2 avril 2002 - NOUVELLES DE L'ENFER 9

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NOUVELLES DE L’ENFER

2 AVRIL 2002


Des Nouvelles de l’Enfer Par Hank Skinner Le 2 avril 2002

Classification…. La dernière fois, je vous ai expliqué comment les gradés falsifient ou fabriquent des rapports disciplinaires afin d’isoler des détenus en quartier disciplinaire au niveau III. Vous vous souvenez que le Major Lester avait falsifié mon formulaire de classification pour justifier mon maintien au niveau III pour « agressions récentes sur un employé », chose qui n’a jamais eu lieu. J’ai été condamné pour avoir menacé un gradé. Je ne vais pas perdre votre temps en récapitulant encore cette fumisterie, mais voilà la dernière version – Une menace est un acte prémédité en vue d’une agression. Bon ! Alors voici ce que dit le code disciplinaire à propos d’une préméditation d’agression : G R – 106 Pages 24 & 25, C O DE DISCIPLINAIRE REVISE EN JANVIER 1998 : A – Une violation du règlement peut être définie comme suit : 1/ Ledit dit comportement ; 2/ Tenter d’ledit dit comportement ; 3/ Conspirer en vue d’exprimer le même comportement ; ou 4/ Aider d’autres à conspirer, à tenter ou à exprimer un tel comportement. L’addition de tout cela ne transforme pas une menace en « agression récente sur un employé ». Comme je l’ai expliqué précédemment, je n’ai pas menacé le gradé en question, et même si je l’avais fait, ceci n’a jamais résulté en une agression physique telle qu’elle est décrite dans les critères justifiant un placement au niveau III énoncés par le Death Row Plan. Si cette menace avait été un tant soit peu agressive, j’aurai été accusé de tentative d’agression ou d’agression. Une menace ne constitue pas une agression, une tentative d’agression ou une aide aux autres en vue d’une agression. Souvenez-vous, une « conspiration » requiert « l’accord de deux (2) personnes au moins qui agissent ensemble pour organiser et/ou commettre un acte illégal ». ENSUITE, RESTRIC TIO N EN C ELLULE À la date d’aujourd’hui (le 2 avril 2002), je suis en restriction de cellule depuis le 7 septembre 2001, ce qui représente un total de 207 jours. Le code disciplinaire stipule que les condamnés à mort ne peuvent pas être soumis à plus de 15 jours en restriction de cellule pour une violation disciplinaire ou que le cumul de rapports disciplinaires ne peut aboutir qu’à un maximum de 90 jours. Le prisonnier ne peut être condamné à 90 jours de restriction de cellule pendant cette même période 90 jours, jusqu’à ce que celle-ci arrive à expiration ou que la sanction soit levée. Alors le conseiller, Roger Kunkle, qui est supposé être l’avocat des prisonniers lors d’une audience disciplinaire, a trouvé le moyen de contourner le système informatique afin que celui-ci enregistre la restriction de cellule au-delà de la limite des 90 jours. Il tape 14 jours et laisse le quinzième jour en suspend. Ensuite, il convainc l’officier en charge des audiences disciplinaires, Capitaine Victor Boston, que dépasser la période limite n’est pas un problème. Pourquoi ? Parce qu’au niveau II ou III, toutes nos affaires sont confisquées, donc ils ne peuvent pas nous punir en confisquant autre chose. Nous n’avons pas accès aux achats, donc ils ne peuvent pas suspendre notre accès à la cantine. Nous sommes déjà l’isolement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, donc ils ne peuvent pas non plus nous punir en nous plaçant à l’isolement. Il ne reste donc que la restriction de cellule comme punition. Au niveau III, la récréation a lieu les lundi, mercredi et vendredi. En fait, « récréation » est un bien grand mot. On nous emmène de notre petite cellule pour nous enfermer dans une cellule à peine plus grande dans laquelle on peut tourner en rond pendant une heure. Voilà la

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« récréation ». Au niveau II, la récréation a lieu du lundi au jeudi. Si vous êtes en restriction de cellule, vous allez en récréation une fois par semaine, le samedi matin. Le Major Lester dit à ses gardiens que ceux qui sont en restriction de cellule vont en récréation à l’extérieur dans la petite cour. Alors qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il gèle ou que ce soit la fournaise, vous devez aller dehors si vous sortez un jour. Ce que Kunkle a obtenu de Boston sert à tous nous placer en restriction de cellule au-delà de la limite des 90 jours et ils laissent tout cela dans le flou. De cette manière, lorsque vous arrivez à votre unique jour de récréation, ça tombe toujours sur un mardi ou un jeudi pour le niveau III ou vendredi pour le niveau II. Du coup, on nous vole en plus un jour de récréation. Le manuel de l’officier en charge des audiences disciplinaires (DHO Manual) dit clairement que lorsque la période maximale des 90 jours est atteinte, un prisonnier ne peut être condamné à une autre période de 90 jours tant que celle-ci n’a pas été effectuée ou levée. Le manuel a été remis à jour le 21 novembre 2001. Victor Boston, le DHO, savait ou aurait dû savoir que me condamner encore à une restriction de cellule au-delà de la limite des 90 jours serait incorrect et représenterait une violation du règlement. Pourtant, il l’a quand même fait et ensuite passé 10 minutes à mentir lorsque nous en avons parlé. Le 2 février 2002, après avoir été en restriction de cellule depuis 153 jours, j’ai écrit au Major Lester pour l’informer de la situation. Vous croyez qu’il a fait quelque chose pour rétablir la situation ? Pas du tout. Comme je vous l’ai déjà dit, tout règlement qui soit restrictif, qui sert à punir ou à nous priver d’une chose ou d’une autre, celui-là, ils adorent le mettre en application aussi vite que possible, de façon la plus restrictive imaginable et ce constamment. Mais tout autre règlement qui protège nos droits de prisonniers, ils n’en appliquent pas le moindre article. Par contre, ils violent le règlement. Alors me voilà assis dans cette tombe depuis 207 jours consécutifs et je compte… D’après la Cour Suprême des Etats-Unis, ceci constitue une punition cruelle et inhabituelle à partir du 91ème jour. Dans moins de 63 jours, j’aurai eu droit à la tripe dose. Si quelqu’un vous enfermait dans votre salle de bain pendant 207 jours, pensez-vous que vous seriez toujours sain d’esprit pour y mettre fin ? J’en doute sérieusement. Mais si je commence à avoir quelques symptômes (ie. « comportement » ou « agressivité »), je vais reprendre un rapport disciplinaire qui me condamnera à encore plus de restriction de cellule. Lorsque le Juge Justice a dit dans son jugement sur Ruiz que ces niveaux ne sont que le cercle vicieux d’un châtiment sans fin, il ne plaisantait pas. LE SERVIC E DU C O URRIER – Vous n’allez pas en croire vos yeux. Le 21 mars 2002, nous avons reçu une note interne de Penny Long, la responsable du service du courrier, adressée à : « Tous ceux concernés » par le sujet des enveloppes fabriquées maison et qui déclare, mot pour mot, « Mise en application immédiate ! ! ! ! Les détenus n’ont plus le droit de fabriquer leurs propres enveloppes, que ce soit par le système de courrier des indigents ou par le système habituel du courrier. À cause des attaques du 11 septembre, des questions ont été posées concernant l’utilisation de substance envoyée par les détenus par les services postaux. Nous considérons qu’il n’y a aucune source légitime par laquelle les prisonniers peuvent obtenir de la colle, il est raisonnable de suspecter qu’il s’agit bien de liquides humains. Ceux-ci sont considérés comme des menaces biologiques déterminées et sont classés comme substances infectieuses dans le Code Fédéral, Chapitre 42, Section 72.3 ». Si, si, vous avez bien lu. N’importe qui avec un QI de 0.5 ou plus n’a pas besoin d’explication complémentaire. Pour ceux qui lisent ceci et qui travaillent pour le TDCJ (particulièrement pour vous, chère Penny Long), j’expose ce qui suit :

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1/ C’est exactement l’objectif des services postaux : transmettre une « substance » d’une personne à une autre, en l’occurrence une lettre ou un paquet. 2/ Qui a bien pu trouver que ces enveloppes étaient collées avec de la colle « illégale » ? Et quel inspecteur des postes le saurait en regardant une enveloppe ? 3/ Comment fermez-vous une enveloppe ? Vous léchez la bande collante. La salive est un liquide humain qui sèche, tout comme de la colle. 4/ Comment pouvez-vous établir que les liquides humains possèdent une quelconque détermination ? (Elle a dit qu’ils sont des « risques biologiques déterminés ».) Peut-être devrionsnous persuader ces liquides, dans leur détermination, de devenir autre chose. Je vais leur en parler de suite. 5/ « Souci légitime » est pris en considération ? J’ai déjà vu des soucis légitimes être énoncés mais jamais être « faits »… Faire connaître, peut-être. 6/ Question : Qu’est-ce que tout cela a à voir avec les enveloppes fabriquées par les détenus ? Réponse : Rien. Le règlement de correspondance, article 3.9.1.8. établit la « contrebande » comme étant uniquement « un élément physique représentant un danger substantiel pour la sécurité du personnel, des prisonniers ou de l’établissement, et ne doit pas être joint au courrier un élément non-autorisé pour son contenu. ». Ceci comprend les enveloppes. Nous avons tous appris à faire des roses en papier et nous faisons des petits triangles en papier pour pouvoir les envoyer. D’abord, on a commencé par nous dire que nous n’avons plus accès à l’artisanat. Nous avons répondu qu’il s’agit de notre papier, nous le plions comme nous l’entendons et nous en faisons ce que nous voulons. Alors maintenant, on nous sort cette connerie de risque biologique simplement pour nous empêcher d’envoyer des roses en papier à ceux que nous aimons. Les enveloppes préencollées sont celles que nous achetons, nous les collons en retirant le ruban avec notre carte d’identité et en léchant la bordure. Cela vous montre à quel point ces gens-là nous détestent ? Tout cela fait partie de notre quotidien. Ils nous ont pris tout ce qu’ils pouvaient nous prendre ; ils abusent, ils nous harcèlent tous les jours afin de détruire nos esprits pour nous déprimer. Lorsque que notre créativité et notre résistance brillent, ils cherchent un autre moyen ou une raison idiote pour nous écraser un peu plus et pour nous opprimer. Penny Long fait de la lèche à Zeller, alors elle s’est mise à ne jurer que par le délire de la « sécurité… sécurité… sécurité… Nous devons renforcer la sécurité… ». Pour chaque truc débile qu’il tente de mettre sur pied, il invoque la « sécurité » comme justification. Pourquoi ? À cause d’un jugement de la Cour Suprême, qui définit le standard et les limitations des intrusions de nos droits constitutionnels. Dans certains cas, un certain type d’intrusions peut être acceptable, si et seulement si, celle-ci sert réellement un but gouvernemental ou carcéral. Il y en a trois : la sécurité, la discipline et l’ordre. Ce que Zeller ne réalise pas c’est que, toute initiative d’un responsable de l’administration carcérale doit être soumise à une analyse complète en vue d’une révision. En d’autres mots, il ne peut pas simplement invoquer la « sécurité » et s’en tirer comme ça. Il doit d’abord présenter des éléments tangibles. Si ceux-ci n’étaient pas valables, il serait responsable selon la doctrine de la « réponse exagérée ». Zeller n’est qu’un tas de réponses exagérées qu’il cherche à mettre en application, alias, un gros sac rempli d’air chaud. Pour en revenir à Long, ce qui doit sérieusement vous interpeller, vous tous qui nous envoyez du courrier ici, c’est que la femme qui a écrit ce mémo est la responsable du service du courrier, en charge du courrier entrant et sortant. Elle est sensée être la plus intelligente et la mieux informée,

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à la première place dans la hiérarchie de ce service. Si cela n’est pas suffisant pour vous ficher la trouille, je ne sais pas ce qui pourrait l’être. Hank Skinner 999143

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