Actes sud, « L’Impensé », 2006, 192 p Latent « Le latent n’est pas ce qui est évident, le chemin battu, l’acte officiel, le geste manifeste. Le latent est une entité dissimulée, invisible ,en attente de valorisation. Elle considère que la nature expérimentale de l’action latente crée des conditions d’instabilité qui

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avivent une intelligence rusée capable de faire du non-contrôle une ressource.» Ainsi l’incertitude fertile du latent révèle la capacité : « de répondre à une multiplicité de situations possibles liées au contexte spécifique. » Vient du verbe latere : être caché , se réfère au domaine médicale. Lien avec les phénomènes urbains « qui restent enfouis par peur de remonter à la surface et d’être normalisés, à ces zones considérées comme des maladies à soigner avant même d’être comprises, à ces réalités sociales qui ne peuvent survivre que là ou il y a très peu de contrôle de la part du Pouvoir, à ces tiers paysages de Gilles Clément, précieux dans leur état d’abandon , mais considérés bien trop souvent comme des herbes folles à extirper » D’ARIENZO Roberto, LAPENNA Annarita, YOUNES Chris, ROLLOT Mathias, Ressources urbaines latentes : pour un renouveau écologique des territoires, Paris, Métis Presses, « vuesDensembleEssais », 2016, 414 p FREUD Sigmund, Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Gallimard, « folio essais », 1989, 224 p Mobilité « Les transformations sociales et celles du mode de vie quotidien sont imprévisibles pour une durée comparable à celle des bâtiments habituels. Les bâtiments et les villes nouvelles doivent être facilement ajustables suivant la volonté de la société à venir qui les utilisera : ils doivent permettre toute transformation, sans impliquer la démolition totale. » FRIEDMAN Yona, L’architecture mobile : vers une cité conçue par ses habitants, Paris, Casterman, « M.0. », 1971, 159 p Reconversion Re- coversio, c’est-à-dire re signifiant retour vers et conversio signifiant « action de tourner, changement, métamorphose» (CNRTL, consulté le 15/04/18) Idée d’une remise en circuit d’un site industriel obsolète en changeant son affectation. C’est redonner un nouvel usage à un édifice, conserver son identité et sa mémoire en se l’appropriant. Il s’agit d’une réutilisation et d’une requalification sociale, spatiale et économique des espaces en crise de l’industrie. LEVY Jacques et LUSSAULT Michel, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, «collection», 2013, p1128 Recycler Remettre en cycle, c’est donner une nouvelle forme à la matière pour conduire à un nouvelle usage. Ce terme apparaît en 1960 en même temps que l’expression société de consomation. C’est un moyen de lutter contre la surproduction de déchets, comme

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recycler c’est débuter un nouveau cycle en partant d’un élément considéré comme déchet. D’ARIENZO Roberto, YOUNÈS Chris, Recycler l’urbain, pour une écologie des milieux habités, Italie, Métis Presses, « vuesDensembleEssais », 2014, 525p DAGOGNET François, Des détritus, des déchets, de l’abject : une philosophie écologique, Le Plessis-Robinson, Synthelabo, « Les empêcheurs de penser en rond », 1997, 230p Réemploi « Donner une seconde chance, une deuxième valeur à ce qui, a priori, n’en avait plus, voilà le sens du réemploi ! Quand le symbolique rencontre l’économie, quand le réemploi d’une structure, d’une infrastructure existante permet de développer la ville sur elle-même, on peut alors à partir de ce qu’elle a été, entreprendre sa métamorphose pour qu’elle ne soit ni tout à fait différente, no totalement la même. » HENRY Patrick, Les 101 mots de l’urbanisme à l’usage de tous, Paris, archibook, 2011, 142 p « Le réemploi se définit comme « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus » (ordonnance n°2010-1579 relative aux déchets). Le réemploi peut être compris comme une nouvelle utilisation, de matériaux et produits n’ayant pas acquis le statut de déchet, puisque ne sortant pas du chantier. » http://optigede.ademe.fr/dechets-batiment-prevention, consulté le 12 Mars 2018 Réhabiliter Re-habilitatio, c’est-à-dire re signifiant retour vers et habilitatio signifiant « rendre apte» (CNRTL, consulté le 15/04/18) Il s’agit de remettre en état à nouveau, c’est un changement matériel sans changement d’usage. LEVY Jacques et LUSSAULT Michel, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, «collection», 2013, p1128 HENRY Patrick, Les 101 mots de la rénovation urbaine à l’usage de tous, Paris, archibook, 2011, 148 p GAUTHIEZ Bernard, Espace urbain, vocabulaire et morphologie, Ed. du patrimoine, «vocabulaire», 2003, p496 Réserve « Lieu non exploité. Son existence tient au hasard ou bien à la difficulté d’accès qui rend l’exploitation impossible ou coûteuse. » CLÉMENT Gilles, Manifeste du Tiers paysage, Paris, Éditions Sujet/Objet, 2004, 69 p

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Territoire « Le territoire n’est pas une chose mais un ensemble de relations. » MAGNAGHI Alberto, La biorégion urbaine : petit traité sur le territoire bien commun, Paris, Eterotopia France, « Rhizome », 2014, 174 p Tiers Paysage « Refuges pour la diversité, constitués par la somme des délaissés, des réserves et des ensembles primaires. » CLÉMENT Gilles, Manifeste du Tiers paysage, Paris, Éditions Sujet/Objet, 2004, 69 p Transformer « Accompagner les choses dans le temps avec respect, douceur et tendresse » BOUCHAIN Patrick, Construire autrement, comment faire ?, Arles, Actes sud, « L’Impensé », 2006, 192 p Ville 3e génération « croît sur la ruine organique de la ville industrielle : une forme ouverte, une machine organique liée aux savoirs locaux et aux actions communautaires auto-organisées. » REVEDIN Jana, La ville rebelle – Démocratiser le projet urbain, Paris, Editions Gallimard, 2015, 154 p

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BIBLIOGRAPHIE Ouvrage BEAUNE Jean-Claude, Le déchet, le rebut, le rien, Seyssel, Champ Vallon, « collection Milieux », 1999, 232 p BIANCHETTI Cristina, Territoires partagés : une nouvelle ville, Paris, Métis Presses, « vuesDensembleEssais », 2015, 281 p BIGNIER Grégoire, Architecture et écologie : comment partager le monde habité ?, Paris, Eyrolles, 2012, 159 p BOUCHAIN Patrick (dir. publication), Simone et Lucien Kroll : une architecture habitée, Arles, Actes Sud, 2013, 355 p BOUCHAIN Patrick, TAJCHMAN Alice, JULIENNE Loïc, Histoire de construire, Arles, Actes Sud, « L’Impensé », 2012, 418 p CLÉMENT Gilles, Manifeste du Tiers paysage, Paris, Éditions Sujet/Objet, 2004, 69 p in, pour une écologie des milieux habités, Italie, Métis Presses, « vuesDensembleEssais », 2014, 525 p GHYOOT Michaël pour Rotor, Déconstruction et réemploi, comment faire circuler les éléments de construction ?,Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2018, 232 p GUATTARI Felix, Les trois écologies, Paris, Galilée, « L’espace critique », 1989, 72 p KROLL Lucien, Tout est paysage, Paris, Sens&tonka, édition augmenté de 2012, 236 p MCDONOUGH William, BRAUNGART Michael, Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini, Paris, Gallimard, 2011, 230 p PIANO Renzo, Chantier ouvert au public, Paris, Arthaud, « Architectures », 1985, 214 p REVEDIN Jana, La ville rebelle – Démocratiser le projet urbain, Paris, Editions Gallimard, 2015, 154 p Article de périodique BONNET Claire, MUSSAULT Violaine et SKORUPINSKI Véronique pour Les Saprophytes, « Les Beaux Monts d’Hénin : chantier relationnel », Les Carnets du paysage, n°32, 09/17, p.135-147

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CORBOZ André, «Le territoire comme palimpseste », diogène, n°121, 01-03/83, p.25 GAUZIN-MULLER Dominique, MANIAQUE Caroline, ZAWISTOWSKI Marie et Keith, « Peut-on innover en apprenant ? Le design/build et l’apprentissage expérimental », D’Architectures, n°250, 12/16, p.69-107 GESLIN Félicie, « L’alpha et l’omega du bâtiment vertueux », Les cahiers techniques du bâtiment, n°349 03/16, p.31-33 GRUMBACH Antoine, « la ville sur la ville », Projet Urbain, direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction, n°15, 12/98, p.4-7 HUET Bernard, « Une génétique urbaine », Urbanisme, n°303, 11-12/98, p.56-59 PAVIE Virginie, « Analyse du cycle de vie », Les cahiers techniques du bâtiment, n°349, 03/16, p. 29-49 PICOUT Laurie, « Enseignement : le point de vue des étudiants », Architecture d’Aujourd’hui, n°420, 09/17, p. 56-63 VAN DEN HEULEN Dirk, « Une dynamique générative », L’architecture d’aujourd’hui n°344, 02/03, p.30-39 ZIMMERMANN Annie, « Pour un chantier lieu d’expérimentation : entretien de Patrick Bouchain », Urbanisme, n°338, 09-10/04, p.20-21 Article internet http://fab.city/whitepaper.pdf, Fab City - Whitepaper Locally productive, globally connected self-sufficient cities, DIEZ LADERA Tomas, consultable sur le site http://fab.city/, date de mise en ligne inconnue, consulté le 26/03/17 http://www.lille.archi.fr/ressources/20608/78/projet_ensap_les_objectifs.pdf, Projet d’établissement 2014-2019, consultable sur http://www.lille.archi.fr/, date de mise en ligne inconnue, consulté le 23/04/18 http://ensaeco.archi.fr/, Appel de Lyon, consultable sur http://ensaeco.archi.fr/, date de mise en ligne inconnue, consulté le 23/04/18 Europan 14, Dossier de site, Lille : île des bois blancs, consultable sur https://www. europan-europe.eu/media/default/0001/14/e14_sb_fr_lille_fr_pdf.pdf, consulté le 01/03/18

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Site internet https://www.littre.org/, consulté le 20/02/18 http://www.cnrtl.fr/, consulté le 25/02/18 http://optigede.ademe.fr/dechets-batiment-prevention, consulté le 12/03/18 http://www.bazed.fr/, consulté le 13/03/18 https://opalis.be/fr/, consulté le 14/03/18 https://www.wwf.fr/overshoot-day-2017, consulté le 20/03/18 http://be.brussels/, consulté le 15/04/18 http://www.designbuildlab.org/, consulté le 23/04/18 http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/, consulté le 23/04/18 http://www.osservatorionomade.net/, consulté le 27/04/18 http://www.jorgepenades.com/home/?/projects/Nomadic-Bench/, consulté le 28/04/18 Travail d’étudiant PETIT Carole (sous la direction de HALGAND Marie-Paule), L’architecture des écoles d’architecture. Ou l’apprentissage sous influence, 06/14, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, 163 p LANGLAIS Adèle, (sous la direction de BARRÈRE Céline et ESTIENNE Isabelle), L’occupation temporaire des terrains vacants en transition urbaine : une nouvelle stratégie dans l’élaboration du projet urbain ?, 06/17, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, 151 p VALFORT Maêlle, (sous la direction de COSTE Anne), Déchets reflet de nos modes d’habiter et de construire, ou comment les limiter tout au long du cycle de vie des bâtiments, 04/17, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, 93 p Vidéo LANCELOT Marie, Enquête urbaine, Bois-Blancs, 10/17, 9min42, consultable sur https://www.youtube.com/watch?v=uYygJSlJyPk&t=149s, date de mise en ligne 02/10/17, consulté le 21/02/18

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Audio Travail collectif de scénario : COBB Martin, DOZIER Justine, EGAL Séverine, MARCHAND Clarisse, MULLER Juliette et VENAGUE Esther, Prendre en considération la parole des futures acteurs de l’école, 12/04/18, 4min02.

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ANNEXES


Pagaille de Noël Fiche technique Artistes : 2 Technicien : 0 Durée : 30 minutes Jauge idéale : 20 à 150 personnes Spectacle intérieur Espace sol : 8x6 mètres Hauteur : minimum 5 mètres Espace scénique : Frontal, demi-circulaire 2 direct 16 A en fond de scène Son : lecteur CD (fournie par la cie) installé sur l’espace scénique. (fond de scène milieu légèrement à cour) avec possibilité de raccorder le lecteur CD au système de diffusion de la salle. Si vous ne disposez pas de système de sonorisation, merci de nous contacter Temps d’installation et préparation : 2h30 Temps de rangement : 30 minutes Si éclairage : plan de feu fixe - plein feu fixe face et contre avec des dif (ambre Lee Filters 204 ou approchant) Pour toute adaptation, merci de nous contacter. Contact Mélissa ROUX - Le Cirque du Bout du Monde BP 225 59018 Lille Cedex 06 50 28 90 57 / 03 20 88 48 31 diffusioncbm@orange.fr

Annexe I Fiche technique pour l’organisation d’une représentation artistique 180


5,50m 6m 3,20m 6m

5m

Annexe II Fiche technique pour l’organisation d’une représentation artistique 181


Parcours commenté

NOM Prénom

Lieux du parcours

Photo identité

Lieu de résidence Moyen de locomotion Statut / Profession Années dans l’école Âge

Mots/expression employés

Photo du lieu favori dans l’école

Lieux de vie en France / Etranger

Loisirs / Activités

Engagements

20 20

10

00 20

90

80

70

19

60

Parcours ENSAPL

Photos

Fréquentations hebdomadaires Lun

Mar

Mer

Jeu

Ven

Sam

Dim

Mat A-M

2018 . enquête programmatique / corps enseignant

Entretiens / Questions communes

Approche critique

Journée type

Journée particulière (rendus, visite)

Jour

1. que voudriez vous changer ?

1.relation entre pédagogie et architecture ?

2

2018 . enquête programmatique / corps enseignant

8

8

12

12

16

16

20

20

22

22

2. que vous manque t il ?

2.confort ?

Entretiens / Questions particulières 1.Qu’est-ce que l’échange dans une école d’architecture ?

2.La placec de l’échange aujourd’hui à l’ENSAPL ?

2 3

2018 . enquête programmatique / corps enseignant

2018 . enquête programmatique / corps enseignant

Annexe III Enquête réalisée auprès des usagers de l’ENSAPL 182

4


Annexe IV Informations récoltées suite aux enquêtes usagers 183


TABLE DES FIGURES ET ANNEXES Figures Fig.1 • Localisation de la presqu’île Boschetti. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : google maps, consultable sur : https://www.google.fr/maps/place/Bois+Blancs,+Lille, consulté le 03/03/18. Fig.2 • La Fab City : vers des villes responsables, du PITO au DIDO © Fab City Global Initiative, 2018, consultable sur : http://fab.city/, consulté le 25/02/18. Fig.3 • La presqu’île Boschetti, paysage insulaire entre Bois-Blancs et le Marais. © BOCQUET - 2014, consultable sur : http://www.photos-aeriennes.fr/, consulté le 12/03/18. Fig.4 • Une composition paysagère au fil de l’eau. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.5 • La presqu’île Boschetti au fil du temps © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : IGN 2017, consultable sur : https://www.geoportail.gouv.fr, consulté le 05/03/18. Fig.6 • Bois-Blancs, le bal des grues. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.7 • La presqu’île, une future articulation à la ceinture verte ? © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, inspiré du dossier Europan 14, consultable sur https://www.europan-europe.eu/media/default/0001/14/e14_sb_fr_lille_ fr_pdf.pdf, consulté le 01/03/18, source : google maps, consultable sur : https://www. google.fr/maps/place/Bois+Blancs,+Lille, consulté le 06/03/18. Fig.8 • La presqu’île, un futur pôle d’excellence de la métropole ? © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, inspiré du dossier Europan 14, consultable sur https://www.europan-europe.eu/media/default/0001/14/e14_sb_fr_lille_ fr_pdf.pdf, consulté le 01/03/18, source : google maps, consultable sur : https://www. google.fr/maps/place/Bois+Blancs,+Lille, consulté le 06/03/18. Fig.9 • Receuillir la parole des usagers du quartier. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : LANCELOT Marie, Enquête urbaine, Bois-Blancs, 10/17, 9min42, consultable sur : https://www.youtube.com/ watch?v=uYygJSlJyPk, consulté le 20/02/18.

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Fig.10 • Le plan guide, un travail de composition par calques superposés. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.11 • Un paysage insulaire. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.12 • Un paysage industriel. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.13 • Un paysage portuaire. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.14 • Envisager le cycle de vie de la matière. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : google maps, consultable sur : https://www.google.fr/maps/place/Bois+Blancs,+Lille/ fond de plan cadastral, consultable sur : https://www.cadastre.gouv.fr/scpc, consulté le 10/03/18. Fig.15 • Envisager une mise en réseau fluviale des restes ressources. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, inspiré du dossier Europan 14, consultable sur https://www.europan-europe.eu/media/default/0001/14/e14_sb_fr_lille_ fr_pdf.pdf, consulté le 01/03/18, source : google maps, consultable sur : https://www. google.fr/maps/place/Bois+Blancs,+Lille, consulté le 06/03/18 et fond de plan cadastral, consultable sur : https://www.cadastre.gouv.fr/scpc, consulté le 10/03/18. Fig.16 • Ressources latentes bâties, potentiels de déconstructions. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : google maps, consultable sur: https://www.google.fr/maps/place/Bois+Blancs,+Lille/ et fond de plan cadastral, consultable sur : https://www.cadastre.gouv.fr/scpc, consulté le 10/03/18. Fig.17 • Conservation des ressources bâties. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.18 • S’appuyer sur les ressources latentes sociales et culturelles. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : google maps, consultable sur: https://www.google.fr/maps/place/Bois+Blancs,+Lille/ et fond de plan cadastral, consultable sur : https://www.cadastre.gouv.fr/scpc, consulté le 10/03/18. Fig.19 • L’association la Deûle, une volonté de partage et d’échange © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.20 • Un outil de conception pour une révélation du territoire via l’école. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : fond de plan cadastral, consul

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table sur : https://www.cadastre.gouv.fr/scpc, consulté le 28/03/18. Fig.21 • Les espaces publics pour fédérer le quartier. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.22 • Le rapport plein/vide pour générer des continuités écologiques. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.23 • Le travail avec l’existant pour révéler le passé du site. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.24 • La traversée comme espace fédérateur pour le quartier. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.25 • Première phase de programmation : une école qui interagit avec son quartier. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.26 • L’amphithéâtre, différentes temporalités d’usages. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.27 • La grande halle, différentes temporalités d’usages. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.28 • Tendre vers une conception zéro déchet. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : http://www.bazed.fr/, consulté le 13/03/18. Fig.29 • Trois entités, trois degrès de participation. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.30 • Un processus constructif pour une expérience participative © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig. 31 • Hiérarchisation des composants du mur pour optimiser les cycles de vie © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, inspiré de VALFORT Maëlle, (sous la direction de COSTE Anne), Déchets reflet de nos modes d’habiter et de construire, ou comment les limiter tout au long du cycle de vie des bâtiments, 04/17, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, 93 p et de Matières en lumière, EK, n°39, O6-07/14, p.111-118 Fig.32 • ACV des montants type ossature bois. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018.

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Fig.33 • Un système adaptable, démontable et réutilisable. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig. 34 • Deuxième phase de programmation : une école qui répond à sa pédagogie. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.35 • Diffuser et prendre en considération la parole des futurs acteurs de l’école © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : Travail collectif de scénario avec COBB Martin, DOZIER Justine, EGAL Séverine, MARCHAND Clarisse, MULLER Juliette et VENAGUE Esther,Prendre en considération la parole des futures acteurs de l’école, 12/04/18, 4min02. Fig.36 • Une pédagogie qui découle des opportunités offertes par le territoire. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : Travail collectif de scénario avec COBB Martin, DOZIER Justine, EGAL Séverine, MARCHAND Clarisse, MULLER Juliette et VENAGUE Esther, Comment le territoire influence t’il la pédagogie ?, 25/03/18. Fig.37 • Les spécificités du nouveau cursus. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018, source : Travail collectif de scénario avec COBB Martin, DOZIER Justine, EGAL Séverine, MARCHAND Clarisse, MULLER Juliette et VENAGUE Esther, Un nouveau cursus pour une nouvelle pédagogie, 05/04/18. Fig.38 • Théatralisation du chemin de la matière, première intention. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.39 • Des plateaux d’expérimentations. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.40 • Une composition plein/vide, création d’un entre deux partageable. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.41 • Un studio pensé pour accueillir une expérience participative. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.42 • Une gradation de l’intimité pour différents dispositifs pédagogiques. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.43 • Requestionner le projet au travers d’une séance collaborative. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018.

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Fig.44 • Offrir un support de négociation. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018. Fig.45 • Un outil de négociation et de suggestion. © Clarisse Marchand et Juliette Muller, 2018.

Annexes Annexe 1 • Fiche technique pour l’organisation d’une représentation artistique. © ROUX Mélanie, le Cirque Du Bout Du Monde, Lille, consultable sur : http:// lecirqueduboutdumonde.fr, consulté le 18/05/18. Annexe 11 • Fiche technique pour l’organisation d’une représentation artistique. © ROUX Mélanie, le Cirque Du Bout Du Monde, Lille, consultable sur : http:// lecirqueduboutdumonde.fr, consulté le 18/05/18. Annexe 111 • Enquête réalisée auprès des usagers de l’ENSAPL. © EGAL Séverine, travail collectif du studio, 2018. Annexe 1v • Informations récoltées suite aux enquêtes usagers. © Travail collectif de scénario avec COBB Martin, DOZIER Justine, EGAL Séverine, MARCHAND Clarisse, MULLER Juliette et VENAGUE Esther,Prendre en considération la parole des futures acteurs de l’école, 12/04/18, 4min02.

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