Le film d’animation à l’école primaire
Le film d’animation à l’école primaire
Kamel Guesmi - 2015
Le film d’animation à l’école primaire
Des objectifs… - - - -
passer de l’image unique et fixe à l’idée de succession d’images décomposant le mouvement donner du sens à une courte production, en s’appuyant notamment sur la caractérisation des personnages concevoir un court récit chronologiquement cohérent, et le traduire en images travailler en équipe à un projet dont le résultat n’est pas immédiatement
(Plusieurs autres objectifs seront fixés selon les besoins de l’enseignant et des apprenants et selon les disciplines et les compétences à viser)
Réaliser un film d’animation, c’est mettre les élèves face à une distorsion du concept de temps : le temps du film est disproportionné par rapport au temps de sa réalisation… Un film d’une minute demande au moins 6 heures de tournage ! 1 - Préparer les élèves au concept de mise en mouvement d’images fixes
Les élèves sont mis en contact avec des œuvres cinématographiques (qui peuvent être courtes) Ils réfléchissent aux moyens utilisés par les cinéastes pour provoquer nos émotions et découvrent plusieurs techniques de cinéma d’animation. Une approche active pour l’élève… à partir de jeux optiques (en lien avec l’enseignement des sciences et de la technologie) - manipulation de folioscopes (connus aussi sous le nom de flip-book) - réalisation de thaumatropes - analyse de bandes de zootrope et création de nouvelles bandes
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Folioscope
Thaumatrope
Zootrope Kamel Guesmi - 2015
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Pour la décomposition des mouvement, il est conseillé d’utiliser d’abord un logiciel comme « Pivot » pour créer des scènes courtes avec les mouvements d’un personnage (image par image)
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2 – Des suggestions pour commencer à faire du cinéma d’animation… Le film est réalisé à l’aide d’un appareil photo numérique posé sur un pied stable il n’est pas utile de choisir la qualité d’image maximum (200 à 400 Ko par vue suffisent). Les images sont ensuite copiées dans l’ordinateur et importées dans « Movie Maker ». Dans « outils », puis « options », abaissez au minimum les deux durées proposées. Pour une seconde de film, il faut alors 8 images. pour les plus jeunes (des élèves), prise de vues image par image de l’élaboration d’une peinture collective (prévoir un format assez grand sur papier kraft ; des couleurs déjà prêtes – un pinceau par godet) ; les élèves, à tour de rôle, viennent faire une trace peinte et on fait une photo. Faire tourner assez rapidement, jusqu’à ce que la feuille soit largement recouverte… Il n’y a pas de consigne particulière concernant le sujet représenté (on fait de l’abstrait…) réaliser de petits essais (2 à 4 secondes, soit une trentaine d’images) avec des objets animés, sur une table ou au sol : déplacement simple, mouvement lent/rapide, deux mouvements simultanés On peut imaginer que ces essais soient réutilisés dans le film de la classe : il est donc malin de prévoir couleurs et objets, voire support/décor dans le thème du film à réaliser par la suite… -
3 – Réaliser un film La préparation du tournage est importante. C’est un travail nécessitant la coopération des élèves, des phases de structuration du récit et d’écriture, exigeant qu’on sache s’organiser et partager les rôles… Première étape : recherche d’un scénario et réalisation d’un « story-board » ou « scénarimage ». Le scénario doit être très simple, sinon vous vous lancerez dans une mission impossible ! Privilégiez, pour un premier essai, les films « muets » (un simple accompagnement sonore ou quelques bruitages…) et les actions facilement lisibles par le spectateur.
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Evitez les personnages dialoguant, notamment avec des textes longs ; évitez les actions complexes qu’on risque de le pas pouvoir réaliser (plusieurs personnages qui enchainent simultanément plusieurs actions complexes…). Le story board est comme la BD du film ; il doit être le plus détaillé possible : que verra-t-on ? Qu’entendra-on ? Quelles actions auront lieu ? … pour chaque séquence, chaque plan du film.
Seconde étape : réalisation des décors et des personnages. C’est là que vous allez choisir la technique la plus appropriée pour réaliser le film. Papiers découpés, objets en volume (pâte à modeler, figurines genre « Playmobil »…) sur décor à plat ou dans décor « 3D »… sont les plus fréquents à l’école. Si le story-board prévoit l’envol d’un avion, il est prudent de préférer le papier découpé ! Vous devez tout anticiper car le tournage démarré, on manquera de temps pour réaliser à la dernière minute un élément manquant. La classe peut être répartie en plusieurs groupes qui gèrent chacun une séquence du film ou un personnage : une séquence, c’est un décor et tous les accessoires nécessaires dans ce décor un personnage doit être envisagé avec toutes ses variantes (triste dans la séquence 1, en gros plan dans la séquence 2…)
Il faut à ce moment penser à la cohérence entre ce qui sera montré et le scénario : le personnage est triste, il pleut… Le personnage est amoureux, la vie est belle et tout va bien… Quelles couleurs employer ? Quels éléments symboliques pour exprimer ces émotions, sur le personnage, dans son environnement ? Quelques conseils techniques : Délimiter une zone de travail réservée à cette activité : c’est votre plateau de tournage. L’appareil photo doit être sur pied stable et solide. Il est indispensable de vérifier que l’appareil ne bouge pas lorsqu’on appuie sur le déclencheur… un mouvement même très léger est vite insupportable au visionnement. Pour éviter que l’appareil ne bouge pendant la série de prise de vues : - prévoir de réaliser un plan complet lors d’une séance de prise de vues
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s’assurer que la carte mémoire contiendra toutes les photos qu’on se propose de réaliser dans cette séance (changer la carte déplacerait l’appareil) s’assurer que les piles sont assez rechargées pour durer toute la séance (même raison) Le plus souvent, travailler sans flash pour éviter les reflets qu’on ne contrôle pas. Pour un film réalisé avec des papiers découpés mats, l’usage du flash est possible, mais pensez que les piles vont se décharger beaucoup plus vite ! Un éclairage artificiel (lampe de bureau par exemple) est souvent préférable. Eviter la lumière du jour : un nuage qui passe dehors ou un rayon de soleil, un élève qui s’intercale entre la fenêtre et la zone photographiée ont des effets désastreux sur le résultat final ! Si vous craignez qu’une image soit ratée, refaites la. Vous supprimerez plus tard, après copie dans l’ordinateur, l’image en trop. -
Le tournage ne peut se dérouler qu’avec un petit groupe (4 à 7 élèves selon le projet). L’enseignant doit se rendre assez disponible, surtout au début ; il faut donc « occuper » les autres élèves à des tâches rodées qui ne gênent pas le tournage (exercices d’entrainement, lecture silencieuse…). Il faudra donc organiser la classe en ateliers tournants, sauf si vous pouvez vous faire aider… On travaille par essais / erreurs… mais compte tenu du temps que nécessite ce travail, il est préférable d’épargner aux élèves un certain nombre d’erreurs qui les décourageraient. En effet, une classe très bien organisée réalise au mieux 35 secondes de film en une demi-journée ! Les erreurs intéressantes qu’on peut exploiter sont celles qui concernent la question du temps : le rapport entre un mouvement envisagé et le nombre d’images à réaliser, donc au final, la rapidité d’un déplacement ou d’un mouvement. C’est un domaine intéressant pour certaines classes : on y aborde la proportionnalité (temps/nombre d’images/rapidité) ; rappel, 8 images pour une seconde de film ! Les élèves qui travaillent sur le film doivent tous être occupés ; il faut répartir les fonctions, et les faire tourner au cour du tournage (toutes les 15-20 minutes) : - un préposé à la prise de vue un animateur par objet ou personnage à animer (1 à 3 maxi… sinon cela devient périlleux) un « script », qui a pour fonction principale de compter le nombre de vues réalisées (donc le temps du film) et qui note les problèmes survenus (ex : problème sur l’image X qui devra être supprimée). Un « metteur en scène » dont le rôle est de vérifier que ce qu’on tourne est bien conforme au story-board (ou « scénarimage »). Par ex, il vérifie que le Kamel Guesmi - 2015
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déplacement de tel personnage va bien dans la bonne direction et sera adapté à la vitesse envisagée. C’est lui qui s’assure qu’il n’y a personne dans le champ de l’appareil lorsqu’on déclenche, qui autorise à effectuer les manipulations par les animateurs lorsque le moment est venu… L’accès au « plateau de tournage » doit être très règlementé : c’est son rôle de le faire respecter. Le rôle de l’enseignant est de superviser l’ensemble. Il doit très régulièrement faire dire combien de secondes de film ont été tournées depuis le début du plan ou de la séquence… Car il faut rappeler constamment aux élèves le décalage entre le temps de travail et le temps du film. Dès la seconde séance, chaque élève a compris les contraintes et cela devient assez simple. Chaque équipe est responsable du tournage d’un plan du film. Quelques conseils techniques : Le décor doit être solidement fixé à un support et ne doit pas être déformable ; des personnages en volume ne tiennent pas debout sur un bout de carton instable… L’idéal, c’est un décor peint ou bien collé sur du contreplaqué. Pour tous les éléments mobiles, le « Blu-Tack » doit rester à portée de main ! Il est indispensable. Vous aurez tendance au début à me faire jamais assez de photos ! Pensez que le spectateur a besoin de s’installer dans le film pour vous comprendre ; si tout va trop vite, c’est impossible. En général, sauf pour un « raccord mouvement », commencez et finissez chaque plan par 4 images identiques (rien ne bouge) ; un bras qui se lève à vitesse normale, c’est au moins 6 images ! Vos images seront précieuses : conservez les dans un dossier spécifique et éventuellement copiez les sur une clé ou un disque dur externe… Il serait dommage d’avoir à tout refaire… Faites un sous dossier pour chaque séquence ou plan du film. Dans Movie Maker, créez une collection par séquence (« affichage », puis « collections »). Cela facilitera le montage final. La classe réalisera ensuite la bande son : on voit ici que le travail sur l’image étant lent et contraignant, il est sage de s’orienter vers un travail simple sur le son : bruitages, voix « off », courtes interventions des personnages… Pour un accompagnement musical, attention à la question des droits ! Pourquoi pas quelques fragments sonores réalisés en classe ? Les phases suivantes du travail sont essentiellement réalisées par l’enseignant : montage image et montage son, sur Movie Maker.
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Si vos collections d’images sont trop « lourdes », le logiciel va peiner… et vous aurez peut-être même quelques difficultés à enregistrer le film au format vidéo… Une qualité moyenne des images est largement suffisante. La dernière étape, dans Movie Maker, pourra être faite avec les élèves : titres et générique. 4 - L’évaluation … de l’avancement du projet : Ce qui est idéal, c’est de transférer sans tarder (le soir même) les images dans Movie Maker pour regarder le résultat le lendemain avec les élèves ; pour une lecture fluide, je vous conseille d’ « enregistrer le fichier vidéo » (dans « fichier ») afin d’utiliser le logiciel de lecture vidéo de votre ordinateur. Ainsi le travail par essais/erreurs peut se faire. On rédige tout de suite les conclusions tirées de ce qu’on vient de visualiser sous la forme de conseils pour le groupe suivant… … des apprentissages des élèves : - Je conseille la tenue d’un « carnet de bord » : après chaque activité, l’élève consigne par écrit - ce qu’il a réussi - ce qui lui a été difficile - ce qu’il pense avoir appris On voit ici que l’évaluation repose essentiellement sur la production d’écrits, le dessin et la dictée à l’adulte ont un grand intérêt ! - Evaluation des items par l’enseignant (voir document « compétences »). … du film réalisé : La présentation à des publics divers (parents, autres élèves, public « extérieur » lors de manifestions hors de l’école…) permet au film d’acquérir un statut de réalisation aboutie.
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