NOUVELLES DE L’ENFER
10 OCTOBRE 2003
DES NO UVELLES DE L'ENFER Par Hank Skinner Le 10 octobre 2003
Juste pour vous tenir au courant de la saga McIntyre, Tomblin, deux autres prisonniers et moimême nous sommes tous retrouvés avec de faux rapports disciplinaires, restrictions de nourriture pour 7 jours et placés au niveau III. J'ai entendu dire que McIntyre a lui aussi pris un rapport disciplinaire par le Sergent et le Major pour ce petit épisode. Avant le départ de McIntyre le 7/10, il a dit au superviseur de garde qu'un autre prisonnier avait une lame et qu'il l'avait nargué en lui mettant sous le nez. Du coup le Sergent Brown a dû rester plus tard pour effectuer la fouille des cellules. Évidemment, il n'y avait rien. McIntyre avait encore menti, comme d'habitude. Je ne comprends pas pourquoi le Major a quand même laissé passer ces faux rapports, sachant ce qui s'était passé et que McIntyre avait menti. J'imagine qu'ils avaient besoin de placer du monde au niveau III. Pourtant personne n'a attaqué personne et c'est le seul critère qui permet un placement au niveau III. Les mensonges de McIntyre n'y feront rien. À Gloria Rubac, Sue Miller, Mary (la mère de Paul), Dave Atwoood et Annemie, qui ont commenté mes précédentes nouvelles de l'enfer du 3 octobre à propos de Fiero : D'abord, David: pour l'équipe de tournage anglaise qui souhaitent quelqu'un qui n'a rien à perdre, envoie-les-moi, d'accord ? Ensuite, Gloria : continue ! Tu dis toujours ce qu'il faut et généralement tu donnes une vraie perspective. Tu es importante pour nous Gloria, tout comme Njeri car vous deux voyez les choses comme les prisonniers les vivent et que les autres ne peuvent pas comprendre. Pour toute personne qui ne connaît pas le milieu carcéral, c'est difficile de comprendre ce que nous endurons. Les gens dehors ne ressentent que d'un point de vue extérieur. Pour Sue et Mary : Vous passez trop de temps à débattre sur des conneries annexes plutôt que de chercher des solutions. Joan Covici est très dévouée à notre cause, tout comme Nancy Bailey, Gloria Rubac et un certain nombre d'autres gens. Les manifestations sont une chose, mais nous avons besoin d'aide pour être représentés auprès de nos élus, de l'administration pénitentiaire, en déposant des plaintes, etc. Nous avons besoin de l'attention du public, mais nous devons nous assurer que cette présentation est constructive. L'article de deux pages paru dans le Houston Chronicle (13/7/03) est un début, mais il en faut d'autres. L'équipe de tournage anglaise dont a parlé David Atwood nous offrira peut-être d'autres possibilités, en tout cas, fait le nécessaire pour qu'ils me contactent. En ce moment, Mary Maggard prépare une présentation en termes d'informations. Alors demandez lui, elle vous en enverra un exemplaire. Il ne s'agit pas de mon avis perso, j'ai travaillé avec plusieurs experts réputés aux US pour réfléchir à ces problèmes. C'est impressionnant, exactement le type d'informations que les députés et les sénateurs ont besoin de connaître. Ce dossier présente l'aspect juridique des quartiers d'isolement, les effets et les solutions proposées. Maintenant à propos des gardiens et de la séléction de leurs cibles au hasard, non ce n'est jamais au hasard. En ce moment, nous avons un encadrement de gardiens qui est paresseux et qui déteste les prisonniers, ils sont immatures et irresponsables - bien en-dessous des critères de recrutement à tous points de vue. Ces gardiens sont : Robels, Folsom, Fisher, McIntyre, Cail, Goins, Hindsman et une ou deux (trois, cinq, dix…) autres. Ces gardiens abusent de nous uniquement pour réduire
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leur charge de travail et ils prennent du plaisir à regarder les prisonniers souffrir ou dégoupiller. (Comme avoir un épisode psychotique, comportement violent, etc.). MyIntyre, Goins, Folsom et Robbles vont sciemment refuser des récréations, douche, nourriture et/ou boisson aux prisonniers. Au niveau I, les prisonniers ne peuvent rien dire parce qu'ils risquent de se retrouver au niveau II ou III. Pour ces gardiens, chacune de ces petites réprimandes représente un travail de moins à faire. Sur le rapport d'activité, ils inscrivent juste "V/R" refus verbal pour chaque douche, nourriture ou récréation refusée. Cela ne représente pas grand-chose d'escorter un prisonnier de sa cellule à la cellule de récréation et vice-versa. Ils ont entre 60 et 84 prisonniers à nourrir et à abreuver. Il leur faut juste faire des allers et venues. (Environ 24/27 mètres) de la section où se trouve le chariot jusqu'aux cellules. Le chariot permet de transporter 7 plateaux, donc c'est suffisant pour déservir le couloir d'une section dans chaque bloc. Deux porteurs pour une section entière. Dans la plupart des sections, les cellules ne sont pas toutes occupées. Alors dans une section à moitié utilisée, si les gardiens refusent de servir les plateaux ou les boissons à quelques prisonniers, ça leur permet de continuer directement vers une autre section, plutôt que de revenir sur leurs pas pour faire le plein. En plus ils s'amusent terriblement à maltraiter les prisonniers. Encore mieux, si l'un des prisonniers à qui ils ont refusé quelque chose pète un plomb et celui-ci bloque la cellule de récréation, toutes les opérations en cours sont interrompues jusqu'à ce que l'équipe d'intervention fasse son travail et extraie le prisonnier de la cellule, alors les gardiens attendent assis en attendant que leurs collègues aient terminé. Ces gardiens ont souvent dit qu'ils aiment faire partie des interventions parce que le temps passe plus vite, que c'est plus excitant et que cela leur permet de quitter le bloc pour aller faire de la paperasse. Lorsqu'un prisonnier est passé à tabac par l'équipe d'intervention, ces gardiens s'assoient tranquillement au poste de commande et regardent comme s'il s'agissait d'un événement sportif : "Incroyable, alors ça c'était une sacrée giclée de gaz qui lui ont mis, au moins 5 secondes. Il aura moins envie de se battre après ça. Tu crois que c'est du .02% ou du .05% qu'ils utilisentÊ?". Un autre dit: "Ouais ! T'as vu comment il s'est fait taper la tête contre le béton ?! Mon gars, tu sais que ça doit faire mal. Je l'ai entendu jusqu'ici!". Ils se racontent leurs souvenirs de guerre, se passent des informations sur les prisonniers qui sont plus ou moins sensibles au gas, etc. Lorsque nous nous retrouvons avec un de ces gardiens dans notre section, c'est un environement encore plus vicieux. Vous avez remarqué, j'ai dit "encore plus". En ce qui concerne leurs cibles, en fait n'importe quel prisonnier qui les contredit, ou l'ennemi d'un autre prisonnier qu'ils aiment bien. Ce vieux McIntyre et Folsom offrent même leurs services contre rémunération et garantissent une blessure pour le prisonnier sur lequel ils auront jeté leur dévolu. J'ai entendu dire que Fisher le fait aussi. Parfois ils causent eux-mêmes un incident parce qu'ils veulent faire une pause pendant les récréations ou les douches des prisonniers. Les blocs sont assez grands, ça fait beaucoup de marche à pied. On tourne en rond, de section en section, les rentrer, les sortir, les ramener. J'ai entendu Folsom dire : "Et puis merde avec tout ça, vous ne pouvez pas en faire dégoupiller un par ici ? Je suis fatigué. Qu'est-ce qu'il fait, il cogne juste sur sa porte? Bon, il va dégoupiller quand je vais lui refuser sa douche et renverser son plateau par accident". Si l'un d'entre vous à des questions, n'hésitez pas. Certains trucs que j'écris ne parviendront pas jusqu'à Internet parce que les serveurs filtrent trop de choses. Les vidéos sur l'utilisation de la force (U.O.F) sont accessibles au public, il suffit d'en faire la demande auprès de TDCJ - demandez à Mary Maggard ou à Yolanda Torres, elles vous diront comment faire. Il vous faut le nom, le numéro d'écrou et la date de l'incident. Pour les gens ici, cela est très choquant, alors vous pourriez utiliser ces images pour montrer la vérité sur ce qu'il se passe ici. Ils veulent toujours accuser les prisonniers, mais quand vous traitez une personne comme un animal pendant suffisamment longtemps, cette personne finit par se comporter comme un animal.
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J'ai l'impression d'avoir perdu mes émotions. Je ne ressens plus rien, à part la frustration, la colère et l'exaspération. Je n'ai plus de patience avec qui que ce soit. Quand j'étais dehors, je prenais mes amis dans les bras. Maintenant quand j'y pense, ca me rebutte quasiment. Je sais, dans mon esprit, que j'aimais ça, mais maintenant… Je crois que je veux que personne ne me touche. En fait ça n'a pas d'importance puisque ca n'est pas possible de prendre qui que ce soit dans ses bras ici. Je suis tout le temps sous pression. L'envie de punir enfin un de ceux qui me torturent est difficilement gérable. J'ai l'impression d'être comme une bouteille de soda secouée mais jamais decapsulée. J'ai pratiqué le yoga depuis pas mal de temps. Avant ça me relaxait et réduisait un peu le stress, ou la tension. Maintenant ça ne me fait plus rien. Je veux juste exploser contre l'un de ces crétins qui nous pourrit la vie. J'y pense à chaque instant quand je suis réveillé et jusqu'à ce que je m'endorme. Maintenant tous mes rêves sont devenus violents et agressifs, comme dans un film d'aventure. Avant je rêvais que je faisais l'amour avec les femmes que j'ai connues dans ma vie et celles que j'aime aujourd'hui, en particulier une avec qui je suis très proche. Avant quand je rêvais de quelque chose de violent, c'était un retour sur quelqu'un ou quelque chose qui m'avait fait du mal. Aujourd'hui, je détruis tout dans mes rêves. Quand j'étais incarcéré au pénitentier de Santa Fe au Nouveau-Mexique dans les années 80, il y a avait un quartier de haute sécurité, comme celui-là. Les types là-bas dégoupillaient dans le vrai sens du terme. J'ai appris tous les trucs. Ces gardiens étaient bien mieux formés que ceux d'ici et de loin. Mon problème est que je n'ai plus assez de force dans ma main droite pour me servir d'une arme. Mais en fait, je n'ai pas besoin d'une arme. Il y a d'autres moyens beaucoup plus simples. Je n'aime pas les lames et je n'en veux pas à côté de moi. Elles me rendent anxieux. Je suis constamment en guerre contre moi-même. Ça donne ça : "Ces mecs te manquent de respect Hank. Tu ne supportais jamais des trucs pareils avant. Il faut que tu leur fasses sentir. Fais un bon exemple pour qu'il ne l'oublie pas. Tu sais comment faire. C'est facile !". L'autre moitié de moi dit: "Non, tu as toujous évité la violence quand tu le pouvais. Ne laisse pas un de ces mecs te mettre une clef dans le dos et remonter la mécanique. Tu as les preuves de ton innocence. Tu as une vraie chance de recouvrir ta liberté ! N'abandonne pas tout ça pour un crétin comme McIntyre, Folsom ou Fisher ! Tu es fou ?!". Récemment la cour d'appel a rejeté ma demande pour les tests ADN, elle a menti dans la décision qu'elle a rendue. Je continue à penser que si je vais mourir de toutes façons pour un crime que je n'ai pas commis, alors pourquoi ne pas emporter quelques-uns de mes tortionnaires avec moi. Peut-être que je le ferais. Tous mes amis sont en colère à cause de mon stress et de ma mauvaise volonté qui ressort dans mes lettres. Les sujets qu'ils abordent avec moi, comparés à ce que je vis au quotidien, leurs problèmes me semblent tellement insignifiants et sans importance. Des trucs que je pourrais résoudre en un clin d'œil, pourtant eux ils rament. Je suis envieux et jaloux d'eux. Je veux tellement sortir de cet enfer, je donnerais n'importe quoi pour avoir la vie que la plupart d'entre vous gaspillent et ratent en refusant d'aller à l'essentiel. Je passe beaucoup de temps à tourner dans ma cellule. Trois pas et demi de mon lit jusqu'à la porte, encore et toujours. "Tue ce crétin, Hank. Je ne peux pas. Si tu peux et tu sais que tu le peux ! Non, d'accord alors envoie le juste à l'hopital. Fais toi respecter. Fais leur comprendre. Fais leur mal." Si je ne suis pas prudent, je me surprends à murmurer les mots, à me parler à voix haute. Suis-je en train de devenir fou ? Probablement. Double personnalité ? Non, je me bagarre juste avec ma conscience. L'ironie de tout cela me rend encore plus dingue. J'essaye de rester calme. Tant qu'ils me fichent la paix et me parlent correctement, me donnent ce à quoi j'ai droit, je peux entretenir des rapports respectueux parce que je sais que le contraire serait mal. Pourtant le fusible est de plus en plus court. Je n'aime pas
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insulter les gens, mais je suis enfermé derrière cette porte et ils ne m'écoutent pas lorsque j'essaye de demander quelque chose ou de dire quelque chose d'important. Ce qui m'ennuie le plus c'est de constater combien tout cela est à l'opposé de moi. J'ai la sensation que "Hank" ne s'appartient plus, qu'on a mis un extra terrestre à sa place. Je suis toujours là, mais ce n'est plus le Hank que j'ai connu. Je veux me retrouver ! Ça a l'air fou, non ? Dehors je n'étais jamais violent. À cause de mon travail, j'étais en contact avec des durs à cuire ou des fonctionnaires difficiles. J'ai toujours été fier que quasiment jamais un de ces types n'ait levé la main sur moi et même quand/si cela est arrivé, j'ai toujours géré cela avec calme. J'ai toujours eu la bonne manière pour cerner et calmer les gens violents. Quand je m'occupais d'un club, j'ai souvent eu à gérer ce genre de problèmes. J'étais toujours Hank le négociateur, le pacificateur, celui qui restaurait le calme et apasait les esprits pour que la fête continue. J'ai fait cesser un nombre de bagarres inimaginable dans les bars, aussi les bagarres entre copain dans la cour, etc. J'ai toujours vu la violence comme quelque chose de sérieux et de dangereux… à n'utiliser qu'en tout dernier recours. La seule chose qui pouvait me rendre violent c'est quand on essayait de me faire du mal et qu'il n'y avait vraiment pas d'autre issue. Dans ma vie d'adulte, je n'ai jamais été à l'origine à part une fois quand un type a tenté de me donner un coup de baton en aveugle. Je ne suis pas mauvais. Je fais peur, ça je le reconnais. La seule façon de me pousser à me battre est de me faire peur. La peur est une motivation forte, je l'apprends en ce moment, mais la rage qui sommeille l'est encore plus. Je crois que c'est une autre raison pour laquelle je ne ressens que du dédain à l'égard des gardiens que j'ai cités parce qu'ils n'ont aucun respect et utilisent la violence comme si ce n'était pas important. Des gens peuvent mourir en un clin d'œil. Je l'ai déjà vécu, certains de mes amis sont morts à côté de moi, tué par un coup de feu, écrasé par une voiture, etc. N'être pas respectueux de la violence, c'est ne pas avoir d'estime pour soi-même ou pour sa propre vie. Bon, je vais conclure pour aujourd'hui. Pour les questions n'hésitez pas, j'ai besoin d'interaction. En attendant, je lutte, je me débats et je survis toujours.
Amitiés, Hank Skinner #999143 - Polusnky Unit 3872 FM 350 South Livingston TX 77351-8580 USA
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