Brochure Dyslexie

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Une même réalité, un monde de différences


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L’historique du terme «dyslexie» La définition de la dyslexie Les causes Le point sur nos connaissances


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« cécité verbale » (wordblindness)

Dr. Hinshelwood, Écosse

« dyslexia » Mot utilisé aux États-Unis dans la loi 94-142 sur les handicaps

1894

« strephosymbolie »

(symboles enchevêtrés) Dr. Samuel Orton, remplaça le nom «strephosymbolie» par «dyslexia» (difficultés avec les mots)

l’historique


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« learning disability » 1950

« Troubles perceptuels, dyslexie, dysphasie, dysgraphie, dyscalculie, déficit d’attention, hyperactivité, etc. »

« spécific language disability » (trouble spécifique du langage)

En ce début de siècle, les problèmes d'apprentissage et de comportement sont malheureusement très présents chez nos élèves. En fait, ils toucheraient 20 % des enfants d'âge scolaire. Certes, les problèmes d'apprentissage ont toujours existé mais, depuis que la scolarisation est obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans, nous y sommes beaucoup plus souvent confrontés. Et, bien que nous ayons aujourd'hui plus de mots pour désigner ces maux, les ressources pour y remédier, elles, se font de plus en plus rares. Pourtant, ces troubles affectent énormément les enfants qui en sont atteints et, parmi ces troubles, on trouve la dyslexie.

« Dyslexie »

Des recherches ont démontré que 5 à 10 % des enfants seraient dyslexiques, à des degrés divers. Parmi eux, on compte trois garçons pour une fille. Pour expliquer la dominance masculine de la dyslexie, certains chercheurs ont émis l'hypothèse qu'il y aurait tout simplement plus d'interruptions involontaires de grossesses chez les mères portant une fille dyslexique.



Thomas Edison


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qu’ estce que la dys lex ie ?

La dyslexie est une fonction différentielle du cerveau qui se manifeste par des difficultés persistantes avec les mots en dépit d’une scolarisation régulière, d’une intelligence normale et d’un milieu socio-culturel propice au développement de la lecture. Association canadienne de la dyslexie, 1998

Avant que le National Institutes of Health (É.-U.), n’entame ses recherches dans les années 80, la dyslexie était seulement définie de manière exclusive. Si l’on ne pouvait expliquer les difficultés d’un enfant en lecture par une intelligence limitée, une déficience de la vue ou de l’ouïe, des possibilités réduites d’accès à l'enseignement ou par un problème de tout autre sorte, on en déduisait que l’enfant devait être dyslexique. Définir la dyslexie n’est pas une chose simple parce que plusieurs chercheurs ne s’entendent pas sur le terme même. Certains parlent de comportements dyslexiques, d’autres parlent plutôt du trouble spécifique d’apprentissage en lecture et d’autres encore parlent de dyslexie développementale. Toutefois, tous s’entendent pour dire que cette difficulté à apprendre à lire existe bel et bien et qu’elle serait d’origine neurologique. La dyslexie n’est pas qu’un trouble d’apprentissage en lecture. La dyslexie est un état qui amène des difficultés scolaires tout simplement parce que l’enseignement de la lecture, comme il est dispensé aujourd’hui dans nos écoles, n’est pas adapté à l’enfant dyslexique. L’enfant dyslexique a besoin d’une méthode particulière pour apprendre à lire ; ce sujet fera l’objet d’un futur article. L’enfant dyslexique est un enfant intelligent qui provient de tous les milieux et de toutes les classes sociales.


Dyslexique

non-Dyslexique

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10 Le psychiatre Samuel T. Orton, chef du département de psychiatrie de la State University of Iowa en 1920, fut le premier à tenter d'expliquer l'origine de la dyslexie en étudiant le cas d'un garçon de seize ans, intelligent, mais incapable de lire. Plusieurs années plus tard, Albert Galaburda, professeur de neurologie à la Harvard Medical School, conclut qu'il existe des particularités dans les cerveaux des dyslexiques. Il y a un lien au niveau séquentiel qui ne se fait pas. Comme la lecture est une séquence de graphèmes, il n’est pas étonnant que l’enfant dyslexique ait de la difficulté à apprendre à lire. De plus, cette symétrie cérébrale cause également une instabilité à deux des aires du cerveau : Broca et Wernick. Ces deux aires cérébrales sont mobilisées pour distinguer les sons qui se ressemblent. Pas étonnant alors que le dyslexique ait de la difficulté avec les syllabes semblables comme le « ba » et le « da ». Le cerveau des dyslexiques est incapable de traiter les informations qui se succèdent au rythme de quelques fractions de secondes. De plus, comme le dyslexique a les deux hémisphères égaux, il va de soi qu’il a l’hémisphère gauche moins étendu. La partie gauche est celle qui traite le verbal de façon séquentielle, ce qui ramène le problème qu’éprouve le dyslexique avec les séquences. Il est important de noter que toute la compréhension du langage est située dans le lobe temporal gauche de même que l’attention.

En effet, le dyslexique a les deux hémisphères cérébraux symétriques, ce qui cause, dans un premier temps, une instabilité au niveau spatiotemporel et, dans un deuxième temps, une difficulté avec les apprentissages séquentiels. Tout ce qui relève d’une séquence (lettres, chiffres, mois, jours, heures, etc.) est très difficile à maîtriser pour l’enfant dyslexique.


11 La dyslexie atteint également les cellules parvocellulaires et magnocellulaires; les premières étant celles qui permettent de voir les choses en trois dimensions et les deuxièmes sont celles qui sont responsables de la sensibilité aux contrastes. L’enfant dyslexique a donc une grande capacité à voir les choses en trois dimensions mais également une grande sensibilité aux contrastes (bruit, lumière). Comme le dyslexique a une facilité à voir les choses en trois dimensions, il n’est pas étonnant qu’il mélange certaines lettres comme le b et le d. Un crayon, qu’il soit posé sur la table ou à l’envers dans les airs, demeure un crayon. Pour le dyslexique, la lettre b, même à l’envers, demeure un b. Malheureusement pour lui, la lettre b à l’envers devient un d. Il en est de même pour les lettres p et q, n et u, m et w et d’autres encore. Toutefois, malgré la difficulté que cela peut causer sur le plan scolaire, cette force visuelle au niveau dimensionnel cache souvent d’immenses talents artistiques chez l’enfant dyslexique. Il est important de bien comprendre que l’enfant dyslexique est un enfant intelligent et que la dyslexie est inhérente à sa constitution. La dyslexie n’est ni un trouble d’apprentissage passager ni un trouble émotionnel; la dyslexie est un état. Malheureusement, cet état amène des troubles d’apprentissage en lecture, en écriture, en épellation et en compréhension de l’écrit mais, heureusement, il amène aussi une grande sensibilité et une façon particulière de voir et d’envisager la vie. Pas surprenant alors que les enfants dyslexiques fassent preuve de maturité et qu’ils soient si attachants !


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ca us Albert M. Galaburda

M.D., professeur de neurologie, Harvard Medical School Il existe des différences dans les cerveaux des dyslexiques : des ectopies neuronales sur la surface du cortex une symétrie de certaines régions du cerveau qui traitent le langage la taille du Planum temporal droit est accrue

Paula Tallal

psychologue, Center for Molecular Behavioural Neuroscience

Le cerveau des dyslexiques a de la difficulté à traiter les informations qui se succèdent au rythme de quelques fractions de secondes. Il faut généralement 40ms pour prononcer les sons b ou d. Les dyslexiques ont besoin de 80 ms (2 fois plus de temps).

Margaret Livingstone

(1991) Harvard Medical School

John Stein University Laboratory of Physiology, Oxford University « La théorie magnocellulaire de la dyslexie développementale ».

Les systèmes magnocellulaires sont altérés Voie magnocellulaire - sensible aux informations rapides et de bas contraste. Voie parvocellulaire - sensible aux informations lentes et à haut contraste.

es

Les difficultés de lecture et d’écriture des personnes dyslexiques ne sont qu’une partie d’un syndrome plus vaste de développement neuronal altéré. Un lien au Chromosone 6p a été confirmé; aussi possibilité de lien avec C1 et C15 ; situés près des gènes contrôlant les fonctions immunitaires.

Le cellules magnocellulaires visuelles et auditives altérés causent une perturbation de la perception de certains types de stimuli à succession rapide et peu contrastés.


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1. Aire visuelle 2. Aire associative 3. Cortex moteur 4. Aire du langage (Broca) 5. Aire auditive 6. Aire émotionelle 7. Aire de l’association des sens 8. Aire olfactive 9. Cortex somesthésique 10. Aire associative 11. Aire de compréhension 12. Aire prémotrice 13. Aire préfontral 14. Cervelet


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Les symptômes Les difficultés de lecture et d’épellation La qualité des travaux écrits La photosensibilité Les tests de la dyslexie


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symSignes précurseurs dans les classes de maternelle ; Confusion entre les différents sons dans des mots multisyllabiques (p. ex. aminal animal, cocholat/ chocolat, aurotoute autoroute, gymtasmique/ gymnastique) ; Incapacité à faire des rimes à l’âge de quatre ans.

pto Grand nombre d’allergies ou réaction plus vive que la moyenne aux maladies d’enfance ;

Confusion entre la gauche et la droite, dessus et dessous, avant et après, ainsi qu’avec d’autres termes et concepts d’orientation ;

mes

Difficulté à apprendre le nom des lettres de l’alphabet ou les sons correspondants, et à écrire ces lettres dans l’ordre.


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Effet « Mer »


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Effet « effacement »


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Effet « dedouble »


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Effet « lezardes »


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dif fic ult es

les

en epellation

Erreurs d’épellation consistant en des inversions ; Erreurs d’épellation très fréquentes dans des mots qui se mémorisent de façon globale (mots très communs qui ne sont pas phonétiques) comme est, sont ou dans, et ce, en dépit d’un entraînement intensif ; Erreurs d’épellation dans des mots copiés directement du tableau ou d’un livre ; Travaux écrits portant des signes d’incertitude pour ce qui a trait à l’épellation (ratures, etc.).


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Les personnes dyslexiques produisent généralement des travaux écrits de « faible qualité ». On remarque notamment les tendances suivantes : Phrases écrites extrêmement courtes ; Temps nécessaire à l’écriture beaucoup plus long que la normale ; Maîtrise très insuffisante de la ponctuation, de la grammaire, de la syntaxe et des suffixes ; écriture souvent illisible ; Textes comprenant de nombreuses erreurs, même après une relecture ; Mots identiques écrits de façon différente dans un même texte.

la

qu ali te

des travaux ecrits


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Selon Ronald Davis, célèbre auteur et créateur d'une méthode de rééducation de la dyslexie, le bébé de trois mois réagit déjà de façon dyslexique. J'ai mentionné, lors de mes récents écrits, que la personne dyslexique possède une faculté à percevoir les choses en trois dimensions. Alors, le bébé dyslexique qui, de son berceau aperçoit un coude, peut déjà, sans entendre la voix de la personne qui entre dans sa chambre l'identifier comme étant sa mère, son père ou toute autre personne de son entourage. Dans le même ordre d'idées, l'enfant dyslexique de deux ans reconnaît la boule de poils blancs comme étant un chat sans apercevoir son museau ou sa queue. L'enfant non dyslexique, lui, a besoin de plus de temps pour identifier l'objet, il perçoit chacune des parties avant d'identifier le tout. C'est pourquoi l'enfant dyslexique nous paraît souvent très vif d'esprit dans son jeune âge, d'où la grande surprise des parents lorsqu'ils réalisent que leur enfant si rapide ne parvient pas à apprendre à lire. Cela s'explique par le fait que l'enfant dyslexique est un enfant du concret. Dans son monde enfantin, tout est palpable ou imaginable. Tout à coup apparaissent les lettres qui, à part d'être des graphèmes sollicités lors de l'écriture de mots, ne se représentent pas de façon concrète. Son monde devient d'un seul coup rempli d'abstractions qu'ils n'arrivent pas à maîtriser.

L’enfant dyslexique est souvent un enfant très émotif et très cajoleur. Ce sont des enfants attachants que tout le monde aime. Ils aiment se faire embrasser et prendre à leur guise. Ce sont aussi des enfants très sportifs et/ou artistes. Mais n’oublions pas qu’ils ont la mémoire à court terme défaillante, ce qui fait que quinze minutes après le repas, ils peuvent demander s’ils ont mangé. Bref, comme nous pouvons le constater, la dyslexie, c’est beaucoup plus que l’inversion de lettres ou de chiffres et elle se manifeste déjà dans la tendre enfance. De toute façon, l’enfant dyslexique a hérité du gène de la dyslexie et il demeurera dyslexique toute sa vie. Par contre, cet état leur apporte aussi de très grandes forces, notamment en perception tridimensionnelle, ce qui fait d’eux d’excellents architectes, ingénieurs et dessinateurs. Il leur suffit toutefois de réussir à apprendre à lire, d’où l’importance d’intervenir rapidement lorsqu’on soupçonne notre enfant d’avoir peut-être des difficultés. Il existe des méthodes très efficaces pour corriger la dyslexie, mais encore faut-il la détecter. Aussi des ateliers d’éveil à la lecture et à l’écriture peuvent armer efficacement l’enfant contre des difficultés futures en développant sa conscience phonologique. Je pense que sans être alarmiste, il est possible de déterminer des comportements à risque chez notre enfant. Il suffit d’observer et d’être à l’écoute car après tout, les parents ne sont-ils pas les meilleurs juges ?


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Les trois types de dyslexie La méthode multisensorielle La méthode d’enseignement Les mythes persistants La créativité des personnes dyslexiques


La dysnemkinésie (dyslexie motrice)

Déficit de la capacité à développer des formes motrices (engrammes) pour les symboles écrits. Le premier type de dyslexie, la dysnemkinésie, est souvent nommé dyslexie du mouvement. Cette dyslexie se manifeste par des difficultés à mémoriser les mouvements requis pour écrire les chiffres et les lettres. L’enfant ne retrouve plus la séquence requise pour tracer le graphème. Cette difficulté rend l’écriture et la rédaction très laborieuses. L’enfant ayant des comportements dysnemkinésiques peut également inverser des lettres ou des chiffres, ou écrire des lettres ou des chiffres à l’envers. Les personnes dysnemkinésiques ont énormément de difficultés à rédiger. Environ 10% de tous les cas de dyslexie ; Difficulté à mémoriser les mouvements requis pour écrire les lettres et les chiffres ; Inversions des lettres et des chiffres ; Difficulté à exprimer ses idées par écrit.

La dysphonésie (dyslexie auditive)

Déficit de l'intégration du son-symbole (graphèmephonème) et de la capacité à développer des habiletés d'analyse et de synthèse (l'habileté de syllabation, de prononciation et de mélange de sons lors de la découverte de mots peu familiers). La deuxième sorte de dyslexie, la dysphonésie, est mieux connue sous le nom de dyslexie phonétique. Cette dyslexie entraîne des difficultés à effectuer l’analyse du mot. La personne dysphonétique possède un répertoire limité de mots qu’elle peut reconnaître visuellement. Elle doit deviner les autres mots, ce faisant, commet des erreurs sémantiques (ex. : lampe/ lumière) . L’enfant change des mots lorsqu’il lit. Cette dyslexie amène aussi des difficultés lors du déchiffrage de mots nouveaux et de syllabes sans signification (ex. : tario). Environ 30% de tous les cas de dyslexie ; Possède un stock limité de mots reconnus visuellement et devine les autres mots ; Difficulté à lire des mots nouveaux et des nonmots ; Peut être dépisté dès la maternelle ; La plus facile à rééduquer pour les francophones.


La dyseidésie (dyslexie visuelle)

Déficit de la capacité à percevoir des mots entiers (configuration totale) comme des formes visuelles et à faire la relation entre ces mots et les formes auditives correspondantes. Le troisième type de dyslexie est la dyseidésie, qu’on nomme aussi dyslexie visuelle. Cette dyslexie se manifeste par l’incapacité d’écrire des mots irréguliers puisque la personne dyseidésique est incapable de voir le mot écrit dans sa tête. La lecture est souvent lente et laborieuse. Environ 30% de tous les cas de dyslexie ; Héréditaire ; La plus compliquée pour les langues eidétiques ; Incapacité à lire dès la première année ; Difficulté avec les mots irréguliers ; Incapacité « à voir le mot écrit dans sa tête » ; La lecture sera toujours lente et laborieuse.

types


La dyslexie n’existe pas ;

les myt hes per sis ta nts

La dyslexie est rare (5% de la population ou moins) ; Il n’y a aucun moyen véritable de diagnostiquer la dyslexie ;

On ne peut diagnostiquer la dyslexie avant un âge qui varie de 8 à 11 ans, selon l’enfant  ;

Un grand nombre d’enfants qui éprouvent des problèmes en lecture surmonteront ces problèmes avec l’âge ;

Le fait de redoubler une classe aide souvent les enfants à acquérir les compétences qui leur manquent ;

Si un enfant n’inverse pas les lettres et les chiffres, et s’il n’écrit pas « en miroir », il n’a pas la dyslexie ;

Si un enseignant décide d’adapter son enseignement ou son programme pour un élève, c’est injuste pour les autres enfants.


Plusieurs personnes dyslexiques font preuve de talents dans des domaines contrôlés par l’hémisphère droit, à savoir : Les talents artistiques Les talents musicaux

la cr ea tivi te

La visualisation tridimensionnelle L’aptitude à la mécanique L’imagination Les dispositions athlétiques La conceptualisation mathématique La pensée créative et globale La curiosité et la ténacité L’intuition

des personnes dyslexiques


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Campagne organisée par la Fondation dyslexie Bureau Bruxelles : Chaussée de la Hulpe 1, B-1180 Bruxelles Tél : 32 (0)2 375 70 72 www.fondation-dyslexie.org


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