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Champsaur & Valgaudemar Valentin FRECHET - Doriane HAPPEL - Juliette LOQUET Encadrant : RĂŠmi DUTHOIT
SOMMAIRE LE TERRITOIRE
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Le contexte de la commande : un Programme d’Aménagement Solidaire Plan de travail
LA FABRICATION DES PAYSAGES POSTIONNEMENT ET SITES D’EXPÉRIMENTATION
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L’objectif du travail : Préparer l’avenir, construire et transmettre un patrimoine
LE GIOBERNEY : La pérennité du joyau de la vallée
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Quelles sont les conditions d’un site d’exception ?
Proposition 1 : Proposition 2 :
Comment valoriser l’expérience du bout du monde ?
Comment valoriser l’expérience de la vallée ?
ZONE ARTISANALE DE SAINT FIRMIN : Zone Attractive ?
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Comment insérer les Z.A dans leur contexte et faire que le Paysage participe au dessin de celles-ci ?
Proposition 1 : Proposition 2 :
La pratique du lieu comme condition de l’aménagement : Ordonner les fonctions et améliorer l’accueil. Le paysage comme condition de l’aménagement : Dessiner une entrée de territoire.
SAINT LÉGER LES MÉLEZES : L’avenir d’un village économiquement dépendant de la neige Comment anticiper la transition d’un lieu dédié aux activités de loisir hivernale ?
Proposition 1 : Proposition 2 : Proposition 3 :
Spatialiser les usages quotidiens. Améliorer les liaisons piétonnes. Potentiel de transformation des espaces de parking.
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Le Bocage Champsaurien
photo
1. UN TERRITOIRE DE MONTAGNE 2. FABRICATION DES PAYSAGES 3. LES CONDITIONS D’UN PATRIMOINE
LE TERRITOIRE Un paysage de montagne
Briançon
Coeurs de Parcs Nationaux
Embrun Gap
Zones d’adhésion au Parcs Nationaux Parcs Natuels Regionaux Villes repères Limite du pays gapençais
Situation par rapport aux Parc
Parfaitement intégré aux Alpes françaises, le territoire du Champsaur Valgaudemar ce situe à 80 km au sud de Grenoble et à 15 km au nord de Gap. Ses vallées sont de fait directement influencées par le bassin de vie Gapençais qui voit sont attractivité s’accroître au fil des ans. Ce territoire se situe a l’interface entre deux structures géologiques contrastées. L’une calcaire (pré Alpes) et l’autre cristalline (Alpes) et offre ainsi des paysages éclectiques. Le Champsaur représente la dernière limite continentale de l’influence méditerranéen laissant la place aux influences climatiques continentales.
Trois communautés de Commune.
D’autre part, le Champsaur constitue la porte d’entrée méridionale du Parc Nationale des Ecrins depuis 1973. La création du parc à influencé profondément l’aménagement du territoire et est un acteur puissant pour toutes les filières du pays. L’emprise du climat montagnard si particulier marque également profondément ses vallées. De part ce caractère , les étages climatiques se retrouvent très contrastés allant de 772 mètres pour le lac du Sautet et jusqu’a 3669 m pour les Bancs. Les saisons y sont très accentuées avec une prédominance de la saison hivernale qui se voit recouvrir de neige dans les plaines et collines.
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Cependant les étés y sont aussi arides et les hommes ont depuis tout temps aménagé le territoire pour y remédier (création de nombreux canaux, fontaines, aqueduc...). Les modifications et les découpages administratifs du territoire français dans les années 60 ont modifier en profondeur l’identité du Champaur Valgaudemar. Historiquement rattaché au Dauphiné et de faite à la région Rhône Alpes, les Hautes-Alpes se sont vu pencher vers le sud et la région PACA. Au cours des siècles, ce territoire s’est vu influencer par les nombreux pays alentours qui possèdent chacun une identité culturelle propre. Il est bordé au nord par le pays d’Oisans, au nord est le Briançonnais, à l’est le pays d’Embrun, à l’ouest le Dèvoluy et le plus important le Gapençais au sud.
Le village de Laye
Le vieux Chaillol vu de Notre Dame de Bois Vert
DEUX VALLÉES A FORTE IDENTITÉ Le Valgaudemar, le petit Himalaya
Cette vallée a aussi été taillée lors des différentes périodes glacières et est aujourd’hui accentuée par la Sévraisse qui s’enfonce dans le massif. Les hameaux et villages sont disposés afin de profiter des rares élargissements, replats et terrasses alluviales. L’identité culturelle y est trés forte et le territoire influence profondément la toponymie, l’architecture, l’agropastoralisme et les hameaux. De son orientation Est Ouest les versants de l’Adret et de l’Ubac à la fois s’oppose et dialogue. Le Valgaudemar offre une grande diversité d’écosystèmes avec ses Cirques, lacs, cascades, alpages, forêt d’ubac rypisilve... Cette vallée possède également l’une des cascades les plus célèbres des Écrins, le «voile de la mairée» à proximité du gîte au Gioberney.
La vallée du Valgaudemar vu du pont de Saint Firmin
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Vallée du Valgaudemar le long de la Séveraisse
Dans le Valgaudemar, plus de 1000 habitants résident a l’année et voient leur nombre se multiplier par 5 pendant la période estivale. Le contraste entre des hivers à neige profonde, très peu ensoleillés, rigoureux et des étés où l’impact des rayons du soleil se révèle interminable ont obligé les hommes à lutter avec ferveur pour conquérir ce petit bout de territoire. L’encaissement si particulier de cette vallée vient du fort dénivelé qui l’entour (plus de 2000 mètres en moyenne) et a imposé un espace d’habité par homme restreint (abandon des vallons avalancheux: Rif du Sap...). D’après le Parc les bocages entre le Champsaur et le Valgaudemar serait l’un des plus beaux de France où tous les éléments du paysage (haies taillées, canaux, prairies, bourg, hameaux, patrimoine agricole et villageois, faune flore, chemin et route) s’accordent pour offrir une qualité de l’espace. Sur le sentier menant au refuge du Xavier Blanc
DEUX VALLÉES A FORTE IDENTITÉ Le Champsaur, un potager d’altitude
Des paysages composées
Au passage du bourrelé morainneux que constitue le col Bayard en arrivant de Gap la vallée du Champsaur s’offre a nous de façon généreuse. Au premier plan, on découvre une montagne colinéaire florissante, pays de bocage constitué de ces réseaux de haies, ses canaux, ses chemins creux et les traces d‘une activité agricole dynamique et respectueuse de l’environnement tel les arbres en têtards qui marque ici et là le paysage. Le Champsaur est une vallée glaciaire sillonnée par le Drac. Cette vallées est le commencement du sillon alpin qui sépare les Préalpes calcaires des Alpes cristallines. Ce sont ces divers facteurs géographique, climatique et géologiques qui donnent à la vallée ses atouts agricoles et touristiques.
de bocages
Des bourgs et hameaux dispersées sur l’ensemble de la vallée
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Le bocage Champsaurien
Saint Bonnet vu de Laye
Les activités y sont réparties de façon altimétrique. La basse vallée pour la culture céréalière à destination de l’élevage, le coeur du bocage pour l’élevage bovin, l’élevage ovin dans les hauts versants là où par endroits les skieurs viennent effleurer les pentes douces. Cette vallée est l’une des rares dans les Alpes à avoir conservé un profond caractère agricole. Cette vallée accueille une forte population et une grande biodiversité. La population y est dispersée le long d’un chapelet de hameau et de village. A l’interface entre le bocage et la montagne, de nombreux hameaux abandonnés et terrasses effacées reflètent l’exode rural passé. Les deux torrents (Drac blanc et noir) ont continué de tailler ces vallées de manière plus incisive depuis la fin de la dernière période glaciaire (wurm). Le Champsaur a donc su garder son bocage et un tissu de vie qui rivalise avec le caractère lunaire des hautes cimes.
LA PLACE DES DEPLACEMENTS Esthetique de la route
Au coeur de ces territoires difficilement accessibles, les voies d’accès jouent un rôle majeur. Elles permettent de structurer l’espace et de créer du liens entre les différents bourgs reculés souvent vulnérables. Les chemins de campagne ont laissés la place au début de 20éme siècle aux voies carrossables et à l’accélération des moyens de communications. Après avoir était longtemps désavouée de part son caractère imposant, la route peut être vue aujourd’hui comme une valeur esthétique de découverte de ces territoires. Ces chemins qui furent si important pour ces villages de montagne possèdent une histoire peu commune qui montre la richesse qu’elles peuvent apporter.
Napoléon longent de Drac sur le territoire du Champsaur
Un peu d’histoire... Débarquant le 1er mars 1815 à Golfe Juan avec un millier d’hommes, Napoléon traversera la Provence, méfiante voire hostile, jusqu’à Grenoble en traversant le champsaur du sud au nord. La Route Napoléon retrace le souvenir de cette épopée fantastique… En 1909 est créée la Nationale 85, une route qui reprend en grande partie l’itinéraire de l’épopée napoléonienne. Elle devient une prestigieuse voie touristique et une route mythique. La route est baptisée « Route Napoléon » en 1932. La traversée du Champsaur, lors de son retour de l’Ile d’Elbe, a été, pour Napoléon, un pur moment de bonheur. C’est là qu’il a appris que tout était encore possible pour lui. Jusque là, il avait été mollement et même fraîchement accueilli, notamment à Gap.
Vu de la D58 entre Aspres et Saint Firmin
Mais, après le Col Bayard, en arrivant dans le Champsaur, Les paysans quittent le marché de Saint Bonnet pour venir en foule côtoyer leur empereur. Comme il fait un temps superbe, ils se mêlent à la colonne et marchent à ses côtés en chantant des chansons patriotiques. Viennent se joindre à eux les gens des Barraques, du Noyer, de Chauffayer, du Glaizil, d’Aspres les Corps... Ils sont près de 2 000, et tous veulent se joindre aux troupes de Napoléon.
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Napoléon devait, plus tard, dans sa détresse à Sainte Hélène, se souvenir du chaleureux accueil que lui avaient manifesté les Champsaurins. Dans son testament il léguait 130 000 francs aux provinces les plus maltraitées. On décidait, en 1865, de prélever une somme de 5 600 francs pour construire un refuge Napoléon au Col de Manse, à 1290 mètres d’altitude, et 7 400 francs pour un autre refuge au Col du Noyer à 1 650 mètres d’altitude, sur le chemin de Saint Bonnet au Dévoluy. d’aprés http://glaizil.over-blog.com/article-27112520.htm
Ce rappel historique montre l’importance qu’on pu exercer les voies d’accès sur ce territoire. D’ailleurs, l’agence agir en ville dans son étude mais en avant les enjeux de ces voies de communications en proposant différentes stratégies .
Col Bayard vu de Laye
Marne noir
VALLÉE DU DRAC Fil conducteur du territoire.
Le Drac vu de la base de loisirs de Saint Bonnet
Le Drac est rivière torrentielle qui traverse l’ensemble du territoire et qui pourtant est visuellement effacée. La rivière est encaissée et sa rypisilve épaisse à tendance à la mettre en retrait. on l’aperçoit principalement des quelques ponts qui permettent sa traversée et des quelques sentiers piétons qui permettent de la longée. En hiver ses abords sont d’autant plus accessibles par des sentiers de ski de fond et de raquette qui la longe (notamant à pont du fossé). Le drac est l’un des derniers torrents des Alpes qui gardent sont lit majeur comme terrain d’aventure. Le Drac vu de la base de loisirs de Saint Bonnet
Le Drac vu de la base de loisirs de Saint Bonnet
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Valgaudemar
Champsaur
Haut Champsaur
Le Drac traversant le bocage Champsaurien
Le contexte de la commande : un Programme d’Aménagement Solidaire Nous intervenons à la suite d’un Programme d’Aménagement Solidaire mené sur le territoire du Champsaur Valgaudemar. Le PAS est un outil voté et mis en place par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2006. Ce programme a pour objectif d’aider les Communautés de Communes et les communes qui souhaitent entrer dans une démarche de développement durable à concevoir et mettre en œuvre des projets d’aménagement en cœur de village. Cet outil instaure un système de conseil et de subvention portant sur le foncier, l’habitat et les aménagements d’espaces publics.
Valgaudemar
La phase d’étude du PAS menée par l’agence Agir en ville (Marseille) a permis de définir les enjeux et un plan d’action avec des opérations à programmer.
Champsaur Haut Champsaur
N
0
1 km
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T
TE
C
LA
DU
U SA
La Chapelle
St Firmin
Orcières
St t
nne
Bo
Pont du Fossé
Ancelle Laye
Col de Moissière Col Bayard
Gap
1. UN TERRITOIRE DE MONTAGNE 2. FABRICATION DES PAYSAGES 3. LES CONDITIONS D’UN PATRIMOINE
LA FABRICATION DES PAYSAGES Dans un premier temps, nous nous sommes donc intéressés à ce qui fait l’économie de ce territoire, c’est-à-dire au tourisme (qui représente 80% du PIB cumulé des intercommunalités, mais aussi du département des Hautes-Alpes). Cette activité prenant majoritairement appui sur les paysages montagnards et sur la proximité avec le Parc National des Écrins, nous avons retracé l’histoire de la fabrication de ces paysages.
Vernaculaire vient du latin «vernaculum» désignant à l’origine tout ce qui est élevé, tissé, cultivé, confectionné à la maison, par opposition à ce qu’on se procure par l’échange. Le terme «activité vernaculaire» désigne ici les opérations humaines visant à utiliser les ressources propre du territoire, de son socle naturel, pour fabriquer un produit ou de l’énergie).
En premier lieu, il n’y avait que le socle. Un sol formé par l’accumulation de couches géologiques, des monts érigés par les poussées du sous-sol, de l’eau et des glaciers modelant la terre.
Les hommes viennent ensuite s’installer dans les plaines tout en évitant soigneusement les risques naturels (avalanches, effondrements, inondations... C’est le développement des activités vernaculaires. (Les hommes se nourrissent de la terre, la rendent fertile par l’irrigation, élèvent des bêtes dans les hautes pâtures, exploitent le bois et les mines... etc.
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Dans ce déroulé chronologique simplifié, nous voyons que le statut de la nature évolue, le curseur évoluant selon les sites et les époques de ressource à paysage. L’économie s’est elle aussi globalement transformée, de vernaculaire à partiellement déterritorialisée.
On commence ensuite à s’intéresser à une autre ressource de ce territoire: son climat. Se développe une première phase d’occupation touristique avec le climatisme de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’aux années 1970. Le paysage est un décor, l’isolement un atout, la montagne est un environnement salvateur.
Le tourisme dévie ensuite de cette mode hygiéniste pour se tourner vers les loisirs accessibles à tous avec le plan neige. Profitant d’un élément plus spécifique du territoire, toutes les attentions se tournent vers l’exploitation de l’or blanc. Une partie du paysage «naturel» est alors consommé par l’installation d’infrastructures lourdes pour développer le ski alpin.
N
0
Carte des activites touristiques
1 km
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Pratique du ski
Pistes et infrastructures
STATION DE SKI Aménagements & Infrastrucures Logements et chalets
La période d’affluence se réduit à l’hiver et les villes en montagnes se banalisent partout dans le massif alpin en adoptant les différents courants de l’architecture de station.
PAYSAGE TOURISTIQUE
Parkings
Carrière Scierie
Filature Station de Ski Ski de fond Base de loisir Centrale hydro-électrique ZAC
N
0
Carte des activités
1 km
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ACTIVITÉS & SOCLE
ACTIVITÉS TOURISTIQUES Créatrices des paysages
Base de loisir...
PAYSAGE du Champsaur Valgaudemar
Pratiques touristiques
ACTIVITÉS ARTISANALES
PAYSAGE
Créatrices de tourisme
Créateur de tourisme
Projets pédagogiques (fermes, centrale hydroélectrique...)
Pour autant, la demande en matière d’activités de pleine nature dans des paysages préservés explose et les espaces naturels protégés comme le Parc National des Écrins deviennent des outils au service du développement touristique grâce à leur image de marque.
Randonnées, VTT...
EXTRACTION
SYLVICULTURE
AGRICULTURE
PATRIMOINE BATI
PRODUCTION D’ÉNERGIE
LES ACTIVITÉS VERNACULAIRES
PRODUISENT
PAYSAGE DU CHAMPSAUR ET VALGAUDEMAR
UNE ÉVOLUTION DÉSIRÉE ???
PAYSAGE CONSOMMÉ
PROFITE AU DÉVELOPPEMENT DU TOURISME
PRODUIT
LE TOURISME
STATIONS DE
PARKINGS
MAISON DE PAYS
GOLF
BASE DE LOISIR
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La situation actuelle : une scission entre le paysage vu et vécu Nous arrivons à une situation où le paysage laisse paraître une diversification des activités sur le territoire, mêlant les plus anciennes aux plus récentes. L’activité touristique tente de s’étendre à toute l’année et nous voyons encore une fois cette économie se transformer. D’une part nous avons le ski et le nautisme, des pratiques qui entraînent des aménagements et donc des paysages caractéristiques de cette économie touristique; de l’autre, naissent de nouvelles pratiques sportives et des parcours de découvertes développés autour des paysages et activités du territoire (sentiers, fermes pédagogiques, sensibilisation aux structures liées à la production d’énergie hydroélectrique...). Nous apercevons dans ce fil temporel une dérive: le tourisme s’est développé en profitant du paysage de la région, un paysage fabriqué par les activités vernaculaires en grande partie. Pourtant, il est aujourd’hui un plus grand producteur d’espace, provoquant un amoindrissement du paysage vernaculaire dans les représentations collectives. Ne serait-il pas en train de détruire sa ressource n°1? Notre constat majeur est donc une scission entre le paysage perçu (avec ses représentations) et le paysage vécu.
1. UN TERRITOIRE DE MONTAGNE 2. FABRICATION DES PAYSAGES 3. LES CONDITIONS D’UN PATRIMOINE
Carte des projets du Programme d’Aménagement Solidaire
La Chapelle
Saint Firmin
VOLETS P.A.S Habitat Foncier Aménagement
Saint Bonnet Pont du Fossé
Saint Léger les Mélèzes
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POSTIONNEMENT ET SITES D’EXPÉRIMENTATION
L’objectif du travail : Préparer l’avenir, construire et transmettre un patrimoine Allié à la situation de notre commande - un chapelet d’actions suivant la répartition en collier de perle des bourgs habités sur le territoire - nous avons souhaité répondre en parallèle à deux questions :
1- Comment aborder la notion de développement durable sur le territoire du Champsaur Valgaudemar ?
2- Quel panel d’attitudes et de projets ?
Développement Durable : - Un développement répondant aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. - Processus conduisant à l’amélioration sur le long terme du bien-être des humains.
Nous proposons des exemples concrets qui explicitent les degrés d’actions possibles, adaptés à l’échelle considérée. Nous avons choisi de zoomer sur trois lieux concernés par la problématique du déplacement et des transports. Le piéton est contraint par un espace automobile sans limite, ce qui participe à la dégradation de ces trois sites. Notre démarche s’appuie sur une réflexion à différentes échelles de temps et/ ou d’espace.
Ces deux définitions tirés de l’Agenda 21, résument toute l’ambiguïté de cette notion, dans sa compréhension comme dans son application.
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Cadrages des projets
A La Chapelle
B
Saint Firmin
Saint Bonnet Pont du Fossé
C Saint Léger les Mélèzes
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EXPLICITER LA DÉMARCHE PAR DES EXEMPLES REPRÉSENTATIFS Trois sites à enjeux contrastés
A Le Gioberney Site naturel en fond de vallée du Valgaudemar menacé par une surfréquentation en été.
B Zone Artisanale se St-Firmin L’entrée de la vallée du Valgaudemar est marquée par la Z.A de St-Firmin
C
Village de St-Léger-les-Mélèzes Village-Station qui pose la question de transition d’activités
La principale qualité des territoires en bonne santé serait-elle leur constante capacité d’adaptation à l’évolution des modes de vie? Ce processus de perpétuelle remise en question des problématiques et des enjeux territoriaux permettrait-il d’engendrer une évolution durable et stable? Cette recherche représente pour nous à la fois un exercice pédagogique ayant pour but de développer une attitude de paysagiste face à la question du développement durable sur des territoires ruraux et touristiques, mais aussi une nécessité de donner des outils aux communes, maintenant responsables de ces projets. Comment rester un territoire désiré par ses habitants et les visiteurs? Le paysage est un terrain de partage et d’émotions, lieu de rencontre entre acteurs et visiteurs, reflet des décisions politiques et de la bonne santé d’un territoire.
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LE GIOBERNEY
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A
N
LE GIOBERNEY : La pérennité du joyau de la vallée Nous nous intéresserons au joyau estival de la vallée du Valgaudemar, site qui concentre la majorité des flux de visiteurs : le Gioberney. Ce site est LA porte d’entrée de la vallée alors qu’il est situé à son extrémité et qu’il est caractérisé par son isolement. Il est le point d’accroche majeur de l’économie touristique mais est pourtant fragilisé par sa sur-fréquentation, autant du point de vue écologique que culturel. L’aménagement actuel de ce lieu n’en ferait-il que le drive-in de la cascade? La route fait partie de l’expérience de ce lieu mais induit une visite accélérée du site (bâtiment, cascade, fond de vallée). Un rythme qui compte lorsqu’il s’agit d’expérience et de fabrication d’émotion et qui entre en contradiction avec le projet touristique qui a pour objectif d’occuper et de fixer la population sur place. Ralentir le rythme de circulation réduira sans doute le nombre de visiteurs mais permettra de laisser «respirer» le site et d’entrevoir les nombreuses occupations des lieux via la contemplation et une information de qualité. Quelles sont les conditions d’un site d’exception ? Comment allier la nécessité de préserver un site naturel et de proposer un accueil touristique ?
Story board de la découverte du site.
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SITE DU GIOBERNEY
ACCUEIL DU PUBLIC
PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL VALORISÉ
La cascade est présentée comme un élément à ne pas manquer faisant du Gioberney un site attractif. Mais que serait «Le voile de la mariée» sans son site? Cette eau qui coule lentement à travers la roche pour jaillir enfin, nous offre le spectacle de la nature sauvage et magique. L’expérience de ce site naturel est contredite par le désordre des voitures. On ne le découvre plus dans son ensemble mais par morceaux (voiture-parking-gîte-cascade).
VALORISER LE BATIMENT EN STRUCTURANT L’ESPACE
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PROPOSITION 1 Comment valoriser l’expérience du bout du monde ? Le Chalet-Hôtel du Gioberney marque clairement la présence de l’homme dans ce site. On le constate d’autant plus en période estivale où les voitures stationnent partout où elles trouvent de la place. Délimiter des espaces pour chaque fonction (se garer, manger, contempler...) permettra d’orienter les visiteurs, de préserver les espaces naturels et d’en améliorer le vécu. La végétation rase et le manque de relief ne nous permettent pas de dissimuler le parking. Il faut donc l’assumer en l’intégrant à l’ensemble du Chalet-Hôtel. Nous profitons ainsi du dialogue entre le bâtiment et le site naturel fabriquant l’émotion des lieux. Le parking est donc conçu comme l’extension du bâtiment (utilisation de matériaux du site: pierres et gravier) afin de l’associer à cet ensemble construit. Dessiner les limites du parking évitera les débordements de stationnement et les piétinements. En affirmant un belvédère qui définit un temps de contemplation (à 360°) nous mettrons en scène la cascade et l’ensemble du lieu. Le sentier démarrera de cette terrasse pour mener le visiteur à la cascade par une rampe servant simplement de guide. Au bout, un aménagement limitera l’impact humain tout en affirmant l’esprit du site. METTRE EN SCENE L’ESPACE NATUREL
Revêtement perméable type stabilisé Parking enherbé Accès et belvédères en béton Rampe Parking permanent de 66 places
Extension du parking de 38 places Prairie fauchée hors saison
Terrasse autour du bâtiment Prairie fauchée - Belvédère
Sentier balisé de la cascade
Belvédère de la cascade
Image de référence : Aménagement au Cap de Creus par EMF Landscape Architecture
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Murets en pierres Amas de pierres
Image de référence : Sentier du Clos des Ruines dans la Vallée du Valgaudemar
Barrières mobiles Rampe
Image de référence : Aménagement du Cap de Creus par EMF Landscape Architecture
Maîtrise d’oeuvre Agence APS mandataire Rudy Ricciotti architecte Studio Totem designer Cap Vert Ingénierie bet Montant des travaux 6,9 M euros TTC - 10 ha Date de réalisation 2007 à 2009
Maîtrise d’ouvrage Communauté de Communes de la Vallée de l’Hérault
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Référence : Opération grand site du pont du diable Aniane (34) Le développement durable d’un site touristique Cœur du Grand Site, le Pont du Diable est riche d’une dimension historique et culturelle. C’est un lieu de paysage millénaire classé au Patrimoine Mondial par l’UNESCO au titre du Chemin de Saint Jacques de Compostelle. Situé au débouché des gorges de l’Hérault, le pont du Diable jouit d’une situation remarquable entre collines de garrigue, ripisylve généreuse et plaine viticole. Le site bénéficie encore d’une esthétique naturelle forte : présence de la roche calcaire gris clair, horizons boisés, étendue d’eau naturelle, plages ”sauvages”, végétation de bord de rivière...
L’éloignement des aires de stationnements à permis la protection du site malgrès un afflux touristique toujours présent. A noter que le Gioberney ne dispose pas non plus d’une superficie suffisante pour accueillir un parking accessible à pied. L’expérience menée sur le site du Pont du Diable via les navettes et le changement de comportement fait référence.
2005
Pont du Diable :
2012
L’accès à l’aire de stationnement du pont du Diable est payant, permettant de financer le fonctionnement des navettes : — Payant uniquement les week-ends en mai, juin, septembre et tous les jours en juillet & août. (Gratuit en dehors de ces périodes.) — Voiture : 4€. — Moto : 1 €. — Camping-car et bus : 6 €. — Abonnement annuel : voiture 9 € et bus 30 €. Horaires des navettes : 2 arrêts sur le trajet : Pont du Diable / Grotte de Clamouse. En circulation : les week-ends en mai, juin et septembre de 11h à 19h, départ toutes les demi-heure. Tous les jours en juillet et août de 10h à 23h, départ tous les quart d’heure en journée, toute les demiheure en soirée. Informations tirées du site internet http://www.agenceaps.com/
45 SE DÉPLACER AUTREMENT DANS LE VALGAUDEMAR
PROPOSITION 2 Comment valoriser l’expérience de la vallée ? Pour avoir un impact sur la (sur)fréquentation du site du Gioberney, il est important de considérer l’attractivité de l’ensemble de la vallée. Ralentir le rythme de sa traversée, prendre le temps de s’arrêter permet de découvrir d’autres lieux. Cela répartissant les flux, on peut espérer un apaisement du Gioberney.
Photomontage : Vue de la navette panoramique sur la vallée du Valgaudemar
Image de référence : Navette mise en place d’un bus panoramique au Zion National Park USA
Proposer une nouvelle forme de déplacement est une alternative aux périodes de pointe mais pourrait aussi, à long terme et avec un système de communication efficace, remplacer la voiture individuelle. Nous proposons une navette touristique au départ de St-firmin qui desservira les différents villages sur son trajet.
Rif du Sap
Cascade de Combefroide
Oulles du Diable
Fond de vallĂŠe du Valgaudemar
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PRENDRE LE TEMPS....
P 1054
24 Le Rif du Sap Le Bourg
11
13 36
12 48
Villar Loubière
170 P La Chapelle
23 Le Casset
50
3 19
34
32
14
Saint Maurice
18 Saint Firmin 184 N
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9
P
Carte des points d’attraction touristique 24 Refuges
et gîtes Maison de Pays Maison du Parc
Sites naturels valorisés Nombre de places de parking
P Parkings importants
Villes et villages
ZONE ARTISANALE DE SAINT FIRMIN
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B
UN PAYSAGE FONCTIONNEL
ZONE ARTISANALE DE SAINT FIRMIN : Zone Attractive ? Extrait d’un texte à propos de la problématique des entrées de ville de Michèle PRATS pour la Ligue Urbaine et Rurale : «(...) il ne s’agit pas d’un événement ponctuel ou isolé (un rond-point, une porte de ville, un signal), et ce n’est pas non plus le seul axe viaire : c’est ce que l’œil du piéton, de l’automobiliste ou du voyageur perçoit lorsqu’il quitte la campagne avant de pénétrer « en ville », c’est-à-dire dans le tissu urbain continu. Ce n’est plus la campagne, ce n’est pas encore la ville traditionnelle. Ainsi, une entrée de ville peut-elle être routière, mais aussi ferroviaire... C’est une approche cinétique, urbanistique et paysagère.»
Photographies tirées de l’article «Comment la France est devenue moche» de Télérama.
Les zones d’activités, artisanales ou industrielles, se reproduisent très rapidement sur l’ensemble du territoire français avec le même schéma d’aménagement quelque soit le contexte. Ces espaces reproductibles ont proliféré le long des axes de circulation en périphérie des villes, nécessitant souvent de larges espaces de stockage ou de stationnement. Le dessin de ces lieux est guidé par une pensée fonctionnelle qui tend à mépriser toute qualité environnementale ou architecturale. Ce phénomène fondé autour de la voirie change l’échelle du lieu qui se vit, se traverse et se perçoit grâce à l’automobile. L’échelle du piéton n’existe plus. Les Z.A apportent une réelle valeur ajoutée à un territoire d’un point de vue économique mais beaucoup moins en terme de paysage. Bien que ce modèle soit récurrent à de nombreuses communes, l’attention se porte aujourd’hui sur le caractère de ces lieux souvent banals et néfastes en terme d’image.
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Grenoble
En ce qui concerne St-Firmin, la Zone Artisanale concentre les activités économiques de façon volontaire à l’entrée de la vallée et marque bien plus qu’une entrée de ville. Les enjeux sont forts en ce point névralgique qui marque l’entrée de 3 entités géographiques : la région PACA, le département des Hautes-Alpes et le Champsaur Valgaudemar.
Gap
Porte d’entrée du « bout du monde » : entrée de la vallée du Valgaudemar
Habitat privé Centrale hydraulique Future maison de santé
Maison de Pays Communauté de Communes
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ETAT DES LIEUX
Friches (réserves foncières) Espaces végétalisés Sentiers piétons Routes Séveraisse
Bâti existant Surfaces imperméabilisées Parkings Espaces de stockage
100 m
N
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ETAT DES LIEUX La Z.A occupe une large surface fragmentée par des activités économiques diverses (production, vente, stockage..). Les espaces de production ou de stockage cohabitent avec les lieux d’accueil du public. L’aménagement de chaque parcelle est autonome ainsi que définit par sa fonction et son type d’entreprise ou de service (les installations se sont faites au fur et à mesure durant 20 ans). L’organisation résultant de ces volontés disparates (incluant des bâtiments publics et privés) n’est pas optimisée : la voirie, les espaces de retournement et les parkings se sont multipliés (il y en a presque autant que de propriétaires). Ces éléments ajoutés à l’architecture banale des bâtiments et aux fourmillement des zones de stockage, dessinent une entrée de territoire du Valgaudemar désordonnée et visuellement encombrée et inadéquate par rapport à l’imaginaire lié à une nature préservée et protégée.
Route Nationale : D’Aspres les Corps vers Saint Firmin
St-Firmin
Z.A «Sous la roche» Route Nationale : De Chauffayer vers la Zone Artisanale
Comment améliorer la qualité du lieu, lui redonner du sens à l’échelle des territoires dont il constitue la porte d’entrée (Champsaur Valgaudemar, département et région), sans amoindrir leurs avantages fonctionnels et économiques. Plus généralement, comment insérer les Z.A dans leur contexte territorial et faire que la qualité paysagère induise le dessin de celles-ci ?
Vallée du valgaudemar
Route Napoléon : D’Aspres les Corps vers Saint Firmin
Hameau de « Sous la Roche »
Zone Artisanale de « Sous la Roche »
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S’INSPIRER DE L’IMPLANTATION EXISTANTE
Bâtis
Jardins
Haie
Route Nationale
Projet d’extension de la Z.A
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PLAN DE PROJET 1
Espaces végétalisés Parkings et espaces d’accueil publics Sentiers piétons Séveraisse
Bâti existant Bâti projeté Surfaces imperméabilisées Espaces de stockage Routes
100 m
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PROPOSITION 1 La pratique du lieu comme condition de l’aménagement : Ordonner les fonctions et améliorer l’accueil. Pour sortir de ce schéma reproductible nous profitons des particularités de cette Z.A. La présence de l’ensemble Maison de Pays (Syndicat d’Initiative et magasin de produits locaux) – Communauté de Communes est une occasion de repenser la zone actuelle et de penser la future en y incluant des fonctions d’accueil touristique. On s’est inspiré du schéma d’aménagement de la nouvelle zone proposé par l’agence Agir En Ville qui questionne déjà la fonction d’accueil du public et de la perception des lieux. En organisant différemment les entreprises (mutualisation des parkings, rapprochement de certaines parcelles) et en ajoutant les nombreuses surfaces résiduelles nous proposons la réalisation d’espaces végétalisés abritant le départ de la navette touristique du Valgaudemar (en lien avec le projet du Gioberney) et des places de stationnement pour le public (randonneurs, visiteurs, habitants). Nos propositions tendent vers une harmonisation entre la zone actuelle et future.
Regrouper et assumer les dépendances vertes pour ouvrir la perspective
Départ de la navette du Valgaudemar Parking visiteurs au départ des sentiers de randonnée
Le changement d’orientation des bâtiments permet d’ouvrir un axe de perspective à l’intérieur de la zone
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PLAN DE PROJET 2
Espaces végétalisés Parkings et espaces d’accueil publics Sentiers piétons Séveraisse
Bâti existant Bâti projeté Espaces de stockage et parkings privés Routes
100 m
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PROPOSITION 2 Le paysage comme condition de l’aménagement : Dessiner une entrée de territoire. Cette proposition s’inscrit dans un temps plus long et propose un modèle d’aménagement qui s’abstrait du parcellaire existant et s’appuie sur les éléments paysagers. L’aménagement questionne les limites entre le privé et le public et propose une maîtrise du parcellaire. MIEUX S’ANCRER DANS SON ENVIRONNEMENT Nous nous inspirons des lignes structurantes du paysage (eau, rupture de pente, lisière de forêt..) pour orienter les bâtiments. Leur mise à distance de la route laisse place à de larges espaces Pour maîtriser la qualité de cette Z.A., Les communes peuvent se saisir des espaces qui l’organisent. Le fait d’installer une voirie ainsi qu’une barrière commune publique permet de décider de l’aspect général de la zone tout en laissant la liberté à chaque propriétaire de parcelle de s’organiser comme il l’entend. La Z.A. est intégrée sans passer par des mesures contraignantes pour les entreprises (obligation de matériaux spécifiques pour les bâtiments, barrières normées...) et sans risque de mutations paysagères indésirables.
Mettre en valeur la vallée
Centrale hydro-électrique Maison de Pays
Créer une continuité et dégager la vue
Ce nouveau schéma d’aménagement se base sur un parcellaire individuel régulier et linéaire qui permet une desserte facile, en vis-à-vis avec des espaces végétalisés affirmés. Départ de la navette du Valgaudemar
Zone Artisanale de « Sous la Roche »
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Centrale hydro-électrique
Parking public végétalisé
SAINT SAINTLÉGER LÉGERLES LESMÉLÈZES
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C
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SAINT LÉGER LES MÉLÈZES : L’avenir d’un village économiquement dépendant de la neige Les stations de moyenne montagne sont aujourd’hui confrontées à un enneigement de plus en plus aléatoire. Les communes sur lesquelles ces stations se sont construites ne peuvent faire face aux dépenses liées au fonctionnement de ces activités hivernales et leurs structures ne sont pas adaptées aux usages quotidiens de leurs habitants. Les modifications du paysage sont parfois perçues de manière brutale par les populations locales. Pour mener une réflexion sur le devenir de ces espaces à l’avenir incertain nous avons choisi le village-station de Saint-Léger-les-Mélèzes.
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L’heure est à la recherche de nouvelles perspectives. La diversification des pratiques sportives ainsi que l’attrait du cadre de vie représentent des potentialités pour pallier au manque d’enneigement futur et aux modifications des représentations collectives de la nature (migrations d’agrément : cette notion évoque la transformation des territoires de moyenne montagne se transformant en lieux de résidence en remplacement des secteurs économiques plus anciens -agriculture, industrie ou micro-industrie, tourisme). Cette transition durable ne peut s’effectuer sans une réflexion à l’échelle du village. Comment anticiper la transition d’un lieu dédié aux activités de loisir hivernale ?
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La structure de Saint-Léger-les-Mélèzes est marquée par les saisons et par le rapport brutal qui existe entre le village et la station. L’étude de la répartition entre les surfaces habitées, les pistes de ski, les routes et les parkings nous révèle un débordement des infrastructures liées aux activités hivernales sur le cœur du village. Les conséquences des aménagements liés aux activités hivernales sur le paysage (création de grandes surfaces vides et imperméabilisées) ne répondront peutêtre plus aux besoins de demain.
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ÉTÉ 0
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RAPPORT PROPORTIONNEL DES ESPACES
Emprise du village Emprise des pistes de ski Emprise des routes et parkings
HIVER
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UNE LIGNE D’INFRASTRUCTURE ENTRE LE BOURG ET LA MONTAGNE
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ETAT DES LIEUX Ce village station possède deux types de ressources distinctes. Les ressources non durables liées à la neige (tourisme d’hiver) et les ressources pérennes (patrimoniales). Cette dichotomie qui était en équilibre depuis la création de la station se retrouve aujourd’hui menacée et pose des problèmes pour la vie quotidienne du village. L’environnement du village est un espace investi par l’homme. C’est de cette manière d’habiter qu’il faut s’enrichir pour construire un projet cohérent. Actuellement, la lisière entre le village et la station est composée de bâtiments et de parkings monumentaux qui coupent l’accès à la montagne. Cette ligne d’infrastructures rompt les liens entre le village et son environnement.
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UN CENTRE DÉDIÉ A LA VOITURE
Les espaces dédiés à l’automobile jalonnent l’ensemble du village et s’imposent de manière brutale. L’aménagement du bourg se retrouve donc entièrement consacré à la voiture. Les liaisons entre les différents espaces sont inappropriées pour le piéton. Les piétons représentent les usagers ayant la relation la plus directe avec les lieux.
Coupe AA’ : Etat des lieux
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PROPOSITION 1 Spatialiser les usages quotidiens Le village et la station sont culturellement et économiquement indissociables. Cependant la liaison entre ces deux entités est rompue et notamment en période estivale. Le cœur de village animé valoriserait la station, de même qu’une station mieux intégrée à son environnement serait bénéfique. Demain, le centre bourg pourrait devoir répondre à de nouveaux besoins. Pour cela, il doit devenir un espace de déplacements et de vie.
B N
Les aménagements permettent une progression piétonne de la place de la mairie au pied du domaine skiable. Le travail de nivellements fluidifie les différents usages. Il n’y a plus de rupture dans la pente. Le parc est relativement réduit mais rendu plus homogène sur l’ensemble de la pente. Une place publique au Nord du square permettra d’accueillir des activités quotidiennes telles que le marché... et redonne une valeur collective et conviviale.
A’ Plan de projet
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Coupe AA’
Coupe BB’
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PROPOSITION 2 Améliorer les liaisons piétonnes La proposition d’amélioration des structures piétonnes s’appuie sur un ensemble de circulations permettant une meilleure desserte de l’ensemble du village. Aujourd’hui, le développement de ces structures est étroitement lié aux questions de protection de l’environnement, de qualité de l’espace et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre rejetés par la circulation automobile.
1- PARKING «DERRIÈRE LA SERRE»
1- PARKING «DERRIÈRE LA SERRE»
Ce lieu est repensé non plus comme un parking autonome mais comme une connexion au centre bourg. L’expérience commence quand on sort de sa voiture. Le confort piéton inexistant ici passe par le dessin d’un trottoir jusqu’au centre et le renforcement du sentier.
2- PARKING STATION
2- PARKING STATION
Ce parking est réduit et on y installe la patinoire. Cet ensemble devient une place publique qui marque une interface plus ouverte entre le front de neige et le village. On Utilise et marque la topographie en s’inscrivant dans la pente et en créant des marches pour proposer une assise. Un temps d’arrêt est marqué et facilite l’accès au front de neige. La re-disposition du parking central permet d’apporter une ambiance agréable sur le front de neige.
3-PARKING «CHAMP FAVIER»
Les places de parking sont optimisées et limitées de façon à ne pas empiéter sur l’espace naturel . Un espace de pique-nique est créé en belvédère avec des limites marquées par des pierres pour accentuer l’aspect contemplatif.
3- PARKING «CHAMP FAVIER»
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PROPOSITION 3 Potentiel de transformation des espaces de parking Du fait de l’amélioration apportée aux liaisons piétonnes, nous montrons dans cette proposition la possibilité de mutation de ces espaces. Il nous semble intéressant de montrer la possibilité de ré-utilisation de l’emprise des parkings comme zones d’accueil de nouvelles fonctions (habiter ou contempler).
1- HABITATER «DERRIERE LA SERRE»
1- HABITER «DERRIERE LA SERRE»
Recevoir de l’habitat avec jardins en belvedère sur la vallée
2- PLACE DU VILLAGE-STATION Rendre l’espace totalement piéton et lui donner un caractère public, conviviale.
3- BELVEDERE SUR LES «CHAMP FAVIER»
Le Belvédère peut s’étendre et se relier au camping.
2- PLACE DU VILLAGE-STATION
3- BELVÉDÈRE SUR LES «CHAMP FAVIER»
CONCLUSION Les paysages du Champsaur Valgaudemar portent les traces des différentes économies ayant modelées le territoire. En repassant le fil chronologique de cette construction des lieux, nous avons constaté une rupture entre les espaces perçus (le paysage) et les espaces vécus (le territoire). La situation actuelle montre un accroissement des fossés entre habitants et touristes, développement et préservation, isolement et économie... faisant entrer chaque projet dans un système complexe où il est difficile de lisser les contradictions.
COMPROMIS OU CONSENSUS ?
Mais le projet issu de compromis ne serait-il pas insuffisant pour tous ? L’attente vis-à-vis de notre regard d’étudiants paysagistes s’est éclaircie, il nous fallait proposer une approche qualitative qui se détache des contraintes quotidiennes et des urgences des Communautés de Communes. Nous avons donc proposé une boite à outils sous forme de propositions qui explicitent les conséquences des décisions d’aménagement à long terme. Cette démarche est illustrée à travers trois exemples représentatifs des enjeux territoriaux et des échelles différentes auxquelles la thématique de la mobilité peut faire appel.
Notre démarche ne cherche pas à trouver une solution meilleure ou radicale mais à démontrer que différentes réponses sont possibles. Elles dépendent de l’échelle de temps, de la fonction ou encore de l’espace considéré.
Au début de ce travail, nous nous sommes questionné sur la nécessité d’être radical pour aboutir à un projet viable. Le compromis n’est pas dans le consensus mais dans la nuance des propositions. Le projet, tel que nous le voyons, est un objet qui doit être flexible, surtout lorsqu’il s’agit de pérennité. La durabilité suggère l’adaptation, l’optimisation et l’ingéniosité.
Les élus locaux, par leur choix, prennent toujours un risque. Il ne faut pourtant pas oublier l’expérimentation dans ce processus de décision. Pour finaliser notre travail et préciser notre vision du développement durable dans le Champsaur Valgaudemar, nous avons voulu faire le point sur les différentes notions ci-dessous. Celles-ci font souvent partie du cortège du Développement Durable, nous en donnons ici une interprétation nourrie de notre expérience des lieux.
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LE RYTHME DES LIEUX ET LEUR VÉCU - Vivre et consommer le territoire autrement Nous mettons en avant l’idée que le tourisme de demain se tournera vers la découverte du territoire authentique et de son patrimoine plutôt que vers une consommation de l’espace et du paysage. Cette vision, certes incertaine, rapproche les besoins des habitants des désirs des visiteurs tout en questionnant les rythmes d’appréhension du territoire. Faut-il mettre en avant une traversée à quatre-vingt-dix kilomètre à l’heure ou une promenade au pas ? A travers les propositions de restructuration de la Z.A. de Saint Firmin, une entrée de ville mais surtout un pôle économique indispensable, nous avons choisi de créer une perspective sur l’entrée de vallée. Pour le Gioberney, une porte d’entrée vers le Parc National des Écrins, nous avons proposer un mode de transport favorisant la contemplation. Ces exemples donnent des pistes adaptées à la fonction des lieux ainsi qu’à leurs situations.
INTÉGRATION ET ÉCONOMIE DE MOYEN Il n’est pas seulement question d’intégration paysagère mais d’ancrage dans le territoire. Nous proposons pour cela l’utilisation de matériaux et de savoirfaire locaux. A ce stade du travail, nous ne sommes pas arrivés à un niveau de détail suffisant pour donner des exemples concrets. Ce sont pourtant les murs du Gîte-Hôtel ou les galets de la carrière qui nous ont inspiré les formes du parking du Gioberney et l’allée de la Z.A. MODIFICATION ET RESTAURATION Les sites choisis sont soumis à des incertitudes économiques et dépendent d’activités qui impulsent leur dynamique. Les aménagements proposés répondent aux besoins actuels mais anticipent aussi les transformations futures. Pour St-Léger-Les-Mélèzes nous proposons, par exemple, une évolution guidée par la prise en considération du piéton, un usager durable.
PRÉSERVER OU CRÉER : UN ÉQUILIBRE À TROUVER
QUOTIDIEN ET DURABLE
Les propositions faites sur le Gioberney mettent en avant un aménagement assumé du parking et du belvédère permettant d’améliorer les capacités d’accueil tout en ménageant le site naturel. La création ne contredit pas le besoin de préservation, elle met en place des limites à l’automobile qui n’est qu’un des moyens d’atteindre l’objet du désir.
La notion de quotidien renvoie à un usage récurent de l’espace et ne devrait pas entrer en contradiction avec la notion de durabilité mais proposer un confort à long terme. A travers nos différentes propositions, une attention particulière est donnée à un usage efficace et permanent.
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Nous remercions : - Les collectivités territoriales notamment : La région PACA représentée par Valérie-Cécile Chauvin qui nous a donner les moyens de développer ce projet qui a bénéficier de l’écoute attentive des élus du Champsaur Valgaudemar. - Nicolas Savelli qui nous a suivis et conseillés tout au long de ce travail, pour la richesse de nos échanges. - Rémi Duthoit qui nous à accompagné dans cette aventure dans les échelles, pour son esprit toujours positif et motivant. - Les représentants du Parc National des Écrins pour leur intérêt. - Les habitants et les entreprises qui nous ont ouvert leurs portes.
Atelier Pédagogique Régional 2012 - 2013 commandité par la Région Provence-Alpes-Côtes d’Azur.